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samedi 22 novembre 2025

1426-PHILIBERT DERUSSY, "LE RAPHAËL DU DAGUERRÉOTYPE"-2


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


VOIR LA PREMIÈRE PARTIE DE CET ARTICLE


PHILIBERT DERUSSY, "LE RAPHAËL DU DAGUERRÉOTYPE"

2- ÉTIQUETTES



LE CORPUS


Ce deuxième article consacré à Philibert Derussy va étudier le texte des étiquettes présentes au revers de ses daguerréotypes, afin d'approfondir la connaissance de sa pratique et de ses offres puis d'esquisser une chronologie des étiquettes et des portraits correspondants. 

La datation internationale de ces daguerréotypes a été, jusque là, fortement conditionnée par la période d'activité supposée de Philibert Derussy (entre 1845 et 1851), période qui s'avère désormais, potentiellement deux fois plus longue (entre 1841 et 1854).

L'étude repose sur un corpus d'oeuvres représentatif mais limité à soixante-dix daguerréotypes environ, sur un ensemble qui s'élevait probablement à plus de 20.000 au XIXe siècle.

Ce sont des portraits individuels, de couples ou de familles et de plus rares nus (tardifs ?), réalisés exclusivement en studio.

Ces derniers sont notamment conservés à la BnF (Paris, 10), au Musée Nicéphore Nièpce (Chalon-sur-Saône, 2), à la Bibliothèque de Genève (Suisse, 3), au Musée Ludwig de Cologne (Allemagne, 2), au George Eastman Museum de Rochester, État de New York (États-Unis, 6), au Getty Museum de Los Angeles (Etats-Unis, 2).

Des exemplaire isolés sont également conservés dans d'autres institutions (Bibliothèque de l'Ecole Estienne, Paris ; Fonds Roger-Viollet, Paris ; Musées d'Angers, Maine-et-Loire ;  Landerneau, Finistère...).

D'autres appartiennent à des Collections privées (notamment en France, Belgique, Suisse et Allemagne), révélés par leur reproduction dans des ouvrages, articles, ventes aux enchères et Collections en ligne.

Sur les 70 étudiés, trente ont conservé leur étiquette d'origine, si tant est qu'ils en possédaient tous une.

Nombre d'entre eux affichent, en effet, au recto, au bas du montage (à droite ou à gauche), le nom de "Derussy" et son adresse "rue des Prouvaires, 3", avec des variations sur la couleur des caractères, la mise en italique du nom ou de l'adresse, et le mot "rue" abrégé, entier ou présentant une majuscule.

Enfin, une quinzaine présente, au verso, une date manuscrite, par ailleurs sujette à caution, ayant certes pu être inscrite par le photographe ou la personne représentée, mais également par un proche, un descendant ou encore un collectionneur (parfois d'après l'âge estimé de la personne représentée et identifiée).

Ces étiquettes, déjà mises en évidence par Janet E. Buerger dans son ouvrage de 1986 (French Daguerreotypes, The University of Chicago Press, 1986, pp. 212-213), offrent deux principaux types de textes : l'un très bref (Type 1), réduit aux renseignements essentiels et l'autre long et riche d'enseignements (Type 2).



ÉTIQUETTES DE TYPE 1


Présentation

Il existe deux variantes :

1a : "PORTRAITS PHOTOGRAPHIQUES - Perfectionnés par - DERUSSY - de Lyon - 3, Rue des Prouvaires, 3 - PARIS."


- DERUSSY Philibert (1814-1894), Etiquette présente au verso du
Portrait d'homme jeune, à mi-jambes, assis, vers 1845-1851,
Paris, BnF.



- 1b : PORTRAITS PHOTOGRAPHIQUES - Perfectionnés par - DERUSSY - ET COMP.ie - 3, Rue des Prouvaires, 3 - PARIS."


- DERUSSY Philibert (1814-1894), Etiquette présente au verso du
Portrait de femme, de face, assise, non daté,
vendu aux enchères en septembre 2012 (ici).



ÉTIQUETTES DE TYPE 2


Présentation

Au-delà d'avoir servi d'étiquettes, il existe une forte probabilité que ces textes aient servi de prospectus à Philibert Derussy, pour une distribution dans les boîtes aux lettres et pour une mise à disposition du public dans sa galerie personnelle de la rue Saint-Honoré et lors des Expositions de groupe auxquelles il a participé (1844, 1847 et 1849).

Certaines étiquettes apparaissent en partie décollées, tachées ou déchirées rendant d'autant plus difficile l'identification de la version concernée. Elles sont d'une longueur très variable, offrant un minimum de 3 paragraphes et un maximum de 10. 

