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mercredi 26 janvier 2022

1215-JEAN-DANIEL BLANT : "CHEZ LE PHOTOGRAPHE - LES PHOTOGRAPHES DE L'ARC JURASSIEN, 1840-1920"

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS





JEAN-DANIEL BLANT


Biologiste de formation, passionné d’oiseaux et de chauves-souris, l’auteur a fait le grand écart pour se plonger dans le monde de la photographie ancienne. 

Conservateur au Musée d’histoire naturelle de La Chaux-de-Fonds, il s’est intéressé à l’histoire de l’ornithologie régionale et c’est la recherche de portraits de naturalistes du 19e siècle qui l’a amené à fréquenter les brocantes et commencer une collection de photographies au format carte de visite. 

Une collection qui a été complétée au fil des années par une base de donnée photographique élaborée à partir des nombreux prêts effectués par des amis et connaissances. De caractère ouvert et au contact facile, l’auteur a su bénéficier des multiples compétences offertes par les nombreux acteurs actifs dans les domaines de l’histoire régionale et de la photographie.



L'OUVRAGE PARU EN 2020 AUX EDITIONS ALPHIL


"Ce qu’il y a d’heureux, c’est que la photographie ne nous rend pas plus laid que nous ne le sommes ; (…) quelques petits accrocs de visage, peuvent assez facilement se réparer. Aussi bon nombre de maris, habitués à voir les visages maussades de leurs moitiés, sont-ils charmés de voir ce doux sourire d’autrefois".

Les premiers photographes itinérants parcourant nos contrées n’étaient pas en manque d’arguments pour attirer le chaland encore un peu méfiant devant ce nouveau procédé. D’abord réservé à une élite aisée, le portrait photographique se démocratisera rapidement avec les progrès techniques et l’arrivée du format carte de visite. Des millions d’épreuves auront été réalisées de par le monde entre 1860 et 1920 sous ce petit format. 

Paré de leurs plus beaux atours, les clients se pressaient dans les salles d’attente des ateliers vitrés construits en haut des maisons pour bénéficier d’un maximum de lumière. Ces petites photographies représentant les membres de la famille, les amis, les collègues, des notables voire des personnages pittoresques étaient soigneusement glissées dans de beaux albums et précieusement conservées au sein des familles. Échangées ou offertes, elles constituaient une sorte de Facebook avant la lettre.

L’auteur de cet ouvrage présente l’arrivée de la photographie dans la région jurassienne et son développement sous la forme d’un répertoire largement illustré des photographes ayant opéré dans les cantons de Neuchâtel et dans l’ancien Jura bernois. Cet inventaire photographique (comprenant plus de 600 documents) est agrémenté d’anecdotes, de nombreuses coupures de presse et de publicités, qui permettront aussi au lecteur de situer dans le temps ses propres photographies anciennes.



PLUS DE RENSEIGNEMENTS ICI




mercredi 19 janvier 2022

1214-CANNES - LE COURS/LES ALLÉES AU MILIEU DU XIX° SIÈCLE-2

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 11/07/2023



CANNES - LES ALLÉES AU MILIEU DU XIX° SIÈCLE-2


VOIR LA PREMIÈRE PARTIE DE CET ARTICLE






1 - DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Cannes, Vue Panoramique, vers 1873,
vue est-ouest montrant les Allées et le Mont-Chevalier, 
tirage albuminé de 7,7x22,1 cm sur carton de 13,1x28,5 cm, Collection personnelle.



La datation (vers 1873) de la vue ci-dessus (Image 1) est déduite de la configuration des lieux (voir la première partie de cet article). 

La photographie montre la fontaine orientale installée sur les Allées au printemps 1868 (en même temps que la fontaine occidentale et le grand bassin central entouré de petits jardins exotiques). La voie carrossable longeant la plage a pour sa part été aménagée fin 1868 puis macadamisée début 1869 et bordée d'arbres début 1870.

Au tout premier plan, se dresse le bâtiment imposant et soigné du Splendid Hotel, tenu par Henry Bourgois (né dans le Pas-de-Calais vers 1834). Construit à partir de 1870 et ouvert en octobre 1871, dans l'immeuble de Louis Martat, l'hôtel est constitué d'un rez-de-chaussée et d'un entresol surmontés de trois étages dont un sous les combles. Les façades sud et nord présentent un alignement de treize baies et les façades latérales ouest et est de six baies (bâtiment conservé de nos jours, exhaussé en 1905). L'angle sud-est du rez-de-chaussée est occupé par le Café de Paris et le restaurant de l'hôtel. 

A l'arrière-plan, sur les hauteurs méridionales du Mont-Chevalier, se remarquent la brèche de l'angle nord-est de la Tour de la Castre (vers 1872) et la construction en cours d'un grand bâtiment (vers 1873). Le chantier du nouvel Hôtel-de-Ville (dès l'été 1874) est absent de l'image (voir ci-dessous).



L'HÔTEL-DE-VILLE (Images 2, 3a, 3b et 4)


Depuis plusieurs années, la question de l'achat ou de la construction d'un immeuble destiné à un nouvel Hôtel-de-Ville est posée, la mairie occupant un immeuble en location dont le bail risque de ne pas être renouvelé.

Le 18 mai 1872, le maire Donat Joseph Méro (Cannes 1806-Cannes 1874) souhaite, qu'avant l'échéance du nouveau bail de trois ans, la question soit enfin résolue et propose un emprunt conséquent. Le 18 octobre 1872, le prêt ayant été accordé, le choix se porte sur la construction d'un immeuble neuf, situé sur les Allées de la Marine et réunissant notamment les bureaux de la Justice de Paix, de la Police, de la Voirie, du Télégraphe, de la Poste aux lettres, du Cabinet de Sciences naturelles et permettant l'installation de deux magasins au rez-de-chaussée.

Un concours est organisé et une synthèse des deux projets proposés est ensuite demandée, en août 1873, à l'architecte Louis Durand (Grenoble 1842-Cannes 1921). 

Dès le départ, le projet fait polémique au sein de l'équipe municipale et de l'ensemble de la ville, que ce soit au niveau de l'emplacement choisi sur les Allées, du droit d'y construire, de l'organisation du concours, du choix de l'architecte ou du montant affecté à la construction.

Après de nouvelles modifications des plans, un devis est établi par l'architecte en juin 1874 et l'adjudication des travaux a lieu, le 9 juillet 1874, sous le mandat du nouveau maire Jean Baptiste Girard (Cannes 1820-Cannes 1897) et la construction est enfin entamée. Les projets de sculptures de façade et de décoration intérieure sont reportés à plus tard, afin de respecter le budget prévu.

De nombreux devis complémentaires vont cependant s'ajouter en cours de travaux, du fait de problèmes de construction et d'amélioration du bâtiment : ajout de sous-sols destinés aux magasins (septembre 1874), élargissement du bâtiment construit sur le voûtement du torrent du Poussiat, choix d'une charpente en fer remplaçant la charpente en bois prévue (mai 1875), travaux supplémentaires (février 1876), installation de nouveaux locaux, réalisation d'appartements au deuxième étage, commandes de mobilier neuf (mai et août 1876), réalisation anticipée des seize sculptures de façade alors que les "étagères" (échafaudages) sont encore en place, confiée (mai 1876) au sculpteur parisien Pierre Marius Montagne (Toulon 1827-Toulon 1879).

