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mercredi 28 décembre 2022

1281-RETOUCHE D'IMAGE : DÉTOURER FACILEMENT UN OU DES CORPS


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS






INTRODUCTION


De nombreux logiciels permettent, à partir d'une image (photo, dessin), de détourer un ou plusieurs corps et de les isoler du fond. Certains de ces logiciels sont payants (Photoshop) ou en ligne et gratuits (Photopea). 

Il existe cependant plusieurs sites en ligne gratuits ne demandant aucune maîtrise préalable des outils (lassos) et opérant ce détourage automatiquement en quelques secondes, sans même à avoir de sélection à effectuer. Deux de ces logiciels sont présentés ci-dessous.



ARC.TENCENT


Logiciel en ligne adapté aux montages artistiques : gratuit et sans inscription.

Cliquer sur le lien suivant : ARC.TENCENT

La page d'accueil s'ouvre sur trois outils dont deux pour améliorer la netteté d'un portrait photographique, "Face Restoration", ou d'une illustration, "Animation Enhencement". Sur les images de démonstration, deux petites flèches discrètes, placées au bas de l'image, permettent de se déplacer sur l'état avant et après traitement.






1- Se positionner sur l'outil de détourage, "Human Matting" et choisir (en remontant en haut de l'écran), "V1.2" (version améliorée).

2-Télécharger ("Upload") votre photographie en .png (avec un plusieurs corps humains ou animaliers) : éviter si possible des photos en très haute résolution dont le téléchargement et le traitement peuvent échouer, ces deux opérations se faisant en même temps (moins de quinze secondes). Lorsque votre photographie apparaît, le détourage a été effectué.

3-L'image, comme pour les deux autres outils, apparaît en partie dans son état d'origine (à gauche) et en partie détourée (à droite). Dans le bas de l'image, faire coulisser la flèche gauche pour révéler et vérifier l'image détourée dans son intégralité. 

4-Télécharger le résultat ("Download") sous l'image.

5-L'image a été téléchargée dans son format d'origine. Elle apparaît dans vos "Téléchargements" avec son fond d'origine mais un fond noir apparaît à l'ouverture de l'image (.png).

6-Ouvrir l'image détourée dans le logiciel de votre choix (le fond apparaît désormais transparent) et lui appliquer un nouveau fond.



PIXLR-PHOTOMASH


Logiciel adapté aux images des réseaux sociaux, plaçant d'emblée le ou les portraits détourés sur des fonds préétablis : gratuit mais après plusieurs essais une inscription (sans abonnement) vous est demandée.

1-Ouvrir le logiciel en cliquant sur le lien suivant : PIXLR-PHOTOMASH

2-Choisir un style de fond dans "Profil simplifié" (format carré). 

3-Télécharger la choisie. Votre photo apparaît immédiatement, le ou les corps détourés et placés sur le type de fond choisi. Cependant, un choix d'outils sur la droite de l'écran vous permet de tout modifier : couleur, contour, ombre, effet et même texte.

4-"Sauvegarder" (en bas à droite) la photo transformée.

5-Revenir au menu d'accueil ("Sélectionnez la conception") pour explorer ensuite les 5 autres menus gratuits, en descendant dans la page affichée à l'écran, et notamment "Profil Tendance", "Boutique simple", "Promouvoir dans l'histoire" ou "Profil en forme" (les 6 profils suivants sont payants).

6-Il est possible également de "Créer un nouveau" profil en choisissant le format final de votre image. C'est probablement le meilleur choix, les autres profils étant là pour vous inspirer.

7-Cliquer sur le menu de votre choix. La photo que vous aviez enregistrée est toujours présente et s'adapte à ce nouveau choix en quatre secondes.

8-Le choix d'outils sur la droite de l'écran permet à nouveau des modifications. Agrandir l'image détourer, déplacer l'image, modifier et déplacer les textes.

9-Sauvegarder ou non vos nouveaux essais.

10-Télécharger d'autres photos et sélectionner, sur la droite de l'écran, la photo à retoucher.






Remarque finale

Dans le cas où l'agrandissement excessif du ou des portraits sur le format final choisi de PixLr. Photomash aurait entraîné la pixellisation de l'image, il est possible d'améliorer ensuite l'image (netteté et résolution) en allant notamment sur le site ACR.Tencent mais en sélectionnant cette fois l'application "Face Restoration" dans le cas d'une photographie ou "Animation Enhancement" dans le cas d'une illustration.


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vendredi 23 décembre 2022

1280-NICE, LES ATELIERS DE PHOTOGRAPHES DANS LES ANNÉES 1860-6


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- FERRET Pierre (1815-1875), Portrait d'hommes (Pierre Ferret et son fils Louis Ferret ?), vers 1867-1870 (?),
texte imprimé au recto, "FERRET Phot. - - NICE",
texte imprimé au verso, "Armoiries de France et de Russie et médaille recto et verso de l'Empereur Napoléon III -
PHOTOGRAPHE - DE L.L.M. L'EMPEREUR NAPOLÉON III - ET DE L’IMPÉRATRICE - DOUAIRIÈRE DE RUSSIE - Rue Gioffredo, - NICE - FERRET (grande signature oblique)",
tirage albuminé de 9x5,5 cm sur carton de 10,5x6,2 cm, Collection personnelle.



L'EXEMPLE DES CARTES DE VISITE DE PIERRE FERRET


Introduction

Le choix du photographe français Pierre Ferret (1815-1875) s'impose à nouveau et cela pour plusieurs raisons :

- Il est l'un des premiers photographes durablement implantés à Nice.

- Il a exercé la photographie dans cette ville pendant au moins 25 ans (1849-1875), avec une production abondante connue essentiellement par l'intermédiaire de ses Cartes de visite de portraits et de paysages.

- Il a traversé l'ensemble des années 1860 étudiées ici.

- Il a possédé les brevets de nombreuses Cours royales et impériales : Photographe de S.A. Impériale la Grande Duchesse Stéphanie de Bade, dès fin 1856 ; Photographe de S.M. Le Roi de Wurtemberg, au plus tard en avril 1860 ; Photographe de S.M. L'Impératrice de Russie, dès juin ou juillet 1860 ; Photographe de S.M. L'Empereur des Français Napoléon III, dès septembre 1860.

- Il a fait imprimer plus de 25 types de textes différents sur des Cartes de visite entre 1860 et 1875 (liste au bas de cet article).

L'ensemble des Cartes de visite de Pierre Ferret constitue un corpus riche mais difficile à dater avec précision. Les hypothèses formulées ci-dessous devront être précisées ou rectifiées par la suite.

Le type de Carte de visite qui semble plus ancien est celui qui offre les seules mentions appliquées au timbre sec, "Ferret - Nice" (années 1850 ?). L'usage de ce timbre sec est encore attesté par Pierre Ferret vers 1860/61 et a pu être utilisé au-delà (Auguste Meurisse utilise un timbre sec semblable à son nom en 1864-65 à Nice).


Les Cartes de visite imprimées de Pierre Ferret

Les cartons-photos imprimés se différencient par plusieurs caractéristiques :

- Le recto nu : il semble que ce soient les cartons les plus anciens (vers 1860) mais ils coexistent rapidement (vers 1861/62) avec ceux au recto imprimé, avant de disparaître (vers 1864). 

- Le recto imprimé (au bas) : le plus souvent "Ferret, Phot." ou "Ferret, Phot. -- Nice" (vers 1861-1875) mais également, "Ferret, 10, rue Chauvin." (vers 1861-64). 

- Les adresses d'atelier : par ordre chronologique, le quai Masséna, 3 (vers 1860-61/63), la rue "Chauvin" ou "Chauvain", "8" ou "10" (de 1860/61 à 1864) et celle de la rue Gioffredo (de 1864 à 1875), sans précision du n° 6 (contrairement à son fils qui va lui succéder) ; certains cartons-photos n'affichent cependant que le nom de la ville, sans plus de précision. 

- Les brevets, affichés séparément ou ensemble : les cartons les plus anciens (dès 1860) semblent ne comporter qu'un seul brevet, celui de Russie ("S.M. L'Impératrice Douairière De Russie" ou plus rarement "S.M. L'Impératrice De Russie") ou celui de France ("S.M. L'Empereur" ou "S.M. L'Empereur Napoléon III") ; les cartons réunissent ensuite les deux brevets, peut-être dès 1861 (1861-70), avant de ne plus afficher, suite à la chute du Second Empire français, que celui de Russie (1870-75).

