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lundi 25 mai 2020

1117-NICE, LA PROMENADE DES ANGLAIS-2 (1860-1864)




- CRETTE Louis (c.1823-1872), La Baie de Nice vue du Château, vue prise de l'est, vers 1860,
tirage albuminé de 9,6x5,8 cm, sur carton de 10,3x6,8 cm, Collection personnelle.




UN ARTICLE RÉDIGÉ EN COLLABORATION AVEC
 VÉRONIQUE THUIN-CHAUDRON, HISTORIENNE DE L'ARCHITECTURE 
ET DIDIER GAYRAUD, HISTORIEN DE LA PHOTOGRAPHIE
 ET DES VILLAS DE LA CÔTE D'AZUR


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 05/11/2022



1860-1864 - LA PARTIE ORIENTALE DE LA PROMENADE DES ANGLAIS
(D'OUEST EN EST : Du Vallon Saint-Barthélémy - actuelle rue de Rivoli - à l’embouchure du Paillon)


Après l’Annexion de Nice par la France en 1860, la ville nouvelle se développe rapidement sur la rive droite du Paillon. Ce développement se voit accéléré par l’arrivée du chemin de fer en 1864.

Les rénovations (façades et murs d’enceinte, grilles et portails), les agrandissements et surélévations des bâtiments ainsi que les constructions nouvelles (pavillons, kiosques) se multiplient dès 1861.

Tout au long des années 1860, des photographies révèlent les lieux, notamment celles d'Hippolyte Jouvin [1825-1889], Miguel Aléo [1824-apr.1875], Jean Andrieu [1816-c.1872], Charles Nègre [1820-1880], Albert Pacelli [c.1821-apr.1884], Léonard de Saint-Germain [c.1825-?] ou Eugène Degand [1829-1911]. Elles reprennent des points de vue semblables à ceux des dessins et peintures et se concentrent elles aussi sur la partie orientale de la Promenade. Certaines estampes du tournant des années 1860 sont cependant inspirées de photographies, comme les estampes exécutées par Jacques Guiaud [1810-1876] et Joseph Félon [1818-1897], inspirées des vues de Louis Crette [c.1823-1872] et réunies dans deux albums de 1858 et de 1862.


LA CHAUSSÉE

Un projet d'embellissement de la Promenade des Anglais est envisagé dès juin 1860 (suivant le décret impérial pour les rues de Paris du 26 mars 1852). Il est, après réunion avec les propriétaires, validé par le Conseil municipal du 27 mars 1861 et estimé à 150.000 francs dont 50.000 francs environ de participation des propriétaires (30 francs par mètre courant de façade) : "les travaux réclamés depuis longtemps auront pour effet de créer à Nice une promenade agréable pour la population et d'augmenter l'affluence des étrangers qui viennent chaque année à Nice passer la saison d'hiver" (AM, 1D-1, f. 47).

L'adjudication des travaux a lieu le 23 mai 1861 (Le Messager de Nice des 8, 23 et 24 mai 1861). Le marché est attribué à l'entreprise de Bernard Spinetta (1813-1886) qui va réaliser les travaux entre le printemps 1861 et le printemps 1862.

Les travaux débutent le 31 mai 1861 (Le Messager de Nice du 1er juin 1861). Début juillet, la Revue de Nice publie le texte suivant : "Les travaux du chemin des Anglais sont commencés. Une centaine d'enfants et de femmes sont occupés à porter dans des petits paniers le galet du rivage qui doit servir de base à l'élargissement de cette belle promenade. La brouette vient d'être établie sur quelques-uns des chantiers servis par les adultes". Une nouvelle chronique de fin juillet 1861 relève que le nombre des ouvriers n'est cependant pas suffisant et qu'il serait intéressant d'employer des militaires de la garnison sur leur temps libre (Revue de Nice 1860-1861, début et fin juillet 1861 pp 338 et 356).

En septembre 1861, la chaussée est terminée. En octobre, le trottoir nord à bordure en granit est en cours d'aménagement mais la voie est défoncée et les pierres et tombereaux s'accumulent devant l'Hôtel Victoria, gênant la circulation alors que la saison touristique commence. Le chantier reste lent du fait du peu d'ouvriers qui y travaillent (Le Messager de Nice des 2 et 25 octobre 1861 ; Les Echos de Nice du 2 et 20 octobre 1861 ; Revue de Nice, 1861-62 p 16).

En décembre 1861, "les travaux sont poussés avec beaucoup d'activité" (Conseil municipal du 13 décembre 1861, AM, 1D1-1, f. 125v).
 
En février 1862, "la belle chaussée destinée aux piétons est livrée au public (...). Les plantations de palmiers, de chênes verts, de caroubiers, de pins maritimes sont très avancées (...), les trottoirs qui bordent les habitations sont presque finis. La chaussée destinée aux chevaux et aux voitures a été largement macadamisée et rechargée de terre sablonneuse" (Revue de Nice, 1861-62 p 150 ; Le Messager de Nice des 2 et 17 février 1862). 

Le projet originel ne prévoyait que des plantations de pins ou de chênes verts tous les 10 m mais des arbres et arbustes à croissance rapide ont été intercalés, afin de fournir de l'ombre aux promeneurs (Conseil municipal du 19 mars 1862, AM, 1D1-1, f. 148). L'épaisseur du perré a également été renforcée afin d'assurer une plus grande résistance aux assauts de la mer.

Une photographie de Charles Cottalorda, conservée à Nice, à la bibliothèque de Cessole (ici), montre les lieux, avant l'installation des réverbères en été. Une photographie anonyme, probablement de Louis Crette, montre également les lieux dans la même période, au début de l'année 1862.


- Photographe anonyme (CRETTE Louis, c.1825-1872), Nice, Promenade des Anglais, détail, début 1862 (avril ?),
tirage albuminé de 21,8x15,8 cm, Amsterdam, Rijksmuseum (ici).
Les plantations de la Promenade ont été réalisées mais les réverbères ne sont pas encore installés, les cabines de bains sont déjà présentes sur la plage mais la construction de l'Hôtel de la Méditerranée n'a pas encore débuté.

Avec du côté nord, de gauche à droite dans la ligne droite, la Villa Diesbach (construite en 1861-62), l'Hôtel Victoria (construit en 1853-54), la Villa Robiony (construite entre 1856 et 1859, acquise par Dampierre en 1863), la Pension Rivoir (ouverte en 1860 dans l'ancienne Villa Regis/Fernandez), la Villa Claridge (aile ouest du Pavillon Pollan, acquise en 1858), la Villa Hitroff (partie centrale et aile est du Pavillon Pollan, acquises en 1862), la Villa Süe (vers 1850 ; la Maison Süe n'est pas visible), la Maison Serrat-Isnard (1861), le studio Petit (érigé en 1861), la Maison Donaudy (avant 1844, en avant des autres propriétés). 




En avril, la Promenade est "garnie de bancs en bois" (Revue de Nice, 1861-62 p 253). Ces derniers font 2 m de long, avec dossier en bois et piètement métallique.

En juin 1862 sont posés les tuyaux de gaz pour l'éclairage puis une vingtaine de réverbères sont installés (Le Messager de Nice du 14 juin 1862). L'éclairage est inauguré lors des fêtes de la Saint-Napoléon du 15 août 1862 (Revue de Nice 1861-62 pp 313 et 355). 

Le coût total des travaux s'est élevé à près de 205.000 francs dont 155.000 francs pris en charge par la Ville et 50.000 francs par les propriétaires. Par sa largeur, ses plantations et son éclairage, la Promenade a pris petit à petit l’allure d’une grande artère parisienne (suivant le décret impérial du 3 août 1861). 

"La Promenade des Anglais, qui vient d’être élargie, embellie et éclairée au gaz, s’étend depuis le jardin public jusqu'au pont sur le torrent Magnan, où elle se joint à la grande route ; elle forme une des plus belles promenades sur le rivage de la mer qui existe en Europe. Des villas élégantes de divers styles d’architecture et des jardins d’orangers la bordent dans toute sa longueur, et la vue dont on y jouit de la baie et des environs est des plus intéressantes. Les arbres qu’on vient d’y planter sont de nature à ne pas être affectés par le voisinage de la mer, et suppléeront en peu de temps au défaut d’ombrage, qui jusqu'à présent a été un des inconvénients dont on s’est plaint le plus dans la saison chaude" (Edwin Lee, Nice et son climat, pp 10-11, 2ème édition, préfacée en décembre 1862, éditée en 1863).

La Promenade fait désormais 26, 30 m de large. La chaussée, surélevée de 3 m au-dessus du niveau de la mer (certains bâtiments se retrouvent en léger contrebas) et épaulée d’un talus de pierres sèches planté d’aloès, est formée d’une double voie plantée au centre et au sud d’arbres et d’arbustes. La voie qui longe les propriétés et fait 11 m de large est destinée aux voitures et cavaliers et est bordée d’un trottoir en mosaïque de 3 m de large. La voie qui longe la mer fait pour sa part 12 m de large et est réservée aux promeneurs avec ses 25 bancs en bois, bientôt à l’ombre des arbres (bancs au dossier mobile permettant d'orienter le regard vers la mer ou la Promenade)

"Sur la route, les équipages et les cavaliers se croisent, sur la chaussée le grand monde se pavane, sur les trottoirs le petit monde trottine" (Emile Négrin, Les Promenades de Nice, 1863, édition de 1867 p 59).

