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dimanche 8 novembre 2020

1163-NICE - LA PLACE NAPOLÉON ET SES ABORDS (1860-1870)


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS 


Panorama di NizzaL'Illustrazione Universale, 28 maggio 1865, p 755, 
La place Napoléon, (vue nord-est/sud-ouest), détail du panorama (estampe de la fin des années 1840), Collection personnelle.


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 13/09/2023


INTRODUCTION


L’actuelle place Garibaldi de Nice, envisagée dès 1758, est mise en travaux vers 1773 puis bordée de bâtiments essentiellement érigés entre 1779 et 1789. Elle est établie sur la rive gauche du Paillon, au nord de la colline du Château, au-delà de l’ancienne enceinte de remparts (voir notamment aux AD06 le plan de 1787, 06PH 01194). 

Tout d’abord dénommée "piazza Pairoliera" puis vers 1789 "piazza Vittorio" (place Victor) ou "Vittoria" (place de la Victoire), en l’honneur de Vittorio Amedeo III di Sardegna, la place va changer d’appellation à plusieurs reprises, son nom étant symbolique du pays de rattachement de la ville et du pouvoir en place. 

Suite à l’occupation française (1792) puis la réunion de Nice à la France (1793), la place est renommée en 1794 "place République" (période révolutionnaire) puis "place Napoléon" (1804-1814) mais la place reprend le nom de "piazza Vittorio" après la restitution de Nice au royaume sarde

Avec l’Annexion de Nice par la France en 1860, elle prend à nouveau, dès le mois d'août, le nom de "place Napoléon" (Le Messager de Nice du 4 août 1860). A la chute du Second Empire, elle adopte, dès le 13 septembre 1870, le nouveau nom de "place Garibaldi" qu’elle conserve encore aujourd’hui.


Plan de la Ville de Nice, détail, 1856, Paris, BnF (Gallica).



De sa création à 1860, la place est essentiellement connue par des plans et quelques tableaux, estampes et aquarelles. La grande place, de forme rectangulaire, est bordée d’immeubles semblables, percés à leur base d’un rez-de-chaussée et d’un entresol ouvrant sur un portique et offrant trois étages supérieurs de baies alignées ornées d’un décor peint en trompe-l’œil. La chapelle du Saint-Sépulcre (érigée de 1782 à 1784 sous le nom de Notre-Dame-de-l'Assomption) occupe le centre de l’alignement sud.

Une aquarelle de Joseph Fricero (1807-1870) montre l’ensemble de la place Victor depuis le virage nord de la montée Eberlé située sur le versant est de la colline du Château. Cette aquarelle (voir Nice Historique - Académia Nissarda), du fait du peu de constructions dans la rue du Port (deux seuls immeubles à l’angle de la place Victor) alors plantée d’arbres (actuelle rue Ségurane), peut être datée vers 1825-1829 (voir notamment aux AD06 le plan de 1829, 06PH 00790).


Panorama di NizzaL'Illustrazione Universale, 28 maggio 1865, p 755. La place Napoléon (vue nord-est/sud-ouest),
 détail resserré du panorama vu du Mont-Alban (estampe de la fin des années 1840), Collection personnelle.



Alors que la route royale de Turin (renommée par la suite, boulevard du Pont-Vieux, actuel boulevard Jean-Jaurès) qui longe le Paillon au sud-ouest de la place Victor est fortement construite sur son côté oriental, les autres rues qui entourent la place Victor ne vont se développer qu’après 1830. 

Au nord, la suite de la route de Turin, devient la rue Victor (contrada Vittorio) dès les années 1830 (avenue de la République actuelle), à l’est, la rue de Villefranche (strada di Villafranca) est doublée par la nouvelle rue Cassini dès les années 1840, et au sud, la rue du Port (stradone del Porto) devient la rue Ségurane dans la même décennie.

La photographie la plus ancienne connue de la place Victor est attribuée au marquis de Rostaing et datée de février 1855 ; elle a été publiée par Didier Gayraud dans son ouvrage sur La Photographie à Nice, Monaco et dans les Alpes-Maritimes au XIX° siècle (Académia Nissarda, 2016 p 236).


