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jeudi 5 mars 2020

1101-AIMÉE (1829-apr.1889) ET ALPHONSE BOUSSETON (1823-1880), PHOTOGRAPHES




- Annuaire niçois de 1884, Début de la liste professionnelle des photographes, p 182,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.





- Aimée Eugénie BOUSSETON née BOUZIQUE (1829-?) et Joseph Alphonse BOUSSETON (1823-1880)

BOURGES 

Aimée Eugénie Bouzique est née le 23 septembre 1829 à Bourges (Cher), rue Saint-Médard. Elle est la fille de Paul Gatien Bouzique, agent de police (1799-1855) et de Françoise Alexandrine Bourriot (ou Bouriot, 1799-1869) qui auront 4 enfants dont Lucie (née en 1827), Joseph Isidor (né en 1832) et Marie Clara (née en 1834).

ISSOUDUN

Aimée Eugénie Bouzique, sans profession, âgée de 15 ans, épouse à Issoudun (Indre), le 24 mars 1845, Joseph Alphonse Bousseton, "professeur de Dessin, âgé de 21 ans, né le 5 octobre 1823 à Châteauroux (Indre, rue Descente de la ville) et domicilié depuis plus de 6 mois à Issoudun". Il est le fils de François Bousseton (1787-?), menuisier ébéniste et de Cécile Jusseaume (ou Jussiaume) (vers 1786-1857) qui se sont mariés en 1807.

Aimée Bousseton accouche d'un premier enfant, Alphonse, le 20 avril 1846. Son époux est dit à cette occasion, "professeur de Dessin, âgé de 22 ans, domicilié avec son épouse, cul-de-sac Saint-Cyr".

L'année suivante, Aimée accouche de Cécile, le 28 août 1847. Son époux est dit alors, "professeur de Dessin, grande rue". Malheureusement, leur fille Cécile décède deux jours après, le 29 août 1847.

CHÂTEAUROUX

En 1847 ou 1848, la famille quitte Issoudun pour Châteauroux (Indre).

Aimée y accouche d'Emma Berthe Véronique le 12 octobre 1848. Alphonse Bousseton est dit à cette occasion, "artiste peintre, âgé de 25 ans, domicilié rue Grande".
Alphonse Bousseton est alors professeur de dessin au Collège de Châteauroux comme le révèle la présence de deux de ses témoins de mariage travaillant dans ce Collège. 

Alphonse Bousseton initie son épouse à la peinture puis à la photographie.

NANTES

En 1849, la famille quitte Châteauroux pour Nantes (Loire-Atlantique). 

Aimée y accouche de Jules Louis le 2 février 1850. Son époux est dit alors "peintre, âgé de 26 ans, demeurant place Brancas à Nantes".
L'un des témoins de naissance est Barthélémy Jules Bousseton, âgé de 38 ans (né le 30 septembre 1811 à Châteauroux). Il s'agit du frère d'Alphonse, ce qui peut peut-être expliquer la venue de la famille à Nantes. 

Alphonse Bousseton continue à peindre (huiles) et dessiner (pastels). 
Il expose notamment à Paris au Salon de 1850 (Palais National, de décembre 1850 à mars 1851). Son adresse nantaise est désormais située au 14, rue Boileau.

Il signe des portraits (Bélisaire Ledain, pastel signé de 1852 - ici). Il fait des dons au musée d'Archéologie de Nantes et est répertorié de ce fait en tant que "peintre" en 1853 et en tant que "peintre-photographe" en 1859.

Alphonse Bousseton ouvre un atelier de photographie vers 1852 (entre 1852 et 1854).

Il affichera plus tard, au dos de ses cartons-photos des médailles d'argent obtenues en 1853 ainsi qu'à l'Exposition Universelle de 1855 à Paris. Le catalogue de l'Exposition de 1855 révèle l'exposant, "Bousseton (Alph.), à Nantes (Loire-Inférieure). - Épreuves de photographie", qui a obtenu une "Mention honorable" pour des portraits. 

