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dimanche 14 avril 2024

1339-NICE, LES ATELIERS DE PHOTOGRAPHES DES ANNÉES 1870

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- Annonce parue dans le Journal de Nice du 31 août 1874 p 4, 
Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes.


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 14/04/2024



NICE, LES ATELIERS DE PHOTOGRAPHES DES ANNÉES 1870



INTRODUCTION


Dans la décennie suivant la chute du Second Empire, le nombre d'ateliers de photographie qui avait culminé à 27 en 1870, amorce une courbe descendante, avec 24 ateliers en 1875 puis 22 en 1880, retrouvant ainsi un niveau identique à celui du milieu des années 1860. Cependant, contrairement à la décennie précédente, la plupart des noms des photographes sont désormais présents dans les annuaires.

Parmi les ateliers des nombreux portraitistes, il faut signaler ceux de Wilhelm Bienmüller, Numa Blanc et Joseph Ambrosetti.

La photographie de paysage (Nice et ses environs) semble plus particulièrement décroître, plusieurs photographes réduisant cette activité ou la stoppant (recentrement sur la peinture ou le portrait photographique, maladie, départ, décès) : Charles Nègre, Pierre Ferret (Ferret Père), Gabriel Delahaye, Emile Messy (Messy Père), Miguel Aleo, Albert Pacelli, Joseph Silli.

La production reste cependant dominée par les vues de Jean Walburg De Bray et d'Eugène Degand, auxquelles s'ajoutent celles d'Alphonse De Roux.

Les séries de vues réalisées par des photographes voyageurs (non domiciliés à Nice) restent importantes, avec celles de Joseph Lévy, Etienne Neurdein, Alphonse Davanne, Francis Frith ou Alberto Noack.

Globalement, il y a une certaine continuité, avec la présence de photographes implantés à Nice dès les années 1850 (comme Pierre Ferret, Joseph Silli et Antoine Rossi) et surtout depuis les années 1860 (comme Pierre Puget, Jean Walburg de Bray, Eugène Degand, Jean Vaglio, Pierre Constant Michel, Hugo Bannicke, Wilhelm Bienmüller, Jean Baptiste Poullan, Francesco Maria Chiapella ou Numa Blanc Père).

Certains d'entre eux travaillent d'ailleurs avec leur fils (Ferret, Numa Blanc). Très peu d'ateliers sont cependant tenus par des natifs de Nice (Jean Baptiste Poullan, Honoré Bonnet, Aristide Montel, Esprit Guarnero).

Il y a un fort renouvellement de photographes, avec des Français, Polonais, Allemands, Italiens, Suisses, comme Joseph Radiguet, Eugène Disdéri, Stanislas Julien Walery, Wilhelm Höffert, Jacques Mazzocca, Joseph Ambrosetti, Charles Zacher...

Les listes alphabétiques ci-dessous, élaborées d'après la biographie de chacun des photographes, permettent de redonner une vision d'ensemble, en remplacement de celles, incomplètes, des annuaires. Elles resteront cependant à actualiser en fonction de nouvelles découvertes.



LES ATELIERS


1870 (27 ateliers) : Aleo - Bannicke - Bienmüller - Blanc d'Aubigny (?) - Chiapella - De Bray - Degand - Delahaye G. - Dubreuil - Ferret (Père) - Guigoni - Lejeune (seul) - Messy (Père) - Michel P.C. - Montel - Moosbrugger (avec pour gérant Chardonnet) - Nègre - Numa Blanc - Pacelli - Poullan (gérant de l'atelier Lemière) - Puget - Raphaelli - Rossi Ant. - Silli - Thierry de Ville d'Avray - Trajan (seul) - Vaglio.

1871 (24 ateliers) : Aleo - Bannicke - Bienmüller - Blanc d’Aubigny & Cie (Bonnet ?) - Chiapella - De Bray - Degand - Delahaye G. - Dubreuil - Ferret (Père) - Guigoni - Lejeune (seul) - Michel P.C. - Montel - Moosbrugger (avec pour gérant Chardonnet) - Numa Blanc Père et Fils - Poullan (gérant de l'atelier Lemière) - Puget M. - Rosselli - Rossi Ant. - Silli - Thierry de Ville d'Avray - Trajan (seul) - Vaglio.

1872 (24 ateliers) : Bannicke - Bienmüller - Blanc d’Aubigny & Bonnet - Chardonnet - Chiapella - De Bray - Degand - Delahaye G. - Dubreuil - Ferret (Père) - Guigoni - Lejeune (seul)  - Michel P.C. - Montel - Numa Blanc Père et Fils - Poullan (gérant de l'atelier Lemière) – Puget M. puis Puget Mme - Rosselli - Rossi Ant. - Schier - Silli - Thierry de Ville d'Avray - Trajan - Vaglio.

1873 (25 ateliers) : Bannicke - Bienmüller - Blanc d’Aubigny & Bonnet - Boutet A. - Chardonnet - Chiapella - De Bray - Degand - Delahaye G. - Dubreuil - Ferret (Père) - Guigoni - Lejeune (seul)  - Michel P.C. - Montel - Numa Blanc Père et Fils - Poullan (gérant de l'atelier Lemière) – Puget Mme - Rosselli - Rossi Ant. - Schier - Silli - Thierry de Ville d'Avray - Trajan - Vaglio.

1874 (26 ateliers) : Bannicke - Bienmüller - Blanc d’Aubigny & Bonnet - Boutet A. - Chardonnet - Chiapella - De Bray - Degand - Delahaye G. - Dubreuil - Ferret (Père) - Guigoni - Lejeune (seul)  - Mazzocca - Michel P.C. - Montel - Mouë - Numa Blanc Père et Fils - Poullan (gérant de l'atelier Lemière) - Puget Mme - Rosselli - Rossi Ant. - Silli - Thierry de Ville d'Avray - Trajan - Vaglio.

1875 (24 ateliers) : Ambrosetti - Bannicke - Bienmüller - Blanc d’Aubigny & Bonnet - Boutet A. (puis Boutet & Radiguet) - Chardonnet - Chiapella - De Bray - Degand – Delahaye Ch. - Delahaye G. - De Roux - Ferret (Père) puis Ferret (Fils) - Höffert - Mazzocca - Métenier - Michel P.C. - Montel - Numa Blanc Père et Fils - Puget Mme - Rosselli - Rossi Ant. - Silli - Thierry de Ville d'Avray.

1876 (20 ateliers) : Ambrosetti - Bannicke - Bienmüller - Bonnet - Boutet A. & Radiguet - Chardonnet - Chiapella - De Bray (avec comme gérant Gilly ?) - Degand - Delahaye Ch. - Delahaye G. - De Roux - Ferret Fils & Anfossi - Höffert - Mazzocca - Métenier - Montel - Numa Blanc Père et Fils - Silli - Thierry de Ville d'Avray.

1877 (22 ateliers) : Ambrosetti - Bannicke - Bienmüller - Bonnet - Boutet A. & Radiguet - Castellani - Chardonnet - Chiapella - De Bray (avec comme gérant Gilly ?) - Degand - Delahaye Ch. - Delahaye G. - De Roux - Ferret Fils & Anfossi – Guarnero Esp. - Höffert - Mazzocca - Métenier - Montel - Numa Blanc Père et Fils - Silli - Thierry de Ville d'Avray.

1878 (23 ateliers) : Ambrosetti - Bannicke – Bienmüller M. puis Mme - Bonnet - Boutet A. & Radiguet - Castellani - Chiapella - De Bray (avec comme gérant Gilly ?) - Degand - Delahaye Ch. - Delahaye G. - De Roux – Echtler & Grainer - Ferret Fils & Anfossi – Guarnero Esp. - Höffert - Mazzocca - Métenier - Montel - Numa Blanc Fils & Disdéri puis Disdéri seul – Payan - Silli - Zacher.