Les plantations sont entourées de treillages et dominées, en bord de plage, par les poteaux télégraphiques en bois (d’environ 7 m de hauteur, installés depuis l’été 1853) et, au centre, par les becs de gaz en fonte (été 1862). 
Des passages sont ménagés entre les treillages pour permettre de descendre sur la plage (de 15 m de large environ), de traverser la voie ou de faire demi-tour (A. Burnel, Etude sur Nice, 3° ed., 1862, note 2 p 31 ; E. Négrin, Les Promenades de Nice, 1863 p 59). 

Un coup de mer, dans la nuit du 23 au 24 novembre 1862 vient cependant endommager la nouvelle Promenade et y déposer quantité de galets. "La promenade fut envahie par l'eau salée ; les ondes roulèrent jusqu'au seuil des villas, et un léger tremblement de terre se fit sentir. Une grande quantité de touristes avait accouru à ce spectacle" (Emile Négrin, Les Promenades de Nice, édition de décembre 1866 p 129 ; l'auteur date par erreur ce coup de mer de 1863). 
Beaucoup d'arbustes sont détruits et d'autres infiltrés d'eau salée. La petite claire-voie en roseau est en grande partie renversée. Cependant le mur de pierres sèches qui soutient les terres de la nouvelle chaussée a résisté (Revue de Nice 1862-63 p 97). La Promenade est rapidement nettoyée et une partie des arbustes remplacée au début de l'année suivante.


- ANDRIEU Jean (1816-apr.1872), 550 bis, Nice, La Promenade des Anglais, vue prise de l'est, fin 1862-tout début 1863,
les réverbères sont déjà présents (installés entre juin et août 1862),
l'Hôtel de la Méditerranée et la Maison Serrat-Defly sont en construction 
avec des échafaudages présents sur leurs façades sud et est,
tirage albuminé de 8,8x6,3cm, Collection personnelle.

Avec du côté nord, de gauche à droite, la Villa Diesbach (construite en 1861-62), l'Hôtel Victoria (construit en 1853-54), la Villa Robiony (construite entre 1856 et 1859, acquise par Dampierre en 1863), l'Hôtel Méditerranée (construit en 1862-63), la Pension Rivoir (ouverte en 1860 dans l'ancienne Villa Regis/Fernandez), la Villa Claridge (aile ouest du Pavillon Pollan, acquise en 1858), la Villa Hitroff (partie centrale et aile est du Pavillon Pollan, acquises en 1862), la Villa Süe (la Maison Süe n'est pas visible), la Maison Serrat-Defly (1862-1863), la Maison Serrat-Isnard (1861), le studio Petit (érigé en 1861), la Maison Donaudy (avant 1844, en avant des autres propriétés). 



"De cette promenade, la vue s'étend sur la mer à grande distance. Le calme des eaux, le léger bruissement (...) des vagues, les voiles qui apparaissent à l'horizon, les rosiers qui de distance en distance, forment, sur la promenade, d'odorants bouquets, les petits massifs de verdure et de fleurs qui se succèdent à intervalles égaux ; les hôtels, avec jardinets et grilles, construits à la dernière mode, tout cela est simple et grandiose" (Jean Alph-Boisduval, La Savoie, le Mont-Cenis et l'Italie septentrionale, 1864 pp 267-68).

Directement accessible aux résidents étrangers du quartier de la Croix de Marbre, la Promenade des Anglais détrône alors la promenade à la mode (Corso) depuis la seconde moitié du XVIII° siècle, celle de la Terrasse des Ponchettes (doublée en 1839-41), située dans la vieille ville et offrant une vue dominante sur la mer. 

Un escalier monumental de 13 m de large menant à la plage est édifié fin 1864 à l'entrée occidentale de la Promenade (Journal de Nice du 14 octobre 1864 et du 6 janvier 1865).

Il n’en reste pas moins vrai que la Promenade des Anglais comporte encore des inconvénients qui ne seront réglés qu'après plusieurs années ou plusieurs décennies : l’absence d’ombre, la grande poussière (nécessitant l’arrosage de la chaussée), l'absence d'éclairage des ruelles perpendiculaires, la présence des moustiques entre novembre et décembre et enfin les odeurs dues aux eaux stagnantes et surtout au déversement des égouts à l’embouchure du Paillon.


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, La Promenade des Anglais, vue prise de l'est, 1863,
après mars-avril, du fait de nombreux indices dont la présence d'un dernier échafaudage
 au bas de la façade sud de l'Hôtel Méditerranée et des cabines de bains [Lambert ?] sur la plage,
tirage albuminé de 9,8x6,1cm, Collection personnelle.

Avec au centre, la double chaussée et deux lignes de plantations, celle de droite avec les becs de gaz.
Avec du côté nord, de gauche à droite, la Villa Diesbach (construite en 1861-62), l'Hôtel Victoria (construit en 1853-54), la Villa Robiony (construite entre 1856 et 1859, acquise par Dampierre en 1863), l'Hôtel Méditerranée (construit en 1862-63), la Pension Rivoir (ouverte en 1860 dans l'ancienne Villa Regis/Fernandez), la Villa Claridge (aile ouest du Pavillon Pollan, acquise en 1858), la Villa Hitroff (partie centrale et aile est du Pavillon Pollan, acquises en 1862), la Villa Süe (vers 1850 ; la Maison Süe n'est pas visible), la Maison Serrat-Defly (1862-63), la Maison Serrat-Isnard (1861), le studio Petit (érigé en 1861), la Maison Donaudy (avant 1844, en avant des autres propriétés). 
Avec du côté sud, la suite occidentale de la Promenade des Anglais, les cabines de bains et la plage.




LA POPULATION

Propriétaires et hivernants européens (anglais, français, italiens, russes et allemands surtout), souverains et nobles, banquiers, hommes d’affaires, personnalités et artistes (musiciens, écrivains, peintres…) sont légion sur la Promenade. 

La population y est essentiellement constituée de propriétaires et de leur personnel de maison (concierges, cuisiniers, domestiques, jardiniers), d’hôteliers et de leur personnel (secrétaire, économe, concierge, cuisiniers, cafetiers, garçons d’hôtels, valets de chambre, lingères, filles et femmes de chambre, domestiques, cochers) et de loueurs d’appartements mais également de locataires saisonniers ou annuels et de quelques cultivateurs (recensement de 1861).


LA VILLA DIESBACH (SUD)

Le comte Louis Alexandre Ladislas de Diesbach de Belleroche [1814-1864] de Fribourg (Suisse), chambellan du roi de Wurtemberg, achète à la fin des années 1840, une résidence d'hiver au 75, rue de France. La villa nord, qui existe depuis le début des années 1830 a probablement été érigée par le comte Théodore De Orestis de Castelnuovo [1803-1884] ou son frère le chevalier Félix [né en 1805], sur un terrain qui va jusqu'en bord de mer.

En 1861, le comte de Diesbach achète la propriété orientale voisine à la veuve Gilli, comprenant une villa donnant rue de France et fait construire au sud-est de ce nouveau terrain une maison (AM 2T 8-200) et un pavillon (AM 2T 9-249) près de la Promenade des Anglais, sur les plans de l’architecte François Brun [1822-1899]. 

La nouvelle villa est orientée est-ouest et n’offre que son petit côté sud sur la Promenade. Les déblais du chantier sont, comme ceux de bien d’autres chantiers, déposés sur le gravier de la mer afin de servir au nouvel aménagement de la chaussée de la Promenade des Anglais, en cours de réalisation (AM 2T 8-212). La Villa Diesbach (sud) se termine l'été 1862 par la pose d’une nouvelle grille (AM 2T 12-807).


- Nice, Villa Diesbach, résidence du grand-duc héritier et de la princesse Dagmar, 1864,
estampe parue dans Le Monde Illustré du 3 décembre 1864 pp 357, Paris BnF (Gallica).




La Villa est constituée de deux niveaux percés de baies au décor néo-gothique (arcs Tudor), au nombre de cinq sur le côté sud et de sept sur les façades est et ouest. Le centre de la façade sud est marqué au rez-de-chaussée par une entrée précédée de quatre longues colonnes torsadées, au premier niveau par un balcon porté par ces mêmes colonnettes et à hauteur de la balustrade de la terrasse par un fronton sculpté. La façade occidentale comporte également une avancée centrale mais aussi une longue galerie néo-gothique aux arcades ajourées (arcs en accolade) qui supportent la terrasse continue du niveau supérieur.

La villa est très critiquée pendant sa construction : on lui reproche notamment son orientation, son manque d'harmonie dû à sa multiplicité de styles et son manque d'un étage supplémentaire, en rapport à l'Hôtel Victoria si proche et écrasant. Cependant la villa est très confortable et sa façade occidentale bénéficie d'une vue admirable. "Bâtie pour une famille aristocratique dont le blason date de plusieurs siècles, elle rappelle par ses ogives, par sa galerie à colonnettes, par ses vitraux coloriés, l'architecture gothique dont ses propriétaires ont voulu faire revivre le souvenir" (Revue de Nice 1862-63, 15 décembre 1862 pp 112-114). "Bâtie en pierre d'Arles d'un ton très chaud, elle tranche sur la plupart des autres villas généralement peintes à fresques" (Le Monde Illustré du 3 décembre 1864 pp 357-58). 

"Les appartements sont séparés par un beau et vaste corridor (...), les portes, fenêtres et serrures (...) sont de la meilleure facture. Les plafonds et boiseries sont soignés, les salons sont vastes et semblent affectés à une famille princière (...) L'habitation est pourvue de salles de bains, de sonnettes électriques et d'un service d'eau à tous les étages" (Revue de Nice 1862-63 pp 17 et 112-114).