Les travaux commencés fin juillet 1874 voient la réalisation des fondations en août 1874, le couvrement de l'édifice en 1875 et l'installation dans les lieux entre mai et juillet 1876 (mairie et justice de paix), les dépenses d'aménagement se continuant encore pendant plusieurs mois. 

Le bâtiment constitué d'un rez-de-chaussée (surélevé de cinq marches) et d'un entresol surmontés de deux étages, offre treize baies sur ses grands côtés sud et nord et six sur ses façades latérales. Les baies sud du rez-de-chaussée et de l'entresol sont encadrées par de hauts pilastres, celles du premier étage par des colonnettes d'ordre ionique et celles du deuxième étage par des statues allégoriques. Le centre de la façade sud montre une légère avancée, couronnée par une horloge adossée au dôme qui couvre l'édifice.

Les magasins du rez-de-chaussée, sous-sol et entresol sont occupés dès juillet 1876, du côté est par un banquier et du côté ouest par le nouveau Café de la Paix des Frères Roux (avec l'ajout au café d'une rotonde vitrée au dernier trimestre de l'année 1877) et par l'Agence d'Affaires (immobilières) F. Mouton (avec au sous-sol, la Cave à Vins H. Jourdan). 

La Bibliothèque, le Museum Régional et la Société Agricole et Horticole s'installent au deuxième étage.

Prévue à hauteur de 220.000 francs environ, la réalisation de l'Hôtel-de-Ville atteindra plus de 491.000 francs et tous les scandales qui y sont reliés aboutiront au remplacement de l'équipe municipale aux élections suivantes. 

Le nouveau maire Eugène Gazagnaire (Cannes 1838-Cannes 1900) ordonnera, dès janvier 1878, des expertises concernant les réalisations de son prédécesseur, fera toute la lumière sur l'argent illégalement engagé et transformera ou stoppera certains projets en cours d'exécution (Hôtel-de-Ville et Théâtre). Tout en vendant le mobilier neuf des appartements de l'Hôtel-de-Ville et en redistribuant les locaux, la nouvelle équipe municipale n'en continuera pas moins les dépenses nécessitées par l'achèvement intérieur de l'édifice. La polémique se continuera pendant plusieurs années, régulièrement alimentée par les journaux locaux.



2 - BOUTET Jules (1830-?), Cannes, Notre-Dame-d'Espérance, vers 1875,
vue est-ouest montrant la partie occidentale des Allées (avec l'Hôtel-de-Ville en construction) 
et la partie septentrionale du Mont-Chevalier,
vue 37 de l'Album Religieux Cannes 1876,
tirage albuminé de 17,4x24,7 cm, Paris, BnF (Gallica).



La photographie ci-dessus (Image 2), prise depuis l'étage du Cercle Philarmonique des Allées, montre sur la droite l'Hôtel-de-Ville en construction (1874-1876). Une date située au printemps ou à l'été 1875 semble s'imposer du fait du feuillage des arbres des Allées et de l'absence sur l'édifice de la charpente en fer commandée en mai 1875. 



LE THÉÂTRE ET L'HÔTEL (Images 3a et 3b)


Depuis une décennie, le public et la presse locale réclament la construction d'une salle de spectacle à Cannes. Le 9 novembre 1875, le Conseil municipal (Maire Jean Baptiste Girard) adopte à l'unanimité, "le projet de concours pour l'édification d'un théâtre et d'un hôtel pour voyageurs contigus, le dit hôtel pouvant être transformé plus tard en Musée municipal". La publication du programme du concours a lieu le 5 décembre 1875.

Le choix du projet a lieu à Paris le 10 avril 1876 et le projet primé est celui des architectes parisiens Jules Bourdais (Brest 1835-Paris 1915) et Gabriel Davioud (Paris 1823-Paris 1881). L'emprunt correspondant est contracté le 4 mai 1876. 

Le projet prend cependant du retard et l'adjudication des travaux ne semble avoir lieu qu'en décembre 1876. Le 15 mai 1877, le Conseil municipal renonce à l'édification de l'hôtel. 

Le théâtre suscite de nombreuses polémiques auxquelles Le Courrier de Cannes répond dans un long article du 24 juin 1877.

Le 25 octobre 1877, le Conseil municipal décide de réduire de 4,50 mètres environ la largeur du théâtre empiétant sur les Allées (projet initial de 40x25 m)Alors que les fondations du théâtre sont déjà réalisées, les pavillons de façade et la loggia prévus sont abandonnés et le projet d'ensemble est modifié par l'ingénieur de la Ville de Cannes, Jean Pierre Revellat (Trèbes 1817-Cannes 1891) qui suit le chantier (Images 3a et 3b). Le 18 décembre 1877, le traité pour la charpente en fer du théâtre, avec Schneider et Cie du Creusot (Saône-et-Loire), est validé.

Dès le 25 janvier 1878, la nouvelle équipe municipale (Maire Eugène Gazagnaire) sollicite des rapports d'expertise concernant la construction du Théâtre, son coût réel et la nécessité de poursuivre ou non le projet. M. Revellat est révoqué (Le Courrier de Cannes du 3 février 1878).

Les expertises se révèlent opposées à la poursuite du projet, jugé illégal (terrains de l'Etat cédés à la Ville pour une promenade publique sans autorisation d'y construire), irrégulier (dans ses procédures), dispendieux (montant volontairement sous-estimé, passé de 300.000 à  545.000 francs et nécessitant un nouvel emprunt), dénaturé (modification du projet primé), certes entamé (premier étage réalisé) mais peu fiable (lézardes apparues) (Conseil municipal du 25 juillet 1878, AMC, 1D19, vues 196-218).

Le renoncement au projet paraissant préférable en tous points (malgré les sommes investies et le coût de la démolition à ajouter), un arrêté préfectoral du 24 août 1878 valide la cessation des travaux, la démolition des ouvrages, le comblement des fondations et la récupération des sommes versées en trop. La commande de la charpente métallique est ensuite annulée (Conseil municipal du 15 novembre 1878).

Le Courrier de Cannes qui avait sollicité la création d'un théâtre (Le Courrier de Cannes du 28 janvier 1875) puis soutenu le projet du Maire précédent (Le Courrier de Cannes du 24 juin 1877), continuera à défendre le projet initial, toute l'année 1878, des attaques des Echos de Cannes et de L'Avenir de l'Arrondissement de Grasse.

Le Conseil de Préfecture nomme des experts à la fin de l'année 1878 afin de préciser la quantité de matériaux employés et approvisionnés à revendre. Le rapport n'est livré qu'un an plus tard, le 22 décembre 1879, et le Conseil municipal décide de la démolition du théâtre et sollicite l'accord urgent du Préfet, certaines parties de la construction menaçant ruine et les plantations prévues, sur le terrain une fois dégagé, devant se faire avant mars.

Le théâtre est démoli et ses matériaux sont déblayés entre fin janvier et mi-février 1880 (Conseil municipal du 22 janvier et du 14 février 1880).