L'adresse imprimée la plus ancienne, "Quai Masséna, 3", accompagnée d'un brevet, ne peut être antérieure à 1860. Elle semble avoir perduré quelques temps, vu le grand nombre de cartons-photos qui l'affichent. Elle est encore citée en "1862" et "1863" (annuaires, cartons-photos datés), alors que la construction du nouvel atelier du photographe, situé rue Chauvin, est attestée dès avril 1861. La date d'emménagement rue Chauvin reste cependant inconnue et les cartons les plus anciens portant cette nouvelle adresse sont datés de "1862". Il est donc possible que les deux adresses d'ateliers de la rue Masséna et de la rue Chauvin aient coexisté pendant quelques années (1860-63 ?).

- L'association de Pierre Ferret avec le photographe belge Louis-Joseph Ghémar, au premier semestre de l'année 1865 : les cartons affichent au verso, "Ghémar & Ferret", et ajoutent aux armoiries déjà citées celles du Royaume-Uni (!) et aux brevets habituels ceux de "S.M. Le Roi Des Belges" et de "S.A.I & R. La Grande Duchesse Stéphanie De Bade - Du Roi De Wurtemberg, &.&.&.". 

- La présence d'armoiries accompagnant le ou les brevets cités (dès 1861-62 ?).

- L'usage d'encre de couleur, alternant désormais avec celui d'encre noire (dès 1864 ?) : un carton daté de "1864" (sans liseré au recto) et de nombreux cartons datés des années suivantes (avec liseré de couleur au recto).

- La présence d'une grande signature oblique qui remplace le nom (dès 1865-66) et devient parfois même le seul élément du verso (un carton daté, "avril 1867").

- L'usage de cartons de couleur beige-orangé, alternant désormais avec ceux à fond blanc (première moitié des années 1870).


Les types de cartons-photos de Pierre Ferret

Si de nombreux cartons se différencient d'emblée par l'une des caractéristiques très repérables listées ci-dessus, d'autres ne se distinguent que par un détail du texte (ponctuation, majuscule, passage à la ligne, écriture grasse ou maigre, incurvée, ondée ou en italique) ou la présence de fins entrelacs. Aucune Carte de visite de Pierre Ferret ne semble préciser le "N°" de cliché (contrairement à celles de son fils qui va lui succéder).

Ces différents cartons ont été utilisés pendant plusieurs années, parfois parallèlement ou successivement. En l'attente de repères chronologiques plus sûrs et plus précis, ils sont présentés ci-dessous par type (en gras) et non par date, mais parfois accompagnés de repères attestés.


Timbre sec - 

Vers 1850-1860 (?) 

Recto : "Ferret - Nice" (timbre sec appliqué dans la marge basse ou même dans la photographie) [un carton-photo datable de 1860/61]

Verso nu


Recto nu - Verso imprimé avec un ou deux brevets mais sans armoiries -

 Début des années 1860

Recto : nu

Verso (encre noire) : "Ferret, Photographe - de S.M. l’Impératrice Douairière de Russie - Quai Masséna, 3, (texte en italique) - Nice." [plusieurs cartons datés de "1862" et de "février 1863"]


Recto : nu

Verso (encre noire) : "Ferret - Photographe de S.M. l’Empereur - Quai Masséna, 3, (texte en italique) - Nice."


Recto : nu

Verso (encre noire) : "Ferret, - Photographe - de S.M. l’Empereur, - 8, Rue Chauvain, - Nice. (texte en italique et souligné)" [un carton daté de "1862"]


Recto : nu

Verso (encre noire) : "Ferret, - Photographe de S.M. l’Empereur (texte en italique) - Rue Chauvain, N° 10, - A Nice." 


Recto : nu

Verso (encre noire) : "Armoiries de France - Ferret - Photographe - de S.M. l’Empereur, - Nice" [un carton daté de "mai 1864"]


Recto : nu

Verso (encre noire) : "Ferret, Photographe - de S.M. l’Impératrice Douairière de Russie - Rue Chauvain, maison Ferret, (texte en italique) - Nice. - - (avec parfois pour les paysages) Ch. Jougla, libraire-éditeur, - quai Masséna."


Recto : nu

Verso (encre rouge) : "Ferret - Photographe de L.L. M.M. - L’Empereur des Français - et - L’Impératrice Douairière De Russie - Rue Chauvin, N° 10, - à - Nice."


Recto nu - Verso imprimé avec deux brevets et armoiries

Recto : nu (et sans liseré rouge)

Verso (encre rouge) : "Armoiries de France et de Russie - (petit motif vertical d’entrelacs) - Ferret - Photographe - De S.M. L’Empereur Napoléon III - & (au milieu de deux motifs horizontaux) - De S.M. L’Impératrice - Douairière De Russie - Rue Gioffredo, - Nice. - (petit motif vertical d’entrelacs, inversé)" [ un carton daté de "1864"]


Recto imprimé - Verso imprimé avec un ou deux brevets mais sans armoiries - 

Début des années 1860

Recto (encre noire) : "Ferret, 10, Rue Chauvin."

Verso (encre noire) : "Ferret, - Photographe - de S.M. L’Empereur - Rue Chauvin, N° 10, - à - Nice." [un carton daté de "février 1863"]


Recto (encre noire) : "Ferret, 10, Rue Chauvin."

Verso (encre noire) : "Ferret, - Photographe de L.L. M.M. - L’Empereur des Français - et - L’Impératrice Douairière De Russie - Rue Chauvin, N° 10, - à - Nice."


Recto (encre noire) : "Ferret, 10, Rue Chauvain, (ces deux derniers mots en italique) - A Nice"

Verso (encre noire) : "Ferret, - Photographe - de S.M. L’Impératrice - Douairière de Russie (texte en italique) - Rue Chauvain, N° 10 (écriture néo-gothique) - à - Nice"


Recto imprimé - Verso imprimé sans armoiries mais avec signature - 

Deuxième moitié des années 1860

Recto (encre rouge) : "Liseré - Ferret, Phot. - - Nice."

Verso (encre rouge) : "Ferret (grande signature oblique)" [un carton daté de "avril 1867"]


Recto imprimé - Verso imprimé avec armoiries mais sans signature - 

Deuxième moitié des années 1860

Recto (encre noire) : "Ferret, Phot."

Verso (encre noire) : "Armoiries de France - Ferret - Photographe - de S.M. l’Empereur, - Nice"


Recto (encre noire) : "Ferret, Phot. - - Nice"

Verso (encre noire) : "Armoiries de Russie - Ferret - Photographe - de S.M. l’Impératrice - De Russie (souligné) - Nice" [un carton daté de "juin 1863" ; un carton datable par les portraits identifiés de fin 1867 ou début 1868]


Recto (encre mauve) : Liseré - sans texte

Verso (encre mauve) : "Ghémar & Ferret (texte incurvé) - Armoiries de France, de Russie et du Royaume-Uni -Photographes - De S.M. L’Empereur Des Français - S.M. Le Roi Des Belges - S.M. L’Impératrice Douairière de Russie - S.A.I & R. La Grande Duchesse Stéphanie De Bade - Du Roi De Wurtemberg, &.&.&. - Rue Gioffredo, - Nice" [association attestée seulement au premier semestre de l’année 1865]


Recto (encre noire) : "Ghémar & Ferret, - - Nice"

Verso (encre noire) : "Ghémar & Ferret (texte incurvé) - Armoiries de France, de Russie et du Royaume-Uni -Photographes - De S.M. L’Empereur Des Français - S.M. Le Roi Des Belges - S.M. L’Impératrice Douairière de Russie - S.A.I & R. La Grande Duchesse Stéphanie De Bade - Du Roi De Wurtemberg, &.&.&. - Rue Gioffredo, - Nice" [association attestée seulement au premier semestre de l’année 1865 - un carton daté de "1865"]


Recto (encre noire) : "Ferret, Phot"

Verso (encre noire) : "Armoiries de France et de Russie - Photographe - De L.L. M. L’Empereur Napoléon III (texte ondé) - et de (texte incurvé) - L’Impératrice (texte incurvé) - Rue Gioffredo, - Nice."


Recto (encre noire) : "Ferret, Phot - - Nice" 

Verso (encre noire) : "Armoiries de France et de Russie - Ferret - Photographe - De L.L. M. L’Empereur Napoléon III - Et De L’Impératrice – Douairière de Russie (texte en italique) - Rue Gioffredo, - Nice."


Recto (encre rouge) : "Liseré - Ferret, Phot. - - Nice."