Plan indicateur de la Ville de Nice, 1865, Paris, BnF (Gallica).

Deux éléments sont à noter : le Square Napoléon n'en est qu'au stade de projet
et l'emplacement du Cimetière Protestant sur la colline du Château est erroné.



LES PHOTOGRAPHIES DE LA PLACE NAPOLÉON (1860-1870)


Le souvenir de la place Napoléon des années 1860 est essentiellement conservé par une trentaine de photographies non datées (collections publiques et privées), réalisées notamment par Ferrier Père et Fils & Charles Soulier, Charles Paul Furne & Henri Tournier, Alphonse Davanne, Miguel Aleo, Louis Crette, Jean Walburg de Bray, Jean Andrieu, Léonard-de-St-Germain et Charles Nègre.

Ces photographies, pour la plupart panoramiques, ont été prises en plongée depuis l’extrémité nord de la colline du Château, soit depuis la montée Eberlé, sur son flanc est (comme l’aquarelle de Joseph Fricero), soit depuis la terrasse du Château, à son sommet, et présentent ainsi une vision nord ou nord-ouest des lieux.

Les vues prises de la montée Eberlé montrent : 

- l’intersection de la rue Ségurane et de la rue Sincaire (en côte), avec en face de la rue Sincaire, une ruelle (viccolo) en pente, actuellement dénommée passage Ségurane ;

- l’extrémité nord-est de la rue Ségurane bordée d’immeubles adoptant le même modèle que ceux de la place Napoléon, avec des bâtiments de même hauteur avec le même décor en trompe-l’œil mais dépourvus de portique ; 

- l’extrémité nord-ouest de la rue Ségurane, désormais dépourvue d’arbres, avec la caserne Saint-Augustin, ancien couvent du XV° siècle transformé en caserne depuis la fin du XVIII° siècle et augmenté de dépendances (actuelles caserne Filley et entrée du tramway souterrain) ;

- les toitures de l’angle sud-ouest de la place Napoléon avec l’extrémité supérieure du revers du fronton de la chapelle du Saint-Sépulcre, le sol central de la place Napoléon, ses bâtiments nord au décor peint ; les nombreux commerces situés sous les portiques (dont plusieurs cafés et restaurants) ne sont généralement pas visibles ;

- et au nord, le début de la voie et le sommet des immeubles de la rue Victor ; l'entrée de la rue Victor est encadrée de la Poste aux lettres (à gauche) et de la maison et banque Avigdor (à droite) ;

- les deux rues du côté occidental de la place, la descente du Paillon (au centre) qui mène à la passerelle franchissant le Paillon et la ruelle de la place Napoléon (au sud) ne sont généralement pas visibles.

Les vues prises depuis la terrasse du Château montrent, au-delà du cimetière du Château, la caserne Saint-Augustin, les toitures et le haut des murs des immeubles de la place Napoléon puis de la rue Victor. 

Les deux séries montrent, en dehors de la place Napoléon et de ses abords immédiats, les rives du Paillon, la colline de Carabacel et, au-delà, les monastères de Cimiez et de Saint-Pons et le cirque des montagnes entourant le nord de la ville. 

Si la place Napoléon ne subit pas de changements notables entre 1860 et 1870, en dehors des plantations effectuées en 1869 pour la création d’un grand square central, les constructions neuves des rives du Paillon et de la colline de Carabacel fournissent de précieux indices de datation.


- FURNE Charles Paul (1824-1875) & TOURNIER Henri Alexis Omer (1835-1885), 
De Nice à Gênes par la corniche - n°5, Nice, Vue prise du Château vers le Mont-Chauve, vers 1860, 
détail du cimetière du Château et de la rive gauche du Paillon, avec la place Victor/Napoléon (vue sud/nord), 
vues stéréoscopiques albuminées de 7x7,3 cm, sur carton de 17,5x8,4 cm, Collection personnelle.

