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MAURICE VAISSIER (1836-1894), PHOTOGRAPHE
Clermont-Ferrand
Joseph Pierre Maurice Vaissier est né à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), place du Mazet, 5, le 29 juin 1836. Il est l'un des deux enfants de Jean Joseph Vaissier, propriétaire (Saint-Urcize, Cantal, 1er novembre 1782 - Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme, 9 septembre 1839) et de Catherine Julie (de) Mornac (Laqueuille, Puy-de-Dôme, 21 septembre 1798 - Paris, 5ème arr., c. 18 avril 1877, inhumée à Ivry-sur-Seine, Val-de-Marne, le 21), qui se sont mariés à Clermont-Ferrand, le 12 septembre 1829.
Paris
Suite au décès de son époux, Catherine de Mornac quitte, avec ses deux fils, Clermont-Ferrand pour Paris, à une date inconnue (probablement dès les années 1840).
Il semble que Joseph Pierre Maurice Vaissier et son frère aîné, Paul Emile Jean Baptiste Vaissier (né à Clermont-Ferrand le 18 octobre 1832), font leurs études à Paris. Maurice devient professeur et Jean-Baptiste, ingénieur.
Suite aux évènements de la Guerre franco-prussienne et de la Commune, Maurice Vaissier quitte Paris vers mars 1871.
Son frère Jean Baptiste Vaissier qui prend part à la Commune, est arrêté et va être condamné à la déportation.
Vichy
Il faut certainement identifier, sous l'auteur anonyme d'une petite annonce parue dans L'Avenir de Vichy des 9, 16, 23 et 30 avril 1871, Maurice Vaissier, qui propose des cours de langues et notamment d'anglais.
Est-il inquiet d'éventuels interrogatoires et poursuites du fait de l'arrestation de son frère ? C'est une possibilité.
Il ouvre, au plus tard l'été 1871, un atelier de photographie qui n'affiche toujours pas son patronyme. L'une de ses cartes de visite est en effet datée "d'août 1871" ; elle porte à l'encre rouge, sous le dessin d'une poule présentant son œuf (métaphore de la photographie?), "Photographie Anglaise - Près le Château d'eau - Vichy".
Maurice Vaissier est domicilié dans un quartier situé au sud-est du Casino de Vichy, rue Besse, 4, à l'angle de la rue de Nisme/Nîmes (actuelle rue Maréchal Foch) et à proximité de la place du Château d'eau (actuelle place de la Victoire). Son nom reste cependant absent de l'ensemble du recensement de Vichy de 1872.
"Pierre Maurice Vaissier, artiste photographe, domicilié à Vichy, rue Besse" semble disposer de moyens financiers car, en septembre 1872, il surenchérit pour tenter d'acquérir la Villa de l'avenue Victoria du photographe Paul Coutem, mise aux enchères suite au décès de ce dernier (La Semaine de Cusset et de Vichy du 7 septembre 1872).
C'est cependant la Banque A. Butin & Cie de Cusset qui l'emporte. Maurice Vaissier conserve donc son atelier de la rue Besse.
Le soir du 7 mai 1874, la "Photographie Anglaise" et deux boutiques attenantes, presque entièrement en bois, sont cependant détruites par un incendie (L'Avenir de Vichy du 10 mai 1874). L'atelier du photographe n'était donc pas situé dans son domicile mais dans une construction en bord de rue.
Il semble que ce soit sur la "place de l'Hôtel de Ville" (ancien atelier Spingler ?) que Maurice Vaissier installe son nouvel atelier au milieu des années 1870 (vers 1874-1878 ?).
Alors que cette adresse reste absente des journaux locaux contemporains. un unique carton-photo la présente sous le même "dessin de la poule et de l'œuf" précédent mais remplace la dénomination de "Photographie Anglaise" par le patronyme du photographe, précédé de l'initiale de son prénom, "M. Vaissier".
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| - Verso d'un carton-photo de M. Vaissier. |
Le 25 février 1875, "Joseph Pierre Maurice Vaissier [38 ans], professeur de langue anglaise et propriétaire, domicilié à Vichy, rue Besse, fils de Jean Joseph Vaissier, décédé (...) et de Catherine Julie de Mornac, veuve, rentière à Paris, domiciliée rue Servandoni, 26 [6ème arrondissement]", consentante par acte notarié, épouse à Vichy, "Madeleine [Pauline] Denizard, née à Vichy le 14 mars 1831 [43 ans, aux parents décédés à Vichy], mariée en premières noces le 25 juin 1854, veuve de Jean Baptiste Chaussard".
Les époux (sans enfant) sont ensuite cités, rue Besse, dans le recensement de Vichy de 1876, Maurice Vaissier y étant dit, "professeur".
Jean Baptiste Vaissier, le frère de Maurice, déporté en Nouvelle-Calédonie en 1874, décède dans le bagne de la presqu'île Ducos, le 23 mars 1876, à l'âge de 43 ans, et leur mère, à Paris, en avril 1877.
Dès novembre 1878, Maurice Vaissier commence à faire paraître des publicités pour son atelier de photographie dans La Semaine de Cusset et de Vichy puis, dès janvier 1880, dans Le Petit Libéral de Cusset-Vichy.