Ceci s'explique peut-être par des impressions de textes de longueurs différentes mais, plus probablement, par l'amputation de la partie basse d'un texte originel de 10 paragraphes, afin d'adapter le collage de l'étiquette à la longueur du support.

Trois variantes d'un même texte ont pu être relevées mais d'autres peuvent exister. 

Ces variantes sont recopiées fidèlement ci-dessous avec leurs majuscules et minuscules, leur ponctuation et leurs mots en italique mais sans leur mise en page (justification, espacement, traits de séparation ou de division des paragraphes) et leur typographie (choix des polices et tailles de caractères, lettres doublées ou ombrées, lettres attachées ou non, textes mis en gras). 

Les passages à la ligne sont indiqués ici par un trait d'union et les phrases ou mots soulignés sont destinés à attirer l'attention sur les différences relatives au texte précédent (mots/phrases ajoutés et/ou déplacés ou dont la mise en majuscules ou en italique a été supprimée d'un type de texte à l'autre).

L'ordre même de ces trois variantes se veut le reflet d'une chronologie supposée qui sera justifiée plus bas. 

Enfin, la partie artificiellement détachée du texte, au bas de chacune des variantes, cherche à mettre en évidence les passages les plus rares car généralement coupés.


2a : Rue des Prouvaires, 3, - près la rue St-Honoré, - en face celle du Roule. - PORTRAITS - AU DAGUERRÉOTYPE, - SYSTÈME Derussy, - PROCÉDÉ CONNU DE LUI SEUL - Après de longues recherches, le sieur Derussy est parvenu à - donner à l'admirable découverte de M. Daguerre une perfection - à laquelle on n'était pas encore arrivé. - Grâce à lui, on pourra dés- - ormais, pour une somme bien modique, avoir son portrait d'après - nature et de parfaite ressemblance, chose qui jusqu'à ce jour avait - coûté fort cher tout en atteignant très rarement le but désiré. - M. Derussy ne livre les Portraits qu'après l'entière satisfaction - des personnes qui veulent bien l'honorer de leur confiance, au - prix de 4, 6, 10 fr. et au-dessus, à l'ombre et en quelques secondes. - PORTRAITS DE PERSONNES DÉCÉDÉES. - On se transporte au domicile des personnes qui le désirent.

- REPRODUCTION - De Tableaux, Monuments, Maisons de campagne, etc. - Tous les portraits sont garantis fixés au chlorure d'or, ce qui les - rend inaltérables et pleins de vigueur. - Son Salon de pose, vitré et chauffé l'hiver, est ouvert tous les jours. - On donne des leçons aux amateurs, et l'on vend des Daguerréotypes à des prix modérés. - On opère en toute saison et en tous les temps. - Le public est prié de visiter son exposition rue St-Honoré, 83. - Grande Fabrique de Daguerréotypes à l'épreuve."


- DERUSSY Philibert (1814-1894), Etiquette, de trois paragraphes, présente au verso du
 Portrait d'homme en buste, de trois-quarts, vers 1845-1851,
Paris, BnF.



2b : "Rue des Prouvaires, 3, - près la rue St-Honoré, - en face celle du Roule. - PORTRAITS - AU DAGUERRÉOTYPE, - Exécutés par DERUSSY, Professeur.Procédé connu de lui seul. - Après de longues recherches, le sieur Derussy est parvenu à - donner à l'admirable découverte de M. Daguerre une perfection - à laquelle on n'était pas encore arrivé. - Les teintes naturelles étant reproduites avec une vérité inconnue jusqu'à ce jour. - Grâce à lui, on pourra dés- - ormais, pour une somme bien modique, avoir son portrait d'après - nature et de parfaite ressemblance, chose qui avait toujours coûté fort - cher tout en atteignant très- rarement le but désiré. - M. Derussy ne livre les Portraits qu'après l'entière satisfaction des - personnes qui veulent bien l'honorer de leur confiance, au prix de - 4, 6, 10 fr. et au-dessus, à l'ombre et en quelques secondes. - PORTRAITS DE PERSONNES DÉCÉDÉES. - On se transporte au domicile des personnes qui le désirent. 

- REPRODUCTION - De Tableaux, Monuments, Maisons de campagne, etc. - Tous les portraits sont garantis fixés au chlorure d'or, ce qui les - rend inaltérables et pleins de vigueur. - Son Salon de pose, vitré et chauffé l'hiver, est ouvert tous les jours. - On donne des leçons aux amateurs, et l'on vend des Daguerréotypes à des prix modérés. - On opère en toute saison et en tous les temps. - Le public est prié de visiter son exposition rue St-Honoré, 83. - Grande Fabrique de Daguerréotypes à l'épreuve."


