Introduction
Introduction sur la sculpture du XX°
siècle
La sculpture
du XX° siècle est en rupture totale avec celle des siècles précédents. Elle
revêt de nouvelles formes, adopte de nouveaux matériaux, intègre les
technologies contemporaines. Elle ne représente plus le monde mais le
« présente ». Parmi les grands acteurs de cette rupture, il faut
nommer dès les années 1910, Pablo PICASSO et le mouvement cubiste (assemblages,
matériaux pauvres) et Marcel DUCHAMP et le mouvement dadaïste (Ready-made, détournement d'objets, machines en mouvement, tout est art).
Introduction sur l’artiste
Dès les
années 1930, émerge un artiste américain, Alexander CALDER, qui se fait
remarquer par la singularité de ses œuvres et notamment son Cirque
(représentations animées de figurines en matériaux pauvres) et ses Mobiles (sculptures
métalliques en équilibre instable, mises en mouvement par l’air ambiant ou un
moteur).
CALDER Alexander (1898-1976), Small Sphere and Heavy Sphere (Petite sphère et grande sphère), 1932-1933,
fer, bois, cordes, tiges et objets divers, H. 317,5 cm (dimensions variables), New York, Calder Foundation.
Présentation de l’œuvre
(cartel, photo) et description/analyse
Présentation/description
L’œuvre, Petite
et grande sphères date de 1932-33. Son titre indique une forme abstraite et
la présence de volumes géométriques. Le titre ne renvoie en fait qu’à la partie
supérieure et centrale de l’œuvre (H : 317,5 cm), cette dernière étant
constituée d’une tige métallique horizontale d’où pendent, à ses extrémités,
des cordes tendues par le poids de deux sphères de petites dimensions. Ces deux
sphères sont de taille inégale et en rapport avec l’épaisseur des cordes
auxquelles elles sont accrochées. La seconde partie de l’œuvre est constituée,
sous la suspension, d’objets du quotidien (caisse, boîte, petit gong et surtout
bouteilles) disposés sur le sol en un cercle élargi. L’apparence globale de
l’œuvre est assez sobre avec peu de couleurs et un mélange de lignes droites et
courbes avec des volumes et des matières variés.
Analyse de l’espace
L’œuvre
semble donc mi-abstraite et aérienne (planètes ?) et mi-terrestre (le monde,
les objets), mettant en scène la suspension et la gravité. C’est donc l’une des
nouvelles formes de la sculpture contemporaine : l’installation,
puisqu’elle est éclatée dans l’espace et prend en compte le lieu, par sa partie
supérieure accrochée au plafond et sa partie inférieure répartie sur le sol et qu’elle
possède, de plus, des dimensions variables (cartel). On est loin de la
sculpture figurative, compacte, massive (en bronze ou en marbre) et positionnée
sur un socle de la sculpture des siècles précédents. L’œuvre de Calder apparait
ouverte, transparente et énigmatique. Elle adopte une géométrie abstraite et
une présence affirmée de l’objet, intégrant le quotidien et les matériaux
pauvres.
Analyse du mouvement
La sculpture
est d’apparence statique mais il y a un rapport entre le haut et le bas car la
largeur du cercle semble en relation avec la rotation possible des deux petites
sphères. Il y a donc potentialité de mise en mouvement de la partie mobile pour
venir frapper, voire renverser, les objets placés au sol. Il semble difficile
d’envisager que le mouvement soit, comme dans d’autres œuvres de Calder,
provoqué par l’air ambiant ou un moteur. Il apparait donc probable que la
sculpture puisse être mise en mouvement par le spectateur et soit donc
interactive ce qui induit la pénétration du spectateur à l’intérieur de la
sculpture (cercle ouvert) et la manipulation (mise en mouvement des sphères)
voire la modification de l’œuvre (chute d’objets et leur réinstallation). Le
mouvement sera de courte durée, rythmé par la rotation, les chocs et éventuels
rebonds. Il y a donc un aspect ludique de l’œuvre qui n’est pas sans évoquer
l’ambiance du Cirque ou même les jeux de massacres des fêtes foraines où
des boules sont jetées pour renverser des boîtes ou des bouteilles.
Analyse du son
Le choc des
sphères sur les objets va indubitablement provoquer des effets sonores variés,
en fonction des matières heurtées (bois, métal et verre). C’est d’ailleurs, à
cette époque, l’un des buts de l’artiste, que de créer des « Sculptures
sonores », sous l’influence de son amitié avec le musicien et compositeur
Edgar Varèse et les recherches musicales de ce dernier sur la percussion.
Suspension et entrechoquement des éléments peuvent d’ailleurs évoquer ces
instruments faits de tiges de métal ou de bois qui résonnent au vent ou sont
agités par l’ouverture d’une porte, et la présence d’un petit gong dans le
cercle des objets à heurter renforce cette ambiance musicale.
Conclusion et ouverture
Références à d’autres œuvres de
l’artiste
Petite et
grande sphères évoque
d’autres œuvres de Calder : par sa suspension à l’aspect métallique
pouvant intégrer le mouvement, elle se rapproche notamment de ses Mobiles
contemporains ; par son intégration du son, elle peut d’ailleurs évoquer
la même série mue par un moteur qui peut provoquer du bruit par son
fonctionnement et par le frottement des éléments mis en mouvement. Elle peut
évoquer l’esprit du Cirque par ses matériaux pauvres, l’aspect ludique,
la mise en mouvement par le corps humain et la présence d’effets sonores.
Références à d’autres artistes
L’œuvre de
Calder est en résonance avec les œuvres avant-gardistes de son époque. Elle est
notamment marquée par l’influence de Marcel DUCHAMP et du Dadaïsme par
l’utilisation, le détournement et la décontextualisation d’objets (Ready-made),
la recherche du mouvement (Roue de bicyclette, Rotatives, Rotoreliefs) et l’aspect humoristique.
Elle peut évoquer également la rotation et la prise en compte du lieu de László MOHOLY-NAGY (Modulateur-Espace-Lumière), l’abstraction et les recherches sonores de Naum GABO (Standing Wave) ou la quête visuelle et musicale de BARANOFF-ROSSINE (Piano optophonique).
Elle peut évoquer également la rotation et la prise en compte du lieu de László MOHOLY-NAGY (Modulateur-Espace-Lumière), l’abstraction et les recherches sonores de Naum GABO (Standing Wave) ou la quête visuelle et musicale de BARANOFF-ROSSINE (Piano optophonique).
Cependant,
l’œuvre, Petite et grande sphères, se distingue de certaines des œuvres citées par
deux aspects essentiels : l’installation, et le rôle donné au spectateur,
deux formules de grand avenir pour la sculpture de la seconde moitié du XX°
siècle.