- FURNE Charles Paul (1824-1875) & TOURNIER Henri Alexis Omer (1835-1885), 
De Nice à Gênes par la corniche - n°12, Nice, La Vallée du Paillon, 1860,
détail de la rive gauche du Paillon avec une partie de la rue Ségurane et de la place Victor/Napoléon (vue sud/nord),
vues stéréoscopiques albuminées de 7x7,3 cm, sur carton de 17,5x8,4 cm,
Amsterdam, Rijksmuseum, cote RP-F-F06655 (Collections).

A noter, la petite maison basse entre les grands immeubles de la rue Ségurane, le tout existant encore aujourd'hui.


Cette série de Furne & Tournier, De Nice à Gênes par la corniche, listée dans leur ouvrage de 1861, est souvent datée dans les collections étrangères, de 1859. La première vue ci-dessus ne montre pas encore les transformations du cimetière du Château entreprises par l’administration française en 1861 mais révèle, sur l’image intégrale, l’hôpital Saint-Roch terminé en 1859 et des villas le long du chemin Saint-Barthélemy (futur "boulevard Carabacel") qui impliquent pour leur part la date de 1860. Les deux photographies datent donc de 1860 même s'il est possible, qu'à la date de la prise de vue, la place porte encore la dénomination de "place Victor".


- Photographe anonyme (probablement, DAVANNE Alphonse [1824-1912]), 
Place Napoléon à Nice, fin 1860-début 1861,
tirage albuminé stéréoscopique formé de deux photographies de 6,8x7,2 cm,
 montées sur carton de 17,4x8,3 cm, Collection personnelle.

- Photographe anonyme (probablement, DAVANNE Alphonse [1824-1912]), 
Place Napoléon à Nice, détail de la vue précédente, fin 1860-début 1861,
tirage albuminé stéréoscopique formé de deux photographies de 6,8x7,2 cm,
 montées sur carton de 17,4x8,3 cm, Collection personnelle.


Sur la détail ci-dessus, la façade de l’immeuble, situé à l’angle gauche de la place, offre à sa base l'inscription lisible, "Buvette des Alliés - Sardes-Français", qui a remplacé en 1859 l'inscription, "Atelier - De - Chaussures" (présente sur une photographie datée de février 1855 et attribuée au marquis de Rostaing ; Didier Gayraud, op. cit. p 236).

Cette nouvelle inscription fait référence au passage des troupes françaises à Nice, allant combattre (mai 1859) ou revenant de combattre (août 1859), aux côtés des sardes, les autrichiens. Les troupes françaises ont été acclamées et choyées et plusieurs buvettes ont été installées dans la ville pour les désaltérer, notamment sur la place Victor.


- CRETTE Louis (c.1825-1872), Nice, La vallée du Paillon vue de la terrasse du Château, détail, vers 1861-1862,
tirage albuminé de 15,8x21,8 cm sur support de 27,6x36,1 cm, 
Amsterdam, Rijksmuseum, cote RP-F-00-1490 (Collections).


La photographie ci-dessus de Louis Crette montre deux éléments nouveaux par rapport à la photographie semblable de Furne & Tournier : dans le cimetière un mur de soutènement a été érigé par l'administration française à flanc de colline et, en contrebas, un bâtiment apparaît visiblement en fin de construction entre la rue Victor et la rive du Paillon. Cette photographie peut être datée vers 1861-1862.


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, Carabacel et place Napoléon, vers 1862,
version positive de la plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.



Sur la vue ci-dessus, la façade de l’immeuble, situé à l’angle gauche de la place, offre à sa base l'inscription désormais très lisible, "Buvette". Cette nouvelle inscription, qui a remplacé l'inscription, "Buvette des Alliés - Sardes-Français", de 1859, pourrait bien être le résultat d'une retouche du photographe mais elle est cependant présente sur une autre photographie de Miguel Aleo de 1862 (Nice, Bibliothèque de Cessole et Collections privées).

La photographie ci-dessus, élargie vers l’ouest, dévoile également les bâtiments de la caserne Saint-Augustin (avec sa guérite d'entrée), devant laquelle des plots en ciment ont été récemment ajoutés mais ce sont deux constructions neuves (lettres A et B du détail photographique ci-dessous) qui vont permettre une datation plus précise. 

