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dimanche 5 octobre 2025

1412-PORTRAITS DES ÉPOUX CÉCILE LANDRIN ET CHARLES FLINIAUX

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- GEORGES [Georges de Lapersonne (1844-apr.1912)], 
Portraits de Cécile Marie Landrin, épouse Fliniaux
détail de l'un des portraits en médaillon, recto de la cdv,
"Georges Phot. - - Versailles",
tirage albuminé de 8,8x5,5 cm , sur carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.




CÉCILE LANDRIN ET CHARLES FLINIAUX


Cécile Marie Landrin est née le 24 août 1849, à Versailles (Seine-et-Oise, actuel département des Yvelines). Elle est la fille d'Armand Pierre Emile Landrin, avocat (1803-1859) et de Azéma Louise Delattre (1811-1866), qui se sont mariés le 14 avril 1833 à Paris (1er arrondissement).

Cécile Marie et son frère Armand (1844-1912) se retrouvent orphelins de père et de mère, en 1860, respectivement âgés de 11 et 16 ans.

Quelques jours avant ses dix-neuf ans, Cécile Marie Landrin, sans profession et mineure, se marie à Versailles, le 18 août 1868, avec le consentement, par acte notarié, de sa seule aïeule (maternelle), Eugénie Lemaire (1782-1872), rentière, veuve de Louis Henri Delattre (1782-av.1868).

L'adresse versaillaise de Cécile Marie est alors rue Hoche, 17, qui est celle de l'un de ses témoins, le docteur en médecine Hippolyte Godefroy (1830-1894).

Cécile Marie épouse Charles Pierre Anselme Fliniaux, 32 ans, avocat (né le 6 janvier 1836 à Cambrai, Nord), domicilié rue des Feuillantines, 61, à Paris (3ème arrondissement ; ses parents sont domiciliés à Douai, Nord). 

Il est l'un des enfants de Pierre Philippe Joseph Fliniaux, rentier, anciennement professeur de Collège (1795-apr.1874) et de Fleurie Coppin (1799-1874), qui se sont mariés le 29 août 1832, à Douai. Il semble avoir été tout d'abord avocat à Douai puis, dès le milieu des années 1860, à Paris. 

Il est l'auteur de deux ouvrages parus à Paris, l'un en 1865, La Grève, les Patrons et les Ouvriers, et l'autre en 1867 intitulé, Législation et Jurisprudence concernant la Propriété Littéraire et Artistique.

Le couple va avoir deux filles, Thérèse Marie Joséphine Fliniaux, née le 9 août 1869, rue Saint-Placide, 47, à Paris (6ème arrondissement) puis Marie Caroline Floride Fliniaux, née le 24 avril 1871, avenue de Saint-Cloud, 5, à Versailles.

Charles Fliniaux est nommé, par décret du 5 mars 1872, avocat au conseil d'état et à la cour de cassation. Il s'occupe de la vente de la maison de la Famille Landrin, située rue de la Provence, 4, qui est actée le 22 mai 1872. 

L'adresse de leur domicile parisien reste rue Saint-Placide, 47 mais l'adresse du bureau de Charles est située à l'angle du boulevard Saint-Michel, 49 et de la rue des Ecoles, 1 (5éme arrondissement).

Cécile Marie décède malheureusement dans sa vingt-troisième année (22 ans et neuf mois), le 30 mai 1872, à Fontenay-aux Roses. La cause de son décès n'est pas connue mais elle est décédée dans la nuit, probablement lors d'une visite chez sa belle-sœur, Floride Henriette Désirée Fliniaux (1834-1911), épouse de Clovis Lamarre (1836-1911), administrateur du Collège Sainte-Barbe et témoin de la déclaration de décès.

Le corps de Cécile Marie est probablement inhumé au cimetière de Versailles. Ses filles ont alors respectivement moins de 3 ans et moins d'un an.


- GEORGES [Georges de Lapersonne (1844-apr.1912)], 
Portraits de Cécile Marie Landrin, épouse Fliniaux, recto de la cdv,
"Georges Phot. - - Versailles",
tirage albuminé de 8,8x5,5 cm, sur carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.