La demeure est notamment louée au grand-duc héritier Nicolas Alexandrovitch de Russie [1843-1865] et à sa fiancée la princesse Dagmar de Danemark [1847-1928] qui l’occupent en novembre et décembre 1864. 


L’HÔTEL VICTORIA (voir sa description en première partie de l'article)

Les guides de l’époque vantent notamment l’architecture imposante de l’Hôtel Victoria, sa belle façade sud, sa proximité de la plage, sa situation admirable, son confort, sa propreté et la qualité de son service mais lui reprochent parfois ses tarifs élevés, sa cuisine et ses nombreux moustiques.


LA VILLA ROBIONY/DAMPIERRE (voir sa description en première partie de l'article) ET LA MAISON ROBIONY 

En 1863, Ernestine Emilie Prondre de Guermantes [1800-1884], veuve du comte et général Augustin Louis Picot de Dampierre [1780-1841] (AD 3E 23 241), achète la propriété comprenant la Villa d'Antoine Robiony [1795-1877].



- Petite annonce parue dans Le Journal de Nice en mai 1863 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



Antoine Robiony fait ensuite construire deux nouvelles maisons sur le terrain voisin, en 1863 et 1864 (AM 2T 14-1482 et 2T 19-2275). La première semble s’aligner à l’est de la Villa Dampierre.

Elle est constituée d'un rez-de-chaussée surmonté d'un entresol et de trois niveaux supérieurs. Chaque niveau de la façade sud est percé de sept baies rectangulaires dont trois au centre, soulignées d'un balcon aux trois niveaux supérieurs, et de deux baies sur les côtés. 
Les façades latérales ouest et est comportent cinq baies mais ces dernières sont éloignées des angles sud.


LA MAISON VILLANOVA/L’HÔTEL DE LA MÉDITERRANÉE 

Au printemps 1862, l’hôtel est mis en chantier, à la demande du marquis Joseph de Villeneuve-Bargemon(t) [1807-1878] à l’emplacement de sa Maison Villanova, située au sud de la propriété de son beau-père, le marquis de la Suze et à l'angle oriental de la ruelle du Lavoir (notamment AM 2T 12-818 - voir une photo anonyme de l'hôtel en travaux, fin 1862-début 1863, sur le site des Archives Départementales, ici, cote 10FI5323). 

Le bâtiment est toujours en construction en décembre 1862 (Revue de Nice 1862-63, 15 décembre 1862 p 112). 

Le 13 janvier 1863, le maître d’hôtel italien, Vincenzo Palmieri (c.1817-1886), propriétaire de l’Hôtel d’Angleterre (place du Jardin Public), dépose une demande d'inscription sur la Promenade des Anglais : "voulant en octobre prochain ouvrir un nouvel Hôtel, situé dans la propriété du Marquis de la Suse, en fabrication sur la Promenade des Anglais, vous prie de lui accorder la permission de faire badigeonner son Enseigne dès à présent"  (arrêté du 15 janvier 1863 ; AM - 2T 14-1267 ; recensement de 1866). 

L'hôtel est un bâtiment imposant de quatre niveaux, aux angles adoucis, percé de neuf baies sur la face sud et de six baies sur les faces latérales. 
La façade méridionale est constituée d'une partie centrale en légère saillie (précédée d'un escalier) percée de cinq baies, et de deux parties latérales percées chacune de deux baies. Ces baies sont en plein cintre et ornées d'un tympan sculpté ajouré aux trois premiers niveaux et, de plus, surmontées de petits frontons triangulaires au troisième niveau. De simples baies rectangulaires s'alignent au quatrième niveau (comme sur les façades latérales). 
Un balcon marque le premier et le second niveau de la partie centrale. Le nom de l'hôtel est inscrit au-dessus des baies du deuxième niveau des faces latérales et sur le balcon du deuxième niveau situé au centre de la face sud.

L’Hôtel, daté de "1863" dans certains guides (John Murray, Handbook for Travellers in Northern Italy, 1864 p 78), est vanté pour son grand salon destiné aux dîners et aux bals et pour le fait qu’on y parle anglais. Une soirée musicale (concert de bienfaisance) est donnée lors de l'inauguration de la grande salle le 11 janvier 1864 (Les Echos de Nice du 14 janvier 1864 p 2 ; Revue de Nice 1863-64).



- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, La Promenade des Anglais, vue prise de l'ouest, fin 1863-début 1864,
photographie annotée par l'acheteur, au verso, de la date du 15 avril 1865,
tirage albuminé de 9,8x6,1cm, Collection Didier Gayraud.

Avec du côté nord, de gauche à droite, la Villa Diesbach (construite en 1861-62), l'Hôtel Victoria (construit en 1853-54), la Villa Dampierre (acquise en 1863), la Maison Robiony en travaux (construite fin 1863-début 1864), l'Hôtel Méditerranée, construit en 1862-63), la Pension Rivoir (ouverte en 1860 dans l'ancienne Villa Regis/Fernandez), la Villa Claridge (aile ouest du Pavillon Pollan, acquise en 1858), la Villa Hitroff (partie centrale et aile est du Pavillon Pollan, acquises en 1862).





LA VILLA REGIS/FERNANDEZ/LA PENSION RIVOIR

En 1860, la Pension Rivoir s’installe dans la Villa Fernandez (ancienne Villa Regis), située au n° 21 de la Promenade des Anglais. C’est l’italien Jean Pierre Rivoir [1810-apr.1872] qui en est le maître d’hôtel. 

L'ouverture semble avoir lieu en novembre 1860, les premières mentions de la Pension Rivoir(e) datant de la fin de l’année (Les Echos de Nice du 12 novembre 1860 - The Gardeners Chronicle & New Horticulturist du 22 décembre 1860 p 1130 - Augustus J. C. Cuthbert, A Winter at Mentone, 1861 p 164 - Edwin Lee, Nice et son climat, 2° éd., 1863 p 6). 


LE PAVILLON POLLAN (voir sa description en première partie de l'article)

Alors que l’aile occidentale de l’ancien Pavillon Pollan est occupée par l’anglaise Morgane Claridge, le bâtiment central et l’aile orientale sont vendus, début 1862, par les héritiers Pollan à Zacharie Hitroff, grand maître de cérémonie de la Cour de Russie et époux, depuis 1838, de la marquise Pauline Pucci (née comtesse Nuncini) (Revue de Nice 1861-62, 15 mai 1862 p 231).


LA VILLA ET LA MAISON SÜE (voir leur description en première partie de l'article)



- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, La Promenade des Anglais, vue prise de l'est, détail, 1863,
tirage albuminé de 9,8x6,1cm, Collection personnelle.

Avec du côté nord, de gauche à droite, la Villa Süe (vers 1845), [la Maison Süe n'est pas visible ni le Pavillon Gilly], la Maison Serrat-Defly (1862-63) [derrière le réverbère], la Maison Serrat-Isnard (1861), le studio Petit (1861), la Maison Donaudy (avant 1855, en avant des autres propriétés, avec la pancarte publicitaire pour les vins de Bordeaux), l'entrée du jardin de l'Hôtel des Anglais. 





LES MAISONS DES SŒURS SERRAT, ÉPOUSES ISNARD/DEFLY/GILLY

- Virginie Serrat [c.1804-apr.1872], veuve Isnard, fait construire une maison au n° 7 de la Promenade en 1861, avec l'architecte Victor Sabatier (1823-1891).

La maison est érigée au sud-est du terrain. Elle est constituée de trois niveaux de sept baies rectangulaires sur la façade sud, avec deux balcons latéraux au premier niveau et un balcon central au dernier niveau.

- Sa sœur Désirée Serrat [1806-1893], épouse de Charles Defly (Consul de France), fait construire, avec le même architecte, une maison pourvue d'une aile nord-est, au sud-ouest du même terrain, au n° 9, à partir de mars 1862 (AM 2T 10-583). 


- SABATIER Victor (1823-1891), Plan de la Maison Serrat-Defly, daté du 21 mars 1862,
Nice, Archives Municipales, 2T 10-583.



Le bâtiment est toujours en construction en décembre 1862 (Revue de Nice 1862-63, 15 décembre 1862 p 112) (voir une photo anonyme de la Villa Defly ouest en travaux, fin 1862-début 1863, sur le site des Archives Départementales, icicote 10FI5323). 

La maison est constituée au sud de quatre niveaux de sept baies, avec une partie centrale en retrait, accostée de deux pavillons. 

Un placage de façade forme deux niveaux de galerie couverte (loggias) surmontés d'une terrasse sur la partie centrale, les deux premiers niveaux étant percés de cinq baies plein cintre accostées de colonnes engagées à chapiteaux dérivés du corinthien.
Les pavillons sont percés d'une baie rectangulaire surmontée d'un motif sculpté au premier niveau et d'un petit fronton triangulaire au deuxième. 

L'ensemble de la façade présente ensuite des baies rectangulaires ornées d'un motif sculpté au troisième niveau et des baies, soulignées d'un balcon continu, ornées d'un petit fronton triangulaire au dernier niveau.

Alors que la façade occidentale est totalement aveugle, la façade orientale est percée de quatre baies qui adoptent, aux différents niveaux, le même décor que celui des baies de la façade sud.

- Leur sœur Apolline Serrat [1808-1896], épouse de Laurent Félix Gilly [c1800-1865], 
dépose une demande le 9 mai 1862 pour exhausser d'un troisième étage avec balcon la maison de son beau-père Adrien Gilly (Pavillon qui accueillait les concerts en 1855), située au n° 11 (AM 2T 11-702). 

Fin mai 1862, elle dépose cette fois une demande pour faire construire une nouvelle maison au n° 11, entre la  maison de son beau-père à l'ouest (en retrait), et celle "en construction" de sa soeur Désirée Serrat épouse Defly, à lest (dans le même alignement) (AM 2T 11-744). 