1879 (22 ateliers) : Ambrosetti - Bannicke – Bienmüller Mme - Bonnet - Boutet A. & Radiguet - Castellani - Chiapella - De Bray (avec comme gérant Gilly ?) - Degand - De Roux - Echtler & Grainer - Ferret Fils & Anfossi – Guarnero Esp. puis Guarnero & Radiguet - Höffert – Magalon - Mazzocca - Métenier - Montel - Numa Blanc Père et Fils - Silli – Zacher - Walery.

1880 (22 ateliers) : Ambrosetti - Bannicke - Bienmüller Mme - Bonnet - Castellani - Chiapella - Disdéri - De Bray (avec comme gérant Gilly ?) - Degand - De Roux - Echtler & Grainer - Ferret Fils & Anfossi - Höffert (avec pour gérant Merle) - Guarnero & Radiguet - Magalon - Mazzocca - Métenier - Montel - Novaro - Payan - Silli - Walery.

 

VOIR ÉGALEMENT





dimanche 7 avril 2024

1338-ANCIENS HÔTELS DE NICE (1775-1815)

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 08/04/2024


ANCIENS HÔTELS DE NICE (1775-1815)



INTRODUCTION


Il est très difficile d'établir une liste détaillée des établissements hôteliers présents à Nice entre la fin du XVIII° siècle et le début du XIX° siècle car ces derniers ne sont cités que par un petit nombre de documents conservés et accessibles (Guides de voyage, Journaux de voyage, articles de journaux, plans, recensements...). 

Les Guides de voyage ne citent le plus souvent que de un à trois établissements, les plus renommés, sans précision d'adresse ou de nom de maître d'hôtel. Ainsi, certains établissements se retrouvent-ils peu cités et d'autres restent inconnus. 

Les documents ne permettent pas d'attribuer une date précise d'ouverture aux établissements et seule la date du document le plus ancien connu les mentionnant peut être retenue. Ils ne permettent pas non plus de connaître la durée d'existence de certains établissements et leurs changements d'adresse éventuels.

Le peu de connaissances acquises ne doit pas empêcher d'en dresser l'état des lieux, notamment à la suite d'Alain Bottaro et de Julie Reynes (Note 1). 

Il est à noter que les termes "hôtel" et "auberge" sont indistinctement employés à l'époque.



ÉTABLISSEMENTS CITÉS DANS LES ANNÉES 1775-1790 


- Auberge à/de la POSTE : vers 1775-jusque vers 1824, quartier de la ville neuve.

- Auberge le DAUPHIN : vers 1782-jusque vers 1852, adresse ?

- Hôtel d'/de YORK/YORCK : vers 1787-jusqu'en 1858, place Saint-Dominique (dite aussi place Impériale sous l'Empire). Maître d'hôtel : L. ESPINELY dès la fin des années 1820 puis J. REYNARD/Regnard/Raynard dès le milieu des années 1840.

- Hôtel des QUATRE(-)NATIONS : vers 1786-jusque vers 1834, quartier de la ville neuve, près la porte de France, rue du Pont-Neuf : MOLIN, maître d'hôtel (vers 1792/1800) puis Jacques Marie MATHERON (vers 1815).

- Hôtel des TROIS COURONNES : vers 1786-jusqu'à ? Au Port, près la Colline du Château, face au môle extérieur.


Il est à noter que les quatre premiers établissements ci-dessus sont attestés au-delà de l'année 1815 qui limite cette étude.



NOUVEAUX ÉTABLISSEMENTS DES ANNÉES 1790-1800 


- Hôtel de L'ISLE de la Ste VIERGE DE LORETTE : vers 1792 et 1800-jusqu'à ? tenu par Jean-Paul Orengo. Quartier de la ville neuve ?

- Hôtel V. BOTIER : vers 1792/1800-jusqu'à ? Rue Pairolière, près le Puits.

- Hôtel François GRANIER : vers 1792/1800-jusqu'à ? Hors la porte Marine, n° 4.

- Hôtel du CHAPEAU ROUGE : vers 1792/1800- jusqu'à ? Faubourg Saint-Jean-Baptiste, place du Collège, près le Pont-Vieux. Tenu par P. VACQUIER.

- Auberge du CHEVAL(-)BLANC : vers 1792/1800 dont 1798 puis 1804- jusqu'en ? Faubourg Saint-Jean-Baptiste, près le Pont-Vieux et le Collège. Tenu par BAILON.

- Auberge de J. IMBERT : vers 1792/1800- jusqu'à ? Adresse ?

- Auberge du CANON D'OR : vers 1800-jusqu'à ? Faubourg Saint-Jean-Baptiste.


La plupart des établissements listés ci-dessus ne sont plus cités par la suite. L'Hôtel du Chapeau Rouge et l'Auberge du Cheval Blanc sont cependant à nouveau cités, à la même adresse, dans les années 1850.



NOUVEAUX ÉTABLISSEMENTS DES ANNÉES 1800-1815 


- Hôtel des ÉTRANGERS : vers 1801-1894 ; tenue dans les années 1810 par un Suisse (Ferdinand Laurent STIRE/Styre puis son épouse) et dès le début des années 1850, par Jean SCHMITZ puis son épouse, rue du Pont-Neuf.

- Hôtel ou PENSION ANGLAISE : vers 1815-1859 ; Première adresse : Faubourg de la Croix-de-Marbre, Maison Goiran : vers 1815-jusqu'à 1837 ; maître d'hôtel, Ferdinand Frédéric GUARDUCCI ; Deuxième adresse : place du Jardin des Plantes : de 1837-jusqu'à 1859. 

- Hôtel IMPERIAL : vers 1812-1814 ; adresse ?

- Hôtel de Giovanni Andrea GAMON, 52 ans, "maître d'hôtel", propriétaire, né au "Puis" (sic), avec trois employés, un domestique, un cuisinier et un serveur : vers 1815-jusqu'à ? Adresse ?

- Auberge de Giovanni Battista GARIN, 40 ans, "obergista" (né en Piémont), avec sa femme et un serviteur : vers 1815-jusqu'à ?

- Auberge de Maria GAL, 40 ans, "obergista, locandiere", avec une servante : vers 1815-jusqu'à ?

- Auberge de Giovanni OVERGNIANO, 68 ans (né à Nice), "locandiere", propriétaire du mobilier, avec sa femme et deux serviteurs : vers 1815-jusqu'à ? Faubourg Inférieur.

- Auberge de Michellis AUDOLI, 42 ans (né à Nice), "locandiere", propriétaire du mobilier, avec sa femme : vers 1815-jusqu'à ? Faubourg Inférieur.

Auberge d'Antonio GAMATA, 40 ans (né à Grasse), "locandiere", avec sa femme : vers 1815-jusqu'à ? Faubourg Supérieur.

Auberge d'Antonio DROGO, 45 ans (né à Nice), "locandiere", propriétaire, avec sa femme : vers 1815-jusqu'à ? Faubourg Supérieur.


Les deux premiers établissements listés ci-dessus ont perduré au-delà de l'année 1815 qui limite cette étude. L'Hôtel des Etrangers est le seul établissement niçois a avoir perduré près d'une centaine d'années.

Certaines des personnes listées ci-dessus tiennent peut-être des établissements dont l'enseigne est citée dans les années 1775-1800.



Note 1 - Voir notamment : 

- Alain Bottaro, "1787-1860 - Le Temps des Pionniers", in, Hôtels & Palaces - Nice, Une Histoire de l'Hôtellerie de 1780 à nos jours, ouvrage collectif, Nice, Edition Gilletta, 2019, pp 11-36 (Conférence en ligne, ici) ; 

- Julie Reynes, Site de la Mission Nice Patrimoine Mondial - L'essor de l'hôtellerie niçoise de 1760 à 1960ici.




lundi 1 avril 2024

1337-NICE, L'ANCIEN HÔTEL DES QUATRE-NATIONS

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 02/04/2024



LES HÔTELS À NICE AVANT 1860


Près d'une cinquantaine de noms d'hôtels sont connus dans la ville de Nice entre 1770 (env. 18.000 hab.) et 1860 (env. 45.000 hab.). Les documents textuels les concernant restent cependant peu nombreux jusqu'aux années 1830 (récits et guides de voyage, articles et publicités dans les journaux et les ouvrages). 