- DERUSSY Philibert (1814-1894), Etiquette, de six paragraphes, présente au verso du
Portrait d'homme à genoux, assis de face, vers 1845-1851,
Paris, BnF.



2c : "Rue des Prouvaires, 3, - près la rue St-Honoré, - en face celle du Roule, A PARIS. - PORTRAITS - AU DAGUERRÉOTYPE, - Exécutés par DERUSSY, Professeur. - Procédé connu de lui seul. - Les Connaisseurs sont priés de visiter son expostion, rue Saint-Honoré, 83. - Après de longues recherches, le sieur Derussy est parvenu à doter l'admi- - rable découverte de M. Daguerre une perfection - à laquelle on n'était pas - encore arrivé. Depuis trois ans douze mille Portraits répandus dans le - monde et tous faits à son domicile, rue des Prouvaires, 3, lequel tout récemment reconstruit d'une manière spéciale, lui permet d'obtenir avec plus de - facilité ces ombres douces et fondues qui lui ont valu un si grand succès. Grâce - à lui, on pourra désormais, pour une somme bien modique, avoir son portrait - d'après nature et de parfaite ressemblance, chose qui avait toujours coûté fort - cher tout en atteignant très rarement le but désiré, les teintes naturelles étant - reproduites avec une vérité inconnue jusqu'à ce jour. - Portraits à 6, 8, 10 fr. et au-dessus, à l'ombre et en quelques secondes. 

Portraits de personnes décédées, reproduction de Tableaux, Objets d'art et - de curiosité. - Tous les portraits sont garantis fixés au chlorure d'or, ce qui les - rend inaltérables et pleins de vigueur. - Son Salon de pose, vitré et chauffé l'hiver, est ouvert tous les jours jusqu'à la nuit - C....................[illisible] tous les matins jusqu'à 11 heures. - Fourniture de tout ce qui a trait au Daguerréotype. - Inventeur de la Pierre sensible ou Chlore solide remplaçant avec avantage toutes les Liqueurs accélératrices [connues jusqu'] à présent."


- DERUSSY Philibert (1814-1894), Etiquette, de sept paragraphes, présente au verso du Portrait de femme âgée, à mi jambes, assise, vers 1845-1851,
Paris, BnF

 


N.B. : Si l'on suit la Typologie exposée ci-dessus, parmi les dix daguerréoypes conservés à la BnF (ici) :

- le Portrait d'homme jeune, à mi-jambes, assis..., offre une étiquette de Type 2a,

- le Portrait d'homme en buste, de trois-quarts..., présente une étiquette de Type 2a, 

- le Portrait d'homme à mi-genoux assis...présente une étiquette de Type 2b,

- le Portrait de femme, à mi-jambes, assise..., le Portrait de jeune garçon, à mi-genoux, debout..., et le Portrait de femme âgée, à mi-jambes, assise...présentent une étiquette de Type 2c.



ANALYSE


Le texte des étiquettes de Types 1 (a, b) et 2 (a, b, c) peut être mis en relation avec celui des articles consacrés au photographe lors de ses participations à des Expositions (1844, 1847 et 1849) et avec celui des plus rares publicités de ce dernier mais aussi de son élève toulousain (vers 1852) puis de son successeur parisien (en 1854).

Les éléments techniques cités dans les étiquettes n'impliquent cependant pas de dates précises. 

En effet, l'usage du chorure d'argent ("Pierre sensible ou Chlore solide", 2c), pour préparer la plaque (avant utilisation), afin d'augmenter sa sensibilité lumineuse et de réduire ainsi le temps de pose, s'est répandu dès 1840.

Il en va de même pour l'usage du "chorure d'or" (après utilisation de la plaque, Types 2a, 2b, 2c), afin de renforcer les contrastes et détails de l'image, éviter le miroitage de la plaque, réchauffer les tons de l'image, renforcer le durcissement de cette dernière et assurer sa durabilité ("Tous les portraits sont garantis fixés au chlorure d'or ce qui les rend inaltérables et pleins de vigueur"). 

Quant au "Procédé connu de lui seul" (brevet non déposé), ayant permis "après de longues recherches" d'atteindre "la perfection", il conserve sa part de mystère.

Il peut concerner la préparation sensible de la plaque, entraînant des temps de pose très brefs, évitant ainsi la contracture des visages et assurant "une parfaite ressemblance".  