LES CARTES DE VISITE


Les Portraits de Cécile Marie Landrin

Deux épreuves photographiques, collées au recto et au verso d'une même carte de visite, conservent le souvenir de Cécile Marie Landrin, épouse Fliniaux. Elles sont l'œuvre de l'atelier de "Georges Phot. - - Versailles.", le comte Georges de Lapersonne/de la Personne (1844-apr.1912), installé dans cette ville dès 1869. 

La première épreuve présente un ensemble de quatre portraits de Marie Cécile Landrin dans de petits médaillons ovales répartis sur deux lignes, à quatre âges différents de sa vie (bébé, enfant, pré-adolescente et adolescente).

Cette disposition inhabituelle évoque tout à la fois les "portraits-mosaïques" d'Eugène Disdéri, cumulant ceux de différentes personnes (dès 1863) et les "Diamond Cameo Portraits" embossés du londonien Frederick William Window (dès 1864), avec quatre postures différentes mais contemporaines d'une même personne.

Même si les âges restent difficiles à préciser avec exactitude, ces quatre portraits de Cécile Marie sont des reproductions d'anciens daguerréotypes et d'anciennes photographies, faites par le photographe Georges et datant respectivement des années 1850 (les trois premiers) et 1860 (le dernier), peut-être vers 1850, 1853, 1862 et 1868.

Ces portraits, qui sont un résumé de l'évolution physique et de la courte vie (peu documentée) de Cécile Marie, ont probablement été regroupés par son époux, après le décès de cette dernière, confiés au photographe Georges et destinés aux proches de la défunte. Aussi, cette carte de visite peut-elle dater de l'année 1872 ou peu après.

Le revers de cette carte de visite devrait afficher les coordonnées du photographe qui se composent, à cette époque, de sa grande signature oblique et de son adresse "18, rue de la Paroisse", mais ce n'est pas le cas car ce verso est masqué par le collage d'une autre épreuve.


- GEORGES [Georges de Lapersonne (1844-apr.1912)], 
Tombe de Cécile Marie Landrin, épouse Fliniaux, verso de la cdv,
tirage albuminé de 8,8x5,5 cm , sur carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.




La Tombe de Cécile Marie Laandrin

C'est cette fois une vue en gros plan de la tombe du cimetière où repose le corps de Cécile Marie. 

Une chaîne métallique aux maillons polylobés, portée par des torches en fonte, entoure la dalle dominée par une croix de chevet en pierre. Cette grande croix latine imitant le bois écoté est surélevée par un haut socle simulant le rocher, qui est timbré d'une plaque épitaphe aux inscriptions suivantes :

"Cécile Marie - Landrin - Epouse de Charles - Fliniaux - Avocat au Conseil d'Etat - Et à la Cour de Cassation - Décédée le 30 Mai 1872 - Dans Sa 23e Année - - Priez Pour Elle".

On est tenté de voir dans cette image une vue de la tombe, mise en place l'année suivant le décès et photographiée par Georges, dans l'un des cimetières de Versailles, vers 1872-1873. Mais est-ce bien le cas ?

Rien n'est moins sûr. La Famille Fliniaux n'apparaît pas dans le recensement de Versailles du printemps 1872, à l'adresse de l'avenue de Saint-Cloud, 5. Il est donc possible qu'à la date de son décès, la famille vivait à Paris et que Cécile Marie ait été inhumée dans l'un des cimetières de la capitale. 

S'il reste probable que cette photographie soit l'œuvre de Georges et date bien des années 1870, elle peut être postérieure de plusieurs années au décès. En effet, il manque une torche en fonte du côté droit de la tombe et la chaîne a donc dû être directement rattachée au socle de la Croix, ce qui va à l'encontre de l'idée d'une tombe neuve, malgré une dalle qui semble récente. Cécile Marie a-t-elle été inhumée dans la tombe de ses parents ? 

Une recherche, pourtant menée en collaboration avec les services funéraires de la municipalité de Versailles, n'a pas permis de retrouver trace de son inhumation ni celle de ses parents dans les registres de la ville, que ce soit dans le Cimetière de Notre-Dame ou ceux de Montreuil ou de Saint-Louis.

