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jeudi 19 mars 2020

1106-DOUGLAS (?-?) & GAYE (?-?), PHOTOGRAPHES





DERNIERE MISE A JOUR DE CET ARTICLE : 30/06/2021



- Publicité parue dans The Nice Times du 18 novembre au 30 décembre 1888 (voir sur Gallica).




- DOUGLAS & GAYE

La première difficulté de cette recherche a été de savoir si "Douglas Gaye" est composé du prénom et du nom d'une même personne ou de deux noms de famille. Cette difficulté n'a pas vraiment été résolue, l’ambiguïté revenant dans plusieurs documents : "Douglas, Gaye", "Douglas Gaye", "Douglas-Gaye", "Gaye-Douglas". 

Le nom de "Douglas" apparaît pour la première fois à Nice dans l'annuaire de 1888 (liste alphabétique des habitants), "rentier, place de la Liberté, 5" (résidence) mais s'agit-il du photographe ?

Le nom de "Douglas Gaye" désigne ensuite un seul et même photographe anglais, diplômé des meilleures écoles de photographie allemande et française, dans une publicité parue dans The Nice Times dès le 18 novembre 1888 (en tête d'article), avec un atelier au 22, rue Masséna.

La liste professionnelle des photographes des annuaires de 1889 et 1890 cite, "Douglas, Gaye, maison anglaise de photographie, r. Masséna, 22". 

Si le nom de "Douglas" est absent de la liste alphabétique des habitants de l'annuaire de 1889 alors que celui de "Gaye" apparaît au 20, rue Masséna (résidence), les deux noms se retrouvent ensuite accolés dans la liste de 1890, "Gaye-Douglas, photog., r. Masséna, 22" (atelier et résidence).

Une publicité pour leur atelier est publiée dans Nice Artistique (Guide-Bijou du Littoral) du 6 janvier au 6 novembre 1890 (ci-dessous) : "DOUGLAS GAYE, rue Masséna, 22. Spécialité pour groupes d'enfants".


- Publicité pour l'atelier Douglas Gaye, publié dans Nice Artistique 
(Guide-Bijou du Littoral) du 6 janvier au 6 novembre 1890 p 3 (voir sur Gallica).



Dans la liste professionnelle des photographes de l'annuaire de 1891, "Douglas, Gaye" semblent coexister au 22, rue Masséna avec le photographe Jean Richaud dont l'atelier est à l'entresol (annuaire de 1891) mais leurs noms disparaissent de l'année suivante (annuaire de 1892). 

Il y a peut-être deux ateliers à cette adresse mais il est également possible que Douglas et Gaye aient cédé l'atelier dès la fin de l'année 1890 à Jean Richaud, ce dernier remplaçant d'ailleurs par sa publicité celle de "Douglas Gaye" dans Nice Artistique (Guide-Bijou du littoral), dès le 13 novembre 1890. La liste des habitants de 1891 cite, "Gaye, photogr., r. Garnier, 15" et ne cite pas "Douglas-Gaye au 22, rue Masséna".

Il est intéressant de constater que dès l'annuaire de 1892, cette adresse du 15, rue Garnier (liste des habitants par rue et par ordre alphabétique) est également occupée par Jules Richaud, ce qui laisse penser que Gaye, après avoir été associé à Douglas en 1889 et 1890 dans l'atelier du 22, rue Masséna, a continué son activité de photographe, seul, une année supplémentaire au 15, rue Garnier, avant de céder cette nouvelle adresse à Jules Richaud, fin 1891.

Je n'ai connaissance, à ce jour, d'aucun carton-photo niçois portant le nom de "Douglas & Gaye" ou de "Gaye".


- DOUGLAS

La recherche sur "Douglas" n'a rien donné de plus et j'ignore son prénom, sa date de naissance, la suite de sa carrière et de sa vie et ses date et lieu de décès. 

Il est cependant anglais.

Il y aura d'autres personnes du nom de "Douglas" signalées par la suite dans les annuaires niçois dont un médecin anglais cité en 1895.



- GAYE - Hypothèse 1

On peut penser la même chose pour "Gaye" mais à la différence de "Douglas", une famille "Gaye" apparaît dans les actes de décès niçois, avec pour point commun, William Thomas Gaye.

