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mercredi 19 janvier 2022

1214-CANNES - LE COURS/LES ALLÉES AU MILIEU DU XIX° SIÈCLE-2

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 11/07/2023



CANNES - LES ALLÉES AU MILIEU DU XIX° SIÈCLE-2


VOIR LA PREMIÈRE PARTIE DE CET ARTICLE






1 - DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Cannes, Vue Panoramique, vers 1873,
vue est-ouest montrant les Allées et le Mont-Chevalier, 
tirage albuminé de 7,7x22,1 cm sur carton de 13,1x28,5 cm, Collection personnelle.



La datation (vers 1873) de la vue ci-dessus (Image 1) est déduite de la configuration des lieux (voir la première partie de cet article). 

La photographie montre la fontaine orientale installée sur les Allées au printemps 1868 (en même temps que la fontaine occidentale et le grand bassin central entouré de petits jardins exotiques). La voie carrossable longeant la plage a pour sa part été aménagée fin 1868 puis macadamisée début 1869 et bordée d'arbres début 1870.

Au tout premier plan, se dresse le bâtiment imposant et soigné du Splendid Hotel, tenu par Henry Bourgois (né dans le Pas-de-Calais vers 1834). Construit à partir de 1870 et ouvert en octobre 1871, dans l'immeuble de Louis Martat, l'hôtel est constitué d'un rez-de-chaussée et d'un entresol surmontés de trois étages dont un sous les combles. Les façades sud et nord présentent un alignement de treize baies et les façades latérales ouest et est de six baies (bâtiment conservé de nos jours, exhaussé en 1905). L'angle sud-est du rez-de-chaussée est occupé par le Café de Paris et le restaurant de l'hôtel. 

A l'arrière-plan, sur les hauteurs méridionales du Mont-Chevalier, se remarquent la brèche de l'angle nord-est de la Tour de la Castre (vers 1872) et la construction en cours d'un grand bâtiment (vers 1873). Le chantier du nouvel Hôtel-de-Ville (dès l'été 1874) est absent de l'image (voir ci-dessous).



L'HÔTEL-DE-VILLE (Images 2, 3a, 3b et 4)


Depuis plusieurs années, la question de l'achat ou de la construction d'un immeuble destiné à un nouvel Hôtel-de-Ville est posée, la mairie occupant un immeuble en location dont le bail risque de ne pas être renouvelé.

Le 18 mai 1872, le maire Donat Joseph Méro (Cannes 1806-Cannes 1874) souhaite, qu'avant l'échéance du nouveau bail de trois ans, la question soit enfin résolue et propose un emprunt conséquent. Le 18 octobre 1872, le prêt ayant été accordé, le choix se porte sur la construction d'un immeuble neuf, situé sur les Allées de la Marine et réunissant notamment les bureaux de la Justice de Paix, de la Police, de la Voirie, du Télégraphe, de la Poste aux lettres, du Cabinet de Sciences naturelles et permettant l'installation de deux magasins au rez-de-chaussée.

Un concours est organisé et une synthèse des deux projets proposés est ensuite demandée, en août 1873, à l'architecte Louis Durand (Grenoble 1842-Cannes 1921). 

Dès le départ, le projet fait polémique au sein de l'équipe municipale et de l'ensemble de la ville, que ce soit au niveau de l'emplacement choisi sur les Allées, du droit d'y construire, de l'organisation du concours, du choix de l'architecte ou du montant affecté à la construction.

Après de nouvelles modifications des plans, un devis est établi par l'architecte en juin 1874 et l'adjudication des travaux a lieu, le 9 juillet 1874, sous le mandat du nouveau maire Jean Baptiste Girard (Cannes 1820-Cannes 1897) et la construction est enfin entamée. Les projets de sculptures de façade et de décoration intérieure sont reportés à plus tard, afin de respecter le budget prévu.

De nombreux devis complémentaires vont cependant s'ajouter en cours de travaux, du fait de problèmes de construction et d'amélioration du bâtiment : ajout de sous-sols destinés aux magasins (septembre 1874), élargissement du bâtiment construit sur le voûtement du torrent du Poussiat, choix d'une charpente en fer remplaçant la charpente en bois prévue (mai 1875), travaux supplémentaires (février 1876), installation de nouveaux locaux, réalisation d'appartements au deuxième étage, commandes de mobilier neuf (mai et août 1876), réalisation anticipée des seize sculptures de façade alors que les "étagères" (échafaudages) sont encore en place, confiée (mai 1876) au sculpteur parisien Pierre Marius Montagne (Toulon 1827-Toulon 1879).

