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jeudi 26 janvier 2023

1288-ALPES-MARITIMES ET MONACO AU XIX° S.-ALBUMS DE LA B.N.F.-1

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- Nice, Quai Saint-Jean-Baptiste, vers 1879 (?),
image extraite de l'album, Italie du Nord, Autriche, France (1872-1890),
 vue 61, Paris, BnF [voir l'album complet sur Gallica].



LES ALBUMS DE LA BNF


La Bibliothèque nationale de France (BnF, Paris) conserve près de 40 albums de photographies (site Gallica) contenant des vues des villes et paysages des Alpes-Maritimes au XIX° siècle.

Les albums sont entièrement ou partiellement consacrés à des vues des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco et peuvent réunir les clichés d'un ou de plusieurs photographes sur une ou plusieurs décennies. Les vues des années 1860 sont les moins nombreuses contrairement à celles des années 1890. 

Douze albums présentent des vues des décennies 1860 et 1870 :

- Recueil - Œuvre de M. Aléo et A. Davanne - Photos-cartes de visite : 14 vues dont Nice (1), Monaco (2), Menton (8), Bordighera (1), autres (2) [voir l'album complet sur Gallica]

- Cannes - J. Contini, Peintre, photographe : 12 vues de Cannes [voir l'album complet sur Gallica]

- Alpes-Maritimes - Photographies : 36 vues dont Cannes (1), Antibes (2), Nice (10), Villefranche (3), vallées (20) [voir l'album complet sur Gallica]

- Nice et ses environs - Degand, Eugène : 25 vues dont Cannes (2), Nice (11), Saint-André (1), Villefranche (1), Beaulieu (1), Monaco (4), Menton (1), Vintimille (1), Bordighera (1), San Remo (1), Port-Maurice/Imperia (1) [voir l'album complet sur Gallica]

- Souvenir des Alpes-Maritimes : Nice, Monaco, Menton, Cannes - 24 vues dont Cannes (5), Nice (4), Villefranche (1), Eze (1), Monaco (7), Menton (2), Roquebrune (1), Vintimille (1), Bordighera (1), San Remo (1) [voir l'album complet sur Gallica]

- Recueil - Voyages en France et en Europe : étudié dans cet article [voir l'album complet sur Gallica]

Souvenir de Voyage. Cannes, Nice, Menton - 1876 - Jean Walburg de Bray : 31 vues dont Cannes (8), Antibes (2), Nice (8), Villefranche (2), Saint-Jean (1), Eze (1), Monaco (6), Menton (3) [voir l'album complet sur Gallica]

- Recueil - Album religieux - Cannes - 1876 - Achille Boutet : 8 vues de Cannes accompagnées de textes [voir l'album complet sur Gallica]

- Paysages de la Côte d'Azur - Jean Gilletta : 4 vues dont Mandelieu (1), Nice (1), Beaulieu (1), Eze [voir l'album complet sur Gallica]

- Vues de la Côte d'Azur... : 42 vues dont Nice (5), Villefranche (1), Monaco (6), autres (30) [voir l'album complet sur Gallica]

- Italie du Nord, Autriche, Franceétudié dans cet article [voir l'album complet sur Gallica]

Distribution des eaux dans la Ville de Nice - Travaux de captage et d’adduction des sources de Peillon à Nice - 1866-1869 : 44 vues dont Nice (2) et vallées (42) [voir l'album complet sur Gallica].


2- La Condamine et Monte-Carlo, vers 1879,
image extraite de l'album, Italie du Nord, Autriche, France (1872-1890), 
vue 58, Paris, BnF [voir l'album complet sur Gallica]. 



ALBUM ITALIE DU NORD, AUTRICHE, FRANCE (1872-1890) [Voir l'album complet sur Gallica]


Présentation

Il s'agit d'étudier la partie régionale du recueil intitulé, Italie du Nord, Autriche, France (1872-1890), comprenant 217 vues réparties sur 64 pages et accompagnées d'un titre manuscrit.

L'essentiel des vues concerne l'Italie (53 pages avec Bologne, Ravenne, Ferrare, Modène, Venise, Padoue, Vérone, Milan, Turin et Gênes), une seule image évoque l'Autriche (Vienne, dessin de la Vue générale et l'Exposition de 1873) et quelques-unes la France, avec 10 pages dont 4 consacrées à Toulon, Marseille et Bordeaux et 6 pages consacrées à Nice, Monaco et leurs environs.

Les 6 pages de cet album (vues 58-62 et 68) offrent un total de 44 vues avec d'ouest en est, Nice (21 vues), Villefranche (3 vues), le monastère Notre-Dame de Laghet(to) (2 vues), Eze (2 vues), Monaco (15 vues) et Roquebrune (1 vue).


3- Monaco, Vue générale de la Principauté, fin 1873-début 1874,
image extraite de l'album, Italie du Nord, Autriche, France (1872-1890),
 vue 58, Paris, BnF [voir l'album complet sur Gallica].

Image à comparer avec l'Image 11.



Identification et datation

Ces 44 vues sont pour la plupart (toutes ?) des photographies de Jean Walburg de Bray (1839-1901) et datent des années 1870, aucune des vues n'apparaissant postérieure à 1880. 

