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samedi 30 août 2025

1400-LES PHOTOGRAPHES RECENSÉS À TOULON (VAR) EN 1886

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS






INTRODUCTION


La recherche sur le photographe Leroux m'a récemment incité à dépouiller une à une les 2.000 pages des deux registres (cantons est et ouest) du recensement de la ville de Toulon (Var, Archives Départementales), effectué en 1886, signé du Maire le 24 juillet et listant 63.758 habitants (ou 70.122, selon la Statistique générale de la France - Dénombrement de 1886, 1ère partie, 1888, p 56).

Il existe plusieurs listes des Photographes de cette ville au XIX° siècle. Voici les noms de ceux qui sont signalés actifs au milieu des années 1880 :


- L'Aide-Mémoire de Photographie de 1885 (Gallica) : "Mme Eugène ; Giraud ; Péllissier (sic) ; Rampin ; Reboul ; Thaüst ; Trésorier". 

Celui de 1888 (années 1886-1887 manquantes) (Galllica) : "Barbot ; Bienvenu ; Bonnet ; Mme Eugène ; Gondal ; Leroux ; Rampin ; Reboul ; Leenertz (sic) ; Paulin".


- L'ouvrage de Jean-Marie Voignier, Répertoire des Photographes de France au dix-neuvième siècle (Le Pont de Pierre, 1993) : Mme Eugène ; Leenaerts Alphonse ; Pélissier Jean-Baptiste ; Rampin Joseph ; Thaüst Alphonse.


- Le site d'Hervé Lestang, Quatre mille visages de la Photographie, Portrait Sépia : Gerby Baptistin ; Héry Emile ; Onésime Jean-Baptiste.



LE RELEVÉ DU RECENSEMENT DE 1886


La liste relevée et classée par ordre alphabétique est constituée de 15 noms de photographes dont 6 domiciliés dans le canton est, 9 dans le canton ouest, 12 Français et 3 Etrangers.

N.B. : lorsqu'il n'est pas le chef de famille, le photographe a été artificiellement positionné en tête de liste ; les remarques entre parenthèses sont celles du registre mais les remarques entre crochets sont des précisions ajoutées, suite à des recherches complémentaires.


- AMIZIO Julien [Pierre], boulevard de l'Eygoutier [canton est, vue 613], 35 ans [né le 2 janvier 1850, à Draguignan, Var), Français, Photographe, père [veuf ; marié le 28 septembre 1873, à Draguignan, à Icard Catherine, cordonnier à cette date] ; Amizio Marie, 3 ans, Française, fille.


- BARBOT Mathieu [Bienvenu], place Gambetta, n° 1 [canton ouest, vue 402], 44 ans [né le 23 avril 1853 à Mayrargues, Bouches-du-Rhône], Français, Photographe, chef [marié le 8 juillet 1871, à Toulon ; papetier à cette date] ; Barbot Philippine [née Constantin], 39 ans, Française, sans profession, épouse [du photographe] ; Barbot Louis, 7 ans, Français, enfant ; Constantin Augusta, 76 ans, Française, mère.


- BARJAVEL Victor, chemin de Valbourdin, n° 3 [canton ouest, vue 690], 19 ans [né le 7 mai 1867, à Toulon], Français, Photographe, parent [célibataire, aux parents décédés] ; Barjavel Eugénie, 20 ans, Française, Institutrice, parent ; Pichard Victor, 29 ans, Français, Conducteur de travaux, parent : Jeansaume Victorine, 51 ans, Française, Tailleuse, chef.


- BERTHET Georges [Alexandre], quartier Brunet [canton est, vue 951], 33 ans [né le 11 décembre 1853, à Saint Denis, La Réunion], Photographe, Français, mari [marié le 29 avril 1879, à Toulon : photographe à cette date] ; Berthet Marie [née Aillaud], 32 ans, Française, sans profession, femme [du photographe] ; Berthet Eugène, Français, 6 ans, fils ; Berthet Berthe, 4 ans, Française, fille ; Laugier Paulin, 34 ans, Français, Patron de voiture, chef ; Laugier Marie, 29 ans, Français, sans profession, sa femme ; Guien Antoine, 78 ans, Français, Cultivateur, rien [sans lien familial] ; Audenard Rozaline, Française, sans profession [sans lien familial].


- DAVID Charles, quartier du Pont neuf [canton ouest, vue 768], 19 ans [né vers 1867 ; acte de naissance non retrouvé], Français, Photographe, fils [célibataire] ; Debaux Jeanne, 60 ans, Française, Paysanne, mère de famille ; David Marie, 30 ans, Française, Commise, fille ; David Pauline, 29 ans, Française, Commise, fille ; David Marius, 24 ans, Français, Relieur, fils.


- DUFOURT Isidore (André Marius), rue Hoche, n° 10 [canton ouest, vue 161, 36 ans [né le 30 novembre 1858, à Toulon], Français, Photographe, beau-fils [marié le 3 mars 1879, à Toulon ; photographe à cette date] ; Dufourt Clémence [née Vechi], 30 ans, Française, sans profession, fille [épouse du photographe] ; Dufourt Joséphine, 6 ans, Française, petite-fille ; Vechi Eloi, 55 ans, Français, cuisinier, chef ; Vechi Joséphine, Française, 52 ans, mère.


- GERBY Baptistin [Bruno François], rue du Canon, n° 11 [canton ouest, vue 213], 24 ans [né le 12 avril 1862, à Toulon], Français, Photographe, enfant [célibataire] ; Gerby Henry, 28 ans, Français, Dessinateur, enfant ; Gerby Pauline (née Espagne), 17 ans, Française, Tailleuse, belle-fille [épouse d'Henry] ; Jeannet Rosalie [veuve Gerby], 60 ans, Française, sans profession, mère ; Gerby Bruno, 32 ans, Français, Mécanicien, enfant.


- GRAC Marius, rue Masséna, n° 1 [canton est, vue 770], 19 ans [né vers 1867 ; date précise et lieu de naissance inconnus], Français, Photographe, neveu [célibataire] ; Burgard Henri, 54 ans, Français, Journalier, chef ; Musso Marie, 46 ans, Français, épouse ; Burgard Angèle, 14 ans, Française, enfant ; Burgard Auguste, 10 ans, Français, enfant.


- HÉRY Emile, rue d'Astour, n° 2 [canton ouest, vue 348], 19 ans [né le 6 janvier 1867, à Aups, Var], Français, Photographe, fils [célibataire] ; Héry Edouard, 48 ans, Français, Ebéniste, père ; Héry Rosalie, 40 ans, Française, Sage-femme, mère ; Héry Edouard, 23 ans, Français, soldats, fils ; Héry Madeleine, 20 ans, Française, sans profession, fille.


- LEENAERTS Henri, rue Victor Clapier, n° 52 [canton est, vue 475], 39 ans [né le 28 novembre 1871, à Bruxelles, Belgique], Etranger, Photographe, mari [marié le 28 novembre 1871, à Toulon ; photographe à cette date] ; Leenaerts [née Espenon] Philomène, 37 ans, Etrangère, femme ; Leenaerts Joseph, 13 ans, Etranger, enfant ; Leenaerts Alphonse, 6 ans, Etranger, enfant.


- LEENAERTS François [Marie Alphonse], boulevard de Strasbourg, n° 46 [canton est, vue 449], 41 ans [né le 6 octobre 1844, à Bruxelles, Belgique], Etranger, Photographe, père [marié le 30 janvier 1872, à Toulon ; photographe à cette date] ; Leenaerts Marie [née Seren], 36 ans, Etrangère, mère ; Leenaerts Emilie, 13 ans, Etrangère, enfant ; Leenerts (sic) Eugène, 12 ans, Etranger, enfant ; Leenerts (sic) Gaston, 2 ans, Etranger, enfant.


- MARRAS Elisé (sic), rue des Trois Oliviers, n° 9 [canton est, vue 78], 60 ans [né vers 1826 ; date précise et lieu de naissance inconnus], Etranger (nationalité inconnue), Photographe, père ; Marras Joséphine, 42 ans, Française, Lingère, veuve Luc ; Luc Charles, 17 ans, Français, sans profession, fils ; Marras Félicité, 13 ans, Française, fille ; Marras Adolphe, 17 ans, Français, Employé de commerce, fils ; Marras Fernand, 3 mois, Français, fils.


- ONÉSIME Jean [Baptiste], place Puget, n° 15 [canton ouest, vue 158], 30 ans [né le 6 mai 1856, à Saint-Etienne, Loire], Français, Photographe, chef [marié le 19 juillet 1882, à Saint-Etienne, Loire ; photographe à cette date] ; Onésime Emilie [née Coquard], 23 ans, Française, sans profession, femme ; Giraud Antoinette, 20 ans, Française, domestique, célibataire.


- PAULIN Alexandre [Pierre Joseph], rue du Pradel, n° 7 [canton ouest, vue 149], 69 ans [né en 1817 ; date précise et lieu de naissance inconnus ; a vécu à Blida, Algérie où il était menuisier dans les années 1850], Français, Photographe, père ; Rodez [Rohler/Kohler] Fanny, 59 ans, Française, mère ; Paulin Fanny, 30 ans, Française, Institutrice, fille.


- RAMPIN Joseph, rue du Puits, n° 12 [canton ouest, vue 134], 54 ans [né le 8 mai 1832, à La Valette, Var], Français, Photographe, mari [marié le 7 juin 1858, à La Valette, Var ; marin à Toulon et ouvrier mécanicien de profession à cette date] ; Rampin Antoinette [née Daumas], 42 ans, Française, Accoucheuse, femme. 



ANALYSE


Comparaison des listes

Des différences notables apparaissent entre les trois listes établies.


- Jean-Marie Voignier, contrairement aux listes de l'Aide-Mémoire de Photographie de 1885 et 1888 :

Ne signale pas les noms de : Bienvenu ; Bonnet ; Giraud ; Gondal ; Leroux ; Reboul ; Trésorier. 

Il valide ceux de : Eugène (Mme) ; Leenaerts (A.) : Péllissier ; Rampin ; Thaüst. 


- Quant au relevé du recensement de 1886, comparé aux listes de noms issues de l'Aide-Mémoire de Photographie et de l'ouvrage de Jean-Marie Voignier :

Il n'intègre pas les noms de :  Bienvenu (mais il s'agit probablement de Barbot Bienvenu, qui est cité dans le recensement et est un "ex-opérateur de J. Trésorier") ; Bonnet ; Eugène (Mme) ; Giraud ; Gondal ; Leroux ; Reboul ; Trésorier. 

Il valide ceux de : Leenaerts A. (François Marie Alphonse) ; Leenaerts B. (Henri) ; Paulin ; Rampin.

Il ajoute ceux de : Amizio ; Barjavel ; Berthet ; David ; Dufourt ; Grac ; Héry ; Marras ; Onésime.


