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mercredi 3 septembre 2025

1402- LES OPÉRATIONS DE L'ÉDITION D'IMAGE ASSISTÉE PAR L'I.A.

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- Image générée par l'I.A., d'après l'œuvre de :
DELACROIX Eugène (1798-1863), Femmes d'Alger dans leur appartement, 1834,
huile sur toile, 180x229 cm, Paris, Musée du Louvre.



INTRODUCTION


Il existe deux méthodes principales de création d'images, fixes ou animées, grâce à l'Intelligence Artificielle :

  • La Génération d'Image : Cette méthode crée une image de toutes pièces à partir d'une description textuelle ou vocale, appelée prompt. Plus ce prompt est détaillé, plus le résultat se rapproche de l'image souhaitée. On peut également utiliser plusieurs prompts successifs afin d'affiner le résultat, étape par étape, jusqu'à l'image finale.

  • L'Edition d'Image : Cette approche utilise un prompt en combinaison avec une ou plusieurs images existantes. Les images importées servent de base et de référence pour guider l'I.A. Cette dernière peut alors modifier des éléments précis de l'image (comme changer la couleur d'un élément ou transformer l'arrière-plan), ou s'en inspirer pour créer une toute nouvelle image, tout en respectant certaines de ses caractéristiques principales (style, composition, etc.).



L'ÉDITION D'IMAGE ASSISTÉE PAR L'I.A.



MODIFICATION ET RETOUCHE


  • Suppression et/ou remplacement d'un ou plusieurs éléments : Supprimer des éléments indésirables d'une image (figure, objet, texte) et/ou les remplacer par de nouveaux, générés par l'IA.

  • Changement d'arrière-plan : Modifier ou remplacer complètement le fond d'une image pour situer le sujet dans un nouvel environnement.

  • Changement de style (Stylisation ou Style Transfer) : Appliquer le style artistique d'une image à une autre (ex: peinture, dessin, illustration) ou transformer une photo en œuvre d'art dans un style donné.

  • Modifications spécifiques : Changer la couleur d'un vêtement, la texture d'un mur, la coiffure d'une personne, etc., en ciblant des zones précises de l'image.

  • Transformation d'éléments : Modifier la forme, la taille ou la position d'éléments existants, de manière réaliste ou non.



AMÉLIORATION ET CORRECTION


  • Colorisation : Ajouter des couleurs réalistes (ou non) à des images noir et blanc ou sépia.

  • Restauration d'anciennes images : Réparer des photos abîmées, déchirées, décolorées ou rayées, en améliorant la netteté et en reconstituant les parties manquantes.

  • Augmentation de la résolution (Upscaling) : Agrandir une image de faible résolution pour améliorer sa qualité et ses détails, souvent sans perte significative de netteté.

  • Réduction du bruit (Denoising) : Supprimer le grain ou le bruit numérique présent dans des photos, particulièrement celles prises en basse lumière.

  • Amélioration de la netteté et des détails : Accentuer les contours et les textures pour rendre l'image plus claire et plus détaillée.

  • Correction de l'éclairage et des couleurs : Ajuster la luminosité, le contraste, la balance des blancs et la saturation pour améliorer l'ambiance et la fidélité des couleurs.

  • Modification de l'éclairage ambiant : Changer la direction, l'intensité ou la couleur de la lumière sur une scène ou un sujet, ce qui entraîne la génération de nouvelles ombres et reflets réalistes.



COMPOSITION ET CRÉATION AVANCÉES


  • Conversion 2D vers 3D (Text to 3D / Image to 3D) : Générer un modèle 3D ou une scène en trois dimensions à partir d'une simple image 2D, d'un croquis ou d'une description textuelle.

  • Changement de point de vue/perspective : Modifier l'angle sous lequel une scène, un sujet ou un objet est vu, simulant une nouvelle prise de vue sans que l'élément, le sujet ou la scène elle-même ne change ou en ajustant la perspective des éléments. 

  • Fusion de deux ou plusieurs images (Image Blending/Composition) : Combiner le contenu, les styles ou les caractéristiques de deux ou plusieurs images distinctes pour en créer une nouvelle. Cela peut inclure des aspects comme transférer un élément d'une image à l'autre ou mélanger les arrière-plans.

  • Génération de variations : Créer, dans une planche, plusieurs versions d'une image existante avec des déclinaisons (style, pose, expression, composition).

  • Extension d'image (Outpainting) : Étendre les bords d'une image au-delà de ses limites originales, en générant du contenu contextuellement pertinent qui s'intègre naturellement.

  • Inpainting (Remplissage intelligent) : Remplir des zones manquantes, masquées ou sélectionnées dans une image avec du contenu généré qui correspond au reste de l'image, comme faire disparaître un élément indésirable.

  • Création de compositions complexes : Assembler plusieurs éléments distincts (personnes, objets, arrière-plans) pour former une nouvelle image cohérente et réaliste, à partir de descriptions ou d'éléments fournis.

  • Génération de textures et motifs : Créer des textures sans couture ou des motifs complexes à partir d'une description ou d'un exemple.

  • Modification de la pose ou de l'expression faciale : Ajuster la pose d'un sujet humain ou modifier son expression faciale (sourire, surprise, etc.) sans altérer son identité (cohérence ou consistency/consistance).




mardi 2 septembre 2025

1401-LES DOSSIERS DE L'I.A. : LES FÊTES DE TIHAR (NÉPAL)


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


LIRE OU ÉCOUTER UNE PRÉSENTATION DES FÊTES DE TIHAR

LE FIL SACRÉ DE TIHAR



INTRODUCTION


Le Tihar, connu sous les noms de Deepawali, Swanti, ou Yamapanchak, est une célébration majeure de cinq jours qui se déroule au Népal, généralement en octobre ou novembre, durant le mois népalais de Kartik. 

Immédiatement après le Dashain, le plus grand festival du pays, le Tihar s'affirme comme l'évènement marquant un temps de retrouvailles familiales, d'échanges de cadeaux et de vénération. 

Contrairement à son homologue indien, le Diwali, qui met principalement l'accent sur le culte divin, le Tihar se distingue par son caractère unique qui célèbre l'harmonie et l'interconnexion entre les humains, les animaux et les dieux.   

Le festival est un kaléidoscope de lumières et de couleurs où les foyers et les rues sont illuminés de façon spectaculaire pour accueillir la déesse hindoue de la richesse et de la prospérité, Lakshmi. 

Le Tihar est profondément ancré dans des traditions spirituelles et des légendes mythologiques qui lui confèrent une signification dépassant la simple célébration. Les rituels du festival ne sont pas de simples actes de dévotion mais des expressions de gratitude envers la nature et les êtres vivants qui contribuent à la vie humaine. 

Cette période de joie et de réflexion est un témoignage vivant de la culture népalaise, où chaque jour est imprégné d'un symbolisme spécifique et de cérémonies qui renforcent les liens sociaux et familiaux. 



SYMBOLISME DE LA LUMIÈRE ET DES ANIMAUX



La Lumière

Au cœur du festival de Tihar se trouve le symbolisme de la lumière qui est à la fois puissant et multifacette. Le festival est surnommé le "Festival des Lumières", en raison de la présence omniprésente de lampes à huile (diyas), de bougies et de lumières électriques.

L'acte d'allumer ces lumières est perçu comme une victoire de la lumière sur les ténèbres et du bien sur le mal, symbolisant la dissipation de l'ignorance et l'accueil de la connaissance et de l'énergie positive. 

Les foyers sont minutieusement nettoyés et décorés, car les fidèles croient que la déesse Lakshmi n'entre que dans les maisons propres et bien éclairées. Les lumières ne sont pas seulement une décoration : elles agissent comme un guide rituel, traçant un chemin lumineux pour la déesse afin qu'elle puisse trouver et bénir les demeures de ses dévots.   


La Légende de Yama et Yamuna

Le Tihar est souvent désigné sous le nom de Yamapanchak, une appellation qui met en lumière la mythologie centrale du festival. Le terme "Yama" fait référence au dieu de la mort, et "Panchak" signifie cinq jours. 

Le festival est intrinsèquement lié à la légende de Yama et de sa sœur Yamuna, qui offre un cadre narratif cohérent pour l'ensemble des rituels.   