3a - DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Cannes, Vue Panoramique, vers 1879,
vue générale ouest-est, prise depuis le sommet du Mont-Chevalier,
noter, au bord de la voie méridionale des Allées, la file des voitures de place, alors localisées du côté occidental (et à l'extrême droite de l'image, la présence de la Villa Rose-Marie, déjà érigée à cette date),
tirage albuminé de 13x27,3 cm, Collection personnelle.




La datation de la photographie ci-dessus (Image 3a) est tout d'abord déduite de la présence, sur les Allées, du bâtiment de l'Hôtel-de-Ville (terminé en 1876).

La présence du bâtiment du Théâtre repousse la datation. La construction de ce dernier a été, comme exposé ci-dessus, entamée en janvier 1877 et stoppée fin août 1878. Le bâtiment est resté en l'état jusqu'à sa démolition fin janvier-début février 1880.

La présence des deux kiosques à Musique, l'un érigé à l'est en août-septembre 1874 et l'autre à l'ouest en juin-juillet 1877 (voir ci-dessous), implique cependant une prise de vue effectuée au plus tôt au second semestre 1877.

La fontaine orientale, initialement située au sud du Petit Cours (Image 1) apparaît déjà déplacée plus à l'est, en face de la rue Bivouac. Or, ce déplacement fait partie des travaux des Allées votés le 5 août 1878, approuvés par le Préfet le 23 octobre 1878, soumis ensuite à adjudication puis effectués entre novembre 1878 et avril 1879 (Fêtes du Centenaire de Lord Brougham).

Les Allées ne montrent plus le chantier boueux de janvier-février 1879 mais présentent encore de vieux arbres qui vont être arrachés en mars 1879 (puis en janvier 1880). La nouvelle ligne de jeunes platanes, visible le long de la mer, est pour sa part postérieure au 13 février et antérieure au 13 mars 1879 (Le Courrier de Cannes de janvier à avril 1879). Enfin, l'absence de feuillage de l'ensemble des arbres implique une saison qui ne peut concerner que l'automne-hiver 1878-79 ou 1879-80.

La photographie peut donc dater au plus tôt de mars 1879 (ligne de jeunes platanes du bord de mer) et au plus tard de janvier 1880 (arrachage des derniers vieux arbres et démolition du théâtre), d'où la date retenue (vers 1879). 


3b - DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Cannes, Vue Panoramique, détail, vers 1879,
détail de la vue précédente prise depuis le sommet du Mont-Chevalier,
avec d'ouest en est, l'Hôtel-de-Ville (et son dôme central), le Kiosque à Musique occidental,
 le bâtiment du Théâtre en construction (angle sud-est), le Kiosque à Musique oriental et la fontaine orientale,
tirage albuminé de 13x27,3 cm, Collection personnelle.



LES KIOSQUES À MUSIQUE (Images 3a, 3b et 4)


Dans la seconde moitié des années 1860, les concerts de musique ont lieu à Cannes sur les Allées, sur le boulevard de la Croisette (au Cercle Nautique) et au square Brougham. Dès 1868, des kiosques sont réclamés à la municipalité. L'été 1874, ce sont deux kiosques privés qui sont cependant érigés, l'un par le Cercle Nautique sur sa terrasse sud et l'autre par la Société Musicale à l'est des Allées.

Le kiosque oriental

Ce kiosque oriental tant attendu (Revue de Cannes 13 décembre 1868, du 24 avril 1870 et du 5 octobre 1871) est un petit kiosque portatif à fixer sur des dés de pierre, acquis par souscription publique (1.500 francs). Envisagé dans un premier temps sur le Petit Cours, il est en définitive installé et mis en peinture en août et septembre 1874 (Image 3a), en face du Cercle du Commerce (Le Courrier de Cannes du 19 août, du 27 août et du 6 septembre 1874).

Le kiosque occidental

Un second kiosque va être envisagé sur les Allées dès l'année suivante. En effet, lors de la construction de l'Hôtel-de-Ville, les Frères Roux, qui réservent dès juillet 1875 la location du magasin oriental du rez-de-chaussée afin d'y ouvrir le Café de la Paix, expriment leur souhait de bénéficier de la proximité d'un kiosque à musique. 

L'idée va être adoptée par la municipalité, le kiosque existant à l'est étant trop éloigné de l'Hôtel-de-Ville et ne lui appartenant pas. Suite à l'achèvement de l'Hôtel-de-Ville et à l'installation du Café de la Paix dans ses locaux à la fin de l'été 1876, un kiosque est donc commandé par la municipalité (Maire Jean Baptiste Girard) à la Société Debiaune et Cie, le 29 septembre 1876 (16.000 francs). 

Malgré la cession du Corps de musique et de ses possessions à la Ville en mars 1877, ce nouveau kiosque est installé à partir de juin 1877, au sud-ouest du Café de l'Hôtel-de-Ville (Le Courrier de Cannes du 5 juillet 1877). Un crédit complémentaire nécessaire à la réalisation des peintures et de l'éclairage (lustre, becs de gaz) est ensuite voté le 25 août 1877 (2.000 francs). L'installation se termine en septembre avec la réalisation des peintures (Le Courrier de Cannes du 13 septembre 1877). Le nouveau kiosque occidental (Image 3b) peut dès lors bénéficier d'un concert hebdomadaire, deux concerts étant toujours donnés au kiosque oriental.

Le grand kiosque central

Avec la nouvelle équipe municipale (Maire Eugène Gazagnaire), un projet de réaménagement global des Allées voit le jour entre mai et août 1878, comprenant notamment l'installation d'un grand kiosque (25.000 francs) en remplacement des deux kiosques existants. Ce kiosque neuf est prévu sur l'emplacement à libérer du Théâtre et destiné à être entouré de nouvelles plantations (Conseil municipal du 19 mai 1879).

Le 18 octobre 1879, à l'approche de l'adjudication du kiosque (prévue le 1er novembre 1879), la municipalité renonce à son achat, donne la priorité à d'autres travaux et envisage seulement une modification du kiosque oriental actuel, avant son déplacement (Conseil municipal du 22 décembre 1879).

Suite au réaménagement des Allées et à la démolition du Théâtre au tout début de l'année 1880, le projet d'achat d'un nouveau kiosque est remis à l'ordre du jour et voté le 14 février. Le 1er mars 1880, l'adjudication est remportée par les ingénieurs-constructeurs Blairon et Mathieu de Charleville (Ardennes). L'édification du kiosque est fixée au plus tard au 12 juillet 1880, pour permettre son inauguration lors de la Fête nationale du 14 juillet. 

Malgré plusieurs rappels, le kiosque n'est cependant pas réalisé dans les temps. Un sursis de 30 jours est accordé à l'entreprise, prenant fin le 15 août 1880. Le 5 octobre, le kiosque n'est toujours pas livré mais la plantation de douze palmiers est votée par le Conseil municipal pour l'emplacement destiné aux auditeurs de la musique. 

Il semble qu'un accord ait été trouvé pour le kiosque car la municipalité comptera peu de pénalités à l'entreprise. Le kiosque est enfin installé au début du mois de novembre 1880 (Image 4) mais son pavillon n'est posé qu'à l'extrême fin du mois. Le Courrier de Cannes qualifie tour à tour le kiosque "d'énorme champignon" puis de "bastion de forteresse". Son inauguration a lieu le 13 février 1881 (Le Courrier de Cannes des 7 novembre, 25 novembre et 9 décembre 1880 puis du 13 février 1881).