Quelques vues sont difficiles à dater plus précisément, comme celles du Palais de Monaco, des Jardins du Casino de Monte-Carlo ou les vues générales d'Eze mais d'autres impliquent une datation vers 1872-1875, comme :

Vue générale de la Principauté (vue 58)avec la nouvelle gare de Monaco aménagée entre l'été 1872 et le printemps 1874 (Images 3 et 4),


4- Monaco, Vue générale de la Principauté (détail de l'Image 3), fin 1873-début 1874,
image extraite de l'album, Italie du Nord, Autriche, France (1872-1890), vue 58, Paris, BnF [voir l'album complet sur Gallica].


- Nice. L'Entrée du Port (vue 59), avec l'allongement du môle extérieur exécuté entre 1870 et 1872 mais pas encore le nouveau restaurant de la Réserve du quartier du Lazaret bâti en 1876,

- Nice, Les Quais et le Paillon (vue 60), avec le Square Masséna terminé en 1869 mais pas encore la nouvelle façade du Lycée Masséna érigée l'été 1875,

- Nice, Boulevard Carabacel (vue 60) et Quai St-Jean-Baptiste (vue 62), qui ne montrent pas encore le grand bâtiment du Couvent des Ursulines qui sera commencé en 1875, au sommet de la colline.


5- Monaco, Les Bains de Mer, vers ou après 1873, 
image extraite de l'album, Italie du Nord, Autriche, France (1872-1890), vue 58,
Paris, BnF [voir l'album complet sur  Gallica].


Quelques vues de Nice et Monaco impliquent cependant la seconde moitié de la décennie, comme :

- Monaco, Les Bains de Mer (fol. 58) qui montre le deuxième gazomètre du port installé entre juillet 1872 et février 1873, une végétation développée le long du parapet du chemin de la Quarantaine (vers 1875-1878) mais pas encore le troisième gazomètre qui sera installé entre l'été 1879 et l'automne 1880 (Images 5 et 6),


6- Monaco, Les Bains de Mer (détail de l'Image 5), vers ou après 1873, 
image extraite de l'album, Italie du Nord, Autriche, France (1872-1890), vue 58, 
Paris, BnF [voir l'album complet sur Gallica].



Monte-Carlo, Façade du Casino (vue 58) et le Théâtre et le Tir aux Pigeons (vue 68), avec la nouvelle façade du Casino réalisée fin 1878,

- Nice, Restaurant de la Réserve (vue 61) qui montre le nouveau restaurant érigé au second semestre 1876, 

- Nice, Le Quai du Midi (vue. 61), avec les arbres plantés dans la seconde moitié des années 1870.

Ces photographies n'ont pu être réunies dans un album avant 1879-1880.



RECUEIL VOYAGES EN FRANCE ET EN EUROPE (1875-1885) [Voir l'album complet sur Gallica]


Présentation

Le recueil intitulé, Voyages en France et en Europe, comprend 240 vues accompagnées de légendes manuscrites réparties sur 140 pages.

Les vues concernent les Pays-Bas, la Belgique, l'Allemagne, la Suisse, la France et l'Espagne.

10 pages de cet album (vues 36-53 ou fol. 16v-25r) sont consacrées au département des Alpes-Maritimes et à la Principauté de Monaco. Elles offrent un total de 41 vues avec d'ouest en est, Cannes (4), Nice (14), Saint-André (1), Villefranche (4), Monaco (15) et Menton (3).


7- Nice, le Paillon, vers 1872-1874,
image extraite du recueil, Voyages en France et en Europe,
 vue 47, fol. 22r, Paris, BnF [Voir l'album complet sur Gallica].

Image à comparer avec l'Image 8.



Identification et datation

Ces vues sont en partie des photographies d'Eugène Degand (1829-1911) et en partie de Jean Walburg de Bray (1839-1901). Elles datent des années 1870, aucune des vues n'apparaissant postérieure à 1880.

Certaines vues (Palais de Monaco, Jardins du Casino de Monte-Carlo, Vues générales, paysages) sont difficiles à dater avec plus de précision mais d'autres impliquent une datation vers 1872-1875 mais également vers 1877-1879. 

Ces photographies n'ont pu être réunies avant 1879-1880, comme celles de l'album précédent.


8- Nice. Le Paillon et les Quais, vers 1877-1880,
image extraite du recueil, Voyages en France et en Europe
vue 51, fol. 24r, Paris, BnF [Voir l'album complet sur Gallica].

Image à comparer avec l'Image 7.


D'une page à l'autre, et parfois même sur une même page, se côtoient des images des deux périodes. Ainsi :

Monaco. Monte-Carlo et la Condamine (vue 41, fol. 19r), montre encore l'ancienne façade du Casino mais déjà le Tir aux Pigeons (1871), alors que la vue juste au-dessus, Monaco. Vue Générale de la principauté (vue 41, fol. 19r), présente pour sa part les tours de la nouvelle façade du Casino de Monte-Carlo (achevées en décembre 1878-janvier 1879),

Nice. Le paillon (vue 47, fol. 22r) peut être datée vers 1872-1875 (voire de 1872-73) du fait de la végétation très développée du Pont-Square Masséna (plantée en 1869) et de la façade encore symétrique du Grand-Hôtel du quai Saint-Jean-Baptiste (qui va être transformée vers 1876-1877) et de l'absence, au sommet de la colline de Carabacel, du futur bâtiment du Couvent des Ursulines (érigé dès 1875) (Images 7 et 9),


9- Nice. Le Paillon (détail de l'Image 7), vers 1872-1875,
image extraite du recueil, Voyages en France et en Europe,
 vue 47, fol. 22r, Paris, BnF [Voir l'album complet sur Gallica].