Certains hôtels semblent n'avoir existé que quelques années mais d'autres ont manifestement perduré pendant plusieurs décennies. Parfois seuls les noms des établissements sont cités, laissant dans l'ombre l'adresse, les noms du propriétaire et du maître d'hôtel, le nombre de chambres, les commodités, la table d'hôte, les tarifs, la clientèle et la présence ou non d'une salle de bal ou de concert, d'une étable, d'une remise ou d'un jardin. 

Les façades de ces hôtels, en dehors de celles de quelques établissements réputés et situés dans des lieux dégagés (bord de mer, rives du Paillon, colline de Carabacel), restent peu reproduites par la gravure puis la photographie, et leurs intérieurs demeurent inconnus (décoration, mobilier).

Généralement, le maître d'hôtel investit et aménage un immeuble déjà édifié dont il devient le locataire. S'il est parfois à l'origine du projet de construction, il en est plus rarement le propriétaire. Dans les annuaires, le nom de l'hôtel peut ainsi être accosté de celui du propriétaire.

L'hôtel peut d'ailleurs occuper une ou plusieurs maisons appartenant ou non au même propriétaire. Inversement, il peut se cantonner à un ou plusieurs niveaux d'un seul bâtiment ; dans ce dernier cas, la maison peut être partagée entre des copropriétaires, des appartements loués à la saison ou à l'année voire, au milieu du XIX° siècle, avec des magasins au rez-de-chaussée et même des locaux loués à un deuxième hôtel.

Retracer l'histoire d'un hôtel pose d'emblée une question de méthode, l'axe choisi pouvant être :

- un emplacement géographique (parcelles), avec les bâtiments et les noms d'hôtels qui s'y sont succédés (construction et remaniements, voire démolition et reconstruction),

- un nom d'hôtel, avec les maîtres d'hôtels successifs et les adresses renouvelées puis la réutilisation du même nom d'enseigne, souvent sans lien avec les personnes ni les adresses précédentes,

- un nom de maître d'hôtel, avec les établissements qu'il a tenus successivement ou parallèlement au cours de sa vie, que ce soit au sein d'une même ville ou bien de plusieurs villes et pays.

Cet article va traiter de l'Hôtel des Quatre-Nations. Peu de renseignements ont pu être recueillis, alors que cet hôtel était l'un des établissements les plus anciens et renommés de la ville de Nice (Note 1).

Son enseigne évoque probablement l'Hôtel parisien des Quatre-Nations, qui l'a lui-même empruntée au Collège des Quatre-Nations du XVII° siècle (étudiants universitaires de différentes provinces). 

De nombreux hôtels du même nom existent en France, en Italie, en Espagne, en Russie... Citons notamment ceux de Barcelone, Florence, Gênes, Chambéry, Aix-en-Provence et Lyon au début du XIX° siècle (dont certains plus anciens) puis ceux d'Ajaccio, Marseille et Menton au milieu du XIX° siècle.



NICE, L'HÔTEL DES QUATRE-NATIONS


Les années 1780-1800

La date précise de l'ouverture de l'Auberge ou Hôtel des Quatre-Nations reste inconnue. Les premières mentions de l'hôtel se trouvent dans les journaux de voyage de deux Anglais, rédigés dans les années 1780.

Le premier récit, de James Edward Smith, est daté du 16 décembre 1786 : 

"A Nice, nous avons trouvé l'Hôtel des quatre nations, une auberge convenable et raisonnable ; mais nous avons été rapidement dégoûtés par les flatteries grossières que l'on fait ici aux étrangers, et aux Anglais en particulier. 

Tout le quartier a l'air d'une station balnéaire anglaise. La ville est très animée et enrichie par l'afflux d'étrangers qui y viennent pour profiter du climat en hiver, et un grand nombre de personnes y sont accueillies" (Note 2).

Le deuxième récit, d'Arthur Young, est daté pour sa part du 16 septembre 1789 : 

"L'approche de Nice annonce une ville florissante ; les bâtimens neufs y sont nombreux, preuve infaillible de prospérité. Je passe devant plusieurs jardins remplis d'orangers. 

J'arrive à tems pour dîner à table d'hôte, à "l'hôtel des Quatre-Nations", et je fais marché avec le maître de l'auberge. Nous tombons d'accord de cinq livres piémontaises, environ six livres de France, pour un appartement assez bon, et pour dîner et souper. 

Me voici donc au milieu d'un autre peuple, qui a un langage, un gouvernement et un pays différens de celui que je viens de quitter ; moment de la vie toujours intéressant, parce que tous les ressorts de la curiosité et de l'attention sont tendus. Il se trouve plusieurs Français et beaucoup d'Italiens à la table d'hôte, on n'y parle que de la révolution française : les Français pour, et les Italiens contre ; mais ces derniers l'emportent par leurs raisonnemens" (Note 2). 

En novembre 1795, le lieutenant autrichien Ellrich est capturé par les soldats de la République française, lors d'une escarmouche aux environs d'Albenga en Ligurie : "il se mit en route vers la France, en compagnie de quelques-uns de ses compatriotes prisonniers. A Nice, il en retrouva d'autres. Logés dans l'Hôtel des Quatre Nations, ils étaient au total quarante autrichiens. En ville, on assurait qu'il y en avait six mille" (Note 3).

Le nom du maître d'hôtel et l'adresse de l'établissement sont exceptionnellement précisés dans des documents de la période révolutionnaire, "Molin : Hôtel des Quatre-Nations, près la porte de France" (Note 4).

L'établissement est donc situé sur la rive gauche du Paillon, à l'ouest de la ville médiévale, au cœur de la ville neuve bâtie au milieu du XVIII° siècle. 


Les années 1800-1830

Dans son étude des premiers hôtels niçois, Alain Bottaro a relevé (en 2019) dans le recensement de la ville de Nice de 1815, le nom de Marius Matheron, originaire d'Aix, tenant l'Hôtel des Quatre Nations (Note 1). 

Il est probable qu'il s'agisse de Jacques Marie Matheron, né vers 1790 à Aix-en-Provence, fils d'Elizars Firmin Matheron (né en 1757 à Puimichel, Alpes-de-Hautes-Provence) et d'Elisabeth Roche, qui se sont mariés à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), le 8 novembre 1780 (Note 5). 

C'est à partir de 1817 que les nouvelles éditions du Guide, Itinéraire d'Italie, commencent à citer l'établissement niçois : "Auberges : le Dauphin ; les Quatre Nations" (Note 6).

Le plus souvent, l'établissement est seulement nommé dans les Guides de voyageurs, sans aucun commentaire, parmi les deux à cinq auberges principales de la ville  (Note 7).

La précision de son adresse reste rare et limitée aux documents niçois. Ainsi, Rosalinde Rancher dans son Guide des Etrangers à Nice de 1826 nomme-t-il :

"L'hôtel d'York sur la place de saint Dominique ; l'hôtel des Etrangers et l'hôtel des quatre nations, rue du pont-neuf. La pension anglaise, maison Goiran au faubourg de la croix de marbre". 

Il précise ensuite : "La rue de pont-neuf [parfois appelée rue des Etrangers] (...) conduit à la place de saint Dominique. On y remarque d'un côté [au sud] la caserne du corps des Carabiniers Royaux, et l'auberge des quatre nations [plus à l'ouest], et de l'autre côté [au nord] l'hôtel des étrangers" (Note 8).

L'auberge est proche de la place Charles-Albert et de l'entrée du nouveau Pont St-Charles ou Pont-Neuf.


