VEILHAN Xavier (né en 1963), La Forêt, 1998,
tissu synthétique, dimensions variables, Genève, Collection MAMCO
(à la lumière des néons, du feutre synthétique gris-brun recouvre irrégulièrement sols et murs et simule, autour de pièces de bois, d'immenses troncs d'arbres sur une surface de 200 m2 au travers desquels le visiteur est amené à circuler, dans une odeur suffocante. Cette forêt fictive est, pour l'artiste, à l'image des forêts européennes actuelles, plantées et entretenues par l'homme).
Le thème de l'arbre existe dans la sculpture traditionnelle comme élément de décor évocateur du paysage naturel, comme élément de narration et comme élément symbolique, que ce soit dans les thèmes mythologiques ou chrétiens.
PRAXITÈLE (c.400-c.325 av. J.-C.), Apollon sauroctone (tueur de lézard), vers 350 av. J.-C.,
copie romaine du I° ou du II° s. av. J.-C., marbre, H : 149 cm, Paris, Musée du Louvre
(le corps d'Apollon (?), tenant peut-être une flèche à l'origine, est en appui sur l'arbre où grimpe un lézard).
RIZZO Antonio (c.1440-c.1499), Le Péché originel, 1476,
Venise, registre inférieur de l'angle occidental de la façade du Palais des Doges
(Au Paradis, l'Arbre de la Connaissance est au centre d'Adam et Ève et porteur du Serpent).
LE BERNIN (1598-1680), Apollon et Daphné, 1622-1625,
marbre, H : 243 cm, Rome, Galerie Borghese
(la nymphe Daphné, poursuivie par Apollon, échappe à son agresseur amoureux
grâce à sa métamorphose en laurier).
RODIN Auguste (1840-1917), Le Vieil Arbre (Mercure et Faunesse), avant 1896,
plâtre patiné, 40,2x40,8x18,6 cm, Paris, Musée Rodin
(à la fois végétal et homme, l'arbre est tout à la fois une allégorie
de l'énergie vitale de la nature et de l'homme).
Au XX° siècle, le thème de l'arbre persiste dans la sculpture mais sa représentation réaliste est plus rarement recherchée, au profit d'une évocation de sa géométrie, de sa verticalité, de sa mouvance et de sa force vitale et symbolique (symbole de la nature, du cosmos, lien entre terre et ciel, image du temps, habitat-refuge, métaphore de la vie humaine). L'arbre devient le témoin et le symbole de l'activité créatrice (sculpture, peinture, architecture, mythes, poésie) et destructrice de l'homme (préoccupations écologiques et références aux génocides).
L'arbre devient souvent le thème principal de l'oeuvre, traité avec tous matériaux ou bien simplement présenté (arbre réel).
En milieu naturel (paysage support et matériau), il est l'objet de recouvrements, d'installations, d'actions et de performances éphémères dont la mémoire est conservée par des traces photos ou vidéos.
En milieu urbain (rues, musées), l'arbre, sculpture unique ou multiple (bosquet, forêt), adopte souvent des dimensions monumentales et intègre à l'urbanisme et à l'architecture un élément de paysage ; il envahit notamment l'espace du musée, créant parfois même un environnement dans lequel se déplace le spectateur.
BRANCUSI Constantin (1876-1957), Colonne sans fin, 1926,
sculpture taillée dans un peuplier du jardin d'Edward Steichen à Voulangis (Seine-et-Marne),
photographie de 1926, tirage argentique noir et blanc, 39,6x29,6 cm
(l'arbre devient matériau, tout en conservant sa verticalité et se métamorphose en colonne qui répète un motif géométrique et rhomboïdal à l'infini, allant soutenir le ciel -Axe du Monde- comme dans de nombreuses mythologies).
SATO Seiichi (?-?), Performance, Manifestation en plein air du Groupe japonais Gutai, avril 1956,
l'artiste s'enferme dans un sac suspendu à un arbre en tant que sculpture vivante.
RAYSSE Martial (né en 1936), Arbre, 1960,
assemblage de bouteilles et objets en plastique sur tige de métal,
200x81x81 cm, Nice, MAMAC
(l'objet de consommation, témoin d'une époque, est recyclé, accumulé
et détourné, formant un feuillage coloré).
KLEIN Yves (1928-1962), L'Arbre, grande éponge bleue, 1962,
pigment pur et résine synthétique sur éponge et plâtre,
150x90x42 cm, Paris, MNAM
(le monochrome imprègne l'éponge naturelle et devient une sculpture portée
par une tige et un socle, semblables à un tronc).
DE SAINT PHALLE Niki (1930-2002), La Mariée sous l'arbre, 1963-1964,
objets divers, étoffe sur construction en fil de fer, 228x200x240 cm, Nice, MAMAC
(l'oeuvre appartient à la "période blanche" de l'artiste, avec notamment ses mariées chétives et souffrantes : "Cet arbre coloré, délirant, très beau, c'est l'image de la vie. Et en-dessous,
la femme toute blanche, exsangue, est en somme spiritualisée").
CALDER Alexander (1898-1976), The Tree, 1966,
acier peint, 5,20x10,70 m, Bâle
(tout à la fois Stabile et Mobile, l'acier découpé amène masse et transparence
dans une sculpture en partie animée par les courants d'air naturels).
(tout à la fois Stabile et Mobile, l'acier découpé amène masse et transparence
dans une sculpture en partie animée par les courants d'air naturels).
