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lundi 8 avril 2019

1004-LE HASARD À L'OEUVRE, QUELQUES DOCUMENTS ET RÉFÉRENCES





- DE MARIA Walter (né en 1935), The Lightning Field, 1977, Nouveau-Mexique.
400 piquets en acier inoxydable répartis dans un rectangle de 1x1,6 km,
 soit 6 705 m2 destinés à attirer le spectacle de la foudre dans une région sujette à ce phénomène.


VOIR LA VIDÉO (2 MN 17, 2014) DU MAH DE GENÈVE,
EXPOSITION "RODIN. L'ACCIDENT. L'ALEATOIRE".




POUR EN SAVOIR PLUS SUR LA PRISE EN COMPTE DU HASARD DANS L'OEUVRE D'ART, VOIR :

ANNA DOS SANTOS : UNE BRÈVE HISTOIRE DU HASARD DANS L'ART CONTEMPORAIN






- RODIN Auguste (1840-1917), L'Homme au nez cassé (M. Bibi), 1863-1864,
plâtre, 24x22x26 cm (?), Paris, Musée Rodin,
portrait d'un vieil homme du quartier aux traits accentués, évoquant tout à la fois l'image du philosophe ou de l'écrivain antique (tête d'Homère) et celle de Michel-Ange (traits du visage) ;
brisé par le gel, le masque fragmentaire de plâtre est conservé ainsi mais refusé au Salon de 1865. Ce portrait sera traduit dans le marbre dix ans plus tard.

- RODIN Auguste (1840-1917), L'Homme qui marche, Etude du torse, vers ou avant 1887,
plâtre patiné, 53x27x15 cm, Paris, Musée Rodin,
le torse en terre crue de Saint Jean-Baptiste (vers 1878-1880) est retrouvé dans l'atelier vers 1887, incomplet, dégradé et crevassé par le hasard et le temps. Rodin en fait tirer une épreuve en plâtre puis en bronze et l'expose en 1889 à la Galerie Georges Petit. Ce torse est ensuite associé vers 1899-1900 avec une étude de jambes plus lisses du même Saint Jean-Baptiste mais désaxée, et exposé au Pavillon de l'Alma en 1900, avec le titre plus universel de L'Homme qui marche.


- RODIN Auguste (1840-1917), Femme accroupie dite La Muse tragique, 1890,
 bronze, 78 x 117 x 125 cm, Genève, Musées d’art et d’histoire,
la figure en plâtre, trouée et déformée, élément du Monument à Victor Hugo, a été conservée ainsi
 et tirée en bronze, provoquant le scandale lors de ses expositions en 1897.


 
- DUCHAMP Marcel (1887-1968), Trois stoppages étalon et leurs règles à tracer, 1913-1914,
trois fils fixés sur des bandes de toile collées sur verre, rangés dans une boîte de jeu de croquet, 40x130x90 cm, New-York, The Museum of Modern Art.
"Ce n'est pas un tableau. Les trois étroites bandes s'appellent 3 stoppages-étalon. Elles doivent être regardées horizontalement et non verticalement parce que chaque bande propose une ligne courbe faite d'un fil à coudre d'un mètre de long, après qu'il ait été lâché d'une hauteur de 1 mètre, sans que la distorsion du fil pendant la chute soit déterminée. La forme ainsi obtenue fut fixée sur la toile au moyen de gouttes de vernis ... Trois règles... reproduisent les trois formes différentes obtenues par la chute du fil et peuvent être utilisées pour tracer au crayon ces lignes sur papier. Cette expérience fut faite en 1913 pour emprisonner et conserver des formes obtenues par le hasard, par mon hasard. Du même coup, l'unité de longueur: un mètre, était changée d'une ligne droite en une ligne courbe sans perdre effectivement son identité en tant que mètre, mais en jetant néanmoins un doute pataphysique sur le concept selon lequel la droite est le plus court chemin d'un point à un autre."
« Mes trois stoppages-étalon sont donnés par trois expériences, et la forme est un peu différente pour chacune. Je garde la ligne et j'ai un mètre déformé. C'est un mètre en conserve, si vous voulez, c'est du hasard en conserve».