Image à comparer avec l'Image 10 
(Couvent des Ursulines en haut et à gauche de l'image ; Grand-Hôtel à droite de l'image).


Nice. Le paillon et les quais (vue 51, fol. 24r) peut être datée vers 1877-1880 du fait de la façade en escalier du Grand-Hôtel (dès 1876-1877, avant son égalisation vers 1880) et de la présence du nouveau bâtiment du Couvent des Ursulines à Carabacel (érigé de 1875 à 1878) dont le gros œuvre semble terminé (dès 1876-1877) (Images 8 et 10),   


10- Nice. Le Paillon et les Quais (détail de l'Image 8), vers 1877-1880,
image extraite du recueil, Voyages en France et en Europe
vue 51, fol. 24r, Paris, BnF [Voir l'album complet sur Gallica].

Image à comparer avec l'Image 9
(Couvent des Ursulines en haut et à gauche de l'image ; Grand-Hôtel à droite de l'image).

                                      

- Cannes. Le port (vue 51, fol. 24r) peut être datée vers 1872-1874 avec les Allées encore dépourvues de la future Mairie (érigée entre l'été 1874 et l'été 1876), alors que, Cannes. Le quai (vue 49, 23r), montre au loin cette Mairie terminée et au tout premier plan, les blocs de pierre destinées à la construction de la Villa Marie-Rose (famille Serraillier) (1878-1879).

Du fait que l'on retrouve des vues identiques sur des cartons-photos identifiés par les tampons de leurs auteurs, il est possible d'attribuer certaines photographies de cet album :

- à Eugène Degand comme, Nice. Eucalyptus du quai Masséna, Nice. Les oliviers à Villefranche, Monte-Carlo. Les jardins du Casino (avec autoportrait) (vue 37, fol. 17r), Nice. Le port (vue 49, fol. 23r) ou encore Cannes. Le port (avec autoportrait), Nice. Le pont et la promenade des Anglais et Le château de St-André (vue 51, fol. 24r),

- et d'autres à Jean Walburg de Bray comme, Monte-Carlo. Les terrasses du Casino (vue 43, fol. 20r) ou Cannes. Le quai (vue 49, fol. 23r).

Les autres photographies peuvent avoir été prises aussi bien par l'un que par l'autre, les deux photographes ayant effectué de nombreuses prises de vues des mêmes lieux à plusieurs reprises et, parfois même, ensemble.

Certaines photographies sont d'ailleurs très proches de celles de l'album précédent (Italie du Nord, Autiche, France) du fait de la multiplication des clichés à plusieurs mois ou années d'intervalle à partir du même point de vue, comme celles montrant la façade du Château de Monaco, le quai Saint-Jean-Baptiste ou le Restaurant de la Réserve à Nice, sans pour autant être identiques cependant.  


11- Monaco, Vue générale de la Principauté, vers 1879,
image extraite du recueil, Voyages en France et en Europe
vue 41, fol. 19r, Paris, BnF [Voir l'album complet sur Gallica].

Image à comparer avec l'Image 3.



REMARQUES


Les personnes qui ont constitué ces deux albums semblent avoir voyagé dans les pays et les lieux représentés. 

Elles ont acheté ces photographies des Alpes-Maritimes comme souvenirs dans un magasin qui pouvait être celui du photographe (de Bray et Degand à Nice) ou celui d'un revendeur à Nice ou ailleurs (Lucchesi, libraire, opticien, bazar).

On ne peut pas être certain que ces personnes ont visité chacun des lieux photographiés ni même que l'ordre de l'album reflète la chronologie du voyage. 

Elles ont choisi une quarantaine de vues non collées et non identifiées, prises sur une décennie entière, certaines d'entre elles ne correspondant plus à la réalité (datant de plusieurs années auparavant), sans que cela ne semble les déranger. 

Cet achat a été effectué vers 1880 au plus tôt, pour la partie correspondant uniquement aux Alpes-Maritimes. Il faut préciser, de plus, qu'Eugène Degand a régulièrement réédité des tirages de vues anciennes. Quant à Jean Walburg de Bray, il a vendu son fonds niçois vers 1880 mais ses acheteurs (Jean Gil(l)etta, Achille Courret) ont continué à diffuser ses vues anciennes dans la décennie suivante. 


VOIR LA SUITE DE CET ARTICLE



vendredi 20 janvier 2023

1287-NICE, LE FONDS DES PHOTOGRAPHES THIEL-MESSY-LAUGIER


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- Détail de la vitrine (portraits, figurines photographiques découpées) du photographe
 Charles Laugier (1897-1960), Nice, 8, avenue Félix-Faure, années 1930.



INTRODUCTION


Cet article vient compléter et préciser la biographie des trois familles de photographes Thiel, Messy et Laugier ayant exercé à Nice et sur la Côte d'Azur (ici). 

Ces familles, unies par les liens du mariage, peuvent être un peu mieux connues grâce à certains documents d'archives familiales que Monsieur Jean-Paul Laugier a eu la gentillesse de révéler.