Les travaux commencés fin juillet 1874 voient la réalisation des fondations en août 1874, le couvrement de l'édifice en 1875 et l'installation dans les lieux entre mai et juillet 1876 (mairie et justice de paix), les dépenses d'aménagement se continuant encore pendant plusieurs mois. 

Le bâtiment constitué d'un rez-de-chaussée (surélevé de cinq marches) et d'un entresol surmontés de deux étages, offre treize baies sur ses grands côtés sud et nord et six sur ses façades latérales. Les baies sud du rez-de-chaussée et de l'entresol sont encadrées par de hauts pilastres, celles du premier étage par des colonnettes d'ordre ionique et celles du deuxième étage par des statues allégoriques. Le centre de la façade sud montre une légère avancée, couronnée par une horloge adossée au dôme qui couvre l'édifice.

Les magasins du rez-de-chaussée, sous-sol et entresol sont occupés dès juillet 1876, du côté est par un banquier et du côté ouest par le nouveau Café de la Paix des Frères Roux (avec l'ajout au café d'une rotonde vitrée au dernier trimestre de l'année 1877) et par l'Agence d'Affaires (immobilières) F. Mouton (avec au sous-sol, la Cave à Vins H. Jourdan). 

La Bibliothèque, le Museum Régional et la Société Agricole et Horticole s'installent au deuxième étage.

Prévue à hauteur de 220.000 francs environ, la réalisation de l'Hôtel-de-Ville atteindra plus de 491.000 francs et tous les scandales qui y sont reliés aboutiront au remplacement de l'équipe municipale aux élections suivantes. 

Le nouveau maire Eugène Gazagnaire (Cannes 1838-Cannes 1900) ordonnera, dès janvier 1878, des expertises concernant les réalisations de son prédécesseur, fera toute la lumière sur l'argent illégalement engagé et transformera ou stoppera certains projets en cours d'exécution (Hôtel-de-Ville et Théâtre). Tout en vendant le mobilier neuf des appartements de l'Hôtel-de-Ville et en redistribuant les locaux, la nouvelle équipe municipale n'en continuera pas moins les dépenses nécessitées par l'achèvement intérieur de l'édifice. La polémique se continuera pendant plusieurs années, régulièrement alimentée par les journaux locaux.



2 - BOUTET Jules (1830-?), Cannes, Notre-Dame-d'Espérance, vers 1875,
vue est-ouest montrant la partie occidentale des Allées (avec l'Hôtel-de-Ville en construction) 
et la partie septentrionale du Mont-Chevalier,
vue 37 de l'Album Religieux Cannes 1876,
tirage albuminé de 17,4x24,7 cm, Paris, BnF (Gallica).



La photographie ci-dessus (Image 2), prise depuis l'étage du Cercle Philarmonique des Allées, montre sur la droite l'Hôtel-de-Ville en construction (1874-1876). Une date située au printemps ou à l'été 1875 semble s'imposer du fait du feuillage des arbres des Allées et de l'absence sur l'édifice de la charpente en fer commandée en mai 1875. 



LE THÉÂTRE ET L'HÔTEL (Images 3a et 3b)


Depuis une décennie, le public et la presse locale réclament la construction d'une salle de spectacle à Cannes. Le 9 novembre 1875, le Conseil municipal (Maire Jean Baptiste Girard) adopte à l'unanimité, "le projet de concours pour l'édification d'un théâtre et d'un hôtel pour voyageurs contigus, le dit hôtel pouvant être transformé plus tard en Musée municipal". La publication du programme du concours a lieu le 5 décembre 1875.

Le choix du projet a lieu à Paris le 10 avril 1876 et le projet primé est celui des architectes parisiens Jules Bourdais (Brest 1835-Paris 1915) et Gabriel Davioud (Paris 1823-Paris 1881). L'emprunt correspondant est contracté le 4 mai 1876. 

Le projet prend cependant du retard et l'adjudication des travaux ne semble avoir lieu qu'en décembre 1876. Le 15 mai 1877, le Conseil municipal renonce à l'édification de l'hôtel. 

Le théâtre suscite de nombreuses polémiques auxquelles Le Courrier de Cannes répond dans un long article du 24 juin 1877.