L’immeuble situé sur le trottoir de droite, à l’angle sud-est de la place Napoléon et de la rue Ségurane, a désormais son toit surélevé d’un étage par rapport aux vues précédentes de Furne & Tournier et d'Alphonse Davanne (A). 

Cette modification est liée à la volonté de Jules Arnoux de "modifier la toiture de sa maison" du 2, rue Ségurane, par l'ajout d'un cinquième étage. Sa demande est déposée par deux fois le 3 avril puis le 3 août 1861 et, "les travaux ayant été commencés", finalement autorisée au milieu du mois d'août 1861, "à l'embouchure de la place Napoléon, entre la Maison Borelli et la Maison Gautier" (AM, 2T8-227).

- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, Carabacel et place Napoléon, vers 1862,
détail de la photographie précédente,
version positive de la plaque verre négative de 26,5x21 cm, Collection personnelle.


Un immeuble récent s’est également ajouté à l'ouest de la rue Victor (B), celui qui était en construction sur la vue du cimetière de Louis Crette (vers 1861-1862). 

La plaque verre révèle enfin, tout au bas de l’image, sur la gauche de la rue Ségurane, un chantier de construction. Or, à l’époque comme de nos jours, du fait de la présence du versant est de la colline du Château, il y a essentiellement, à l’extrémité de la rue Ségurane, des immeubles érigés de l’autre côté de la rue (côté pair). 

Le chantier est celui de l’asile communal Sainte-Eugénie, envisagé dès mars 1854 et repris en novembre 1860 sur un terrain municipal de la rue Ségurane (L'Avenir de Nice du 12 mars 1854 ; Le Messager de Nice du 23 novembre 1860). 

Les plans de cet asile, destiné à accueillir environ 350 enfants, ont été mis au point puis validés dès le 7 août 1861 (Le Messager de Nice du 9 août 1861) et l’adjudication des travaux a eu lieu dès octobre de la même année (AD06 - 2O722). 

Les travaux débutent à l'automne 1861 mais vont tout d’abord être consacrés aux déblais considérables de terre, roc et mur nécessaires à l’édification du bâtiment, de ses préaux et surtout de sa cour arrière (Le Messager de Nice du 28 novembre 1861). Le déblaiement dure plusieurs mois et va représenter plus d’un tiers du coût total. 

Le Messager de Nice du 21 mai 1862 signale que "la construction de la nouvelle Salle d'Asile avance" et celui du 13 juin 1862 révèle l'état des travaux : "La salle d'Asile St-Augustin est couverte ; les déblais qui doivent l'isoler du château marchent rapidement ; les ouvrages intérieurs sont commencés et tout fait espérer qu'elle pourra bientôt être livrée à sa destination. Bientôt aussi, la rue Saincaire (sic) sera entièrement nivelée ; l'arasement de quelques rocs plus rebelles l'achèvera"L’asile ne sera cependant inauguré que le 24 juin 1863. 

La prise de vue, qui montre d'une part le cinquième étage terminé de la Maison Arnoux (été 1861) et, d'autre part, le début de la construction de l’asile, date donc probablement du premier trimestre de l’année 1862. 


- Anonyme (probablement DE BRAY Jean Walburg [1839-1901]), La Place Napoléon, vers 1863-1865, 
tirage albuminé de 5,6x9,1 cm, sur carton rouge de 6,3x10,5 cm, 
Carte de visite diffusée par "Photographie & Beaux Arts Visconti - Chartier Sucr 2, rue du Cours. Nice", 
Collection personnelle.



Dans la vue ci-dessus, l'inscription "Buvette" du mur d'entrée de la place Napoléon a été recouverte de blanc et un branchement électrique est visible en haut de l'angle de ce même mur.

Dans la cour de la caserne, sur la gauche de l'image, des arbres ont été plantés et pourvus chacun d'un tuteur.

Cette photographie peut être datée entre 1863 et 1865.


- ANDRIEU Jean (1816-apr. 1872), 1712, Place Napoléon, A Nice, 1865,
tirage albuminé stéréoscopique formé de deux photographies de 7,8x7,7 cm
montées sur carton de 17,5x8,8 cm, Collection personnelle.