Selon l'une des versions de l'histoire, Yamuna était désespérée de rencontrer son frère Yama, constamment occupé par ses devoirs de dieu de la mort. Pour lui faire parvenir son message, elle envoya un corbeau puis un chien et enfin une vache. 

Après quatre jours d'attente vaine, elle décida de se rendre elle-même auprès de lui le cinquième jour. Submergée par la joie de ces retrouvailles, elle offrit un tika (tilaka/tilak) coloré à son frère pour invoquer sa protection et sa longue vie. 

C'est cette légende qui explique la vénération des animaux messagers durant les premiers jours du festival, culminant avec la célébration des liens fraternels le dernier jour.   

Une autre version de la légende raconte que Yamuna aurait sauvé son frère de la mort en le protégeant par la force de ses prières et rituels, renforçant la croyance que le tika de Bhai Tika protège les frères de la mort.   


La célébration des animaux

L'une des caractéristiques distinctives du Tihar est sa vénération unique des animaux qui occupent une place centrale dans les rituels quotidiens. 

Cette pratique reflète une profonde gratitude pour le rôle vital que ces créatures jouent dans la vie quotidienne et leur importance dans la mythologie hindoue. Le festival met en lumière le lien de coexistence et d'harmonie entre l'homme et la nature, en exprimant de la gratitude envers les animaux qui contribuent au mode de vie rural et qui servent de messagers divins : les corbeaux, les chiens, les vaches et les bœufs. 



LES CINQ JOURS DE TIHAR (YAMAPANCHAK) 



Jour 1 : Kaag Tihar (Jour du Corbeau)

Le premier jour de Tihar est consacré aux corbeaux, des oiseaux considérés comme les messagers de Yama, le dieu de la mort. Le rituel principal de cette journée consiste à apaiser ces messagers en leur offrant de la nourriture. Des grains, du riz et d'autres friandises sont placés sur les toits ou dans les rues tôt le matin. 

La croyance veut que le croassement des corbeaux puisse symboliser la tristesse et le deuil. En les nourrissant, les dévots espèrent éloigner ces malheurs de leur famille pour l'année à venir. L'offrande est faite avant même que les membres de la famille ne mangent quoi que ce soit, une marque de respect qui souligne l'importance de ce rituel inaugural. 



Jour 2 : Kukur Tihar (Jour du Chien)

Le Kukur Tihar est une célébration touchante dédiée aux chiens. Les chiens sont honorés pour leur loyauté et leur rôle de gardiens, à la fois dans le foyer et dans la mythologie, où ils sont décrits comme les gardiens des portes de l'enfer et les compagnons de Yama. 

Les fidèles les honorent pour les apaiser et pour obtenir leur protection contre les tourments de l'enfer. Cette vénération s'étend également aux chiens errants, démontrant un niveau de compassion qui transcende la simple relation propriétaire-animal.   

Ce jour-là, les chiens sont parés de guirlandes de soucis (marigold), reçoivent un tika rouge sur le front en signe de sacralité et de bénédiction, et se voient offrir un festin de mets délicats, incluant de la viande, du lait et des œufs. L'acte d'être irrespectueux envers un chien ce jour-là est considéré comme un péché.



Jour 3 : Gai Tihar et Laxmi Puja (Jour des Vaches et Culte de Lakshmi)

Le troisième jour de Tihar est divisé en deux parties. La matinée est dédiée à Gai Tihar, où les vaches sont vénérées comme des animaux sacrés et des incarnations de la déesse Lakshmi, symbolisant la richesse et la prospérité. 

Elle sont honorées pour leur rôle dans l'agriculture et leurs contributions essentielles, telles que le lait, l'urine (pour la purification) et la bouse (pour le carburant et l'agriculture).  

Elles reçoivent des guirlandes, un tika, et sont nourries de mets spéciaux comme le sel rôti et le rôti. Ce culte matinal est une préparation directe et symbolique pour les rituels du soir où la déesse de la prospérité elle-même est accueillie dans le foyer.   

La soirée est le point culminant du festival, marquée par Laxmi Puja. C'est la nuit la plus sombre de l'année. Les maisons sont méticuleusement nettoyées et décorées pour inviter la bonne fortune. 

Des rangolis élaborés, faits de riz, de poudre colorée et de pétales de fleurs mais également des empreintes de pas de Lakshmi sont dessinés à l'entrée des maisons pour la guider.

Les lumières, qu'il s'agisse de diyas ou de lumières électriques, sont allumées partout pour s'assurer que Lakshmi ne manque pas le foyer et pour symboliser l'abondance. Une puja spéciale est accomplie le soir, où les fidèles prient pour la richesse et le bien-être.   

Le soir de Laxmi Puja, des groupes de jeunes gens se déplacent de maison en maison en chantant des chants traditionnels de Deusi et de Bhailo. En échange de leurs performances, les chanteurs reçoivent des offrandes, incluant de l'argent, des fruits et des friandises faites maison comme le Sel Roti. Traditionnellement, les filles chantaient le Bhailo et les garçons le Deusi. Cependant, les célébrations modernes ont vu ces rôles s'entremêler, avec des groupes mixtes.



Jour 4 : Goru Tihar / Govardhan Puja et Mha Puja

Le quatrième jour est marqué par plusieurs rituels distincts selon la communauté concernée. La célébration principale pour la plupart des Népalais est le Goru Tihar, qui honore le bœuf pour son travail et sa contribution à l'agriculture. 

D'autres, en particulier les hindous Vaishnavites, célèbrent le Govardhan Puja. Ce rituel commémore l'histoire de Lord Krishna qui a soulevé le mont Govardhan pour protéger les villageois d'une tempête torrentielle. Pour marquer l'occasion, une petite colline symbolique est construite à partir de bouse de vache et vénérée.   

Pour la communauté Newar, ce jour est particulièrement significatif car il coïncide avec le Nouvel An du calendrier national népalais, le Nepal Sambat. Ils célèbrent Mha Puja, qui se traduit par "le culte de soi". 

Ce rituel vise à purifier et à renforcer l'âme pour la nouvelle année. La cérémonie se concentre sur l'introspection et la reconnaissance de la valeur de soi. Chaque membre de la famille trace un mandala sur le sol, qui représente l'univers et la place de l'individu en son sein. 

L'aînée de la famille purifie chaque personne en aspergeant de l'eau. Des offrandes sont disposées autour du mandala, et les membres de la famille reçoivent des tikas et des cadeaux rituels, dont un sagan (offrande propice) composé d'un œuf, de poisson et de vin de riz.



Jour 5 : Bhai Tika (Célébration des Frères et Sœurs)

Le Tihar se conclut par le Bhai Tika, une cérémonie qui célèbre le lien sacré entre frères et sœurs. Le rituel est directement inspiré de la légende de Yama et Yamuna, où la sœur a sauvé son frère de la mort. La cérémonie est un moment de dévotion et de protection mutuelle.   

Les rituels du Bhai Tika sont profondément symboliques. La sœur trace une barrière de protection autour de son frère à l'aide d'huile et d'herbe doob, symbolisant une ligne de défense que même la mort ne peut franchir.   

La sœur applique un tika spécial aux sept couleurs (Saptarangi) sur le front de son frère. Les sept couleurs sont considérées comme un reflet de la lumière du soleil et, en les portant, le frère est censé devenir aussi puissant que le soleil, ses bonnes actions se répandant comme la lumière.   

Une guirlande faite de fleurs d'amarante globe (makhamali) est placée autour du cou du frère. Ces fleurs sont choisies pour leur capacité à ne pas se faner facilement, symbolisant la longue vie et la prospérité souhaitées pour le frère.
   
La sœur offre un plateau d'offrandes (shagun) contenant des noix, des fruits et des épices (masala), tandis que le frère promet sa protection et offre des cadeaux, de l'argent ou de nouveaux vêtements en retour. La tradition de casser une noix avec une pierre symbolise le fait de briser les difficultés de la vie du frère.   




samedi 30 août 2025

1400-LES PHOTOGRAPHES RECENSÉS À TOULON (VAR) EN 1886

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS






INTRODUCTION


La recherche sur le photographe Leroux m'a récemment incité à dépouiller une à une les 2.000 pages des deux registres (cantons est et ouest) du recensement de la ville de Toulon (Var, Archives Départementales), effectué en 1886, signé du Maire le 24 juillet et listant 63.758 habitants (ou 70.122, selon la Statistique générale de la France - Dénombrement de 1886, 1ère partie, 1888, p 56).