Le 25 octobre 1877, le Conseil municipal décide de réduire de 4,50 mètres environ la largeur du théâtre empiétant sur les Allées (projet initial de 40x25 m)Alors que les fondations du théâtre sont déjà réalisées, les pavillons de façade et la loggia prévus sont abandonnés et le projet d'ensemble est modifié par l'ingénieur de la Ville de Cannes, Jean Pierre Revellat (Trèbes 1817-Cannes 1891) qui suit le chantier (Images 3a et 3b). Le 18 décembre 1877, le traité pour la charpente en fer du théâtre, avec Schneider et Cie du Creusot (Saône-et-Loire), est validé.

Dès le 25 janvier 1878, la nouvelle équipe municipale (Maire Eugène Gazagnaire) sollicite des rapports d'expertise concernant la construction du Théâtre, son coût réel et la nécessité de poursuivre ou non le projet. M. Revellat est révoqué (Le Courrier de Cannes du 3 février 1878).

Les expertises se révèlent opposées à la poursuite du projet, jugé illégal (terrains de l'Etat cédés à la Ville pour une promenade publique sans autorisation d'y construire), irrégulier (dans ses procédures), dispendieux (montant volontairement sous-estimé, passé de 300.000 à  545.000 francs et nécessitant un nouvel emprunt), dénaturé (modification du projet primé), certes entamé (premier étage réalisé) mais peu fiable (lézardes apparues) (Conseil municipal du 25 juillet 1878, AMC, 1D19, vues 196-218).

Le renoncement au projet paraissant préférable en tous points (malgré les sommes investies et le coût de la démolition à ajouter), un arrêté préfectoral du 24 août 1878 valide la cessation des travaux, la démolition des ouvrages, le comblement des fondations et la récupération des sommes versées en trop. La commande de la charpente métallique est ensuite annulée (Conseil municipal du 15 novembre 1878).

Le Courrier de Cannes qui avait sollicité la création d'un théâtre (Le Courrier de Cannes du 28 janvier 1875) puis soutenu le projet du Maire précédent (Le Courrier de Cannes du 24 juin 1877), continuera à défendre le projet initial, toute l'année 1878, des attaques des Echos de Cannes et de L'Avenir de l'Arrondissement de Grasse.

Le Conseil de Préfecture nomme des experts à la fin de l'année 1878 afin de préciser la quantité de matériaux employés et approvisionnés à revendre. Le rapport n'est livré qu'un an plus tard, le 22 décembre 1879, et le Conseil municipal décide de la démolition du théâtre et sollicite l'accord urgent du Préfet, certaines parties de la construction menaçant ruine et les plantations prévues, sur le terrain une fois dégagé, devant se faire avant mars.

Le théâtre est démoli et ses matériaux sont déblayés entre fin janvier et mi-février 1880 (Conseil municipal du 22 janvier et du 14 février 1880).



3a - DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Cannes, Vue Panoramique, vers 1879,
vue générale ouest-est, prise depuis le sommet du Mont-Chevalier,
noter, au bord de la voie méridionale des Allées, la file des voitures de place, alors localisées du côté occidental (et à l'extrême droite de l'image, la présence de la Villa Rose-Marie, déjà érigée à cette date),
tirage albuminé de 13x27,3 cm, Collection personnelle.




La datation de la photographie ci-dessus (Image 3a) est tout d'abord déduite de la présence, sur les Allées, du bâtiment de l'Hôtel-de-Ville (terminé en 1876).

La présence du bâtiment du Théâtre repousse la datation. La construction de ce dernier a été, comme exposé ci-dessus, entamée en janvier 1877 et stoppée fin août 1878. Le bâtiment est resté en l'état jusqu'à sa démolition fin janvier-début février 1880.

La présence des deux kiosques à Musique, l'un érigé à l'est en août-septembre 1874 et l'autre à l'ouest en juin-juillet 1877 (voir ci-dessous), implique cependant une prise de vue effectuée au plus tôt au second semestre 1877.

La fontaine orientale, initialement située au sud du Petit Cours (Image 1) apparaît déjà déplacée plus à l'est, en face de la rue Bivouac. Or, ce déplacement fait partie des travaux des Allées votés le 5 août 1878, approuvés par le Préfet le 23 octobre 1878, soumis ensuite à adjudication puis effectués entre novembre 1878 et avril 1879 (Fêtes du Centenaire de Lord Brougham).

Les Allées ne montrent plus le chantier boueux de janvier-février 1879 mais présentent encore de vieux arbres qui vont être arrachés en mars 1879 (puis en janvier 1880). La nouvelle ligne de jeunes platanes, visible le long de la mer, est pour sa part postérieure au 13 février et antérieure au 13 mars 1879 (Le Courrier de Cannes de janvier à avril 1879). Enfin, l'absence de feuillage de l'ensemble des arbres implique une saison qui ne peut concerner que l'automne-hiver 1878-79 ou 1879-80.

