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mercredi 17 février 2016

450-LE CIMETIÈRE DU CHÂTEAU DE LA VILLE DE NICE-PROJET PÉDAGOGIQUE-20



Dans ma recherche systématique concernant l'auteur du Tombeau Georgette F. du Cimetière du Château, le sculpteur Riccardo Aurili (1864-1943), j'ai découvert récemment un article très intéressant de la revue en ligne "Alpes" (octobre 2010 pp 22-23), rédigé par Ermanno Sagliani, intitulé "Nizza : una casa d'Italia da conoscere". L'auteur y étudie le bâtiment d'architecture où loge le Consulat Général d'Italie à Nice, ancienne Villa Dalia reconfigurée et agrandie par l'architecte Florestano Di Fausto en 1931-1932, au n° 72 du boulevard Gambetta. L'auteur cite, dans le jardin, un petit Monument aux Morts réalisé par Riccardo Aurili en 1932, en souvenir des italiens des Alpes-Maritimes tombés pendant la Première Guerre Mondiale.


- AURILI Riccardo (1864-1943), Monument aux Morts de la Guerre 1914-1918, 1932,
Nice, Jardins du Consulat Général d'Italie.


J'ai aussitôt recherché des renseignements et des photographies de ce Monument mais il semble qu'il ne soit peu ou pas répertorié parmi les Monuments aux Morts de la Ville de Nice, que ce soit sur le plan local ou national (Université de Lille III), ce qui peut s'expliquer en partie par la situation de ce Monument en territoire italien, et d'autre part par l'accès privatif et confidentiel de ce Monument, tout au fond d'un jardin placé au sud du bâtiment du Consulat.


- AURILI Riccardo (1864-1943), Monument aux Morts de la Guerre 1914-1918, 1932,
Nice, Jardins du Consulat Général d'Italie.


J'ai cependant obtenu ces derniers jours l'autorisation d’accéder au Monumento ai Caduti della Grande Guerra et de le photographier, et je tiens à remercier ici les personnels del Consolato Generale d'Italia pour leur démarche et leur accueil. J'en ai profité pour essayer de consulter les Archives du Consulat mais ces dernières sont conservées aux Archives du Ministère italien des Affaires Etrangères. 


- AURILI Riccardo (1864-1943), Monument aux Morts de la Guerre 1914-1918, 1932,
Nice, Jardins du Consulat Général d'Italie.



Je dois dire que j'ai été très surpris de découvrir ce Monument aux MortsJe ne l'ai tout d'abord pas trouvé si petit que cela, la figure, quoique trapue, semblant grandeur nature (env. 170 cm). C'est l'absence de haut piédestal qui change le rapport au monument.

Ensuite, j'ai été très surpris du style adopté, du fait que je connaissais peu de de représentations masculines sculptées par Riccardo Aurili, et que ces dernières étaient essentiellement des figures religieuses et mythologiques de petite taille, bustes ou statuettes (Christ, Abel, Cupidon, Adonis, Gladiateur, Napoléon Ier). Ce Monument niçois a été réalisé par l'artiste à l'âge de 68 ans et fait partie de ses dernières œuvres connues (le Monument au roi Albert Ier de Belgique d'Antibes étant probablement le dernier monument sculpté par l'artiste, en 1935). Bien entendu, le style de la sculpture correspond au Réalisme italien, adopté entre les deux Guerres, et le visage est très "mussolinien". 


- AURILI Riccardo (1864-1943), Monument aux Morts de la Guerre 1914-1918, détail, 1932,
Nice, Jardins du Consulat Général d'Italie.



Enfin, j'ai été surpris de ne pas trouver la signature de l'artiste sur le MonumentJ'ai essayé depuis de communiquer avec l'auteur de l'article de la revue "Alpes" afin de connaître ses sources, mais en vain


- AURILI Riccardo (1864-1943), Monument aux Morts de la Guerre 1914-1918, détail, 1932,
Nice, Jardins du Consulat Général d'Italie.


La figure de marbre n'est pas ici, en dehors du casque, celle d'un soldat de la Grande Guerre mais est représentée comme un soldat romain antique, défendant la patrie de sa seule épée, dans sa nudité héroïque. Il appuie son épée, sa main gauche et l'arrière de ses hanches, contre un bloc vertical, à peine ébauché, qui symbolise la Mère patrie dont il est issu et qu'il protège. Les mains et les pieds semblent surdimensionnés, à l'image de la musculature, traduisant la force physique et la détermination du combattant au sacrifice. Le cou large est dressé, les mâchoires sont serrées et le regard vif, aux sourcils froncés, est décidé à affronter la mort. 

Au final, ce combattant romain, tête casquée et levée, aux sourcils fortement froncés, est assez proche des bustes de Gladiateur sculptés par l'artiste au tout début du XX° siècle, et en particulier du buste ci-dessous, même si le visage y apparaît plus fin. La présence même d'un petit masque sculpté sur le casque du Gladiateur trouve son équivalent sur le pommeau de l'épée du soldat du Monument aux Morts.



- AURILI Riccardo (1864-1943), Buste de Gladiateur, tout début du XX° siècle (?),
régule à patine bronze et dorée, 30x18x12 cm, Collection particulière.


Au pied du Monument, une plaque gravée, placée sur le devant du rocher qui surélève la figure, est dédiée "Aux italiens des Alpes-Maritimes tombés pendant la Grande Guerre 1914-1918", rappelant que ces derniers "Vivent dans la Gloire et la Reconnaissance de la Patrie".


- AURILI Riccardo (1864-1943), Monument aux Morts de la Guerre 1914-1918, détail, 1932,
Nice, Jardins du Consulat Général d'Italie.


En 2007, une plaque offerte par la Communauté italienne de Nice a été ajoutée au-dessus, cette fois dédiée aux Combattants de la deuxième Guerre Mondiale, Partisans et Soldats italiens de la IV° Armée qui luttèrent aux côtés des français après le 8 septembre 1943.


- DI FAUSTI Florestano (1890-1965), Casa degli italiani (aujourd'hui Consolato Génerale d'Italia), façade ouest, détail, 1931-1932,
Nice, 72 boulevard Gambetta.


Difficile de quitter l'endroit sans avoir scruté les sculptures de façade du Consulat, deux médaillons en haut-relief ornés des allégories du Travail agricole et industriel et des Arts italiens, mais ces derniers, non signés, semblent d'une autre main.


- DI FAUSTI Florestano (1890-1965), Consolato Génerale d'Italia, médaillons allégoriques de la façade ouest, , 1931-1932,
Nice, 72 boulevard Gambetta.