- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Autoportrait, vers 1762,
mine de plomb, aquarelle, sanguine, gouache sur papier de 25x19 cm, Chantilly, Musée Condé.
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Cet article est la synthèse d'éléments tirés de nombreux articles mais également de l'ouvrage de Laurence de Brancion, Carmontelle au jardin des illusions, Editions Monelle Hayot, 2003, qui relate la vie et l'oeuvre de Carmontelle et révèle l'histoire des personnes et des lieux fréquentés et dessinés par lui.
LA VIE ET L'OEUVRE DE LOUIS CARROGIS DIT CARMONTELLE (1717-1806)
En 1746, il devient le précepteur des enfants du marquis d’Armentières qui dirige les troupes en Flandres. Il participe ensuite aux premières années de la Guerre de Sept Ans (1756-1759) et il réalise, en Prusse, les portraits des officiers.
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Portrait d'Emmanuel Louis de Pons Saint-Maurice, 1755,
Emmanuel Louis de Pons (c.1715-?), premier gentilhomme de la chambre du duc d'Orléans, gouverneur du duc de Chartres,
crayon et sanguine sur papier de 15,3x20 cm, Chantilly, Musée Condé.
Après avoir quitté l’armée, il devient en 1759 (à 42 ans) le précepteur (science militaire, dessin, gravure…) du jeune duc de Chartres (1747-1793), fils du duc d’Orléans (1725-1785) et vit auprès d’eux dans leur résidence hivernale parisienne du Palais-Royal et les accompagne dans leurs résidences d’été de Saint-Cloud et Villers-Cotterêts et dans celles de leurs proches.
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Portrait du duc d'Orléans et de son fils le duc de Chartres, 1759,
estampe, Paris, BnF.
Carmontelle réalise, dès lors, une galerie de portraits de l’élite de son temps, nobles et artistes (Rameau, Duni, Mozart, Rousseau, Voltaire, Diderot, Buffon…).
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Portraits de la comtesse de Blot et de la marquise de Barbantane, vers 1759 (?),
mine de plomb, aquarelle, gouache, sanguine sur papier de 23,5x32 cm, Chantilly, Musée Condé.
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Portraits des membres de la Famille Mozart en concert, 1763,
mine de plomb, aquarelle, gouache, sanguine sur papier de 20x32,5 cm, Chantilly, Musée Condé.
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Portrait du duc d'Orléans avec l'uniforme de l'équipage du Cerf, 1763,
mine de plomb, aquarelle, gouache, sanguine sur papier de 22x35 cm, Chantilly, Musée Condé.
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Portrait du duc de Chartres en costume de Villers-Cotterêts, 1764,
mine de plomb, aquarelle, gouache, sanguine sur papier de 16,3x30,5 cm, Chantilly, Musée Condé.
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Le Portrait, et, Le Mari absent,
Recueil illustré de 103 dessins pour les Proverbes dramatiques, 1778,
aquarelle sur papier, Chantilly, Musée Condé.
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), L'abbé de Coure-Dîner, et, Le Peintre en cul de sac,
Recueil illustré de 103 dessins pour les Proverbes dramatiques, 1778,
aquarelle sur papier, Chantilly, Musée Condé.
Il organise de nombreuses fêtes (cérémonies, chants, pantomimes, danses et ballets, fêtes champêtres, arguments chinois, pièces de théâtre, illuminations, feux d’artifice, réalisation de portraits) réglant jusqu’au détail des couleurs symboliques des costumes, des animaux et des repas. Il fait également l’acteur interprétant parfois tous les rôles, y compris féminins, avec humour et parfois même un style « poissard » (grivois).
A l’occasion du mariage du duc de Chartres en 1769 (le couple aura six enfants et leur fils aîné deviendra le roi des français, Louis-Philippe, de 1830 à 1848), Carmontelle peint sur une grande toile fine verticale, rétro-éclairée par des pots à huile, le décor d’un paysage italien vu d’une terrasse.
De 1769 à 1774 (date de la mort de Louis XV), il dessine et fait réaliser les jardins du parc Monceau de la nouvelle propriété du duc de Chartres. Inspiré par les jardins anglais et japonais, Carmontelle multiplie au parc Monceau les points de vue et les perspectives au travers de bosquets mais également de fabriques et de ruines de tout style et de toute époque (la "Folie de Chartres"). Il décore également de peintures, de sculptures et de meubles les pavillons du parc.