Observations

- Le problème des listes de l'Aide-Mémoire de Photographie réside dans le fait que le nom de chacun des photographes inscrit est généralement reconduit pendant 9 ans, avec une liste peu souvent actualisée. 

Ceci explique que le nom de "Joseph Trésorier" apparaisse encore dans l'édition de 1885, alors que ce dernier a cédé son atelier à Etienne Leroux en mai 1881, et que le nom de "Leroux" apparaisse encore en 1888, sans que l'on puisse savoir s'il s'agit désormais d'Etienne Leroux, qui a cédé son atelier à "Jean-Baptiste Onésime" en 1886, ou de son frère Alexandre Leroux.

- La sélection de Jean-Marie Voignier est, pour sa part, essentiellement axée sur les noms des "titulaires d'atelier", ce qui explique l'absence des noms de jeunes photographes qui, en 1886, sont mineurs et employés : Barjavel, David ; Grac, Héry.

L'omission de noms de photographes plus âgés (30-69 ans), pose cependant question : Amizio ; Berthet ; Dufourt ; Gerby ; Marras ; Onésime ; Paulin. 

Certains ont peut-être été des employés car aucune photographie à leur nom ne semble connue dans la fin du XIX° siècle : Amizio ; Dufourt ; Marras. Cela ne constitue pas cependant une preuve absolue, du fait de la conservation aléatoire des photographies et de l'usage répandu chez les photographes d'un prénom ou d'un pseudonyme à la place de leur nom. 

Des photographies de Barbot ("Bienvenu Barbot"), Berthet, Gerby, Onésime et Paulin ("de Paris") sont, par ailleurs, conservées et certaines d'entre elles affichent l'adresse du recensement de 1886 (sauf pour Berthet et Gerby).

Enfin, l'absence de certains noms de photographes dans le recensement de 1886 pose également problème car l'activité de ces derniers, au milieu des années 1880, semble bien établie : Eugène (Mme) de Paris (avec pour gérant Leenaerts B./Henri dès les années 1880 ?) ; Jean-Baptiste Péllissier ; Alphonse Thaüst.






mercredi 27 août 2025

1399-LE CONFINEMENT DES ESPRITS : UNE FABLE DE L'ÈRE NUMÉRIQUE

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


LIRE OU ÉCOUTER LA FABLE (RÉDIGÉE AVEC L'I.A. !)



Qui fait aujourd'hui du calcul mental ou pose des opérations ? Qui recherche dans un dictionnaire papier ? 

Pourquoi faire l'apprentissage d'une langue quand les traducteurs existent ? Pourquoi lire tout un ouvrage alors que l'informatique le résume ? Pourquoi faire de la photographie alors que tout prompt crée une image ?

Pourquoi apprendre, puisque l'Intelligence artificielle sait tout et répond à toutes nos questions ?

Quelles seront, demain, les bases et les disciplines de l'École, alors qu'à l'Université les Mémoires des étudiants sont déjà en grande partie rédigés par l'I.A ?



GLOSSAIRE DE L'I.A.


- Algorithmes : Procédures ou ensembles de règles à suivre pour résoudre un problème ou effectuer une tâche. En IA, les algorithmes apprennent à partir de données pour effectuer des prédictions ou des décisions.

- Apprentissage automatique (Machine Learning) : Domaine de l’IA où des modèles apprennent à partir de données sans être explicitement programmés. Il existe plusieurs types : supervisé, non supervisé, par renforcement.

- Apprentissage supervisé : Type d’apprentissage où le modèle est entraîné sur des données étiquetées (ex. : images avec leur description). Il apprend à prédire des sorties à partir d’entrées.

- Apprentissage non supervisé : Le modèle analyse des données sans étiquettes pour découvrir des structures cachées (ex. : regroupement en clusters).

- Apprentissage par renforcement (Reinforcement Learning) : Méthode où un agent apprend à prendre des décisions en recevant des récompenses ou des pénalités selon ses actions dans un environnement.

- Big Data : Ensemble de données très volumineux, complexes et rapides à générer, souvent utilisés pour entraîner des modèles d’IA.

- Bot : Programme informatique automatisé capable d’effectuer des tâches simples ou complexes, souvent utilisé dans les services clients (ex. : chatbot).

- Chatbot : Agent conversationnel basé sur l’IA, capable d’interagir avec des utilisateurs via un dialogue textuel ou vocal.

- Clustering (Regroupement) : Technique d’apprentissage non supervisé qui regroupe des données similaires ensemble (ex. : K-means).

- Connaissance commune (Common Sense Reasoning) : Capacité d’un système IA à comprendre des faits évidents pour les humains (ex. : "l’eau est mouillée"), encore difficile à modéliser.

- Deep Learning (Apprentissage profond) : Sous-domaine du machine learning utilisant des réseaux de neurones artificiels profonds (plusieurs couches) pour traiter des données complexes comme images, sons ou texte.

- Données d’entraînement : Données utilisées pour enseigner à un modèle d’IA à reconnaître des motifs ou faire des prédictions.

- Données étiquetées (Labeled Data) : Données accompagnées d’informations correctes (ex. : une photo étiquetée "chat"), nécessaires pour l’apprentissage supervisé.

- Éthique de l’IA : Réflexion sur les implications morales de l’usage de l’IA (biais, confidentialité, responsabilité, transparence).

- Explicabilité (Explainability) : Capacité à comprendre et expliquer les décisions prises par un modèle d’IA, cruciale pour la confiance et la régulation.

- Framework d’IA : Environnement logiciel utilisé pour développer et entraîner des modèles d’IA (ex. : TensorFlow, PyTorch).

- Fuite de données (Data Leakage) : Erreur dans l’entraînement d’un modèle où des informations du futur ou de l’ensemble de test sont utilisées par erreur, faussant les résultats.

- Génération de texte (Text Generation) : Capacité d’un modèle IA à produire du texte cohérent (ex. : rédaction d’articles, réponses à des questions).

- Grand modèle de langage (Large Language Model - LLM) : Modèle d’IA entraîné sur d’immenses quantités de texte, capable de comprendre et générer du langage humain (ex. : GPT, BERT).

- Heuristique : Règle empirique ou approximation utilisée pour résoudre un problème plus rapidement, souvent dans des systèmes d’IA classiques.

- IA faible (ou étroite) : IA conçue pour une tâche spécifique (ex. : reconnaissance vocale, jeu d’échecs). C’est la forme d’IA existante aujourd’hui.

- IA forte (ou générale, AGI) : Intelligence artificielle capable de comprendre, apprendre et appliquer ses connaissances à n’importe quelle tâche humaine. N’existe pas encore.

- IA générative : Type d’IA capable de créer de nouveaux contenus (texte, images, musique, vidéos) à partir de modèles appris.

- Interface vocale : Système permettant d’interagir avec un ordinateur par la voix (ex. : assistants vocaux comme Siri, Alexa).

- Journalisation des décisions (AI Audit Trail) : Enregistrement des décisions prises par un système d’IA, utile pour la traçabilité et la conformité.

- Langage naturel (NLP - Natural Language Processing) : Branche de l’IA qui permet aux machines de comprendre, interpréter, générer et interagir avec le langage humain.

- Latence : Temps de réponse d’un système d’IA. Une faible latence est cruciale pour les applications en temps réel.

- Modèle pré-entraîné : Modèle d’IA déjà entraîné sur de grandes quantités de données, qu’on peut adapter à une tâche spécifique (ex. : fine-tuning de BERT).

- Modèle statistique : Représentation mathématique des relations entre des variables, souvent utilisée en IA pour faire des prédictions.

- Neurone artificiel : Unité de base d’un réseau de neurones, inspirée du neurone biologique, qui reçoit des entrées, les pondère et produit une sortie.

- Overfitting (Surapprentissage) : Phénomène où un modèle apprend trop bien les détails des données d’entraînement, au point de perdre sa capacité à généraliser sur de nouvelles données.

- Optimisation : Processus d’ajustement des paramètres d’un modèle pour minimiser une fonction de coût (erreur de prédiction).

- Prédiction : Sortie d’un modèle d’IA estimant une valeur ou une classe (ex. : prédire le prix d’une maison).

- Prétraitement des données : Étapes de nettoyage, transformation et préparation des données avant leur utilisation pour l’entraînement d’un modèle.

- Prompt : Instruction ou question donnée à un modèle d’IA générative (surtout les LLM) pour obtenir une réponse.

- Prompt Engineering : Technique consistant à formuler des prompts efficaces pour guider les réponses d’un modèle d’IA générative.

- Quantification (d’un modèle) : Technique de compression des poids d’un modèle d’IA (ex. : passage de 32 bits à 8 bits) pour réduire sa taille et améliorer ses performances.

- Raisonnement : Capacité d’un système IA à déduire des conclusions logiques à partir de faits ou de règles.

- Régression : Tâche d’apprentissage supervisé consistant à prédire une valeur continue (ex. : température, prix).

- Réseau de neurones artificiels (Artificial Neural Network - ANN) : Modèle computationnel composé de couches de neurones artificiels, utilisé pour reconnaître des motifs complexes.

- Réseau de neurones convolutif (CNN - Convolutional Neural Network) : Type de réseau de neurones particulièrement efficace pour traiter des données structurées en grille, comme les images.

- Réseau de neurones récurrent (RNN - Recurrent Neural Network) : Réseau adapté au traitement de séquences (texte, sons, séries temporelles), capable de mémoriser des informations passées.

- Réseaux antagonistes génératifs (GAN - Generative Adversarial Networks) : Deux réseaux (générateur et discriminateur) s’opposent pour améliorer la qualité des données générées (ex. : création d’images réalistes).

- Robotique : Domaine combinant mécanique, électronique et IA pour créer des robots autonomes ou semi-autonomes.

- Système expert : Programme d’IA basé sur des règles et une base de connaissances, imitant le raisonnement d’un expert humain dans un domaine spécifique.

- Surveillance (Monitoring de l’IA) : Suivi du comportement d’un modèle en production pour détecter des dérives, des biais ou des erreurs.

- Sérialisation du modèle : Processus d’enregistrement d’un modèle entraîné dans un fichier pour une utilisation ultérieure (ex. : format pickle, ONNX).

- Token : Unité de base dans le traitement du langage (mot, sous-mot, caractère), utilisée par les modèles comme les LLM pour analyser le texte.

- Transformation (dans NLP) : Architecture de modèles basée sur le mécanisme d’attention, très efficace pour le traitement du langage (ex. : modèle Transformer, BERT, GPT).

- Transparence : Capacité à comprendre comment un système d’IA fonctionne, notamment ses décisions, essentielle pour la confiance.

- Utilisateur final : Personne qui interagit avec une application ou un système basé sur l’IA sans nécessairement comprendre son fonctionnement interne.

- Validation croisée (Cross-validation) : Technique pour évaluer la performance d’un modèle en le testant sur différentes parties des données d’entraînement.

- Vision par ordinateur (Computer Vision) : Domaine de l’IA permettant aux machines de "voir" et d’interpréter des images ou vidéos (ex. : reconnaissance faciale).