Il existe plusieurs listes des Photographes de cette ville au XIX° siècle. Voici les noms de ceux qui sont signalés actifs au milieu des années 1880 :


- L'Aide-Mémoire de Photographie de 1885 (Gallica) : "Mme Eugène ; Giraud ; Péllissier (sic) ; Rampin ; Reboul ; Thaüst ; Trésorier". 

Celui de 1888 (années 1886-1887 manquantes) (Galllica) : "Barbot ; Bienvenu ; Bonnet ; Mme Eugène ; Gondal ; Leroux ; Rampin ; Reboul ; Leenertz (sic) ; Paulin".


- L'ouvrage de Jean-Marie Voignier, Répertoire des Photographes de France au dix-neuvième siècle (Le Pont de Pierre, 1993) : Mme Eugène ; Leenaerts Alphonse ; Pélissier Jean-Baptiste ; Rampin Joseph ; Thaüst Alphonse.


- Le site d'Hervé Lestang, Quatre mille visages de la Photographie, Portrait Sépia : Gerby Baptistin ; Héry Emile ; Onésime Jean-Baptiste.



LE RELEVÉ DU RECENSEMENT DE 1886


La liste relevée et classée par ordre alphabétique est constituée de 15 noms de photographes dont 6 domiciliés dans le canton est, 9 dans le canton ouest, 12 Français et 3 Etrangers.

N.B. : lorsqu'il n'est pas le chef de famille, le photographe a été artificiellement positionné en tête de liste ; les remarques entre parenthèses sont celles du registre mais les remarques entre crochets sont des précisions ajoutées, suite à des recherches complémentaires.


- AMIZIO Julien [Pierre], boulevard de l'Eygoutier [canton est, vue 613], 35 ans [né le 2 janvier 1850, à Draguignan, Var), Français, Photographe, père [veuf ; marié le 28 septembre 1873, à Draguignan, à Icard Catherine, cordonnier à cette date] ; Amizio Marie, 3 ans, Française, fille.


- BARBOT Mathieu [Bienvenu], place Gambetta, n° 1 [canton ouest, vue 402], 44 ans [né le 23 avril 1853 à Mayrargues, Bouches-du-Rhône], Français, Photographe, chef [marié le 8 juillet 1871, à Toulon ; papetier à cette date] ; Barbot Philippine [née Constantin], 39 ans, Française, sans profession, épouse [du photographe] ; Barbot Louis, 7 ans, Français, enfant ; Constantin Augusta, 76 ans, Française, mère.


- BARJAVEL Victor, chemin de Valbourdin, n° 3 [canton ouest, vue 690], 19 ans [né le 7 mai 1867, à Toulon], Français, Photographe, parent [célibataire, aux parents décédés] ; Barjavel Eugénie, 20 ans, Française, Institutrice, parent ; Pichard Victor, 29 ans, Français, Conducteur de travaux, parent : Jeansaume Victorine, 51 ans, Française, Tailleuse, chef.


- BERTHET Georges [Alexandre], quartier Brunet [canton est, vue 951], 33 ans [né le 11 décembre 1853, à Saint Denis, La Réunion], Photographe, Français, mari [marié le 29 avril 1879, à Toulon : photographe à cette date] ; Berthet Marie [née Aillaud], 32 ans, Française, sans profession, femme [du photographe] ; Berthet Eugène, Français, 6 ans, fils ; Berthet Berthe, 4 ans, Française, fille ; Laugier Paulin, 34 ans, Français, Patron de voiture, chef ; Laugier Marie, 29 ans, Français, sans profession, sa femme ; Guien Antoine, 78 ans, Français, Cultivateur, rien [sans lien familial] ; Audenard Rozaline, Française, sans profession [sans lien familial].


- DAVID Charles, quartier du Pont neuf [canton ouest, vue 768], 19 ans [né vers 1867 ; acte de naissance non retrouvé], Français, Photographe, fils [célibataire] ; Debaux Jeanne, 60 ans, Française, Paysanne, mère de famille ; David Marie, 30 ans, Française, Commise, fille ; David Pauline, 29 ans, Française, Commise, fille ; David Marius, 24 ans, Français, Relieur, fils.


- DUFOURT Isidore (André Marius), rue Hoche, n° 10 [canton ouest, vue 161, 36 ans [né le 30 novembre 1858, à Toulon], Français, Photographe, beau-fils [marié le 3 mars 1879, à Toulon ; photographe à cette date] ; Dufourt Clémence [née Vechi], 30 ans, Française, sans profession, fille [épouse du photographe] ; Dufourt Joséphine, 6 ans, Française, petite-fille ; Vechi Eloi, 55 ans, Français, cuisinier, chef ; Vechi Joséphine, Française, 52 ans, mère.


- GERBY Baptistin [Bruno François], rue du Canon, n° 11 [canton ouest, vue 213], 24 ans [né le 12 avril 1862, à Toulon], Français, Photographe, enfant [célibataire] ; Gerby Henry, 28 ans, Français, Dessinateur, enfant ; Gerby Pauline (née Espagne), 17 ans, Française, Tailleuse, belle-fille [épouse d'Henry] ; Jeannet Rosalie [veuve Gerby], 60 ans, Française, sans profession, mère ; Gerby Bruno, 32 ans, Français, Mécanicien, enfant.


- GRAC Marius, rue Masséna, n° 1 [canton est, vue 770], 19 ans [né vers 1867 ; date précise et lieu de naissance inconnus], Français, Photographe, neveu [célibataire] ; Burgard Henri, 54 ans, Français, Journalier, chef ; Musso Marie, 46 ans, Français, épouse ; Burgard Angèle, 14 ans, Française, enfant ; Burgard Auguste, 10 ans, Français, enfant.


- HÉRY Emile, rue d'Astour, n° 2 [canton ouest, vue 348], 19 ans [né le 6 janvier 1867, à Aups, Var], Français, Photographe, fils [célibataire] ; Héry Edouard, 48 ans, Français, Ebéniste, père ; Héry Rosalie, 40 ans, Française, Sage-femme, mère ; Héry Edouard, 23 ans, Français, soldats, fils ; Héry Madeleine, 20 ans, Française, sans profession, fille.


- LEENAERTS Henri, rue Victor Clapier, n° 52 [canton est, vue 475], 39 ans [né le 28 novembre 1871, à Bruxelles, Belgique], Etranger, Photographe, mari [marié le 28 novembre 1871, à Toulon ; photographe à cette date] ; Leenaerts [née Espenon] Philomène, 37 ans, Etrangère, femme ; Leenaerts Joseph, 13 ans, Etranger, enfant ; Leenaerts Alphonse, 6 ans, Etranger, enfant.


- LEENAERTS François [Marie Alphonse], boulevard de Strasbourg, n° 46 [canton est, vue 449], 41 ans [né le 6 octobre 1844, à Bruxelles, Belgique], Etranger, Photographe, père [marié le 30 janvier 1872, à Toulon ; photographe à cette date] ; Leenaerts Marie [née Seren], 36 ans, Etrangère, mère ; Leenaerts Emilie, 13 ans, Etrangère, enfant ; Leenerts (sic) Eugène, 12 ans, Etranger, enfant ; Leenerts (sic) Gaston, 2 ans, Etranger, enfant.


- MARRAS Elisé (sic), rue des Trois Oliviers, n° 9 [canton est, vue 78], 60 ans [né vers 1826 ; date précise et lieu de naissance inconnus], Etranger (nationalité inconnue), Photographe, père ; Marras Joséphine, 42 ans, Française, Lingère, veuve Luc ; Luc Charles, 17 ans, Français, sans profession, fils ; Marras Félicité, 13 ans, Française, fille ; Marras Adolphe, 17 ans, Français, Employé de commerce, fils ; Marras Fernand, 3 mois, Français, fils.


- ONÉSIME Jean [Baptiste], place Puget, n° 15 [canton ouest, vue 158], 30 ans [né le 6 mai 1856, à Saint-Etienne, Loire], Français, Photographe, chef [marié le 19 juillet 1882, à Saint-Etienne, Loire ; photographe à cette date] ; Onésime Emilie [née Coquard], 23 ans, Française, sans profession, femme ; Giraud Antoinette, 20 ans, Française, domestique, célibataire.


