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dimanche 28 décembre 2025

1432-LES PREMIERS PHOTOGRAPHES DE BAYONNE (1839-1859)

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- Annonce de la mise en vente de Daguerréotypes, parue dans Le Phare de Bayonne du 24 octobre 1839, Médiathèque de Bayonne, Patrimoine.



PRÉSENTATION


L'annonce de l'invention du Daguerréotype est diffusée à Bayonne (Basses-Pyrénées, actuelles Pyrénées-Atlantiques), dès le mois de juillet 1839 (La Sentinelle des Pyrénées du 13 juillet 1839).

Dès octobre-novembre, les appareils sont en vente dans la ville, chez le pharmacien Le Beuf/Lebeuf et les opticiens Grasselly & Zambra (Le Phare de Bayonne du 24 octobre 1839 ; Le Mémorial des Pyrénées du 28 novembre 1839) (Image ci-dessus).

En décembre 1839, des vues au Daguerréotype des différents sites de la ville de Pau (Basses-Pyrénées, à environ 115 km à l'est de Bayonne), sont réalisées par plusieurs étrangers dont le célèbre Lieutenant-général Jacqueminot (1787-1865).

Il faut cependant attendre l'automne 1841, pour que les journaux signalent le passage d'un daguerréotypeur itinérant à Bayonne, pour quelques semaines seulement (Note 1). 

Ce dernier, du nom de Santocildes (non dénommé dans l'Image ci-dessous), est un jeune Espagnol (soldat en exil) qui va revenir dans la ville pendant plusieurs années. 


- Annonce de M. Santocildes, parue dans La Sentinelle des Pyrénées du 21 novembre 1841, Médiathèque de Bayonne, Patrimoine.



D'autres artistes de nationalité espagnole, suisse et française, vont ensuite se succéder à Bayonne. Ce sont le plus souvent des peintres de formation, initiés à la photographie à Paris, tout d'abord auprès de M. Daguerre lui-même. Leur nombre reste cependant limité à cinq dans les années 1840 mais va plus que doubler dans la décennie suivante.

Tout en possédant parfois un atelier dans la capitale, ils sillonnent la province française et accèdent à Bayonne par Bordeaux (Gironde) et Dax (Landes) ou par Toulouse (Haute-Garonne) et Pau (Basses-Pyrénées). 

Le nom de certains daguerréotypeurs opérant à Bayonne se retrouve d'ailleurs signalé dans ces mêmes villes mais également dans d'autres localités des Basses-Pyrénées, comme Orthez ou Biarritz.

Ces photographes prolongent parfois leur itinéraire jusqu'en Espagne où, dès novembre 1839, des prises de vue ont été réalisées à Barcelone et Madrid (Le Mémorial des Pyrénées du 28 novembre 1839).

Le premier atelier pérenne semble créé par l'un des habitants de Bayonne, le marchand-épicier Achille Frogé (qui est né à Pau en 1804 et s'est marié à Bayonne en 1829). 

Dès avril 1843, ce dernier propose en effet dans son épicerie située rue Salie, 16, un "Assortiment de Daguerréotypes" et leurs accessoires, et il précise, dès septembre de la même année, qu'il "fait le portrait" (La Sentinelles des Pyrénées du 15 avril 1843 ; Le Phare des Pyrénées du 15 septembre 1843). 

Durant la saison d'hiver 1844-45, Achille Frogé devient l'associé de M. Santocildes. Il tient ensuite son atelier de photographie à des adresses (périodiques ?) qui s'avèrent parfois différentes de celle de son épicerie. Il devient également l'associé de M. Louis en novembre 1850.

Au-delà des années 1840, quelques daguerréotypeurs vont continuer à installer leur atelier temporaire à Bayonne et vont parfois se fixer dans la ville.

Mariano Moreno, de Bordeaux, qui opère à Bayonne chaque saison estivale à partir de 1851, s'y fixe en 1856 (Note 7).