- Zone grise de l’IA : Domaine émergent où les applications d’IA soulèvent des questions éthiques, juridiques ou sociales non encore régulées.






dimanche 24 août 2025

1398-VICHY, CANNES, TOULON : LEROUX, PHOTOGRAPHE(S) (Enquête 3)

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- LEROUX, verso d'un carton-photo (Vichy, Cannes).


VICHY : LEROUX, PHOTOGRAPHE(S) 

(Enquête 3 - Journal de recherche)



INTRODUCTION


Le photographe "Leroux" de Vichy semble avoir été peu étudié jusque-là. Son prénom, comme ses dates et lieux de naissance et de décès, restent inconnus. Seuls ses cartons-photos conservés témoignent, dans le dernier tiers du XIX° siècle, d'ateliers qu'il a occupés à Vichy (Allier), Cannes (Alpes-Maritimes) et Toulon (Var). 

Jean-Marie Voignier (Note 1) cite plusieurs photographes français ayant porté ce nom : "M. et Mme Leroux" à Bordeaux ; "Alexandre Leroux" à Marseille ; "Félix Leroux" à Paris ; "Frédéric Alfred Leroux" à Nantes ; et enfin, "N. Leroux" à Vichy et Cannes dans les années 1870 puis à Toulon dans les années 1880 et le début des années 1890.

Très peu d'éléments ont pu être collectés sur le photographe étudié, en dehors de l'initiale de son prénom "N.", signalée par Jean-Marie Voignier et parfois présente au verso de ses cartes de visite, et de la mention de sa présence à Vichy, rue Sévigné, dans Le vrai guide de l'étranger à Vichy de 1878, relevée par Pascal Chambriard (Note 2).

Les premières recherches, menées tous azimuts, m'ont fait croiser les carrières des différents photographes cités mais également celles de "Leroux" à Vincennes, de "Robert Leroux" à Boulogne-sur-Seine ou encore "d'Alexandre Leroux" et de son fils, "Ernest Leroux" à Alger.

Alexandre Leroux (Béziers 1836-Alger 1912), peintre et photographe, célèbre par ses innovations techniques et ses nombreux albums sur l'Algérie, semble le plus étudié d'entre eux. Je signale cependant que, suite à son mariage en 1861 à la Nouvelle Orléans (Louisiane), les années de naissance et de décès de ses enfants permettent d'attester sa présence en 1865 à Marseille (Bouches-du-Rhône), en 1870 à Béziers (Hérault) et dès 1872, à Alger.


2- LEROUX, verso d'un carton-photo (Toulon).



LES PHOTOGRAPHIES DE LEROUX À VICHY, CANNES ET TOULON


Le revers des cartes de visites conservées, essentiellement des portraits de studio souvent embossés, affiche plusieurs types d'inscriptions :

- "Leroux - Photographe - Vichy - & - Cannes" (seconde moitié des années 1870 ?) (Image 1 en tête d'article).

- Carton-photo rare, daté de "juillet 1881", portant les mentions de Vichy et Cannes mais réutilisé à Toulon et modifié avec une étiquette imprimée collée en bas : "Leroux - Photographe - Vichy - & - Cannes" et "Maison Trésorier - 15, Place Puget, 15 - Toulon".

- "Leroux - Photographe - Toulon [Toulon sur Mer ; ou encore, "Toulon s/Mer (Var)]" (début des années 1880 ?) ; certaines cartes de visite ajoutent, "Elève de la Maison Frédérick de Paris" (Image 2 ci-dessus).

- Carton-photo rare, "N. Leroux - Photographe" (tampon manuel circulaire à l'encre bleue, sans indication de ville) (première moitié des années des années 1880 ?) ;

- "J. Trésorier - N. Leroux successeur [signature oblique] - Place Puget, 15 - Toulon - [cartonnier] D.Hutinet-Paris" (sous l'évocation de l'Exposition Internationale de la Ville de Marseille et de la récompense accordée à J. Trésorier ; une carte de visite datée de "septembre 1882") (première moitié des années 1880 ?) (Image 3 ci-dessous).

- "N. Leroux [signature oblique] - ex-photographe - Vichy, Cannes & Toulon - [cartonnier] D.Hutinet-Paris" (sous l'évocation de l'Exposition Internationale de la Ville de Marseille et de la récompense accordée à J. Trésorier) (années 1880 ?) (Image 4 ci-dessous).

- Carton-photo rare, "A. Leroux - Photographe et Horloger - Toulon-Sur-Mer (Var) - Réparations de Pendules, Montres et Réveils (...) - M. Alexandre Leroux, élève de Ravaille, horloger - à Nîmes (Gard) (...) - Réparations & Achat de Bijoux Or & Argent" (longue étiquette publicitaire) (seconde moitié des années 1880 ?).

- "Photographie - Leroux - Maison d'Agrandissements - Pour Portraits - Toulon s/Mer - & Vichy - Nota : Mr Leroux Se Charge - de toutes les réparations d'horlogerie et rend - dans les 24 heures toutes réparations de Bijoux - [cartonnier] J.H.Nacivet-Paris)" (l'ensemble est parfois précédé du nom de l'atelier, "Aux Arts Réunis") (fin des années 1880 ou début des années 1890 ?) (Image 5 ci-dessous).

- Carton-photo rare, "Aux Arts Réunis - Grande Photographie - Toulonnaise - Leroux - Directeur - Agrandissements - depuis 25 fr - Mr Leroux - Horloger - Bijoutier - se charge des Réparations - De Montres, Pendules, Réveils - Tournebroches - Et - Bijouterie - [cartonnier] B. P. Grimaud-Paris" (fin des années 1890, voire début des années 1900 ?) (Image 6 ci-dessous).

Cette énumération donne de nombreuses indications mais suscite également de nombreuses interrogations :

- Le photographe est tour à tour, présenté sans prénom, avec un prénom dont l'initiale est la lettre "N." (Images 3 et 4) ou la lettre "A." (au recto) et plus rarement avec la précision du prénom "Alexandre" (photographe-horloger-bijoutier). Est-ce que ces prénoms sont ceux d'une seule et même personne ou de deux (père et fils, frères, parents) ?

- Certains cartons-photos toulonnais renseignent sur sa ville de formation, en précisant qu'il est, "Elève de la Maison Frédérick de Paris". Il semble que la Maison évoquée soit celle de la "Maison des Folies Dramatiques - Frédérick - Photographe 40, rue Bondy, 40 - Paris", uniquement citée dans l'ouvrage de Jacques Delanoë (Note 3) ; ce photographe peu étudié, et dont très peu de photographies sont conservées, pourrait bien être Frédérick Lemaître (Paris 1827-Versailles 1890), le fils du célèbre acteur du même nom.

- Parmi les nombreux cartons-photos conservés de la ville de Toulon, beaucoup semblent, , comme ceux de Vichy et de Cannes, afficher des caractéristiques nées dans les années 1870, avec des portraits souvent embossés et un dessin de putto accompagné des emblèmes de la Photographie et de la Peinture (motif récurrent des années 1870-1900). Cependant, il faut attendre les années 1880 et 1890 pour voir la mention de ces autres villes : "ex-photographe - Vichy, Cannes & Toulon" puis "Toulon s/Mer - & Vichy".

- M. Leroux succède à Joseph Trésorier, à Toulon, dans l'atelier situé place Puget, 15 et a racheté son fonds ; il continue d'ailleurs à éditer les vues et costumes régionaux bretons de ce dernier. 

- La mention "ex-photographe des villes de Vichy, Cannes et Toulon" est très ambiguë (Image 4). Elle peut impliquer que M. Leroux officie dans une nouvelle ville qui n'est pas citée, qu'il s'occupe désormais davantage de l'horlogerie-bijouterie, ou encore qu'il se contente de diriger la boutique, potentiellement confiée à un gérant (d'où le terme de "Directeur" sur d'autres cartons) (Image 6). 

- Il faut enfin noter que les cartons-photos les plus tardifs (semblant dater de la seconde moitié des années 1880 et des années 1890) ne font plus référence à Joseph Trésorier et à la médaille de ce dernier obtenue à Marseille (Images 5 et 6).


3- LEROUX N., verso d'un carton-photo (Toulon).



LES DOCUMENTS


Documents vichyssois et cannois

Le dépouillement systématique des documents vichyssois (presse ancienne et recensements) n'a rien révélé concernant M. Leroux. Il est l'un des photographes saisonniers qui, en dehors de ses photographies, n'a quasiment pas laissé de traces.

Il est donc nécessaire d'entreprendre une recherche dans les autres villes où il a exercé. A Cannes, l'accès à la presse numérisée n'est plus disponible depuis plusieurs années. Il apparaît cependant que photographe Leroux est absent des listes de photographes de cette ville, datant de la première moitié des années 1870.


Documents nationaux

Les documents nationaux ne citent que très rarement le photographe Leroux à Toulon :

- "M. Leroux, notre correspondant de Toulon", a réalisé une série de photographies, le 25 août 1885, du Retour de la dépouille de l'Amiral Courbet aux Salins d'Hyères, Var, in, L'Univers Illustré du 5 septembre 1885, et, Henri Macqueron, Iconographie du département de la Somme, 1886 p 797.

- "Leroux, photographe, place Puget, Toulon" (Léo Taxil, La France maçonnique, Paris, 1888 p 237) ; le nom de la boutique du photographe "Aux Arts Réunis", évoque également une expression maçonnique.

- "Cliché A. Leroux, Toulon", Portrait de Louise Chaliès, accompagnant la publicité des Pilules Pink, paru dans de nombreux journaux locaux, en juillet 1909.

- L'Aide-Mémoire de Photographie cite "Leroux", uniquement à Toulon, de 1888 à 1891 (années 1886, 1887, 1892, 1893 manquantes). Cependant, l'Annuaire général et international de la Photographie le signale dans cette même ville, de 1892 à 1899.


4- LEROUX N., verso d'un carton-photo (Vichy, Cannes, Toulon).



Documents varois

La recherche semble dans une impasse. Il est donc nécessaire de dépouiller les recensements de Toulon, à la seule adresse connue de la place Puget, 15. 

"Trésorier Joseph, photographe, célibataire, âgé de 44 ans" y est cité, seul, dans le recensement de 1876 mais ce sont ensuite, "Leroux Étienne, 41 ans, photographe, mari ; Suire Herminie, 44 ans [née vers 1836-37], sans profession, femme [aucun enfant n'est signalé] ; et Bonneau Firmin, 22 ans, photographe, ouvrier", qui sont cités dans le recensement de 1881.

Plusieurs problèmes cependant :

- Le photographe Leroux affiche dans le recensement de 1881 le prénom, "Étienne", et les recherches généalogiques sur ses nom et prénom, comme sur ceux de sa femme, ne donnent aucun résultat pouvant correspondre.