Les années 1830-1850

En 1834, Paul Emile Barberi dans son Album ou Souvenir de la Ville de Nice maritime et de ses environs (Nice, Bibliothèque municipale de Cessole), écrit :

"Les hôtels qui sont le plus en réputation sont ceux des Etrangers, d'York, des Quatre-Nations [sur la rive gauche du Paillon], et la Pension Anglaise [sur la rive droite, faubourg de la Croix-de-Marbre]"

Ces hôtels, précédemment cités par Rosalinde Rancher, sont les seuls que l'auteur situe d'ailleurs sur le plan de la ville joint à son ouvrage (Image 1 ci-dessous). 

L'Hôtel des Quatre-Nations y est représenté à l'angle des rues du Pont-neuf et de l’Hôpital de St-Roch (angle actuel de la rue Alexandre Mari, n° 5, et de la rue de l'Hôtel-de-Ville, avec, au rez-de-chaussée, la Papeterie Rontani). 


1-  Plan de la Ville de Nice (Maritime), détail, 1834,
 dessiné et lithographié par Paul Emile Barberi (1775-1847), 
d'après les originaux du cadastre de L. Escoffier, Ingénieur en Chef, 
Imprimerie lithographie de Villain, Nice, 1834,
Nice, Bibliothèque Municipale de Cessole.

Des numéros identifient ici les trois hôtels cités de la rive gauche,
dans la ville neuve, avec du sud au nord :
43 : Hôtel des Quatre Nations (rue du Pont Neuf) [carré rouge] ;
42 : Hôtel des Etrangers (rue du Pont Neuf, face au précédent) [point rouge] ;
36 : Hôtel d'Yorck (sic) et Poste aux Chevaux (place St. Dominique) [point rouge].



Après le milieu des années 1830, l'Hôtel des Quatre-Nations devient irrégulièrement cité. Contrairement à d'autres hôtels niçois (comme l'Hôtel d'York), il ne semble pas diffuser de publicités dans les journaux.

Il reste absent des Guides Murray et Bradshaw mais perdure dans d'autres Guides jusqu'en 1854 (Note 9), avant de disparaître définitivement des documents

Si l'on considère uniquement les documents niçois (Guides, Annuaires, Plans, Journaux), l'établissement n'est plus jamais cité après 1834 (Note 10), ce qui rend invraisemblable sa présence dans des Guides édités près de deux décennies plus tard.

À quelle date l'Hôtel des Quatre-Nations a-t-il fermé ses portes, au milieu des années 1830, 1840 ou 1850 ? 

Aucun nouvel hôtel n'est cité à son ancien emplacement, que ce soit à la fin des années 1830 ou au début des années 1840. Seul, l'Hôtel d'Italie tenu par Etienne Rocca, apparaît dans l'Indicateur niçois pour 1845, à une adresse qui pourrait correspondre : "rue du Pont-neuf, près la Poste aux Lettres" [située rue de l'Hôpital] (Note 11). 



ÉPILOGUE


La recherche n'a pas permis d'apporter de réponses précises aux questions qui concernent l'Hôtel ou Auberge des Quatre-Nations, que ce soit au sujet de sa date d'ouverture (au plus tard en 1786) ou de sa date de fermeture (milieu des années 1830 ?).

Cependant, l'établissement a perduré au moins cinq décennies à un même emplacement. Le récit de 1786 le présente comme "une auberge convenable et raisonnable", celui de 1789 cite "un appartement assez bon". Il semble donc que l'hôtel soit un établissement de milieu de gamme pour les voyageurs de toutes nationalités à la fin du XVIII° siècle mais l'absence de textes de la première moitié du XIX° siècle, et notamment de publicités, ne permet pas de connaître l'évolution de cet établissement et de ses commodités.

Son nom a d'ailleurs été parfois omis au profit de celui d'hôtels plus réputés ou plus luxueux (Hôtel d'York, Hôtel des Etrangers, Hôtel le Dauphin). Il n'apparaît dans les Guides de voyageurs qu'à partir de la fin des années 1810, et jamais en première position. 



NOTES


- Note 1 : Sur l'Hôtel des Quatre-Nations de Nice, voir : Alain Bottaro, "1787-1860 - Le Temps des Pionniers", in, Hôtels & Palaces - Nice, Une Histoire de l'Hôtellerie de 1780 à nos jours, ouvrage collectif, Nice, Edition Gilletta, 2019, pp 11-36, cf. p 20 et p 27 (Conférence en ligne, ici) ; Julie Reynes, Site de la Mission Nice Patrimoine Mondial - L'essor de l'hôtellerie niçoise de 1760 à 1960, ici.

- Note 2 : James Edward Smith, A Sketch of a tour on the continuent in the years 1786 and 1787, publié d'abord dans The Monthly Review, 1793 p 163 puis imprimé à part à Londres, en 1794 p 200 et en 1807 p 212 (Google Books ; traduction du texte anglais). Arthur Young, version française, Voyage en Italie pendant l'année 1789, Paris, 1796, p 29 ; version anglaise, "Travels during the years 1787, 1788 and 1789", in, John Pinkerton, A General Collecte of the best and Most Interesting Voyages and Travels in all Parts of the World, vol. 4, London, 1809, p 231 ; 

- Note 3 : G. Lenotre, La Révolution française, Paris, Grasset, 1934 (2010) (Google Books).

- Note 4 : Joseph Comblet, La Révolution dans le Comté de Nice et la Principauté de Monaco, 1792-1800, éditions de 1911 puis 1925 p 12 (Google Books).

- Note 5 : Aucune autre trace de Jacques Marie Matheron n'a été trouvée à Nice en dehors de  la célébration de son mariage, à 70 ans, à la cathédrale Sainte-Réparate, le 24 mars 1860, avec Marie Josèphe Lautard, 29 ans (née vers 1831 à Puget-Théniers, Alpes-Maritimes).

- Note 6 :  Itinéraire d'Italie, chez P. et J. Vallardi, Milan, 1817, p 146 ; 1819, p 116 ; 1822, p 177... (Google Books).

- Note 7 : Jacques Barzilay, Dictionnaire géographique et descriptif de l'Italie, Paris, 1823 p 502 ; Marianna Starke, Information and Directions for Travellers on the Continent, 5éme édition, Londres, 1824, p 106 ; Jacques Barzilay, Guide de Voyageur en Italie, 1825, p 68 ; Richard, Guide du Voyageur en Italie, Paris, 1826, p 125 ; Richard/Audin, Guide du Voyageur en Italie, Paris, 1826 p 125 ; Aristide Michel Perrot, Nouvel Itinéraire portatif d'Italie, Paris, Langlois & Fils, 1827, p 119 ; Itinéraire classique de l'Italie, Paris, Langlois, 1828, p 162 ; Richard/Audin, Guide classique du Voyageur en Europe, 1829 p 425 ; Nouveau Guide du Voyageur en Italie, Milan, Epimaque et Pascal Artaria, 1829, p 21 (Google Books).

 - Note 8 : Rosalinde Rancher, Guide des Etrangers à Nice, Nice, chez la Société Typographique, 1826, 1827 et 1830, pp 68-69 (1827, Google Books).

- Note 9 : Richard, Guide du Voyageur en Europe, 1834 p 465 ; Nouveau Guide du Voyageur en Italie, Ferdinando Artaria, 1836, p 51 ; Antoine Claude Valery, L'Italie Confortable : Manuel du Touriste, 1840 et 1841 p 274, 1842 p 262 et Voyages historiques, littéraires et artistiques en Italie, Bruxelles, 1842, 1844 et 1845 p 587 ; Joseph Vallardi, Itinéraires d'Italie, Milan, Chez Pierre et Joseph Vallardi Editeurs, 1844 p 35 ; Richard, 1847 p 103 ; Antoine Claude Valery, Voyages en Italie, 1847 p 587 ; Audin, Guide du Voyageur en France, 1849, p 589 ; Audin, Guide du Voyageur en Italie,1850, p 103 ; Ernst Förster/Foerster, Manuel du Voyageur en Italie, Munich, Librairie Cotta, 1850 p 340 ; Richard, Guide du voyageur en France et en Belgique, 23ème édition, Paris, Librairie L. Maison (successeur Audin), 1851, p 616 ; Nouveau Guide du Voyageur en Italie, Paris, Maison, 1852 p 82 ; Guide du Voyageur en Italie, 1853 p 67 ; Richard, Guide du Voyageur en Europe, 1854, p 533 (Google Books).