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Jardin de Monceau, Vue du principal Pavillon et du jeu de Bague, 1779,
l'une des 18 estampes de l'ouvrage, Paris, BnF.
l'une des 18 estampes de l'ouvrage, Paris, BnF.
Sur les carreaux de verre des fenêtres du pavillon principal, il positionne en hiver des peintures transparentes qui transforment la vision du paysage dépouillé en paysage estival ou exotique. En 1779, il publie un ouvrage sur cette réalisation, contenant textes et estampes. A partir de la même année, il succède progressivement à Diderot pour la rédaction de la Critique des Salons, s’opposant à l’Académie et vantant les œuvres de David et de Greuze.
Ecrivain et acteur moyen, dessinateur mais pas peintre, le voilà qui jouit, à près de 60 ans, du succès dû au parc Monceau (dont la conception est très imitée). Il continue à organiser des divertissements et écrire des comédies et à enrichir ses recueils de portraits (du noble au serviteur), recueils qu’il souhaite vendre mais sans les éparpiller.
Il réalise également des spectacles de lanterne magique, insérant dans une grande boîte de larges diapositives en verre rétro-éclairées par des torches. En 1780, c’est à nouveau un immense transparent qu’il produit, rétro-éclairé par de la paille en feu dans des tranchées.
En 1783, il réalise le premier d’une série exceptionnelle de transparents (une dizaine au total), faisant cette fois défiler, de jour, dans une boîte, une bande enroulée longue de 2,20 à 52 mètres et haute de 25 à 53 cm, peinte de paysages grandioses et de scènes de genre et rétro-éclairée par la lumière d'une fenêtre.
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Transparent, vers 1783-1806,
boîte en bois précieux se refermant par deux portes (avant et arrière) et permettant de faire défiler d'un rouleau à l'autre (manivelles sur le dessus) les feuilles peintes rétroéclairées,
transparent long de 42 mètres, aquarelle, gouache et encre de Chine sur 119 feuilles de papier doublé de soie,
Musée du Domaine Départemental de Sceaux (Île-de-France).
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Les Quatre Saisons, 1798,
le transparent, long de 42 mètres, en restauration, avec les deux rouleaux visibles,
aquarelle, gouache et encre de Chine sur 119 feuilles de papier doublé de soie,
Musée du Domaine Départemental de Sceaux (Île-de-France).
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Les Campagnes de France, transparents, vers 1783-1804,
pierre noire, plume et encre noire, aquarelle et gouache sur feuilles de papier Whatman,
vente anonyme Sotheby's, Londres, 7-8 juillet 2011 et vente Christie's, Paris, du 28 novembre 2017.
En 1785 meurt le duc d’Orléans et Carmontelle s’attache davantage aux services de sa belle-fille. Alors qu’au château de Raincy, il exécute des paysages à la gouache, il fait peindre à la duchesse les paysages sur les grands boutons de chasse de l'uniforme de son mari.boîte en bois précieux se refermant par deux portes (avant et arrière) et permettant de faire défiler d'un rouleau à l'autre (manivelles sur le dessus) les feuilles peintes rétroéclairées,
transparent long de 42 mètres, aquarelle, gouache et encre de Chine sur 119 feuilles de papier doublé de soie,
Musée du Domaine Départemental de Sceaux (Île-de-France).
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Les Quatre Saisons, 1798,
le transparent, long de 42 mètres, en restauration, avec les deux rouleaux visibles,
aquarelle, gouache et encre de Chine sur 119 feuilles de papier doublé de soie,
Musée du Domaine Départemental de Sceaux (Île-de-France).
- CARMONTELLE (Louis Carrogis dit, 1717-1806), Les Campagnes de France, transparents, vers 1783-1804,
pierre noire, plume et encre noire, aquarelle et gouache sur feuilles de papier Whatman,
vente anonyme Sotheby's, Londres, 7-8 juillet 2011 et vente Christie's, Paris, du 28 novembre 2017.
Suite à la Révolution française (1789), le duc est incarcéré et ses biens sont confisqués (1793). Carmontelle est choqué par les emprisonnements et les exécutions de ses connaissances et notamment par celle du duc. Fuyant la Terreur, il quitte Paris cette année-là et rejoint sa sœur à Monfort-L’Amaury (Île-de-France). Là, et ensuite à Paris où il revient l’année suivante, il continue ses transparents, jusqu'en 1804. Il meurt à 89 ans, en 1806.
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