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jeudi 28 septembre 2023

1314-NICE, L'ANCIEN HÔTEL DES ÎLES-BRITANNIQUES-2

 

  SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


VOIR LA PREMIÈRE PARTIE DE CET ARTICLE


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 04/04/2024



NICE - L’ANCIEN HÔTEL DES ÎLES BRITANNIQUES



LA GÉRANCE DE MAURICE ROSNOBLET ET ANTOINE CHASSEPOT (1869-1879)


A Nice, Maurice Rosnoblet semble s'associer avec Antoine Alphonse Chassepot dès juin 1869 : "M. Chassepot des chassepots, va, en personne - s'il faut en croire "Le Phare du Littoral", - exploiter l'hôtel des Îles-Britanniques à Nice : il rêve même de procurer aux voyageurs la plus grande somme de "confort" (La France du 26 juin 1869 p 3).

Il faut cependant attendre l'Annuaire niçois de 1873 pour trouver mention du nom de ce dernier : "Hôtel des Îles-Britanniques, Rosnoblet et Chassepot, avenue de la Gare".

Antoine Alphonse Chassepot est né le 4 mars 1833 à Mutzig, Bas-Rhin. Il est le fils de Jean Baptiste Chassepot (Liège, Belgique, 8 mai 1805 - Mutzig 10 juin 1894) et d’Hélène Bruder (Mutzig 27 juillet 1808 - Châtellerault, Vienne, 29 août 1887) qui se sont mariés à Mutzig le 20 mai 1829. 

Contrôleur d'armes, âgé de 26 ans, il épouse le 10 mai 1859, à Châtellerault (Vienne), sa cousine Pauline Augustine Chassepot, sans profession, âgée de 18 ans (née le 27 février 1840 à Mutzig). 

Le couple va avoir deux enfants, Marie Alphonsine Hélène Chassepot (née le 29 juin 1860 à Saint-Etienne, Loire) et Auguste Alphonse Achille Chassepot (né le 16 janvier 1862 à Saint-Etienne). 

Armurier à Châtellerault, Paris puis Saint-Etienne, Antoine Alphonse Chassepot est l’inventeur du célèbre fusil qui porte son nom (modèle de 1866). Il est fait chevalier de la Légion d'Honneur le 30 août 1866 puis officier par décret du 12 mars 1870. Cette année marque cependant la fin de la carrière d'armurier qui a fait sa renommée et sa fortune (il a 37 ans).


- Portrait d'Antoine Chassepot,
estampe non datée.




Le fait de retrouver Antoine Chassepot en tant qu’hôtelier à Nice dès 1869, s’explique par ses liens de parenté (côté maternel) avec l'épouse de Maurice Rosnoblet qui est née, à un an d'écart, dans la même ville de Mutzig.

Lors du mariage à Nice de la première fille de Maurice Rosnoblet, le 17 mai 1875, "Antoine Alphonse Chassepot, 42 ans, rentier, domicilié à Paris", est cité parmi les témoins comme, "cousin germain de l'épouse".

Marie Félix Antoinette Rosnoblet, âgée de 17 ans, sans profession, se marie à cette date, avec Emile Thomas Prével, maître d’hôtel, âgé de 29 ans (né le 29 décembre 1845 à Tronquay, Calvados) qui gère alors à Nice l'Hôtel de la Paix (15 et 17, quai Saint-Jean-Baptiste).


- FERRET Pierre (1815-1875), Grand Hôtel des Îles Britanniques à Nice, détail, fin 1872-début 1873,
 vue panoramique, tirage albuminé de 15,9x38 cm, sur carton fort de 26,6x46,7 cm, Collection personnelle.

La vue montre, devant et sur le côté de l'hôtel, le muret surmonté d'une grille installé à la demande de Maurice Rosnoblet fin 1869 (AM, 2T 32-401). Elle montre ensuite les trottoirs de l'avenue de la Gare avec des bancs installés au début de l'année 1871 (mars-avril), et des arbres plantés à la même période, qui apparaissent dépourvus de feuilles (vers décembre-janvier).

 Lorsque l'on zoome fortement dans l'image on aperçoit, dans l'immeuble qui accoste l'hôtel du côté de l'avenue de la Gare, le bureau de Tabac de Louis Montanari et de son épouse Véronique (née Mullot), ouvert au n° 17 au cours de l'année 1872 (Annuaire de 1873).

La prise de vue peut donc être datée au plus tôt de décembre 1872, et au plus tard d'avril 1875 (date de cession de l'atelier et du décès du photographe). 

Cependant, la photographie entière montre, dans l'avenue de la Gare, l'achèvement en cours d'un bâtiment dont la construction a débuté au printemps 1872, ce qui laisse penser que la vue peut dater de la fin de l'année 1872 ou du tout début de l'année 1873.



Le bâtiment visible sur la photographie ci-dessus ne correspond pas tout à fait au projet initial (élévation de 1867 ; voir la première partie de cet article). Un cinquième étage en retrait (sixième niveau) a été ajouté au-dessus de la corniche des deux façades, précédé d'une terrasse bordée d'un balcon filant. 

Il est probable que ce nouveau parti-pris date de 1867-1868, avant même l'ouverture de l'hôtel, même si la possibilité d'un changement ultérieur (vers 1869-1872) ne peut être totalement évacuée (demande d'exhaussement non conservée). L'ajout d'un niveau supplémentaire au cours de la construction se retrouve d'ailleurs sur d'autres bâtiments de l'avenue du Prince-Impérial. 

Les façades de l'Hôtel des Îles-Britanniques ont également subi d'autres modifications. Les baies rectangulaires dévoilent des variations dans leur forme (deuxième et cinquième étages) et leur décor (petits frontons rectangulaires placés au-dessus des baies du troisième étage), absentes du projet initial. 

Les balcons latéraux symétriques n'ont été placés qu'au-dessous des baies du deuxième étage sur les deux façades (alors qu'ils étaient également prévus au troisième étage) et ils affichent désormais les enseignes de l'établissement, "Gd Hôtel des Îles", "Britanniques". 

Un petit balcon a cependant été placé sous la baie centrale du premier étage (au-dessus de la seule porte d'entrée du boulevard de Ceinture/Longchamp) et du troisième étage (sur les deux façades).

Enfin, une longue devanture percée d'une porte centrale (magasins) a été installée au rez-de-chaussée de l'avenue du Prince-Impérial/de la Gare (Journal de Nice du 15 octobre 1869).


- Annonce pour les Hôtels des Îles-Britanniques de Nice et Menton
parue dans La Vie Mondaine à Nice du 19 octobre 1876 (Paris, BnF, Gallica).




A partir du 23 novembre 1878, les publicités qui paraissent dans The American Register présentent désormais l'Hôtel des Îles-Britanniques de Nice comme une succursale de celui de Menton, avec Maurice Rosnoblet, propriétaire.

L'association entre Maurice Rosnoblet et Antoine Chassepot semble cependant prendre fin le 4 août 1879, Antoine Alphonse Chassepot restant dès lors le seul directeur de l’hôtel niçois (Affaires Commerciales de la France du 14 septembre 1879 p 1202 ; Le Messager de Paris du 16 septembre 1879 p 4). 