- Note 10 : L'Hôtel des Quatre-Nations n'est pas cité dans la liste des hôtels des documents niçois suivants : Augustin Bricogne, Le Conducteur des Etrangers dans l’intérieur de Nice et dans ses environs, Nice, Imprimerie de Suchet fils, 1839, pp 90-91 (Nice, Bibliothèque municipale de Cessole) ; Antoine Risso, Nouveau Guide des Etrangers à Nice ou Nouveau Guide du Voyageur dans Nice, Nice, Société Typographique, 1844 p 75 ; dans L'Indicateur Niçois pour 1845, 1846, 1847, 1848 ; dans les listes d'hôtels publiées dans L'Avenir de Nice de 1852 et des années suivantes (Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes) ; sur les plans de la ville de Nice datés de 1855 (Collection privée) et 1856 (Paris, BnF, Gallica) ; dans Pierre Cauvin, Guide du Commerce - Indicateur niçois suivi du Cicerone de l'Etranger, Nice, Imprimerie Société Typographique, 1855, p 98 (Google Books) ; dans Millie Bischoff, Guide des Etrangers à Nice 1858-59, Office Central des Etrangers, Nice, Imprimerie Canis Frères, octobre 1858 pp 55-56 mais également Indicateur Commercial pp 36-37, 65, et Annonces en fin d'ouvrage (Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes).

- Note 11 : L'Hôtel d'Italie est ensuite cité "rue Ste Réparate, n. 5" (L'Indicateur niçois pour 1846) puis "rue S. François-de-Paule" (L'Indicateur niçois pour 1847 et 1848) (Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes).


 

lundi 25 mars 2024

1336-NICE, UN PORTRAIT DE LA FAMILLE CABRIÉ (1870)

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- BIENMÜLLER Wilhelm (1819-1878), Portrait de la famille Cabrié, 1870,
tirage albuminé de 5,7x9,3 cm, sur carton de 6,4x10,5 cm, Collection personnelle.



LA PHOTOGRAPHIE


Dernier achat en date, une photographie au format Carte de visite (Image 1 ci-dessus) présentant un Portrait de famille et affichant :

- les références (imprimées) du photographe, "W. Bienmüller, Phot." (au recto) et "Photographie - W. Bienmüller - Mention Honorable - Rue Gioffredo, 7, - Nice" (au verso),

- les noms des personnes photographiées et l'année de prise de vue (inscriptions manuscrites au verso) : "Louis Cabrie (sic) 34 ans - et ses filles - Virginie 10 ans 1/2 - Alexandrine 8 ans - 1870".

Les mentions manuscrites portées au verso des photographies sont toujours soumises à caution. L'auteur en est parfois le photographe, la personne photographiée, l'un des parents ou amis de ce dernier, leurs descendants ou encore l'un des collectionneurs à qui a appartenu la photographie.

Dans le cas présent, il ne semble pas que ces écritures soient de la main de Louis Cabrié mais les autres hypothèses sont envisageables dont celle du photographe.

Wilhelm Bienmüller (Lüdenscheid 1819-Nice 1878) s'est installé à Nice à l'automne 1867 et son atelier a pris l'adresse de "rue Gioffredo, 7", dès l'automne 1868. 

Dans l'atelier du photographe (image 1), la famille Cabrié pose dans un décor végétal constitué de fausses herbes et de plantes en pots, devant une balustrade et un fond de grande peinture murale représentant un parc aux grands arbres se détachant sur un ciel nuageux.



LA FAMILLE CABRIÉ JUSQU'EN 1870


Louis Cabrié et ses filles

Les recherches généalogiques permettent de confirmer les âges énoncés en "1870" :

"Gabrié (sic) Joannes Baptista Aloysius" [acte en latin], est l'un des enfants de Cabrié/Gabrié Josephino/Josepho et de Mascarelli Francisca (qui se sont mariée à Nice, à l'église Saint-Jacques, le 6 octobre 1833). Il est né le 9 mars 1836 et a été baptisé à l'église Saint-Jacques de Nice le 13 mars suivant.

"Giovanni Battista Cabrié" [acte en italien sans son troisième prénom], fils de Giuseppe Cabrié et de Francesca Mascarelli, épouse à l'âge de 22 ans, le 27 juin 1858, Genoveffa Guis, à la cathédrale Sainte-Réparate de Nice.


"Cabrié Giovanna Francesca Giuseppina Virginia" [acte en italien], fille de "Cabrié Giovanni Battista Luigi", commis de commerce et de son épouse, "Guis Genoveffa", sans profession, est née à Nice, le 2 novembre 1859. Elle a été baptisée, le 5 novembre 1859, à l'église Saint-Jacques, avec pour parrain son grand-père paternel "Cabrié Giuseppe", boulanger, et pour marraine sa tante maternelle, "Guis Virginia", modiste.


"Cabrié Françoise Fortunée Alexandrine" [acte en français], fille de "Cabrié Louis, commis de commerce, 25 ans" et de son épouse "Guis Geneviève, modiste, 23 ans", est née, à Nice, le 8 janvier 1862, rue du Gouvernement, 2.


Geneviève Guis, épouse Cabrié

L'absence, sur la photographie, de Genoveffa/Geneviève Guis, épouse de Louis Cabrié et mère des deux fillettes, interroge.

"Ghis (sic) Maria Rosa Aloysia Genoveffa" [acte en latin], est l'une des enfants de Guis/Ghis Fortunatus [négociant] et Maria Adelaides Scoffier/Scoffié [propriétaire] (qui se sont mariés à Bonson, Alpes-Maritimes, le 20 mai 1829). Elle est née à Nice le 28 février 1837 et a été baptisée le 3 mars suivant à la cathédrale Sainte-Réparate. 

"Genoveffa Guis", fille de Fortunato Guis et d'Adelaide Scoffié (sic), âgée de "20 ans" [21 ans], épouse, le 27 juin 1858, Giovanni Battista Cabrié, à la cathédrale Sainte-Réparate.

Geneviève est absente de la photographie de 1870 car elle est malheureusement décédée à Nice, à "32 ans", le 7 février 1870. Elle sera inhumée, le 9 décembre suivant, dans un tombeau nouvellement érigé par son mari au Cimetière de Cimiez (Images 3 et 4 en fin d'article).  

La date précise de la photographie étudiée, de peu postérieure à ce décès, reste inconnue mais peut être approximativement située vers avril-mai 1870, du fait de la mention de l'âge de Virginie, "10 ans 1/2" (née en novembre). Une prise de vue lors des mois suivants aurait en effet entraîné la mention de l'âge de 8 ans 1/2 (au lieu de "8 ans") pour Alexandrine (née en janvier).

Le regard porté sur la photographie est différent lorsque l'on a connaissance de ce décès. Le père (34 ans) est au milieu de ses filles. A gauche de l'image, Alexandrine a le regard triste, tient un livre (saint ?), porte un chapelet autour du cou et est entourée par le bras droit de son père. De l'autre côté, se tient Virginie qui s'accroche à l'autre bras de son père et porte une chaîne avec une croix autour du cou (Image 2 ci-dessous).


2- BIENMÜLLER Wilhelm (1819-1878), Portrait de la famille Cabrié, détail, 1870,
tirage albuminé de 5,7x9,3 cm, sur carton de 6,4x10,5 cm, Collection personnelle.




LA FAMILLE CABRIÉ APRÈS 1870


Louis Cabrié

Louis Cabrié ne se remariera pas. Il continuera son travail de commerçant et aura le plaisir de marier ses deux filles et de connaître ses petits-enfants.