La photographie peut donc dater au plus tôt de mars 1879 (ligne de jeunes platanes du bord de mer) et au plus tard de janvier 1880 (arrachage des derniers vieux arbres et démolition du théâtre), d'où la date retenue (vers 1879). 


3b - DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Cannes, Vue Panoramique, détail, vers 1879,
détail de la vue précédente prise depuis le sommet du Mont-Chevalier,
avec d'ouest en est, l'Hôtel-de-Ville (et son dôme central), le Kiosque à Musique occidental,
 le bâtiment du Théâtre en construction (angle sud-est), le Kiosque à Musique oriental et la fontaine orientale,
tirage albuminé de 13x27,3 cm, Collection personnelle.



LES KIOSQUES À MUSIQUE (Images 3a, 3b et 4)


Dans la seconde moitié des années 1860, les concerts de musique ont lieu à Cannes sur les Allées, sur le boulevard de la Croisette (au Cercle Nautique) et au square Brougham. Dès 1868, des kiosques sont réclamés à la municipalité. L'été 1874, ce sont deux kiosques privés qui sont cependant érigés, l'un par le Cercle Nautique sur sa terrasse sud et l'autre par la Société Musicale à l'est des Allées.

Le kiosque oriental

Ce kiosque oriental tant attendu (Revue de Cannes 13 décembre 1868, du 24 avril 1870 et du 5 octobre 1871) est un petit kiosque portatif à fixer sur des dés de pierre, acquis par souscription publique (1.500 francs). Envisagé dans un premier temps sur le Petit Cours, il est en définitive installé et mis en peinture en août et septembre 1874 (Image 3a), en face du Cercle du Commerce (Le Courrier de Cannes du 19 août, du 27 août et du 6 septembre 1874).

Le kiosque occidental

Un second kiosque va être envisagé sur les Allées dès l'année suivante. En effet, lors de la construction de l'Hôtel-de-Ville, les Frères Roux, qui réservent dès juillet 1875 la location du magasin oriental du rez-de-chaussée afin d'y ouvrir le Café de la Paix, expriment leur souhait de bénéficier de la proximité d'un kiosque à musique. 

L'idée va être adoptée par la municipalité, le kiosque existant à l'est étant trop éloigné de l'Hôtel-de-Ville et ne lui appartenant pas. Suite à l'achèvement de l'Hôtel-de-Ville et à l'installation du Café de la Paix dans ses locaux à la fin de l'été 1876, un kiosque est donc commandé par la municipalité (Maire Jean Baptiste Girard) à la Société Debiaune et Cie, le 29 septembre 1876 (16.000 francs). 

Malgré la cession du Corps de musique et de ses possessions à la Ville en mars 1877, ce nouveau kiosque est installé à partir de juin 1877, au sud-ouest du Café de l'Hôtel-de-Ville (Le Courrier de Cannes du 5 juillet 1877). Un crédit complémentaire nécessaire à la réalisation des peintures et de l'éclairage (lustre, becs de gaz) est ensuite voté le 25 août 1877 (2.000 francs). L'installation se termine en septembre avec la réalisation des peintures (Le Courrier de Cannes du 13 septembre 1877). Le nouveau kiosque occidental (Image 3b) peut dès lors bénéficier d'un concert hebdomadaire, deux concerts étant toujours donnés au kiosque oriental.

Le grand kiosque central

Avec la nouvelle équipe municipale (Maire Eugène Gazagnaire), un projet de réaménagement global des Allées voit le jour entre mai et août 1878, comprenant notamment l'installation d'un grand kiosque (25.000 francs) en remplacement des deux kiosques existants. Ce kiosque neuf est prévu sur l'emplacement à libérer du Théâtre et destiné à être entouré de nouvelles plantations (Conseil municipal du 19 mai 1879).

Le 18 octobre 1879, à l'approche de l'adjudication du kiosque (prévue le 1er novembre 1879), la municipalité renonce à son achat, donne la priorité à d'autres travaux et envisage seulement une modification du kiosque oriental actuel, avant son déplacement (Conseil municipal du 22 décembre 1879).