A noter, la montée de la rue Sincaire, visible entre l'asile Sainte-Eugénie et la caserne Saint-Augustin.




Sur la photographie ci-dessus, au tout premier plan, l’asile communal Sainte-Eugénie, avec sa cour arrière, apparaît désormais achevé. Des murs de soutènement ont été construits contre la colline, à l'arrière du bâtiment afin d'empêcher les éboulements, et les travaux de comblement sont en cours afin de transformer les espaces créés en autant d'espaces plantés de gazon. Ces travaux datent de juin et juillet 1865, ce qui date avec précision la photographie ci-dessus (Journal de Nice du 29 juin 1865).

Comme dans l'image précédente, l'inscription "Buvette" du mur a été recouverte de blanc et un branchement électrique est visible à l'angle de ce même mur. 

A l’arrière de la caserne, les tuteurs des arbres de la cour ont disparu. 

Comme dans l'image précédente, trois nouveaux bâtiments sont présents (lettres C, D et E du détail photographique ci-dessous).


- ANDRIEU Jean (1816-apr. 1872), 1712, Place Napoléon, A Nice, 1865,
détail de la photographie précédente,
tirage albuminé stéréoscopique formé de deux photographies de 7,8x7,7 cm 
montées sur carton de 17,5x8,8 cm, Collection personnelle.


L'un est une maison construite tout au bord du Paillon, sur sa rive droite (C), et les deux autres (D et E) sont des villas de la colline de Carabacel dont la maison Ferrara (E).

La première maison, réalisée vers 1862-1863 (D), est visiblement en fin de construction sur une photographie de Louis Crette (AD06 photo 10FI 0453). Les deux autres maisons datent de 1863.

A l'extrémité gauche de la photographie de Jean Andrieu, le Grand Hôtel de Nice, construit en 1863-1864 et ouvert fin 1864 est bien visible. 

Cette photographie pourrait être datée vers 1864-1865 mais elle fait partie, par son n° 1712, d’une série de Jean Andrieu bien datée de 1865 et montre de plus les murs de soutènement de l'asile érigés en juin de cette année-là.


- NÈGRE Charles (1820-1880), La place Napoléon, vers 1866, 
tirage sur papier albuminé, 
Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône.



Cette prise de vue de Charles Nègre (1820-1880), conservée d'une part aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes (AD06, plaque verre 08FI 0080 et tirage 10FI 0453) et d'autre part au Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône (tirage sur papier albuminé, ici), montre certains éléments semblables à la photo précédente.

Cette photographie est cependant postérieure, du fait de la démolition en février 1866 du vieux mur oblique au bas de la montée Sincaire (dernier vestige du bastion Sincaire) puis de la construction d'un mur d'enceinte devant la caserne Saint-Augustin, au bord de la rue Ségurane (entraînant la disparition des plots en ciment disposés près de l'entrée), pour un futur square complanté d'arbres (Journal de Nice du 4 février 1866 p 2).


- LÉONARD-DE-ST-GERMAIN (?-?), XXV, Place Napoléon, vers 1866, 
vues stéréoscopiques, deux tirages albuminés de 7,8x8,2 cm, sur carton orangé de 8,5x17,4 cm,
"Vues Diamants", Collection personnelle.


La vue ci-dessus est assez proche de la photographie de Charles Nègre précédente. Le terrain de la caserne (en partie plat et en partie en pente), situé au bord de la rue Ségurane est de même entouré d'un mur d'enceinte et les plantations n'ont toujours pas été effectuées. 

L’asile communal Sainte-Eugénie est en partie visible au bas de la photo. 

Sur la place Napoléon, un grand chapiteau est visible. Il s'agit peut-être du chapiteau du Cirque Américain Bell et Myers, installé là pour une semaine (pluvieuse) le 31 mars 1866 (Journal de Nice du 24 mars au 7 avril 1866) ou celui du Cirque Impérial des Frères God(e)froy installé pour près de deux mois à compter du 15 novembre 1866 (Journal de Nice du 17 novembre 1866 au 2 janvier 1867).