- PAULIN Alexandre [Pierre Joseph], rue du Pradel, n° 7 [canton ouest, vue 149], 69 ans [né en 1817 ; date précise et lieu de naissance inconnus ; a vécu à Blida, Algérie où il était menuisier dans les années 1850], Français, Photographe, père ; Rodez [Rohler/Kohler] Fanny, 59 ans, Française, mère ; Paulin Fanny, 30 ans, Française, Institutrice, fille.


- RAMPIN Joseph, rue du Puits, n° 12 [canton ouest, vue 134], 54 ans [né le 8 mai 1832, à La Valette, Var], Français, Photographe, mari [marié le 7 juin 1858, à La Valette, Var ; marin à Toulon et ouvrier mécanicien de profession à cette date] ; Rampin Antoinette [née Daumas], 42 ans, Française, Accoucheuse, femme. 



ANALYSE


Comparaison des listes

Des différences notables apparaissent entre les trois listes établies.


- Jean-Marie Voignier, contrairement aux listes de l'Aide-Mémoire de Photographie de 1885 et 1888 :

Ne signale pas les noms de : Bienvenu ; Bonnet ; Giraud ; Gondal ; Leroux ; Reboul ; Trésorier. 

Il valide ceux de : Eugène (Mme) ; Leenaerts (A.) : Péllissier ; Rampin ; Thaüst. 


- Quant au relevé du recensement de 1886, comparé aux listes de noms issues de l'Aide-Mémoire de Photographie et de l'ouvrage de Jean-Marie Voignier :

Il n'intègre pas les noms de :  Bienvenu (mais il s'agit probablement de Barbot Bienvenu, qui est cité dans le recensement et est un "ex-opérateur de J. Trésorier") ; Bonnet ; Eugène (Mme) ; Giraud ; Gondal ; Leroux ; Reboul ; Trésorier. 

Il valide ceux de : Leenaerts A. (François Marie Alphonse) ; Leenaerts B. (Henri) ; Paulin ; Rampin.

Il ajoute ceux de : Amizio ; Barjavel ; Berthet ; David ; Dufourt ; Grac ; Héry ; Marras ; Onésime.


Observations

- Le problème des listes de l'Aide-Mémoire de Photographie réside dans le fait que le nom de chacun des photographes inscrit est généralement reconduit pendant 9 ans, avec une liste peu souvent actualisée. 

Ceci explique que le nom de "Joseph Trésorier" apparaisse encore dans l'édition de 1885, alors que ce dernier a cédé son atelier à Etienne Leroux en mai 1881, et que le nom de "Leroux" apparaisse encore en 1888, sans que l'on puisse savoir s'il s'agit désormais d'Etienne Leroux, qui a cédé son atelier à "Jean-Baptiste Onésime" en 1886, ou de son frère Alexandre Leroux.

- La sélection de Jean-Marie Voignier est, pour sa part, essentiellement axée sur les noms des "titulaires d'atelier", ce qui explique l'absence des noms de jeunes photographes qui, en 1886, sont mineurs et employés : Barjavel, David ; Grac, Héry.

L'omission de noms de photographes plus âgés (30-69 ans), pose cependant question : Amizio ; Berthet ; Dufourt ; Gerby ; Marras ; Onésime ; Paulin. 

Certains ont peut-être été des employés car aucune photographie à leur nom ne semble connue dans la fin du XIX° siècle : Amizio ; Dufourt ; Marras. Cela ne constitue pas cependant une preuve absolue, du fait de la conservation aléatoire des photographies et de l'usage répandu chez les photographes d'un prénom ou d'un pseudonyme à la place de leur nom. 

Des photographies de Barbot ("Bienvenu Barbot"), Berthet, Gerby, Onésime et Paulin ("de Paris") sont, par ailleurs, conservées et certaines d'entre elles affichent l'adresse du recensement de 1886 (sauf pour Berthet et Gerby).

Enfin, l'absence de certains noms de photographes dans le recensement de 1886 pose également problème car l'activité de ces derniers, au milieu des années 1880, semble bien établie : Eugène (Mme) de Paris (avec pour gérant Leenaerts B./Henri dès les années 1880 ?) ; Jean-Baptiste Péllissier ; Alphonse Thaüst.






mercredi 27 août 2025

1399-LE CONFINEMENT DES ESPRITS : UNE FABLE DE L'ÈRE NUMÉRIQUE

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


LIRE OU ÉCOUTER LA FABLE (RÉDIGÉE AVEC L'I.A. !)



Qui fait aujourd'hui du calcul mental ou pose des opérations ? Qui recherche dans un dictionnaire papier ? 

Pourquoi faire l'apprentissage d'une langue quand les traducteurs existent ? Pourquoi lire tout un ouvrage alors que l'informatique le résume ? Pourquoi faire de la photographie alors que tout prompt crée une image ?

Pourquoi apprendre, puisque l'Intelligence artificielle sait tout et répond à toutes nos questions ?

Quelles seront, demain, les bases et les disciplines de l'École, alors qu'à l'Université les Mémoires des étudiants sont déjà en grande partie rédigés par l'I.A ?



GLOSSAIRE DE L'I.A.


- Algorithmes : Procédures ou ensembles de règles à suivre pour résoudre un problème ou effectuer une tâche. En IA, les algorithmes apprennent à partir de données pour effectuer des prédictions ou des décisions.

- Apprentissage automatique (Machine Learning) : Domaine de l’IA où des modèles apprennent à partir de données sans être explicitement programmés. Il existe plusieurs types : supervisé, non supervisé, par renforcement.

- Apprentissage supervisé : Type d’apprentissage où le modèle est entraîné sur des données étiquetées (ex. : images avec leur description). Il apprend à prédire des sorties à partir d’entrées.

- Apprentissage non supervisé : Le modèle analyse des données sans étiquettes pour découvrir des structures cachées (ex. : regroupement en clusters).

- Apprentissage par renforcement (Reinforcement Learning) : Méthode où un agent apprend à prendre des décisions en recevant des récompenses ou des pénalités selon ses actions dans un environnement.

- Big Data : Ensemble de données très volumineux, complexes et rapides à générer, souvent utilisés pour entraîner des modèles d’IA.

- Bot : Programme informatique automatisé capable d’effectuer des tâches simples ou complexes, souvent utilisé dans les services clients (ex. : chatbot).

- Chatbot : Agent conversationnel basé sur l’IA, capable d’interagir avec des utilisateurs via un dialogue textuel ou vocal.

- Clustering (Regroupement) : Technique d’apprentissage non supervisé qui regroupe des données similaires ensemble (ex. : K-means).

- Connaissance commune (Common Sense Reasoning) : Capacité d’un système IA à comprendre des faits évidents pour les humains (ex. : "l’eau est mouillée"), encore difficile à modéliser.

- Deep Learning (Apprentissage profond) : Sous-domaine du machine learning utilisant des réseaux de neurones artificiels profonds (plusieurs couches) pour traiter des données complexes comme images, sons ou texte.

- Données d’entraînement : Données utilisées pour enseigner à un modèle d’IA à reconnaître des motifs ou faire des prédictions.

- Données étiquetées (Labeled Data) : Données accompagnées d’informations correctes (ex. : une photo étiquetée "chat"), nécessaires pour l’apprentissage supervisé.

- Éthique de l’IA : Réflexion sur les implications morales de l’usage de l’IA (biais, confidentialité, responsabilité, transparence).

- Explicabilité (Explainability) : Capacité à comprendre et expliquer les décisions prises par un modèle d’IA, cruciale pour la confiance et la régulation.

- Framework d’IA : Environnement logiciel utilisé pour développer et entraîner des modèles d’IA (ex. : TensorFlow, PyTorch).

- Fuite de données (Data Leakage) : Erreur dans l’entraînement d’un modèle où des informations du futur ou de l’ensemble de test sont utilisées par erreur, faussant les résultats.

- Génération de texte (Text Generation) : Capacité d’un modèle IA à produire du texte cohérent (ex. : rédaction d’articles, réponses à des questions).

- Grand modèle de langage (Large Language Model - LLM) : Modèle d’IA entraîné sur d’immenses quantités de texte, capable de comprendre et générer du langage humain (ex. : GPT, BERT).

