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UN ARTICLE ÉCRIT EN COLLABORATION AVEC DIDIER GAYRAUD
CANNES - LE COURS (1835-1850)
Un guide de voyage présente ainsi la ville de Cannes en 1835 : "Cette ville est dans une situation pittoresque, sur le penchant d'une colline qui s'avance en cap vers la mer. Elle est assez bien bâtie, sans rade ni bassin, mais elle a seulement une anse peu profonde où les bateaux jettent l'ancre à peu de distance du rivage. Le quai est large, propre, bien ombragé et bordé de jolies maisons ; il offre une promenade charmante et toujours fréquentée..." (Eusèbe Girault de Saint-Fargeau, Guide pittoresque du voyageur en France, Paris, 1838 p 30).
Les terrains de la Marine, gagnés sur la mer, sont entourés à l'ouest, par le Mont-Chevalier (siège de l'ancien village ou quartier du Suquet) et l'extrémité septentrionale du quai ; au nord, par la route d'Italie ou rue du Port, bordée des maisons de l'ancien faubourg devenu le centre de la ville ; à l'est, par l'embouchure du ruisseau du Châtaignier qui marque l'extrémité de la ville, avec une lande sablonneuse au-delà ; et au sud, par la plage de sable et la mer qui, au tout début du XIX° siècle, arrivait encore aux limites de la rue du Port.
C'est après 1834 qu'apparaissent au sud de la rue du Port, quelques maisons ainsi que de nouveaux arbres, au-devant de ceux du XVIII° siècle (Estampe de 1772 - Archives Municipales de Cannes [AMC] - 3Fi35). Cette promenade arborée forme le Cours, composé du Grand Cours dans ses parties occidentale et centrale, avec deux rangées d'arbres, et le Petit Cours, dans sa partie orientale, avec trois rangées d'arbres entre les deux maisons Ricord et Gazielle (Plan du 1er janvier 1842 - Archives Départementales des Alpes-Maritimes [AD06] - 01FI 0246/04).
Le môle du port est érigé entre 1838 et 1842 et le quai Saint-Pierre se borde de maisons dans la décennie suivante.
Suite à la Révolution de 1848, un arbre de la Liberté, un magnifique peuplier, est planté au milieu du Cours. Les Allées de la Marine portent un temps le nom d'Allées Républicaines (rétabli de 1871 à 1879).
CANNES - LE COURS (1850-1860)
Un projet plus ambitieux de promenade reliant les rivages est et ouest de la ville est envisagé en 1851 et réalisé, côté est, dès 1852. Il consiste en l'ajout de trois nouvelles rangées d'arbres et de bancs : "La promenade nouvelle (les Allées) fait l'ornement du pays" (Conseils municipaux des 29 mai 1851 et 19 septembre 1852 ; Plan de 1853 - AMC - 1Fi96). Une aquarelle (28x47,5 cm) d'Eugène Fromentin (1820-1876) montre les Allées en 1852 (Cannes - Musée de la Castre - Var-Matin).
En janvier 1853, une "demande de concession gratuite et au besoin, à prix d'argent, des sables improductifs qui se trouvent depuis le golfe de la Croisette jusqu'à celui de la Bocca" est adressée par la municipalité à l'Etat (Conseil municipal du 9 janvier 1853).
Des plantations complémentaires sont réalisées par la suite, avec des platanes sur le Grand Cours début 1854 puis cent nouveaux platanes sur l'ensemble de la promenade début 1857 (Conseils municipaux des 12 février 1854, 9 novembre 1856 et 8 février 1857).
Dès lors, la promenade du Cours porte également le nom d'Allées ou d'Allées de la Marine (elle prendra, en 1879, celui d'Allées de la Liberté puis en 1994 son nom actuel d'Allées de la Liberté-Charles de Gaulle).
Un plan de 1859 (détail ci-dessous) montre la promenade avec désormais quatre rangées d'arbres dans le Grand comme le Petit Cours, soulignées par un jardin botanique central, une corbeille créée l'hiver 1857 (Revue de Cannes du 11 mars 1865 p 2).