- Le couple n'est plus cité à cette adresse dès le recensement de 1886, remplacé par "Onésime Jean, 30 ans, photographe et son épouse Emilie, 23 ans" dans le recensement de 1886 ; par "Couadou Paul, 27 ans, photographe" dans celui de 1891 ;  puis par "Bar Marius, 32 ans, photographe, son épouse Victorine (sic), 32 ans et leur fille Marguerite, 2 ans" dans celui de 1896. 

Comme M. Leroux est attesté à Toulon, postérieurement à 1881, cela semble impliquer qu'il a changé d'adresse. Ses cartes de visite toulonnaises les plus tardives n'affichent d'ailleurs aucune adresse, et si le photographe se voit encore signalé "place Puget, 15" dans un ouvrage de 1888 (La France maçonnique), c'est probablement sur la base de renseignements plus anciens et obsolètes.

Le dépouillement de la presse varoise ne révèle que quelques petites annonces du photographe, toutes parues dans La Sentinelle du Midi, aux période des Fêtes de Noël et du Jour de l'An : 

- En décembre 1882 et janvier 1883, "Photographie Instantanée - au Gelatino-Bromure - Leroux - Successeur de Trésorier - 15, Place Puget, Toulon (...)" ; 

- En décembre 1883 et janvier 1884, "Ancienne Maison Trésorier - Fabrique de Plaques - Au Getalino-Bromure D'Argent - (...) - M. Leroux (...) a l'honneur de porter à la connaissance de MM. les amateurs et photographes qu'il n'a plus de dépositaire dans le ville de Toulon - S'adresser pour le gros et le détail (...), Place Puget, 15 - Grande diminution de Prix ! - (tarifs) - Dix leçons d'une heure suffisent pour être au courant pour faire du paysage - Leçons gratuites à tous ceux qui veulent apprendre" ;

- En décembre 1884 et janvier 1885, " (...) - La Maison de Photographie Leroux - Place Puget, 15 - A l'honneur d'informer sa nombreuse clientèle qu'elle a rouvert ses ateliers depuis quelques jours - (...) - MM. les amateurs et photographes trouveront à la 4° page le tarif des plaques au gelatino-bromure d'argent".

- Et enfin, en janvier 1886, avec une annonce semblable à la précédente, signalant la réouverture des ateliers.

Quoique peu nombreux, ces relevés sont riches en renseignements :

- Joseph Trésorier étant encore cité dans les journaux varois en mars 1881 et Étienne Leroux étant signalé dans le recensement de 1881 terminé en juillet, c'est donc entre ces deux mois que s'est faite la succession. 

C'est plus précisément fin mai ou juin qu'elle a eu lieu car l'offre de location de l'atelier est parue, sans le nom de Joseph Trésorier, dans Le Petit Marseillais des 8, 10 et 12 mai 1881 : "Avis Aux Photographes - Atelier de photographe et logement au 4e étage, au plus beau centre de la ville ; belle exposition. S'adresser à M. Audibert, rue de l'Hôtel-de-Ville, 4, à Toulon". 

Joseph Trésorier avait, en effet, installé tout à la fois son logement et son atelier au 4ème étage mais il avait créé, depuis la fin de l'année 1880, un deuxième atelier de pose à l'entresol de la même Maison, afin d'éviter la montée aux clients qui craignaient les étages.

- Dans ses publicités, Leroux se présente comme un professeur de Photographie, initiant notamment ses élèves à la prise de vue de paysages (ses vues personnelles ne sont pas connues). 

- Il se présente également comme fabricant de plaques (de verre) au gélatino-bromure d'argent. L'usage de ces plaques, qui permet des prises de vue quatre fois plus rapides que le collodion humide, semble s'être diffusé à partir de la fin des années 1870. Joseph Trésorier a d'ailleurs fait paraître à Toulon, dès octobre 1880, des publicités mentionnant ses "Portraits instantanés au gélatino-bromure".

- La réouverture des ateliers de Leroux se fait à plusieurs reprises en décembre ou janvier, ce qui laisse penser qu'il ne vient à Toulon que pour la saison hivernale, sans que la ou les villes avec lesquelles il alterne ne soient précisées.

- Les recensements et les publicités attestent la présence du photographe à Toulon, place Puget, 15, de 1881 à 1886. Aucun document antérieur ou postérieur à ces dates ne le cite cependant à une autre adresse.


5- LEROUX, verso d'un carton-photo (Toulon, Vichy).



La Famille Leroux

L'identité du photographe restant ignorée, une nouvelle recherche, est effectuée sur Gallica et permet enfin une avancée majeure. 

Le Journal du Midi du 30 octobre 1889 signale en effet la présence de deux photographes portant le nom de Leroux, à l'occasion d'une succession entraînant la vente d'une petite maison située sur la commune de Nîmes (Gard).

Il s'agit "d'Étienne Narcisse Pierre Henri Rochegude dit Leroux, photographe domicilié et demeurant à Collioures (sic) (Pyrénées-Orientales)" et "d'Antoine Alexandre François Rochegude dit Leroux, aussi photographe, domicilié et demeurant à Die (Drôme)".

Si aucun d'eux n'est domicilié à Toulon, le fait qu'ils portent, pour l'un, les prénoms, "Étienne" (comme dans le recensement de Toulon de 1881) et "Narcisse" (initiale "N" présente sur certaines cartes de visite de Toulon), et pour l'autre, le prénom "Alexandre" (présent sur certaines cartes de visite de Toulon), est révélateur. 

De plus, le fait que leur nom officiel ne soit pas "Leroux" mais "Rochegude" ou "Rochegude Leroux", explicite la difficulté rencontrée jusque là pour les retrouver sur les sites de généalogie.

Une nouvelle recherche sur ces mêmes sites permet de cibler le mariage de l'un des membres de cette famille, le 26 mars 1874, à Ucel (Ardèche). Il s'agit en fait de l'union tardive des parents des deux photographes : 

"Louis Rochegude dit Louis Pierre Leroux, dentiste ambulant, né le 12 juillet 1806 à Aubenas (Ardèche), domicilié à Ucel, fils naturel, né de père inconnu et de Marianne Rochegude, décédée", épouse "Marie Euphrasine, dite Rose et Rosine Mineur, sans profession, née le 19 juin 1815 à Antibes (Var) [à cette date], domiciliée à Toulon".

A l'occasion de ce mariage, les époux reconnaissent leurs quatre fils et deux filles, nés le plus souvent dans divers départements du Sud de la France (Pyrénées-Orientales, Hérault), entre 1840 et 1853. L'acte précise que le père, ayant pendant des années porté le nom de "Lerous/Leroux", a donné ce nom à ses enfants.

Étienne Narcisse Pierre Henri Leroux, est présenté comme le fils aîné, né le 19 juin 1840, à l'auberge de Saint-Estève (Pyrénées-Orientales), lors des déplacements de ses parents. Antoine Alexandre François Leroux est né, pour sa part, le 28 avril 1847, dans une commune dont le nom est difficile à décrypter et à identifier (Villers-Lucerne, Villars-Lucarno ?).

La vente évoquée de la maison de Nîmes en 1889, a été déclenchée par la mort de leur père. A cette date, leur mère vit à Toulon, leur frère cadet Albert est bijoutier-chirurgien-dentiste dans cette même ville et leur sœur Rose vit à proximité, à La Farlède (Var).

Si l'identité des photographes Leroux et leurs liens avec la ville de Toulon sont désormais établis, leurs domiciles respectifs, à Collioures et Die en 1889 (communes respectivement situées à plus de 400 et 200 km de Toulon), posent question, à moins que ce ne soit leur destination estivale. 

Le recensement de 1881 de la ville de Toulon établit sans ambiguïté que c'est Étienne (Étienne Narcisse) Leroux qui officie place Puget. 

Le rôle d'Alexandre (Antoine Alexandre), photographe-horloger-bijoutier, dans l'atelier toulonnais semble, en fonction des cartons-photos étudiés, plus tardif. 

Aucun atelier de photographie ne semble signalé à leur nom, à Collioures ou à Die. Les deux frères se sont-ils associés pour l'atelier toulonnais ou s'y sont-ils succédés ?

Quel est le passé professionnel de ces deux frères, sachant qu'ils ne sont signalés en tant que photographes qu'après leurs 35 ans, Étienne Narcisse, dès la deuxième moitié des années 1870, et Antoine Alexandre, dès la deuxième moitié des années 1880 ? 

Les recherches généalogiques plus poussées n'ont rien donné, de même que la recherche d'une cession d'atelier à ce nom (Archives commerciales de la France).


6- LEROUX A., verso d'un carton-photo (Toulon ; l'initiale de son prénom est précisée au recto).




HYPOTHÈSES


À ce stade de la recherche, il est nécessaire de faire le point. Deux des frères Leroux, Étienne Narcisse (né en 1840) et Antoine Alexandre (né en 1847), ont été photographes.

Peu de choses de leur vie sont connues avant les années 1870. Étienne s'est formé à la Photographie à Paris, auprès de Frédérick, et Alexandre à l'Horlogerie à Nîmes, auprès de Ravaille. Peut-être Étienne a-t-il ensuite initié son frère à la Photographie ?

Les premiers ateliers de Photographie "Leroux" attestés sont ceux de Vichy (rue Sévigné) et de Cannes (adresse inconnue), vers 1877-1878 (aucune publicité connue ; une seule mention dans un guide de 1878). 

Il semble que ces deux ateliers sont abandonnés en 1881 pour un nouvel atelier "Leroux" situé à Toulon, dans la ville où vivent leurs parents et certains de leurs frères et sœurs.

C'est Étienne Narcisse Leroux qui, en mai, y acquiert le fonds et l'atelier de Joseph Trésorier, situé au 15, place Puget (entresol et 4ème étage) et le conserve pendant cinq ans ("Étienne" cité dans le recensement de 1881 ; deux cartons-photos respectivement datés de juillet 1881 et de septembre 1882 ; publicités "Leroux" échelonnées entre 1882 et 1886). 

Certains cartons-photos de l'époque ("N. Leroux") indiquent qu'il est le successeur de Joseph Trésorier (nom et récompense) et précisent l'adresse de l'atelier. La réouverture de ce dernier se faisant vers décembre, il est probable qu'Étienne Narcisse Leroux alterne alors avec un ou plusieurs lieux (inconnus), pendant la saison estivale.

Il cède, au printemps 1886, cet atelier au photographe Jean Onésime (cité place Puget dès le recensement de 1886).

Les cartons-photos suivants d'Étienne Narcisse Leroux revendiquent toujours la succession de Joseph Trésorier (récompense) et précisent, sans citer d'adresse, "ex-photographe - Vichy, Cannes & Toulon". 

Cette mention peut apparaître comme un résumé de sa carrière (ateliers tenus par le passé) mais révèle peut-être la vie de photographe itinérant qu'il mène désormais. 