En février 1856 (p 3), Le Phare de la Loire, signale que "notre excellent photographe, M. Bousseton, dont les portraits sont, à juste titre, si estimés à Nantes, vient de se rendre à Saumur, sur les demandes de plusieurs familles". L'Echo Saumurois du 13 mars 1856 (p 3) rend d'ailleurs compte de son activité.
Le 5 mai 1856, Le Phare de la Loire signale le retour de M. Bousseton à Nantes, depuis quelques jours (p 3) et publie une petite annonce de sa part (p 5), révélant l'adresse de son atelier au 40, rue Contrescape (voir ci-dessous).



- Publicité pour l'atelier de M. Bousseton parue dans Le Phare de la Loire du 23 mai 1856 p 3.



En juillet 1858, L'Illustration (vol. 31-32) publie un dessin d'après une photographie d'Alphonse Bousseton, L'Arrivée le 9 juillet 1858 du Regina-Coeli dans le port de Saint-Nazaire. Le photographe nantais fournit également en octobre 1858, au Monde Illustré, une photographie de L'Inauguration de la statue du Roi légendaire Grallon érigée sur la cathédrale de Quimper.


En 1858 ou 1859, Alphonse Bousseton quitte cependant Nantes pour Rennes mais il semble conserver son atelier nantais. C'est son élève, Constant Peigné (1834-1916), qui tiendra l'atelier du 40, rue Contrescape avant d'en prendre la succession (vers 1861 ?) et de s'en revendiquer ensuite au dos de ses cartons-photos : "Photographie - Constant Peigné - Breveté S.G.D.G. - Élève de Mr-Bousseton - Peintre Photographe, - de S.M. la Reine d'Espagne, - de la Maison de l'Empereur, etca. - 40, rue Contrescarpe, 40. - (Près la Place Bretagne.) - Nantes." (un carton daté de 1864).

RENNES

A Rennes, Alphonse Bousseton s'associe avec le peintre-photographe Auguste Colas dit Baudelaire (vers 1830-1880) au 6 bis, rue de Belair.

Il réalise avec lui des vues de Bretagne et notamment de Fougères en 1859 (voir ici et sur le site des Musées de Bretagne ici)

A l'Exposition régionale de Rennes de 1859, les deux peintres-photographes présentent "des photographies dont quelques-unes retouchées à l'huile (...), des vues prises dans le département, des photographies d'animaux d'après nature, des reproductions d'après des sculptures de M. Barré, la reproduction d'une peinture à l'huile, des portraits, etc." (Catalogue de la deuxième exposition régionale de Rennes, 1859 pp 54-55, voir sur Gallica).

Aphonse Bousseton signe en 1859 le Portrait d'une dame assise en bleu (pastel conservé au Musée des Beaux-Arts de Bordeaux).

PARIS

A la même époque, Alphonse Bousseton et sa famille sont également présents à Paris. 

Il s'associe tout d'abord en 1858 ou 1859 avec Louis Aimé Emile Pigelet dit Defonds (1822-1879) (Annuaire-almanach de Paris, 1861), comme lui natif de Châteauroux, pour un atelier situé au 21, rue Louis-le-Grand (au 1er étage - 2ème arrondissement) :  "E.Defonds-Bousseton & Cie - Peintres-Photographes".

Le Siècle du 2 juillet 1860 (p 3) vante les épreuves photographiques "colossales qui conservent la pureté du modelé et la fermeté des lignes des sujets de proportions réduites. Deux peintres photographes qui ont obtenu les honneurs de l'exposition des beaux-arts, MM. Defonds, Bousseton & Cie viennent de terminer les portraits de la reine Christine, de M. de Morny, de M. Agaudo etc., où l'on retrouve le goût de l'artiste uni à l'habileté du photographe. M. Defonds obtient des épreuves de grandeur naturelle merveilleusement réussies".

Alphonse Bousseton est notamment le témoin de naissance de la fille d'Emile Defonds, le 22 avril 1861.