Le seul bâtiment dénommé sur le plan ci-dessus (érigé avant 1842 - AD06, 01FI 0246/04) est celui qui accueille au premier étage le siège du Grand Cercle (et du Cercle du Commerce à partir d'avril 1865). C'est l'ancienne Maison Ricord, une grande construction de quatre niveaux percés de dix baies sur la façade sud et de cinq baies sur les façades ouest et est. Le Café de l'Univers est installé au rez-de-chaussée (cité dès 1861 et tenu par Joachim Gros, gérant du Cercle), ainsi que la Pharmacie de Claude Gras.
Le Grand Cercle est décrit dans l'ouvrage de Jean Baptiste Girard : "Un cercle a été organisé par les principaux habitants du pays. Sa situation au centre du golfe, le long duquel est bâtie la ville, les jolies promenades dont il est entouré, rendent sa position agréable et très-abritée". On y compte un vaste salon de réception ou de conversation, une vaste salle de consommation, une salle de billard et une salle de lecture. "Un balcon qui fait saillie à l'extérieur de l'édifice et d'où on jouit d'un point de vue ravissant, soit sur la mer, soit sur les environs, sert de promenoir et de tabagie" (Jean Baptiste. Girard, Cannes et ses environs : guide historique et pittoresque, Paris, 1859 p 214).
Un album de photographies du Midi de la France, prises par Charles Nègre dans les années 1850 et 1860, est conservé au Metropolitan Museum de New York. Il offre, parmi une quinzaine de vues de Cannes, une vue de 15x21 cm qui nous révèle les Allées (7ème vue de l'album - ci-dessous). Il est à noter que les Archives Départementales des Alpes-Maritimes conservent un tirage quasi-identique, au cadrage élargi (AD06 - 10FI 0378).
La photographie ci-dessus, non datée, montre une vue sud-ouest/nord-ouest prise depuis l'étage d'une maison du quai Saint-Pierre. Il est à noter que la photographie précédente de l'Album montre, décalée de quelques mètres pour garder les mêmes bateaux au tout premier plan, la vue strictement opposée est-ouest, révélant probablement que c'est du balcon du quatrième niveau de la Pharmacie Girard que la vue étudiée a été prise (Pharmacie de Jean Baptiste Joseph Girard, auteur de l'ouvrage sur Cannes évoqué).
La plage de sable et le bord de mer sont occupés par les bateaux (qui portent un nom et un numéro) et leurs filets, et par quelques personnages qui donnent vie et échelle à la scène (détail ci-dessous). Trois des personnages, qui posent en costume clair, ne sont assurément pas des pêcheurs et le plus à droite est probablement Charles Nègre lui-même, âgé de 42 ans (également présent sur la 45ème vue de l'Album du Metropolitan Museum dont une plaque verre négative est conservée aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes - 47FI 1732).
Le Cours est visible sur la gauche de la photographie (détail ci-dessous) avec, d'ouest en est, le jardin botanique accosté d'une cabane (ancienne baraque de la Douane ?) servant, semble-t-il, au pesage des barriques d'huile (Revue de Cannes du 4 mars 1865 p 1), les rangées d'arbres (avec une rangée de très jeunes arbres au sud), le bâtiment du Grand Cercle accosté du Petit Cours arboré puis, dans l'angle nord-est, la Maison Gazielle (détruite vers 1869 pour la construction du Café de Paris ouvert en avril 1871 et du Splendid Hotel ouvert en septembre 1871), la Maison Vidal, l'Hôtel de la Poste (déjà cité dans un guide de voyage de 1845, tenu en 1860 par Barrau puis entièrement restauré dès 1861 par Pierre Bouchet) et la maison plus au sud qui va devenir, dès 1863, l'Hôtel des Princes, tenu par Georges Méry (le bâtiment est nommé "Gd Hôtel des Anglais" sur le plan de 1871 - AMC - 1Fi105).
Enfin, se remarque tout à droite de la photographie (détail ci-dessous), après les bois du chantier de construction des navires, le début du chemin de la Croisette avec ses bâtiments ; parmi ceux-ci, près du Pont du Châtaignier, la Villa Guichard en construction (encore dépourvue de toit), quelques maisons et le Casino de Cannes avec ses hautes tours.
A l'arrière de la Villa Guichard, se découvre la petite chapelle du XVI° siècle, Notre-Dame-de-Bon-Voyage (surmontée d'un clocheton), qui est longtemps restée la seule construction du rivage. Désormais trop petite pour accueillir les fidèles, un plus vaste projet voit le jour au début de l'année 1864 (Journal de Nice du 11 mars 1864 p 3). L'église sera reconstruite par l'architecte Laurent Vianey (Lyon 1843 - Cannes 1828) en deux campagnes de travaux, entre décembre 1868 (date de pose de la première pierre le 15 décembre) et décembre 1873 (inauguration le 23 novembre, consécration le 8 décembre).