La maison, probablement dessinée à nouveau par Victor Sabatier, est constituée d'un rez-de-chaussée sur cave surmonté de trois étages soulignés de balcons. La facade sud aligne 9 baies accostées de pilastres. Le porche central est en arc brisé comme les trois baies centrales des premier et deuxième étages. Le premier étage est le plus soigné, des motifs sculptés y alternant avec les baies centrales et dominant les baies latérales.

Cependant, cette maison n'a pas été construite car elle n'est visible sur aucune photographie de l'époque. Le terrain sera vendu en 1863 à Charles Toussaint Charvet qui y construira en 1865.



LE PAVILLON MASCLET/PETIT


Le photographe Pierre Petit [1831-1909] ouvre un atelier en 1861, à l'extrémité sud de la villa Masclet, dans le Parc aux Roses, succédant ainsi à l'horticulteur Joseph Besson et devenant le seul commerçant non hôtelier de la Promenade.

C'est l'entrepreneur Léon Massenet qui dépose, le 7 octobre 1861, une demande d'autorisation de construction d'un pavillon de 4m de haut avec bail de 9 ans, "pour l'établissement d'un Atelier photographique, succursale de la Photographie des Deux-Mondes, Pierre Petit de Paris, 31, rue Cadet" (AM, 2T9-289).

"A l’entrée [orientale de la Promenade], Pierre Petit a fait construire un pavillon où les personnages illustres de l’Europe entière viennent se faire photographier. Temple lumineux dont ses ateliers de Paris ne sont que l’obscure succursale !" (E. Négrin, Les Promenades de Nice, 1863, pp. 59 et 282-83). 


L’atelier, de plan rectangulaire est de petites dimensions et ne comporte qu’un seul niveau. Couronné d’un toit-terrasse, il possède une verrière orientée au nord. 

C’est Paul Augustin Riollet [1837-1889], assistant de Pierre Petit et responsable de l’atelier, qui fait modifier le sommet du bâtiment pour y installer les inscriptions en 1862, avec "Photographie" sur le côté sud, et "Pierre Petit" sur les faces est et ouest du bâtiment (AM 2T 14-1193).

Il est à noter qu'un autre photographe, Sérène Lemière [1829-apr.1897], demande en 1864, l'autorisation de placer des "montres" à quatre endroits de la ville dont la Promenade des Anglais. Ces horloges font la publicité de son atelier, situé depuis 1863 au 4, place du Jardin-Public (AM 2T 18-2027).



- ALEO Miguel (1824-c.1900) & DAVANNE (1824-1912), Nice, Les Ponchettes de l'Est, détail, fin 1862-début 1863,
peut-être septembre-octobre 1862 ou mars-avril 1863, du fait de nombreux indices
 dont la présence des cabines de bains [Lambert ?] sur la plage,
vues stéréoscopiques, tirages albuminés de 7,7x7,4 cm, sur carton de 17,3x8,4 cm,
Los Angeles, J.P. Getty Museum, cote 84.XC.873.1213.


Avec du côté nord, de gauche à droite, la Villa Diesbach (construite en 1861-62), l'Hôtel Victoria (construit en 1853-54), la Villa Robiony/Dampierre (construite entre 1856 et 1859, acquise en 1863), l'Hôtel Méditerranée (construit en 1862-63), la Pension Rivoir (ouverte en 1860 dans l'ancienne Villa Regis/Fernandez), la Villa Claridge (aile ouest du Pavillon Pollan, acquise en 1858), la Villa Hitroff (partie centrale et aile est du Pavillon Pollan, acquises en 1862), la Villa Süe (vers 1845), [la Maison Süe, la Maison Serrat-Defly (1862-63), la Maison Serrat-Isnard (1861) et le studio Petit (1861) ne sont pas visibles], la Maison Donaudy (construite avant 1855, en avant des autres propriétés, avec sa grande façade aveugle timbrée de la pancarte publicitaire pour les vins de Bordeaux), le jardin et les extrémités de l'Hôtel des Anglais [puis le quai du Midi].




LES MAISONS DONAUDY ET L’HÔTEL DES ANGLAIS (voir leur description en première partie de l'article)

La Maison Donaudy, située au n° 3 de la Promenade reçoit, à l’angle sud-est de sa façade orientale aveugle, une pancarte publicitaire portant le texte suivant, "Spécialité-de Vins-de-Bordeaux- Rue Masséna 30". Cette pancarte est installée dans les premiers jours de janvier 1862 (AM, 2T 10-469) par le marchand de vins fins, Antoine Tournois (de Dijon mais propriétaire de vignobles, à Blaye, Gironde) dont l'arrivée à Nice est signalée en octobre 1861 (Les Echos de Nice du 29 octobre 1861)

L’Hôtel des Anglais, attesté dès 1859 (1858 ?), est situé à l'angle du Jardin Public et de la Promenade des Anglais. Il est constitué des deux anciennes Maisons Laurencin contiguës, construites au début des années 1830-1840 et acquises par Donaudy en 1853. 

L'hôtel est dirigé par la jeune (veuve) irlandaise Elisabeth Parr [c.1825- ?] qui est citée pour la première fois à Nice, en octobre 1859, dans la liste des étrangers nouvellement arrivés (Revue de Nice, 1859-60 p 19) puis dans plusieurs documents dont l’annuaire et le recensement de 1861 (Edwin Lee, Nice and its climate, édition de 1861, préfacée en 1859 - AD06, dossiers 03U 01/1130 et 1131). Le recensement de 1861 ne signale, en dehors de la maîtresse d'hôtel, qu'un chef et trois domestiques.

"La Maison Donaudy louée à usage d’hôtel" (sans précision du nom de l’hôtel), fait l’objet d’une première expertise en 1861 pour des travaux réalisés (AD 03U 01/1130 - 54). "La Maison Donaudy louée à l’hôtel des anglais" fait l’objet d’une deuxième expertise en 1862 pour la distribution d’eau des lieux d’aisance à l’anglaise et des baignoires (AD 03U 01/1131 - 128).

Le nom de l'Hôtel des Anglais n'est qu'exceptionnellement cité dans les archives de Nice entre 1859 à 1861, est absent des guides de voyage antérieurs à 1862 et reste rare en 1862 et 1863 (Bradshaw's Continental Guide, May 1862 p 365 ; John Murray, Handbook for Travellers in Northern Italy, 1863 p 77). 

La société londonienne qui emploie Elizabeth Parr a d'abord loué les bâtiments Donaudy en 1859 (dès 1858 ?) et n'a acheté le fonds de commerce qu'après être entrée en bourse en 1863 sous le nom de The Mediterranean Hotel Company Limited, avec un capital de 300.000 livres et avec comme but premier d'ériger des hôtels à Nice et Menton (The Examiner du 9 mai 1863 p 299).

The Examiner du 13 juin 1863 (p 379) précise cependant qu'il y a de nécessaires modifications et ajouts,"alterations and modifications"à apporter à l'Hôtel des Anglais. 
A partir de mai 1864, la société insère dans tous les Guides John Murray, une publicité pour l'Hôtel des Anglais, rappelant son achat, son agrandissement et son aménagement récents, "recently purchased (...) enlarged and fitted up". 
Aucune photographie connue ne montrant la construction de nouveaux bâtiments, ces mentions ne renvoient peut-être qu'à des aménagements intérieurs. Rien ne peut être affirmé cependant car aucune photographie connue ne montre les travaux en cours du Pont Napoléon III, pourtant érigé la même année 1864.


- Publicité pour l'Hôtel des Anglais de Nice, insérée dans les Guides Murray, 
Handbook for Travellers in Egypt, 1864, partie publicitaire p 36, Google Books.




Les guides vantent l’Hôtel des Anglais pour sa proximité de la mer, sa présence au cœur du Jardin Public, sa bonne cuisine et le fait que l’on y parle anglais mais lui reprochent parfois les inconvénients dus aux égouts qui se déversent dans le Paillon.


LES ÉTABLISSEMENTS DE BAINS

En 1862 et 1863, des établissements de Bains constitués de nombreuses cabines sur roues, s’installent de mars à octobre sur des parcelles de terrain provenant des lais et relais de la mer (plage) (Edwin Lee, Nice et son climat, p 18, 2ème édition, préfacée en décembre 1862, éditée en 1863). 

Grâce aux demandes de concession, on a connaissance, d’ouest en est, des Bains Pierre Lambert (1863), face à l’Hôtel Victoria (AD 02Q 071 et AM 2T 14-1460), des Bains Charles George/Georges (1863), face à la propriété de la Suze et au nouvel Hôtel de la Méditerranée (AD 02Q 0171 et AM 2T 14-1358), des Bains Louis Bonnet (1862, face au pavillon Pollan situé près de la Pension Rivoir (AD 02Q 0171) et un établissement, dont la demande est déposée par le soumissionnaire Rossetti (1863), face à la propriété Gilly située à l’angle de la ruelle de la Croix-de-Marbre (AD 02Q 0171).

Ces demandes ne font cependant parfois que renouveler ou légitimer une pratique antérieure. Ainsi, les Bains Georges sont-ils déjà cités dans des publicités de 1859 (face au Pavillon Pollan cependant) et de 1861.


- Publicité pour les Bains Georges parue dans Le Messager de Nice du 30 juin 1861 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



Les Bains Lambert, adossés à la promenade, sont également antérieurs à 1863 car ses baraques ont été, lors de la tempête du 30 octobre 1862, "enlevées par la mer, à l’exception de la plus grande, qui a eu fortement à souffrir" (Le Messager de Nice du 31 octobre 1862 p 3).