Il décédera à Nice, à son adresse du 5, rue Rothschild, le 17 juillet 1906, à l'âge de "71 ans" [70 ans] et sera inhumé dans le caveau familial de Cimiez, auprès de son épouse (1839-1870) et de ses parents, Joseph (c.1810-Nice 22 août 1878) et Françoise (c.1811-Nice 19 avril 1895) (Images 3 et 4 ci-dessous).


Virginie Cabrié

"Jeanne Françoise Joséphine Virginie Cabrié", l'aînée des filles de Louis et Geneviève Cabrié, sans profession, épousera à Nice, à l'âge de 22 ans, le 2 octobre 1882, Marius François Honoré Disdier, avocat à Nice, 28 ans (né à Fréjus, Var, le 21 avril 1854).

Leur adresse niçoise sera rue Masséna, 34 dans les années 1880 puis rue Foncet, 14, des années 1890 aux années 1930. 

Le nom de Marius Disdier (77 ans), ancien bâtonnier des avocats, disparaitra cependant des annuaires niçois en 1933.

Les époux ne semblent pas avoir eu d'enfants et ne semblent pas avoir été inhumés à Nice.


Alexandrine Cabrié

La cadette, Alexandrine Cabrié, sans profession, épousera à l'âge de 19 ans, le 30 avril 1881, Georges Gustave Hénin, 28 ans, employé d'académie (né à Paris le 5 janvier 1853). 

Elle partira vivre à Paris avec son mari où naîtront leurs deux filles : Geneviève Pauline Marie Louise Hénin (née dans le 6éme arrondissement le 15 mars 1882) et Marie Juliette Félicie Ursule Berthe (née dans le 19éme arrondissement le 20 août 1892).

Alexandrine reviendra vivre à Nice avec ses filles, probablement entre le décès de son mari (en 1895) et celui de son père (en 1906), tout d'abord dans la maison paternelle du 5, rue Rothschild.

 

- Sa fille Geneviève Pauline Marie Louise Hénin épousera, à Nice, à l'âge de 25 ans, le 9 avril 1907, Augustin Amédée Trouiller, attaché de Banque, domicilié à Nice et légalement à Bourgoin (Isère), 30 ans (né à Romans-sur-Isère, Drôme, le 1er février 1877). 

Le couple vivra à Nice et aura trois enfants dans les années 1910, les deux premiers avenue Depoilly, villa Faidherbe , et le troisième, quai du Midi, 93. 

Augustin Trouiller sera dit vice-consul de Suède en 1915 puis agent d'assurances, rue Hérold, 47 en 1918. 

La famille déménagera après la Première Guerre mondiale à Valence (Drôme) et les enfants s'y marieront.


- Sa fille Marie Juliette Félicie Ursule Berthe Hénin, sans profession, épousera à Nice, à l'âge de 26 ans, le 22 août 1918, Achille Joseph François Félix Olmi, avocat, 24 ans (né à Nice le 6 décembre 1893). 

Leurs deux enfants, feront une partie de leur vie à Nice puis à Paris. 


Alexandrine Cabrié, veuve Hénin, décédera à Nice à l'âge de 85 ans et sera enterrée dans le caveau familial de Cimiez (Nice 8 janvier 1862-Nice 23 octobre 1947). Sa fille Berthe l'y rejoindra à 89 ans (Paris 20 août 1892-Nice 12 juin 1982).


3- Tombe de la Famille Cabrié,
Nice, Cimetière de Cimiez, Carré Corporandi, Emplacement 107.
Photographie numérique couleur mars 2024.
Les inscriptions sont très effacées. 
Deux membres de la Famille Castelli (Guis-Véran) sont cités : 
Dmque Castelli (1862-1942) et C. Castelli (1888-1968). 
Les renseignement généalogiques récoltés ont été transmis aux descendants de ces familles.


4- Tombe de la Famille Cabrié, détail du socle de la croix,
Nice, Cimetière de Cimiez, Carré Corporandi, Emplacement 107.
Photographie numérique couleur, mars 2024.




lundi 18 mars 2024

1335-NICE, L'HÔTEL VICTORIA DU JARDIN DES PLANTES (1846-1855)


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- Détail du Plan de Nice de L'Indicateur Niçois pour 1847,
Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes.

Ajout du chiffre 1 pour indiquer l'emplacement de l'Hôtel Victoria.
Noter le plan en "T inversé" des bâtiments avec un alignement sud encore inachevé du côté oriental et un alignement perpendiculaire ouest-est. La répartition exacte des bâtiments entre les hôtels reste inconnue mais les images conservées du milieu du XIX° siècle montrent, sur la façade sud, l'enseigne de l'Hôtel Victoria au centre, et celle de la Pension Anglaise du côté ouest, dans la partie la plus ancienne.


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 25/03/2024


MERCI À OLIVIER GAGET POUR SA CONTRIBUTION



GIOVANNI ZICHITELLI 


Maria Giovanni Zicchitella/Zicchitelli/Zichitelli/Zichitelly est né à Palerme (Sicile) le 11 novembre 1806. Il est l'un des enfants de Giovanni Antonio Zicchitella et de Concepta/Concezione Giovenco (tous deux nés dans les années 1780 et décédés avant 1855, et probablement avant 1845, à Palerme).

Giovanni Zichitelli devient père, à l'âge de 14 ans, d'une enfant prénommée Maria Matilda, née à Turin vers 1820. La mère est Domenica Giacint(t)a Scavini/Scavino, alors âgée de 20 ans (née à Turin en 1800). 

Le couple se marie ensuite et semble avoir deux autres filles, Angelina et Vittorina qui naissent dans les années 1820 et 1830 (à Turin ou Palerme ?).

Au milieu des années 1840, Giovanni/Gioanni/Jean Zichitelli vient s'installer à Nice avec sa femme, ses filles et au moins l'une de ses sœurs, Birgitta/Brigieda (née à Palerme c.1823) (ses filles et sa sœur se marieront à Nice dans les années suivantes).

Il ouvre, en 1846, l'Hôtel Victoria.


2- Détail de la première publicité pour l'Hôtel Victoria de Nice, 
parue dans le Galignanis's Messenger [Paris] du 2 septembre 1846, 
Paris, BnF (Gallica).



L'HÔTEL VICTORIA


Le Site

Les locaux de l'Hôtel Victoria sont loués dans le quartier de la première Buffa ou Croix-de-Marbre, près du quartier anglais, entre la route de France et le Pont-Neuf qui relient ce faubourg à la vieille ville.

Proche de l'embouchure du Paillon et de la mer, ce nouveau quartier, aux constructions récentes et encore incomplètes (années 1830 et 1840), encadre sur deux côtés une vaste étendue nue au passé marécageux, la place du Jardin des Plantes, sujette aux coups de mer et aux inondations subites du Paillon (Image 1 en tête d'article).

Le bâtiment choisi, au nord de cette place, offre un long alignement de plusieurs maisons accolées, aux façades plein sud, bâties entre 1834 et 1844, avec notamment d'ouest en est, les Maisons Asso et Visquis (Image 1 ci-dessus). La Maison Trabaud va s'ajouter à l'extrémité orientale de l'alignement en 1847 (Nice, Archives Municipales, O 4/5-232 ; O 4/8-103 ; O 4/11-17).

Du côté occidental, existe déjà l'Hôtel de la Pension Anglaise, tenu par l'Anglais Ferdinand Guarducci. Ouvert dans le premier quart du XIX° siècle (entre 1812 et 1825), au faubourg de la Croix-de-Marbre, l'hôtel a ensuite déménagé, vers fin août 1837, "rue du Jardin des Plantes", dans la Maison Asso (érigée en 1836-1837), et a ouvert en fin d'année (première publicité connue de janvier 1838).


