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samedi 2 novembre 2013

167-REGARD SUR QUELQUES VITRAUX CONTEMPORAINS




Si l'essor du vitrail date des périodes romane et gothique et perdure jusqu'au XVI° siècle, il subit un fort déclin aux XVII° et XVIII° siècles. 
Le goût du vitrail resurgit au XIX° siècle avec la prise en compte du patrimoine et la restauration des vitraux anciens, les modes Néo-gothique et Néo-Renaissance et l'utilisation du vitrail dans l'architecture civile à la fin du XIX° et au début du XX° siècle (Art Nouveau notamment).
Les deux Guerres Mondiales du XX° siècle et l'engagement de l'Etat permettent un nouvel essor, du fait du remplacement des vitraux détruits et des nouvelles constructions d'édifices religieux. Il est alors fait appel tant à des artistes chrétiens et figuratifs qu'à des artistes non croyants et abstraits dès le milieu du siècle. Ces derniers vont collaborer avec un maître-verrier et renouveler cet art sacré. 
Voici un choix de quelques œuvres datant du milieu et de la seconde moitié du XX° siècle, montrant notamment un détachement de la narration ou de la figuration et, pour les exemples les plus récents, un détachement de la couleur au profit de la sobriété, des jeux de lignes et de la qualité de la lumière, diffusée au-travers du verre blanc.



Alfred MANESSIER (peintre, 1911-1993) et François LORIN (maître-verrier, 1900-1972), vitrail méridional (abstrait, nuances bleues) du choeur de l'église Sainte-Agathe, Les Bréseux (Doubs),1948-1950.
Ensemble de vitraux conçus pour six baies du chœur et de la nef.



Henri MATISSE (peintre, 1869-1954) et Paul BONY (maître-verrier, 1911-1982), vitrail de l'Arbre de Vie (motifs d'algues polynésiennes de ses papiers gouachés découpés et collés) et céramique de Saint Dominique, chœur de la chapelle du Rosaire, Vence (Alpes-Maritimes), 1948-1951.
Ensemble constitué de vitraux colorés (jaune citron, bleu outremer et vert bouteille) des baies hautes et étroites des murs nord et est de la chapelle, et de céramiques noires et blanches des murs sud et ouest.



JEAN-PIERRE RAYNAUD (plasticien, né en 1939) et Jean MAURET (maître-verrier, né en 1944), vitraux du réfectoire de l'abbaye cistercienne de Noirlac (Cher), 1975-1977.
Jeu sur la transparence et la mise en plomb des verres ornés de carrés décalés dans les vitraux de l'église, du réfectoire et du chauffoir. Ensemble sobre correspondant à l'esprit cistercien.



Pierre SOULAGES (peintre, né en 1919) et Jean-Dominique FLEURY (maître-verrier, né en 1946), 104 vitraux de l'église abbatiale Sainte-Foy de Conques (Aveyron), 1987-1994.
Les baies sont formées de 5 panneaux de verre blanc translucide modulé (verres non homogènes avec des grains de différentes grosseurs) donnant des surfaces vitrées colorées par la lumière et la diffusant, de plombs obliques (comme la lumière) formant des motifs noirs variés et de 4 barlotières horizontales (absence de bordure métallique d'encadrement).
"J'ai voulu que la transmission diffuse provienne non d'un état de surface comme avec le verre dépoli mais de la masse même de la matière (...) Cette lumière que l'on pourrait dire "transmutée", a une valeur émotionnelle, une intériorité, une qualité métaphysique en accord avec la poésie de cette architecture comme avec sa fonction : lieu de contemplation, lieu de méditation",
 Pierre Soulages.



David RABINOWITCH (plasticien, né en 1943) et Gilles ROUSVOAL (maître-verrier, né en 1948), vitraux du mur sud de la nef de l'ancienne cathédrale Notre-Dame-du-Bourg à Digne (Alpes-de Haute-Provence), 1994-1996.
Ensemble de neuf baies (choeur, croisillon sud du transept et mur sud de la nef) comprenant des cercles de verre soufflé (ou cives) à double épaisseur (cristal incolore et pellicule de verre de couleur) évoquant des symboles divins, insérés dans des verres blancs dépolis feuilletés  ; absence volontaire de réseaux de plomb, remplacés par une technique de collage.



FAUX VITRAUX ?
Voici maintenant quelques œuvres contemporaines directement influencées par l'art du vitrail.


DELVOYE Wim (né en 1965), March, 2001,
acier, rayons-X, plomb, verre, 244x104 cm.


HIRST Damien (né en 1965), The Kingdom of the Father, 2007,
triptyque, papillons sur toile sur panneau, panneaux latéraux : 288x121 cm, chacun,
panneau central : 294x244 cm, Santa Monica (U.S.A.), The Broad Art Foundation.



GILBERT & GEORGE (nés respectivement en 1943 et 1942), Jesus Jack, 2008,
technique mixte, photographie, photomontage numérique, peinture, 254x528 cm.




- MUNSON Portia (née en 1961), Peony Garden, Morning Glory Gardens Series, 2012,
 fleurs naturelles numérisées en très haute résolution (photographiées et scannées) formant des mandalas dans 6 ensembles photographiques sur verre feuilleté rétroéclairé de la station de métro de New York, Fort Hamilton Parkway Station.