Verso (encre rouge) : "Armoiries de France et de Russie - Ferret - Photographe - De L.L. M. L’Empereur Napoléon III (texte ondé) - et de (texte incurvé) - L’Impératrice (texte incurvé) - Douairière de Russie – Rue Gioffredo - Nice (texte incurvé) (ensemble du texte entouré de fins entrelacs)" [un carton daté de "juillet 1866", un de "1868", un autre de "septembre 1868"]


Recto imprimé - Verso imprimé avec armoiries et signature - 

Deuxième moitié des années 1860

Recto (encre rouge) : "Liseré - Ferret, Phot. - - Nice."

Verso (encre rouge) : "Armoiries de France et de Russie - Photographe - De L.L. M. L’Empereur Napoléon III (texte ondé) - et de (texte incurvé) - L’Impératrice (texte incurvé) - Douairière de Russie - Ferret (grande signature oblique) (ensemble du texte entouré de fins entrelacs)" 


Recto (encre noire) : "Ferret Phot. - - Nice"

Verso (encre noire) : "Armoiries et de France et de Russie et médaille recto et verso de l’Empereur Napoléon III - Photographe - De L.L. M. L’Empereur Napoléon III - et de (texte en italique) - L’Impératrice De Russie - Rue Gioffredo - Nice - Ferret (grande signature oblique)" [plusieurs cartons datés de "1870"]


Recto imprimé - Verso imprimé avec armoiries et signature - 

Première moitié des années 1870

Recto (encre noire) : "Ferret, Phot." 

Verso (encre noire) : "Armoiries de Russie - Photographe - De L’Impératrice Douairière - De Russie - Rue Gioffredo - Nice - Ferret (grande signature oblique)" 


Recto (encre noire) : "Ferret, Phot. - - Nice."

Verso (encre noire) : "Armoiries de Russie - Photographe - De L’Impératrice Douairière - De Russie - Rue Gioffredo - Nice - Ferret (grande signature oblique)" 


Recto (encre rouge sur carton beige-orangé) : "Liseré rouge - Ferret, Phot. - - Nice"

Verso (encre rouge sur carton beige-orangé) : "Armoiries de Russie - Photographe - De L’Impératrice Douairière - De Russie - Rue Gioffredo - Nice. - Ferret (grande signature oblique)".




lundi 19 décembre 2022

1279-NICE, LES ATELIERS DE PHOTOGRAPHES DANS LES ANNÉES 1860-5

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1 - FERRET Pierre (1815-1875), Portrait, verso, vers 1866,
armoiries de France et de Russie,
" FERRET - PHOTOGRAPHE - DE L.L.M. L'EMPEREUR NAPOLÉON III -
ET DE L’IMPÉRATRICE - DOUAIRIÈRE DE RUSSIE - Rue Gioffredo, - NICE",
carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.


VOIR LE DÉBUT DE CET ARTICLE




LES FORMATS PAPIER


Dans les ateliers niçois des années 1860, le format roi est celui de la Carte de visite, avec des tirages sur papier albuminé de 5 à 6,3 cm de large sur 8,3 à 10,7 cm de long, sur carton de 5,9 à 6,5 cm de large sur 9 à 11 cm de long. Ce format est utilisé par tous les ateliers pour les portraits mais également pour les paysages.

Le format Cabinet, avec des tirages de 9 à 10 cm de large sur 14 à 15 cm de long, sur carton de 10,5 à 10,8 cm de large sur 16 à 16,5 cm de long, se répand peu à peu pour les deux types de sujets dès la fin des années 1860 (portraits de Pierre Ferret et de Wilhelm Bienmüller ; paysages de Miguel Aleo et de Jean Walburg de Bray).

Plus spécifiques aux vues de paysages, les vues stéréoscopiques d'environ deux fois 7x7,3 cm sur carton de 8,5x17,5 cm (Joseph Silli ; Miguel Aleo/Alphonse Davanne ; Jean Walburg de Bray ; Albert Pacelli ; Eugène Degand ; Léonard-de-Saint-Germain) et les vues panoramiques d'environ 8x22 cm sur carton de 12x27 cm (Jean Walburg de Bray) restent utilisées par peu de photographes, de même que les grands et très grands formats, notamment destinés à la constitution d'albums (Louis Crette, Pierre Ferret et Joseph Silli depuis la fin des années 1850 puis Miguel Aleo, Charles Nègre, Jean Walburg de Bray et Léonard-de-Saint-Germain).

Cet état des lieux, déduit des seules vues connues, n'est probablement pas conforme à la réalité : un tarif de l'atelier de Louis Crette, daté de novembre 1858, atteste déjà des portraits de 12x15 cm et de 21x27 cm, et Louis-Joseph Ghémar expose à Nice, en 1865, des "portraits grandeur nature".

Les prises de vue des photographes voyageurs ne sont pas étudiées ici (photographes français ou étrangers et photographes régionaux ayant leur atelier à Cannes, Menton ou Monaco) mais il faut cependant rappeler les séries importantes de vues de Nice réalisées par les ateliers parisiens de Furne & Tournier en 1860 (vues stéréoscopiques), Hippolyte Jouvin en 1860-61 et 1866 (vues stéréoscopiques), Jean Andrieu en 1863 puis 1865 (vues stéréoscopiques et Cartes de visite) et Etienne Neurdein en 1869 (vues stéréoscopiques)



LE REVERS DES CARTES DE VISITE


Afin d'éviter des explications longues et répétitives, seules les Cartes de visite vont être étudiées ici et seules les indications portées au verso et faisant référence aux photographes vont être analysées.

Les indications imprimées faisant référence aux distributeurs (nom voire prénom et adresse du libraire) et les indications manuscrites portées par les propriétaires successifs de la photographie vont donc être laissées de côté (nom, voire prénom, dédicace et signature de la personne photographiée, date de la réalisation du portrait ou de la dédicace, date d'achat de cette vue, indications postérieures portées par les familles, les collectionneurs et revendeurs).

Les inscriptions au verso peuvent être :

- absentes, réservées au seul recto (Charles Nègre) ou non (cartons anonymes),

- être manuscrites (encre ou crayon), précisant parfois les seuls nom et adresse du photographe (Félix Trajan ; Charles Passeronny ; François Rosselli) mais plus souvent le titre donné aux vues de paysage, voire le numéro attribué (numéro d'une série de vues ou numéro de cliché du portrait),

- dues à la pression d'un timbre sec, quelques mots apparaissant en creux et inversés droite-gauche ("Ferret - Nice", avant 1860 ? ; "A. Meurisse.Phot. - .Nice.", vers 1864-65) ou à l'application d'un tampon manuel humide bleu ou mauve ("W. De Bray" ; "Fx Trajan - 3 Rue Chauvain - Nice" ou "F. Trajan - Nice - Photographie" ; "J. Vaglio Phot. Nice") ; 

- être parfois imprimées sur une étiquette collée (Ernst Neubauer ; Léon Puget ; Aristide Montel) mais généralement imprimées directement sur le carton. 

Il reste parfois difficile de distinguer les Cartes de visite niçoises qui datent de la fin d'une décennie de celles qui datent du début de la décennie suivante (vers 1857-62 : Louis Crette, Joseph Silli ; vers 1868-71 : Pierre Ferret, Félix Trajan).


Les indications imprimées au dos des paysages :

Lorsque le photographe est tout à la fois portraitiste et paysagiste, ses cartes de visite de paysages portent les mêmes indications que ses portraits (voir plus bas). 

Il semble que certains photographes aient stoppé, dans le cours des années 1860, la prise de vue de paysages pour se consacrer aux seuls portraits de studio (Joseph Silli vers 1863 et Pierre Ferret vers 1865 ?). Cependant, la mise en vente récente d'un album de vues de Nice (format Cdv) datant de 1869 ou 1870, signé de "Pierre Ferret Photographe de l'Empereur" et intitulé "Nice en Miniature" est venue contredire cette hypothèse émise en fonction des seules vues connues.

Lorsque le photographe est uniquement paysagiste, les indications portées au verso sont :

-  inexistantes, restreintes au recto ou même totalement absentes de la Carte de visite (cartons anonymes de Miguel Aleo, Jean Walburg de Bray ou parfois même d'Eugène Degand), 

- consacrées uniquement à son distributeur (nom et adresse du libraire), le nom du photographe n'étant pas cité (Jean Walburg de Bray),

- consacrées en partie à son distributeur (au bas du carton) et en partie au photographe (au centre), nom voire prénom (mais pas son adresse), accompagnés des dénominations de ses séries, "Collection de Vues pour Album" (Miguel Aleo, Eugène Degand), ou bien seulement son monogramme réunissant l'initiale de son nom et de son prénom ("MA" pour Miguel Aleo) ou les initiales des noms des deux associés ("AD", pour Alphonse Davanne et Miguel Aleo),

Les cartons des vues de paysages de Gabriel Delahaye précisent l'existence de "Portraits", alors qu'à ce jour, un seul portrait de lui est connu.