Le 23 février 1881, le Conseil municipal vote la réalisation d'une promenade en ciment de cinq mètres de large à établir de la place des Iles à l'Hôtel-de-Ville, avec esplanade au devant du nouveau kiosque de la musique. Le nouveau règlement de la Musique édicté le 10 mars 1881 prévoit, hiver comme été, deux concerts sur le kiosque des Allées de la Liberté.

Les deux anciens kiosques des Allées ont été démontés : le kiosque occidental (1877), situé près de l'Hôtel-de-Ville, a été remonté au quartier de la Verrerie dès octobre 1880 (Le Courrier de Cannes du 17 octobre 1880) et le kiosque oriental (1874) a été rénové et va être installé au square Brougham en mars 1881 (Le Petit Niçois du 21 mars 1881).



LE MONUMENT À LORD BROUGHAM


Dès mars 1876, lors de la préparation des Fêtes du Centenaire de la naissance de Lord Brougham (Edimbourg 19 septembre 1778-Cannes 7 mai 1868), la municipalité (Maire Jean Baptiste Girard), envisage un monument à élever en l'honneur du Lord. 

Fin 1877, la commande d'un sujet allégorique destiné aux Allées est passée auprès du statuaire parisien Paul Liéniard (Paris 1841-Cannes 1900) (Conseil municipal du 21 novembre 1877). Le groupe doit être composé d'une figure en pied représentant la Ville de Cannes, avec un pied posé sur la base d'une colonne ornée du blason de la Ville et surmontée du Buste de Lord Brougham existant (réalisé suite au décès du Lord et installé, en février 1870, au quartier des Anglais, dans le square Brougham). 

Cependant, avec l'élection de la nouvelle équipe municipale (Maire Eugène Gazagnaire) puis sa visite au sculpteur (Conseil municipal du 9 février 1878), le projet de groupe sculpté qui ne donnait qu'une place secondaire à Lord Brougham est remplacé, en 1878, par la commande d'une statue en pied du Lord (Conseil municipal du 13 mai 1878). Le Monument veut ainsi rendre hommage à Lord Brougham (à son rôle dans le développement de la cité) et, à travers lui, à l'ensemble de la Colonie étrangère. 

Le coût du Monument est de 2.000 francs pour l'achat du bloc de marbre (subvention demandée à l'Etat) et de 14.000 francs pour le sculpteur, auxquels vont s'ajouter le coût du transport et celui de la réalisation du piédestal, avec ses bas-reliefs et ses inscriptions. L'inauguration du Monument est prévue lors des Fêtes du Centenaire, repoussées à mi-avril 1879, pendant la saison touristique. 

L'emplacement choisi est le Petit Cours, entre le Cercle Philarmonique (inauguré le 29 mars 1875 dans les anciens locaux du Cercle du Commerce) et le Splendid Hotel (1870-71) (voir la première partie de cet article)

La cérémonie de pose de première pierre du Monument a lieu à la date fixée en accord avec la famille de Lord Brougham, le jeudi 19 décembre 1878, à 2h de l'après-midi (Le Courrier de Cannes du 22 décembre 1878).

Le Monument à Lord Brougham est ensuite inauguré le samedi 19 avril 1879 à 2h de l'après-midi (dernier des quatre jours des Fêtes du Centenaire - Les Echos de Cannes du 20 avril 1879), avec la statue en pied réalisée par Paul Liénard, sur un piédestal dessiné par l'ingénieur de la Ville Paul Louis Hourlier (Marseille 1847-Cannes 1920) et réalisé par l'entrepreneur Laurent Claude. Une grille est ensuite installée autour du Monument.



LES PLANTATIONS (Images 1 à 4)


La végétation des Allées de la Marine a été régulièrement entretenue par les maires successifs. Sous le mandat de Jean Baptiste Girard, des arbres sont coupés pour libérer les terrains destinés à la construction du nouvel Hôtel-de-Ville en 1874 (ormeaux) puis du Théâtre en 1877 mais des arbres sont également plantés en septembre 1876.

Sous le premier mandat d'Eugène Gazagnaire, le projet de transformer les Allées de la Marine et le Cours par les plantations se veut cependant plus radical ; il est présenté dès mai 1878 (Conseil municipal du 17 mai 1878 et du 20 mai suivant). 

Le Conseil municipal du 5 août 1878 détaille les travaux prévus et notamment le remplacement des arbres en mauvais état par des platanes, le prolongement de la ligne d'arbres à l'est comme à l'ouest et la plantation du terrain libéré par la démolition du théâtre, en attente du nouveau Kiosque à Musique. Parallèlement, les deux anciens kiosques devront être enlevés et la fontaine orientale repoussée plus à l'est, en face de la rue Bivouac, en symétrie parfaite de celle de la place de la Consigne. La voie de circulation, située au sud des Allées, sera également élargie, entraînant l'abattage de quelques arbres.

Ces travaux, autorisés le 23 octobre 1878, sont menés entre novembre 1878 et avril 1879 (avant les Fêtes du Centenaire de Lord Brougham), accompagnés de bornes fontaines, de bouches d'arrosage, de bordures de trottoirs, de candélabres et de bancs. 

En mars 1879, de vieux acacias (plantés en 1848) sont encore arrachés et des plantations sont réalisées sur le terrain libéré du théâtre et le long de la mer (ligne de platanes sur la plage). Des palmiers sont ensuite plantés autour du Monument de Lord Brougham et le Petit Cours est renommé place des Palmiers, sur décision du Conseil municipal du 16 octobre 1879. 

En janvier 1880, les derniers vieux arbres, eucalyptus, ormeaux, platanes et acacias sont arrachés des Allées (non sans scandale) et tous sont remplacés, dès le mois suivant, par de jeunes et nombreux platanes alignés (vantés par L'Avenir et décriés par Le Courrier et Les Echos de Cannes). L'achat de palmiers à planter près du nouveau kiosque à Musique est ensuite voté en octobre 1880.

Dès juin 1880, l'installation de tentes-abris au sud des Allées est autorisée (Conseil Municipal du 1er juin et du 16 novembre 1880). Avec leur charpente haute de 3 mètres et recouverte de toile entre avril et septembre, elles sont destinées à protéger les étalages du marché et notamment leurs clients du soleil (Image 4). 

Avec d'une part, la suppression des anciennes baraques, du bâtiment du Théâtre, des deux anciens kiosques, des jardins botaniques, des vieux arbres, du bassin central et le déplacement de la fontaine orientale, et d'autre part, la construction de l'Hôtel-de-Ville (1874-76) (encore présent de nos jours), le renouvellement des urinoirs et des kiosques de vente de journaux et de fleurs (1878), l'installation du Monument à Lord Brougham (1879 - présent de nos jours par une copie datant de 1952) et du nouveau grand kiosque central (1880 - encore présent de nos jours), les alignements parfaits de jeunes platanes et les plantations de palmiers (1879-80), et l'installation des tentes-abris du marché, les Allées offrent un aspect totalement renouvelé à la fin de l'année 1880 (Image 4). 