FAMILLE THIEL


Frédéric Thiel (né vers 1828, en Roumanie ?) et son épouse Anne Marie Laubach (née vers 1838 à Odessa, Russie) se marient en Roumanie dans les années 1850. 

Ils vivent à Galatz (Roumanie) où ils vont avoir cinq enfants, Frédéric (vers 1859-60), Guillaume Victor (le 9 janvier 1862), Alexandre (en 1864), Edwige Sophie (le 5 mai 1866) et Ida Hélène (le 18 août 1868). 

La famille semble s'installer à Bucarest (Roumanie) dans les années 1870.

Deux des fils, Victor et Alexandre Thiel "de Bucarest", font une partie de leurs études à l'Institut Royal des Beaux-Arts de Florence (Italie), sans qu'il soit possible d'affirmer la présence de l'ensemble de la famille dans cette ville. 

Certains des certificats attestant des années effectuées et des médailles obtenues lors des concours trimestriels par les deux frères, sont conservés et prouvent leur inscription dans cet Institut au plus tard en 1878, alors que Victor a 16 ans et Alexandre 14 ans.


- Certificat obtenu par "Alessandro Tiell (sic) di Bucareste" à l'Istituto Delli Belle Arti in Firenze
au titre de l'année 1878-1879 (médaille d'argent au cours de Dessin ornemental).

- Portrait d'homme âgé, dessin (non signé) d'Alexandre ou Victor Thiel, daté de Florence, 1880.


Victor semble quitter Florence dès l'été 1880 ou 1881, probablement pour rejoindre ou accompagner sa famille à Nice. Il effectue une ou deux années d'études complémentaires à la toute nouvelle Ecole Nationale d'Art Décoratif de Nice. En 1883, c'est Alexandre qui, à son tour, quitte Florence et vient effectuer une dernière année d'étude à l'Ecole d'Art Décoratif de Nice.


- Certificat obtenu par Victor Thiel à l'Ecole d'Art Décoratif de Nice au titre de l'année 1881-1882               (médaille de bronze au deuxième concours trimestriel du cours de Dessin d'après l'antique).


- Nu allongé, dessin signé d'Alexandre Thiel, non daté.

- Portrait de jeune homme, peinture d'Alexandre ou Victor Thiel, ni signée ni datée.


-  Portrait d'homme âgé, peinture d'Alexandre ou Victor Thiel, ni signée ni datée.


Les deux frères exposent des photographies à l'Exposition Internationale de Nice de 1884  puis des fusains au Salon de Nice du printemps 1885 et à l'Exposition des Beaux-Arts de Nice de fin 1886-début 1887. 

En décembre 1887 ou janvier 1888, Victor et Alexandre s'associent avec leur frère aîné Frédéric pour ouvrir l'atelier de photographie "Thiel Frères" à Nice, au 8, quai Saint-Jean-Baptiste. A partir de la fin de l'année 1889, l'atelier adopte le n° 42.

Les Frères Thiel exposent notamment leurs photographies au Salon de Nice du printemps 1889 puis à l'Exposition Internationale de Nice de 1894 où ils obtiennent le "Grand Prix". Leurs parents sont malheureusement tous les deux décédés en 1892, leur père à Bucarest et leur mère, à Nice.

Leur sœur Hedwige Sophie Thiel (Galatz 1866-Nice 1949) épouse à Nice le photographe espagnol Pierre Sauveur Frédéric Mestres (Papiol 1858-La Rochelle 1917). Le couple s'installe à Cannes puis ouvre en 1904 un atelier à La Rochelle (Charente-Maritime) jusqu'en 1919.



FAMILLE THIEL-MESSY


Victor Thiel, 33 ans, "photographe", se marie le 11 juillet 1895, avec Anne/Anna Marie Petrolline Messy, 37 ans, "photographe".

Anne Marie Messy est née à Nice en 1857. Elle est la fille du photographe Emile Messy, récemment décédé (1835-1890) qui a tenu des ateliers à Nice et Cannes. Elle est également la sœur des photographes, Joseph Antoine Edouard Messy (Nice 1855-Nice 1910) qui possède un atelier à Nice de 1882 à 1908 et un autre à Cauterets (Hautes-Pyrénées) de 1884 à 1908, Joseph Albert Messy qui tiendra un atelier à Saint-Quentin (Aisne) de 1897 à 1911, à Cannes de 1903 à 1906 puis à Paris de 1920 à 1926 et André Messy qui possédera un atelier à Amiens de 1901 à 1923 (Somme).

Victor et Anne Marie Thiel auront deux enfants, Paul Pierre Frédéric René (né en 1897) qui décède malheureusement la même année, âgé de six mois, puis Marie Louise (née en 1902).

Il semble que fin 1898, les trois frères Thiel, Frédéric, Victor et Alexandre, cessent leur association et que seuls Victor et son épouse prennent la suite de l'atelier dont l'adresse devient, l'année suivante, 8, avenue Félix-Faure (nouvelle dénomination de la rue) et qui perdure jusqu'aux années 1920. 


- Carte postale des Editions M.T.I.L., 561, L'Avenue Félix Faure, écrite et postée le 7 février 1906,
 avec l'atelier "Thiel Photographe", visible sur la gauche de l'image, au numéro 8. 


- Portraits d'Anne-Marie (née Messy) et de son mari Victor Thiel, vers 1920.