Marcel DUCHAMP (1887-1968), Erratum musical pour clavier ou autres instruments nouveaux, 1913,
intitulé également La Mariée mise à nu par ses célibataires même.
En 1913, Marcel Duchamp écrit deux partitions musicales : la première intitulée Erratum musical, pour trois voix, et la deuxième, Erratum musical pour clavier ou autres instruments nouveaux. Il désire, comme pour ses sculptures, faire entrer le hasard dans la composition musicale. Le premier Erratum doit se "répéter 3 fois par 3 personnes, sur 3 partitions différentes composées de notes tirées au hasard dans un chapeau". Le second Erratum fait intervenir le hasard avec un processus plus complexe. Le second Erratum sera intégré dans les notes de la Boîte verte, 1934. La partition, sans être jouée, intéresse l'artiste, comme ses notes pour le Grand Verre.

- DUCHAMP Marcel (1887-1968), La Mariée mise à nu par ses célibataires, même 
ou le Grand Verre, 1915-1923,
huile, feuille de plomb, fil de plomb, poussière et vernis sur deux plaques de verre (brisées), chacune d'elles montée entre deux autres plaques de verre avec cinq fils de verre très fins, de la feuille d'aluminium et un cadre en bois et acier, 272,5x175,8 cm, Philadelphie, The Philadelphia Museum of Art.
L'artiste travaille plusieurs années à ce Grand Verre, sans parvenir à le terminer et le considère "définitivement inachevé" en 1923. L'oeuvre, qui se voit brisée accidentellement en 1927 (à la suite de sa première exposition au public de 1926) est cependant reconstituée par l'artiste en 1936 (fêlures présentes) qui la considère enfin achevée par le biais du hasard.



Marcel DUCHAMP (1887-1968), Ready made malheureux, Buenos Aires, 1919,
cadeau de mariage envoyé par courrier à sa soeur Suzanne avec un protocole à suivre,
l'ouvrage servant en quelque sorte d'horoscope manipulé par les éléments naturels.
“C'était un précis de géométrie qu'il lui fallait attacher avec des ficelles sur le balcon de son appartement de la rue de La Condamine;
 le vent devait compulser le livre, choisir lui-même les problèmes, effeuiller les pages et les déchirer.
Suzanne en a fait un petit tableau (en 1920, huile sur toile, 81x60 cm) : Readymade malheureux de Marcel. 
C'est tout ce qu'il en reste puisque le vent l'a déchiré. Ça m'avait amusé d'introduire l'idée d'heureux et de malheureux dans les readymades,
 et puis la pluie, le vent, les pages qui volent, c'est amusant comme idée…».


     
- ARP Hans (1886-1966), Untitled, 1916-17,
collage avec des papiers de couleur arrangés selon les lois du hasard,
48,5x34,6 cm, New-York, MOMA.


  
- BRETON André (1896-1966), LAMBA Jacqueline (1910-1993), TANGUY Yves (1900-1955), Cadavre exquis, 1938.
De la même façon que la première phrase surréaliste construite avec une succession de mots tirés au sort, Le cadavre exquis boira le vin nouveau, les collages ou dessins exécutés à plusieurs mains naissent de la combinaison aléatoire d'une suite d'interventions exécutées sans connaissance des interventions précédentes.

- ERNST Max (1891-1976), Arbres solitaires et arbres conjugaux, 1940,
huile sur toile, 81,5x100,5 cm, Fondation Beyeler (Suisse).
La décalcomanie est une technique de transfert qui consiste à reporter à plat sur une toile la couleur encore humide appliquée sur une plaque de verre ou une feuille de papier. Son retrait fait naître des dessins subtils, tracés, bulles et marbrures de couleur. L’artiste retravaille ensuite la structure superficielle complexe ainsi créée.


 
- MAN RAY (1890-1976), La Fortune III, 1946/1973,
objet - composé d'un rouleau de papier toilette, sous une roulette de jeu de hasard,
Blois, Le Musée de l'Objet, collection d'art contemporain.
La Fortune a été créée pour illustrer la notion d’acte surréaliste, lors d’une conférence donnée au
Whitney Museum de New York en 1946. À l’entrée, un morceau de papier hygiénique portant un
numéro est distribué à chaque auditeur. En fin de conférence, Man Ray fait tourner la roue, promet
une fortune, puis donne l’objet au gagnant de la loterie.


- PENONE Giuseppe (né en 1947), Alpes Maritimes – Il poursuivra sa croissance sauf en ce point, 1968,
 photographie en noir et blanc gardant trace de la performance et 1978,
 photographie couleur de l’artiste, gardant trace de l'installation et de la déformation de la croissance de l'arbre, du fait de la pression du moulage de sa main en bronze.