Cette absence de nom de ville se retrouve parfois, en effet, sur les cartons-photos d'autres photographes itinérants et il est difficile d'oublier, qu'enfant, Étienne Narcisse et ses frères et sœurs ont vécu une vie de déplacements incessants, due au métier de leur père, dentiste ambulant (Note 4).

Étienne Leroux est signalé, par la suite, domicilié à Collioures, Pyrénées-Orientales (acte de succession paternelle de 1889). 

Il semble qu'Antoine Alexandre Leroux ouvre pour sa part à Toulon, à l'époque où son frère cède l'adresse de la place Puget (y étaient-ils associés, Antoine Alexandre étant domicilié à une autre adresse ?), un atelier de photographie-horlogerie-bijouterie, bientôt dénommé, "Aux Arts Réunis" (publicités inconnues dans les journaux).

Ses cartons-photos affichent son nom précédé de son prénom ("A. Leroux" ou "Alexandre Leroux") mais le nom de la ville de Toulon, sans précision de rue. 

Il est possible qu'il confie rapidement son atelier à un gérant ou ne travaille à Toulon que pendant la saison estivale car son domicile officiel est situé à Die, dans la Drôme (adresse citée en 1889 lors de la succession paternelle).

Certains de ces cartons mentionnent cependant "Toulon & Vichy" (Image 5 ci-dessus), sans qu'il soit possible de savoir si la ville thermale est citée en évocation du passé ou comme une succursale où il se rend désormais pendant la saison d'hiver (publicités vichyssoises inconnues). La mention de cette succursale vichyssoise disparaît cependant de ses cartons-photos les plus tardifs (Image 6).

Alexandre Leroux semble conserver son atelier toulonnais jusque vers 1899. Il a alors 52 ans. Cesse-t-il toute activité professionnelle ? Réside-t-il toujours à Die ?

Que devient également son frère Étienne qui, à la même date, a 59 ans ? A-t-il stoppé toute activité professionnelle depuis plusieurs années ? Où vit-il désormais car il est absent du recensement de la ville de Collioure de 1896 (celui de 1891 est manquant).



ÈPILOGUE (HÉRAULT)


L'Univers Illustré du 13 janvier 1894, publie deux estampes réalisées d'après les photographies instantanées de "M. Leroux, photographe à Cournonterral (Hérault)". 

Ces images illustrent le récit de la manifestation pacifique de 30.000 viticulteurs du Midi qui, le 12 décembre 1893, se sont réunis dans la commune entièrement viticole de Cournonterral et se sont ensuite rendus, à environ 16 km de là, devant la préfecture de Montpellier où ils ont déposé une pétition.

Le photographe évoqué est-il l'un des frères Leroux étudiés ? Il n'est cependant pas cité dans les recensements de Cournonterral de 1891 et 1896.

Un autre journal, L'Avenir agathois signale pour sa part à trois reprises, les 26 janvier, 20 avril et 3 août 1907, la présence de "M. Leroux,  photographe-horloger-bijoutier" à Agde (Hérault), installé sur la Promenade, près de la statue du corsaire Claude Terrisse (deux publicités et un don pour une tombola).

Ce photographe est-il Alexandre Leroux ? La réponse est positive. En effet, une recherche plus approfondie dans ce même journal révèle la publicité suivante qui paraît du 25 septembre 1904 au 11 octobre 1908 :

"Photographie Leroux - À 1 Franc La Carte - On Pose Tous Les Jours de 9 Heures Du Matin À 4 Heures Du Soir - M. Leroux, Horloger-Mécanicien, élève de M. Ravaille de Nîmes - Réparations d'Horlogerie - (...) - Travail très soigné et garanti - On répare et remet à neuf tous les bijoux - L'Atelier est situé Promenade Terrisse, à Agde".

La recherche dans le registre de recensement d'Agde de 1906 permet de retrouver, rue de la Promenade, la présence de "Leroux Alexandre, né en 1847, à Villar [?], Français, chef, photographe, patron, et, Meiffren Marie, née en 1865, au Castellet (Var), Française, épouse, sans profession" (aucun enfant n'est signalé).

L'acte de naissance de son épouse est ensuite recherché dans les actes d'état civil du Castellet : "Marie Louise Meyfren (sic)", est née dans cette commune le 1er février 1865 ; elle est l'une des enfants de Léon François Meyfren (1841-1878) et de Marie Antoinette Blain (1845-apr.1903), qui se sont mariés au Castellet le 11 juin 1862.

L'acte de mariage d'Alexandre Leroux et de Marie Meyfren, absent des registres de la ville du Castellet, est cependant présent dans ceux de la ville de Toulon.

Le 19 janvier 1889, "Antoine Alexandre Leroux, 41 ans, né le 25 avril 1847, à Villar-Luserna, Italie du Nord [Piémont, au sud-ouest de Turin], d'origine française, horloger, domicilié à Toulon, quartier Claret" (dans la maison de sa mère ; son père est décédé à Toulon, au 15, place Puget, le 8 octobre 1884, et sa mère est présente à la cérémonie) (Note 5), épouse dans cette ville, "Marie Louise Meyfren, 23 ans, née au Castellet (Var) le 1er février 1865, couturière, domiciliée à Ollioules (Var) et demeurant à Toulon".

Les dates et lieux de décès d'Alexandre Leroux et de son épouse restent inconnus à ce jour (leurs noms sont absents des registres de décès de la ville d'Agde, de 1907 à 1945), comme ceux d'Étienne Leroux et de son épouse.



NOTES


1- VOIGNIER Jean-Marie, Répertoire des Photographes de France au dix-neuvième siècle, Le Pont de Pierre, 1993, p 161.

2- CHAMBRIARD Pascal, "L'apparition de la photographie touristique de Vichy (1863-1885)", dans, Bulletin de la Société d'Emulation du Bourbonnais, T 75, septembre 2011, pp. 458-495.

(3)- DELANOË Jacques, Les Pionniers de la Photographie, Terre de Brume Editions, 1996, p 130.

(4)- Un passage de, "M. L. Pierre Leroux, dentiste et seul possesseur du véritable Baume Minéral et Végétal", est notamment signalé à Bagnols (Gard) pour une durée de 15 jours en 1844 (L'Hirondelle du Gard du 22 septembre 1844).

(5)- Marie Euphrasine dite Rose et Rosine Mineur, décèdera à l'hospice civil de Toulon, le 15 février 1896, à l'âge de 80 ans (domiciliée à cette date au quartier Missiessy).




dimanche 10 août 2025

1397-MIGRATIONS SAISONNIÈRES ENTRE NICE ET VICHY (1860-1900)


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS




MIGRATIONS SAISONNIÈRES ENTRE NICE ET VICHY (1860-1900)



INTRODUCTION


Les recherches menées sur les photographes du XIX° siècle installés à Nice (Alpes-Maritimes), montrent que quelques-uns d'entre eux tenaient un atelier estival dans des stations thermales comme celles d' Aix-les-Bains (Savoie), Cauterets (Hautes-Pyrénées) ou encore Vichy (Allier).

La numérisation récente, sur Gallica, de la presse ancienne des Fonds patrimoniaux de Vichy, permet désormais de renseigner tout aussi bien la présence de photographes niçois à Vichy que de photographes vichyssois à Nice, sachant, par ailleurs que ces derniers fréquentaient également d'autres stations balnéaires hivernales, comme Cannes ou Menton (Alpes-Maritimes).

Cependant, cette migration saisonnière ne concernait pas seulement quelques personnes exerçant la profession de photographe mais bien un ensemble de professions dont le détail et l'ampleur restent à découvrir.

En effet, il ne semble pas exister d'étude globale sur le sujet. Certes, la question a été évoquée au sein d'études sur l'hôtellerie, la médecine dédiée aux malades ou les tournées de spectacles, et n'a parfois été envisagée que du seul point de vue de l'attrait de la région niçoise sur les professionnels d'autres départements, comme pour les ouvriers agricoles ou ceux du bâtiment.



ENTRE NICE ET VICHY


Les villes

Les villes de Nice et de Vichy ont toutes les deux un passé prestigieux en tant que station balnéaire ou thermale. Elles voient leur développement s'accélérer dans la fin des années 1850 et, plus encore, les années 1860, avec :

- à Nice : les séjours de l'Impératrice de Russie et des Cours européennes (1856-60), le rattachement du comté de Nice à la France (1860), les visites de Napoléon III (1860 et 1864), le lancement de grands travaux urbains et l'arrivée du chemin de fer (1863-64) puis l'ouverture d'un Casino (1867) et d'un hippodrome (1869) ;

- à Vichy : la rénovation de l'Etablissement thermal (1857-58), les cures répétées de Napoléon III (1861-1866), le lancement de grands travaux urbains, l'arrivée du chemin de fer (1862) et l'ouverture d'un Casino (1865).

La population de Nice (environ 36.000 habitants en 1841, 48.000 en 1861, 66.000 en 1881 et 105.000 en 1901) est bien supérieure à celle de Vichy (environ 1.300 habitants en 1841, 3.700 en 1861, 8.400 en 1881 et 14.000 en 1901) mais le nombre des visiteurs des deux stations (statistiques très controversées) semble bien moins important à Nice qu'à Vichy dans les années 1860 puis à peu près égal dans les années 1880.

Les deux stations ne sont d'ailleurs pas concurrentes mais complémentaires (les concurrentes de Nice sont les autres stations balnéaires de la Méditerranée et celles de Vichy sont les stations  thermales d'Aix-les-Bains et d'Allemagne). La saison des deux villes a d'ailleurs tendance à progressivement s'allonger (seconde quinzaine de mai puis début octobre pour Vichy ; avril pour Nice).

Vichy va parfois d'ailleurs s'inspirer de Nice, par exemple pour la création de l'Union syndicale de commerçants et propriétaires, l'organisation des fêtes ou l'aménagement des quais de l'Allier. La Société Musicale de Vichy sera invitée à participer, dès 1890, aux fêtes du Carnaval de Nice. Un journal éphémère réunissant les deux villes, Vichy-Nice - Gazette des Etrangers, paraîtra également en 1890.


Les professionnels niçois

De nombreux professionnels travaillent à Nice pendant la saison d'hiver (d'octobre à mars/avril) puis dans la station thermale de Vichy pendant la saison d'été (de mai à septembre). Certains d'entre eux passent l'intégralité de la saison à Vichy, d'autres y arrivent ou en partent cependant d'une manière échelonnée.

Ce phénomène migratoire ne semble pas perceptible avant le rattachement de Nice à la France en 1860. Dans le Guide de Vichy de F. Barthez, paru en 1849 (de nombreuses fois réédité dans les années 1850 et 1860), les professionnels niçois ne sont pas cités : 

"De nombreux marchands des villes voisines et même de Paris, viennent, pendant la saison, ouvrir des magasins où l'on trouve toutes sortes de produits, parmi lesquels on distingue plus particulièrement les incrustations ou pétrifications de Saint-Nectaire ou de Saint-Alire (sic) près Clermont, ainsi que les dentelles du Puy" (F. Barthez, Guide pratique des malades aux eaux de Vichy, Paris, 5ème édition, 1857 p 26).