Les publicités qui paraissent dans The American Register n'en continuent pas moins de citer l'Hôtel des Îles-Britanniques de Nice en tant que succursale de l'hôtel éponyme de Menton jusqu'au 15 mai 1880.

Maurice Rosnoblet est cité pour les dernières fois à Nice en 1878 au 10, rue Adélaïde, rue située à l’arrière de l’Hôtel des Îles-Britanniques (fiche matricule de son fils Charles Maurice Achille Rosnoblet) puis en 1879 au 2, boulevard Lonchamp, à l'adresse de l'hôtel (Annuaire niçois de 1879 ; annuaires absents de 1880 à 1883).

Il est possible qu'il conserve cependant une adresse niçoise après cette date (à l'Hôtel de la Paix chez sa fille et son gendre ou à l'Hôtel des Îles-Britanniques ?), son nom apparaissant dans la liste du Comité Républicain Indépendant, lors des élections municipales niçoises de janvier 1881. Il sera, par la suite, Conseiller municipal à Menton (de 1884 à 1896). 

Après Nice, Maurice Rosnoblet se concentre sur l’exploitation de son hôtel mentonnais avec les membres de sa famille. Dès le milieu des années 1870, il a fait construire un bâtiment à une nouvelle adresse de centre-ville (près de la gare) où il a ensuite déménagé le Grand Hôtel des Îles-Britanniques (chemin puis rue Piet(t)ra-Scritta). 

De nombreux membres de sa famille et de celle de sa femme, souvent originaires de Haute-Savoie et du Bas-Rhin (beaux-fils, beaux-frères, neveux et petits-enfants) sont et seront maîtres d'hôtels dans des villes la Riviera mais également dans d'autres villes françaises et étrangères : familles Rosnoblet, Beck, Prével, Brunetti, Jungbluth, Ritz, Mohler... 

Une partie de ces familles constituera, dans les années 1890, la "Société de l'Hôtel des Îles-Britanniques Mohler-Rosnoblet".

Maurice Rosnoblet, rentier, décédera à Menton, Villa Minerve, Val du Carei, le 27 juin 1898, à l’âge de 82 ans. 

La Société de l'Hôtel des Îles-Britanniques fera ensuite construire à Menton le Winter-Palace en 1901-1903 et gérera cet hôtel. 

Hélène Antoinette Beck, veuve de Maurice Rosnoblet, décédera à la Villa Minerve, le 29 décembre 1916, à l'âge de 82 ans.


- Nice, Plan du boulevard de la Buffa, décembre 1879, 
avec ajout d'un point jaune désignant le Grand Hôtel des Îles-Britanniques,
Archives Municipales de Nice, 2T67-115.

Le boulevard Longchamp est également désigné sous le nom de "boulevard de la Buffa" 
au tournant des années 1880, du nom du boulevard qui le précède à l'ouest.
La maison qui accoste l'hôtel et empiète sur le boulevard va bientôt disparaître.



LA GÉRANCE D'ANTOINE CHASSEPOT (1879-1889)


Dès 1880, Antoine Chassepot fait appel à Geoffroy Roubeau-Place, 60 ans (né le 4 août 1821 à Vichy, Allier) (3), propriétaire du Grand Hôtel des Ambassadeurs de Vichy, pour diriger le Grand Hôtel des Îles-Britanniques pendant la saison d'hiver 1880-1881 puis à Emile Ott, 31 ans (né le 2 août 1850 à Strasbourg, Bas-Rhin) (4), pour la saison suivante (American Register du 16 octobre 1880 et du 1er octobre 1881).

C'est à cette époque (1880-1882), qu'en accord avec les propriétaires, le bâtiment de l'hôtel se voit fortement agrandi côté sud-ouest, sur le terrain voisinLa maison qui accostait ce terrain et empiétait sur le boulevard (de) Longchamp(s) a été démolie et remplacée par un bâtiment parfaitement aligné. 


- Plan de la Ville de Nice, dressé par l'architecte François Aune, détail, 1882, 
Paris, BnF (Gallica).




Une publicité parue dans The American Register à partir du 30 septembre 1882 précise que l'hôtel a été récemment agrandi et pourvu de toutes les améliorations modernes. Cette même publicité se voit ajouter la mention d'un ascenseur dès le 20 octobre 1883.


Publicité pour le Grand Hôtel des Îles Britanniques 
parue dans the American Register du 20 octobre 1883 (Paris, BnF, Gallica), 
précisant son récent agrandissement ("Newly enlarged").



L'hôtel a été prolongé d'une façade haute de 6 niveaux et large de 12 baies, calquée sur l'existant. La façade qui longe le boulevard Longchamp forme désormais un alignement de 21 baies. Un attique marque le nouveau centre de la façade, l'entrée a été recentrée et balcons et enseignes ont été redistribués. 

L'hôtel est désormais cité aux 2 et 4, boulevard Longchamp, parfois appelé boulevard de la Buffa au début des années 1880, et enfin boulevard Victor-Hugo à partir de juin 1885.

L'un des magasins du rez-de-chaussée de l'hôtel, côté avenue de la Gare, est occupé en 1882 par une boutique de photographie et d'objets d'art, tenue par le photographe Albert Courret (1856-1928) (annonce publiée de février à août 1882 dans La Vie Mondaine à Nice). D'autres photographes lui succéderont à cet emplacement.

Antoine Chassepot conserve l’Hôtel des Îles-Britanniques jusqu’en 1889, date à laquelle il le cède à Joseph Lavit. 

Antoine Chassepot semble quitter Nice la même année (il a 66 ans) pour Paris. Il s’établit ensuite, à l'est de Paris, à Gagny (Seine-et-Oise ; actuellement Seine-Saint-Denis) au 18 et 20, rue de Villemomble, dans la propriété qu'il possède depuis les années 1860.

Il y mourra le 5 février 1905, âgé de 71 ans. Son épouse Pauline Augustine Chassepot, signalée en 1906 à Paris (19ème arrondissement), décédera le 28 juillet 1924, à l'âge de 84 ans au 287, rue de Vaugirard (Paris, 15ème arrondissement). Les corps des époux reposent ensemble dans une tombe du cimetière de Gagny.


VOIR LA SUITE DE CET ARTICLE


NOTES


(3) Famille Roubeau

Geoffroy Roubeau est l'un des enfants de Louis Roubeau, cultivateur puis propriétaire (Vichy 3 février 1787 - Vichy après 1850) et de son épouse Anne Sornin (Vichy 27 février 1790-?), qui se sont mariés, à Vichy, le 1er mars 1813. Il est né à Vichy (Allier) le 4 août 1821.

Âgé de 28 ans, ébéniste, Geoffroy Roubeau épouse le 11 février 1850, à Cusset (Allier), Marguerite Adèle Place (née à Cusset le 16 octobre 1831). Ils vont avoir (au moins) trois enfants, Marguerite Roubeau (née le 8 avril 1852 à Cusset), Gilbert Roubeau (né le 7 février 1856 à Vichy) et Antoinette Marguerite Roubeau (née le 29 septembre 1864 à Vichy).

