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vendredi 24 octobre 2025

1418-LA DIFFUSION DES VUES DE NICE ET DE SA RÉGION (1850-1875)-4

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- Étiquette du libraire-éditeur E. Fleurdelys, collée au dos d'une carte de visite, 
numérotée "80" et datée du "31 octobre 1872", Collection personnelle.


VOIR LA PREMIÈRE PARTIE DE CET ARTICLE



"E. Fleurdelys" est l'un des libraires qui, à Nice, a diffusé les photographies de Jean Walburg de Bray (1839-1901), dans les années 1870. Cet article lui est consacré.



Eugène FLEURDELYS (1847-apr.1902)



SÈVRES


François Eugène Fleur de Lys/Fleurdelys, est né le 11 novembre 1847 à Sèvres (à 13 km au sud-ouest de Paris ; Seine-et-Oise, actuelles Yvelines). 

Il est le fils du Suisse, François Louis Benjamin Fleur de Lys, jardinier (né le 20 janvier 1811, à Prilly près Lausanne, canton de Vaud), et de Jeanne Aimée/Amélie Wuichet, qui se sont mariés à Paris, le 9 novembre 1844.

Son frère, Jules Théodore Alfred Fleurdelys, naît pour sa part le 20 mai 1849, à Boissise-la-Bertrand (Seine-et-Marne ; à 50 km au sud-est de Paris), où leur père travaille désormais.

Dans les années 1860, au plus tard, les parents Fleurdelys, retournent en Suisse et s’installent à Lausanne (ils y décéderont avant 1875). Leurs fils, mineurs, restent à Paris ou y reviennent pour y travailler.



PARIS


Le 23 juillet 1868, Eugène Fleurdelys, employé de commerce, âgé de 20 ans (mineur), demeurant officiellement à Lausanne avec son père, jardinier (consentant par acte notarié), se marie à Paris (18ème arrondissement).

Il épouse Delphine Adeline Marie Vuichet/Wuichet (une cousine ?), couturière, 22 ans, née le 18 décembre 1845, à Paris (2ème arrondissement), fille de père non dénommé et de Louise Marie Vuichet/Wuichet, décédée. 

Marie Vuichet est dite, "demeurant rue Constance, 11" (18ème arrondissement), adresse qui est celle d’Eugène Fleurdelys et de son frère Jules Théodore Alfred Fleurdelys, 19 ans, employé de commerce lui aussi.

Eugène et son épouse quittent la capitale entre fin 1869 et fin 1870 (son frère Jules reste à Paris).



NICE


Eugène Fleurdelys ouvre, à Nice, une librairie suisse, avenue de la Gare, 5 (sous les arcades situées au nord-ouest de la place Masséna).

Il existe une possibilité pour qu'il ait répondu, pendant l’été 1869, à la petite annonce suivante du journal L’Église Libre (parue du 2 juillet au 3 septembre 1869) "A céder à Nice, un fonds de librairie et de papeterie, à des conditions très-avantageuses. Facilités. - Belle occasion pour un jeune libraire protestant qui parlerait plusieurs langues. S'adresser au gérant de l’Église Libre".

Cependant, les ouvrages protestants restent "à vendre à Nice chez Bouillat, libraire, rue Gioffredo" (près du Temple Vaudois), à la fin de l'année 1869.

Il faut donc se résoudre à penser que le couple Fleurdelys s'est installé à Nice dans le courant de l'année 1870, sans qu'il soit possible d'affirmer que c'est à la suite de la Guerre franco-prussienne.

Eugène Fleurdelys fait paraître sa première publicité à l’occasion des fêtes de fin d’année dans L’Église Libre du 16 décembre 1870 (Paris, BnF) (Image 2).

Il se présente d’ailleurs, dès le numéro du 9 decembre 1870, comme l’administrateur de ce journal, créé à Nice au début de l’année 1869, avec pour rédacteur Léon Pilatte (1822-1893), pasteur suisse de l’Église évangélique de Nice (indépendante de l’Église vaudoise des vallées du Piémont, depuis l’Annexion de Nice à la France).