Il est impossible d'affirmer que William Thomas Gaye est bien le photographe étudié mais ce nom de famille est extrêmement rare à Nice à l'époque et son signalement coïncide de plus avec la période étudiée. J'ai donc essayé de trouver quelques renseignements sur cet homme.

William Thomas Gaye est probablement né en Angleterre, dans le comté de Somerset, dans les années 1820, peut-être à Minehead où il est signalé dans les années 1840. 

Il étudie la médecine à l'Apothecaries’ Hall de Londres et en sort diplômé en 1847. Il semble ensuite s'installer à Williton (Somerset) où il est de nombreuses fois signalé comme médecin et chirurgien à partir des années 1850. 

Il se marie dans ce comté avec Mary Selina (ou Celina) Byers (née vers 1823) au cours des années 1850 et le couple a des enfants dont Edith Isabelle Gaye (née à Williton le 6 février 1858) et Mabel Elizabeth Gaye (née à Williton vers 1864).

William Thomas Gaye est élu médecin et vaccinateur public du district de Minehead et de l’hospice de Williton en 1866 et n'en démissionne qu'en 1874. Il est réputé en tant que chirurgien spécialiste des opérations de l’urètre (urétrotomie) dans les années 1860-70, à Williton. Sa trace se perd ensuite, alors qu'il a une cinquantaine d'années.

Sa famille est citée à Nice lors du décès de "Byers Mary Selina, veuve de Gaye William Thomas", rentière, âgée de 68 ans, le 26 janvier 1892 à son domicile du quartier Saint-Barthélémy, villa Raynaud puis lors du décès, à la même adresse, de leur fille Mabel Elizabeth Gaye, rentière, célibataire, âgée de 36 ans le 26 novembre 1900 et enfin de leur fille Edith Isabelle Gaye, sans profession, célibataire, âgée de 78 ans, au 87, route de Levens (asile d'aliénés mais domiciliée quartier Saint-Sylvestre, Parc Maria, après avoir vécu villa Raynaud), le 11 juin 1936. Toutes les trois reposent ensemble au Cimetière Sainte-Marguerite de Nice, le cimetière des anglais de Caucade.

Tous ces actes signalent l'antériorité du décès de William Thomas Gaye. Si ce dernier est le photographe étudié, son décès a pu avoir lieu en 1891, peut-être en Angleterre (acte de décès non retrouvé sur Nice), alors qu'il était âgé entre 65 et 70 ans, et expliquer ainsi la fin de son atelier du 15, rue Garnier cette année-là. Médecin, il a pu développer un intérêt particulier pour la photographie, la pratiquer en amateur puis une fois retraité et installé sur Nice, décider d'y ouvrir un atelier.

Il reste la possibilité que le photographe recherché soit un fils non répertorié de William Thomas Gaye ou l'une de ses filles.



- GAYE - Hypothèse 2

Si William Thomas Gaye est bien anglais, rien ne le relie avec certitude au milieu de la photographie.

Il faut envisager une autre personne du nom de "Gaye" qui est signalée dans le recensement de la Ville de Nice de 1886 : "Gaye Louise, française, âgée de 22 ans, commise", locataire de la famille du photographe Antoine Lutrade (Lestrade en fait) au 2, rue Reine-Jeanne (elle n'est pas citée avec cette même famille dans le recensement précédent de 1881). 

Antoine Gaspard Lestrade (1842-1894) est un photographe paysagiste et portraitiste qui possède, dès 1884, un atelier rue Blanqui, maison Vial. Il va quitter Nice pour Marseille entre 1888 et 1890 et y décéder quatre ans plus tard.

Il est possible que Louise Gaye se soit formée à la photographie auprès de lui et ait travaillé dans son atelier jusqu'en 1888 où, âgée d'environ 25 ans, elle a pu s'associer au dénommé "Douglas", pour ouvrir l'atelier du 22, rue Masséna.

Je n'ai trouvé aucun autre renseignement sur Louise Gaye qui a dû naître en 1863 ou 1864.

Le nom de "Gaye" reste très rare sur Nice. Maria Lesieur, veuve de Bernard Gaye, née à Cherbourg (Manche) vers 1838 et mariée à Paris vers 1860, décède à Nice à l'âge de 66 ans, le 1er novembre 1904 mais rien de permet d'affirmer qu'elle puisse être la mère de Louise Gaye.