Vers 1858, Geoffroy Roubeau fait construire l'Hôtel des Ambassadeurs à Vichy (angle actuel de la rue du Parc et de la place Joseph-Aletti) dont il est devient le maître d'hôtel, sous le nom de Roubeau-Place. 

Il fait agrandir cet hôtel vers 1866 puis le rénove et le rebaptise vers 1886, Hôtel des Ambassadeurs et Continental, en association avec Mathieu Louis Collet (né le 6 juin 1853 à Lyon) qui a épousé sa fille aînée (le 20 novembre 1876 à Vichy).

Geoffroy Roubeau, propriétaire, décédera à Vichy, avenue de l'Hôtel-de-Ville, le 8 octobre 1895, âgé de 74 ans et son épouse le 11 janvier 1902, âgée de 70 ans.


(4) Famille Ott

Emile Frédéric Ott est l'un des enfants de Frédéric Ott (? - Strasbourg avant 1881) et de son épouse Marie Emilie Hausser (? - Strasbourg avant 1881). Il est né à Strasbourg le 2 août 1850.

Emile Frédéric Ott, qui a opté pour la nationalité française exerce la profession de cuisinier. Il est présent à Nice au plus tard en 1872. Il y fréquente Suzanne Micheline dite Césarine Mignon, repasseuse (née le 22 mars 1852 à Nice). 

Ils vont avoir quatre enfants , sans être mariés : 

- Charles Mignon, né le 6 avril 1873 à Nice, 7 quai Masséna (reconnu par son père le 26 avril 1888) ;

- Ernestine Jeanne Mignon, née le 1er décembre 1872 à Nice, 7, quai Masséna (reconnue par son père le 15 septembre 1881) ; 

- Frédéric César Ott, né le 29 décembre 1878 à Nice, 7, rue Foncet mais décédé le 2 janvier 1879, âgé de 5 jours, à Moulinet, Alpes-Maritimes ; 

- Elise Emilie Ott, née le 3 février 1880 à Nice, 7, rue Foncet.

Le couple se marie à Nice le 15 septembre 1881 et légitime à cette occasion leur fille Ernestine. Emile Ott, 31 ans, est dit alors "chef de cuisine".

Emile Ott devient le directeur-gérant de l'Hôtel des Îles-Britanniques de Nice pendant la saison  d'hiver 1881-1882. 

A partir de 1884, il semble (si ce n'est pas un homonyme) alterner entre Nice et Strasbourg (sa ville natale) où il devient le directeur de l'Hôtel de la Ville de Paris pendant dix ans.

Son épouse décède malheureusement à Nice, le 4 novembre 1890, à l'âge de 38 ans.

Emile Ott, 41 ans, cuisinier, domicilié à Nice, 15, rue Notre-Dame, se remarie l'année suivante, à Lyon (2ème arrondissement), le 12 novembre 1891, avec Claudine Marie Laporte, veuve elle aussi, sans profession (née le 13 février 1855 à Saint-Pantaléon, Saône-et-Loire).

Emile Ott décédera à Nice le 22 mars 1899, âgé de 48 ans.




jeudi 21 septembre 2023

1313-NICE, L'ANCIEN HÔTEL DES ÎLES-BRITANNIQUES-1

 

  SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 21/09/2023



NICE - L’ANCIEN HÔTEL DES ÎLES BRITANNIQUES



INTRODUCTION


Cet article est né de la découverte d'une rare photographie des années 1870, ayant pour sujet le Grand Hôtel des Îles-Britanniques de Nice. 

Cet hôtel, aujourd'hui disparu, a été remplacé par le bâtiment de la Banque BNP Paribas, situé à l'angle de l'avenue Jean-Médecin et du boulevard Victor-Hugo. Il semble cependant difficile de dire si l'immeuble actuel est dû à un profond remaniement de l'ancien bâtiment ou à sa reconstruction totale.

La recherche a fourni très peu d'éléments sur l'histoire du bâtiment dont seules les façades sont connues. Elle a inversement fourni beaucoup d'éléments sur l'histoire des hôteliers qui s'y sont succédés (propriétaires du fonds).

Cependant, leurs réseaux familiaux très conséquents (plusieurs générations d'hôteliers sur plusieurs pays), ne seront qu' évoqués ici, afin de se concentrer sur l'histoire de l'hôtel.


Plan Indicateur de la Ville de Nice, gravé par G. Ehrard, édité par Ch. Jougla, détail, 1865, 
avec l'ajout d'un point jaune indiquant le terrain du futur hôtel des Îles-Britanniques, 
Paris, BnF (Gallica).



LE TERRAIN ET LA CONSTRUCTION (1867-1868)


Le 3 avril 1867, Joseph Durante (1), ancien serrurier, et Antoine Brun (2), marchand boucher, achètent au Bureau de Bienfaisance et Œuvre de la Miséricorde de Nice, une parcelle de terrain située "à l’angle de l’avenue du Prince-Impérial et du boulevard de Ceinture" (AM, 2T 27-225).

Ce terrain est situé dans un nouveau quartier en plein développement, entre la gare de chemin de fer et la place Masséna. Il est proche de plusieurs édifices religieux édifiés sur le boulevard de Ceinture (Eglise russe ou Temple grec, 1858-1860 ; Temple allemand, 1865-1866 et bientôt Temple écossais, 1868-1869) et sur l'avenue du Prince-Impérial (Eglise Notre-Dame de Nice en construction depuis 1864 et ouverte au culte dès 1868).

Le 18 septembre 1867, Joseph Durante demande l’autorisation municipale de bâtir une maison sur ce terrain (arrêté du 1er octobre 1867, AM, 2T 25-332). 

L'immeuble d'angle doit être constitué de deux façades identiques composées d'un rez-de-chaussée et de quatre étages alignant chacun 9 baies rectangulaires. Une porte est prévue au centre du rez-de-chaussée et deux balcons latéraux symétriques doivent souligner deux des fenêtres des deuxième et troisième étages de chacune des façades.


- Maison Durante-Brun, Elévation et plan de la façade du boulevard de ceinture
joints à la demande de construction du 18 septembre 1867, 
Nice, Archives Municipales, Registre de voierie, 2T 25-332.



Les travaux sont rapidement engagés. Côté avenue du Prince-Impérial (actuelle avenue Jean-Médecin), le chantier est accosté d'un bâtiment également en construction (jusqu'à l'angle de la rue Adélaïde), face au nouvel l'Hospice de la Charité (érigé vers 1854-1858 à l'emplacement de l'actuel Centre commercial Nice-Etoile).

Côté nord-ouest, le chantier confronte le jardin de la Maison de Vincent Roux qui se construit en 1867-1868 sur la rue Adélaïde (actuelle rue Paul-Déroulède).

Côté boulevard de Ceinture ou d'Enceinte (actuel boulevard Victor-Hugo), le chantier (futur n°2) est accosté d'un terrain nu (futur n° 4), d'un bâtiment oblique existant depuis les années 1850 et empiétant sur le boulevard (futur n° 6) puis d'un bâtiment en construction, le futur Hôtel Paradis de Joseph Féraud (au n° 8).

Huit mois plus tard, le 20 juin 1868, la maison Durante et Brun est déclarée complètement édifiée par les deux hommes (AM, 2T 27-225). Les travaux intérieurs se poursuivent alors que le bâtiment est destiné à être entièrement occupé par l'Hôtel des Îles Britanniques géré par Maurice Rosnoblet.