Il peut concerner également l'application "de teintes naturelles" (dès 1842), comme semble le suggérer, vers 1852, la publicité toulousaine de "Douau, - Daguerrien, - Elève De Derussy, - Professeur A Paris - Portraits Au Daguerréotype, - Couleurs Naturelles, - Par un Procédé particulier à l'Auteur" (Annuaire de la Haute-Garonne et de l'Ariège, 1853 p 427).

Quelques passages se retrouvent d'un texte à l'autre (Types 2a, 2b et 2c) et montrent une certaines pérennité concernant :

- la brièveté du temps de pose, "à l'ombre et en quelques secondes" - la seule durée précisée est cependant délivrée à l'occasion de l'Exposition de 1847, où les portraits sont dits, "obtenus dans l'espace de 2 à 6 secondes" (L'Indépendant du 1er juillet 1847).

- la recherche de "parfaite ressemblance", 

- le portrait "de personnes décédées" - offre ensuite également assurée par son élève Douau vers 1852, "Spécialité Pour Les Portraits Après décès" (Annuaire de la Haute-Garonne et de l'Ariège, 1853 p 427) et son successeur Charles Vion (Le Figaro du 14 mai 1854),

- la "reproduction de Tableaux" et aautres objets d'art, 

- la fabrication de plaques sensibilisées ("Grande Fabrique de Daguerréotypes à l'épreuve") et la vente de "Daguerréotypes" (Types 2a, 2b), voire de "tout ce qui a trait au Daguerréotype" (Type 2c) - citée dès 1844, "Instruments pour le Daguerréotype" (L'Industrie, Exposition des produits de l'Industrie française, 1844 p. 20),

- et l'évocation de sa galerie d'exposition de la rue Saint-Honoré - par ailleurs citée en 1847 (L'Indépendant du 1er juillet 1847) - qui sera conservée par son successeur, Charles Vion, en 1854.

Cependant, d'autres passages évoquent l'existence de périodes différentes. C'est le cas :

- avec un temps de "longues recherches" précédant celui de l'atteinte de la "perfection" (Types 2a, 2b, 2c) - (vers 1844 ?) avec une limite qui semble encore dépassée à l'occasion de l'Exposition de 1847 (L'Indépendant du 1er juillet 1847),

- avec un "atelier vitré" ensuite "reconstruit" (Type 2c) 

- ou encore un tarif, certes toujours modéré mais dont les prix plus bas pour un portrait passent de "4, 6, 10 fr. (Types 2a, 2b) à "6, 8, 10 fr." (Type 2c) 

- et enfin les "douze mille portraits répandus dans le monde", "depuis trois ans" (Type 2c) - avec un nombre supérieur à celui des "3.000 portraits annuels" que Ph. Derussy a produits, "depuis 1844" (Rapport du Jury central de l'Exposition des Produits de l'Industrie de 1849, édité en 1850 ; texte repris dans La Lumière du 2 mars 1851).

La confrontation des textes ci-dessus fait ressortir les points suivants :

- l'intérêt de Philibert Derussy pour la couleur (Types 2b et 2c) - (procédé répandu dès 1842), attesté au plus tard lors de l'Exposition de 1844,

- le choix des termes "teintes naturelles" (Types 2b, 2c) et de l'adjectif "perfectionnés"  (répandu pour sa part dès 1839) qualifiant ses portraits (Types 1a et 1b) - repris par son élève toulousain en 1852-53,

- le fait qu'il va remplacer le terme de "public" (Types 2a, 2b), par celui de "connaisseurs" (Type 2c) - attesté à Toulouse en 1851 (La Gazette du Languedoc du 16 novembre 1851).

- le succès de Philibert Derussy, suite à l'Exposition de 1844, s'est accentué dans les années précédant l'Exposition de 1849 ("il a, depuis cette époque [1844], considérablement étendu le cercle de ses affaires", Rapport du Jury central de l'Exposition de 1849, op. cit.) et s'est maintenu ou accru après 1849, assurant "huit années [1844] de succès ininterrompus" (L'Émancipation du 7 novembre 1851),

- son rôle de "Professeur" (Types 2b et 2c) - attesté au plus tard au milieu des années 1840, est rappelé en 1851 (L'Émancipation du 7 juillet 1851) et confirmé par son seul élève connu, le toulousain Douau, vers 1852 (Annuaire de la Haute-Garonne et de l'Ariège, 1853 p 427) ;

- l'ajout à son adresse de la "rue des Prouvaires, 3", de la précision, "A Paris" (Type 2c), jusque-là inutile - se voit justifiée en période d'itinérance, comme à Luchon et Toulouse (La Gazette du Languedoc du 16 novembre 1851) et est rappelée par son élève Douau (Annuaire de la Haute-Garonne..., op. cit., 1853).

