BIVOUACS
L'heure étire sa matière.
Bleue de cette poussière d'altitude.
La lumière rapace, survole. Feu de la déchirure.
Dans ce peu de blanc que le soir tolère, la terre sent.
De cette odeur de proie délavée.
La nuit ne pèse pas. Érode les hauteurs. Éclabousse.
S'écoule par les voies du dégel.
Masque roc, terre et sable.
Les pierres reposent.
Dans une autre ombre que la leur.
S'écoule par les voies du dégel.
Masque roc, terre et sable.
Les pierres reposent.
Dans une autre ombre que la leur.
La nuit les noie dans leur sommeil engouffré de vent.
Au matin, le ciel déchale jusqu'à l'idée d'horizon.
Laissant les pierres humides et noires.
Laissant les pierres humides et noires.
Les fenêtres des maisons de terre
ouvrent sur les trois stations du soleil.
Du zénith, l’œil déduit le point souterrain, l'axe du basculement.
Du zénith, l’œil déduit le point souterrain, l'axe du basculement.
Trace l'encerclement de la démesure.
Point d'ouverture au nord.
Peut-être quelque ébréchure de ciel.
Point d'ouverture au nord.
Peut-être quelque ébréchure de ciel.
Brisé l'arbre de l'étendue.
Disparue la demeure de bois creux où nous fondions notre espace.
Disparue la demeure de bois creux où nous fondions notre espace.
Dispersé ce repaire d'ombre et de bêtes.
L'horizon a gagné quelques mètres.
Là où l'écorce n'était que cerne de limites.
L'horizon a gagné quelques mètres.
Là où l'écorce n'était que cerne de limites.
Mais le vide est une autre figuration.
C'est de cet arrachement qu'il s'agit.
Et de l'empreinte de l'invisible fleuve.
Le tronc de l'eau aux racines de sources et de rivières.
Et de l'empreinte de l'invisible fleuve.
Le tronc de l'eau aux racines de sources et de rivières.
A gué, nous empruntons ce couloir desséché.
La trace de l'écoulement vers le parvenir.
Nous modelons notre non-appartenance dans ce lit de terre fossile.
La trace de l'écoulement vers le parvenir.
Nous modelons notre non-appartenance dans ce lit de terre fossile.
Mue du ciel. D'une lumière, l'autre.
Bivouacs alternatifs de la nuit.
Le vent des surfaces a la parole haute.
D'emblée démêler le dire.
Le vent des surfaces a la parole haute.
D'emblée démêler le dire.
Pleins et lueurs se délitent. Se délitent.
Le désert avance.
Ainsi. Ciel et sol. Sans échelle.
Ainsi. Ciel et sol. Sans échelle.
Lent glissement du brouillard blanc sur la page. Dissolvant.
Sommes-nous présents ?
C'est autour de cet îlot de signes que se concentrent
Toutes les forces confondues du blanc en train de se faire.
Actes du temps. Le jour prend corps.
Se rassemble.
Autour du noyau.
Se rassemble.
Autour du noyau.
Du manque.
C'est le ciel dans sa suspension, dans son étirement d'oeuvre.
Le ciel dans sa qualité d'émail et de soufre.
Le ciel, et sa sève lourde et collante au corps.
Le ciel dans sa qualité d'émail et de soufre.
Le ciel, et sa sève lourde et collante au corps.
D'autres résonances dans les aspérités de l'air...
Nous fondons notre équilibre sur l'instable.
L'étendue respire. Semblable, se transforme.
Vagues de vent et de sel.
L'étendue respire. Semblable, se transforme.
Vagues de vent et de sel.
Nous empilons les pierres pour nos feux,
Pour nos morts, que l'air attise.
Câble distendu du vent.
Et quelques arbres
Et quelques arbres
Dans ces ressauts d'architecture molle.
Bruissant d'amer. Paraphrasant notre mouvance.
Place d'à coté de la place.
En recul. D'entre. Donnant sur.
Que cette place limitrophe. Dévolue. Nomade.
(Textes extraits du recueil, Étrange Attente, 1998).
(Photo, Massif de l'Estérel - Hommage à Escher, 2011).