Aucun professionnel niçois n'est également cité dans la liste des magasins, publiée par Rosa Héry, lors de la saison estivale de 1858 (La Semaine de Cusset et de Vichy des 12 juin et 3 juillet 1858).

Entre 1860 et 1900, les découvertes, dans la presse vichyssoise, de professionnels domiciliés à Nice ou affichant une adresse dans chacune de ces deux villes, ont été peu nombreuses.

Les journaux ne mettent bien souvent en évidence que le nom de quelques commerçants et membres de professions libérales mais passent sous silence ceux des employés de tous les domaines : employés d'hôtels, de cafés et de restaurants, de maison, de commerce, des établissements de bains, du Casino, voire les vendeurs de rue et les petits artisans.


L'irritation des résidents vichyssois

Cependant, quelques articles révèlent l'ampleur de la concurrence exercée par les professionnels de Nice présents à Vichy, et l'irritation croissante qui en découle chez les résidents vichyssois.

L'Avenir de Vichy du 24 septembre 1876 en rend compte : "Les marchands nomades ont ceci de spécial qu’on ne les rencontre guère que dans les villes d’eaux. Entendons-nous et ne confondons pas nomades avec errants. On trouve partout des commerçants errants, qui parcourent les villages et exploitent les foires. 

Les marchands nomades des villes d’eaux paraissent et disparaissent à époques fixes, comme les comètes. Par conséquent, ils ne sont qu’à moitié nomades : il y a de la fixité dans leurs pérégrinations. Comme les oiseaux, ils se règlent, pour leurs migrations, sur les changements des saisons de l’année. En les voyant venir, on peut dire : Voici l’hiver ! ou Voici l’été ! et l’on ne se trompera jamais.

Du reste, le commerçant dont nous nous occupons tient maison et paie patente. Il tient même double maison et paie double patente : l’hiver à Nice, l’été à Vichy... Il a deux propriétaires et deux portiers ; un même commerce, mais sur deux places différentes. Ses frais sont doubles, il faut croire que sa recette est double aussi. 

Joignez à cela les voyages, les déménagements, les transports, les dérangements, les pertes de temps, les installations, les déballages, que sais-je ? tout le tracas et toutes les dépenses qu’entraîne cette perpétuelle mutation, cette migration périodique (...).

Les nomades ne tiennent généralement guère l'article sérieux. Leur spécialité, c’est la fantaisie. Que diable voulez-vous que fasse la fantaisie pendant les six mois de sommeil que dure la morte-saison?

Rangeons dans cette catégorie les marchands d’objets turcs, les débitants d’éventails orientaux, les négociants en strass, les commerçants en articles cuir russe, les marchands de dentelles, de broderies, d’armes damasquinées, de chinoiseries, de curiosités japonaises, de chaînes de montres en oxidé (sic), de porcelaines de Sèvres, de ceintures de dames, de bains de mer, de coquillages, de bracelets algériens, de sacs de dames, de bambous et d'articles de pêche à la ligne".

À cette catégorie, le journaliste oppose celle des "commerçants sédentaires" qui sont non seulement concurrencés par les marchands nomades mais également par le nombre, précisé pour sa part, de quatre ou cinq cents "marchands de circonstance ou bal(l)adeurs" qui vendent, sur le trottoir, leur invraisemblable pacotille.

Le commerçant sédentaire dédaigne, pour sa part, ces objets légers et privilégie tout un assortiment d'objets riches : "Chez lui, les dames trouveront les velours, les soieries, les tissus de laine nouveauté, les cachemires, etc.; tout ce qui est sérieux, tout ce qui est prud'hommesque (sic). Il tient aussi les articles fantaisie, mais comme accessoire. L’utile, voilà sa spécialité. D’ailleurs, il ne s’adresse pas aux étrangers seulement, puisque, domicilié dans sa petite ville, il compte aussi sur la clientèle stable. 

Donc, en première ligne, parmi les commerçants sédentaires, rangeons tous les marchands d’objets indispensables : les commerçants en nouveautés, les tailleurs, les chapeliers, les pharmaciens, les charcutiers, les bottiers et les cafetiers".

Ce discours anti-marchands étrangers, en partie faussé et partial, est cependant repris dans un article qui paraît dans le Courrier de Vichy du 26 février 1888 mais avec des catégories professionnelles supplémentaires :

"Nous sommes les adversaires déterminés de tout ce qui peut porter atteinte au commerce local, mais il est certaines industries que l’on peut admettre, sans préjudice pour personne, dans l’enceinte du futur Casino. 

Il y a toute une catégorie de négociants qui s’abat sur notre ville dès le mois de mai ; ils arrivent  de Nice, Monaco, etc., etc. ; véritables oiseaux de passage et de proie, ils ne viennent à Vichy que pour rançonner les étrangers, et leur donner de nous cette opinion peu flatteuse, que nous sommes des exploiteurs.

Ces industriels, qui pour la plupart vendent des bibelots, gagnent relativement des sommes considérables, sans que l’on puisse bien s’expliquer la cause de ces bénéfices exagérés, que l’on ne peut guère attribuer qu’à la bêtise humaine (...).

Eh bien! que les négociants dont nous venons de parler, bijoutiers, opticiens, marchands de bois sculptés, de curiosités, d’antiquités, de pastilles du sérail et d’objets plus ou moins turcs, de dentelles, etc., soient autorisés à louer des magasins au Casino".

L'article se termine en appelant à ce que tous les personnels du Casino non spécialisés (contrôleurs, comptables, huissiers, garçons de service) soient prioritairement recrutés parmi les gens du pays. 

L'exercice particulier de la profession de cocher à Vichy est révélateur. Si les noms des cochers de voiture de place ne sont jamais cités, la présence de professionnels venant de Nice pose problème.

Au début de l'année 1881, les cochers de Vichy adressent, au Conseil municipal, une pétition demandant que leurs tarifs soient revalorisés mais également que le droit d'exercer leur profession soit exclusivement réservé aux résidents de plus de six mois (comme pour les électeurs). 

Cette revendication vise "les cochers des autres pays" et plus particulièrement "les cochers de Nice ou de Cannes qui résident cinq mois de l'année sur le littoral et pendant les cinq mois de saison viennent chez nous" (L'Avenir de Vichy des 13 février, 5 et 13 mars 1881).

Ces questions, concernant la limitation du nombre de numéros accordés et le fait de favoriser ou non les habitants de Vichy, seront sans cesse discutées dans les vingt années suivantes, d'autant que les municipalités de Nice et de Cannes ont, soi-disant, exclu le travail de cochers étrangers (La Semaine de Cusset-Vichy du 8 avril 1882 ; Courrier de Vichy du 26 février 1888 ; Le Mémorial de l'Allier des 14 janvier et 4 mars 1894 ; Le Moniteur de l'Allier des 14 janvier, 4 mars et 14 juin 1894).


Les professionnels niçois et vichyssois

Une évidence semble cependant s'imposer : qu'ils résident à Nice ou à Vichy, ces professionnels travaillent ensemble à Nice pendant la saison d'hiver, sur la rive gauche du Paillon (quais Masséna et Saint-Jean-Baptiste, rues Masséna et Gioffredo, avenue de la Gare), et à Vichy, sur le pourtour du Parc thermal, pendant la saison d'été (passages du Parc et Noyer, rues de l'Hôpital, de Nîmes, de Paris, Cunin-Gridaine et Lucas). 

Ils quittent de concert, une ville pour l'autre, pour accompagner la clientèle de malades et de touristes dans sa migration. Cependant, les rares articles de la presse vichyssoise qui en rendent compte envisagent essentiellement la question du côté des négociants et employés de Vichy :

"Beaucoup de négociants, établis à Vichy, pendant l'été, passent l'hiver à Nice" (La Semaine de Cusset-Vichy du 26 septembre 1885).

"Circulez un peu, depuis les Célestins jusqu'à la place de l'Hôpital, vous reverrez les étalages de l'an dernier ; de l'Hôpital à l'Etablissement, les magasins anciens et nouveaux qui de Vichy sont allés à Nice, par exemple, et sont revenus" (Le Petit Libéral de Cusset-Vichy du 30 juin 1889).

"Le mois d'octobre est un mois de transition, pendant lequel on transporte son installation et son personnel. Les employés des deux sexes engagés pour la saison de Nice, à Vichy et Cusset, sont en effet plus nombreux qu'on ne pense" (Le Petit Libéral de Cusset-Vichy du 3 octobre 1897).

Dans les années 1890, Le Petit Libéral de Cusset-Vichy célèbre chaque début de saison, en décrivant l'abondance de chariots et voitures qui transportent d'énormes caisses de marchandises arrivées par wagons de Nice, Cannes, Menton mais également d'autres villes de France et de l'Etranger, "destinées à être versées dans les boutiques ou magasins restés si sombres pendant les longs mois d'hiver"Le même journal décrit le départ de ces mêmes caisses en fin de saison (Le Petit Libéral de Cusset-Vichy du 22 mai 1893, du 13 octobre 1895, du 31 mai 1896, du 3 octobre 1897).

Ces extraits révèlent notamment que nombre de magasins vichyssois sont fermés pendant l'hiver, les commerçants, mais aussi leurs employés, étant partis sous d'autres cieux. 

Il faut donc se résoudre à penser qu'il existe dans les deux stations, à côté de magasins fermés hors-saison, d'autres ouverts toute l'année, et qu'à côté d'employés qui migrent avec leur patron, d'autres embauchés sur place ou recrutés par annonce dans l'autre ville. Il n'est cependant pas possible de quantifier ces catégories.


La Presse vichyssoise

Outre les publicités et les avis de création ou dissolution de Sociétés, les relevés d'état civil et les comptes-rendus de procès fournissent quelques informations.

Le relevé des mariages précise tout à la fois le domicile et la profession des conjoints mais ne révèle pas le nombre des saisons effectuées ni même la future domiciliation des époux. Ces mariages célébrés à Vichy ou Cusset, une vingtaine environ, posent cependant plus de questions qu'ils n'en résolvent.

Ils datent tous des années 1890, concernent l'union d'hommes domiciliés "de droit à Nice et de fait à Vichy" avec des femmes domiciliées à Vichy ou Cusset, ou bien celle de deux personnes domiciliées à Nice. Il y a très peu d'unions entre un homme domicilié à Vichy et une femme à Nice et les deux-tiers des cérémonies ont lieu pendant la saison hivernale.

Les professions des hommes domiciliés à Nice, sont : garçons de café, de salle ou d'hôtel, limonadier, employé, employés de commerce, cordonniers, tailleur d'habits, négociant, gérant, restaurateur, asphaltier, horloger, opticien, comptable, maitre d'hôtel, artiste-peintre, artiste lyrique, pharmacien, avocat ; celles des hommes domiciliés à Vichy ou Cusset, sont : employés de commerce, valet de chambre.