LE JARDIN PUBLIC


- Plan de la Ville de Nice, détail du Jardin public, 1860,
Nice, Archives Municipales, 01Fi 1-18.

 


L’estrade qui accueille l’orchestre militaire est agrandie suite à la décision du Conseil municipal du 10 mai 1861 (AM, 1D1-1, f. 86v).

Douze palmiers provenant de Villefranche-sur-Mer sont transplantés en juin 1863 (Le Messager de Nice du 17 juin 1863 ; Emile Négrin, Les Promenades de Nice
4ème édition de décembre 1866 p 120) puis un myrte colossal, 
provenant du jardin Cristini du quartier de Saint-Etienne et offert par la Compagnie de chemin de fer, est transplanté au nord du jardin fin septembre de la même année (Revue de Nice 1861-62 pp 209, 315 et 327, 1862-63 p 357 et 1863-64 p 18 ; Journal de Nice du 3 octobre 1863)


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, Le Jardin Public (avec l'estrade de l'orchestre) et les quais du Paillon, 1863,
grand tirage albuminé, Collection personnelle.
La datation de la photographie peut être déduite de la présence (tout à droite de l'image), de l'autre côté du Paillon, dans le Square des Phocéens, du long bâtiment de la Gare provisoire de Nice, autorisée mi-janvier 1863, achevée en avril 1863 et démontée fin septembre 1865. Cependant, les cyprès situés à l'entrée du Cimetière du Château (en arrière-plan) sont encore visibles alors qu'ils vont être coupés en 1863. L'un des nouveaux palmiers plantés en juin 1863 est visible au tout premier plan.




Le jardin est fortement agrandi au cours du second semestre 1863 par des terrains gagnés sur le Paillon. Il adopte désormais une forme rectangulaire et, à la fin du mois de septembre 1863, le bassin est changé de position afin de le placer au centre (Echos de Nice du 6 octobre 1863).

Au dernier trimestre de l'année 1864, l'estrade de la musique est déplacée plus au sud-est, dans la nouvelle partie du jardin qui n'est aménagée qu'à l'époque de l'achèvement du Pont Napoléon III (Journal de Nice du 14 octobre 1864). 


LE PONT NAPOLÉON III


Ce pont, destiné à mieux relier la vieille ville italienne et la ville nouvelle anglaise, a été envisagé par le Consiglio d’Ornato à plusieurs emplacements mais n’a jamais été réalisé. Le projet est cependant relancé et confirmé par Napoléon III dès 1860. Il y a, pendant plusieurs années, à nouveau discussion pour savoir si le pont doit être érigé dans le prolongement de la rue Saint-François de Paule ou dans celui du quai du Midi.

Parmi trois projets de pont déposés, le Conseil municipal du 4 décembre 1863 retient celui en fonte de M. Georges Martin (qui a réalisé le Viaduc du Var) pour la somme de 218.000 francs (projet approuvé par le préfet le 18 décembre, AM, 1D1-2, ff. 111-112).

Les travaux du pont, menés par la Compagnie Martin, attendent les derniers jours de décembre 1863 pour débuter à l’embouchure du Paillon, d'est en ouest, afin de mettre en communication directe le Quai du Midi et la Promenade des Anglais et de relier le Jardin des Phocéens au Jardin Public. 

Les travaux de maçonnerie se terminent fin juillet 1864 mais les arcs en fonte réalisés à Marseille ne sont livrés que fin septembre. Le garde-corps est posé dès novembre et le pont, équipé de réverbères est ouvert à la circulation piétonne le 25 décembre 1864 puis officiellement inauguré le 3 janvier 1865 (articles du Journal de Nice de décembre 1863 à janvier 1865).











mercredi 20 mai 2020

1116-BAC SPÉ-NOUVELLES QUESTIONS LIMITATIVES DU BAC 2021




- TINGUELY Jean (1925-1991), Boris - Le Bouc de Jo, 1990,
pièces métalliques soudées, crâne, plumes, moteur, 
1,20x2x3,10 m, Collection NCAF, en dépôt au MAMAC de Nice.





Bulletin officiel n° 21 du 21 mai 2020



ŒUVRES, THÈMES, QUESTIONS DE RÉFÉRENCE DU BACCALAURÉAT POUR L'ENSEIGNEMENT DE SPÉCIALITÉ D'ARTS PLASTIQUES EN CLASSE DE TERMINALE 



Le programme de l'enseignement de spécialité d'arts plastiques, de la classe terminale institue des questions limitatives, régulièrement renouvelées, et publiées au Bulletin officiel de l'éducation nationale en vue de l'épreuve terminale du baccalauréat. Mobilisant une culture plastique et artistique personnelle, les questions limitatives s'appuient sur des connaissances et des compétences travaillées tout au long du cycle terminal. Elles sont reliées aux champs de questionnements des programmes qu'elles éclairent selon des problématiques et des pratiques artistiques spécifiques ou plurielles.

Leur approche est conduite :

- à partir du champ des questionnements plasticiens, structuré autour de trois domaines d'étude, et du champ des questionnements artistiques interdisciplinaires ;

- en mobilisant les compétences travaillées des programmes d'arts plastiques du lycée.

Études de cas communes à tous les élèves, elles ne constituent pas un corpus auquel se limiterait la culture plastique et artistique en classe terminale. Mobilisant certaines dimensions et problématiques spécifiques de la création artistique, elles permettent d'éclairer de manière spécifiques et opportunes divers questionnements travaillés par les programmes de l'enseignement de spécialité. Elles sont ainsi régulièrement articulées à d'autres références, choisies par le professeur pour nourrir et jalonner le parcours de culture plastique et artistique, dont la mise en œuvre est opérée tout au long du cycle terminal.


À compter de la rentrée scolaire 2020, les œuvres, thèmes, questions de référence retenus sont :


MACHINES À DESSINER, PROTOCOLES OU PROGRAMMES INFORMATIQUES POUR GÉNÉRER DES DESSINS :

- études de cas au choix du professeur à partir des Méta-matics de Jean Tinguely (1925-1991), des Wall drawings de Sol LeWitt (1928-2007), des dessins assistés par ordinateurs de Vera Molnár (née en 1924).


MISE EN SCÈNE DE L'IMAGE :

- Carmontelle, Louis Carrogis dit (1717-1806), Les Quatre Saisons, 1798, transparent long de 42 mètres, aquarelle, gouache et encre de Chine sur 119 feuilles de papier doublé de soie. Sceaux, musée du Domaine départemental ;

- Barbara Kruger (1945-), Untitled (Sans titre), 1994-95, dimensions variables, installation de sérigraphies photographiques sur papier. Cologne, museum Ludwig, collection Ludwig ;

- William Kentridge (1955-), More Sweetly Play the Dance (Jouer la danse plus doucement), 2015, dimensions variables, installation vidéo 8 canaux haute définition, 15 min, avec 4 porte-voix. Ottawa, musée des beaux-arts du Canada.


DU PROJET A LA RÉALISATION D'UNE OEUVRE MONUMENTALE : 

- Claude Monet (1840-1926), Cycle des Nymphéas du musée de l'Orangerie, entre 1897 et 1926, huile sur toile, H. : 1,97 m, L. : environ 100 m linéaire, surface environ 200 m2. Paris, musée de l'Orangerie ;

- Sophie Taeuber-Arp (1889-1943) en association avec Jean Arp (1886-1966) et Théo van Doesburg (1883-1931), L'Aubette, entre 1926-1928, restructuration, aménagement et décors de divers espaces. Strasbourg, Place Kléber ;

- Huang Yong Ping (1954-2019), Serpent d'océan, 2012, aluminium, sculpture monumentale, L. : 128 m, H. : 3 m, création pérenne dans le cadre du parcours Estuaire. Saint-Brevin-les-Pins, Pointe de Mindin, Loire-Atlantique.



mardi 19 mai 2020

1115-NICE, LA PROMENADE DES ANGLAIS-1 (1850-1860)



Plan de la Ville de Nice1856, 
dressé par Ch. Montolivo, gravé par Ch. Dyonnet, B. Visconti éditeur, Nice, 1856,
BnF, Paris (voir sur Gallica).

















UN ARTICLE RÉDIGÉ EN COLLABORATION AVEC
 VÉRONIQUE THUIN-CHAUDRON, HISTORIENNE DE L'ARCHITECTURE 
ET DIDIER GAYRAUD, HISTORIEN DE LA PHOTOGRAPHIE
 ET DES VILLAS DE LA CÔTE D'AZUR


DERNIÈRE MODIFICATION DE CET ARTICLE : 18/03/2024



LA PROMENADE DES ANGLAIS


Au début du XIX° siècle, le sentier du littoral, situé sur la rive droite du Paillon, en dehors de la ville de Nice, est bordé de prairies, de bois et de quelques propriétés dont certaines datent de la fin du XVIII° siècle. Les hivernants anglais du quartier proche de la Croix-de-Marbre, ou New Borough, décident d’aménager à leurs frais ce sentier, en créant entre 1822 et 1824, un chemin de 2 m de large, "afin de faire travailler les pauvres, et de procurer aux étrangers, et surtout aux malades habitans (sic) au faubourg, une promenade saine et agréable" (Guide des Etrangers à Nice, 1826 p 115). 

La municipalité prend ensuite le relais dans le cadre du plan de développement de la ville encadré par le Consiglio d’Ornato et prévoit dès 1832 un tracé ambitieux. Un premier tronçon du "Chemin des Anglais", élargi à 4 m, est réalisé en 1844, de l’embouchure du Paillon jusqu’au Vallon Saint-Philippe, et devient la "Promenade des Anglais". 