Les inscriptions imprimées au dos des portraits :

Le texte minimum est constitué de peu d'éléments et occupe de 2 à 5 lignes : NOM et plus rarement prénom - PHOTOGRAPHE - ADRESSE plus ou moins détaillée - NICE.

Certains photographes affichent cependant un texte plus conséquent, notamment ceux qui ont un associé (8 photographes), possèdent des brevets et armoiries (9 photographes), un ou plusieurs autres ateliers (7 photographes) ou sont portraitistes et paysagistes (8 photographes). Le texte peut alors comporter 8 lignes ou plus (Image 1) :

- ARMOIRIES, MÉDAILLES et MENTIONS, dessinées ou inscrites au-dessus ou en dessous du ou des noms 

- DÉNOMINATION DE L'ATELIER, "Photographie Artistique" ou un autre nom plus spécifique "Photographie des Deux-Mondes" (Pierre Petit), "Photographie du Progrès" (Sérène Lemière) -

- NOM(S) du ou des photographes ("Pierre Petit - Riollet - Elève et Successeur" ; "Ghémar & Ferret" ; "Fx Trajan & Cie" ; "A. Pacelli Successeur de Schemboche & Pacelli"), le plus souvent sans prénom mais parfois précédé(s) du PRENOM entier ou réduit à son initiale ou à quelques lettres ; le nom est parfois complété ou, plus rarement, remplacé par un MONOGRAMME ("VJ" de Vaglio Jean ; "VE" de Victor Emmanuel" ; "PA" de "Pacelli Albert") ou une SIGNATURE, souvent oblique ("Silli" ; "Chardonnet") 

- PHOTOGRAPHE ou exceptionnellement PEINTRE ET PHOTOGRAPHE, deux seulement des treize peintres-photographes affichant leurs deux fonctions (Antoine Rossi et Léon Puget) -

- BREVET(S) obtenus auprès des familles royales et impériales (Pierre Ferret ; Louis Crette ; Pierre Petit ; Joseph Silli ; Ernst Neubauer ; Peter Moosbrugger ; Emile Messy ; Jean Vaglio ; Numa Blanc Père) ; il est à noter que Jean Walburg de Bray, photographe officiel du Prince Charles III de Monaco, n'affiche ni le brevet ni les armoiries correspondantes mais il est vrai que la plupart des ses photographies sont anonymes -

- ADRESSE, nom de la voie, généralement suivi du nom de la Maison ou de son numéro et, plus rarement, de précisions complémentaires telles que l'étage ou d'autres repères, "en face de", "près de", "derrière le" - 

- NICE, nom de la ville, généralement inscrit sur une ligne séparée et exceptionnellement situé au-dessus de l'adresse (Joseph Silli) - 

- AUTRE(S) ATELIER(S), adresses possédées dans d'autres villes en France (Cannes, Vichy, Paris, Besançon) ou à l'étranger (Bade, Kissingen, Würzburg) ; il est à noter que la plupart des Cartes de visite de Louis Crette ne mentionnent aucune adresse, pas plus celle de Nice que celle de Turin -

- SPÉCIFICITÉS, précisées par les portraitistes-paysagistes, "Portraits et Stéréoscopes" ou "Portraits et Vues" (Joseph Silli ; Albert Pacelli ; Gabriel Delahaye) -

SIGNATURE, souvent oblique, à cet emplacement ("Ferret"), quand elle n'est pas située à la place du nom tout en haut du texte - 

- N°, précédant l'inscription manuscrite du nombre attribué au portrait, parfois suivi d'une phrase d'accompagnement précisant que les clichés sont conservés et que pour avoir d'autres épreuves semblables, il suffit de rappeler ce numéro.


Analyse

Les éléments répertoriés ci-dessus, uniquement tirés des cartons niçois des années 1860, sont bien évidemment les mêmes que ceux des cartons utilisés ailleurs en France et dans de nombreux pays d'Europe, d'autant qu'ils appartiennent à des photographes provenant de régions et pays différents. 

Ce parallèle rend ces cartons niçois encore plus intéressants à mes yeux car ils traduisent non seulement des modes et tendances mais fournissent également des éléments précieux permettant de dater ces dernières : dates d'activité dans la ville, date d'occupation d'une adresse particulière, date d'obtention des brevets affichés, dates d'ouverture des succursales citées, dates de construction des architectures représentées, dates manuscrites portées sur le carton.

Chaque caractéristique d'un carton renvoie donc à des questionnements (date de l'usage de ce motif, de l'écriture néo-gothique...). Par exemple, la présence de quelques lignes à l'écriture ondée sur certains cartons niçois de Pierre Ferret utilisés vers 1866 (Image 1) se retrouve sur les cartons d'Emile Demay affichant ses ateliers saisonniers d'Hyères (Var) et d'Aix-les-Bains (Savoie), accompagnés du brevet obtenu suite au séjour de la Reine Emma d'Hawaï à Hyères, lors de l'hiver 1865-66.

Dans cette décennie où le nom et la ville des cartonniers ne figurent pas encore au verso des Cartes de visite, il est probable que les photographes de province se fournissent à Paris, Lyon ou Marseille ou bien font copier des cartons de cette provenance par des imprimeries locales.

Chaque caractéristique des cartons niçois des années 1860 mériterait ainsi une étude détaillée et des rapprochements avec des cartons contemporains d'autres villes, afin de dater avec plus de précision certaines photographies.

Vers 1860, les indications sont imprimées à l'encre noire sur fond ivoire, au centre du verso, avec de petits caractères et une police fine, formant généralement un ensemble sobre et compact. Quelques lignes en gras, incurvées ou ondées, entourées ou soulignées de fins entrelacs, mais également la présence de dessins d'armoiries, de plus rares phylactères et motifs décoratifs apportent un peu de variété. 

Cette sobriété perdure sur de nombreux cartons-photos jusqu'à la fin des années 1860 mais l'ajout d'indications complémentaires et l'usage d'une taille plus importante de caractères entraînent cependant une occupation croissante de l'espace du verso.

Trois éléments nouveaux, et de grand avenir, méritent d'emblée une attention particulière :

- la présence de dessins d'armoiries qui viennent redoubler la mention des brevets obtenus,

- l'usage d'encre de couleur (rouge ou mauve le plus souvent mais parfois verte ou bleue) alternant avec celui de l'encre noire, 

- la présence de la signature du photographe.

Il semble que l'apparition de ces trois éléments peut être datée avec précision sur les cartons-photos niçois, même si cette datation reste hypothétique et demande à être confirmée par l'étude d'un plus grand nombre de cartons d'autres villes et les constatations effectuées par d'autres chercheurs et collectionneurs (mail : patin.camus@gmail.com).

Vers 1860, les photographes présents à Nice affichent les brevets qu'ils ont obtenus antérieurement (Pierre Ferret ; Louis Crette) mais pas les armoiries correspondantes. Par contre, lorsque Joseph Silli obtient en 1862 le brevet du Prince Oscar de Suède et de Norvège, il affiche d'emblée ce dernier avec les armoiries correspondantes. Il est donc possible que cet usage ne date que de 1861 ou 1862.

L'utilisation d'encres de couleur ne semble pour sa part apparaître à Nice qu'à partir de 1864.

C'est vers 1865 que semble dater l'apparition de la signature du photographe, cette dernière devenant d'ailleurs parfois, dans les dernières années de la décennie, le seul élément présent du verso ("Ferret" ; "F. Trajan").




jeudi 15 décembre 2022

1278-NICE, LES ATELIERS DE PHOTOGRAPHES DANS LES ANNÉES 1860-4


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1 - SILLI Joseph (1826-1886), Portrait de femme, recto, vers 1857-1862,
avec pour décor, un grand rideau et une toile peinte représentant une loggia
 ouvrant sur la plage des Ponchettes et la Colline du Château,
tirage albuminé de 9x5,9 cm sur un carton de 9,3x6,2 cm, Collection personnelle.





PORTRAITISTES ET PAYSAGISTES


La vision de la production des photographes à Nice dans les années 1860 est largement faussée par le nombre de photographies connues (conservées et accessibles). 