- DEFONDS Emile (1822-1879) & BOUSSETON Alphonse (1823-1880), revers de carton-photo, Paris, vers 1860.





Alphonse Bousseton s'associe cependant dès 1861, à la même adresse, avec le peintre-photographe Ernest Appert (1831-1890) (annuaire-almanach de 1862) et son frère Eugène (1830-1905), également natifs de Châteauroux et préalablement élèves de Defonds et peut-être de Bousseton : "Maison E.Defonds (puis Ancienne Maison E.Defonds) - Bousseton & Appert - Peintres Photographes - De S.M. La Reine d'Espagne - De la Maison de l'Empereur - De S.A.I. Le Grand Duc Constantin".

Les associés fournissent notamment, entre 1861 et 1864, quatre portraits de personnalités au Monde Illustré (Adam Czartoryszki en août 1861, Jean-Baptiste Leclere en novembre 1861, Pierre-Jules Baroche en mars 1862 et la reine-mère d'Espagne, S.M. Marie-Christine de Bourbon en octobre 1864).

La Célébrité du 16 janvier 1863 (p 11), parlant des photographies coloriées à l'aquarelle ou à l'huile, vante "Bousseton et Appert dont les photographies simples sont aussi belles que les photographies pastels".

En 1863, une notice est consacrée à Alphonse Bousseton et à son épouse dans un Compte-rendu des travaux de la Société du Berry à Paris 1862-1863 (voir ci-dessous).


- Notice sur les Époux Bousseton publiée dans
le Compte-rendu des travaux de la Société du Berry à Paris, 1862-1863, 1863 p 303. 



Aimée Bousseton a donc continué ses études de peinture et de dessin à Paris avec le peintre Gustave Dauphin et exposé au Salon de 1859 (elle a alors 30 ans). Elle est d'ailleurs citée dans un précédent Compte-rendu de 1858-1859 (p 349) de la même société, lors de cette exposition de 1859 et dans l'Explication des ouvrages...exposés au Palais des Champs-Elysées le 15 avril 1859 (p 51), comme domiciliée à Paris, "rue Neuve-Fontaine-Saint-Georges, 6".
Comme le peintre Gustave Dauphin est mort à Paris en mai 1859, cela implique que la famille Bousseton ou tout du moins Aimée Bousseton se soit installée à Paris au plus tard en 1858. 

Il est possible également qu'Alphonse Bousseton alterne, à l'extrême fin des années 1850, des séjours entre Nantes (jusqu'en 1861 ?), Rennes (jusqu'en 1861 ?) et Paris (où il a peut-être déjà une résidence familiale), avant de s'installer définitivement dans la capitale.

Sa collaboration avec Emile Defonds est d'ailleurs antérieure à la fin des années 1850. Le Bulletin des Lois de la République du deuxième semestre 1857 (1858 p 62) nous apprend que les deux photographes, à Paris, rue de la Paix, n° 7, ont déposé le 9 août 1855 au secrétariat de la Préfecture de la Seine, un brevet de 15 ans pour des procédés de satinage photographique.

Le photographe Emile Defonds ayant fait faillite au début de l'année 1858, au 32, rue Louis-le-Grand (voir ici), il est probable que ce soit dans les mois suivants qu'Alphonse Bousseton se soit associé avec lui pour former une société et fonder un nouvel atelier au n° 21, comme l'explique cette notice de 1863.

Les photographes Bousseton et Appert participent à l'Exposition Universelle de Londres de 1862. Ils font partie des photographes les plus célèbres cités par L'Artiste en 1864 (p 47).

Le Moniteur Universel du 3 décembre 1865 (p 7) publie cependant un jugement du Tribunal de la Seine en date du 25 novembre 1865 qui dissout la société existante pour l'établissement de photographie situé à Paris, rue Louis-le-Grand, n. 21, appartenant à M. Bousseton, sous la raison Bousseton et Appert : M. Joseph-Alphonse Bousseton, peintre photographe, demeurant à Paris, rue Say, n.11, et M. Ernest Appert, peintre photographe, demeurant à Paris, rue Rochechouart, n. 42.