4 - COURRET Albert (1856-1922), Cannes, la ville et la plage, détail, vers 1880-1886,
vue ouest-est prise depuis le sommet du Mont-Chevalier, montrant les Allées avec les nouvelles plantations (1879-80), le nouveau Kiosque à Musique central (érigé fin 1880) et les tentes-abris (second semestre 1880),
photographie insérée entre les pages 50 et 51 de l'ouvrage de E. Langlois & A. Brocas, 
Album-guide illustré international : The Illustrated International Album-Guide, 1886,
 Nice-London, vue 75, Paris, BnF, voir sur Gallica).



SUR CANNES - VOIR AUSSI :


SUR LE SITE DES ARCHIVES MUNICIPALES DE CANNES : EXPOSITIONS HISTORIQUES




lundi 3 janvier 2022

1213-CANNES - LE QUARTIER DES ANGLAIS AU MILIEU DU XIX° SIÈCLE-2

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



DERNIÈRE MODIFICATION DE CET ARTICLE : 10/07/2023




CANNES - LE QUARTIER DES ANGLAIS

Le quartier des Anglais est situé à l'ouest de Cannes et du Mont-Chevalier, dans la Vallée du Riou et le Vallon provençal. Il est bordé au sud par une plage de sable fin et dominé au nord par des côteaux dont les sommets sont couverts de pins et les pentes, d'oliviers et d'orangers. 

Le quartier se développe à partir de 1835 et notamment après la vente des terrains de cette zone par l'Etat, au printemps 1849. 

Ses bâtiments emblématiques sont connus par des estampes qui datent au plus tôt de la deuxième moitié des années 1850. Si moins d'une trentaine de constructions apparaissent sur le Plan de Cannes de 1859 (J.-B. Girard, Cannes et ses environs : guide historique et pittoresque, Paris, 1859), ces dernières se multiplient sur les plans suivants. De nombreuses photographies conservées témoignent également de l'évolution des lieux à partir de 1860.

Le quartier des Anglais est traversé d'ouest en est par la route impériale n°97 (route de Fréjus - actuelle avenue du Dr Picaud) qui dessert les principales propriétés (AD06, 10FI 4868/05). Dès 1860, c'est également la voie ferrée qui traverse le quartier, avec un tracé qui suit le rivage puis tourne vers le nord en direction du centre ville, avant de franchir un pont sur le Riou (AD06, 10FI 4868/01).


VOIR LA PREMIERE PARTIE DE CET ARTICLE


IMAGE 1


1 - Photographe anonyme, Cannes, Le quartier des Anglais, détail, fin 1862,
vues stéréoscopiques est-ouest, partie sud,
tirage albuminé de deux vues de 7,4x7,4 cm sur un carton de 17,5x8,6 cm, Collection personnelle.



Cette première photographie (Image 1) peut être datée de la fin de l'année 1862. 

Cette datation est notamment déduite de l'aspect de la Christ Church (Protestant Church, Eglise Anglicane ou Temple Anglais), érigée entre mai et décembre 1855 (rct.uk/collection). La chapelle montre en effet la quatrième travée de nef qui a été ajoutée au nord l'été 1862 mais pas encore les parties orientales qui seront entreprises au printemps 1866.

D'autres indices, comme la présence de la voie ferrée ou l'inscription "Frçs Ramoin Md De Bois" sur le mur attenant à la Scottish Church, confirment cette même période (comparer avec la photographie de Charles Nègre étudiée dans la première partie de cet article).

C'est cependant un tirage panoramique fait de l'assemblage de deux photographies (Collection privée) qui permet d'en préciser la date. Ce tirage montre sur la gauche, une vue identique en tous points à celle ci-dessus mais révèle sur la droite, la partie nord du quartier des Anglais. 

On y distingue notamment l'ancienne chapelle Saint-Roch, érigée en 1821 (à l'emplacement d'une chapelle de même vocable) mais menacée de démolition depuis fin 1859, afin de céder la place au tracé de la voie ferrée. Suite à l'accord du Conseil municipal du 4 mars 1860, cette chapelle située près de l'entrée du tunnel percé dans la partie nord du Mont-Chevalier, sera détruite mais seulement à la fin de l'année 1862. 

Sa reconstruction, entreprise un peu plus au sud, à côté de l'hospice ou hôpital Saint-Jacques, sera entamée en 1864 et la nouvelle chapelle Saint-Roch sera inaugurée le 8 mars 1865 (Revue de Cannes du 4 mars 1865 - chapelle de l'actuelle rue Saint-Dizier).

La photographie étudiée date donc probablement de la fin de l'été ou du début de l'automne 1862, après l'achèvement de la quatrième travée de nef de la Christ Church mais avant les travaux de démolition de la chapelle Saint-Roch.


IMAGE 2 


2 - DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Vue Panoramique (est-ouest), 
Cannes, Le quartier des Anglais, parties sud et centrale, vers 1870,
tirage albuminé de 8,4x22 cm sur un carton de 13,1x28,5 cm, Collection personnelle.



Cette photographie (Image 2), qui révèle un panorama élargi vers le nord, peut être datée vers 1870. Sa datation est notamment déduite : 

- de la présence de la Christ Church qui a été agrandie vers le sud, entre avril et novembre 1866, avec un transept aux croisillons percés d'une rose et une croisée dominée par un clocher pourvu d'une flèche élancée (AD06, 02FI 03798) ;

- de la présence du long bâtiment oblique de l'Hôtel du Pavillon érigé en 1864 au bord de la voie ferrée (Collection privée) qui a été agrandi vers le sud vers 1867-68 (AD06, 47FI 1819) et est dirigé par Emile Gougoltz (Vevey 1834-Cannes 1873).

La photographie date donc au plus tôt de 1867-68 mais c'est l'étude détaillée du Square Brougham (visible sur la gauche de l'image), aménagé sur les terrains de l'ancien Abattoir, qui va permettre d'en repousser la date.


L'ABATTOIR ET LE SQUARE BROUGHAM (actuel Square Frédéric Mistral)

L'Abattoir a été érigé sur les terrains de la Voirie, près de l'embouchure du Riou, entre août 1849 et mai 1850, sous le mandat du maire Marius Barbe (Cannes 1831-Tunis 1895). Son bâtiment principal était situé au sud d'une grande cour cruciforme desservant des bâtiments secondaires à l'est et à l'ouest (Plan de Cannes de 1864, AMC, 1Fi21 ou 1Fi298).

Dès 1860 cependant, avec le développement résidentiel du quartier, le déplacement de l'Abattoir a été envisagé à cause de ses nuisances, une partie des terrains libérés devant permettre la réalisation d'un jardin public. Ce dernier s'inscrivait dans le cadre du grand projet municipal d'une longue promenade reliant les différentes parties de la ville, allant de la Croisette aux Allées, jusqu'au boulevard du Midi.

Un premier projet de réutilisation des terrains de l'Abattoir a été voté le 1er mars 1863. Il a été décidé, afin de financer la construction du nouvel abattoir, qu'une partie des terrains serait vendue et que le jardin serait entouré de lignes de maisons sur trois de ses côtés (sauf au sud). Il a été également décidé que le jardin porterait le nom de "Square Brougham", en témoignage de reconnaissance de la Ville de Cannes envers le premier étranger venu s'établir sur son rivage (Lord Henry Brougham Cowgate 1778-Cannes 1868). 