Sur les noms des 49 photographes répertoriés :

- 10 n'apparaissent sur aucune photographie connue de cette période niçoise (par ordre alphabétique) : Anfossi, Boisson, Boutet R., Cartié, Chiapella, Deydier, Lejeune, Raphaelli, Roche, Solaris,

- 27 noms apparaissent uniquement sur des portraits, le plus souvent conservés en petit nombre : Bannicke, Bienmüller, Blanc d'Aubigny, Bonnet, Chardonnet, Dubreuil, Ghémar, Guigoni, Lemière, Meurisse, Michel P.C., Montel, Mouë, Neubauer, Numa Blanc (Père), Passeronny, Petit, Poullan, Puget, Riollet, Rossi Ant., Rosselli, Schemboche, Thierry de Ville d'Avray, Trajan, Vaglio, Victor,

- 8 sur des portraits et des vues de paysages urbains et naturels de Nice et ses environs : Cottalorda, Crette, Delahaye G., Ferret (Père), Messy (Père), Nègre, Pacelli, Silli,

- et 4 uniquement sur des vues de paysages : Aleo, De Bray, Degand, Léonard-de-Saint-Germain.

Cette présentation doit cependant être nuancée :

- par l'existence de nombreuses photographies anonymes, des portraits dont l'atelier et même la ville reste inconnus, et des vues de Nice dont beaucoup sont l'œuvre de Jean Walburg de Bray ou de Miguel Aleo,

- par les documents contemporains qui prouvent notamment la réalisation de portraits par Jean Walburg de Bray et Léonard-de-Saint-Germain ou de vues de paysages par Michel Schemboche, Peter Moosbrugger et François Chiapella,

- par les photographies conservées de décennies postérieures qui prouvent notamment la réalisation de portraits par Eugène Degand (à Nice) et de vues de paysages par Emile Poullan (hors de Nice).

De nombreux photographes sont des peintres (Bannicke, Blanc d'Aubigny, Crette, Degand, Delahaye, Ghémar, Lejeune, Michel, Nègre, Neubauer, Numa Blanc Père, Puget, Rossi, Thierry de Ville d'Avray), d'autres se disent peintres (Ferret Père) ou ont un employé peintre (Bienmüller). 

La production graphique et picturale de la plupart de ces artistes, attestée par les documents, reste inconnue de nos jours. Certes quelques peintures de Charles Nègre et d'Eugène Degand et quelques aquarelles d'Hugo Bannicke sont connues mais aucune ne semble avoir été exécutée à Nice. Que sont devenus leurs portraits et paysages (dessins, aquarelles, miniatures, tableaux) ?

Eugène Degand et Antoine Rossi possèdent des ateliers de peinture et de photographie séparés, ainsi probablement que Charles Nègre, Pierre Constant Michel ou Lionel Thierry de Ville d'Avray mais d'autres affichent une seule et même adresse.

S'inspirent-ils de photographies pour leurs réalisations picturales ? Retouchent-ils eux-mêmes leurs plaques de verre ? Sont-ils les auteurs des toiles de fond de leur atelier de pose ?

Enfin que sont devenus leurs "portraits coloriés" (Ferret), leurs épreuves papier de portraits et de paysages photographiques colorisés à l'aquarelle mais aussi à la peinture à l'huile ? 

A ce jour, je ne connais l'existence d'aucune photographie peinte à Nice dans les années 1860. Je n'ai connaissance que d'un portrait photographique colorisé par Joseph Contini à Cannes en 1856 et de moins d'une dizaine de paysages photographiques colorisés par Eugène Degand à Nice dans les années 1870 et 1880.



LES STUDIOS DE PORTRAITS


Dans la rue (arrêtés de voirie), des "montres" (vitrines d'exposition de photographies), des écussons, des inscriptions murales, des plaques en marbre ou des enseignes en bois annoncent l'atelier et l'étage concernés, les noms des photographes, leurs médailles d'expositions et leurs brevets prestigieux, accordés par les familles royales et impériales qu'ils ont photographiées (il est cependant nécessaire de préciser que quelques commerçants et artisans, voire des dentistes, affichent des écussons et brevets semblables).

Les descriptions d'ateliers niçois des années 1860 sont absentes des articles de journaux comme des ouvrages. Les ateliers sont, au mieux, connus par de rares vues extérieures du bâtiment ou bien au travers des portraits réalisés qui ne révèlent qu'un angle restreint de l'atelier de pose. 

Quelques inventaires d'ateliers sont connus (successions, faillites, procès) mais un seul date de la décennie étudiée, celui qui concerne l'atelier de Pierre Petit/Hippolyte Mouë (1866) situé sur la Promenade des Anglais, les autres datant au plus tôt des années 1870 et 1880.

Le niveau occupé par les ateliers dans les bâtiments n'est pas toujours cité. Quelques-uns semblent occuper :

- un rez-de-chaussée ou un pavillon de plain-pied : ateliers de Petit/Riollet/Mouë ; Lemière/Cartié/Boutet/Poullan ; Guigoni ; Degand ;

- un rez-de-chaussée et un 1er étage : ateliers de Ferret/Ghémar ; 

un 1er étage : ateliers de Ferret, Vaglio, Victor, Michel, Schemboche/Pacelli/Guigoni ;

- un 1er et un 2ème étage : Bienmüller ;

- un 2ème étage : ateliers de Rossi, Raphaelli ;

- un 5ème étage : atelier de Puget.

Les ateliers situés au seul ou dernier niveau (Pavillon Petit, Promenade des Anglais, Image 2) profitent d'une lumière naturelle zénithale et ceux situés entre deux étages transforment leur terrasse en salon de pose, l'orientation idéale plein nord n'étant pas toujours possible (atelier Ferret rue Gioffredo, transformé fin 1865 ; atelier Chiapella, rue du Canal, aménagé fin 1868, Image 3). 


2 - Plan et élévation du Pavillon de l'Atelier des Deux-Mondes de Pierre Petit, Promenade des Anglais, 5, 
déposés avec la demande d'autorisation de construction (H: 4 m)
 à la date du 7 octobre 1861 (arrêté du 10 suivant),
 Nice, Archives Municipales, 2T9-289.
Voir une photographie de l'atelier avec sa verrière zénithale nord, ici.


3 - Plan et élévation du Salon de pose de l'Atelier de François Chiapella
composé d'une verrière (L: 3 m x H: 4 m) à élever sur la terrasse sud
 du 1er étage de la Maison Curtil, située rue du Canal, 
déposés avec la demande d'autorisation de construction
 à la date du 24 septembre 1868 (arrêté du 9 octobre suivant),
 Nice, Archives Municipales, 2T29-408.



L'atelier et le domicile du photographe sont parfois situés dans le même bâtiment, sans qu'il soit possible de préciser s'il s'agit du même appartement ou de locaux séparés.

Les ateliers sont constitués, avec un luxe et des dimensions variables, d'une entrée avec accueil, d'un salon d'attente avec photographies (exposition, albums), d'un atelier de pose avec appareils et accessoires, d'un ou plusieurs laboratoires (préparation et traitement des plaques et des épreuves) et d'un local de stockage.

L'atelier de pose comporte une grande source de lumière naturelle (fenêtres, verrière) avec des rideaux permettant de la doser (forte lumière méditerranéenne) et des appareils photographiques tournés vers le mur du fond auprès duquel vont s'installer les clients.

Ces derniers (adultes, enfants, bébés), seuls, en couple ou en groupe (familles, amis, étudiants, soldats) posent pour un portrait en buste, à mi-corps ou en pied (le visage de face ou de trois-quarts et plus exceptionnellement de profil), parfois accompagnés d'un animal de compagnie (un chien ou plus rarement un chat).

Les poses sont convenues et répétitives, destinées à mettre en avant la prestance et les costumes des hommes et des femmes (capes et manteaux, costumes et robes, chapeaux et coiffures, ombrelles et cannes, montres et bijoux, éventails), révélant leur rang social ou leur profession (tenues militaires et habits religieux notamment). La pose de personnages déguisés découle cependant de la célébration du Carnaval de Nice.

Force est de constater que les portraits des personnes successivement photographiées dans plusieurs ateliers niçois, n'affirment pas une qualité ou un style particuliers, quelle que soit la réputation ou la nationalité du photographe. 

Les éléments de base d'un atelier de pose sont :

- des tapis, souvent à gros motifs, 

- des toiles de fond unies,

- des toiles peintes représentant un intérieur de villa, une fenêtre ou une terrasse ouverte sur un paysage, un parc boisé ou la Baie des Anges (Pierre Ferret, Louis Crette, Joseph Silli, Emmanuel Victor mais également, vers 1870, Wilhelm Bienmüller, Joseph Blanc d'Aubigny et Antoine Rossi) (Image 1),

- un grand rideau drapé, 

- des petits meubles : fauteuils, chaises, tabourets, repose-pieds, balustrades, tables avec ou sans nappe, guéridons, consoles, piédestaux, colonnes, psychés,

- des objets divers : livres, albums, horloges, vases de fleurs, jardinières, jouets,

- de faux rochers de premier plan (en liège ou carton) 

- et de quelques appuie-tête invisibles.