2- Annonce de la Librairie E. Fleurdelys (suivie de la liste des publications disponibles),
parue dans L’Église Libre des 16, 23 et 30 décembre 1870, 
Paris, BnF (Gallica).



Au plus tard au printemps 1871, il adjoint à son activité de libraire-éditeur une Agence générale de vente et location de villas et appartements (annonces parues dans : Le Patriote Albigeois du 4 juin 1871 ; Journal de Genève du 3 juin puis des 21 et 25 octobre 1871 ; L’Église Libre, dès le 13 octobre 1871) (Image 3). 


3- Annonce pour l'Agence d'affaires d'Eugène Fleurdelys, parue dans L’Église Libre, du 13 octobre 1871, 
Paris, BnF (Gallica).



Eugène Fleurdelys cède, dès mars 1871, son poste d’administrateur de L’Église Libre à Frédéric Hamilton [Frederick Fitzroy Hamilton (1837-1897)] et annonce la sortie de deux ouvrages de cet écrivain dont La Botanique de la Bible, qui va paraître en novembre 1871 (extraits publiés dans L’Église Libre dès fin 1869) (Image 4). 

Eugène Fleurdelys édite cet ouvrage illustré de vingt-cinq photographies de Jean Walburg de Bray et il diffuse également les vues de ce photographe, consacrées à la ville de Nice et de ses environs. 


4- Annonce de la Librairie Eugène Fleurdelys, annonçant la sortie de l'ouvrage,
La Botanique de la Bible,
parue dans L’Église Libre des 16, 23 et 30 décembre 1870, 
Paris, BnF (Gallica).



Jean Walburg de Bray (1839-1901), né en France, est fils de pasteur et a vécu de longues années en Suisse (voir sa biographie, ici). C’est un photographe paysagiste qui diffuse essentiellement ses vues, sans son nom, grâce à un réseau de libraires dont plusieurs sont de nationalité suisse (Eugène Fleurdelys ; Félix Morel ; Albert Ruegger).

De rares vues conservées, contrecollées sur un fond de carton rouge, témoignent d’une série conséquente de plus de 80 vues (datables de 1869 et des années suivantes) et présentent au verso, sur une étiquette imprimée à l’encre bleue, "E. Fleurdelys – Libraire – 5, Avenue  de la Gare - Nice" (Image 1).

L’Annuaire des Alpes-Maritimes de 1872 cite, pour la première fois, "Fleurdelys, libraire, et Fleurdelys, couturière, avenue de la Gare, 5". Le recensement de la ville de Nice du printemps 1872 signale, à cette même adresse, ces époux de nationalité suisse, respectivement dans leur 25ème et 27éme année, sans enfant.

Leur premier enfant, Camille Hélène Fleurdelys, naît le 11 octobre 1872, suivi d’Alfred Hippolyte Jean Fleurdelys, le 11 mai 1875 et de Blanche Marthe Fleurdelys, le 27 avril 1877.

Eugène Fleurdelys cesse de faire paraître des annonces dans L’Église Libre mais également dans la revue Les Guêpes d’Alphonse Karr, après 1872.

Il semble continuer cependant ses activités d’agent d’affaires (Le Journal Amusant du 16 mai 1874) et de libraire-éditeur jusqu’en 1877 (Bibliographie de la France 1871-1877). 

Il est également cité, pour la dernière fois, dans l'Annuaire des Alpes-Maritimes de 1877, en tant que "libraire bouquiniste", même si son successeur, "Sauvaigo Gaêtan, bouquiniste, avenue de la Gare, 5", n’est signalé qu’à partir de l’Annuaire de 1884 (Annuaire de 1878 non conservé ; nom absent de l’Annuaire de 1879 ; Annuaires de 1880 à 1883 non conservés). 

Il quitte Nice pour Paris, entre le printemps 1877 et l’automne 1878, même si ses nom et adresse niçoise perdurent, par erreur, dans des éditions postérieures des Guides Baedeker (Le Midi de la France ; Italie septentrionale). 

On peut s’interroger sur la situation financière d’Eugène Fleurdelys. Est-ce une faillite qui entraîne son départ ? Ce point n’est cependant pas documenté dans les Archives commerciales de la France.