- Heuristique : Règle empirique ou approximation utilisée pour résoudre un problème plus rapidement, souvent dans des systèmes d’IA classiques.

- IA faible (ou étroite) : IA conçue pour une tâche spécifique (ex. : reconnaissance vocale, jeu d’échecs). C’est la forme d’IA existante aujourd’hui.

- IA forte (ou générale, AGI) : Intelligence artificielle capable de comprendre, apprendre et appliquer ses connaissances à n’importe quelle tâche humaine. N’existe pas encore.

- IA générative : Type d’IA capable de créer de nouveaux contenus (texte, images, musique, vidéos) à partir de modèles appris.

- Interface vocale : Système permettant d’interagir avec un ordinateur par la voix (ex. : assistants vocaux comme Siri, Alexa).

- Journalisation des décisions (AI Audit Trail) : Enregistrement des décisions prises par un système d’IA, utile pour la traçabilité et la conformité.

- Langage naturel (NLP - Natural Language Processing) : Branche de l’IA qui permet aux machines de comprendre, interpréter, générer et interagir avec le langage humain.

- Latence : Temps de réponse d’un système d’IA. Une faible latence est cruciale pour les applications en temps réel.

- Modèle pré-entraîné : Modèle d’IA déjà entraîné sur de grandes quantités de données, qu’on peut adapter à une tâche spécifique (ex. : fine-tuning de BERT).

- Modèle statistique : Représentation mathématique des relations entre des variables, souvent utilisée en IA pour faire des prédictions.

- Neurone artificiel : Unité de base d’un réseau de neurones, inspirée du neurone biologique, qui reçoit des entrées, les pondère et produit une sortie.

- Overfitting (Surapprentissage) : Phénomène où un modèle apprend trop bien les détails des données d’entraînement, au point de perdre sa capacité à généraliser sur de nouvelles données.

- Optimisation : Processus d’ajustement des paramètres d’un modèle pour minimiser une fonction de coût (erreur de prédiction).

- Prédiction : Sortie d’un modèle d’IA estimant une valeur ou une classe (ex. : prédire le prix d’une maison).

- Prétraitement des données : Étapes de nettoyage, transformation et préparation des données avant leur utilisation pour l’entraînement d’un modèle.

- Prompt : Instruction ou question donnée à un modèle d’IA générative (surtout les LLM) pour obtenir une réponse.

- Prompt Engineering : Technique consistant à formuler des prompts efficaces pour guider les réponses d’un modèle d’IA générative.

- Quantification (d’un modèle) : Technique de compression des poids d’un modèle d’IA (ex. : passage de 32 bits à 8 bits) pour réduire sa taille et améliorer ses performances.

- Raisonnement : Capacité d’un système IA à déduire des conclusions logiques à partir de faits ou de règles.

- Régression : Tâche d’apprentissage supervisé consistant à prédire une valeur continue (ex. : température, prix).

- Réseau de neurones artificiels (Artificial Neural Network - ANN) : Modèle computationnel composé de couches de neurones artificiels, utilisé pour reconnaître des motifs complexes.

- Réseau de neurones convolutif (CNN - Convolutional Neural Network) : Type de réseau de neurones particulièrement efficace pour traiter des données structurées en grille, comme les images.

- Réseau de neurones récurrent (RNN - Recurrent Neural Network) : Réseau adapté au traitement de séquences (texte, sons, séries temporelles), capable de mémoriser des informations passées.

- Réseaux antagonistes génératifs (GAN - Generative Adversarial Networks) : Deux réseaux (générateur et discriminateur) s’opposent pour améliorer la qualité des données générées (ex. : création d’images réalistes).

- Robotique : Domaine combinant mécanique, électronique et IA pour créer des robots autonomes ou semi-autonomes.

- Système expert : Programme d’IA basé sur des règles et une base de connaissances, imitant le raisonnement d’un expert humain dans un domaine spécifique.

- Surveillance (Monitoring de l’IA) : Suivi du comportement d’un modèle en production pour détecter des dérives, des biais ou des erreurs.

- Sérialisation du modèle : Processus d’enregistrement d’un modèle entraîné dans un fichier pour une utilisation ultérieure (ex. : format pickle, ONNX).

- Token : Unité de base dans le traitement du langage (mot, sous-mot, caractère), utilisée par les modèles comme les LLM pour analyser le texte.

- Transformation (dans NLP) : Architecture de modèles basée sur le mécanisme d’attention, très efficace pour le traitement du langage (ex. : modèle Transformer, BERT, GPT).

- Transparence : Capacité à comprendre comment un système d’IA fonctionne, notamment ses décisions, essentielle pour la confiance.

- Utilisateur final : Personne qui interagit avec une application ou un système basé sur l’IA sans nécessairement comprendre son fonctionnement interne.

- Validation croisée (Cross-validation) : Technique pour évaluer la performance d’un modèle en le testant sur différentes parties des données d’entraînement.

- Vision par ordinateur (Computer Vision) : Domaine de l’IA permettant aux machines de "voir" et d’interpréter des images ou vidéos (ex. : reconnaissance faciale).

- Zone grise de l’IA : Domaine émergent où les applications d’IA soulèvent des questions éthiques, juridiques ou sociales non encore régulées.






dimanche 24 août 2025

1398-VICHY, CANNES, TOULON : LEROUX, PHOTOGRAPHE(S) (Enquête 3)

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- LEROUX, verso d'un carton-photo (Vichy, Cannes).


VICHY : LEROUX, PHOTOGRAPHE(S) 

(Enquête 3 - Journal de recherche)



INTRODUCTION


Le photographe "Leroux" de Vichy semble avoir été peu étudié jusque-là. Son prénom, comme ses dates et lieux de naissance et de décès, restent inconnus. Seuls ses cartons-photos conservés témoignent, dans le dernier tiers du XIX° siècle, d'ateliers qu'il a occupés à Vichy (Allier), Cannes (Alpes-Maritimes) et Toulon (Var). 

Jean-Marie Voignier (Note 1) cite plusieurs photographes français ayant porté ce nom : "M. et Mme Leroux" à Bordeaux ; "Alexandre Leroux" à Marseille ; "Félix Leroux" à Paris ; "Frédéric Alfred Leroux" à Nantes ; et enfin, "N. Leroux" à Vichy et Cannes dans les années 1870 puis à Toulon dans les années 1880 et le début des années 1890.

Très peu d'éléments ont pu être collectés sur le photographe étudié, en dehors de l'initiale de son prénom "N.", signalée par Jean-Marie Voignier et parfois présente au verso de ses cartes de visite, et de la mention de sa présence à Vichy, rue Sévigné, dans Le vrai guide de l'étranger à Vichy de 1878, relevée par Pascal Chambriard (Note 2).

Les premières recherches, menées tous azimuts, m'ont fait croiser les carrières des différents photographes cités mais également celles de "Leroux" à Vincennes, de "Robert Leroux" à Boulogne-sur-Seine ou encore "d'Alexandre Leroux" et de son fils, "Ernest Leroux" à Alger.

Alexandre Leroux (Béziers 1836-Alger 1912), peintre et photographe, célèbre par ses innovations techniques et ses nombreux albums sur l'Algérie, semble le plus étudié d'entre eux. Je signale cependant que, suite à son mariage en 1861 à la Nouvelle Orléans (Louisiane), les années de naissance et de décès de ses enfants permettent d'attester sa présence en 1865 à Marseille (Bouches-du-Rhône), en 1870 à Béziers (Hérault) et dès 1872, à Alger.


2- LEROUX, verso d'un carton-photo (Toulon).



LES PHOTOGRAPHIES DE LEROUX À VICHY, CANNES ET TOULON


Le revers des cartes de visites conservées, essentiellement des portraits de studio souvent embossés, affiche plusieurs types d'inscriptions :

- "Leroux - Photographe - Vichy - & - Cannes" (seconde moitié des années 1870 ?) (Image 1 en tête d'article).

- Carton-photo rare, daté de "juillet 1881", portant les mentions de Vichy et Cannes mais réutilisé à Toulon et modifié avec une étiquette imprimée collée en bas : "Leroux - Photographe - Vichy - & - Cannes" et "Maison Trésorier - 15, Place Puget, 15 - Toulon".

- "Leroux - Photographe - Toulon [Toulon sur Mer ; ou encore, "Toulon s/Mer (Var)]" (début des années 1880 ?) ; certaines cartes de visite ajoutent, "Elève de la Maison Frédérick de Paris" (Image 2 ci-dessus).