LA GÉRANCE DE MAURICE ROSNOBLET (Dès 1868)


L’Hôtel des Îles Britanniques, ouvre en octobre 1868. 


- Annonce d'ouverture de l'Hôtel des Iles Britanniques de Nice,
 parue dans la Gazette de Lausanne du 7 octobre 1868 p 4.



Les noms de l’hôtel et de son directeur ne sont pas cités dans l’Annuaire niçois de 1869 (Annuaire des Alpes-Maritimes) mais sont précisés dès le Journal de Nice du 28 janvier 1869.

"L’Hôtel" ou le "Grand Hôtel des Îles-Britanniques" est également signalé en 1869, "avenue du Prince-Impérial" et "boulevard d'Enceinte" ou "boulevard Longchamp" (nouveau nom du boulevard), dans le Guide Baedeker de l’Italie septentrionale (p 127), le Guide Murray, France (p 546), le Nice-Guide de Léo Watripon (p 87 et appendice publicitaire) et le Guide Gsell-Fels, Sud-Frankreïch (p 273).


- Publicité pour le Grand Hôtel des Îles-Britanniques de Nice,
parue dans l'appendice publicitaire de l'ouvrage de Léo Watripon, Nice-Guide, 1869,
Paris, BnF (Gallica).



L’hôtel et son directeur sont ensuite régulièrement cités dans les annuaires niçois (listes des professions et des habitants), les journaux et les guides de voyage des années 1870, l’avenue du Prince-Impérial étant cependant renommée, "avenue de la Gare", dès septembre 1870 (chute du Second-Empire).

Maurice Rosnoblet est né le 1er avril 1816 à Amancy (Haute-Savoie). Il est l’un des huit enfants d’André dit Grasset Rosnoblet (Amancy 27 novembre 1786 - Amancy 28 septembre 1850) et de Marguerite Roch (La Roche-sur-Foron 22 mai 1786 - Arenthon 21 février 1857), cultivateurs.

La carrière de Maurice Rosnoblet reste inconnue jusqu’en 1857. Il a cependant deux frères aînés qui travaillent dans le milieu de la restauration et de l'hôtellerie, l'un à Amancy, dans leur commune natale, et l'autre à Paris.

En 1857, Maurice Rosnoblet est maître d’hôtel à Paris et domicilié au 194, rue de Rivoli (rue du 1er arrondissement où sont installés de nombreux hôtels renommés mais aucun à ce numéro). 

Âgé de 40 ans, il épouse dans cette ville, le 12 mars 1857 à la mairie du 1er arrondissement, Hélène Antoinette Marie Beck, gouvernante, proche de ses 23 ans (née le 31 mars 1834 à Mutzig, Bas-Rhin).

Le couple va avoir 5 enfants : 

- Marie Félix Antoinette Rosnoblet qui naît le 16 août 1857 à Marseille (lors d'un séjour de sa mère seule) ; 

- Charles Maurice Achille Rosnoblet, le 12 novembre 1860 à Paris (1er arrondissement) 

- Marguerite Edmond Elisa Rosnoblet, le 5 mars 1862 à Paris (1er arrondissement) mais qui décède à la même      adresse le 23 avril 1862, à l'âge d'un mois et demi ; 

- Marie Louise Alexandrine Rosnoblet, le 19 avril 1866 à Monaco ; 

- Jeanne Marguerite Augustine Rosnoblet, le 4 septembre 1868 à Menton. 


- Photographe(s) anonyme(s), Portraits de la Famille Rosnoblet, datés de 1866, 
Maurice Rosnoblet, 50 ans et son épouse Hélène Antoinette Marie née Beck, 32 ans, 
tirages albuminés de 5,7x9 cm, sur cartons de 6,4x10,5 cm, Collection personnelle.

- Photographe(s) anonyme(s), Portraits de la Famille Rosnoblet, datés de 1866, 
leur fils Charles Maurice Achille Rosnoblet, 6 ans, 
tirage albuminé de 5,7x9 cm, sur carton de 6,4x10,5 cm, Collection personnelle.



Les lieux évoqués dans les actes de naissance, Paris, Monaco et Menton, résument la carrière de Maurice Rosnoblet avant son implantation à Nice.

Il semble qu’il ait quitté Paris avec sa famille vers 1862-1863 pour s’établir à Menton. L'édition de 1865 de l’ouvrage d’Alexandre Lubanski, Guide aux Stations d’Hiver du Littoral Méditerranéen (préfacé en juillet 1864 ; pp LIV et LVII), révèle qu’il y tient, "l’Hôtel des Îles-Britanniques au quartier Garavan : Cet établissement, ayant changé de propriétaire, est nouvellement et fraîchement décoré".

L'été 1864, lors de deux mariages monégasques où il est témoin, Maurice Rosnoblet est cependant dit "gérant" et "directeur de l'Hôtel de Paris" de Monaco (au Casino de Monte-Carlo). 

Il est probable qu'il dirige les deux établissements. En avril 1866, l’acte de naissance de sa fille Marie Louise Alexandrine à Monaco rappelle qu'il est directeur de l'Hôtel de Paris et domicilié à Monaco mais en septembre 1868, l'acte de naissance de sa fille Jeanne Marguerite Augustine à Menton le dit maître d'hôtel, domicilié à Menton.

Fin 1868, Maurice Rosnoblet ouvre l'Hôtel des Îles-Britanniques de Nice et n'en conserve pas moins l’hôtel mentonnais éponyme.

Ce nom de "Grand Hôtel des Îles-Britanniques" est répandu au XIX° siècle en France et en Italie. Les plus anciens (dès les années 1820-1830) semblent être ceux de Paris (rue de la Paix) et de Rome (piazza del Popolo) mais il en existe ensuite à Florence et Naples (dès les années 1840-1850) puis à Cannes (Alpes-Maritimes) (tenu en 1865 par Maurice Christin au 22, route de Fréjus), San Remo (Ligurie) (boulevard de l'Impératrice, vers 1885, tenu par P. Marini) mais aussi à La Bourboule (Puy-de-Dôme) (Grand Hôtel F. Bellon, vers 1885, tenu par Donneaud, près de l’Etablissement thermal),..



NOTES 


(1) Famille Joseph Durante 

Joseph Durante est l'un des deux enfants connus de Jules Alexandre Durante (né à Nice le 25 février 1764) et de Marie Thérèse Charlotte Imbert (née à Nice le 11 février 1772) qui se sont mariés à Nice le 20 janvier 1788. 

Joseph Durante est né à Nice entre 1788 et 1800, s'est marié dans cette ville le 9 novembre 1822 avec Françoise Arnaud (date et lieu de naissance inconnus), et y a exercé le métier de serrurier. Le couple semble avoir eu au moins un enfant, Louis Durante (né à Nice le 14 janvier 1829).

En 1867, au moment de l'achat du terrain et de la demande de construction, Joseph Durante a environ 70 ans, ne travaille plus et est domicilié au 5, rue de l'Arc. Après 1868, il semble cependant quitter Nice, avec son épouse. 