Un second projet a cependant vu le jour au début de l'année suivante et a été voté le 13 février 1864. La superficie du square a été doublée et les constructions envisagées ont été réduites à ses côtés ouest et nord (plusieurs maisons de luxe ou grand Etablissement de bains)

Le 15 mai 1864, le projet a été à nouveau modifié. Les constructions ont été réduites au seul côté ouest, suite à la demande de MM. Gaymard, André et Perrissol, propriétaires limitrophes cherchant à conserver une vue dégagée sur la mer et s'engageant à verser, en contrepartie, une forte indemnité à la municipalité ; cette dernière s'engageait de son côté à réaliser la démolition de l'Abattoir et la réalisation du jardin sous deux ans. 

La création du square restait donc soumise à la démolition de l'ancien abattoir et à la vente d'une partie de ses terrains mais, au début de l'année 1865, le Dr Henry André (Bourdeaux 1830-Cannes 1873), médecin homéopathe résidant traverse du Rédan (l'un des trois propriétaires limitrophes des terrains de l'abattoir), a défendu le projet d'un jardin à réaliser immédiatement sur la parcelle nue située à l'est de l'Abattoir. Le Dr André souhaitait également qu'après la démolition de l'abattoir tous les terrains soient consacrés à l'agrandissement de ce jardin et qu'aucune construction n'y soit érigée. 

Le projet a fait polémique mais a été soutenu par quelques conseillers municipaux et par la rédaction de la Revue de Cannes. Après plusieurs votes contradictoires, le Conseil municipal a autorisé, le 16 février 1865, le Dr André à entreprendre, à ses risques et périls, la réalisation (nivellement et plantations) du Square Brougham, en s'appuyant sur une souscription publique (Revue de Cannes du 4 mars 1865).

En mars 1865, alors que les dons d'argent mais également d'aides logistiques et de dons de plantes commençaient à être effectués par des personnalités cannoises et des hivernants, les travaux du square ont été entamés. Les travaux de terrassement ont été exécutés en moins d'un mois sous la direction de l'entrepreneur Bastien Laugier. Le détail du plan des allées et des massifs du jardin a été redessiné début avril par Victor Petit (Troyes 1817-Aix-les-Bains 1871). La municipalité a ensuite voté le 20 avril, l'installation de prises d'eau pour l'arrosage et d'une borne fontaine (installées après mai 1865). 

Les dons se sont ensuite faits plus rares et seulement le tiers de la somme escomptée a été perçu. La somme a cependant été suffisante pour achever les travaux du square vers juin 1865 (Revue de Cannes du 4 février au 20 mai 1865 ; Journal de Nice du 17 juin 1865 ; E. Lee, The Health Resorts of The South of France, 2ème édition, 1865 p 57 ; Victor Petit, Cannes, Promenades des Etrangers dans la ville et ses environs, 1868 pp 275-276). 

Le jardin, entouré de haies doublées de barrières en bois et constitué d'allées desservant des massifs précédés de bancs, est rapidement devenu un lieu apprécié de promenade et de repos, une oasis de fraîcheur et d'ombre à proximité immédiate de la plage. A ce jour, aucune photographie connue ne montre cependant l'Abattoir et ce premier état du square.

Le délai de démolition de l'Abattoir a été prorogé, lors du Conseil municipal du 17 mai 1865, avec l'accord des trois propriétaires cités. L'achat du terrain destiné au nouvel abattoir, situé au quartier du Devens, au nord de la route de Fréjus (à La Bocca), n'a eu lieu qu'en décembre 1865 et l'adjudication des travaux qu'en janvier 1866. 

Notamment du fait du projet d'alignement de décembre 1865, destiné à redresser le lit du Riou en réduisant les terrains de l'Abattoir, le Conseil municipal du 17 juin 1866 a décidé que ces terrains ne seraient pas vendus comme il était initialement prévu mais qu'ils complèteraient ceux du Square Brougham. 

L'extension du square est restée soumise à l'inauguration du nouvel abattoir qui semble avoir eu lieu vers septembre 1866 puis à la démolition de l'ancien abattoir à l'extrême fin de l'année, la municipalité ayant décidé le 18 octobre 1866 de sa démolition en régie, afin d'en réutiliser les matériaux. 

Le projet d'endiguement du Riou au sud du square a été voté le 31 juillet 1867 et exécuté dans les mois suivants. Le 21 novembre 1867, il est décidé que le terrain en friche restant disponible sera nivelé et complanté afin d'achever le Square Brougham (plantations probablement réalisées début 1868).

Un projet de fontaine décorative à gerbe d'eau, "modeste, mais gracieuse, fine, charmante", destinée au square a également vu le jour l'été 1867, en parallèle de celui des fontaines des Allées (Revue de Cannes du 1er juillet et du 15 septembre 1867). Le projet a ensuite été validé et l'installation de la fontaine s'est faite sur un rond-point oriental du square dans les mois suivants (les fontaines des Allées étant pour leur part installées en mars 1868 puis mises en eau et inaugurées en juillet ; AMC, 3Fi685 ; Archivi Alinari, 209538)

La Société horticole et agricole de Cannes est chargée de l'entretien du Square Brougham début 1868 (comme des plantations des Allées - Conseil municipal du 19 février 1868).

Suite au décès de Lord Brougham à Cannes le 7 mai 1868, un monument est envisagé à sa mémoire. Une souscription publique est ouverte (Revue de Cannes du 03 janvier 1969) mais, le projet faisant polémique, les sommes recueillies sont insuffisantes, ne couvrant que le socle, le piédestal et l'entourage du monument. Un magistrat français, qui a souhaité rester anonyme (il s'agit en fait de Toussaint Joseph Borély/Borrely [Sisteron 1788-Aix-en-Provence 1875], ancien procureur général à Aix-en-Provence), a cependant fait exécuter à ses frais un buste en marbre de Lord Brougham par le sculpteur Louis Veray (Barbentane 1820-Barbentane 1891). 

Le 8 janvier 1870, le Conseil municipal décide que le monument sera placé dans le Square Brougham. Le monument y est en effet installé lors des semaines suivantes, dans le rond-point occidental symétrique à celui de la fontaine (Plan de Cannes de 1871, AMC, 1Fi105)L'inauguration de ce mémorial, initialement prévue le dimanche 27 février, est cependant repoussée du fait du mauvais temps de ce jour-là et la nouvelle date retenue n'est pas connue (Revue de Cannes du 27 février et du 3 mars 1870).


- Mémorial élevé à Lord brougham dans le square éponyme,
estampe éditée au début de l'ouvrage de Ferdinand Jacob, 
Cannes en Poche - Saison 1876-1877 - Guide historique de Cannes et ses environs
Cannes, 1876 (GoogleBooks).




Une photographie antérieure à l'Image 2, datable de 1868, est conservée aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes (AD06, 47FI 1819 et détails 1816, 1817 et 1818). Elle montre notamment la présence d'échafaudages sur l'extension sud du Grand Hôtel du Pavillon entreprise fin 1867-début 1868, la fontaine décorative installée dans le Square Brougham à la même époque mais pas encore le Mémorial de Lord Brougham.