- Carton-photo rare, "N. Leroux - Photographe" (tampon manuel circulaire à l'encre bleue, sans indication de ville) (première moitié des années des années 1880 ?) ;

- "J. Trésorier - N. Leroux successeur [signature oblique] - Place Puget, 15 - Toulon - [cartonnier] D.Hutinet-Paris" (sous l'évocation de l'Exposition Internationale de la Ville de Marseille et de la récompense accordée à J. Trésorier ; une carte de visite datée de "septembre 1882") (première moitié des années 1880 ?) (Image 3 ci-dessous).

- "N. Leroux [signature oblique] - ex-photographe - Vichy, Cannes & Toulon - [cartonnier] D.Hutinet-Paris" (sous l'évocation de l'Exposition Internationale de la Ville de Marseille et de la récompense accordée à J. Trésorier) (années 1880 ?) (Image 4 ci-dessous).

- Carton-photo rare, "A. Leroux - Photographe et Horloger - Toulon-Sur-Mer (Var) - Réparations de Pendules, Montres et Réveils (...) - M. Alexandre Leroux, élève de Ravaille, horloger - à Nîmes (Gard) (...) - Réparations & Achat de Bijoux Or & Argent" (longue étiquette publicitaire) (seconde moitié des années 1880 ?).

- "Photographie - Leroux - Maison d'Agrandissements - Pour Portraits - Toulon s/Mer - & Vichy - Nota : Mr Leroux Se Charge - de toutes les réparations d'horlogerie et rend - dans les 24 heures toutes réparations de Bijoux - [cartonnier] J.H.Nacivet-Paris)" (l'ensemble est parfois précédé du nom de l'atelier, "Aux Arts Réunis") (fin des années 1880 ou début des années 1890 ?) (Image 5 ci-dessous).

- Carton-photo rare, "Aux Arts Réunis - Grande Photographie - Toulonnaise - Leroux - Directeur - Agrandissements - depuis 25 fr - Mr Leroux - Horloger - Bijoutier - se charge des Réparations - De Montres, Pendules, Réveils - Tournebroches - Et - Bijouterie - [cartonnier] B. P. Grimaud-Paris" (fin des années 1890, voire début des années 1900 ?) (Image 6 ci-dessous).

Cette énumération donne de nombreuses indications mais suscite également de nombreuses interrogations :

- Le photographe est tour à tour, présenté sans prénom, avec un prénom dont l'initiale est la lettre "N." (Images 3 et 4) ou la lettre "A." (au recto) et plus rarement avec la précision du prénom "Alexandre" (photographe-horloger-bijoutier). Est-ce que ces prénoms sont ceux d'une seule et même personne ou de deux (père et fils, frères, parents) ?

- Certains cartons-photos toulonnais renseignent sur sa ville de formation, en précisant qu'il est, "Elève de la Maison Frédérick de Paris". Il semble que la Maison évoquée soit celle de la "Maison des Folies Dramatiques - Frédérick - Photographe 40, rue Bondy, 40 - Paris", uniquement citée dans l'ouvrage de Jacques Delanoë (Note 3) ; ce photographe peu étudié, et dont très peu de photographies sont conservées, pourrait bien être Frédérick Lemaître (Paris 1827-Versailles 1890), le fils du célèbre acteur du même nom.

- Parmi les nombreux cartons-photos conservés de la ville de Toulon, beaucoup semblent, , comme ceux de Vichy et de Cannes, afficher des caractéristiques nées dans les années 1870, avec des portraits souvent embossés et un dessin de putto accompagné des emblèmes de la Photographie et de la Peinture (motif récurrent des années 1870-1900). Cependant, il faut attendre les années 1880 et 1890 pour voir la mention de ces autres villes : "ex-photographe - Vichy, Cannes & Toulon" puis "Toulon s/Mer - & Vichy".

- M. Leroux succède à Joseph Trésorier, à Toulon, dans l'atelier situé place Puget, 15 et a racheté son fonds ; il continue d'ailleurs à éditer les vues et costumes régionaux bretons de ce dernier. 

- La mention "ex-photographe des villes de Vichy, Cannes et Toulon" est très ambiguë (Image 4). Elle peut impliquer que M. Leroux officie dans une nouvelle ville qui n'est pas citée, qu'il s'occupe désormais davantage de l'horlogerie-bijouterie, ou encore qu'il se contente de diriger la boutique, potentiellement confiée à un gérant (d'où le terme de "Directeur" sur d'autres cartons) (Image 6). 

- Il faut enfin noter que les cartons-photos les plus tardifs (semblant dater de la seconde moitié des années 1880 et des années 1890) ne font plus référence à Joseph Trésorier et à la médaille de ce dernier obtenue à Marseille (Images 5 et 6).


3- LEROUX N., verso d'un carton-photo (Toulon).



LES DOCUMENTS


Documents vichyssois et cannois

Le dépouillement systématique des documents vichyssois (presse ancienne et recensements) n'a rien révélé concernant M. Leroux. Il est l'un des photographes saisonniers qui, en dehors de ses photographies, n'a quasiment pas laissé de traces.

Il est donc nécessaire d'entreprendre une recherche dans les autres villes où il a exercé. A Cannes, l'accès à la presse numérisée n'est plus disponible depuis plusieurs années. Il apparaît cependant que photographe Leroux est absent des listes de photographes de cette ville, datant de la première moitié des années 1870.


Documents nationaux

Les documents nationaux ne citent que très rarement le photographe Leroux à Toulon :

- "M. Leroux, notre correspondant de Toulon", a réalisé une série de photographies, le 25 août 1885, du Retour de la dépouille de l'Amiral Courbet aux Salins d'Hyères, Var, in, L'Univers Illustré du 5 septembre 1885, et, Henri Macqueron, Iconographie du département de la Somme, 1886 p 797.

- "Leroux, photographe, place Puget, Toulon" (Léo Taxil, La France maçonnique, Paris, 1888 p 237) ; le nom de la boutique du photographe "Aux Arts Réunis", évoque également une expression maçonnique.

- "Cliché A. Leroux, Toulon", Portrait de Louise Chaliès, accompagnant la publicité des Pilules Pink, paru dans de nombreux journaux locaux, en juillet 1909.

- L'Aide-Mémoire de Photographie cite "Leroux", uniquement à Toulon, de 1888 à 1891 (années 1886, 1887, 1892, 1893 manquantes). Cependant, l'Annuaire général et international de la Photographie le signale dans cette même ville, de 1892 à 1899.


4- LEROUX N., verso d'un carton-photo (Vichy, Cannes, Toulon).



Documents varois

La recherche semble dans une impasse. Il est donc nécessaire de dépouiller les recensements de Toulon, à la seule adresse connue de la place Puget, 15. 

"Trésorier Joseph, photographe, célibataire, âgé de 44 ans" y est cité, seul, dans le recensement de 1876 mais ce sont ensuite, "Leroux Étienne, 41 ans, photographe, mari ; Suire Herminie, 44 ans [née vers 1836-37], sans profession, femme [aucun enfant n'est signalé] ; et Bonneau Firmin, 22 ans, photographe, ouvrier", qui sont cités dans le recensement de 1881.

Plusieurs problèmes cependant :

- Le photographe Leroux affiche dans le recensement de 1881 le prénom, "Étienne", et les recherches généalogiques sur ses nom et prénom, comme sur ceux de sa femme, ne donnent aucun résultat pouvant correspondre.

- Le couple n'est plus cité à cette adresse dès le recensement de 1886, remplacé par "Onésime Jean, 30 ans, photographe et son épouse Emilie, 23 ans" dans le recensement de 1886 ; par "Couadou Paul, 27 ans, photographe" dans celui de 1891 ;  puis par "Bar Marius, 32 ans, photographe, son épouse Victorine (sic), 32 ans et leur fille Marguerite, 2 ans" dans celui de 1896. 

Comme M. Leroux est attesté à Toulon, postérieurement à 1881, cela semble impliquer qu'il a changé d'adresse. Ses cartes de visite toulonnaises les plus tardives n'affichent d'ailleurs aucune adresse, et si le photographe se voit encore signalé "place Puget, 15" dans un ouvrage de 1888 (La France maçonnique), c'est probablement sur la base de renseignements plus anciens et obsolètes.