Les deux photographes reforment cependant une nouvelle société en nom collectif à la même adresse dès le trente janvier 1866 (Le Moniteur Universel du 3 février 1866 p 4).

Ils participent à l'Exposition Universelle de 1867 à Paris ("Épreuves photographiques, portraits").

Début 1868 cependant, Alphonse Bousseton s'installe désormais seul au 50, rue Saint-Lazare (au 1er étage - Paris, 14ème arrondissement). Le Siècle du 26 mai 1868 (p 4) publie un avis expliquant que c'est pour cause d'expropriation que "M. Bousséton" a transféré ces ateliers dans ce lieu. Alphonse Bousseton va conserver l'adresse de cet atelier environ 12 ans (vers 1868-1880).

La Presse du 14 juillet (p 4) et du 3 octobre 1869 (p 4) publie la petite annonce suivante, "Couleur Naturelle Inaltérable - Bousseton, - Photographie 50, rue Saint-Lazare - Miniature, broche, écrin, médaillon".

En 1875, leur fille Emma Berthe Véronique Bousseton, mariée à l'allemand Charles Frédéric Bodenstein (vers 1870) et mère d'une enfant (née en 1871), décède malheureusement à Berlin à l'âge de 27 ans.

En 1875, un article concernant la mort étrange du chien du photographe nous révèle que son adresse résidentielle est désormais au 9, rue de la Gare (Le Figaro du 9 septembre 1875 p 3), s'il s'agit bien de la même personne.

Alphonse Bousseton affiche au verso de ses cartons-photos la mention, "Peintre & Photographe de la Magistrature" (déjà affichée avec Appert) et ses médailles d'argent de 1853 et 1855 mais également celles de 1859, 1860 (déjà affichées avec Appert) et de 1861
Il continue à peindre (notamment, Amazone au repos, non daté, cité dans une vente de 1883 sur Gallica).

ALEXANDRIE

Il semble que son épouse, Aimée Bousseton, soit devenue une femme peintre et photographe volant de ses propres ailes dans les années 1870, une fois ses enfants devenus grands car elle est signalée "âgée de (près de) 51 ans, photographe, demeurant à Alexandrie (Egypte)", lors du décès de son époux, le 4 septembre 1880, à Paris au 50, rue Saint-Lazare, à l'âge de 56 ans. 

En fait, Alphonse Bousseton est décédé à l'asile Sainte-Anne au 2, rue Cabanis. Lors de l'inventaire de son appartement, entre septembre et novembre 1880, c'est Ernest Appert qui dresse le détail des clichés réalisés par le défunt (voir ici). L'Aide-Mémoire publié par la Société photographique de Toulouse cite "Bousseton" à Paris de 1876 à 1896.

Même si je n'ai pas trouvé trace d'un atelier de photographie tenu par Aimée Bousseton à Alexandrie, ce dernier reste très probable.

NICE

Revenue en France suite au décès de son époux, Aimée Bousseton va ouvrir un atelier de photographie à Nice, en 1881. Ce dernier apparaît dès l'annuaire de 1883 (annuaires niçois de 1880 à 1882 absents) dans la liste professionnelle des photographes, "Bousseton, Aimé (sic), r. Chauvain, 7".

Côté résidence, la photographe n'est citée dans les listes alphabétiques des habitants qu'en 1885 : "Bousseton aîné (sic), phot., r. Chauvain, 5", 1886 : "Bousseton, Aimée, (Mme), avenue de la Gare, 10" (non citée dans le recensement de 1886) et 1887 : "Bousseton, A. (Vve), r. Assalit, maison Beluardi".

Son atelier niçois du 7, rue Chauvain est cité pour la dernière fois dans l'annuaire de 1889, après 8 ans d'existence. Aimée Bousseton a 60 ans cette année-là. 

Je n'ai, à ce jour, pas connaissance de cartons-photos niçois portant le nom d'Aimée Bousseton.

J'ignore la suite de sa vie et sa date de décès.