Le 14 septembre 1876, leur fils Louis Durante, serrurier, âgé de 47 ans (Nice 14 janvier 1829 - Nice avant 1917), déclare lors de son mariage à Nice avec Claire Laurence Gerbolin, proche de ses 48 ans (Nice le 20 septembre 1828 - Nice 2 mars 1917), que le dernier domicile et la date de décès de ses parents lui sont inconnus. 

La question de l'héritage reste posée mais il est probable que son père, Joseph Durante ait, avant son départ de Nice, revendu ses parts de l'Hôtel des Îles-Britanniques à la famille Brun. Le nom de Louis Durante (qui n'aura pas d'enfant) n'apparaîtra pas dans les documents relatifs à l'hôtel.


(2) Famille Antoine Brun

En 1867, au moment de l'achat du terrain et de la demande de construction, Antoine Brun a 41 ans et exerce avec son épouse le métier de marchand boucher, rue de la Boucherie. 

Il est probable qu'il soit parent par alliance avec Joseph Durante ; leur degré de parenté n'a pu être précisé mais deux mariages entre des fils Brun et des filles Durante ont été célébrés à Nice en 1854 et 1860. 

Antoine Brun est né à Nice le 12 février 1826. Il est l'un des six enfants (5 garçons et une fille) de Charles Brun (né à Nice à la fin du XVIII° siècle) et de Pauline Marie Rose Roux (Nice 17 août 1801 - Nice 3 décembre 1838) qui se sont mariés à Cimiez le 30 juillet 1822 et ont exercé le métier de fromagers. 

Antoine Brun s'est marié le 12 novembre 1848 avec Antoinette/Antonia Bagnaro (Nice 4 septembre 1825 - Nice 26 juin 1879, boulevard Longchamp, Maison Brun). Le couple a eu 6 enfants (4 garçons et 2 filles), tous nés à Nice entre 1849 et 1859, et baptisés, pour les quatre premiers à l'église Saint-Jacques, et pour les deux derniers à Sainte-Réparate (ce qui induit un changement de domicile).

Veuf et propriétaire, Antoine Brun décèdera à Nice, au 9 rue Delille, le 31 octobre 1881, à l'âge de 55 ans. Ce sont ses enfants qui gèreront désormais le bâtiment du Grand Hôtel des Îles-Britanniques 

- Charles Fortuné Brun (Nice le 5 septembre 1849 - ?) dont la suite de la vie et la date de décès restent inconnues ;

- Jean Baptiste César Brun (né à Nice le 7 avril 1851 - Nice après 1900/avant 1935), marchand boucher, marié à l'âge de 27 ans, à Nice le 29 novembre 1877, à Elisabeth Joséphine Mars, sans profession, 22 ans (Nice 15 juin 1855 - Nice 20 juin 1935, au 35, rue de la Buffa) ;

- Louis Charles Brun (Nice  29 juillet 1852 - Nice 13 août 1853), décédé à l'âge d'un an ;  

- Madeleine Antoinette Brun (Nice 3 décembre 1853 - Nice 13 septembre 1933 au 80, rue du Maréchal-Joffre), sans profession, mariée à Nice, à 21 ans le 19 avril 1875, avec André Antoine Ferran, maître d'hôtel, 24 ans (Nice 7 septembre 1850 - Nice 4 janvier 1925, au 6, Montée de l'Olivetto) ; 

- Charles François Brun (Nice 1er février 1856 - Nice après 1903), propriétaire, marié à 26 ans, le 4 janvier 1883, à Nice avec Marie Augustine Delphine Anne Mayzonnié, 22 ans (Nice 18 avril 1860 - Nice 23 novembre 1931 au 67, chemin de la Bornala). Le couple a divorcé le 29 juin 1896 ; 

- Joséphine Françoise Brun (Nice 3 juillet 1859 - Nice 10 janvier 1940, domiciliée 18, boulevard du Righi), 21 ans, sans profession, mariée à Nice le 21 février 1881, avec Antoine Marie/Marius Ange Maccario/Macari, horloger-bijoutier, 29 ans (Nice 11 janvier 1852 - Nice 15 février 1917 au 4, rue Dante).

Le couple a eu au moins deux enfants : 

Albert Antoine Maccario (Nice 19 octobre 1883 - Nice 4 décembre 1963), marié à Nice, le 18 juin 1921, dessinateur (domicilié au 26, rue d'Angleterre), 37 ans, avec Lucie Martine Trucchi, sans profession, 38 ans (née le 30 janvier 1883 à Nice) ; 

Gabrielle Jeanne Louise Maccario (née le 27 septembre 1891 à Nice), sans profession, mariée à Nice le 18 mai 1911, à 19 ans, avec Paul Henri Vasseur, employé de commerce, 27 ans (né le 10 octobre 1884 à Lille, Nord). Le couple a divorcé le 18 janvier 1922.


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dimanche 10 septembre 2023

1312-NICE, HISTOIRE ET REPRÉSENTATIONS DU JARDIN PUBLIC-7

 

  SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


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DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 10/09/2023



NICE - LE JARDIN PUBLIC SOUS LE SECOND EMPIRE



Les années 1867-1870

L'été 1867, la place des Phocéens, libérée du bâtiment de la gare provisoire depuis fin septembre-début octobre 1865, entame sa transformation en square pour devenir le pendant du Jardin Public. Les allées et les parterres sont dessinés en l'attente des plantations et un grand palmier offert par Iginius/Hyginius Tiranty est planté les 26 et 27 juillet 1867, face à l'entrée de la rue Saint-François-de-Paule (Journal de Nice des 14, 25, 27 et 28 juillet 1867). 

Dans le Jardin Public, c'est un bananier originaire d'Abyssinie et provenant du jardin d'acclimatation du Hamma (Algérie) qui est offert par le comte de la Margaria l'été 1867 et planté en avant de l'allée des sycomores (Journal de Nice du 4 août 1867). 

Le remplacement de l'estrade de la musique par un kiosque est réclamé depuis des années (Les Echos de Nice du 23 novembre 1857 ; Le Messager de Nice du 3 mars 1861 ; Revue de Nice 1861-62 pp 90-92 et 1862-63 p 178). Le souhait "d'un élégant pavillon-kiosque qui embellirait le jardin, charmerait la vue et abriterait les musiciens", renouvelé au début de l'année 1867, va cette fois aboutir (Les Echos de Nice du 6 mars 1867). 

L'adjudication du kiosque, à l'entreprise de Bernard Gabelle de Marseille, a lieu le 15 juillet 1867 (Journal de Nice des 15, 19 et 20 juillet 1867). 


32- ASSELINEAU Léon Auguste (1808-1889), Panorama De La Ville De Nice - (n°2), sans date (1867/1869), 
lithographie en couleurs, 21x75 cm, Paris, F. Sinnett Editeur, 17, rue d'Argenteuil, 
Imprimerie Frick frères, rue de la Vieille Estrapade, 17, Paris, 
Nice, Archives Municipales, 21 Fi-1.