Les natures mortes photographiques de même que les portraits animaliers en studio restent des sujets extrêmement rares.

Les photographes quittent parfois leur studio pour se rendre dans un bâtiment administratif ou au domicile de particuliers pour des portraits de célébrités, des portraits de groupes (Charles Nègre), des portraits de prisonniers (Pierre Ferret) ou des portraits mortuaires (Ferret & Ghémar). 

Les portraits en extérieur restent rares à cette époque, avec des familles posant parfois devant leur propriété, dans la rue (Louis Crette) ou au cimetière, devant la tombe de la personne regrettée (Messy Père).


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lundi 12 décembre 2022

1277-NICE, LES ATELIERS DE PHOTOGRAPHES DANS LES ANNÉES 1860-3


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- ANDRIEU Jean (1816-c.1872), 1701 - Nice, Promenade des Anglais, prise de l'Hôtel des Anglais, hiver 1865,
vues stéréoscopiques est-ouest, de 7,7x7,7 cm sur carton de 17,5x8,8 cm,
 Collection personnelle.

L'Atelier de Photographie des Deux-Mondes de Pierre Petit, Augustin Riollet et Hippolyte Mouë,
 situé Promenade des Anglais, 5, du début de l'année 1862 à l'été 1866).


DERNIERE MISE A JOUR DE CET ARTICLE : 09/07/2023

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LISTE DES ADRESSES D'ATELIER


La liste établie permet de répertorier 25 noms de voies différentes, correspondant à un nombre moindre d'emplacements du fait :

- d'appellations multiples parfois attribuées à une même maison (rue de la Buffa-rue Grimaldi-place Grimaldi-rue du Temple ; rue Masséna-rue du Temple),

- de locaux situés à l'angle de deux rues (Chauvain-Gioffredo ; Masséna-Paradis ; Bonaparte-Cassini) 

- ou de locaux affichant deux voies qui communiquent (boulevard du Pont-Neuf-Descente Crotti). 

La liste retenue ci-dessous est une liste alphabétique des noms de rues, suivis des indications connues (n° de la rue, nom de la Maison, étage), des noms de photographes qui ont tenu un atelier à cette adresse et des années attestées de la décennie. 

Chaque nom de rue est précédé d'un numéro permettant de la localiser sur plan et est suivi de sa dénomination actuelle (au tracé parfois transformé).


1- BONAPARTE (rue) : n° 1, à l'angle de la rue Cassini, Rosselli (1864-70).

2- BUFFA (rue ou chemin de la) : n° 1, Maison Ugo, 2ème étage, puis n° 9, rue Vieille-du-Temple, Raphaelli (1865-69/70) ; n° 1 rue de la Buffa ou n°5, rue Grimaldi, 1er étage, Michel & Cie (1866-1869/70) ; n° 1 rue de la Buffa (domicile seulement ?) puis n° 3, rue du Temple ou n° 3, place Grimaldi, Vaglio (1865-70).

3- CANAL (rue du - actuelle rue Halévy) : maison Curtil, 1er étage, Chiapella (1868-70). Les ateliers de la place du Jardin Public ont également une entrée "rue du Canal", "rue du Casino" puis "rue Halévy".

4- CASSINI (rue) : n° 15, Anfossi (1860-64) ; n° 7 puis n° 11, Montel (1864-1870) ; angle rue Cassini et rue Bonaparte, 1, Rosselli (1864-70).

5- CHAUVAIN (rue) : n° 3 puis 5, Maison Ferret, Nègre (1863-65) : n° 3 puis 4, Maison Lyenne, Trajan & Lejeune (1863-70) ; n° 3, Bienmüller (1867-69) ; n° 8-10 et n° 6 rue Gioffredo, Ferret (Père) (1860-1870) & Ghémar (1865) ; n° 5, Maison Reynaud, 1er étage, Schemboche (1861-63), Schemboche & Pacelli (1863-64), Pacelli (1864-70) puis Guigoni (dès fin 1870-début 1871) ; n° 11, Léonard-de-Saint-Germain (1865-68).

6- DESCENTE-CROTTI : Maison de Cessole, n° 6, Descente-Crotti et n° 6, boulevard du Pont-Neuf (1860/61-1865) puis Maison Bigliary, n° 2 Descente-Crotti et n° 2, boulevard du Pont-Neuf (1865-1869), Rossi Ant. ; n° 2, Descente-Crotti et n° 2, boulevard du Pont-Neuf, Dubreuil (1869-1870). 

7- FRANCE (rue de - actuelle rue de France et partie ouest de la rue Masséna) : n° 1, Solaris (1869) ; n° 2, Vaglio (186. ?) ; n° 38, Thierry de Ville d'Avray (1863-70) ; n° 108 (domicile et peut-être atelier), Delahaye (G.) (1869-70).

8- GIOFFREDO (rue) : n° 6, Ferret (Père) (1860-70) & Ghémar (1865) : n° 7 (aux 1er et 2ème étages), Bienmüller (1869-70) ; n° 32, Rossi Ant. (1870). 

9- GRIMALDI (place) : n° 3, place Grimaldi ou n° 3, rue du Temple, Vaglio (1865-70) ; n° 24 rue du Temple (1861) puis place Grimaldi sans précision de numéro (1862-63) puis n° 7, rue du Temple (1863-65), Moosbrugger.

10- GRIMALDI (rue) : n° 5, 1er étage ou n° 1, rue de la Buffa, Michel & Cie (1866-1869/70).

11- JARDIN PUBLIC (place du - actuelle avenue Gustave-V) : n° 4, Maison Robiony, Lemière (1861 et 1863-67) avec pour gérants Cartié (1861-63) & Boutet (1862-63) puis Poullan (1867-70).

12- MASSENA (quai - actuelle avenue de Verdun) : n° 3, maison Adé, Ferret (Père) (1860) ; n° 9 Schemboche & Cottalorda (1860-61) ; n° 9, Silli (1862-70).

13- MASSENA (rue) : n° 5, Puget (1861-62) ; Bienmüller (1865-70) ; Bannicke (1869).

14- PAPACIN, 5 (rue - actuelle rue Antoine-Gautier) : n° 5, Boisson.

15- PARADIS (rue) : n° 2 et n° 13, rue Masséna, Meurisse (1864-65), Messy (Père) (1865-70) puis Bonnet (1870) ; n° 5, Maison Cabal, 1er étage, Victor (1864) ; n° 6, Degand (1869-70).

16- PASTORELLI (rue) : près la rue Saint-Etienne, derrière la Pension Milliet, Trajan (1870).

17- PONT-NEUF (boulevard du - actuelle partie sud du boulevard Jean-Jaurès) : Maison de Cessole, n° 6 boulevard du Pont-Neuf et n° 6 Descente-Crotti, (1860/61-65) puis Maison Bigliary, n° 2 Descente-Crotti et n° 2 boulevard du Pont-Neuf (1865-69), Rossi Ant. ; n° 2, Descente-Crotti et n° 2, boulevard du Pont-Neuf, Dubreuil (1869-1870) ; n° 28, Puget (1862-66).

18- PONT-VIEUX (boulevard du - actuelle partie nord du boulevard Jean-Jaurès) : n° 24, Roche (1869) ; n° 24, Rossi Ant. (1869-70).

19- PROMENADE DES ANGLAIS : n° 5, Petit (1862-66) avec pour gérants Riollet (1862-64) puis Mouë (1864-66) ; n° 11, Numa Blanc (1867-70).

20- PONCHETTES (rue des) : n° 9, Hôtel et Pension Suisse, Deydier (1864-66).

21- SAINT-ETIENNE (chemin ou rue - actuelle rue Alphonse-Karr) : Maison Cabasse, Aleo (1860-70) ; n° 5, Crette (1860-65) ; n° 5, Neubauer (1862-65) ; n° 5, Nègre (1865-70) ; n° 4, Jardin Funel, Guigoni (1869-70) .

22- SAINT-ETIENNE (petite rue - actuelle rue Rossini) : n° 12, De Bray (1863-1872) ; sans précision de numéro, Dubreuil (1869).

23- SAINT-JEAN-BAPTISTE (quai - actuelle avenue Félix-Faure) : n° 3, 5ème étage, Puget (1867-70).

24- TEMPLE VAUDOIS (derrière le) : près de la Pension Besson, entre la rue Gioffredo et la rue du Temple, Silli (1860-62).