CANNES - LE COURS (1860-1870)
En 1860, plusieurs demandes de cessions des terrains du rivage sont à nouveau adressées par la municipalité à l'Etat (conseils municipaux des 19 janvier et 4 septembre 1860). A partir de novembre 1860, le chemin de la Croisette, situé au-delà du pont du Châtaignier, est aménagé à partir des déblais dégagés par le percement souterrain du chemin de fer (au nord du Mont Chevalier).
"Le cours, formé de trois allées de platanes et d'acacias, réunit le quartier du port au quartier moderne ; il contient de petits jardins circulaires où l'on cultive des plantes tropicales" (Jean Marie Vincent Audin, Guide du Voyageur en France, Paris, 1861 p 307). Il semble que c'est la corbeille horticole qui renferme plusieurs petits jardins circulaires avec des plantes exotiques dont de jeunes palmiers dattiers.
Des arbres sont plantés à l'extrémité orientale de la Marine pour relier la promenade du Cours au chemin de la Croisette (Plan du 1er août 1864 - AD06 - 01FI 0247/10).
De nouveaux bancs sont installés sur la promenade en janvier 1865 et surtout des becs de gaz ceinturent la Marine dès le mois suivant (Revue de Cannes du 28 janvier p 3 et du 1er avril 1865 p 1).
Dans un article paru dans la Revue de Cannes du 28 janvier 1865 (p 3), Victor Petit décrit les lieux :"Cette promenade, qui est pour Cannes ce que sont à Paris le boulevard des Italiens et les Champs-Elysées, est ombragée par des arbres séculaires qui, autrefois, n'étaient séparés de la mer que par une étroite bande de sable. C'est maintenant, à la suite de travaux de remblai, une large esplanade sur laquelle plusieurs rangées de jeunes arbres projettent déjà un peu d'ombre". Cette esplanade accueille également le marché des fruits et légumes et sert de lieu de rencontres et de discussions. Les voitures (cochers) stationnent à l'extrémité est des Allées (Revue de Cannes du 4 mars 1865).
Un nouvel aménagement des Allées est envisagé dès le mois de mars 1865, avec le projet d'un square sur le Grand-Cours et d'une route carrossable longeant la plage (Revue de Cannes du 4 mars 1865 p 1).
Le 11 mars 1866, le conseil municipal décide "l'établissement d'une route carrossable au midi de la promenade des Allées, et le déplacement par suite de la corbeille de palmiers existante [jardin botanique]. Il arrête également l'acquisition par la commune de la zone de terrain appartenant à l'Etat, au midi de la marine". Cette route sera la prolongation du boulevard de la Croisette, renommé officiellement à partir du 22 septembre 1866, boulevard de l'Impératrice.
Le projet se précise en 1867, avec notamment "le vote d'un crédit de 15.000 fr. pour l'acquisition de deux fontaines monumentales à placer aux deux extrémités des Allées" (Conseil municipal du 11 juin 1867).
La demande d'emprunt de la Ville permettant la création de "la promenade publique le long du rivage de la mer (Allée et boulevard de l'Impératrice)", soumise à l'Etat, est validée le 14 juin 1867 (Annales du Sénat et du Corps législatif, vol. 7 et 8, 1867 p 60). Le 23 septembre 1867, le Conseil municipal approuve les plans et devis de la promenade
Une pétition des habitants est ensuite adressée, le 28 décembre 1867, au ministre de la Marine pour demander la cession des terrains situés au midi des Allées. Un décret impérial autorise "la concession des lais de la mer faisant partie des terrains de la marine" en février 1868 (Conseil municipal du 12 février 1868).
Des travaux sont entamés sur la promenade dès février 1868. Ces derniers concernent tout d'abord le réaménagement de la moitié nord afin de repousser les plantations et de dégager l'espace de la future route.
Le square central est réalisé par la Société horticole d'après les plans de Victor Petit et pourvu d'un large bassin. Les deux fontaines monumentales sont placées en mars 1868 aux extrémités est et ouest du Grand-Cours et les trois ensembles entourés d'une grille de fer en avril. Le 14 juin 1868, le square est dit entièrement planté et livré au public et l'ensemble inauguré début juillet, avec la mise en eau "des fontaines jaillissantes" (Conseils municipaux des 24 février, 15 mars, 8 avril et 9 juillet 1868).