32 bis- ASSELINEAU Léon Auguste (1808-1889), Panorama De La Ville De Nice - (n°2),
 détail de la vue précédente, sans date (1867/1869), 
lithographie en couleurs, 21x75 cm, Paris, F. Sinnett Editeur, 17, rue d'Argenteuil, 
Imprimerie Frick frères, rue de la Vieille Estrapade, 17, Paris, 
Nice, Archives Municipales, 21 Fi-1.

Cette lithographie offre à nouveau un savant mélange entre l'existant et le projeté, 
avec l'ajout et la suppression de détails. 

Plusieurs éléments semblent impliquer l'année 1867, comme la présence du Kiosque de la musique du Jardin public (installé de septembre à décembre 1867) ou celle du Grand-Hôtel sur le quai Saint-Jean-Baptiste (érigé entre février et septembre 1867 à l'emplacement des vieilles bâtisses démolies au printemps-été 1866). 

D'autres éléments semblent impliquer l'année 1868, comme la présence de l'Hôtel de la Paix sur le quai Saint-Jean-Baptiste (érigé au sud du Grand-Hôtel de janvier à septembre 1868) et la présence du pont-square Masséna (érigé sur le cours du Paillon, face au Grand-Hôtel entre mars 1867 et août 1868), déjà pourvu de ses plantations (février 1869). De nombreux éléments posent cependant problème par leur absence ou leur présence.

Sur la rive droite, se notent l'absence des eucalyptus et des arbustes intercalés (au printemps 1866) avec les palmiers (de 1864) le long du Jardin Public et du quai Masséna, l'absence pour le Kiosque à musique (Jardin public) des plantations qui seront effectuées à sa base en mars 1868 et des luminaires au gaz qui seront installés sur les colonnettes de son pavillon en mai 1868. 

Inversement, la présence de palmiers le long du quai Saint-Jean-Baptiste est surprenante car des plantations ne vont été effectuées à cet emplacement qu'au début de l'année 1870 et avec d'autres essences d'arbres. De la même façon, la présence de deux lignes de grands palmiers bordant la Promenade des Anglais est impossible car seulement quelques palmiers de deux tailles différentes ont été intégrés dans la partie occidentale et dans une seule des deux lignes d'arbustes et de haies (entre 1862 et 1869).

Sur la rive gauche, se notent l'absence de la transformation de la place des Phocéens en square, avec notamment la plantation du grand palmier de juillet 1867 puis des arbres et arbustes accompagnés de la Fontaine des Tritons au printemps 1868, l'absence des deux séries de trois balcons de la longue façade occidentale de la Maison Gauthier-Donaudy, bâtie à l'angle de la place des Phocéens et du boulevard du Midi (milieu des années 1830), l'absence de l'escalier à double rampe situé boulevard du Midi, face à la rue Bréa, et permettant d'accéder à la plage (milieu des années 1830), l'absence de la baraque en bois du stand de Tir située dans l'angle sud-ouest du bastion du boulevard du Midi (décembre 1867) et l'absence de la remise qui accoste le restaurant de l'Hôtel de la Pension Suisse (premier semestre 1867). 

Inversement, la présence d'un grand escalier à l'extrémité occidentale du quai du Midi est surprenante car ce dernier ne sera jamais réalisé. La présence d'une ligne de palmiers sur le boulevard du Midi, ne se concrétisera, pour sa part, qu'à la fin des années 1870.

Léon Auguste Asselineau (1808-1889) est notamment l'auteur d'un "Panorama de la Ville de Nice" édité en 1869 (Bibliographie de la France du 9 janvier 1869 p 24, n° 37)Il semble cependant que ce panorama soit la réédition d'une vue de 1867, la Bibliographie de la France du 21 décembre 1867 (p 592, n° 1922) signalant en effet l'édition d'un "Panorama de Nice : Vue prise au-dessus du Jardin anglais - Paris, imp. Monrocq". Le dessin original a pu être exécuté en connaissance des nouveaux projets municipaux, vers juin 1867, même si cela ne résout pas toutes les questions soulevées.



Le chantier du kiosque de la musique débute en septembre 1867 avec les fondations du socle. Mi-novembre, les maçonneries (murs de l’estrade et magasin en-dessous) sont terminées et en attente des éléments en fonte (colonnettes et calotte) (Journal de Nice des 15 septembre et 14 novembre 1867). 


33- ALEO Miguel (1824-c.1900) & DAVANNE (1824-1912), Nice - Jardin Public sur la mer, vue plongeante prise de l'ouest, détail, vers fin novembre-début décembre 1867, tirage albuminé de 14,2x9,2 cm, Collection personnelle. 

Au tout premier plan, sur la droite de l'image, le kiosque de la musique est en construction, encore dépourvu de son pavillon (d'où la date retenue). En bord de rive droite, la ligne des plantations (prolongée entre fin 1865 et fin 1866) va désormais jusqu'à l'entrée occidentale du Pont Napoléon III, alternant palmiers, eucalyptus et autres arbustes. Des bancs sont désormais visibles entre les treillages (installés en 1866 ou 1867).

Sur la rive gauche, la place des Phocéens apparaît désormais libérée du bâtiment de la gare provisoire. Elle a commencé sa transformation en square, avec la présence du grand palmier planté les 26 et 27 juillet 1867décalé par rapport à l'axe de la rue Saint-François-de-Paule afin de ne pas usurper l'espace de la fontaine projetée. Le terrain a été agrandi en novembre 1867. Le square semble se résumer ici en des monticules de terre nue (en attente des plantations), desservis par des allées. Sur le belvédère du boulevard du Midi se remarque la présence d'une cabane (érigée en décembre 1867) qui est un stand de Tir.


  

La pose du pavillon du kiosque de la musique commence le 20 novembre 1867 (Journal de Nice du 20 novembre 1867). 

La mise en peinture des éléments en fonte est signalée en cours d'achèvement fin décembre : "on s'occupe en ce moment de passer la dernière couche de couleur à la colonnade et à la frise, et de peindre [à fresque] à la voûte de la coupole divers sujets et attributs de musique" (Journal de Nice du 25 décembre 1867 p 3). 

L'inauguration du kiosque a lieu le 2 janvier 1868 (Journal de Nice du 1er janvier 1868 pp 2-3 ; voir la photographie du premier trimestre 1868 de Charles Nègre, AD06, 08FI 0060). 


34- Photographe anonyme (probablement DE BRAY Jean Walburg [1839-1901]), 
Vue Panoramique. Nice & ses Environs, vers février 1868,
tirage albuminé de 8,1x21,2 cm sur carton de 11,9x27 cm, Collection personnelle.

Sur la rive droite, le kiosque de la musique du Jardin Public apparaît désormais achevé (décembre 1867). On aperçoit, plus au sud, sur la terrasse du grand escalier de bord de mer, le Cosmographe de François Ouvière (printemps 1865). Sur la gauche de l'image, la présence, sur le quai Saint-Jean-Baptiste, du premier niveau déjà érigé de l'Hôtel de la Paix dont la construction n'a débuté qu'en janvier 1868, semble impliquer le mois de février 1868. 