Anne Marie Messy, épouse Thiel, décède malheureusement en 1922 mais Victor Thiel semble conserver l'atelier, avec l'aide de sa fille Marie Louise, jusqu'à la fin des années 1920. 

Marie Louise Thiel, âgée de 20 ans, photographe, se marie en 1923 avec Joseph Lazare Félix Ricci, employé de commerce (né en 1894). 

Ils ont un enfant, Joseph Ricci, qui décède malheureusement à Nice, âgé de quelques mois, le 8 février 1924.



FAMILLE THIEL-LAUGIER


En 1929, Marie Louise se remarie avec Charles Auguste Laugier (né à Monaco le 1er mars 1897) qui a exercé comme photographe à Nice dès 1919 et a peut-être été employé dans l'atelier Thiel ou a possédé un atelier à Saint-Raphaël (Var), route de Fréjus dans les années 1920 (?). 

Deux de ses frères travaillent également dans le domaine de la photographie : Frédéric Marcel Laugier (né à Monaco le 19 décembre 1895) est responsable à Nice d'un Etablissement d'éditions phototypiques (fondé en 1904) où il va signer les célèbres cartes postales "F.L." de la Côte d'Azur, des années 1920 (1922) aux années 1960 ; Marcel Joseph Laugier (né à Saint-Raphaël le 7 novembre 1907-Grasse 12 juillet 1984) est reporter-photographe sportif pour les journaux niçois dès les années 1930. 


- Carte postale publicitaire pour l'Etablissement Phototypique de Frédéric Laugier, années 1920 (avec probablement Frédéric Laugier, sur la gauche).


Charles Laugier et Marie Louise reprennent, dès 1929 ou 1930, l'atelier du 8, avenue Félix-Faure sous le nom de "Thiel-Laugier". Charles est également reporter-photographe "correspondant des grands journaux". Il semble avoir également possédé un atelier niçois au 32, rue Pertinax.

Le couple aura deux fils, Albert (né en 1929) et Louis (né en 1930). 


- Portraits de Marie-Louise (née Thiel) et de son époux Charles Laugier, 
dans la cour intérieure du 8, avenue Félix-Faure, vers 1930.

- Portrait réalisé par Charles Laugier et Autoportrait de Charles Laugier retouchant la photographie
 (petite figurine photographique découpée sur socle en bois), années 1930.


Le père de Marie Louise, Victor Thiel, décède le 3 novembre 1944. 

Charles Laugier documente photographiquement la Seconde Guerre Mondiale, la Résistance et la Libération. Un grand nombre de ses photos seront reprises dans l'ouvrage du Général A. Montagne, La Bataille pour Nice et la Provence, paru en 1952 (Editions Arceaux, Montpellier).


- Marie Louise et Charles Laugier encadrant leur fils Albert Laugier.


Charles Laugier et Marie Louise conservent l'atelier jusqu'en 1950. A cette date, ils le confient à leur fils Albert qui a fait l'Ecole d'Art à Nice (alors âgé de 21 ans) et partent s'installer à Sainte-Maxime (Var) où ils ouvrent un nouvel atelier, place des Sarrasins. Charles décédera à Sainte-Maxime le 31 juillet 1960 et Marie Louise Thiel, épouse Laugier, décédera à Nice, le 23 janvier 1970.

A cette époque, les frères de Charles Laugier sont toujours photographes : Frédéric Laugier conserve sa maison d'édition jusqu'aux années 1960 (?), avant de se retirer, comme Charles, à Sainte-Maxime mais il décédera à Carcassonne (Aude) le 21 juin 1983 ; Marcel Laugier, reporter-photographe et correspondant de 1950 à 1974 de la ville de Cagnes-sur-Mer, décédera à Grasse le 12 juillet 1984. 

Albert Laugier conserve l'atelier du 8, avenue Félix-Faure jusqu'au début des années 1960 puis le déménage au 8, rue Raimbaldi jusqu'aux années 1980 (où il le cède au photographe Bernard Bert). 


- Le studio d'Albert Laugier du 8, rue Raimbaldi (Nice), vers 1980.



Albert Laugier travaille ensuite dans le laboratoire de développement couleur Chouchana situé place Garibaldi puis se retire. Il est décédé en janvier 2023.



VOIR SUR CE BLOG :

EMILE MESSY (1835-1890) ET SES DESCENDANTS, PHOTOGRAPHES

LES "THIEL", UNE FAMILLE DE PHOTOGRAPHES




dimanche 15 janvier 2023

1286-NICE, LE COSMOGRAPHE DE LA PROMENADE DES ANGLAIS, 1865


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- Carte postale B.F./Catala, 332. Nice - Le Méridien et la mer, détail (Image 7), vers 1920, 
Archives de la Ville de Nice, 10Fi 694.



FRANÇOIS OUVIÈRE (1807-1867)


François Marie Jean Baptiste Crescent Ouvière est né à Livorno (Toscane) le 29 juin 1807. Il est le fils cadet de Jean Baptiste Ouvière, négociant et de son épouse Suzanne Long.

Au début des années 1810, la famille est domiciliée en France, à Aix-en-Provence (le père y décède le 5 novembre 1815) et par la suite à La Ciotat.

François Ouvière suit une formation d'ingénieur civil à l'Ecole Nationale des Ponts-et-Chaussées de Paris. Il devient ensuite entrepreneur de travaux publics à Marseille. Il se marie le 16 février 1841 dans cette ville, âgé de 33 ans, avec Julie Baptiste Toussaint Teissere, 22 ans (née à Marseille le 31 octobre 1818).