Cet atelier, ouvert toute l'année, est désormais situé "à la Croix de Mission". Il y propose des "Portraits sur Email - Spécialité - de - Portraits d'Enfants - Par un procédé instantané".
La Croix de Mission (croix datant de la fin du XVII° siècle) identifie une place du même nom (actuelle place Victor Hugo) où convergent la rue de Nîmes (actuelles rue Georges Clémenceau et rue du Maréchal Foch), la rue Cunin-Gridaine (actuelle rue du Président Wilson), la rue du Casino et la rue de l'Hôpital (actuelle rue de la Source de l'Hôpital).
A partir de l'été 1881, les publicités pour la "Photographie Anglaise" affichent l'adresse de la "Rue de l'Hôpital" et plus rarement celle de la "Place de la Croix-de-la-Mission". Il faut probablement en déduire que l'atelier est situé à l'angle de la place de la Croix-de-la-Mission et de la rue de l'Hôpital, alors que le domicile est toujours situé rue Besse.
Contrairement aux publicités, aucun carton-photo n'affiche cependant, "A la Croix de Mission" ou "Place de la Croix de la Mission", mais uniquement, "Rue de l'Hôpital" (sur fond blanc, beige ou orangé).
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| - Verso d'un carton-photo de la "Photographie Anglaise". |
Les publicités des années 1880 de Maurice Vaissier ciblent en particulier les enfants et les groupes : portraits de bébés, groupes de collégiens, fêtes pour enfants, communiants, familles, sociétés en costume et groupes à domicile.
Dans la seconde moitié des années 1880, s'ajoutent la proposition de "Leçons aux amateurs" et la recherche d'un "apprenti" (1886) puis d'un "jeune homme désireux d'apprendre la photographie" (1888-1889).
La mention de la "Photographie du Globe", dans une série de publicités parues d'octobre 1886 à janvier 1887, interroge. Est-ce l'évocation du célèbre atelier parisien (fondé en 1854) du boulevard de Strasbourg, 8 (10ème arrondissement) tenu alors par E. Marchandise ? Ce photographe a-t-il tenu, un temps, une succursale estivale à Vichy dont Maurice Vaissier aurait ensuite acquis les clichés ?
"Vaissier Maurice, 50 ans, Français, professeur, chef de ménage, et Dorrizard (sic) Pauline, 55 ans, Française, son épouse" sont cités, rue Besse, dans le recensement de 1886.
Tout au long des années 1880, Maurice Vaissier investit dans l'immobilier, avec notamment l'achat de deux maisons à Cusset (Le Petit Libéral de Cusset-Vichy des 4 septembre 1881 et 30 juin 1889 ; La Semaine de Cusset et de Vichy des 22 novembre 1884 et 17 octobre 1885).
En juin 1889, il sous-loue une partie des locaux de l'ancien hospice à deux industriels qui s'avèrent des prête-noms pour l'organisation d'une conférence bonaparto-boulangiste, susceptible d'amener du trouble dans la cité thermale.
"M. Vaissier, qui n'entend pas se prêter aux manœuvres de l'ex-général [marqué par les accusations bonapartistes de son frère mort en déportation] a protesté contre cette façon d'agir par une sommation par voie d'huissier" (Le Petit Libéral de Cusset-Vichy du 30 juin 1889).
La fin de l'atelier de "Photographie Anglaise"
Les publicités pour la "Photographie Anglaise" semblent s'arrêter en janvier 1889, sans qu'il soit possible de savoir si cela implique ou non la fin de l'atelier.
"Vaissière (sic) Joseph Pierre, 55 ans, professeur d'Anglais, chef de ménage" et "Denisard (sic) Pauline, 59 ans, sa femme" sont encore cités, rue Besse, dans le recensement de 1891, sans que l'on puisse savoir, là encore, si Maurice Vaissier continue d'exercer sa profession de photographe ou même de professeur.
Le couple Vaissier change ensuite de domicile, entre 1891 et 1894, pour s'installer rue des Célestins, 8 (de l'autre côté de la place du Château d'eau).
"Joseph Pierre Maurice Vaissier, professeur de langue anglaise" décède à cette adresse, le 9 juin 1894, à près de 58 ans.
Son épouse, Madeleine, née Denizard, décédera à la même adresse, le 6 décembre 1911, à l'âge de 80 ans.
L'Aide-Mémoire de la Société de Photographie (édité à Toulouse de 1876 à 1905) cite uniquement le photographe "Vaissier" de 1879 à 1884 et l'Annuaire général et international de la Photographie le cite encore en 1896 (vol. 5 p 496).
Maurice Vaissier s'est probablement formé à la photographie à Paris, avant 1871. Il a officié à Vichy pendant près d'une vingtaine d'années, à trois adresses successives, toutes situées au sud du Parc thermal.
Très peu de ses photographies sont cependant connues et aucune n'affiche d'ailleurs un style de carton-photo postérieur au début des années 1880 : six portraits d'adultes seulement (au format carte de visite) mais aucun portrait de bébé, d'enfant ou de groupe, et une seule vue, Le Pont de Vichy sur l'Allier, qui révèle cependant son activité de paysagiste.