 Sur la rive gauche, les plantations de la place des Phocéens ne sont toujours pas apparentes et le socle de la fontaine n'est pas encore posé (mars 1868). On aperçoit (lorsque l'on zoome dans l'image), au nord de la place, la mercerie (d'Angiolina Bousquet ?) et le magasin de Pianos & Musique d'Henri Castiglioni (compositeur et professeur signalé à Nice dès les années 1850). Plus au sud, c'est la deuxième boutique d'Abraham Berlandina (depuis le printemps 1863), installée au rez-de-chaussée de l'angle nord-ouest du grand immeuble Gauthier-Donaudy (au 2, rue Saint-François-de-Paule), face à l'Hôtel du Nord (tenu par Reynard au 19, rue Saint-François-de-Paule). En bord de mer, la cabane du stand de Tir est bien visible.



Un réaménagement du Jardin Public a également lieu en janvier 1868. "On a commencé depuis quelques jours, au Jardin-Public, - est-ce bien le moment ? - des travaux de terrassement pour compléter, du côté du quai des Palmiers, l'entrée qu'on avait laissé jusqu'à aujourd'hui inachevée, parce qu'on avait eu le projet d'y placer la statue de Masséna. mais comme on a décidé d'ériger le monument ailleurs (?) il était urgent d'achever cette promenade favorite des Niçois et de la colonie étrangère [la statue de Masséna, d'abord envisagée sur la place Masséna puis au Jardin Public, sera installée début 1869 sur le Pont-square Masséna, face au Grand-Hôtel qui occupe notamment l'ancien emplacement de la maison (dite) natale d'André Masséna].

En même temps, on va s'occuper, d'après un nouveau plan, de transformer la partie du jardin parallèle à l'hôtel de la Grande-Bretagne, afin de la mettre d'accord avec la partie neuve, dessinée d'après le genre anglais, tandis que le tracé primitif était formé d'alignements et de courbes régulières d'après le mode italien.

On déracine les vieux tilleuls reconnus atteints de maladie incurable, et on va remplacer cette essence par des magnoliers et autres arbres à feuilles persistantes. On arrache également les rosiers souffreteux et on leur substitue d'autres arbustes dans une terre meuble" (Journal de Nice du 13 janvier 1868).

Fin mars 1868, de nouvelles plantations viennent entourer la base du kiosque de la musique (Journal de Nice du 28 mars 1868 p 2). 

Fin mai 1868, le kiosque est pourvu de candélabres et d'un grand lustre central au gaz et il est pour la première fois éclairé le soir du 18 juin suivant (Journal de Nice des 31 mai et 20 juin 1868 p 2 ; voir la photographie datant au plus tôt de fin mai 1868 de Charles Nègre, AD06, 08FI 0059).

Le Jardin Public est devenu un lieu tellement incontournable que les pièces de théâtre, les romans, les nouvelles et feuilletons des années 1860 dont le récit se déroule à Nice, lui consacrent une scène ou une description (voir notamment, Filip-Bonau, "Cecile Milher", L'Echo des Feuilletons, 1868 p 262).

Sur la rive gauche, l'aménagement et l'agrandissement du square des Phocéens, débuté en novembre 1867, s'achève en janvier 1868 (Journal de Nice du 14 novembre 1867 et du 13 janvier 1868). Les plantations restent en attente, de même que l'installation d'une fontaine intégrant le Groupe des Tritons, dit aussi des Sphinx ou des Griffons (qui devait initialement orner celle du Jardin-des-plantes en 1852).

Les plantations mais aussi la pose des assises de la fontaine et l'installation de son bassin commencent fin février-début mars 1868 (Le Journal de Nice du 12 mars 1868). La pose de la vasque et du Groupe de Tritons rénovés ont lieu en avril et mai 1868 (Le Journal de Nice des 6 et 23 avril et des 3, 18 et 24 mai 1868). Une grille de protection est ensuite posée en décembre 1868 (Le Journal de Nice du 13 décembre 1868).

Début 1869, Léo Watripon dans son ouvrage, Nice-Guide, Nouveau Cicérone des Etrangers (pp 81-82), critique la dénomination du Jardin Public : "Cette magnifique oasis de verdure connue, sous le nom banal de Jardin Public, comme si le jardin pouvait être moins public que la rue - Pourquoi pas Jardin d'Armide...". 

Il décrit ensuite le Jardin, "une closerie de roses" aux "essaims de petits anges bouffis, comme ceux de l'Olympe (...) Un grand bassin mélancoliquement couvert de nénuphar et plein de poissons rouges, forme le centre du jardin (...). Près d'un grand palmier chevelu, celui de l'annexion, s'élève un grand kiosque d'harmonie" où la musique militaire joue désormais trois fois par semaine, le mardi, jeudi et dimanche après-midi.

Il évoque enfin le "jardin des Phocéens" : "Délicieux parterre asiatique. Voulez-vous du palmier ? on en a mis partout. Remarquez la fontaine des Tritons".

Emile Négrin, dans la nouvelle édition de son ouvrage, Les Promenades de Nice, en 1869, critique à son tour le nom de "place du jardin public" : "D'abord tous les jardins de la ville sont publics ; ensuite, ou c'est un jardin ou c'est une place ; ce ne peut être les deux choses à la fois" (p 50). 

Il transforme ensuite sa phrase de présentation du Jardin Public (édition de 1866), afin d'évoquer le "jardin Paradis" : "Le jardin Paradis, qu'on appela d'abord jardin des Plantes (128 - 100 mètres) a été nivelé, en 1852 [1851], sur un terrain perdu où s'entassaient les gravois et les immondices, à côté de l'ancien jardin Paradis des Carmes" (p 145)Il rappelle ainsi l'une des origines du nom de la "rue Paradis", située au nord du Jardin Public. 


35- NEGRIN Emile (1833-1878), dessinateur, Palmier de l'Annexion et Kiosque de la musique, 1868 ou 1869, 
estampes extraites de son ouvrage, Les Promenades de Nice, 1869-70, respectivement p 144 et p 149.



"Nice qui maintenant a cinq jardins publics [l'auteur n'inclut pas la Promenade du Château dans cette liste] ne peut se dispenser d'y donner des noms : le jardin du Var, le jardin des Phocéens, le jardin Paradis (...), le jardin suspendu et le jardin Napoléon(p 50-51).

Les nouveaux jardins évoqués datent tous de la seconde moitié des années 1860. Le Jardin du Var ou Bois du Var a enfin exaucé le vœu niçois d'un Jardin botanique (ou Jardin des Plantes) et celui d'un bois d'agrément (comme celui du Bois de Boulogne). Il a été créé dès 1865, sur un terrain de 10 hectares conquis sur le lit du Var (à droite du viaduc) et confié à la Société Centrale d'Agriculture, d'Horticulture et d'Acclimatation de Nice (fondée à la date de l'Annexion française). 

Les autres jardins ont été créés en ville, près du Paillon et tous dotés de bassins : le Jardin ou Square des Phocéens, dès 1867-1868 ; le Jardin suspendu du Pont-square Masséna (1867-1869), dès 1869 ; le Jardin Napoléon ou Square Napoléon de la place Napoléon, dès 1869. 

Il est à noter que le Pont-square Masséna a inauguré une solution d'avenir car il a, tout à la fois, facilité la communication entre les deux parties de la ville, lié plus intimement le quai Saint-Jean-Baptiste et le boulevard du Pont-Neuf bordés d'hôtels, masqué le lit du Paillon (son aspect, ses odeurs et ses lavandières) et créé un grand espace vert au-dessus (4 massifs de verdure d'angles comprenant chacun une fontaine et deux voies carrossables latérales).