Étroite et mal entretenue mais très fréquentée (L’Avenir de Nice des 18 janvier 1852, 4 août 1852 et 19 août 1853), la voie est cependant sécurisée et doublée en 1853 puis prolongée jusqu’à l’embouchure du Magnan en 1856. Le revers des talus est même semé de gazon.

"La Promenade des Anglais s'élargit, se régularise et, dans la campagne dernière on vient de la prolonger jusqu'au pont de Magnan (...) La Promenade des Anglais a un indispensable besoin d'arbres (...) Cette plantation serait infiniment mieux entendue que celle de ces petits pieds d'aloès que l'on a si singulièrement mélangés au gazon de la promenade des Anglais. Du gazon sur le bord de la mer !!! La Promenade des Anglais, déjà si belle et si fréquentée doit être élargie, bordée de trottoirs et éclairée au gaz. Peut-être une plantations de pins parasols y réussirait-elle. Tout se fera peu à peu" (A. Burnel, Nice, Société typographique, janvier 1857 p 34, note 1 p 53, p 84, p 135, p 184).

De nombreux articles paraissent dans L’Avenir de Nice entre 1857 et 1859 pour demander l’élargissement de la Promenade et pallier l’absence de sécurité des piétons, l’absence d’éclairage, de bancs en bois et de plantations en bord de mer.

 "Des études seront faites sous peu pour élargir la promenade des Anglais et lui donner dans tout son parcours la largeur de trente mètres qu'elle a déjà sur divers points" (Les Echos de Nice du 9 février 1858).

"En entrant dans la ville par la promenade des Anglais, parallèle à la rue de France [les deux voies se raccordent au pont de Magnan], nous trouvons (…) une foule de magnifiques hôtes et de charmantes habitations qui font de cette promenade un délicieux panorama. C’est le rendez-vous habituel de la fashion. On a une vue magnifique sur le golfe et une exposition en plein midi" (Charles Brainne, in, Le Constitutionnel du 8 août 1858 pp 2-3). 

Les propriétés alignent pour la plupart leur entrée principale au nord, sur la rue de France où elles sont numérotées, alors que leur terrain va jusqu’au bord de mer, offrant quelques pavillons enceints de murs bas et de grilles et surtout de grands jardins plantés d’orangers, de citronniers et de fleurs. 

"Les charmantes villas de MM. De Orestis, Avigdor, Diesbach, Lions, Pollan, Guiglia, Masclet, Gilly, Donaudy, Castellane, etc., etc., bordent dans toute sa longueur cette belle promenade des Anglais" (A. Burnel, Etude sur Nice, 1856 p 84). 

Ces villas hébergent notamment, dans les années 1856-1859, l’Impératrice douairière de Russie Alexandra Feodorovna [1798-1860] (Villa Avigdor, Villa de Orestis) et ses enfants (Villa de Orestis, Maison Lavit), le duc [1824-1876] et la duchesse de Mecklenbourg-Strelitz [1827-1894] (Villa de Orestis), la grande duchesse Sophie de Bade [1789-1860] (Villa Lions) et la duchesse Dorothée de Sagan [1817-1862] (Villa Avigdor). 

Quelques cabines de bains existent sur la plage de la Promenade des Anglais dès le milieu des années 1850 (aquarelle de Jacques Guiaud) et l’une d’entre elles accueille la grande-duchesse Elena Pavlovna de Russie [1807-1873], dès les printemps 1857 et 1858 (L'Avenir de Nice du 15 avril 1858 p 3).


- Publicité pour les Bains George parue dans L'Avenir de Nice des 1er juin, 11 juin et 9 juillet 1859 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



En dehors des plans de Ville et de propriétés, ce sont les aquarelles, estampes et peintures des années 1830-1850 qui nous révèlent les lieux, notamment celles de Clément Roassal (1871-1850), Joseph Fricero (1807-1870), Gordon Coombe-Tennant [?- ?], Jacques Guiaud [1810-1876], Victor Petit [1817-1871], Hercule Trachel [1820-1872] et Dominique Trachel [1830-1897]. 


Des vues panoramiques montrent ainsi le chemin depuis la mer, le Vallon de Magnan ou le quartier de Sainte-Hélène (à l’ouest), la colline du Château ou le quai des Ponchettes (à l’est). Les vues rapprochées ne concernent le plus souvent que le chemin, sablé et ponctué de bancs de pierre, dans sa portion orientale comprise entre le Vallon de Saint-Barthélemy et l’embouchure du Paillon, à proximité du quartier de la Croix-de-Marbre. 

Quelques photographies témoignent à leur tour de la Promenade des Anglais, dès la fin des années 1850, notamment celles de Pierre Ferret [1815-1875], Louis Crette [c.1823-1872], Michel Schemboche [c.1828-1908] et Charles Cottalorda [c.1837-?]. Elles reprennent des points de vue semblables aux dessins et peintures et se concentrent elles aussi sur la partie orientale de la Promenade.



1850-1860 – LA PARTIE ORIENTALE DE LA PROMENADE DES ANGLAIS (D'OUEST EN EST : Du Vallon Saint-Barthélémy – actuelle rue de Rivoli – à l’embouchure du Paillon)


A la fin des années 1840, il n’existe que quelques constructions qui bordent la partie orientale de la Promenade des Anglais, espacées de jardins et groupées entre la ruelle du Lavoir et l’embouchure du Paillon, avec d’ouest en est : [le Vallon de Saint-Barthélemy], [la ruelle du Lavoir], La Maison Villanova, la Villa Regis, le Pavillon Pollan, la Villa Süe, [la ruelle de la Croix-de-Marbre], [la ruelle du Canal], la Maison Donaudy (en avant des autres propriétés – et la Maison Laurencin à l’angle du Jardin Public).

Les rencontres mondaines, effectuées en début d’après-midi sur la Promenade des Anglais, notamment les jours de concert de l’orchestre militaire au Jardin Public, se voient prolongées en soirée dans les villas et les hôtels qui s’installent. Les drapeaux des souverains flottent sur les toits des villas qui les accueillent. 

Aux villas et appartements loués à la saison (de novembre à mars), les hôtels qui vont s'ouvrir sur la Promenade vont constituer une alternative (location à la nuitée, à la semaine, au mois, d'une chambre, d'un étage ou de l'ensemble).



- Plan de la Ville de Nice, détail de la Promenade des Anglais, 1856, 
plan dressé par Ch. Montolivo, gravé par Ch. Dyonnet, B. Visconti éditeur, Nice, 1856,
BnF, Paris (voir sur Gallica).





L'HÔTEL VICTORIA


Au printemps 1854, deux grandes maisons sont en construction sur la Promenade des Anglais, l'une dans le jardin Serrat et l'autre, plus à l'ouest, p
rès du Vallon Saint-Barthélemy.
 

Le maître d’hôtel sicilien Gioanni/Jean Zichitelli/Zicchitelli/Zichitelly (1806-apr.1870) qui dirige alors l’hôtel Victoria au 5, place du Jardin Public, souhaite déplacer cet hôtel dans la nouvelle maison du jardin Serrat. 

La transaction n'aboutissant pas, il se reporte sur la maison du Vallon Saint-Barthélémy qui est en principe destinée à devenir le nouvel hôtel de Joseph Faraut/Faraud/Féraud (1814-1881), alors directeur de l'Hôtel Paradis au 11, quai du Midi (Pierre Cauvin, Cicerone pour l'Etranger de Nice et ses environs, 1855 pp 82-83).

La maison érigée par l’entrepreneur Etienne Gilli/Gilly [1813-1866] va en définitive être louée à Jean Zichitelli. Son ancien hôtel Victoria coexiste le temps des travaux avec l'Hôtel de Grande-Bretagne puis emménage dans la nouvelle construction en 1855

L'Hôtel Victoria est non seulement le premier hôtel à ouvrir sur la Promenade des Anglais mais il en est l’un des principaux embellissements.


- Elévation de l'Hôtel Victoria,
Nice, Archives Municipales, O4/12-150.




Le bâtiment en pierre de taille est constitué d’un rez-de-chaussée et de trois étages alignant 15 baies sur les faces principales et 6 baies sur les faces latérales. L’entrée monumentale en arc plein cintre est surmontée d’un balcon et toute la partie basse de la façade est ornée d’un appareil régulier en bossage à refend. Au dernier niveau de la façade sud, la partie centrale est en profond retrait, dégageant ainsi une large terrasse et faisant apparaître les parties latérales comme des pavillons. La corniche repose sur des corbeaux imposants. Une enseigne marque l’avant-dernier niveau du bâtiment central et le sommet des façades latérales.

Gioanni Zichitelli diffuse ensuite dans L'Avenir de Nice, à partir du 1er juillet 1856, la publicité suivante.

 
- Publicité parue dans L’Avenir de Nice du 1er juillet au 22 septembre 1856 p 4, Nice, 
Archives Municipales.




En 1857, c’est la publicité suivante qu’il fait paraître : "Maisons de confiance recommandées à l’étranger - Hôtel Victoria – Situé au milieu de la Promenade des Anglais, en face de la mer, l’Hôtel Victoria est à peu près le seul à Nice, qui domine la baie tout entière. Confortablement et richement aménagé, ce magnifique établissement possède un beau jardin et a deux entrées, l’une sur la route de France, l’autre sur la Promenade des Anglais. La table en est recherchée. Les prix sont modérés. Pour satisfaire sa nombreuse clientèle, M. Zicchitelli a ajouté cette année à son hôtel, du côté de la route de France, au fond d’un jardin, une maison bien meublée pour recevoir les personnes dont la santé délicate pourrait être incommodée du bruit de la mer" (A. Burnel, Nice, préfacé en décembre 1856, 2° éd. de janvier 1857, publicité en fin d’ouvrage en anglais et en français).