25- TEMPLE (rue du Temple [Anglais] - actuelle rue de la Liberté) : Maison Donati, coin gauche de l'avenue du Prince Impérial, Messy (Père) (1864) ; n° 3, rue du Temple ou n° 3, place Grimaldi, (Maison Reynaud, au 1er étage), Vaglio (1865-70) ; n° 24 rue du Temple [ou n° 24 rue Masséna et n° 7, rue du Temple ?], en face la Maison Garry, 1ère rue à gauche en entrant par la rue de St-Etienne, entrée par le passage bis n° 22, rue Masséna, face à la Pension Suisse, Moosbrugger (1861-62) puis place Grimaldi (1862-63) et n° 7, près la place Grimaldi (1863-65) ; n° 7, Puget (1865-66) ; n° 24, rue Masséna et n° 7, rue du Temple, Chardonnet (1867-70).

26- VIEILLE-du-TEMPLE (rue Vieille-du-Temple ou ruelle du Temple - actuelle rue du Congrès) : n° 9 rue Vieille-du-Temple et n° 1, rue de la Buffa, Raphaelli (1865-69/70).

RUE NON PRECISEE : Maison Cabasse (plusieurs maisons portant ce nom dans différentes rues, notamment rue de France, rue Saint-Etienne et rue Pastorelli), Passeronny (1866-67).



LOCALISATION DES ADRESSES D'ATELIER


Si la moitié environ des ateliers ne peuvent être localisés qu'à 50 ou 100 m près, l'autre moitié peut l'être avec une grande précision.

Le choix du plan de Nice de 1865 s'est imposé car ce dernier présente plusieurs avantages : dater du milieu de la décennie étudiée, être très détaillé et porter le nom des rues.

Les noms de rues, devenus cependant illisibles sur le plan réduit, sont accostés d'un numéro qui renvoie à la liste ci-dessus et aux ateliers concernés.


Plan Indicateur de la Ville de Nice, 1865, détail,
 Georges Erhard Schieble, graveur (1821-1880), Charles Jougla (1834-1909), éditeur,
Paris, BnF (Gallica).

Légende de ce plan :
- les 25 numéros renvoient aux noms des rues listées ci-dessus :
- la couleur jaune identifie le tracé de la rue ;
- les points rouges identifient les ateliers.



Le plan ci-dessus permet de mettre en évidence la localisation des ateliers dans la partie sud-ouest de la ville, à proximité du quartier des Anglais et le long de la rive droite du Paillon où les hôtels sont regroupés.

Sur la rive opposée, quelques ateliers sont présents le long du boulevard du Pont-Neuf et du boulevard du Pont-Vieux (actuel boulevard Jean-Jaurès) ainsi que dans la rue Cassini. 

Aucun atelier n'est situé dans la Vieille Ville, y compris dans la très commerçante rue Saint-François-de-Paule. Il n'y a pas non plus d'atelier sur la promenade du boulevard du Midi, en dehors de celui de l'Hôtel et de la Pension Suisse au pied de la Tour Clerissy.

Dans les trois décennies suivantes (1870-1900), les ateliers se renouvelleront dans les mêmes rues mais d'autres emplacements viendront s'ajouter et notamment :  à l'est, le boulevard de l'Impératrice de Russie (Port), la place Garibaldi et la rue Victor (actuelle rue de la République) ; à l'ouest, la place Masséna, l'avenue de la Gare (actuelle avenue Jean Médecin) et le boulevard Dubouchage.


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jeudi 8 décembre 2022

1276-NICE, LES ATELIERS DE PHOTOGRAPHES DANS LES ANNÉES 1860-2

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- FERRET Pierre (1815-1875), Portrait de M. Meÿer costumé, recto et verso, Carnaval de février 1862 (?),
inscriptions imprimées au recto, "Ferret, 10 Rue Chauvin",
inscriptions imprimées au verso, "FERRET, - Photographe de S.M. L'Empereur - Rue Chauvin, N° 10 - à - NICE",
inscriptions manuscrites au verso, "Poldel Meÿer - in Nizza - auf den costum-ball - - 1862",
tirage albuminé de 8,5x5,1 cm sur un carton de 10,5x6,2 cm, Collection personnelle.

VOIR LE DÉBUT DE CET ARTICLE



LES ADRESSES D'ATELIERS


Les ateliers de photographes sont pour la plupart situés sur la rive droite du Paillon, dans une partie ouest de la ville en pleine restructuration dans les années 1860 (démolitions, constructions neuves, ouvertures de voies), avec non seulement un tracé et une dénomination instables des rues mais une numérotation changeante.

L''usage d'avoir des rues sans numérotation (arrêté municipal du 20 juillet 1868) et de distinguer les maisons par le nom de leur premier propriétaire suivi de la dénomination de la voie ou du quartier ne va disparaître, suite à l'Annexion française, qu'à partir de la seconde moitié des années 1860 : la Maison Cabasse de Miguel Aleo est alternativement citée quartier Longchamp, à Beaulieu ou encore rue Saint-Etienne, et la Maison (Ugo ?) de Jean Vaglio, rue de la Buffa, place Grimaldi ou rue du Temple (Anglais). 

Une fois numérotées, certaines rues, du fait de l'ajout de constructions neuves, présentent parfois deux numéros identiques. La rue Chauvain, ouverte en avril 1860 et où vont se fixer plusieurs ateliers de photographes, va jusqu'à afficher un temps les mêmes numéros de chaque côté.

L'atelier et le domicile du photographe sont parfois réunis dans un même bâtiment ou dissociés dans la même rue mais dans les deux cas, ils peuvent afficher un numéro différent. Un même photographe occupe parfois également deux ateliers situés dans des rues différentes, un atelier de peinture et un de photographie (comme Antoine Rossi ou Eugène Degand) ou bien deux ateliers consacrés à la photographie (comme Léon Puget).

Toutes ces adresses sont d'ailleurs difficiles à distinguer : seuls les domiciles sont signalés dans les recensements, les listes électorales, les actes d'état civil et les dossiers militaires et seuls les ateliers sont cités au revers des cartons-photos, les guides de voyage et les publicités des journaux. Les listes citées dans les annuaires et les guides restent très incomplètes et peu d'annuaires des années 1860 affichent tout à la fois les adresses des domiciles et les adresses professionnelles.

Une même adresse d'atelier précisée dans des documents contemporains affiche souvent des numéros différents, du fait d'erreur, du type de relevé différent (recensements) ou du décalage temporel (annuaires, listes électorales). A plusieurs années d'intervalle, tout changement de numéro devient de surcroît difficile à interpréter, pouvant aussi bien indiquer une nouvelle numérotation de la rue, qu'un déménagement effectué dans la même rue.

De nombreux éléments sont de plus ambigus. En effet, différents photographes installent leur atelier dans un même bâtiment :

- Lors d'une même période mais sans indication d'étage (Lionel Thierry de Ville d'Avray et Solaris, rue de France, 8, en 1867).

- Lors d'une même période avec des locaux qui semblent différents (Sérène Lemière et Pierre Constant Michel dans la Maison Robiony, place du Jardin public, 4, entre 1864 et 1866). 

- Lors d'une même période mais avec deux noms qui peuvent parfois désigner une seule et même personne, comme Antoine Rossi et A. Roche (?), boulevard du Pont-Vieux, 24 en 1869.

- Lors de périodes différentes et dans des locaux sans indication d'étage (Jean Vaglio, Léon Raphaelli et Pierre Constant Michel, rue de la Buffa, 1, respectivement au début, au milieu et à la fin des années 1860).

- Lors de périodes différentes mais dans les mêmes locaux, s'y succédant (cession de l'atelier) ; ainsi, l'adresse "rue Paradis, 2 et rue Masséna, 13", est-elle tout d'abord celle de l'atelier d'Auguste Meurisse en 1864-1865, d'Emile Messy en 1865-1870 et d'Honoré Bonnet à partir de 1870.

- Lors de périodes différentes mais dans les mêmes locaux, y alternant parfois lors de mise en gérance. Sérène Lemière ouvre, au début de l'année 1861, son atelier de photographie Maison Robiony, place du Jardin public, le confie ensuite à Arsène Cartié fin 1861 (seul en 1861-1862 puis associé à Raymond Boutet en 1862-1863) puis le récupère en 1864 et le conserve jusqu'en 1868, avant de le confier à cette date à Jean Baptiste Poullan.