L'Ouverture de l'Hôtel Victoria

Giovanni Zichitelli installe l'Hôtel Victoria dans les maisons voisines de l'Hôtel de la Pension Anglaise et annonce son ouverture par une publicité du 2 septembre 1846 :

"Hôtel Victoria, - Tenu par Giovanni Zichitelli (Image 2 ci-dessus). Cet établissement est très bien situé. Il est exposé plein sud, avec vue sur la mer et les îles corses, et se trouve dans le faubourg de la Croix de Marbre, au centre des promenades publiques" (traduction de la publicité parue dans Galignanis's Messenger [Paris] à partir du 2 septembre 1846 - Paris, BnF, Gallica - et dans Allgemeine Zeitung [München] du 9 octobre 1846 - Google Books).

Le Parisian Bell du 1er janvier 1847 le signale ensuite : "Nice - Hôtel Victoria, tenu par M. Zichitelli, est très bon et pas cher" (Paris, BnF, Gallica ; texte traduit de l'anglais). 

Lors de la saison suivante, la nouvelle publicité pour l'hôtel permet d'apprendre que Giovanni Zichitelli est "cuisinier" de formation, ce qui éclaire un peu sa carrière antérieure :

"Nice. Hôtel Victoria. Tenu par Giovanni Zichitelli. Cet hôtel a été ouvert la saison dernière et a été aménagé avec le plus grand soin pour le confort et la commodité des voyageurs. Il est situé dans l'une des meilleures situations de Nice, avec une vue sur le sud, et ouvert sur la mer. Le propriétaire, qui est un cuisinier professionnel, dirige lui-même la cuisine. Table d'Hôte, grands ou petits appartements, grand salon pour bals ou concerts, remise, écuries, & C." (texte en anglais paru dans le Galignani's Messenger du 30 octobre 1847).

L'Indicateur Niçois le cite en 1847 (p 150) puis en 1848 (p 180) : "Hôtel Victoria, Zichitelli Jean [prénom francisé], place Jardin des Plantes" (l'hôtel sera plus rarement cité "quai du Pont-Neuf") (Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes).

Les trois premières saisons, l'Hôtel fonctionne entre septembre et mai, fermant de juin à août mais, à partir de 1849, Giovanni Zichitelli gère désormais un autre établissement pendant la saison estivale (à 10 h de route de Nice) :

"Etablissement d'été - Maison de plaisance et de bains A Saint Dalmas (près de Tende), sur la route de Nice à Coni (...). L'Établissement sera ouvert à dater du 1er Juin jusqu'au 30 Septembre. Le prix relatif au Logement et à la Table sont fixés de la manière la plus économique. Chambre, Déjeuner à la fourchette ; The ou Café, Dîner : 5 F. Pour le service : 50 cent. Les Enfants au-dessous de 9 ans ne payeront que 3 F. Les Domestiques: 2 F. 50" (texte paru en français dans la Gazzetta del Popolo du 22 mai 1849 - Google Books).


Le Jardin des Plantes

A partir de mars 1851, le "Jardin des Plantes" ou "Jardin Public", envisagé depuis les années 1820 et relancé au début de chacune des deux décennies suivantes, commence enfin à être aménagé par la municipalité au cœur de la place qui porte déjà ce nom. Les plantations vont s'y multiplier et s'y développer dans les quatre années suivantes et la place va être sécurisée, faisant de ce lieu le "plus beau quartier de la ville" (Image 3 ci-dessous).


3- FERRI Gaetano (1822-c.1896), dessinateur et BENOIST P. (1813-c.1905), lithographe, 
Nice, Vue du Jardin des Plantes, vers 1851,
vue sud-ouest/nord-est, lithographie en couleurs, 26,8x48,4 cm 
(source de l'image, ratatoulha.chezalice.fr, ici).

L'Hôtel Victoria, situé au nord du Jardin des Plantes, affiche son enseigne sous les fenêtres
 du dernier niveau du bâtiment central, dans l'axe du grand fronton triangulaire percé d'un oculus.
La parution de cette lithographie est signalée dans la Bibliographie de la France du 24 janvier 1852 (p 44). 
La vue montre le projet (fin 1850-début 1851) du nouveau jardin. Les travaux d'aménagement sont entamés dès mars 1851 mais le bassin n'est mis en eau qu'à l'automne et le Groupe sculpté des Tritons qui devait le dominer ne rejoindra pas l'emplacement prévu.



Situé au pied de l'Hôtel Victoria, ce jardin devient, dés 1851, un nouvel atout pour attirer la clientèle, non seulement pour la vue de sa végétation mais également pour sa proximité offrant aux familles et aux malades, un lieu de repos, de lecture, de bien-être (bassin, ombre), d'observation des plantes, de rencontres, de promenades et de jeux en plein-air pour les enfants :

"Nice, Hôtel Victoria, Tenu par Zichitelli. Cet hôtel se recommande aux voyageurs de marque par son excellente situation, plein sud, en face du Jardin des Plantes, et sa vue sur la mer" (texte en anglais paru dans le Galignani's Messenger dès le 19 novembre 1851).

L'hôtel est dans une situation climatique parfaite, ensoleillée et abritée du vent : "La ligne des maisons de l'hôtel Victoria, et de la Pension Anglaise tournant à un angle obtus du cours du Paglion (...) serait une des meilleures positions pour tout l'hiver" (Edwin Lee, Nice et son climat, 1851 p 106 - Google Books). 

"En outre, ajoutent les Guides de Voyage anglais dès 1852, l'hébergement est de premier ordre, les vins excellents et la fréquentation est bonne" (Bradshaw's Guides - Google Books), "l'hébergement est de qualité supérieure et adapté à la noblesse, aux familles ou aux voyageurs seuls" et l'hôtel est "recommandé pour sa propreté, sa cuisine et ses prix modérés" (Murray' s Handbooks - Google Books).


Le Projet de Transfert

Cette même année 1852, Giovanni Zichitelli envisage cependant de déménager son hôtel à un emplacement encore meilleur mais la rumeur enfle et doit être démentie : 

"Des personnes mal intentionnées ont fait circuler une rumeur selon laquelle l'hôtel Victoria, à Nice, n'était plus tenu par M. Zicchitelli (sic). Ces rumeurs sont totalement dénuées de fondement. M. Zicchitelli continue à gérer cet établissement à la grande satisfaction de tous les étrangers de marque qui l'honorent de leur confiance. 

Les étrangers sont priés de ne pas accorder de crédit aux informations données par des individus qui font profession de donner des cartes aux visiteurs à leur arrivée" (texte en anglais paru dans le Galignani's Messenger du 11 décembre 1852).

Au début des années 1850, des concerts ont lieu dans le grand salon de l'Hôtel Victoria (Gazette Musicale de Paris du 10 avril 1853 p 128 et du 18 février 1855 p 55 - Google Books ; L'Avenir de Nice du 30 mars 1854).

Il est à noter qu'un autre "Hôtel Victoria", tenu cette fois par Jean-Baptiste Vassalo, s'ouvre, à quelques kilomètres à l'est de Nice, à St-Jean (près St-Hospice) au début de l'année 1852.

En 1851 au plus tard, Giovanni Zichitelli a cessé de gérer la Maison estivale de bains et de plaisance de St-Dalmas, son successeur étant Jean-Baptiste Cabasse, qui tient l'Hôtel de l'Europe à Nice, au faubourg de la Croix-de-Marbre (depuis 1830). 


L'Attrait de la Promenade des Anglais

La Promenade des Anglais, qui longe le bord de mer à partir du Jardin des Plantes, est très fréquentée (Image 1 en tête d'article). Elle est sécurisée et doublée de largeur en 1853 et son prolongement vers l'ouest, jusqu’à l’embouchure du Magnan, semble se préciser (il ne sera réalisé qu'en 1856).