Au début des années 1850, François Ouvière travaille à la construction du chemin de fer d'Espagne et est fait chevalier par Ferdinand VII.

Passionné d'astronomie, il met au point, au milieu des années 1850, à son domicile marseillais du 17, place de la Liberté (1er arrondissement), un instrument permettant de donner une idée générale et complète de notre système solaire, le "Cosmographe", qu'il présente pour la première fois, avec le Comité local de Marseille, à l'Exposition Universelle de Paris de 1855, 


2- Estampe d'introduction à l'ouvrage de François Ouvière, Cosmographe - Observatoire vraiment populaire, Paris, Victor Dalmont, Editeur, 1855.

Le projet de monument est envisagé face à la baie de Marseille
 avec l'île et le Château d'If à l'horizon.


LE COSMOGRAPHE


Voici quelques extraits du livret de présentation de François Ouvière, Cosmographe - Observatoire vraiment populaire - Orientateur fixe et précis des lignes, des plans et des mouvements célestes, pour un point donné quelconque de la sphère terrestre, Paris, Victor Dalmont, Editeur, 1855 (Image 2) : 

"Composé de deux cercles principaux qui se coupent à angles droits et de quelques axes ou verges de direction, le tout fixe, en fonte, fer et cuivre, supporté par un piédestal en pierre. 

Il a pour objet de remplacer en un lieu quelconque, déterminé de la terre, pour toutes les études élémentaires (...), tous les instruments d'astronomie. Notre appareil dirige l'œil de l'observateur (...). Susceptible d'être établi dans de grandes proportions, comme un monument sur une place publique ; en dimensions moindres, dans un jardin, sur une terrasse (...) ; notre Cosmographe constitue à lui seul un observatoire complet (...). 

Que faut-il ? Quelques coups d'œil attentifs jetés (...) sur le ciel, à l'aide du Cosmographe ; quelques courtes explications ; la lecture des indications écrites sur les verges et les plans de notre instrument, dont l'inclinaison varie nécessairement, selon la latitude du lieu de son installation. Quelle ville, quelle ville maritime surtout, quel collège, quelle communauté, quel particulier même (...), ne serait jaloux de se procurer de pareils avantages !

Nous avons sollicité vivement (...) l'autorisation de l'exposer en 1855, à l'extérieur de ce palais [jardin sud du Palais de l'Industrie, à l'est de la rotonde du Panorama], dans sa situation et ses dimensions normales [pour place publique], en plein air, en face du ciel et des astres (...).

Il n'y a qu'à lire cette inscription "axe du monde" [autour duquel la terre tourne réellement sur elle-même, de l'ouest, à l'est, en vingt-quatre heures] sur la longue verge en fer de notre Cosmographe et l'oeil (...) perçoit immédiatement la projection des pôles dans le ciel, ainsi que les mouvements apparents de tous les astres du firmament (...).

Un observateur quelconque n'a qu'à placer de manière que son rayon visuel effleure la grande plaque ou Cercle vertical qui porte cette inscription : "plan du méridien", soit à la surface de gauche, soit à celle de droite, et son rayon visuel se prolonge jusqu'aux Astres qui, à ce moment, passent dans le Méridien du lieu où se fait l'Observation.

[Avec] le plan du cercle qui porte cette inscription : "plan de l'équateur céleste", notre Cosmographe indique d'un coup d'œil (...), à tout instant de la nuit (...) cette grande série d'étoiles qui forment l'équateur céleste et qui divisent l'univers en deux hémisphères, boréal et austral, ou nord et sud (...).

La plaque du "plan de l'équateur céleste" - Au moment de l'équinoxe de printemps (21 mars) et de l'équinoxe d'automne (23 septembre), le soleil se projette dans les deux signes équinoxiaux (...). Au moment du solstice d'été (22 juin) et du solstice d'hiver (22 décembre), le soleil se projette dans les deux signes du Cancer et du Capricorne.

Gnomonique - Notre appareil est le plus simple, le plus exact et le plus complet des cadrans solaires".


3- Le Cosmographe, par M. Ouvière. - Dessin de Jahandier, 1870,
estampe accompagnant l'article, "Le Cosmographe",
 paru dans Le Magasin Pittoresque, 1870, pp (303)-304.4.
 
Alors que le monument marseillais a été érigé place Saint-Michel (actuelle place Jean-Jaurès), 
c'est à nouveau le décor de la baie de Marseille avec l'île et le Château d'If qui est choisi 
afin d'affirmer l'identité marseillaise.



LE SUCCÈS DU COSMOGRAPHE


François Ouvière dépose, le 29 septembre 1859, le brevet de 15 ans de son "Cosmographe orientateur" et déménage la même année au 26, rue Dieudé (Marseille, 6ème arrondissement). 

Le Messager du Midi du 21 août 1860 rappelle que "Beaucoup d'établissements d'enseignement secondaire ou même supérieur se sont déjà procurés le cosmographe, dont M. Ouvière a, du reste établi, plusieurs modèles, depuis ceux qui conviennent aux places publiques et aux grandes institutions jusqu'à ceux que l'on peut placer dans un cabinet de physique ou même tout simplement sur la pendule d'une cheminée".