M. Bordes, artiste itinérant, qui est déjà venu à Bayonne à une date non précisée (probablement en 1856 où il est signalé dans d'autres villes du département), ouvre ses "nouveaux ateliers" pérennes dans la ville, en décembre 1858 (Le Messager de Bayonne du 30 décembre 1858).

Cependant, lorsque des photographes sont signalés à plusieurs reprises, lors d'une même année ou lors de plusieurs années successives, il n'est pas toujours possible de savoir s'ils sont domiciliés à Bayonne ou s'ils y effectuent des passages répétés. 

Les publicités qui les révèlent paraissent essentiellement entre avril et septembre, ainsi qu'à l'approche des fêtes de fin d'année mais d'autres sont publiées en toute saison et pour des durées variables. 

Ainsi, M. Santocildes est-il signalé à Bayonne à l'automne 1839 (novembre), au printemps 1844 (avril-mai) puis de l'automne 1846 à l'hiver 1847 (d'octobre à mars) et M. Delvaille, est de passage l'hiver 1852 (janvier-février).

Tous ces photographes sont des portraitistes mais au moins cinq d'entre eux sont également des paysagistes et proposent notamment des Vues de Bayonne et de ses environs, comme :

- M. Santocildes, au plus tard en 1846, 

- Achille Frogé, avant 1856, date de sortie de son troisième album, notamment acquis par l'Empereur Napoléon III, 

- Mariano Moreno, au plus tard en 1856 (Note 7), 

- Martin Miguel Azparren, au plus tard en 1857 mais domicilié comme peintre à Bayonne dès 1849 (Note 4) 

- ou encore M. Bordes, vues stéréoscopiques, au plus tard en 1858.



LES PREMIERS PHOTOGRAPHES DE BAYONNE 


Les listes présentant ci-dessous les premiers photographes ayant travaillé à Bayonne entre 1839 et 1859 sont, par nature, incomplètes. Elles découlent des seuls articles et publicités relevés, lors de cette période, dans des journaux conservés et numérisés.


Liste alphabétique

Peu de renseignements ont pu être recueillis sur la vie des photographes. Leurs prénoms et leurs dates de naissance et de décès restent pour la plupart inconnus.


- AZPARREN ou ASPARREN Martin Miguel (Espagnol, Eugui 1818 - Bayonne 1867) (Notes 2 et 4) - BORDES (Note 2) - DELVAILLE - FROGÉ Jean Paul Achille (Pau 1804 - ?) (Note 2) - GARY, probablement GARY Michel (Gourdon 1831 - Bordeaux 1899) - LASSALLE Justin Étienne - LOUIS (Note 3) - MICHEL - MORENO Mariano (Espagnol, Murcia 1799 - Bayonne 1869) (Notes 2 et 7) - ROVÈRE Jean - SANTOCILDES (Espagnol) - SCHMIDLY (Suisse) (Note 6) - VIDAL -


Liste chronologique

La liste ci-dessous cite uniquement les photographes lors des années où leur atelier, temporaire ou pérenne, est attesté par un document.

Il en va de même pour les adresses. Plusieurs d'entre elles, parfois partiellement signalées ou apparemment différentes, s'avèrent équivalentes du fait d'une maison d'angle donnant sur deux voies ou d'une appellation tantôt liée au propriétaire de la Maison, au nom du Café ou à celui de son gérant.


NOM : noms des photographes dont la présence est pérenne

NOM : noms en italique des photographes de passage (itinérants ou en villégiature) 

NOM : noms soulignés des photographes saisonniers (présence répétitive)

NOM : noms absents de l'ouvrage de Jean-Marie Voignier (Note 2)

"NOM" : noms entre guillemets présents dans l'ouvrage de Jean-Marie Voignier mais pas cités dans la ville étudiée

[Prénom] : les prénoms et autres renseignements entre crochets sont ceux retrouvés en dehors des journaux locaux.