Enfin, une seule et petite couronne orne la tombe. Cécile Marie est née et a vécu de nombreuses années à Versailles. Elle y avait des parents et amis. Son père avait été un avocat, conseiller d'état et élu célèbre, et son mari, avocat également occupait depuis mars 1872 des fonctions prestigieuses (que l'épitaphe rappelle). La nudité de la tombe tranche avec ce contexte et montre potentiellement une vision plus tardive.


Observations

Cette carte de visite, par son montage de portraits aux différents âges de la vie, associé à une vue de la tombe semble rare.

Elle témoigne de l'usage funéraire de la photographie, tout à la fois en tant que souvenir de la personne physique et de sa dernière demeure publique, permettant d'accomplir le deuil et d'affirmer la présence du corps, sous le regard et la prière.

La tombe est sobre, axée sur la grande Croix et la croyance en la Résurrection. La fille aînée de Cécile et de Charles Fliniaux, Thérèse (1869-1923), sera religieuse.

C'est dans cet esprit que les portraits des époux, acquis auprès de deux vendeurs et de deux sites différents, se veulent réunis ici, pour contrer l'oubli, d'autant que leurs tombes semblent avoir disparu.

Tous les portraits du XIXème siècle sont, par définition, des portraits de défunts, qu'ils soient morts enfants ou très âgés, en 1850 ou en 1900. Il y a comme un écrasement du temps qui les aligne sur le même plan, la plupart nous apparaissant, de plus, inconnus et anonymes. Quand ces portraits sont identifiés, il est cependant possible de reconstituer quelques éléments de leur histoire individuelle, notamment grâce aux sites de généalogie.

La vie d'une femme du milieu du XIXème siècle, comme celle de Cécile Marie, est cependant difficile à appréhender : sans profession, mère de deux enfants, avec une courte vie passée entre son père et son mari avocats dont elle a successivement porté le nom. 

Son épitaphe célèbre davantage les fonctions de son époux qu'elle-même, ne rappelant d'elle que son rôle social d'épouse et sa mort précoce.


- ALLÉVY Charles (1856-1890), Portrait de Charles Fliniaux, recto, vers 1887,
"Ch. Allévy (signature horizontale) - 5, Rue des Petits Champs - Paris",
tirage albuminé de 8,8x5,7 cm, sur carton de 10,5x6,5 cm, Collection personnelle.



Le portrait de Charles Fliniaux

Charles Fliniaux ne se remariera pas. 

En 1878 et 1879, il corédige l'un des ouvrages de la collection de son beau-frère, Clovis Lamarre, consacrée aux Pays étrangers à l'Exposition Universelle de Paris de 1878 (Egypte, Tunisie et Maroc) et termine une édition augmentée de son ouvrage(La Propriété industrielle et la propriété littéraire et artistique en France et à l'étranger) et Essai sur les droits des auteurs étrangers en France et des auteurs français en pays étranger

Dès 1885, il est dit, "ancien avocat au conseil d'état" et nommé "Officier d'Académie".

La carte de visite est l'œuvre de l'atelier du photographe Charles Allévy (1856-1890), situé 5, rue des Petits-Champs à Paris (passage des 2 Pavillons, Palais-Royal, 1er arrondissement).

Ce portrait est identifié au verso par les mentions suivantes, "Charles Fliniaux - 1887". Il s'agit très probablement de la personne étudiée  mais il est difficile de l'affirmer car d'autres personnes portent les mêmes nom et prénom dans la seconde moitié du XIXème siècle.

Cependant le physique semble correspondre à l'âge de la personne recherchée (51 ans à cette date) et la décoration affichée à la boutonnière pourrait bien être la rosette de l'Ordre des Palmes académiques qu'il a obtenue en 1885, lors de sa nomination d'Officier d'Académie.

Charles Fliniaux semble cesser toute activité professionnelle dans les années 1890. 

Il décède à Paris, à l'âge de 74 ans, le 21 avril 1910, à son domicile de la rue d'Auteuil, 6 (16ème arrondissement).