Le 31 juillet 1861, François Ouvière adresse une lettre au Président de l'Académie des Sciences pour mettre son œuvre sous la protection de l'Institut Impérial de France et demander l'autorisation d'installer un Cosmographe perfectionné au milieu de la grande cour intérieure du palais de l'Institut : 

"Déjà, sur le rapport de Monsieur le recteur de l’Académie et sur le rapport de M.M. les professeurs de la Faculté des Sciences, la ville de Montpellier a placé ce petit monument au milieu de la grande et belle place de l’Esplanade ; Marseille en a élevé un semblable sur la grande place Saint-Michel ; la Faculté des Sciences et la presse de Bordeaux sollicitent, en ce moment, l’installation de ce monument sur une des places publiques de la ville de Bordeaux ; plusieurs Lycées impériaux, plusieurs Facultés des Sciences, plusieurs établissements d’instructions, etc, ont adopté le cosmographe. 

Tous les Bulletins Scientifiques de Paris ont fait l’éloge de cet instrument d’utilité et d’instruction publique bien constatées. Quelques écrivains ont examiné le cosmographe aux points de vue de moralisation publique, de progrès social".

A la suite de cette lettre il présente, à la séance de l'Académie des Sciences du 5 août 1861, son "cosmographe portatif populaire et peu coûteux" (Le Constitutionnel du 6 août 1861 p 2).

Henri Garcet, dans ses Leçons nouvelles de Cosmographie (éditions de 1861 et de 1866 pp 449-450), présente à nouveau le Cosmographe et fait le point sur ceux qui ont été installés. "Le premier grand modèle a été donné par M. Ouvière, au lycée Napoléon, à Paris, et installé par lui dans l'une des cours de son établissement. Un autre orne la terrasse du petit collège de Vanves (annexe du du lycée Louis-le-Grand) [lycée du Prince Impérial]. 

En outre, l'appareil a été adopté par plusieurs villes du midi de la France, notamment par Montpellier , Sorèze, Aix, Vannes, Nice, Nîmes, Draguignan, etc. Il est installé sur une place publique [passage ajouté dans l'édition de 1866]

Enfin, M. Ouvière a réduit le Cosmographe en un petit modèle, mobile autour d'un axe horizontal, et que chacun peut orienter et disposer suivant la latitude du lieu d'observation. On peut trouver [examiner] ces charmants appareils chez M. Lamotte-Lafleur, éditeur, 88, rue Saint-Martin".

En 1864, François Ouvière publie la communication suivante dans la revue Les Mondes (n° 15, décembre 1864, pp 610-611) : "Vous apprendrez avec plaisir que je viens de placer quatre nouveaux grands et élégants cosmographes publics, du grand modèle perfectionné, tout bronzés, dorés et sur piédestal dorique, en pierre finement taillée, et entourés d'une grille (...) au milieu des plus belles places publiques de Nîmes (Gard), de Sorèze (Tarn), d'Aix (Bouches-du-Rhône) et de Draguignan (Var)".

Si l'on récapitule les cosmographes cités au XIX° siècle, ainsi que ceux listés dans des recherches effectuées aux XX° et XXI° siècles, et notamment celles de Jean-Michel Faidit (Communication à l'Académie de Nîmes de 2021), il y ceux érigés à :

- Paris, 1855, donné par son auteur suite à l'Exposition Universelle, installé sur la place du Lycée Louis-le-Grand et Napoléon, monument de 6 m de haut (conservé dans l'actuel lycée Henri IV) ;

- Vanves, date (? - avant 1864), au milieu du Parc du Lycée Impérial (actuel lycée Michelet), monument de 6 m de haut (conservé) ;

- Montpellier, 1860, sur la grande Esplanade (de la Plaine), monument de 6 m de haut (conservé sur une stèle placée à l'entrée de l'Ecole Nationale d'Agriculture) ; Le Messager de Nice du 25 mai et du 24 juin et du 21 août 1860 ;

- Marseille, 1861, place Saint-Michel (place Jean-Jaurès) ; La Gironde du 28 juin 1861 p 3 ; 

- Paris, Institut Impérial (projet non réalisé ?) ;

- Nîmes, 1863, Esplanade (actuellement au Planétarium du Mont- Duplan) ;

- Sorèze, 1864, jardins de l'Abbaye-Ecole (conservé) ;

- Aix-en-Provence, 1864 ;

- Draguignan, 1864 ; un instrument de petites dimensions est conservé au Musée des Beaux-Arts de la ville ;

- Bordeaux, 1865, terrasse du Jardin-des-Plantes (?) ; souhaité dès 1861, Actes de l'Académie Nationale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Bordeaux, 1861, vol. 23, pp 110-111.

- Nice, 1865, sur la Promenade des Anglais ;

- Vannes, avant 1866 ;

- Avignon, date (?), place de l'Horloge (déplacé au Rocher des Doms ; disparu suite à des travaux en 1970).

Il semble qua la plupart des Cosmographes aient été installés dans la première moitié des années 1860. Ne sont listés ci-dessus que ceux installés en France mais il y a eu des instruments installés à l'étranger, chacun étant dressé selon la latitude de la ville. 

Plusieurs Cosmographes ont été acquis suite à des Expositions ou Concours Agricoles et Industriels, ainsi à Montpellier (Exposition industrielle de 1860), Nîmes (médaille vermeil à l'Exposition de l'Industrie de 1863), à Draguignan (médaille d'or à l'Exposition de 1864) ou encore à Nice (médaille d'or au Concours Régional de 1865).