Suite au réaménagement des Allées et à la démolition du Théâtre au tout début de l'année 1880, le projet d'achat d'un nouveau kiosque est remis à l'ordre du jour et voté le 14 février. Le 1er mars 1880, l'adjudication est remportée par les ingénieurs-constructeurs Blairon et Mathieu de Charleville (Ardennes). L'édification du kiosque est fixée au plus tard au 12 juillet 1880, pour permettre son inauguration lors de la Fête nationale du 14 juillet. 

Malgré plusieurs rappels, le kiosque n'est cependant pas réalisé dans les temps. Un sursis de 30 jours est accordé à l'entreprise, prenant fin le 15 août 1880. Le 5 octobre, le kiosque n'est toujours pas livré mais la plantation de douze palmiers est votée par le Conseil municipal pour l'emplacement destiné aux auditeurs de la musique. 

Il semble qu'un accord ait été trouvé pour le kiosque car la municipalité comptera peu de pénalités à l'entreprise. Le kiosque est enfin installé au début du mois de novembre 1880 (Image 4) mais son pavillon n'est posé qu'à l'extrême fin du mois. Le Courrier de Cannes qualifie tour à tour le kiosque "d'énorme champignon" puis de "bastion de forteresse". Son inauguration a lieu le 13 février 1881 (Le Courrier de Cannes des 7 novembre, 25 novembre et 9 décembre 1880 puis du 13 février 1881).

Le 23 février 1881, le Conseil municipal vote la réalisation d'une promenade en ciment de cinq mètres de large à établir de la place des Iles à l'Hôtel-de-Ville, avec esplanade au devant du nouveau kiosque de la musique. Le nouveau règlement de la Musique édicté le 10 mars 1881 prévoit, hiver comme été, deux concerts sur le kiosque des Allées de la Liberté.

Les deux anciens kiosques des Allées ont été démontés : le kiosque occidental (1877), situé près de l'Hôtel-de-Ville, a été remonté au quartier de la Verrerie dès octobre 1880 (Le Courrier de Cannes du 17 octobre 1880) et le kiosque oriental (1874) a été rénové et va être installé au square Brougham en mars 1881 (Le Petit Niçois du 21 mars 1881).



LE MONUMENT À LORD BROUGHAM


Dès mars 1876, lors de la préparation des Fêtes du Centenaire de la naissance de Lord Brougham (Edimbourg 19 septembre 1778-Cannes 7 mai 1868), la municipalité (Maire Jean Baptiste Girard), envisage un monument à élever en l'honneur du Lord. 

Fin 1877, la commande d'un sujet allégorique destiné aux Allées est passée auprès du statuaire parisien Paul Liéniard (Paris 1841-Cannes 1900) (Conseil municipal du 21 novembre 1877). Le groupe doit être composé d'une figure en pied représentant la Ville de Cannes, avec un pied posé sur la base d'une colonne ornée du blason de la Ville et surmontée du Buste de Lord Brougham existant (réalisé suite au décès du Lord et installé, en février 1870, au quartier des Anglais, dans le square Brougham). 

Cependant, avec l'élection de la nouvelle équipe municipale (Maire Eugène Gazagnaire) puis sa visite au sculpteur (Conseil municipal du 9 février 1878), le projet de groupe sculpté qui ne donnait qu'une place secondaire à Lord Brougham est remplacé, en 1878, par la commande d'une statue en pied du Lord (Conseil municipal du 13 mai 1878). Le Monument veut ainsi rendre hommage à Lord Brougham (à son rôle dans le développement de la cité) et, à travers lui, à l'ensemble de la Colonie étrangère. 

Le coût du Monument est de 2.000 francs pour l'achat du bloc de marbre (subvention demandée à l'Etat) et de 14.000 francs pour le sculpteur, auxquels vont s'ajouter le coût du transport et celui de la réalisation du piédestal, avec ses bas-reliefs et ses inscriptions. L'inauguration du Monument est prévue lors des Fêtes du Centenaire, repoussées à mi-avril 1879, pendant la saison touristique. 

L'emplacement choisi est le Petit Cours, entre le Cercle Philarmonique (inauguré le 29 mars 1875 dans les anciens locaux du Cercle du Commerce) et le Splendid Hotel (1870-71) (voir la première partie de cet article)

La cérémonie de pose de première pierre du Monument a lieu à la date fixée en accord avec la famille de Lord Brougham, le jeudi 19 décembre 1878, à 2h de l'après-midi (Le Courrier de Cannes du 22 décembre 1878).