Dans la photographie étudiée (Image 2), c'est justement la présence visible du Mémorial de Lord Brougham installé dans le Square Brougham au début de l'année 1870 qui en repousse la datation. La prise de vue date probablement du cours de l'année 1870 car elle ne montre pas un bâtiment (voir plus bas) représenté sur le Plan de Cannes de 1871 (AMC, 1Fi105).

Des concerts de musique sont envisagés au Square Brougham dès la fin de l'année 1865 (Revue de Cannes du 15 décembre 1865) et attestés dès novembre 1868. L'installation d'un kiosque est dès lors demandée à la municipalité (Revue de Cannes du 5 novembre, 22 novembre et 13 décembre 1868). Les concerts ont lieu le mercredi après-midi, à quelques mètres au sud-ouest de la fontaine décorative, dans un rond-point qui devra par la suite être agrandi et, à défaut de kiosque, pourvu d'une estrade (Les Echos de Cannes du 17 octobre 1874).

La Cavalcade Cannoise (initiée en 1869) passe dès mars 1874 par le Square Brougham (Album De Bray, AMC 8Fi62, vue 5).

La végétation du square se développe rapidement et devient "presque une forêt" (Le Courrier de Cannes du 24 juin 1877), ce qui est confirmé par les photographies contemporaines.

Fin 1877, lors de la préparation des "Fêtes du Centenaire de Lord Brougham", la municipalité commande au statuaire parisien Paul Liéniard (Paris 1841-Cannes 1900) un sujet allégorique destiné aux Allées, réutilisant le buste du square (Conseil municipal du 21 novembre 1877). 

Le groupe doit être composé d'une figure en pied représentant la Ville de Cannes, avec un pied posé sur la base d'une colonne surmontée du Buste de Lord Brougham. Avec la nouvelle équipe municipale, le projet est cependant modifié en 1878, avec la commande d'une statue en pied de Lord Brougham, le buste restant au square (Conseil municipal du 13 mai 1878).

Le Square Brougham va hériter, en mars 1881, de l'ancien Kiosque à Musique des Allées (suite au projet municipal du 19 mai 1879) : "les travaux en exécution au kiosque du square Brougham sont poussés activement et pour le 15 avril, la musique pourra s'y faire entendre" (Le Petit Niçois du 21 mars 1881).

Le 21 avril 1881, le Conseil municipal décide que le Buste de Lord Brougham "qui tous les jours subit de sérieuses dégradations sera transporté prochainement dans le Musée de la ville" (à l'Hôtel-de-Ville). 

Les barrières en bois du square, signalées en mauvais état depuis 1870 (Revue de Cannes du 30 janvier 1870), seront remplacées par des murs de clôture, suite à la décision municipale du 27 septembre 1882.


IMAGE 3


3 - DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Vue panoramique (est-ouest), 
Cannes, Le quartier des Anglais, partie sud, détail, vers 1870,
 tirage albuminé d'environ 8,4x22 cm sur un carton de 13,1x28,5 cm, 
extrait de l'album, Souvenir de Voyage - Février 1876, fol.7r, Paris, BnF (Gallica).



Cette photographie (image 3) est l'œuvre du même photographe que l'image précédente, est contemporaine de cette dernière (1870) et n'en diffère que par quelques détails (volets et fenêtres ouverts ou fermés). Cependant son cadrage, davantage orienté vers le sud-est du quartier, permet de révéler le Square Brougham dans son intégralité. 

Le détail sélectionné de l'image permet de découvrir en effet le plan du jardin avec la fontaine située à l'est et le mémorial à l'ouest mais également de mieux distinguer les bâtiments qui entourent le jardin et notamment ceux de l'Hôtel du Square Brougham.


L'HÔTEL ET PENSION DU SQUARE BROUGHAM (actuel emplacement de l'Hôtel Belle Plage)

"L'Hôtel du Square Brougham" est cité à partir de juillet et août 1866 dans de petites annonces de mise en location passées par le Dr André propriétaire, dans le Journal de Nice


- Annonce parue dans le Journal de Nice du 19 juillet 1866,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



C'est ensuite, "l'Hôtel et Pension du Square Brougham" qui est cité dans la Revue de Cannes du 17 novembre 1866. Il occupe deux bâtiments accolés nord-sud plus anciens, antérieurs à 1864, érigés au nord-est du Square Brougham (Plan de Cannes de 1864, AMC, 1Fi21 ou 1Fi298). Le bâtiment le plus méridional est constitué de trois niveaux et aligne cinq baies sur sa façade sud et quatre à l'est.

L'Hôtel est situé à l'angle sud-ouest de la traverse du Rédan, précédé de son propre jardin. Son nom est inscrit sur ses façades est (AD06, 47FI 1817) et sud (AMC, 2Fi2049 ou AD06, 47FI 1809). Il est à noter que la "traverse du Rédan" est le nom attribué le 1er novembre 1857 à l'ancienne "traverse de l'Abattoir" dont l'alignement avait été décidé le 11 février 1855. L'hôtel a été en fait installé dans la demeure du Dr André. 

Henry André, fils aîné d'un pasteur, est né le 19 décembre 1833, à Bourdeaux, près de Montélimar (Drôme). Il est parti vivre avec sa famille à Oran (Algérie) au milieu des années 1840. Il a ensuite fait des études de médecine, s'est marié en 1859, à l'âge de 25 ans à Bourdeaux puis s'est installé à Cannes où il est signalé dès 1863 (Annuaire-Almanach Firmin & Didot, 1864). 

Dans cette ville, il a installé sa demeure et son cabinet, traverse du Rédan. Il acheté la maison nord existante et semble avoir fait construire la maison sud. Il est probable qu'une partie des bâtiments aient été, dès lors, destinés à la location saisonnière, voire à un établissement de cure, avant de devenir l'Hôtel du Square Brougham en 1866. Le Dr a délégué la partie hôtellerie pour se concentrer sur l'Institut médical.

Le Dr André a choisi une ville de cure ensoleillée et un emplacement au bord de la mer, dans un quartier résidentiel en plein développement. Il a versé une indemnité à la municipalité afin d'empêcher la constructions de maisons face à sa propriété, a ouvert une souscription et fait aménager le Square Brougham.

Les publicités pour l'hôtel signalent sa pension pour familles, ses prix modérés, ses bains de mer et ses bains dans l'hôtel, sa proximité du Square Brougham et du boulevard du Midi, sa vue plein sud sur la mer, les Îles de Lérins et le Massif de l'Estérel.

Fin 1868, le Dr André édite un ouvrage consacré à son Institut médical d'homœpathie (sic) & d'électricité.


- Annonce parue dans la Revue de Cannes du 29 novembre 1866,
Archives Municipales de Cannes..