PARIS


Au plus tard en 1878, Eugène Fleurdelys est de retour dans le 18ème arrondissement de la capitale, peut-être pour reprendre son ancien travail et pour retrouver son frère, Jules, employé de commerce.

Ce dernier s’est marié à Paris, le 4 mai 1875 avec Jeanne Francine Suzanne Bory, couturière (née le 21 janvier 1856 à Paris, 2ème arrondissement). Il habite toujours rue Constance, 11 (18ème arrondissement), avec sa femme et leur fille, Mathilde Aimée, née le 11 janvier 1876  (leur autre fille, Amélie Gertrude Louise, née le 23 septembre 1877, est malheureusement décédée le 11 octobre de la même année). Le couple va ensuite donner naissance à Amélie Marie (le 10 décembre 1880). 

La présence d’Eugène Fleurdelys est attestée à Paris lors de la naissance de leurs nouveaux enfants, rue Tholozé, 26 : Hélène Julia, le 22 octobre 1878, Fernand Eugène, le 2 septembre 1881 (ce dernier, baptisé à Paris le 1er mai 1883, décédera malheureusement, à la même adresse, à 5 ans et 11 mois, le 2 août 1887) et Laure Marie (le 20 mars 1885).

Dans chacun de ces actes, Eugène Fleurdelys est dit, "employé de commerce", sans plus de précision, et sa femme, sans profession. Lors de la déclaration de naissance de son fils Fernand Eugène en 1881, l’un des témoins est cependant, Edmond Michelon, libraire, 45 ans (demeurant rue Durantin, 18, dans le 18ème arrondissement), sans qu’il soit possible d’affirmer qu’il s’agit de son employeur.



VALPARAISO


Le 18 juin 1902, Eugène Fleurdelys, commerçant, âgé de 54 ans, consent, par devant le consul de France de Valparaiso (Chili), au mariage de son fils, Alfred (Hippolyte Jean).

Ce dernier, professeur de violon (1er prix du Conservatoire de Paris en 1891), est âgé de 27 ans et demeure avec sa mère, rue Lacuée, 16 (12ème arrondissement). Il épouse le 3 septembre 1902, à Paris (18ème arrondissement), Berthe Augustine Laure Dupré, couturière, âgé de 30 ans (née le 5 décembre 1871 à Paris, 18ème arrondissement). 

Il semble donc qu’Eugène Fleurdelys ait quitté femme et enfants, entre le 5 août 1887 (date de déclaration du décès de son fils Fernand Eugène, à Paris) et le 18 juin 1902 (date de son consentement, à Valparaiso, au futur mariage parisien de son fils Alfred Hippolyte Jean).

Était-il encore à Paris, en 1891, lors du baptême de sa fille Blanche Marthe (le 7 mai) et lors de la remise de la médaille de son fils Alfred Hippolyte Jean ?

Il a rejoint, à Valparaiso, son frère cadet Jules (Théodore Alfred) Fleurdelys qui, lui, a quitté Paris avec femme et enfants, entre fin 1880 (sa fille Amélie Marie est née le 10 décembre 1880 à Paris) et début 1886 (son fils Henri Eugène Ernest est né à Valparaiso le 4 mars 1886), et plus probablement entre 1882 (date de création de l’Agence de Colonisation du Chili en Europe) et 1886. 

Jules tient, du fait de l’important port marchand de cette ville, un commerce de denrées alimentaires et importe notamment le "Cognac J. Fleurdelys" (Bulletin officiel de la propriété industrielle et commerciale, 1892 p 384). Il a pour associé, dans les années 1890, M. Bunout (Annuaire du Commerce de l’Étranger Didot-Bottin, 1896 p. 1403 et 1898 p. 1692),

La profession exercée par Eugène Fleurdelys à Valparaiso reste inconnue, comme la suite de sa vie et sa date de décès. A-t-il fini ses jours à Valparaiso ? 

La famille de son frère semble, pour sa part, être rentrée en France en 1914.

Son neveu Henri Fleurdelys (Paris, 18ème arrondissement), soldat de la Légion étrangère, est mort pour la France, à 30 ans, le 4 juillet 1916, à Belloy-en-Santerre (Somme). Son frère Jules est mort, par la suite, à Paris.