1839 :


1840 :


1841 : SANTOCILDES, rue Port-Neuf, 19, chez M. Prévot, et même rue au n° 2, Café Américain, au 5ème étage (à l'angle de la place de la Liberté)


1842 :


1843 Achille FROGÉ, rue Salie, 16 - MICHEL, quai Gualuperie, 8 -


1844 SANTOCILDES, terrasse du Café Italien (de M. Farnié, près du Théâtre), au 4ème étage - Achille FROGÉ, rue Salie, 16 - 


1845 :  Achille FROGÉ, rue du Bourg-Neuf - Jean ROVÈRE (adresse ?) - 


1846 : SANTOCILDES, terrasse du Café Italien - SCHMIDLY, chez Mme Bacqué puis rue de l'Evêché, 5 -


1847 : SANTOCILDES, terrasse du Café Italien - Achille FROGÉ, rue Salie, 16 -


1848 :


1849 : Jean ROVÈRE, aceaux du Port, 2, près du Café Américain ou Maison du Café Américain- 


1850 : "LOUIS" & Achille FROGÉ, Café Américain, au 3ème étage, Port-Neuf, 22 - Jean ROVÈRE, Maison Lagarde, arceaux du Port-Neuf, 31 - 


1851 : Achille FROGÉ, Café Américain - [Mariano] MORENO, arceaux du Port-Neuf, au-dessus du Café Américain - 


1852 : DELVAILLE, Café Italien, au 4ème étage - [Mariano] MORENO, arceaux du Port-Neuf, au-dessus du Café Américain 


1853 :  


1854 : "Justin Étienne LASSALLE", place d'Armes, hôtel de la Bilbaïna, au 1er étage - [Mariano] MORENO, arceaux du Port-Neuf, 41 Maison Montespan ou/puis Café Ducassou (dit aussi Café du Théâtre, place de la Liberté) - 


1855 : M. et Mme MORENO, rue du Gouvernement, 7 ou ancienne place d'Armes, 7, en face de l'hôtel Saint-Etienne, puis rue Lormand, 19


1856 Achille FROGÉ, Café Américain, arceaux du Port-Neuf, 21 - M. et Mme MORENO, rue Lormand, 19 - 


1857 : (Martin Miguel) AZPARREN [rue d'Espagne, 71] - M. et Mme MORENO, rue Lormand, 19 - 


1858 : BORDES, arceaux du Port-Neuf, 1 - M. et Mme MORENO, rue Lormand, 19 - VIDAL, rue d'Espagne, 42 -


1859 : [Martin Miguel] AZPARREN [rue d'Espagne, 71] - BORDES, arceaux du Port-Neuf, 1 - "GARY", arceaux du Port-Neuf, 35 - M. et Mme MORENO, rue Lormand, 19 - VIDAL



NOTES


(1)- Archives et Portail de la Médiathèque de Bayonne, sites : Patrimoine, iciBilketaici et Pireneasici.

- Collections du Musée basque et de l'histoire de Bayonne, ici.

- Collections de la Bibliothèque nationale de France, Gallica.


(2)- Jean-Marie Voignier, "Bayonne", dans, Répertoire des Photographes de France au Dix-neuvième siècle, Le Pont de Pierre, 1993.

L'auteur cite notamment quatre photographes à Bayonne, lors de la période étudiée : Azparren Martin Miguel (rue d'Espagne, 71), Bordes, Frogé Achille et Moreno.


(3)- Hervé Lestang, Photographes de "Bayonne", sur son site Portrait Sépia, ici.


(4)- Ignacio J. Urricelqui Pacho, "Martin Miguel Azparren y la Pintura nazarena en Navarra", article de 2024, PDF mis en ligne sur Dialnetici.


(5)- François Bordes, "Photographie, cartes postales et collections : les « compositions » du photographe Gaston Ouvrard", article paru en 2001 dans la revue Communication & Langages et mis en ligne en 2023 sur OpenEdition Books, ici.


(6)- "Schmidly (?-?), daguerréotypeur des années 1840", décembre 2025, sur ce blog, ici.


(7)- "Mariano Moreno, photographe à Bordeaux puis Bayonne", dont "Rovère & Mariano" et "M. & Mme Moreno", décembre 2025, sur ce blog, ici.