L’Hôtel Victoria accueille notamment l’ancienne reine de Hollande (Anna Pavlovna de Russie) [1795-1865], fin octobre-début novembre 1859.



- GARIN DE COCCONATO Urbain (1813-1877), La Promenade des Anglais et l'Hôtel Victoria, vers 1855-1857,
aquarelle dont la photographie est publiée dans L’Éclaireur du Dimanche du 2 mars 1930 p 10, BnF (Gallica).
Voir une meilleure reproduction de l'aquarelle sur le site des Archives Départementales (ici), cote 10FI0397.























LA VILLA ROBIONY 

Antoine Robioni/Robiony [1795-1877], négociant et propriétaire, fait ériger à la fin des années 1850 (entre 1856 et 1860) une villa proche de l’Hôtel Victoria (à l'est) sur l'ancien terrain du jardin de la marquise Julie de Castellane [1788-1855], acheté à ses héritiers. 

Le bâtiment de plan rectangulaire (grands côtés ouest et est) est constitué de trois niveaux percés de cinq baies surmontées d'ornements sculptés. La façade sud présente des extrémités en légère saillie, un balcon central au premier niveau et est couronnée d'une terrasse à balustrade ornée d'un petit fronton triangulaire central.


LA MAISON VILLANOVA

La Maison est érigée entre 1847 et 1854 au sud du terrain du marquis Alphonse de Chamillart de la Suze [1776-1871] (propriétaire dans la Sarthe), par sa fille Léonide Magdelaine [1808-1886], épouse du marquis Henri Joseph de Villeneuve-Bargemont [1807-1878]. C'est probablement le pavillon signalé loué à des étrangers dès 1854 au n° 25  puis n° 23 du chemin des Anglais (L'Avenir de Nice du 12 novembre 1854 et du 19 décembre 1855 p 4).


LA VILLA REGIS 

La Villa du comte Régis (ancien ministre et sénateur des royaumes de Piémont-Sardaigne) et de son épouse (née Desforge de Baumé) est constituée de deux bâtiments, une villa néo-gothique érigée en 1835-36 et un bâtiment antérieur (AM O 4/5-178 – AM O 4/10-71).

La Villa est vendue après 1847, probablement entre 1851 et 1855, à Manuel Fernandez [c.1825-apr.1884] (il s’est marié à Paris en 1851 et son fils est né à Nice la même année). Ce dernier réunit les deux bâtiments existants par le biais d’un bâtiment intermédiaire et d’une nouvelle façade sud, afin d’obtenir un ensemble homogène et très allongé, percé de 11 baies mais constitué de trois niveaux peu élevés. Un appareil régulier à bossage orne le rez-de-chaussée et la partie centrale des niveaux supérieurs (AM O 4/3-10).

Certains appartements de la Villa sont loués par Manuel Fernandez.


- Annonce de location, parue dans L'Avenir de Nice du 9 janvier 1859 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



LE PAVILLON POLLAN 

Ce pavillon, propriété de Narcisse Pollan/Paulan/Paulhan [né en 1831], est l’une des architectures emblématiques de la Promenade. Comme la Villa Regis, il est né de la réunion et de la rénovation de deux bâtiments anciens (des années 1820), avec la construction d’un troisième bâtiment intermédiaire, entre 1847 et 1853 (AM O 4/10-71 et O 4/11-65). 

Le Pavillon est désormais constitué d’un bâtiment central de trois niveaux (de cinq baies), accosté de deux ailes, de 2 niveaux (de cinq baies) seulement, couronnées d’une terrasse à balustrade. L’entrée principale prend la forme d’un arc plein cintre surmonté d’un balcon. 

Un projet de Casino dans la propriété Pollan voit le jour en juin 1853 (L'Avenir de Nice du 22 juin 1853 pp 2-3). "Il s'étendrait sur le quai des Anglais en face de la mer et embrasserait dans son vaste développement les plus magnifiques jardins que possède notre pays [avec serre de plantes rares et ménagerie d'animaux] (...) Au milieu de ces jardins, serait construite en forme de pavillon, une immense salle richement décorée pour bals et concerts. Plusieurs corps de logis seraient affectés aux diverses destinations du Casino [restaurant, café, salle de jeux, salons de billard et de lecture, salons pour dames, galerie de tableaux, petit musée d'histoire naturelle...]. Enfin, un établissement de bains de mer compléterait ce bel ensemble (L'Avenir de Nice du 26 juin 1853).

Le projet, déposé par la famille Schneider, est accepté par la municipalité mais refusé par le ministre de l'Intérieur (sarde) en octobre 1853. Une nouvelle demande est faite dans les semaines suivantes et est cette fois acceptée. Le Casino semble ouvre le 4 janvier 1854 (voir l'annonce ci-dessous).


- Annonce pour le Casino, parue dans L'Avenir de Nice du 7 janvier 1854 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.




Si le pavillon comprenant la grande salle de bals et de concerts a bien été construit (en bois) et que des lustres ont été loués, leurs factures s'accumulent et les créanciers en appellent au Consulat de commerce et de mer dès avril-mai 1854 (AD 01FS 1217, 06FS 0180 et 0181).

Parmi les actionnaires du Casino, outre la famille Schneider, se notent les noms de M. Rescalli et surtout de M. François Blanc [1806-1877] (qui sera à l'initiative du futur Casino de Monaco).

L'activité du Casino de la Promenade s'arrête dès le printemps 1854, pour cause de faillite. La vente du mobilier se fait de gré à gré début juin (L'Avenir de Nice des 4 et 5 juin 1854 p 4). Un article publié dans Le Figaro du 29 décembre 1868 (p 2) rappelle que "cette création avorta par suite de circonstances indépendantes de la volonté du Conseil municipal de Nice".

En 1854 et 1855, le Pavillon Pollan est signalé au n° 17 du chemin des Anglais et est loué en partie à des étrangers (Listes des Étrangers séjournant à Nice publiées dans L'Avenir de Nice du 20 octobre 1854 p 4 et du 22 décembre 1855 p 4).

La Maison Goupil de Paris expose tableaux, estampes, dessins et photographies dans le grand salon de la Villa Pollan l'hiver 1856-1857 (L'Avenir de Nice du 4 décembre 1856 et du 10 janvier 1857).

L’aile occidentale du Pavillon Pollan est vendue en 1858 à l’anglaise Eliza Morgan Beville, veuve Claridge, les héritiers Pollan conservant le bâtiment central et l’aile orientale.
L'adresse précédente de Madame Claridge et de son époux, le capitaine Richard Tappin Claridge [c.1798-1857], était rue du Lazaret, Maison Claridge (L'Avenir de Nice du 2 novembre 1854 et du 15 décembre 1855 p 4).


LA VILLA ET LA MAISON SÜE 

La propriété, signalée dès 1844, appartient au négociant Marcellin Süe [1802-1883] (AM AM O 4/10-71 et O 4/10-316). Deux bâtiments y sont construits entre 1844 et 1847, en léger retrait de la Promenade, l’un de plan carré, au sud-ouest du terrain, à proximité du Pavillon Pollan, et l’autre de plan rectangulaire, au sud-est du terrain, à proximité de la ruelle de la Croix-de-Marbre. 
La propriété occupe le n° 15 du chemin des Anglais en 1854 puis le n° 13 en 1855. Une partie des bâtiments est destinée à la location (Liste des Étrangers séjournant à Nice publiée dans L'Avenir de Nice du 12 novembre 1854 p 4).

La villa ouest, de plan carré, présente, vers 1845, une terrasse en avant de la façade ouest, positionnée au deuxième des trois niveaux et reposant sur les piliers de l’entrée. Elle offre également une terrasse, côté est, qui occupe, cette fois, une partie du troisième niveau. Une baie double et une baie simple sont percées sur chacune des faces.

Dans la seconde moitié des années 1850, la Villa jusque là invisible (sur les vues aquarellées de Jacques Guiaud, prises de l'ouest) est exhaussée d’un niveau. La terrasse orientale du troisième niveau est comblée et l'ensemble est surmonté d'un quatrième niveau. Ce dernier reproduit la configuration de l'ancien niveau supérieur, avec une terrasse qui occupe à nouveau, côté est, une partie de l'étage. 
Les façades orientale et méridionale de la Villa présentent désormais, sur leurs deux  niveaux inférieurs, trois baies surmontées d’un petit fronton, hémicirculaire au centre et triangulaire sur les côtés puis, sur leurs deux niveaux supérieurs, des baies dépourvues de décor mais soulignées d'un balcon au quatrième niveau.

Une maison, de plan carré également, semble remplacer, au début des années 1850, le petit bâtiment rectangulaire situé à l'est. Elle est constituée de trois niveaux de quatre baies (façade orientale aveugle). Ces baies sont rectangulaires, excepté celles du troisième niveau de la façade méridionale, qui sont en plein cintre et jumelées par une colonnette centrale. 

Deux bâtiments plus bas sont érigés entre la villa et la maison : un petit pavillon de 2 niveaux à l’ouest, coiffé d’un toit à 4 pans, et un plus long bâtiment rectangulaire de 2 niveaux à l’est.