Le dépouillement de la presse varoise ne révèle que quelques petites annonces du photographe, toutes parues dans La Sentinelle du Midi, aux période des Fêtes de Noël et du Jour de l'An : 

- En décembre 1882 et janvier 1883, "Photographie Instantanée - au Gelatino-Bromure - Leroux - Successeur de Trésorier - 15, Place Puget, Toulon (...)" ; 

- En décembre 1883 et janvier 1884, "Ancienne Maison Trésorier - Fabrique de Plaques - Au Getalino-Bromure D'Argent - (...) - M. Leroux (...) a l'honneur de porter à la connaissance de MM. les amateurs et photographes qu'il n'a plus de dépositaire dans le ville de Toulon - S'adresser pour le gros et le détail (...), Place Puget, 15 - Grande diminution de Prix ! - (tarifs) - Dix leçons d'une heure suffisent pour être au courant pour faire du paysage - Leçons gratuites à tous ceux qui veulent apprendre" ;

- En décembre 1884 et janvier 1885, " (...) - La Maison de Photographie Leroux - Place Puget, 15 - A l'honneur d'informer sa nombreuse clientèle qu'elle a rouvert ses ateliers depuis quelques jours - (...) - MM. les amateurs et photographes trouveront à la 4° page le tarif des plaques au gelatino-bromure d'argent".

- Et enfin, en janvier 1886, avec une annonce semblable à la précédente, signalant la réouverture des ateliers.

Quoique peu nombreux, ces relevés sont riches en renseignements :

- Joseph Trésorier étant encore cité dans les journaux varois en mars 1881 et Étienne Leroux étant signalé dans le recensement de 1881 terminé en juillet, c'est donc entre ces deux mois que s'est faite la succession. 

C'est plus précisément fin mai ou juin qu'elle a eu lieu car l'offre de location de l'atelier est parue, sans le nom de Joseph Trésorier, dans Le Petit Marseillais des 8, 10 et 12 mai 1881 : "Avis Aux Photographes - Atelier de photographe et logement au 4e étage, au plus beau centre de la ville ; belle exposition. S'adresser à M. Audibert, rue de l'Hôtel-de-Ville, 4, à Toulon". 

Joseph Trésorier avait, en effet, installé tout à la fois son logement et son atelier au 4ème étage mais il avait créé, depuis la fin de l'année 1880, un deuxième atelier de pose à l'entresol de la même Maison, afin d'éviter la montée aux clients qui craignaient les étages.

- Dans ses publicités, Leroux se présente comme un professeur de Photographie, initiant notamment ses élèves à la prise de vue de paysages (ses vues personnelles ne sont pas connues). 

- Il se présente également comme fabricant de plaques (de verre) au gélatino-bromure d'argent. L'usage de ces plaques, qui permet des prises de vue quatre fois plus rapides que le collodion humide, semble s'être diffusé à partir de la fin des années 1870. Joseph Trésorier a d'ailleurs fait paraître à Toulon, dès octobre 1880, des publicités mentionnant ses "Portraits instantanés au gélatino-bromure".

- La réouverture des ateliers de Leroux se fait à plusieurs reprises en décembre ou janvier, ce qui laisse penser qu'il ne vient à Toulon que pour la saison hivernale, sans que la ou les villes avec lesquelles il alterne ne soient précisées.

- Les recensements et les publicités attestent la présence du photographe à Toulon, place Puget, 15, de 1881 à 1886. Aucun document antérieur ou postérieur à ces dates ne le cite cependant à une autre adresse.


5- LEROUX, verso d'un carton-photo (Toulon, Vichy).



La Famille Leroux

L'identité du photographe restant ignorée, une nouvelle recherche, est effectuée sur Gallica et permet enfin une avancée majeure. 

Le Journal du Midi du 30 octobre 1889 signale en effet la présence de deux photographes portant le nom de Leroux, à l'occasion d'une succession entraînant la vente d'une petite maison située sur la commune de Nîmes (Gard).

Il s'agit "d'Étienne Narcisse Pierre Henri Rochegude dit Leroux, photographe domicilié et demeurant à Collioures (sic) (Pyrénées-Orientales)" et "d'Antoine Alexandre François Rochegude dit Leroux, aussi photographe, domicilié et demeurant à Die (Drôme)".

Si aucun d'eux n'est domicilié à Toulon, le fait qu'ils portent, pour l'un, les prénoms, "Étienne" (comme dans le recensement de Toulon de 1881) et "Narcisse" (initiale "N" présente sur certaines cartes de visite de Toulon), et pour l'autre, le prénom "Alexandre" (présent sur certaines cartes de visite de Toulon), est révélateur. 

De plus, le fait que leur nom officiel ne soit pas "Leroux" mais "Rochegude" ou "Rochegude Leroux", explicite la difficulté rencontrée jusque là pour les retrouver sur les sites de généalogie.

Une nouvelle recherche sur ces mêmes sites permet de cibler le mariage de l'un des membres de cette famille, le 26 mars 1874, à Ucel (Ardèche). Il s'agit en fait de l'union tardive des parents des deux photographes : 

"Louis Rochegude dit Louis Pierre Leroux, dentiste ambulant, né le 12 juillet 1806 à Aubenas (Ardèche), domicilié à Ucel, fils naturel, né de père inconnu et de Marianne Rochegude, décédée", épouse "Marie Euphrasine, dite Rose et Rosine Mineur, sans profession, née le 19 juin 1815 à Antibes (Var) [à cette date], domiciliée à Toulon".

A l'occasion de ce mariage, les époux reconnaissent leurs quatre fils et deux filles, nés le plus souvent dans divers départements du Sud de la France (Pyrénées-Orientales, Hérault), entre 1840 et 1853. L'acte précise que le père, ayant pendant des années porté le nom de "Lerous/Leroux", a donné ce nom à ses enfants.

Étienne Narcisse Pierre Henri Leroux, est présenté comme le fils aîné, né le 19 juin 1840, à l'auberge de Saint-Estève (Pyrénées-Orientales), lors des déplacements de ses parents. Antoine Alexandre François Leroux est né, pour sa part, le 28 avril 1847, dans une commune dont le nom est difficile à décrypter et à identifier (Villers-Lucerne, Villars-Lucarno ?).

La vente évoquée de la maison de Nîmes en 1889, a été déclenchée par la mort de leur père. A cette date, leur mère vit à Toulon, leur frère cadet Albert est bijoutier-chirurgien-dentiste dans cette même ville et leur sœur Rose vit à proximité, à La Farlède (Var).

Si l'identité des photographes Leroux et leurs liens avec la ville de Toulon sont désormais établis, leurs domiciles respectifs, à Collioures et Die en 1889 (communes respectivement situées à plus de 400 et 200 km de Toulon), posent question, à moins que ce ne soit leur destination estivale. 

Le recensement de 1881 de la ville de Toulon établit sans ambiguïté que c'est Étienne (Étienne Narcisse) Leroux qui officie place Puget. 

Le rôle d'Alexandre (Antoine Alexandre), photographe-horloger-bijoutier, dans l'atelier toulonnais semble, en fonction des cartons-photos étudiés, plus tardif. 

Aucun atelier de photographie ne semble signalé à leur nom, à Collioures ou à Die. Les deux frères se sont-ils associés pour l'atelier toulonnais ou s'y sont-ils succédés ?

Quel est le passé professionnel de ces deux frères, sachant qu'ils ne sont signalés en tant que photographes qu'après leurs 35 ans, Étienne Narcisse, dès la deuxième moitié des années 1870, et Antoine Alexandre, dès la deuxième moitié des années 1880 ? 

Les recherches généalogiques plus poussées n'ont rien donné, de même que la recherche d'une cession d'atelier à ce nom (Archives commerciales de la France).


6- LEROUX A., verso d'un carton-photo (Toulon ; l'initiale de son prénom est précisée au recto).




HYPOTHÈSES


À ce stade de la recherche, il est nécessaire de faire le point. Deux des frères Leroux, Étienne Narcisse (né en 1840) et Antoine Alexandre (né en 1847), ont été photographes.

Peu de choses de leur vie sont connues avant les années 1870. Étienne s'est formé à la Photographie à Paris, auprès de Frédérick, et Alexandre à l'Horlogerie à Nîmes, auprès de Ravaille. Peut-être Étienne a-t-il ensuite initié son frère à la Photographie ?