Le 8 janvier 1873, le Dr André décède malheureusement à cette adresse, à l'âge de 39 ans. Quelques jours avant son décès, un article du Courrier de Cannes célébrait son établissement, "cette ravissante construction, érigée en hôtel", "le confortable", "un service parfaitement organisé", "une vue magnifique" et sa "situation (...) exceptionnelle ; abrité de tous les côtés, n'ayant pas à souffrir du Mistral qui ne peut l'atteindre, recevant les rayons bienfaisants du soleil, tout en pouvant offrir de l'ombre à ses hôtes, il n'est pas de position plus agréable pour une personne qui vient à Cannes, dans un but de santé" (Le Courrier de Cannes du 1er janvier 1873 p 2).

Si le nom du premier maître d'hôtel n'est pas connu (M. Jaunin ?), le maître d'hôtel suivant est l'un des frères du docteur, Théophile André (Bourdeaux 1833-Alger après 1920). Ce dernier est revenu d'Oran (Algérie) où il exerçait une toute autre profession, pour s'installer à Cannes fin 1870 ou tout début 1871. 

Il est en effet encore cité à Oran lors de la naissance de son troisième enfant le 3 avril 1870 mais est ensuite présent dans la liste électorale de la Ville de Cannes du 29 avril 1871. Il restera à Cannes jusqu'en 1881 (listes électorales), l'année du décès de sa belle-sœur et veuve du Dr André, avant de retourner définitivement en Algérie, avec sa famille.

L'Hôtel n'est plus cité ensuite (Annuaires des Alpes-Maritimes de 1884 à 1886) mais est probablement loué comme villa jusqu'à la date de sa vente, le 25 mai 1886, à Jean Dollfus (Mulhouse 1800-Mulhouse 1887) (Archives de Médecine des Enfants, décembre 1904, pp 705 et ss.). 

Ce dernier y établit l'Asile Dollfus, un hôpital maritime genevois pour enfants scrofuleux (prédisposés à la tuberculose) qui ouvre en octobre de la même année (AMC, 2Fi1876). La "traverse du Rédan", devenue la "rue du Rédan", prend d'ailleurs, dès 1888, le nom de "rue Jean Dolfus" (sicqu'elle conserve actuellement (Annuaire des Alpes-Maritimes de 1889).


IMAGE 4



4 - DEGAND Eugène (1829-1911),
West Bay - Cannes 1875 (titre manuscrit), vers 1871-1875,
vue panoramique est-ouest, vue globale,
tirage albuminé datant de 22,2x9,5 cm, Collection personnelle.
Des tirages de cette même prise de vue se retrouvent sur des formats Carte de visite et Cabinet qui portent au verso les tampons du photographe identifiant soit les années 1874-1877, soit les années 1878-1883. La prise de vue est cependant antérieure à la date de "1875" mentionnée par l'acheteur sur le tirage ci-dessus.

 

Cette photographie (Image 4) est postérieure aux deux vues précédentes datées de 1870. Elle montre la présence du Mémorial de Lord Brougham (installé en février 1870) mais un état de la végétation plus avancé. La prise de vue est, en l'attente de repères plus précis, à envisager entre la date de 1871 et celle de "1875", inscrite par l'acheteur sous la photographie.

Avec un panorama élargi vers le nord, elle révèle notamment le Château de Sainte-Ursule (érigé entre 1852 et 1856), appelé également Château du Riou, Château Vallombrosa ou Château des Tours. 

Du côté sud, la photographie montre la ligne de palmiers bordant la plage, le long du récent prolongement du boulevard du Midi, réalisé depuis le Square Brougham jusqu'à la voie ferrée entre 1870 et 1873 (Courrier de Cannes du 23 octobre 1873). C'est là que Joseph Brun installe ses cabines de bains à la belle saison (Courrier de Cannes du 2 juillet 1874). C'est cependant l'apparition d'un tout nouveau bâtiment, élevé à proximité, la Parfumerie Jeoffroy, qui focalise l'attention. 


LA PARFUMERIE JEOFFROY (actuelle Villa Saint-Henri, avenue Laugier)

La Parfumerie impose sa présence sur un terrain situé à l'ouest du Square Brougham, entre la voie ferrée, le rivage et l'embouchure du Riou. Le bâtiment est constitué de trois niveaux percés de 6 baies sur son côté nord et de 4 baies sur son côté est. Il est précédé au sud-est par un petit bâtiment bas pourvu d'une terrasse. 

L'Annuaire des Alpes-Maritimes de 1865 ne signale aucune parfumerie dans le quartier ouest de Cannes. Dans un article de la Revue de Cannes du 15 septembre 1867, Victor Petit cite la construction d'une fabrique de parfumerie qu'il voit d'un mauvais œil s'implanter dans le quartier mais n'en donne pas le nom. Le Tableau synoptique de la Ville de Cannes, publié dans Le Courrier de Cannes du 31 décembre 1871, liste seulement deux parfumeries, situées le long de la route de Fréjus, la Parfumerie Mounier Fils au Riou et la Parfumerie Lubin à La Bocca (tenue par Félix Prot). 

La Parfumerie Jeoffroy reste globalement absente des documents des années 1870. Elle apparaît sur des photographies mais sans qu'aucune d'entre elles ne la montre en construction. Elle est cependant représentée et nommée ainsi sur le Plan de Cannes de 1871 (AMC, 1Fi105). 

Sa date de construction est donc à situer entre février 1870, date de l'installation du Mémorial de Lord Brougham visible sur les photographies ci-dessus, et 1871 (date du plan).

Les plans des années suivantes la désignent sous le nom de Parfumerie Jouffroy" (sic) (vers 1873, AMC, 1Fi34), "Maison Jeoffroy" (vers 1878, BnF), "Villa Geoffroy" (sic) (vers 1880, AMC 1Fi327 ; 1884, AMC, 1Fi128) et "Geoffroy" (1888, BnF).

Avant 1884 (entre 1880 et 1884 ?), un champ (de fleurs à parfum ?) entouré de murs et bordé de constructions basses, s'ajoute sur le côté nord de la villa, alors qu'un grand jardin, desservi par des allées et des ronds-points, est aménagé jusqu'au rivage, avec rochers, rivière et plans d'eau artificiels (Plan de Cannes de 1884, AMC,1Fi128).

La parfumerie n'a peut-être fonctionné qu'une partie des années 1870, avant de devenir la Villa Geoffroy. Dans les années 1880, la villa semble un lieu de location et de résidence pour les étrangers (Listes des Etrangers logés en Villas, Les Echos de Cannes du 7 novembre 1880, du 5 décembre 1882, des 31 octobre, 13 novembre et 18 décembre 1887). 

Ce nom de famille (Jeoffroy/Geoffroy) est peu répandu sur Cannes. Si les quelques hommes contemporains qui le portent ne semblent correspondre ni par leur profession ni par leur adresse, ils sont cependant parfois également propriétaires. La seule mention certaine se trouve dans un article de 1886 où "Mme Geoffroy" est citée dans la liste des propriétaires qui financent la construction du mur de soutènement du chemin desservant le vallon du Riou et venant aboutir au boulevard du Midi (Le Littoral du 1er novembre 1886).

En 1894, la Villa Geoffroy devient la Villa St. Henri (sic) (Annuaire des Alpes-Maritimes de 1895 ; Plan de Cannes de 1899, BnF). Elle est transformée en un immeuble résidentiel en copropriété et pourvue, sur sa façade nord, vers 1898, d'une grande tour desservant les étages (AMC 10Fi575 et 10Fi574).



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