Parallèllement, on peut constater l'absence totale, sur l'ensemble des étiquettes de "Derussy" (Types 1 et 2), de son prénom (d'où le doute qui a longtemps perduré), de son surnom, "Raphaël du Daguerréotype" (attesté en 1849), de sa réalisation d'académies (citées par son successeur Charles Vion), de sa présence aux grandes Expositions de 1844 et 1849 (affichées également par son successeur, en 1854) et des récompenses obtenues.

Il faut enfin noter que les étiquettes, articles et publicités étudiés, qui concernent l'offre de Philibert Derussy, ne mentionnent jamais la réalisation de photographies sur papier. 

Son expertise est probablement restée cantonnée au domaine du daguerréotype sur plaque et à des techniques de la première moitié des années 1840, ce que semble confirmer son usage  de la "Pierre sensible ou Chlore solide" dont il se dit "l'Inventeur" (brevet non déposé) (Type 2c).

Il cite toujours ses "Portraits Daguerriens perfectionnés" en 1849 (La Presse du 8 août 1849) et, à sa suite, son élève toulousain Douau, se revendique "Daguerrien" vers 1852 (op. cit.). Seul son successeur parisien, Charles Vion, va proposer des "Portraits Sur Plaques & Sur Papier" en 1854.



CONCLUSION


L'ensemble des remarques ci-dessus semble confirmer l'ordre chronologique adopté au sein des Types 1 et 2.

Ses origines ("de Lyon") semblent logiquement affirmées à ses débuts (Type 1a) mais ne sont plus mentionnées par la suite (Types 1b, 2a, 2b, 2c).

Il serait tentant de voir dans les Type 1a et 1b des étiquettes antérieures à celles du Type 2 Cependant, non seulement rien ne permet de l'affirmer mais, en plus, un daguerréotype portant le Type 1b affiche "août 1850" (Rochester, État de New York, George Eastman Museum, Collection Cromer). Il faut donc se résoudre à penser que les Types 1 et 2 ont coexisté.

Au sein du Type 2, les trois variantes (2a, 2b, 2c) semblent bien s'être succédées dans cet ordre, entre 1841 et 1854.

Il semble difficile de préciser davantage, d'autant qu'une phase avec des inscriptions manuscrites a pu précéder l'usage d'étiquettes imprimées et que, potentiellement, d'autres Types d'étiquettes ont pu exister. Tout juste pouvons-nous supposer que l'étiquette de Type 2a date au plus tard de 1844.

Les dates affichées par une quinzaine de portraits (inscrites ou déduites) auraient pu être déterminantes mais les daguerréotypes concernés sont pour partie dépourvus d'étiquette et lorsque cette dernière existe, elle n'est parfois ni reproduite ni recopiée.

Deux daguerréotypes, datés offrent une étiquette de Type 1 :

- un Portrait de femme, conservé au George Eastman Museum de Rochester (déjà évoqué plus haut), est daté de, "août 1850", et porte une étiquette de Type 1b (ici) ;

- un Portrait de femme, la main gauche sur la tempe, conservé au Ludwig Museum de Cologne, est daté "après 1850", et présente une étiquette du type 1b (ici).

Enfin, sept daguerréotypes datés sont pourvus au revers d'une étiquette déchiffrable de Type 2 mais fournissent des indications contradictoires :

- un Portrait de Charles Joseph Egot (1824-1860), conservé par Michel Egot, l'un de ses descendants, daté "vers 1845-1848", offre au revers une étiquette de Type 2a (ici),

- deux Portraits de Simon Bertrand dont l'un en flûtisteconservés à la Bibliothèque de Genève et datés "vers 1850 - avant 1854", portent une étiquette de Type 2a (ici),

- deux Portraits conservés au George Eastman Museum de Rochester et datés "vers 1848" : le Portrait de couple avec un bébé, présente une étiquette de Type 2b mais le Portrait d'homme, une étiquette de Type 2c (ici),

- un Portrait des Trois Fils de Pierre Flourens (co-secrétaire de l'Académie des Sciences), conservé par Serge Plantureux, daté "vers 1848" ; cependant, Pierre Abel Flourens, le fils cadet né le 25 octobre 1845, semble y avoir environ 1 an, ce qui suggère davantage une date vers fin 1846 ou début 1847 ; il présente une étiquette collée au revers de Type 2c (ici),

- un Portrait de couple âgé, conservé au Ludwig Museum de Cologne, daté vers 1847-1851, porte une étiquette de Type 2c (ici).