- ALEO Miguel (1824-c1900) & DAVANNE Alphonse (1824-1912), Sans titre, vers 1867,
tirage albuminé stéréoscopique formé de deux photographies de 7,8x7,5 cm 
montées sur carton de 17,3x8,6 cm, Collection personnelle.

Noter, à nouveau, la montée visible de la rue Sincaire, entre l'asile Sainte-Eugénie et la caserne Saint-Augustin.



Les nouveautés de cette photographie signée d’Aleo & Davanne sont, d'une part, la subdivision opérée au sein de l’espace enclos de murs au-devant de la caserne Saint-Augustin, déjà aménagé à moitié avec des arbres nouvellement plantés, et, d'autre part, le mur d’enceinte sud de la caserne désormais surélevé et rectifié le long de la montée Sincaire. 

L’asile communal Sainte-Eugénie est en partie visible au bas de la photo. 

La prise de vue peut être datée vers 1867.


- Photographe anonyme (peut-être, Charles NÈGRE, 1820-1880), Nice. Vue générale de la vallée du Paillon et du siphon de Cimiez prise du château de Nice, vers 1869-1870,
photographie extraite de l'ouvrage, Compagnie générale des eaux. Distribution des eaux dans la ville de Nice. Vues photographiques des travaux de captage et d'adduction des sources de Peillon à Nice. Ces travaux ont été exécutés par la compagnie de 1866 à 1869, vue 3, 1872 (sur la date de cet ouvrage, voir Journal de Nice du 18 juillet 1872 p 3).
Paris, BnF (Gallica).

Noter, à nouveau, à droite, la maison basse entre les grands immeubles de la rue Ségurane, le tout existant encore aujourd'hui. Au bas de l’image, à gauche, l’asile communal Sainte-Eugénie (emplacement de l’actuel Collège Ségurane), révèle le sommet de sa façade orientale, couronné d’une croix identifiant la chapelle du premier étage (sœurs).



Sur la photographie ci-dessus, deux éléments nouveaux sont à noter. Tout d’abord, les plantations de la place Napoléon sont récentes et une fontaine centrale marque le centre du square. 

Plusieurs fois envisagé et reporté (pétition des habitants de juin 1862, rappels du Journal de Nice de mai 1863 et août 1866), le dernier projet de square, dressé par l'ingénieur-voyer Joseph Durandy, a enfin été approuvé en novembre 1868. Modifié puis adjugé en décembre à l'entrepreneur Ugo, il est réalisé (plantations et bassin central) entre janvier et août 1869 puis entre octobre 1869 et juin 1870. La statue du Général Bonaparte espérée pour compléter le square ne sera cependant pas réalisée, pas plus, probablement, que les sculptures allégoriques et mythologiques devant orner le double bassin de pierre et de fonte du projet décrit en juillet 1869 (gueules de lions sur le pourtour, quatre chevaux marins d'angles, monument central aux figures sculptées, le tout assorti de jets d'eau) (Journal de Nice du 24 juillet 1869 p 3).

Deuxième élément notable, la taille des arbres enclos dans le mur d’enceinte de la caserne Saint-Augustin s’est fortement développée. 

Cette photographie peut être datée vers 1869-1870.

D'autres photographies contemporaines, et notamment une photographie du Fonds Alinari (ici) dévoilent la colline de Carabacel avec la Maison Ferraradevenue le monastère du Saint-Sacrement, qui a triplé de volume (ailes latérales). 



ÉPILOGUE

Si l’adjudication des travaux du pont métallique, destiné à remplacer la passerelle reliant la place Napoléon à la rive droite du Paillon, est actée en Préfecture le 29 juin 1870 (Journal de Nice du 1er juillet 1870), le pont, retardé par la Guerre franco-prussienne et la Commune, ne sera achevé qu’en 1873 et prendra, comme la place, le nom de Garibaldi. 

Le Monument à Garibaldi, emblématique de la place actuelle, envisagé dès l'annonce de la mort de Giuseppe Garibaldi le 4 juin 1882, ne sera pour sa part inauguré que le 4 octobre 1891 (voir une photographie du Fonds Alinari, ici).