Les premiers ateliers de Photographie "Leroux" attestés sont ceux de Vichy (rue Sévigné) et de Cannes (adresse inconnue), vers 1877-1878 (aucune publicité connue ; une seule mention dans un guide de 1878). 

Il semble que ces deux ateliers sont abandonnés en 1881 pour un nouvel atelier "Leroux" situé à Toulon, dans la ville où vivent leurs parents et certains de leurs frères et sœurs.

C'est Étienne Narcisse Leroux qui, en mai, y acquiert le fonds et l'atelier de Joseph Trésorier, situé au 15, place Puget (entresol et 4ème étage) et le conserve pendant cinq ans ("Étienne" cité dans le recensement de 1881 ; deux cartons-photos respectivement datés de juillet 1881 et de septembre 1882 ; publicités "Leroux" échelonnées entre 1882 et 1886). 

Certains cartons-photos de l'époque ("N. Leroux") indiquent qu'il est le successeur de Joseph Trésorier (nom et récompense) et précisent l'adresse de l'atelier. La réouverture de ce dernier se faisant vers décembre, il est probable qu'Étienne Narcisse Leroux alterne alors avec un ou plusieurs lieux (inconnus), pendant la saison estivale.

Il cède, au printemps 1886, cet atelier au photographe Jean Onésime (cité place Puget dès le recensement de 1886).

Les cartons-photos suivants d'Étienne Narcisse Leroux revendiquent toujours la succession de Joseph Trésorier (récompense) et précisent, sans citer d'adresse, "ex-photographe - Vichy, Cannes & Toulon". 

Cette mention peut apparaître comme un résumé de sa carrière (ateliers tenus par le passé) mais révèle peut-être la vie de photographe itinérant qu'il mène désormais. 

Cette absence de nom de ville se retrouve parfois, en effet, sur les cartons-photos d'autres photographes itinérants et il est difficile d'oublier, qu'enfant, Étienne Narcisse et ses frères et sœurs ont vécu une vie de déplacements incessants, due au métier de leur père, dentiste ambulant (Note 4).

Étienne Leroux est signalé, par la suite, domicilié à Collioures, Pyrénées-Orientales (acte de succession paternelle de 1889). 

Il semble qu'Antoine Alexandre Leroux ouvre pour sa part à Toulon, à l'époque où son frère cède l'adresse de la place Puget (y étaient-ils associés, Antoine Alexandre étant domicilié à une autre adresse ?), un atelier de photographie-horlogerie-bijouterie, bientôt dénommé, "Aux Arts Réunis" (publicités inconnues dans les journaux).

Ses cartons-photos affichent son nom précédé de son prénom ("A. Leroux" ou "Alexandre Leroux") mais le nom de la ville de Toulon, sans précision de rue. 

Il est possible qu'il confie rapidement son atelier à un gérant ou ne travaille à Toulon que pendant la saison estivale car son domicile officiel est situé à Die, dans la Drôme (adresse citée en 1889 lors de la succession paternelle).

Certains de ces cartons mentionnent cependant "Toulon & Vichy" (Image 5 ci-dessus), sans qu'il soit possible de savoir si la ville thermale est citée en évocation du passé ou comme une succursale où il se rend désormais pendant la saison d'hiver (publicités vichyssoises inconnues). La mention de cette succursale vichyssoise disparaît cependant de ses cartons-photos les plus tardifs (Image 6).

Alexandre Leroux semble conserver son atelier toulonnais jusque vers 1899. Il a alors 52 ans. Cesse-t-il toute activité professionnelle ? Réside-t-il toujours à Die ?

Que devient également son frère Étienne qui, à la même date, a 59 ans ? A-t-il stoppé toute activité professionnelle depuis plusieurs années ? Où vit-il désormais car il est absent du recensement de la ville de Collioure de 1896 (celui de 1891 est manquant).



ÈPILOGUE (HÉRAULT)


L'Univers Illustré du 13 janvier 1894, publie deux estampes réalisées d'après les photographies instantanées de "M. Leroux, photographe à Cournonterral (Hérault)". 

Ces images illustrent le récit de la manifestation pacifique de 30.000 viticulteurs du Midi qui, le 12 décembre 1893, se sont réunis dans la commune entièrement viticole de Cournonterral et se sont ensuite rendus, à environ 16 km de là, devant la préfecture de Montpellier où ils ont déposé une pétition.

Le photographe évoqué est-il l'un des frères Leroux étudiés ? Il n'est cependant pas cité dans les recensements de Cournonterral de 1891 et 1896.

Un autre journal, L'Avenir agathois signale pour sa part à trois reprises, les 26 janvier, 20 avril et 3 août 1907, la présence de "M. Leroux,  photographe-horloger-bijoutier" à Agde (Hérault), installé sur la Promenade, près de la statue du corsaire Claude Terrisse (deux publicités et un don pour une tombola).

Ce photographe est-il Alexandre Leroux ? La réponse est positive. En effet, une recherche plus approfondie dans ce même journal révèle la publicité suivante qui paraît du 25 septembre 1904 au 11 octobre 1908 :

"Photographie Leroux - À 1 Franc La Carte - On Pose Tous Les Jours de 9 Heures Du Matin À 4 Heures Du Soir - M. Leroux, Horloger-Mécanicien, élève de M. Ravaille de Nîmes - Réparations d'Horlogerie - (...) - Travail très soigné et garanti - On répare et remet à neuf tous les bijoux - L'Atelier est situé Promenade Terrisse, à Agde".

La recherche dans le registre de recensement d'Agde de 1906 permet de retrouver, rue de la Promenade, la présence de "Leroux Alexandre, né en 1847, à Villar [?], Français, chef, photographe, patron, et, Meiffren Marie, née en 1865, au Castellet (Var), Française, épouse, sans profession" (aucun enfant n'est signalé).

L'acte de naissance de son épouse est ensuite recherché dans les actes d'état civil du Castellet : "Marie Louise Meyfren (sic)", est née dans cette commune le 1er février 1865 ; elle est l'une des enfants de Léon François Meyfren (1841-1878) et de Marie Antoinette Blain (1845-apr.1903), qui se sont mariés au Castellet le 11 juin 1862.

L'acte de mariage d'Alexandre Leroux et de Marie Meyfren, absent des registres de la ville du Castellet, est cependant présent dans ceux de la ville de Toulon.

Le 19 janvier 1889, "Antoine Alexandre Leroux, 41 ans, né le 25 avril 1847, à Villar-Luserna, Italie du Nord [Piémont, au sud-ouest de Turin], d'origine française, horloger, domicilié à Toulon, quartier Claret" (dans la maison de sa mère ; son père est décédé à Toulon, au 15, place Puget, le 8 octobre 1884, et sa mère est présente à la cérémonie) (Note 5), épouse dans cette ville, "Marie Louise Meyfren, 23 ans, née au Castellet (Var) le 1er février 1865, couturière, domiciliée à Ollioules (Var) et demeurant à Toulon".

Les dates et lieux de décès d'Alexandre Leroux et de son épouse restent inconnus à ce jour (leurs noms sont absents des registres de décès de la ville d'Agde, de 1907 à 1945), comme ceux d'Étienne Leroux et de son épouse.



NOTES


1- VOIGNIER Jean-Marie, Répertoire des Photographes de France au dix-neuvième siècle, Le Pont de Pierre, 1993, p 161.

2- CHAMBRIARD Pascal, "L'apparition de la photographie touristique de Vichy (1863-1885)", dans, Bulletin de la Société d'Emulation du Bourbonnais, T 75, septembre 2011, pp. 458-495.

(3)- DELANOË Jacques, Les Pionniers de la Photographie, Terre de Brume Editions, 1996, p 130.

(4)- Un passage de, "M. L. Pierre Leroux, dentiste et seul possesseur du véritable Baume Minéral et Végétal", est notamment signalé à Bagnols (Gard) pour une durée de 15 jours en 1844 (L'Hirondelle du Gard du 22 septembre 1844).

(5)- Marie Euphrasine dite Rose et Rosine Mineur, décèdera à l'hospice civil de Toulon, le 15 février 1896, à l'âge de 80 ans (domiciliée à cette date au quartier Missiessy).