Jean Zichitelli prend la décision d'y déménager son hôtel. Début 1854, il pense tout d'abord à la position du "jardin Serrat, où s'élève une grande maison neuve" près de l'entrée orientale de la Promenade mais finit par choisir, "le grand Hôtel nouvellement construit par M. Féraud, qui tient déjà le bel Hôtel Paradis (...) du boulevard du Midi", situé plus à l'ouest, au vallon de Saint-Barthélemy (Pierre Cauvin, Cicerone pour l'Etranger de Nice et ses environs, 1855 pp 82-83 ; Google Books).

Au printemps 1854, un accord est trouvé avec Joseph Féraud et l'hôtel en construction est réservé pour l'installation du nouvel Hôtel Victoria dès l'achèvement des travaux, prévu en 1855. 

L'Hôtel Victoria du Jardin des Plantes cède dès lors la partie supérieure de ses locaux à l'Hôtel de la Grande-Bretagne tenu par Enrico/Henry Brezzi, qui s'y installe et fait son ouverture le 15 mai 1854. 

Les deux hôtels vont coexister pendant un an, l'enseigne de l'Hôtel de la Grande-Bretagne prenant la place de celle de l'Hôtel Victoria et cette dernière étant déplacée sur le balcon du premier étage (Image 4 ci-dessous).

"Nice - Hôtel Victoria - J. (sic) Zicchitelli (sic) tient à informer les étrangers qui visitent Nice que son hôtel reste ouvert pendant l'été" (texte en anglais paru dans le Galignani's Messenger du 21 mai 1854).

En septembre, le maître d'hôtel fait paraître de nouvelles publicités pour la saison d'hiver : "Nice. Hôtel Victoria, Tenu par Zichitelli, demande respectueusement aux familles de distinction de lui accorder leur confiance, comme suit. Table d'hôte - Repas servis dans les appartements privés - Grands et petits appartements" (texte en anglais paru dans le Galignani's Messenger du 24 septembre 1854).


4- Photographie anonyme, Nice, Vue du Jardin des Plantes, début 1855, 
vue est-ouest, prise depuis la rive gauche, dans l'axe de la rue Saint-François-de-Paule,
 tirage albuminé de 30x42,5 cm, 
Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes, 10 FI 5341.

Cette photographie est l'œuvre d'Édouard Baldus (1813-1889) ou du marquis Henri Charles Emmanuel de Rostaing (c.1826-1885). Elle montre la coexistence des enseignes de l'Hôtel de la Pension Anglaise, de l'Hôtel de la Grande-Bretagne et de l'Hôtel Victoria.

"En tournant pour rejoindre le quai Masséna, la place du Jardin-Public montre les façades de : l'hôtel de la Pension Anglaise, succursale de l'hôtel des Etrangers que M. Schmitz s'est adjointe afin de pouvoir offrir la vue de la mer aux voyageurs qui en font la demande (...) ; l'hôtel Victoria, tenu par M. Zichitelli, sans contredit l'un des plus beaux et des meilleurs hôtels de Nice, et à ce titre justement réputé ; l'hôtel de la Grande Bretagne, tenu par M. Brezzi (...) ; et deux autres maisons dont la dernière fait l'angle de la rue Paradis" 
(Pierre Cauvin, Guide du Commerce, Indicateur Niçois [vol. 1]
 suivi du Cicerone de l'Etranger [vol. 2], 1855, vol. 2 pp 82-83 - Google Books)


L'Hôtel Victoria quitte définitivement la place du Jardin des Plantes en juin 1855 et réalise son ouverture sur la Promenade des Anglais, le 3 octobre 1855, avec un établissement haut de gamme et des prix élevés (Image 5 ci-dessous).

"Nice. Hôtel Victoria. Cet hôtel bien connu et réputé a été déplacé sur la Promenade des Anglais. Grands et petits appartements, tous nouvellement meublés. On y trouve toutes les commodités. Le prix pour une personne seule est de huit francs et demi par jour : petit déjeuner, dîner et thé à la table d'hôte, chambre, éclairage et service compris" (texte en anglais paru dans le Galignani's Messenger du 31 octobre 1855).



5- BALDUS Édouard (1813-1889) ou DE ROSTAING Charles Emmanuel (c.1826-1885),
 détail de la Vue de Nice prise du Château, début 1856,
épreuve sur papier salé, 26x19 cm, 
Archives nationales hongroises, P_240-1-r-11-N°12.

Ajout de chiffres pour indiquer les emplacements de l'Hôtel Victoria, 
au Jardin des Plantes puis sur la Promenade des Anglais.



ÉPILOGUE


Les aventures de Jean Zichitelli et de l'Hôtel Victoria ne s'arrêtent pas là. L'Hôtel Victoria de la Promenade des Anglais rencontre un succès immédiat et durable, les souverains et nobles européens y multipliant les séjours. 

Suite à l'Annexion française du Comté de Nice en 1860, Jean Zichitelli demande la naturalisation française mais ne l'obtient pas.

L'épouse de Jean Zichitelli, Giacinta, âgée de 63 ans, décède malheureusement le 5 septembre 1863. 

Jean Zichitelli rencontre ensuite, en 1865, Joséphine Marie Gauc, domestique (née à Nice le 26 novembre 1833). Cette dernière lui donne une fille, Angeline Honorine, qui nait à Nice, le 18 février 1866. 

Dans les années 1860, Jean Zichitelli acquiert un terrain à l'est de la ville, près du Port, sur le Mont-Boron, et y fait construire une première "Villa Victoria" (1861-1862). C'est ensuite, au nord de la ville, sur la colline de Carabacel, chemin Saint-Charles, qu'il fait ériger "une Villa et un Pavillon Victoria" (1864-1865).

Suite à un incendie dans l'Hôtel Victoria, lors de la nuit du 16 au 17 décembre 1867, aux dégâts importants engendrés et aux procès qui en découlent, Jean Zichitelli transfère cependant son hôtel, dès l'année suivante. 

C'est dans le quartier de Carabacel, à proximité de sa propriété du chemin Saint-Charles, qu'il ouvre, en septembre 1868, son nouvel "Hôtel et Pension Victoria". Ce dernier, qui comprend 100 chambres de maître et quinze salons, est situé rue Pinchienati/Penchienatti, près du Paillon et de la passerelle qui mène à la place Napoléon (actuelle place Garibaldi).

Après une seule saison, il met cependant en vente le bâtiment (en mai 1869) puis le mobilier (en août 1869) et prend ensuite sa retraite. 

Il épouse à Nice, le 23 février 1870, Joséphine Marie Gauc et légitime leur fille.

Jean Zichitelli, âgé de 65 ans, décède à Nice, le 7 mars 1872, dans son "Pavillon Victoria" de la colline de Carabacel.

En 2024, à l'emplacement de l'ancien Hôtel Victoria du Jardin des Plantes, se trouve désormais l'Hôtel Le Victoria (Maison Albar Hotels), au 6, avenue de Suède. 

A l'emplacement de l'ancien Hôtel Victoria de la Baie des Anges, c'est l'Hôtel West-End qui occupe aujourd'hui le n° 31, de la Promenade des Anglais. 



BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE


Sur l'Histoire de l'Hôtel Victoria du Jardin des Plantes et de la Promenade des Anglais, voir notamment :

- Olivier Gaget, Chronique de l'Hôtel West-End - Du Victoria aux années 1980 [Inédit].

- Nice Historique, 2012, n° 4 [En ligne], Le quartier anglais de la Croix-de-Marbre.

- Alain Bottaro, "La villégiature anglaise et l’invention de la Côte d’Azur", In Situ [En ligne], 24 | 2014.

- Dossiers de l'Inventaire Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur  [En ligne] - Nice, Hôtel de voyageurs de la Pension Anglaise ; Hôtel de voyageurs dit successivement Hôtel Victoria puis Hôtel de Rome puis Hôtel West-end.

- PSS Archi [En ligne] - Nice, Maison Albar Hôtel Le Victoria ; Hôtel West End.

- ArtPlastoc [En ligne] - Nice, Histoire et Représentations du Jardin Public ; La Promenade des Anglais.