PENONE Giuseppe (né en 1947), Alpes Maritimes – Il poursuivra sa croissance sauf en ce point, 1968,
photographie en noir et blanc gardant trace de la performance et photographie couleur avec main de bronze, 1978, montrant la déformation de l'arbre en ce point, dix ans plus tard.
« Je sens la respiration de la forêt, j’entends la croissance lente et inexorable du bois, je modèle ma respiration sur la respiration du végétal, je perçois l’écoulement de l’arbre autour de ma main posée sur son tronc... La main s’enfonce dans le tronc de l’arbre qui, par la vitesse de sa croissance et la plasticité de la matière, devient l’élément fluide idéal pour être modelé », G.Penone, 1968.
PENONE Giuseppe (né en 1947), Le vert du bois, 1987,
frottage au fusain, peinture sur toile, branche d’arbre.
SMITHSON Robert (1938-1973), First Upside Down Tree (Premier arbre inversé), 1969,
Alfred (New-Jersey), diapositive, photographie couleur, 35,5x35,5 cm
(action dans le paysage conservée par la photographie ; le mythe de l'arbre inversé existe dans de nombreuses civilisations et est chez Platon une image de l'homme ; l'arbre étend désormais ses racines dans le ciel, et inversement, avec des formes curvilignes semblables, sculptées par sa croissance).
MENDIETA Ana (1948-1985), Série Arbol de la Vita (Arbre de Vie), 1977,
corps de l'artiste, boue et arbre, action réalisée à Old Man's Creek, Iowa
(performance où l'artiste, par sa nudité, sa peau de terre, son contact et sa posture, communique avec les forces de la nature et se confond avec elles."C'est un chemin pour retrouver mes racines et redevenir
un avec la nature. J'établis un dialogue entre le paysage et le corps féminin, symbole de maternité").
DUBUFFET Jean (1901-1985), Groupe de 4 arbres, 1970-72, New-York, Chase Manhattan Plaza,
résine Epoxy peinte au polyuréthane, H 12 m
(utilisation des formes de l'Hourloupe, avec des contours noirs sur fond blanc
et des graphismes curvilignes à échelle monumentale).
(utilisation des formes de l'Hourloupe, avec des contours noirs sur fond blanc
et des graphismes curvilignes à échelle monumentale).
UDO Nils (né en 1937), Porte, 1980, Chiemgau (Haute-Bavière),
frêne, noisetier, saules et branches de hêtre, ilfochrome sur alu, 100x100 cm, 12 exemplaires.
photographie couleur, 120x120 cm
(l'oeuvre s'inscrit dans le paysage, est photographiée mais également se visite.
"D'un diamètre impressionnant (15 mètres environ), il est composé d'un enchevêtrement de branches et de troncs noueux de chênes autour d'une cuvette circulaire en terre. Le fond est tapissé de plants serrés de lavande, interdisant d'y pénétrer au risque de les détruire. Le spectateur est donc contraint d'observer le nid de l'extérieur s'il veut préserver la nature comme le lui suggère l'artiste").
GOLDSWORTHY Andy (né en 1956), Snow ball in Trees, 1980, Robert Hall Wood, Yorkshire,
photographie Cibachrome, 40,5x51 cm.
GOLDSWORTHY Andy (né en 1956), Hanging Tree (Arbre accroché), 2007,
Wakefield (Angleterre), Yorkshire Sculpture Park.
BEUYS Joseph (1921-1986), 7000 chênes, 1982-1987,
(l'artiste commence en 1982, à la Documenta 7 de Cassel, la plantation de 7000 chênes
qui va se continuer pendant cinq ans sur toute la planète. Chaque chêne est associé à l'une des 7000 colonnes de basalte entassées à Cassel. Chaque acheteur plante un arbre auprès duquel est déposé une colonne de basalte. Le public suit ainsi le développement de l'action à mesure de la disparition des colonnes de basalte. L'arbre apparaît d'abord plus petit que la colonne de basalte puis plus grand : "Mon intention est de donner l'alarme contre toutes les forces qui détruisent la nature et la vie. La plantation des chênes n'est pas seulement une action de la nécessité de la biosphère (...) mais à un concept écologique plus vaste (...), parce que nous ne voulons jamais arrêter l'action de plantation").
ERNEST PIGNON ERNEST (né en 1942), Les Arbrorigènes, 1984,
Centre européen d'actions artistiques européennes, Parc de Pourtalès, Strasbourg
(projet développé également à Antibes, Paris et Venise).
(« Comme les plantes, comme les feuilles, ces sculptures sont des accumulations de cellules végétales mises en forme : il leur faut du soleil, il leur faut de l’eau, sinon elles meurent, elles se dessèchent se décomposent. Elles assimilent la lumière du soleil, la transforme en glucose, en vie ; elles fixent le gaz carbonique et produisent de l’oxygène, elles respirent la nuit. C’est du végétal à forme humaine, traversé par le phénomène de la photosynthèse. Nous les avons conservées plusieurs mois dans la serre du Centre d’Etudes nucléaires de Cadarache. Claude Gudin craignait que la production de chaleur lors de la fabrication ait fragilisé les cellules. Il les a donc en partie réensemencées par injections. Il estimait à environ un milliard le nombre de cellules dans chaque personnage. Il ne s’agit pas d’une « enveloppe » plastique remplie de cellules, ni même d’une éponge qui en serait imprégnée. Les cellules de micro-algues sont immobilisées au niveau moléculaire dans le polymère").