- BALDESSARI John (né en 1931), Throwing Three Balls in the Air to get a Straight Line (Best of Thrirty-Six Attempts), 1973,
photographie couleur, 24,7x32,7 cm,
travail conceptuel avec le hasard, la vie quotidienne et la photographie ;
photographie du meilleur lancer de 3 boules (sur 36 tentatives) pour essayer de les aligner dans l'air.


- MORELLET François (né en 1926), 10 lignes au hasard, 1975,
acrylique sur toile signée, datée et titrée sur le châssis, Variation n° 3 de la série "Dix lignes au hasard de l'annuaire", 60x60 cm, Collection particulière.


VOIR LA VIDÉO (8 MN 02, 2011) DE ARTE (L'ART ET LA MANIÈRE),
FRANÇOIS MORELLET, SYSTÉMATISME ET HASARD.


- DE MARIA Walter (né en 1935), The Lightning Field, 1977, Nouveau-Mexique.
400 piquets en acier inoxydable répartis dans un rectangle de 1x1,6 km,
 soit 6 705 m2 destinés à attirer le spectacle de la foudre dans une région sujette à ce phénomène.


-  CALLE Sophie (née en 1953), Suite vénitienne, 1980,
photographies noir et blanc et récit descriptif,
« A la fin du mois de janvier 1980, dans les rues de Paris, j’ai suivi un homme dont j’ai perdu
la trace quelques minutes plus tard dans la foule. Le soir même, tout à fait par hasard, lors d’une réception, il me fut présenté. Au cours de la conversation, il me fit part de son projet, imminent, de voyage à Venise. Je décidai alors de m’attacher à ses pas, de le suivre… ».


- DUPRAT Hubert (né en 1957), Les fourreaux de larves de trichoptères, 1980-1997,
or, perles, pierres précieuses et semi-précieuses, largeur : 2 cm, diamètre : 0,5 cm
(petites larves de rivière de papillons de nuit, ayant pour particularité de se constituer un fourreau de protection
 avec les débris minéraux qui l'entourent, et là avec les matériaux précieux mis à leur disposition par l'artiste dans un aquarium).


- LAVIER Bertrand (né en 1949), Giulietta,1998
Alpha Roméo accidentée, 166 x 420 x 142 cm, Musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg  ;
l'objet en l'état est choisi et exposé pour rendre compte de l'accidentel, de la déformation due à la violence du choc.


- CHODZKO Adam (né en 1965), Night Shift series, 2004,
l'artiste a libéré, au petit matin, 7 animaux (crapaud, serpent, cerf, rat., scorpion...) dont un loup au travers des stands de la Frieze Art Fair (exposition londonienne d'art contemporain) puis les a photographiés et a cartographié leur parcours afin de proposer un itinéraire quotidien aux visiteurs.

- BLAZY Michel (né en 1966), Paysage gratté (Tableau de souris), 2008,
crème dessert chocolat, lait et chocolat en poudre et traces de souris sur bois, 46x125 cm,
Paris, Collection Ginette Moulin-Guillaume Houzé,
(pendant plusieurs semaines, l'artiste a disposé, chaque soir, dans son atelier parisien,
 de la nourriture sur bois, et a essayé de guider le passage des souris qui viennent la manger la nuit, pour dessiner des formes sur le panneau).


- SIERRA Santiago (né en 1966), Pièce de 9m2 II, 2004,
installation, Brétigny-sur-Orge, CAC,
le spectateur accepte une garde à vue dans un cube noir minimaliste ; il signe et dépose ses affaires personnelles auprès du gardien puis entre dans le cube noir ventilé, meublé d'une seule chaise ; la durée de son enfermement est alors décidée par le lancement de dé du gardien et varie de quelques minutes à quelques heures.


- DE VRIES Herman (né en 1931), Unter den Weiden (Sous les saules), 2010,
 100x146 cm, Wageningen (Pays-Bas), Galerie Wit,
feuilles d'arbre tombées sur feuille de papier placée en-dessous.


VOIR LA VIDÉO (5 MN 22, 2018) DE TÉLÉ MATIN,
INSOLITES - COMME PAR HAS'ART - LES FAITS DU HASARD AU CENTQUATRE.