En résumé, il est donc difficile :

- de connaître et de distinguer les adresses simultanées et successives de chacun des photographes (domicile, atelier de peinture, atelier de photographie) ;

- d'identifier un même atelier avec des rues aux appellations multiples et des numérotations différentes ;

- d'affirmer que, pour une même adresse attestée chez plusieurs photographes, il s'agit ou non des mêmes locaux, occupés simultanément ou successivement ;

- et enfin de pouvoir localiser avec précision dans les rues de Nice, l'ensemble des ateliers de photographes répertoriés dans la décennie.



L'EXEMPLE DES ATELIERS DE PIERRE FERRET


Pierre Ferret/Ferré est né en 1815, à Veuvey-sur-Ouche, près de Dijon (Côte-d'Or). Dès 1836, il est attesté comme coiffeur à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Il se marie dans cette ville en 1838 et y fonde une famille. Il est possible qu'il alterne dès lors entre son salon clermontois et une vie de coiffeur itinérant. Vers 1844, il entreprend en tant que coiffeur des saisons d'hiver à Nice, peut-être motivé également par des raisons de santé. En 1846, il s'installe définitivement à Nice avec sa famille. 

Il se forme alors à la photographie à Paris et devient photographe professionnel, au plus tard en 1849 (portraitiste et paysagiste). Il alterne, dans ses premières années d'exercice, entre son atelier niçois et une vie de photographe itinérant (notamment Monaco et Digne) puis exerce à Nice pendant 25 ans, jusqu'à 1875, année de la cession de son atelier (à son fils) et de son décès.

Ses différentes adresses de domicile et d'atelier répertoriées sont les suivantes : 

- Maison Spinelli près l'Hôtel de France (1850).

- Maison Adé près du Pont-Neuf au 1er étage (1852) puis Maison Adé, près la Pharmacie Anglaise, quai Masséna, 3 (1856-1860). Le quai du Pont-Neuf prend la dénomination de quai Masséna vers 1853-1854.

- Maison Ferret, rue Longchamp Inférieur ou rue Chauvain/Chauvin (1861) ; Maison Ferret, rue Chauvain, avec la précision des numéros 3 (dès 1861), 8 et 10 (dès 1862) ; Maison Ferret, rue Chauvain, 8 et rue Gioffredo, 6 (dès 1865), avec parfois le n° 6 pour la rue Chauvain et le n° 4 pour la rue Gioffredo (1869). Les cartons-photos qui citent la rue Chauvain seule précisent le numéro 8 ou 10 (Image 1) mais ceux qui citent la rue Gioffredo seule ne précisent aucun numéro.

- L'adresse d'atelier du "quai Masséna, 3" perdure cependant dans les annuaires niçois de 1862 et 1863, ainsi qu'au revers de quelques-uns de ses cartons-photos datés à la main de "1863". Son enseigne apparaît d'ailleurs encore à cette adresse sur une vue de 1864. Le photographe a-t-il conservé pendant quelques années encore son atelier du quai Masséna ou s'agit-il seulement d'éléments erronés et ambigus ? 

Les listes électorales de la Ville de Nice apportent encore plus de doute et de confusion avec des informations qui semblent le plus souvent décalées dans le temps, Pierre Ferret y étant cité comme :

- "coiffeur au Jardin Public" en 1860, 1861, 1862 et 1863,

- "photographe quai Masséna, 3" en 1863 (correction de la liste) et 1864,

- "coiffeur quai Masséna, 3" en 1865,

- "coiffeur rue Chauvain" en 1866 et 1867,

- "parti de Nice" en 1868,

- "photographe rue Chauvain, 8" en 1869 et 1870,

- "photographe rue Gioffredo, 6" à partir de 1871.

Les différentes adresses citées semblent recouvrir quatre emplacements successifs situés sur la rive droite du Paillon. 

Les deux premières adresses, qui sont celles d'appartements en location réunissant atelier et domicile, sont situées à proximité l'une de l'autre au bord du Paillon, quai Masséna (actuelle avenue de Verdun), entre le Jardin public et la place Masséna (Images 2 et 4).

La Maison Spinelli accoste le bâtiment de l'Hôtel de France alors que la Maison Adé est située à sa droite, deux bâtiments plus loin, au-dessus de la Pharmacie anglaise. 

 

2 - FERRET Pierre (1815-1875), Nice, Quai Masséna, Le Paillon, recto, vers 1860/61,
tirage albuminé de 10,7x6,2 cm sur un carton de 11x6,2 cm, Collection personnelle.

Adresses occupées par le photographe Pierre Ferret :
A - Maison Spinelli, quai du Pont-Neuf/Masséna : première adresse de l'atelier et du domicile, c.1846/50-c.1856 ;
B - Maison Adé, quai Masséna : deuxième adresse de l'atelier et du domicile, c.1856-c.1860/61.
Sur la gauche de l'image, le quai Masséna dévoile l'alignement de ses six bâtiments. L'enseigne de l'Hôtel de France se remarque sur la deuxième maison mais l'hôtel occupe probablement plusieurs des bâtiments voisins et notamment la Maison Spinelli située plus à droite qui est la seule pourvue d'un niveau supplémentaire. 
Les boutiques, dont la Pharmacie Anglaise, semblent uniquement situées au rez-de-chaussée des trois dernières Maisons qui précèdent l'angle de la place Masséna et le Pont-Neuf, respectivement désignées sur les plans comme étant (de gauche à droite), la Maison Tiranty, la Maison Adé et la Maison Cauvin.



Les deux adresses suivantes sont celles de Maisons de la rue Chauvain dont Pierre Ferret est cette fois le propriétaire. J'ai longtemps considéré qu'il avait fait construire une première maison en 1860 puis une deuxième en 1864, passant de l'une à l'autre mais la découverte récente de plans du quartier (demandes d'autorisation de construction déposées avec plan à l'appui par d'autres propriétaires) m'a permis de comprendre qu'il avait fait édifier les deux maisons dès 1859-60, dissociant dès le départ atelier et domicile (Image 3).


3 - Plans de la rue Chauvain, respectivement datés d'avril et d'octobre 1861,
Nice, Archives Municipales, 2T8-66 et 2T9-319.

Adresses occupées par le photographe Pierre Ferret :
C - Maison Ferret, rue Chauvain 8-10 (puis 6-8) et rue Gioffredo, 6 (puis 4) : adresse de l'atelier, dès 1860/61 ;
D - Maison Ferret, rue Chauvain, 3 (puis 5) : adresse du domicile, dès 1860/61.



La première Maison Ferret, située du côté gauche et pair de la rue Chauvain, au-delà de l'intersection avec la rue Gioffredo, est édifiée en 1860 à l'angle des deux rues. C'est là qu'il installe son atelier dès la fin de l'année 1860 ou le début de l'année 1861, la Maison étant nommée sur un plan du quartier datant d'avril 1861 (Image 3)

A partir de 1862, l'adresse de l'atelier de la rue Chauvain est attestée par de nombreux documents aux numéros 8 et 10. En 1865, Pierre Ferret partage cet atelier pendant les cinq premiers mois de l'année avec son prestigieux associé belge d'une seule saison, Louis Joseph Ghémar, et la Maison est exceptionnellement nommée sur un plan général de la ville (Image 4). Dès cette même année, l'adresse affichée devient, suite au prolongement de la rue Gioffredo, le plus souvent "rue Chauvain, 8 et rue Gioffredo, 6", sauf sur les cartons-photos, "rue Gioffredo".  

La deuxième Maison Ferret est construite également en 1860 mais sur le côté droit et impair de la rue Chauvain, à l'est de la précédente, à une plus grande proximité du quai Saint-Jean-Baptiste et du Paillon. La Maison est d'ailleurs nommée sur un plan de quartier daté du 16 octobre 1861 (Image 3). Elle devient le domicile de Pierre Ferret et de sa famille dès la fin de l'année 1860 (locations attestées dès octobre 1860 ; recensement de 1861), avec une partie concédée à des copropriétaires (dont le peintre-photographe Henry Lejeune) et à des locataires (dont le photographe Charles Nègre)

L'ensemble des adresses est localisable sur un plan général de la Ville de Nice daté de 1865 (Image 4).


4 - Plan Indicateur de la Ville de Nice, 1865, détail,
 Georges Erhard Schieble, graveur (1821-1880), Charles Jougla (1834-1909), éditeur,
Paris, BnF (Gallica).

Adresses successives occupées par le photographe Pierre Ferret entre 1860 et 1870 :
A - Maison Spinelli, quai Masséna : adresse de l'atelier et du domicile ;
B - Maison Adé, quai Masséna : adresse de l'atelier et du domicile ;
C - Maison Ferret, rue Chauvain : adresse de l'atelier précédé d'un jardin ;
D - Maison Ferret, angle de la rue Chauvain et de la rue Gioffredo : adresse du domicile.


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