Le Monument à Lord Brougham est ensuite inauguré le samedi 19 avril 1879 à 2h de l'après-midi (dernier des quatre jours des Fêtes du Centenaire - Les Echos de Cannes du 20 avril 1879), avec la statue en pied réalisée par Paul Liénard, sur un piédestal dessiné par l'ingénieur de la Ville Paul Louis Hourlier (Marseille 1847-Cannes 1920) et réalisé par l'entrepreneur Laurent Claude. Une grille est ensuite installée autour du Monument.



LES PLANTATIONS (Images 1 à 4)


La végétation des Allées de la Marine a été régulièrement entretenue par les maires successifs. Sous le mandat de Jean Baptiste Girard, des arbres sont coupés pour libérer les terrains destinés à la construction du nouvel Hôtel-de-Ville en 1874 (ormeaux) puis du Théâtre en 1877 mais des arbres sont également plantés en septembre 1876.

Sous le premier mandat d'Eugène Gazagnaire, le projet de transformer les Allées de la Marine et le Cours par les plantations se veut cependant plus radical ; il est présenté dès mai 1878 (Conseil municipal du 17 mai 1878 et du 20 mai suivant). 

Le Conseil municipal du 5 août 1878 détaille les travaux prévus et notamment le remplacement des arbres en mauvais état par des platanes, le prolongement de la ligne d'arbres à l'est comme à l'ouest et la plantation du terrain libéré par la démolition du théâtre, en attente du nouveau Kiosque à Musique. Parallèlement, les deux anciens kiosques devront être enlevés et la fontaine orientale repoussée plus à l'est, en face de la rue Bivouac, en symétrie parfaite de celle de la place de la Consigne. La voie de circulation, située au sud des Allées, sera également élargie, entraînant l'abattage de quelques arbres.

Ces travaux, autorisés le 23 octobre 1878, sont menés entre novembre 1878 et avril 1879 (avant les Fêtes du Centenaire de Lord Brougham), accompagnés de bornes fontaines, de bouches d'arrosage, de bordures de trottoirs, de candélabres et de bancs. 

En mars 1879, de vieux acacias (plantés en 1848) sont encore arrachés et des plantations sont réalisées sur le terrain libéré du théâtre et le long de la mer (ligne de platanes sur la plage). Des palmiers sont ensuite plantés autour du Monument de Lord Brougham et le Petit Cours est renommé place des Palmiers, sur décision du Conseil municipal du 16 octobre 1879. 

En janvier 1880, les derniers vieux arbres, eucalyptus, ormeaux, platanes et acacias sont arrachés des Allées (non sans scandale) et tous sont remplacés, dès le mois suivant, par de jeunes et nombreux platanes alignés (vantés par L'Avenir et décriés par Le Courrier et Les Echos de Cannes). L'achat de palmiers à planter près du nouveau kiosque à Musique est ensuite voté en octobre 1880.

Dès juin 1880, l'installation de tentes-abris au sud des Allées est autorisée (Conseil Municipal du 1er juin et du 16 novembre 1880). Avec leur charpente haute de 3 mètres et recouverte de toile entre avril et septembre, elles sont destinées à protéger les étalages du marché et notamment leurs clients du soleil (Image 4). 

Avec d'une part, la suppression des anciennes baraques, du bâtiment du Théâtre, des deux anciens kiosques, des jardins botaniques, des vieux arbres, du bassin central et le déplacement de la fontaine orientale, et d'autre part, la construction de l'Hôtel-de-Ville (1874-76) (encore présent de nos jours), le renouvellement des urinoirs et des kiosques de vente de journaux et de fleurs (1878), l'installation du Monument à Lord Brougham (1879 - présent de nos jours par une copie datant de 1952) et du nouveau grand kiosque central (1880 - encore présent de nos jours), les alignements parfaits de jeunes platanes et les plantations de palmiers (1879-80), et l'installation des tentes-abris du marché, les Allées offrent un aspect totalement renouvelé à la fin de l'année 1880 (Image 4). 


4 - COURRET Albert (1856-1922), Cannes, la ville et la plage, détail, vers 1880-1886,
vue ouest-est prise depuis le sommet du Mont-Chevalier, montrant les Allées avec les nouvelles plantations (1879-80), le nouveau Kiosque à Musique central (érigé fin 1880) et les tentes-abris (second semestre 1880),
photographie insérée entre les pages 50 et 51 de l'ouvrage de E. Langlois & A. Brocas, 
Album-guide illustré international : The Illustrated International Album-Guide, 1886,
 Nice-London, vue 75, Paris, BnF, voir sur Gallica).



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