36- Photographe anonyme (probablement ALEO Miguel [1824-c1900] et DAVANNE Alphonse [1824-1912]), 
Vue de Nice, Promenade des Anglais et Jardin Public, sans date (1869), 
vue plongeante est-ouest prise depuis un balcon de la Maison Donaudy, à l'angle de la place des Phocéens,
Washington, Library of Congress, Lot 7742, p 100.

La vue montre : le Pont Napoléon III (1864, dans l'axe de la Promenade des Anglais) ; les plantations à l'entrée nord du Pont (1865 ou 1866) alternant avec des bancs (1866 ou 1867) ; le Cosmographe de la terrasse du grand escalier (1865) ; le Jardin Public entouré d'une haie de hauteur inégale, bordée de treillages et le kiosque de la musique (1867) ; l'Hôtel des Anglais (transformé en 1864-1865), accosté du Casino (1866-1867) ; et l'ensemble des façades des bâtiments ouest de la place du Jardin-Public. A l'extrême droite de l'image, dans l'axe de la rue Croix-de-Marbre, est visible le Temple anglais de la rue de la Buffa (Holy Trinity Church, 1859-1862). 

La ligne de plantations nord de la Promenade des Anglais montre l'ajout de trois palmiers de plus grande taille (1868) mais la disparition d'un grand poteau à son extrémité orientale. Ce poteau, et celui de l'angle sud-est du Jardin Public, semblent avoir été installés fin décembre 1867 (mâts ornés de banderoles aux couleurs nationales) pour les inaugurations du Pont Napoléon III, du grand escalier et du kiosque de la musique. Ils sont encore attestés au début de l'année 1869.

37- NEURDEIN Etienne (1832-1908), Nice, Kiosque de Musique, vers 1869,
vue sud-est/nord-ouest, 
tirage albuminé de 5,7x9 cm, sur carton de 6,2x9,9 cm, Collection personnelle.


Le Dr Lubanski, dans son ouvrage, Nice-Guide de 1870, évoque le "square des Phocéens" qui, "orné au centre d'une belle fontaine (...), est pour ainsi dire une dépendance du Jardin-Public avec lequel il est relié par un pont de construction récente" (p 8).

Il rappelle également qu'au Jardin Public, "la musique militaire et celle faite par l'orchestre municipal" joue trois fois par semaine (p 162), que "les allées sont encombrées de tout un monde élégant" et que "tout autour stationnent ou circulent de beaux équipages" (p 33).

Dans les années 1860, la "rue du Jardin-Public" désigne la voie comprise entre le quai Masséna et la Promenade des Anglais (voie ouest ?) mais certains plans et ouvrages nomment "quai Masséna" non seulement la voie qui part du Pont-Neuf, longe la rive du Jardin Public et aboutit à la Promenade des Anglais (voie est) mais également la rangée nord des bâtiments de la place du Jardin-Public. 

Les hôtels situés sur cette même place sont pour leur part cités (notamment dans les annuaires), "Jardin Public", "place du Jardin-Public" ou plus rarement, "place du Jardin-des-Plantes", tant à l'ouest (Hôtel des Anglais, Jardin Public n° 2 mais également, Promenade des Anglais n°1), qu'au nord (Hôtel d'Angleterre au n° 9 puis au n° 3 ; Hôtel de Grande-Bretagne au n° 5). 

Sous le dernier niveau de la façade nord, la banderole de l'Hôtel d'Angleterre (tenu, dès 1866, par J.H.T. Steinbrück qui a succédé à V. Palmieri) s'étale sous 5 baies occidentales, alors que celle de l'Hôtel de la Grande-Bretagne qui l'accoste s'étend sous 19 baies (hôtel agrandi en 1862-1863 ; tenu, dès 1866, par G.Valetta qui a succédé à H. Brezzi)

Le rez-de-chaussée de l'Hôtel de la Grande-Bretagne est occupé par plusieurs commerces. A gauche du bâtiment central, se trouve l'ancienne boutique d'Alphonse Karr (deuxième emplacement, 1862-1865), désormais tenue par Mme Duluc son ancienne associée. 

Cette boutique est accostée à l'est par la Librairie Etrangère de Charles Giraud (deuxième emplacement, dès 1860) qui empiète sur le bâtiment central, cédée aux Frères Barberis/Barbéry depuis 1867. 

A droite du bâtiment central, c'est notamment la boutique de la Liste des Etrangers qui est une dépendance de l'Agence d'Henry Dalgoutte (agence de location et siège du journal Les Echos de Nice au 1, rue Paradis).



38- Nice, plan du littoral, détail, daté de juin 1870, 
Nice, Archives Municipales, 1Fi 67-3.

Sur la rive droite, le nouveau Casino de la Promenade des Anglais est présent (1866-1867) mais encore accosté de la rue du Canal (qui a pourtant pris officiellement le nom de rue Halévy depuis mars 1868). Le nouveau kiosque de la musique est représenté dans le Jardin Public (fin 1867). Le Palmier de l'Annexion n'est plus mis en évidence. Les bancs du bord de rive sont pour leur part représentés.

Les noms des propriétaires de la rangée ouest de bâtiments de la place du Jardin-Public sont exceptionnellement indiqués, avec du sud au nord : Donaudy (Hôtel des Anglais) - Roubioni - Veuve Gilly - Trabaud - Bori - Mme d'Esteron (dans l'angle de la rue Croix-de-Marbre).

Sur la rive gauche, la Fontaine des Tritons apparaît dans l'axe de la rue Saint-François-de-Paule
 (installée entre mars et mai 1868).



Épilogue

L'été 1870, la guerre franco-prussienne puis la défaite de Sedan entraînent la chute du Second Empire et la proclamation de la République.

A l'automne, les hivernants sont peu nombreux à Nice. En décembre 1870, le grand palmier de place des Phocéens, qui était considéré comme un second Palmier de l'Annexion, meurt des suites de l'été ; sa mort est interprétée comme un mauvais présage (tentative séparatiste) (Journal de Nice du 22 décembre 1870).

L'absence de ce palmier fait ensuite partie de ces détails de la végétation qui permettent aujourd'hui d'avoir une vision chronologique du square des Phocéens et du Jardin Public dans le dernier tiers du XIX° siècle. 

Ces deux jardins ne vont plus recevoir d'aménagements majeurs avant leur fusion et leur prolongement jusqu'à la place Masséna dans les années 1890, suite au couvrement du Paillon. 

En dehors de la présence proche du premier Casino de la Jetée-Promenade, du Casino dit municipal puis du deuxième Casino de la Jetée-Promenade, c'est essentiellement l'état des plantations qui permet en effet de dater les photographies des lieux. 

De nos jours, l'ensemble renommé "Jardin Albert Ier" (en 1914) fait partie de la "Coulée Verte" mais en est la zone la moins accessible, malgré la conservation du kiosque de la musique à l'ouest (1867), de la Fontaine des Tritons à l'est (1868) et du Monument du Centenaire au sud (1896).