Victor Petit parle longuement de cette nouvelle promenade dans la réédition de son ouvrage en 1868 : "Durant le printemps de l'année 1868, divers travaux d'embellissement modifièrent beaucoup l'aspect de la promenade du Grand-Cours. Par suite de la déviation si longtemps désirée des eaux de la Siagne, on put établir sur le Grand-Cours trois fontaines jaillissantes ; celles-ci furent inaugurées au mois de juillet de la même année. On terminait vers la même époque, aux abords des fontaines, la plantation de deux parterres et d'un jardin assez vaste, bordés de grilles légères. En créant le jardin du Grand-Cours on a voulu établir pour les étrangers un point central parfaitement exposé, où ils auront l'occasion de se rencontrer et de se reposer, et aussi, procurer à la Société d'horticulture [fondée fin 1865] un espace assez étendu, pour y réunir quelques-uns des principaux spécimens des plantes et arbustes susceptibles d'être cultivés au bord de la mer, afin de mettre les propriétaires de villas à même de choisir parmi ces végétaux ceux qui peuvent le mieux convenir pour leurs parcs et jardins" (Victor Petit, Cannes, Promenades des Etrangers dans la Ville et ses Environs, nouvelle édition de 1868 pp 9-10).
Les travaux de la route située au midi des Allées, de la place du chantier au quai Saint-Pierre (actuelle Promenade de la Pantiero), sont entamés dès fin juillet 1868 et cette dernière, macadamisée en janvier 1869, est par la suite bordée de platanes en mars 1870 (Conseils municipaux du 25 juillet 1868 et de janvier 1869 - Photographie de fin 1868 - AD06 - 47FI 1823).
DATATION DE LA PHOTOGRAPHIE DE CHARLES NÈGRE
La photographie étudiée est antérieure aux travaux de 1868 et rejoint en cela les quelques photographies connues des mêmes lieux, prises par Charles Furne et Henri Tournier, Joseph Contini ou Jean Andrieu.
Deux indices intéressants peuvent permettre de préciser la datation de la photographie de Charles Nègre : la présence de la Villa Guichard et celle du Casino.
La Villa Guichard
Les dates de construction de la Villa de l'architecte cannois Jacques Guichard (1818-1899) ne sont pas connues (demeure familiale destinée en partie à la location).
La Villa apparaît cependant en construction sur trois des cinq photographies des Allées prises par Jean Andrieu pendant la saison 1862-1863 (numéros 556, 558 et 560), intitulées Cannes. Près Nice. Cette série cannoise s'intercale en effet dans une série niçoise (numéros 520 à 570) qui montre notamment l'aménagement de la Promenade des Anglais (numéros 550 et 550 bis), après les plantations réalisées à partir de février 1862 et après la pose des réverbères effectuée entre juin et août 1862. La série niçoise de Jean Andrieu s'est cependant poursuivie jusqu'en 1863, la gare provisoire de Nice, visible sur l'une des photographies (numéro 537), n'ayant été édifiée qu'entre février et avril 1863. Enfin, certaines des vues de cette série ont été déposées par Jean Andrieu en novembre 1863.
La Villa Guichard n'apparaît élevée que de deux étages dans les vues de Jean Andrieu alors qu'elle est constituée de quatre étages dépourvus de toiture dans la vue de Charles Nègre. Cette dernière s'avère donc postérieure de quelques mois, la Villa étant probablement achevée (gros œuvre) à la fin de l'année 1863 (bâtiment de quatre niveaux percé de cinq - puis six - baies sur la façade ouest, d'une baie dans l'angle sud-ouest adouci et de quatre baies sur la façade sud).
La photographie de Charles Nègre et celles de Jean Andrieu montrent cependant le Casino de Cannes que tout le monde s'accorde à ne dater que de 1863. Il est donc nécessaire d'éclaircir ce point.
Le Casino Cresp
Etienne Marie Cresp (Grasse 1812 - Cannes 1869) est un cafetier cité dans le recensement de Cannes de 1851, rue St. Antoine, 13, et dans celui de 1861, quai St. Pierre, 7.