LE PAVILLON GILLY

Laurent Félix Gilly [c1800-1865] possède un petit Pavillon au n° 11 de la Promenade (avant 1855). Le Pavillon Gilly est notamment le lieu de concerts les 16 juin et 2 septembre 1855 (L'Avenir de Nice de ces mêmes dates). 
Le Pavillon est ensuite agrandi et accosté d'un autre bâtiment plus en retrait, comme le montre le plan de 1860.


- Annonce d'un concert au Pavillon Gilly, parue dans L'Avenir de Nice du 16 juin 1855 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.




LE PAVILLON MASCLET 

La propriété de Sophie Masclet [Saint-Pétersbourg c.1800- ?], veuve de Pierre Gors [c.1793-c.1855] va de la rue de France à la Promenade des Anglais. Les bâtiments sont concentrés au nord mais un Pavillon est positionné au sud du jardin (visible sur les plans de Ville de 1856 et 1860).

C'est dans ce jardin et ce pavillon que s'installe l'horticulteur Joseph Besson [1797-1868]. Le Parc aux Roses ouvre en novembre 1855.


- Annonce de l'ouverture du Parc aux Roses, parue dans L'Avenir de Nice du 4 novembre 1855,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.




Une élévation conservée en appui d’une demande d’ajout de balcons, en 1858-59, montre le seul niveau concerné du Pavillon Masclet, couronné au centre d’un fronton triangulaire ; la terrasse envisagée du côté sud est portée par des arcs outrepassés et forme un arrondi aux angles du bâtiment (AM O 4/13-67).

En février 1859, une partie de la propriété Masclet est mise en vente par lots, des maisons aux numéros 3, 5 et 7, rue de France mais également deux bandes de terrain sur la Promenade (L'Avenir de Nice du 13 février 1859).



LES MAISONS DONAUDY ET L’HÔTEL DES ANGLAIS

Dans les années 1850, Emilie Gauthier/Gautier [1802-1880], veuve de Jean Baptiste Donaudi/Donaudy [décédé avant 1848], possède à l‘extrémité orientale de la Promenade des Anglais, près de l’embouchure du Paillon, des bâtiments loués aux étrangers. 

La Maison Donaudy est antérieure à 1854 et a probablement été érigée après 1846, date d'un litige entre la famille Donaudy, Auguste Laurencin et la municipalité de Nice (AD06 02FS 0914). 
En 1854, elle occupe le n° 1 du "chemin" ou "promenade des Anglais". Elle est constituée de 3 niveaux. Sa façade méridionale est composée d’un rez-de-chaussée asymétrique rythmé d’arcades aveugles en méplat qui encadrent les huit baies puis de deux niveaux supérieurs aux baies du même nombre, comportant deux balcons à leurs extrémités, seule la baie centrale en étant dépourvue. La façade occidentale est percée de six baies alors que la façade orientale est totalement aveugle.

Les deux Maisons Laurencin sont acquises par Donaudy en 1853 mais conservent leur nom d'origine, "Maison Laurencin" ou "Maison Donaudy ci-devant (anciennement) Laurencin" et occupent le n° 2 de la "Place du Jardin-Public" ou du "Jardin des Plantes".

Auguste Laurencin [né vers 1810] est venu de Paris au début des années 1830 et a épousé la sœur de Narcisse Pollan en 1838. 
Il a fait construire une première maison, entre 1835 et 1842, constituée de quatre niveaux de trois baies rectangulaires avec un rez-de-chaussée orné d’un parement à bossage. 
Il a fait construire une deuxième maison en 1844-45, constituée de quatre niveaux de cinq baies, qui a permis de rattacher la précédente au long bâtiment de la Place du Jardin-Public, situé plus au nord


- Annonce de location d'appartements de la Maison Laurencin, parue dans L'Avenir de Nice du 18 septembre 1854 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.


- Annonce de location d'appartement de la Maison Donaudy, 
parue dans L'Avenir de Nice du 25 novembre 1854 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.




Si les anciennes Maisons Laurencin (Jardin Public) sont encore louées à ce nom lors de la saison 1857-1858 (Les Echos de Nice de l’hiver 1857-1858), elles sont louées à usage d’hôtel dès l'automne 1859 et deviennent l'Hôtel des Anglais. 

Les premières publicités paraissent tout d'abord en anglais dès le 28 septembre 1859 dans le journal parisien Galignani's Messenger puis alternativement en français et en anglais à partir du 8 novembre dans L'Avenir de Nice.


- Annonce d'ouverture de l'Hôtel des Anglais, parue dans L'Avenir de Nice du 12 novembre 1859 p 4,
Archives Départementales des Alpes-Maritimes.




En 1859, les anciennes Maisons Laurencin occupent le n° 2 de la Place du jardin-Public alors que les Maisons d'Antoine Robioni, Jules Gilli et de la veuve Annette Louis Trabaud et de son fils Louis occupent respectivement le n° 4 (avec le magasin de Mme Gonin/Gonnin de nouveautés parisiennes), le n° 6 (avec le Consulat de Prusse) et le n° 8 (avec la Ferme de Saint-Etienne, la boutique de fruits, légumes et fleurs d'Alphonse Karr et le Consulat de France) (AM 02FS 0914 - AM D345 - AM O 4/10-211 et 230 – Millie Bischoff, Guide des Étrangers à Nice, 1858-1859, 1859, Classification des rues pp 24-25).

C’est la Maison Laurencin la plus au nord qui offre, sur sa façade orientale, face au Jardin Public, tout à la fois l'entrée principale et l’enseigne de l'Hôtel des Anglais, positionnée sous les fenêtres du dernier niveau. 
L’hôtel est précédé au sud d’un jardin dont l’entrée donne sur la Promenade des Anglais, juste à côté (à l'est) de la Maison Donaudy.


LE JARDIN DES PLANTES OU JARDIN PUBLIC 

Le promoteur Gilly (originaire de Marseille) donne, vers 1833, le pré de la Fous situé à l'embouchure du Paillon, à la Ville, sous réserve qu'elle y aménage un jardin des Plantes et établisse tout autour des voies carrossables.

Le projet d'un jardin circulaire est dès lors envisagé par le Consiglio d'Ornato (AM, D34-136) mais reste en sommeil pendant près de vingt ans (William Farr, A Medical Guide to Nice, 1841 p 119). 

Il est enfin réalisé en 1851-52, avec des allées bordées de bancs de pierre convergeant vers un bassin central.

Ce plan circulaire est délaissé en 1854 pour un plan triangulaire (terrain allongé au sud), le bassin conservant son emplacement originel (Plan de 1854-1855, AM, 1Fi 9-6 ; L'Avenir de Nice du 3 mars 1858 pp 1-2 ; Guide K. Baedeker, La Suisse, les lacs italiens, Milan, Turin, Gênes et Nice, 4° ed., 1859 p 335 ; Les Echos de Nice n° 7 du 14 novembre 1859 ; Edwin Lee, Nice et son climat, 1861 p 26). 


- Plan partiel de la Ville de Nice, détail du Jardin public, 1854-1855,
Nice, Archives Municipales, 1Fi 9-6.




"Ce jardin lui-même qui ne date que de cinq ans à peine, voit croître de jour en jour les deux lignes de sycomores et de tilleuls qui bordent les allées du nord et de l'ouest. Au centre du jardin, douze ou treize poivriers déjà fort beaux, laissent tomber leur feuillage élégant comme celui du saule-pleureur autour du bassin dont le jet d'eau rafraîchit l'atmosphère. Dans les allées qui rayonnent autour du bassin, des centaines de jeunes arbustes de tous les climats s'élèvent et promettent de fournir, dans quelques années, les ombrages les plus charmants" (Auguste Burnel, Nice, ouvrage rédigé en 1856, préfacé le 15 décembre 1856 et édité en janvier 1857 pp 34-35).

"La promenade des Anglais conduit au jardin public, dessiné en triangle et planté d’arbres de toutes les essences : oliviers, vernis du Japon, magnolias, bruyères arborescentes, althéas, palmiers, rosiers en fleurs, géraniums, etc., qui tous y réussissent à merveille. La musique de la garnison y joue deux fois la semaine [l'hiver, sauf en janvier]" (Le Constitutionnel du 8 avril 1858 pp 2-3). 

En juin 1859, la Famille Tiranty offre à la Ville un magnifique palmier qui devient le plus bel ornement du Jardin (L'Avenir de Nice des 19 et 20 juin 1859). La transplantation ayant lieu peu après la victoire franco-sarde de Magenta (4 juin), il est proposé de donner ce nom au palmier mais c'est l'appellation de "Palmier de l'Annexion" qui sera retenue en 1860.

La figure sculptée d'une naïade est ajoutée à la fontaine (signalée en novembre 1859).

"Un autre spectacle, qui mérite à lui seul le voyage, c'est celui que le Jardin public et la promenade des Anglais offrent le dimanche : toutes les fortunes, toutes les nationalités, toutes les positions s'y condoient" (L'Avenir de Nice du 18 décembre 1859).

A la fin des années 1850, le long de la Promenade des Anglais, existent d’ouest en est : [le Vallon de Saint-Barthélemy], la Maison Gilly/Hôtel Victoria, la Villa Robiony [la ruelle du Lavoir], la Maison Villanova (Léonide de Villeneuve-Bargemont [1808-1886], fille du marquis de la Suze), la Villa Fernandez (ancienne Villa Regis), la Villa Claridge (aile ouest du Pavillon Pollan), le Pavillon Pollan (partie centrale et aile est), la Villa et la Maison Süe, [la ruelle de la Croix-de-Marbre], le Pavillon Gilly, le Pavillon Masclet, [la ruelle du Canal], la Maison Donaudy (en avant des autres propriétés) et l’Hôtel des Anglais (à l’angle du Jardin Public).