Les professions des femmes (quand elles en exercent une) domiciliées à Vichy ou Cusset, sont : lingères, couturière, caissière ; celles des femmes domiciliées à Nice, sont employées, employée de commerce, couturières, lingère, blanchisseuse, femme de chambre, maître d'hôtel, artiste chorégraphe.

Les comptes-rendus de procès du Tribunal correctionnel de Cusset, pour vol ou escroquerie (ou encore bigamie), révèlent quelques personnes (auteurs ou victimes) venues de Nice à Vichy : une marchande de dentelles (procès de novembre 1875), un cuisinier (janvier 1883), un croupier (novembre 1885), une Suisse cartomancienne  (février-mars 1890), un cocher (juillet 1890) ou encore une antiquaire  (procès d'octobre 1890).


La Presse niçoise

Si les journaux vichyssois ne mentionnent, par décennie (entre 1860 et 1900), qu'une dizaine de noms de professionnels ayant tout à la fois une adresse à Nice et une autre à Vichy, les journaux niçois n'en mentionnent, pour leur part, que deux fois moins. Le fait d'afficher l'adresse de l'autre ville est une publicité pour un lieu où la même clientèle pourra retrouver le professionnel mais également une preuve de qualité et de modernité.

Les professionnels sont cependant signalés sans que l'on puisse être toujours certain de leur domiciliation dans l'une ou l'autre ville et, plus encore, de leur première implantation. 

La mobilité géographique et professionnelle des personnes qui ne sont pas nées à proximité de ces deux villes (Français issus de villes nombreuses dont Paris ; étrangers, notamment nés en Suisse ou en Italie), empêche souvent de déterminer leur première implantation et seule une étude détaillée de la vie de chacun des individus cités permettrait de le faire.

Après des années d'alternance entre Nice et Vichy, de nombreux professionnels choisissent d'ailleurs l'une des deux villes pour y travailler à l'année, mais sans que cette installation ne soit toujours définitive.



QUELQUES NOMS DE PROFESSIONNELS


Ces noms, relevés dans les journaux vichyssois et niçois, sont essentiellement issus des publicités et de plus rares avis de création ou de dissolution de sociétés.

Il est nécessaire de distinguer : les professionnels qui font paraître des annonces dans les journaux de Vichy ou de Nice mais n'y ont pas d'adresse ; ceux qui se disent "de" l'une des deux villes mais n'y possèdent plus d'adresse ; ou encore ceux qui y annoncent une "succursale", alors qu'il ne s'agit que d'un simple dépôt de produits. 

Parmi ceux qui ont réellement une adresse professionnelle à Nice et à Vichy, il faut distinguer également : ceux qui ont un large réseau de boutiques (à la saison ou à l'année ?) sur tout le territoire français, au-delà même de Nice et Vichy ; ceux qui ont un magasin ouvert toute l'année dans l'une des deux villes mais seulement en saison dans l'autre ; ceux qui précisent seulement l'une des deux adresses et se contentent d'une formule plus vague pour l'autre ("L'hiver à Nice", "Maison à Vichy") ; ceux qui font paraître des publicités qui ne couvrent pas toutes leurs années d'activité (ou ne sont connues qu'en fonction des journaux conservés) ; et enfin, ceux qui ne font pas paraître de publicités et restent indétectables.

Ces noms de professionnels (hors employés) se regroupent sous six domaines qui apparaissent prédominants, sans que l'on sache si cela reflète ou non la réalité. Ce sont ceux de la Mode, de la Santé, de l'Hôtellerie-restauration, du Portrait, des Antiquités et objets d'art et de la Bijouterie-joaillerie :


Antiquités et objets d'art

- C. Schmidt, antiquités et objets d'art, nommé fournisseur de S.M.I. Napoléon III, à Nice et Vichy, en 1863.

- La Maison Moch, de Nice, spécialisée dans les objets d'art (vases, argenterie, ivoire, tableaux), établit, l'été 1892, une succursale à Vichy, rue du Casino (seulement citée cette année-là).

- Société Lambert Frères (deux frères et une sœur), d'Antiquités, objets d'art et tableaux anciens et modernes, fondée en avril 1880 avec une adresse à Nice, avenue de la Gare, 52 bis (siège social), une succursale à Vichy et une autre à Cannes. La Société est dissoute en novembre 1887. C'est Mme veuve Pallud, née Lambert, qui reprend les boutiques mais cède ensuite, en février 1892, les adresses de Vichy, Cannes (Nice ?) mais aussi Paris, à son frère, Jean Lambert.

- Mme A. Timner, curiosités, objets d'art, à Nice, place de l'Hôtel-des-Postes, 12, à Vichy, place de la Croix-de-la-Mission, citée en 1892 et 1893.


Bandagistes

- M. Ernest Loriol et Mme, bandagiste-orthopédiste de Paris, à Nice, rue Masséna, 15 puis 3, à Vichy, rue de Nîmes, 12, près le Château d'Eau puis rue Cunin-Gridaine, Magasin Giboin-Montbrun, vis-à-vis le Kiosque de la Restauration, sont cités dès 1884. Une succursale cannoise, tenue par Jacques Etienne Adrien Cadoret, est ensuite précisée de 1887 et 1890, rue d'Antibes, 51 puis 60. En janvier 1891, M. Cadoret achète à M. Loriol les fonds de commerce de Nice et de Vichy. Cependant, les activités de M. et Mme Loriol à Nice et Vichy sont à nouveau citées en 1896.


Coiffeurs

- Théophile Allard (né en 1841), coiffeur de Paris (Chaussée d'Antin, 45), récompensé par deux médailles d'or, est présent à Nice dès 1867, rue Saint-Etienne, Villa Tchernisheff puis au Grand Hôtel, quai Saint-Jean-Baptiste, 9. Il ouvre ensuite à Vichy, rue du Casino, sur le Parc, en face le Kiosque de Musique, une succursale, citée de 1876 (au plus tard) à 1883. Il est encore signalé à Nice (Allard & Niggio), en 1891.


Dentelles

- Mme Clotilde B., marchande de dentelles, "à Nice et à Vichy", citée en 1875.

- Marguerite Vernet, veuve de Jean Baptiste Rolle, demeurant à Nice vend, en octobre 1900, à Joseph Vernet, négociant en lingerie et à Marie Breul son épouse, demeurant à Paris, le fonds de commerce de lingerie et dentelles qu'elle exploite alternativement à Nice, rue de Paradis, 10, et à Vichy, rue Sévigné, 2.


Dentistes (chirurgiens-dentistes, prothésistes dentaires)

La première implantation du chirurgien-dentiste Etienne Férary/Ferrari (Lavalette, Charente 1830-Moulins, Allier, 1892) n'a pu être déterminée. Il ne semble alterner, entre Nice, rue Masséna, 8 et Vichy, rue de Nîmes, 17, en face de l'Hôtel de la Loire, qu'en 1869. Il n'affiche plus que la seule adresse de Vichy en 1870 puis est aidé de son fils Baptiste Némorin Férary/Ferrari, dès la fin des années 1880, avec l'affichage de dix médailles d'or et d'argent et une succursale  à Cannes. Il s'établit ensuite à Moulins où il décède en 1892.

 - Dr Linn (American Dentist de Philadelphie), à Nice, quai Masséna, et à Vichy, Chalet Maussant puis Chalet des Thermes, en face la Villa Strauss, près du Kiosque de la Musique, cité en 1874 et 1875. Il est signalé en Russie, en 1880, lors de la publication d'un traité dentaire.

- Ninck [Jean Ninck (Thionville, Moselle, 1821-Nice, Alpes-Maritimes, 1884), propriétaire ?], chirurgien-dentiste français, agréé par la Faculté de Saint-Pétersbourg, est installé à Nice, rue Masséna, 30, depuis le début des années 1860. Il publie un traité dentaire dans cette ville en 1862, dépose ensuite plusieurs brevets d'invention, reçoit un total de trois médailles en argent puis une mention honorable à l'Exposition Universelle de Paris en 1867Dans la seconde moitié de la décennie suivante, il effectue quatre cures thermales de trois semaines à Vichy. Il profite de l'occasion pour consulter les après-midis, d'abord à l'Hôtel des Bains puis à l'angle de la rue Burnol et du Parc, au-dessus du magasin d'habillements du Prophète, de 1876 à 1879. Il meurt à Nice en 1884.

 - Le chirurgien-dentiste David Cerf alterne entre Vichy, rue de Nîmes, aux Quatre-Chemins, Maison Bruneau, confiseur, et Nice, quai Saint-Jean-Baptiste, 11, de 1870 à 1880. Il ne révèle dans ses publicités, qu'à partir de 1879, qu'il fréquente Vichy depuis 1854. A partir de 1881, il abandonne Nice pour résider toute l'année à Vichy où il est encore actif en 1884.


Docteurs-Médecins

- Le médecin Léon Collongues (L'Isle-Jourdain, Gers, 1830-Vichy, Allier, 1908) quitte Paris pour s'installer à Vichy en 1866 ou 1867. Il est signalé en alternance à Nice, rue Longchamp, 8, dès novembre 1867 et est cité dans cette ville jusqu'en 1888. Il se fixe ensuite toute l'année à Vichy et y décède en 1908.

- Dr Blanchet, à Nice, villa Bracco, rue Jenny, derrière l'Hôtel des Empereurs, "l'été à Vichy", cité en 1886 et 1887.


Horlogers, Bijoutiers, Joailliers

- Emile Brirot, horloger "demeurant alternativement à Vichy et Nice", est signalé en faillite début 1866.

- Charles Schatt, de Genève, est bijoutier fabricant, à Nice, rue Masséna, 5, depuis 1873. Son magasin de Vichy, dénommé, "Aux Buveurs d'Eau", Villa du Casino, rue du Casino, 16, derrière la Restauration, est cité de 1886 à 1888.

- A. Leriche (puis Th. Leriche et fils aîné), horloger, bijoutier, joaillier, est établi à Vichy dès 1867. Il est encore cité dans cette ville, à l'angle de la rue du Casino, presque en face de la statue de Carrier-Belleuse, en 1892 et 1897. Il est par ailleurs cité à Nice, quai Masséna, 7 puis avenue de la Gare, 3, dès 1881 et encore en 1897. 

- Magasins Claude Framinet, diamants naturels et artificiels, de Bluze successeur, joaillier, à Nice, avenue de la Gare, 19, à Vichy, rue Lucas, est notamment cité en 1894. Il possède également deux adresses à Paris et une autre à Marseille,


Hôtels, Restaurants

- M. Marret, maître d'hôtel de Vichy, tient l'Hôtel Orangine de Nice, à Cimiès, pendant l'hiver 1865-66.

- Geoffroy Roubeau-Place, 60 ans (né le 4 août 1821 à Vichy, Allier), propriétaire du Grand Hôtel des Ambassadeurs de Vichy, depuis 1858, dirige à Nice, le Grand Hôtel des Îles-Britanniques, situé à l'angle du boulevard Longchamp et de l'avenue de la Gare, pendant la saison d'hiver 1880-1881.