4- ALEO Miguel (1824-c.1900) & DAVANNE Alphonse (1824-1912), 
Le Pont Napoléon III, détail, fin 1865 ou début 1866,
vues stéréoscopiques prises de l'est,
 tirages albuminés de 7,7x7,4 cm, sur carton de 17,3x8,4 cm,
 Los Angeles, J.P. Getty Museum, cote 84.XC.873.1214.



LE COSMOGRAPHE DE NICE


Dès 1861, Le Messager de Nice relaye le souhait de voir installer un exemplaire du cosmographe de François Ouvière, sur la terrasse du Château ou à l'extrémité du quai du Midi, mais cette demande n'est pas exaucée (Le Messager de Nice du 11 novembre 1861 pp 2-3).

Le Cosmographe est, par la suite, présenté au Concours Régional qui se tient à Nice, du 11 avril au 15 mai 1865, dans et autour des locaux de l'ancienne Gare provisoire de chemin de fer de la place des Phocéens.

Le Cosmographe est installé du côté occidental du tout récent Pont Napoléon III, sur la terrasse du grand escalier menant à la mer situé à l'extrémité de la Promenade des Anglais, face au Jardin public. Son achat par la ville est souhaité dès son installation (Journal de Nice du 27 avril 1865). 

L'instrument de précision (6ème classe) de François Ouvière, récompensé par une médaille d'or de 1ère classe au Concours en mai 1865, semble être acquis par la municipalité puis installé à demeure au même emplacement. Il est l'un des derniers grands Cosmographes installés sur une place publique. 

Le monument niçois, entouré d'une grille circulaire, fait environ 3, 80 m de haut. Il est constitué du Cosmographe (env. 1, 80 m) qui repose sur une piédestal dorique de section carrée, surélevé par un socle.

Par la suite, le Journal de Nice publie régulièrement des lettres de François Ouvière incitant à l'utilisation du Cosmographe niçois lors d'évènements astronomiques, passage de Jupiter, équinoxes... (voir notamment, Journal de Nice des 19 août et 23 septembre 1866 et du 23 mars 1867).

Au Congrès Scientifique d'Aix (Bouches-du-Rhône), François Ouvière présente, le 18 décembre 1866, l'usage et l'utilité du Cosmographe, évoque son installation dans 12 villes, les neuf récompenses civiques déjà obtenues et appelle à la propagation de son œuvre d'utilité générale (Journal de Nice du 16 janvier 1867).

François Ouvière décède cependant à son domicile marseillais le 17 mai 1867. L'exploitation de son instrument (en concurrence avec d'autres modèles), ne semble pas lui survivre.

De nombreuses photographies du Pont Napoléon III ou Pont des Anges, de la Promenade des Anglais et du Jardin public ou Nouveaux jardins, témoignent du Cosmographe niçois tout au long du XIX° siècle mais ce sont des vues d'ensemble qui le montrent généralement de loin : vues prises depuis les étages de la Maison Donaudy (place puis square des Phocéens), la terrasse de l'Hôtel des Anglais (place du Jardin public), la terrasse ou la plage du quai du Midi (Image 5). 

Les photographies les plus anciennes connues sont celles prises par Jean Andrieu, Charles Nègre et Miguel Aleo & Alphonse Davanne qui datent des années 1865-66 (Image 4).


5- NEURDEIN Etienne (1832-1918), Nice, n° 126, La Baies des Anges,
la Promenade des Anglais et le Jardin public, détail, novembre ou décembre 1872,
vue panoramique, tirage albuminé de 11,1x28,5 cm, Collection personnelle.


En 1877, Frédéric Zurcher dans un article sur le Cosmographe paru dans La Nature du 8 septembre (n° 223, pp 225-226) cite les exemplaires de Montpellier, Marseille, Draguignan et Nice, avec une vue de ce dernier (Image 6) :

"Des inscriptions en relief font connaître les noms des différentes parties du cosmographe. Le socle du petit monument porte une série de renseignements astronomiques intéressants, qui complètent les connaissances acquises à l'aide de l'instrument".


6- Le Cosmographe de Nice. (D'après une photographie), 1877,
estampe accompagnant l'article, "Le Cosmographe", de Frédéric Zurcher, 
paru dans La Nature du 8 septembre 1877, n° 223, pp 225-(226).



Le Cosmographe est ensuite présent dans les clichés qui capturent le Premier (1882-83) puis le Deuxième Casino de la Jetée-Promenade (1889-1944).

Les photographies rapprochées conservées (cartes postales des Editions Giletta, M.T.I.L., Léon & Levy, Levy & Neurdein réunis, B.F./Catala et E.L.D./Tairraz) datent pour la plupart du premier quart du XX° siècle et préfèrent l'appellation de "Méridien" à celle de "Cosmographe" (Image 7).


7- Carte postale B.F./Catala, 332. Nice - Le Méridien et la mer, vers 1920, 
Archives de la Ville de Nice, 10Fi 694.


A ce jour, j'ignore à quelle date le Cosmographe niçois a disparu (1929 ?). Des cartes postales le montrant ont encore circulé juste après la Seconde Guerre Mondiale mais elles semblent avoir été éditées antérieurement.