Le Bulletin des Lois de la République Française de 1863 (p 64) publie un décret impérial du 28 décembre 1862 (Direction Générale de l'Enregistrement et des Domaines) autorisant la concession, au sieur Cresp, d'une parcelle de lais de mer de 564 m2, désignée par des plans des 14 et 19 janvier 1860, pour la somme de 5006, 40 fr.
Ce document semble confirmer l'achat du terrain sur lequel va s'élever le futur Casino mais est-ce bien le cas ? Le Casino constitué de cette massive bâtisse néo-gothique hérissée de tours sur trois de ses façades et renfermant un théâtre, des salles de lecture, de billard, de concert et des appartements privés a-t-il pu être construit en sept mois avant d'être inauguré le dimanche 9 août 1863 ?
Il est probable que la concession accordée en décembre 1862 ne concerne pas le terrain de la construction mais le terrain enclos de murs qui précède le bâtiment. C'est ce que confirme un dossier conservé aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes qui présente l'acte d'achat, par le sieur Cresp aux frères Barthélémy et Michel Bonniard, d'un terrain de 280 m2 (situé au nord du terrain évoqué précédemment) dès le 9 novembre 1861, pour la somme de 3.800 fr. (AD06 - 02Q 0337).
L'architecte anglais Thomas Smith (1798-1875) fournit les plans de la bâtisse dont la construction est entamée dès la fin de l'année 1861 et le gros œuvre achevé l'été 1862 (Journal de Monaco du 8 juin 1862). La photographie de Jean Andrieu, plus lisible que celle de Charles Nègre, montre un bâtiment dont le gros œuvre semble terminé.
Pendant la réalisation des travaux intérieurs, la propriété se voit complétée par l'achat, en décembre 1862, du terrain plus au sud, transformé en jardin (visible sur les photos de Jean Andrieu). La bâtisse a été pensée pour être, tout à la fois, la demeure familiale d'Etienne Cresp, un hôtel constitué d'appartements locatifs et un Casino-musical.
L'Illustration du 3 octobre 1863 (vol. 42 p 227) signale le bâtiment : "Cannes a son Casino, dont le seul défaut est de ressembler un peu trop à un pénitencier militaire".
Dans son ouvrage rédigé en 1863 et édité en 1864, Les Villes d'Hiver de la Méditerranée et des Alpes-Maritimes (pp 101 et 112), Elisée Reclus décrit l'ensemble : "Parmi les autres édifices de la ville proprement dite, on ne peut guère signaler que le nouveau Casino, énorme construction de style gothique anglais, qui se dresse à l'extrémité orientale de Cannes, sur la plage de la Croisette. Sa façade noirâtre, rayée de lignes blanches et encadrées de tours à créneaux, ses nombreuses rangées de fenêtres étroites, ses corps de bâtiments d'inégale hauteur, qui font ressembler le toit à un immense escalier [façades latérales], donnent à ce vaste édifice un aspect au moins étrange".
L'Annuaire-Almanach du Commerce et de l'Industrie de 1864 (p 1580) cite, à Cannes, le "Casino, café concert tenu par Cresp-Sicard, son propriétaire ; beaux appartements meublés, exposés au midi" (Sicard est tout à la fois le nom de jeune fille de la mère et de l'épouse d'Etienne Cresp).
Il est à noter que le Casino d'Etienne Cresp-Sicard fera faillite dès 1864 (AD06 - 06U 03/0228). "Le grand bâtiment dit le Casino, dès l'origine s'est mis en deuil en s'habillant de blanc et de noir, comme s'il avait eu le pressentiment qu'il n'allait être, en définitive, qu'une sorte de café-chantant dont le succès laisserait à désirer" (Dr Lubanski, Guide aux stations d'hiver du littoral méditerranéen, 1865 p 268).
La bâtisse (Image 4) continuera à servir de théâtre et d'hôtel et prendra le nom d'Hôtel Beau-Rivage en 1867 (Conseil Municipal de Cannes du 6 août 1863 - Journal de Nice du 7 novembre 1863 p 3 - Revue de Cannes du 7 avril 1866 p 2 et du 15 mai 1867 p 3 - Guide Murray, A Handbook for Travellers in France, 1867 p 539 - Les Echos de Nice du 26 octobre 1867).
SUR CANNES VOIR ÉGALEMENT
Photographies anciennes du port de Cannes (1865-1890)