- Finazzi, maitre d'hôtel, à Nice, Hôtel des Deux-Mondes, avenue de la Gare, 6, à Vichy, Hôtel de la Grande-Bretagne, cité seulement en 1889.

- Coursolle, propriétaire, à Nice, du Grand Hôtel Beau-Rivage, et à Vichy, de l'Hôtel du Parc Larvy, cité en 1889-1890.

- J. Peylet, maître d'hôtel, à Nice, de l'Hôtel de l'Amirauté, et à Vichy, du Grand Hôtel de Cherbourg, sur le Parc, cité de 1891 à 1895.

- Création en mars 1892 d'une société en nom collectif pour 5 ans, entre Théophile Louveau, restaurateur, Constantin Marca, maître d'hôtel, tous deux demeurant à Nice au Casino Municipal, et Charles Cadart, rentier à Paris, pour l'exploitation du Café-Concert et du Restaurant de "l'Alcazar", sis à Vichy, rue de Nîmes dont l'immeuble appartient aux deux professionnels niçois. La Société Louveau (restaurateur à Nice), Cadart (de Paris, directeur de l'Alcazar), Marca (maitre d'hôtel à Nice, propriétaire actuellement à Drap, Alpes-Maritimes), est dissoute en avril 1894, avec partage des biens. C'est ensuite M. Tixier, gérant à Nice, de la Jetée-Promenade et, à Vichy, de l'Hôtel des Thermes, qui devient le gérant de "l'Alcazar". 

- Création de la Société Anonyme du Casino de Vichy, à Paris, le 14 septembre 1898, pour 37 ans. Les statuts sont établis par M. Louis Tessier, gérant de cercle demeurant à Nice, qui apporte tous les traités faits avec le Cercle du Casino de Vichy et la Cie Fermière de l'Etablissement thermal.

- Emile Thomas Prével (né le 29 décembre 1845 à Tronquay, Calvados) maître d’hôtel, qui gère à Nice, depuis 1869, l'Hôtel de la Paix puis le Grand Hôtel, quai Saint-Jean-Baptiste, effectue une saison à Vichy, en 1900.


Massages

- G. Barberis Fils, ex-masseur à l'Hôpital Militaire de Paris, professeur de massages hygiéniques et médicaux, à Nice, rue Halévy, 8, à Vichy durant l'été, cité de 1890 à 1893. Il est le fils de M. et Mme Barberi(s), ex-propriétaires des Bains Turcs à Nice, qui se sont, dès 1879, installés à Vichy, pharmacie Desbrest, place Croix-de-la-Mission, puis Maison Ragonet, en face l'entrée des Célestins.


Modes

- Laurent, tailleur, à Nice, rue Charles-Albert, et à Vichy, rue Burnol, 11, cité en 1869.

- Gaillac-Fougère, "A la Ville de Lyon", rubans, velours, modes et fleurs, à Nice, Hôtel Chauvain, et à Vichy, passage Noyer, cité entre 1882 et 1885.

- Maison Gonin, Nouveautés parisiennes, citée dès le début des années 1850, à Nice, Jardin-Public, 4, puis, Robes et Manteaux dès le début des années 1880, à la même adresse. La Maison ouvre une succursale d'été à Vichy, 1, rue Lucas, en face la Grande Grille et rue du Casino, 15, mais cette dernière est seulement citée en 1884 et 1885.

- Maison Monnier, Robes et Manteaux, à Nice, Jardin-Public, 6, l'été à Vichy (Paris, rue Saint-Augustin, 31), citée en 1890 et 1891.

- Maison L. Truchet, Robes et Manteaux, à Nice, quai Saint-Jean-Baptiste, 50, à Vichy, place de la Croix-de-Mission, citée en 1892.

- Léon, chapelier à Paris (rue Daunou, 21), à Nice, place Masséna, au Casino Municipal, et à Vichy, sur le Parc, au coin du Passage Giboin, en face le Kiosque de la Restauration, cité de 1893 à 1896.

- Lavex, Bottes et chaussures, Parapluies, ombrelles et parasols, à Nice, rue Gioffredo, 62, près la place Masséna, à Paris et à Vichy, cité seulement en 1898.

- "Au Tailleur Riche", à Nice, avenue de la Gare, 47 (siège social), et à Vichy, rue Sornin, 14 puis passage de l'Eden, rue Sornin, 11, cité de 1896 à 1900, avec la précision, "Maisons ouvertes toute l'année".

- Maison Autran-Giudicelli, fournisseur de la Princesse de Bulgarie, corsets sur mesure, ouvrages pour Dames, à Nice, rue Paradis, 8, et à Vichy, jardin de l'Hôpital, 4, citée de 1899 à 1905


Mosaïstes sur bois de Nice

Honoré Lacroix, "mosaïste en bois, tabletier, ébéniste" (coffrets, boîtes, cannes, panneaux, tables, chaises...), est installé à Nice. Il est "l'un des représentants les plus distingués de l'industrie niçoise" présent à Vichy, au plus tard en 1864 (journaux non conservés entre 1860 et 1863), avec un magasin situé rue Montaret, 33. Il est cité en tant que fournisseur breveté de "S.M.I. Napoléon III " puis "de S.M. le roi de Suède". Il rencontre cependant des difficultés financières (dès 1866 ?) et est déclaré en faillite en mars 1869 ; les objets de son magasin vichyssois sont mis en vente aux enchères en juin de la même année.

- Galliena & Cera, sculpteurs, ébénistes, mosaïstes, sont actifs à Nice, des années 1850 à 1870 (F. Cera successeur), rue Masséna, 18 et place Saint-Etienne, et sont également présents à Vichy, rue Montaret, 14, où ils sont cités de 1864 à 1868. Ils sont les fournisseurs brevetés des Cours de Suède et Norvège, de Wurtemberg et Monaco. Ils sont récompensés par des médailles aux Expositions de Gênes en 1851, de Turin et de New York en 1853, de Nice en 1865 (médaille vermeil) et par une mention honorable à l'Exposition Universelle de Paris en 1867.


Négociants

- M. Jean Marie Théaux, négociant, demeurant à Nice, quai Saint-Jean-Baptiste, 19, acquiert à Vichy, en novembre 1881, une parcelle de terrain et ses constructions, faisant partie du Grand Hôtel de Paris, rue Cunin-Gridaine.

- "Maison Hollandaise", à Nice, place Grimaldi, à Vichy, rue du Casino, citée seulement en 1894.


Opticiens-oculistes

- L'opticien-oculiste Bartésago (Bartesago-Zanoli) installé à Saint-Etienne (Loire) ouvre une boutique à Vichy, passage Noyer en décembre 1867. Il ne passe les hivers à Nice, quai Masséna, 11, que dans les années 1877-1881/83. Il exerce ensuite uniquement à Vichy, jusqu'en 1889. Sa femme tient à Vichy, à la même adresse, une boutique de Robes et Confections, citée dès 1879.

- L. Ulrich, appareils optiques et photographiques, à Nice, Jardin-Public, 4, et à Vichy, au Casino, mais aussi à Paris, Aix-les-Bains et Monte-Carlo, cité de 1889 à 1900.


Peintre-portraitiste

- Charles Fantini, artiste itinérant, "bien connu à Nice", est notamment signalé à Vichy, chez le Photographe Chardonnet, place de l'Hôpital puis chez Frasnette, rue de Nîmes, en face l'église Saint-Louis, en 1879, et rue Burnol, 12, près le Hammam, en 1888.

- F. Charrière, "une ancienne connaissance, qui passe l'hiver à Nice, où il a du succès comme portraitiste, et vient à Vichy l'été" transforme les photographies à la peinture, dessine au crayon noir ou pastel d'après des photographie (portraits de célébrités) et d'après la pose. Il est cité à Vichy, près des Célestins, au Clos-Lardy puis boulevard National, de 1888 à 1900.


Pharmacies

- Desbrest Pharmacien, à Vichy, place Fontaine de l'Hôpital et dans les stations hivernales de Nice, Cannes, Menton (Alpes-Maritimes), Hyères (Var) et Pau (Basses-Pyrénées, actuellement Pyrénées-Atlantiques), cité en 1874


Photographes

- Le photographe Giuseppe Silli (Rome 1836-Vichy 1886), est actif à Nice dès 1858, Derrière le Temple Vaudois puis quai Masséna, 9. Il ouvre une succursale à Vichy en 1865, boulevard Victoria, ancienne Maison Coutem. Il conserve les deux ateliers, avec à Nice, l'adresse du quai Saint-Jean-Baptiste 6 puis 13, Maison du Grand Hôtel de la Paix, et à Vichy, l'adresse de la rue de Ballore puis du boulevard Napoléon qui devient boulevard National début 1871. En 1881, il abandonne l'atelier de Nice, tout en continuant à résider dans cette ville mais conserve l'atelier de Vichy jusqu'à sa mort en 1886. C'est ensuite son assistant, François Randrup, qui fait perdurer l'atelier vichyssois "Silli", jusqu'à sa mort en 1899, tout en restant domicilié à Nice.

- Le photographe Ferdinand Chardonnet (Rouvres-en-Plaine, Côte d'Or, 1833-Vichy, Allier, 1899) ouvre, dès 1863, un atelier à Nice, rue du Temple, 24 puis quai Masséna, 9. Il y adjoint une succursale vichyssoise, boulevard Victoria, Ancienne Maison Coutem, dès 1875. Il alterne entre ces deux ateliers pendant deux ans seulement. En 1877, il quitte Nice pour résider toute l'année à Vichy, maison Wasmer, en face la source de l'Hôpital puis rue Sornin, jusque vers 1892-93. C'est ensuite son fils Fernand Chardonnet qui reprend l'atelier jusqu'en 1896.

- Claudius Couton (Saint-Pourçain-sur-Sioule, Allier, 1837-Maisons-Alfort, Val-de-Marne, 1929), est actif à Clermont-Ferrand vers 1859, Maison Grabaum, rue du Terrail puis rue d'Assas, 1, et à Vichy, dès 1859, rue Prunelle puis rue Sornin. Il laisse son atelier clermontois à l'un de ses gendres en 1891 et ouvre, la même année, une succursale à Nice, d'abord Villa Soleil, à l'angle des boulevards Dubouchage et Carabacel puis quai Masséna, 4 et 4 bis, et enfin, avenue des Phocéens, 4. Il fait la navette entre les deux villes de Vichy et Nice pendant toute la décennie suivante. Suite à la faillite de son atelier vichyssois en 1900/01, il ne conserve que l'atelier niçois jusqu'en 1905/07.

- Paul Méténier (Hérisson, Allier, 1829-Saint-Amand-Montrond, Cher, 1909), entame une carrière de photographe itinérant, vers 1859-1861 où il est successivement signalé dans les villes de Dun-le-Roi (Dun-sur-Auron, Cher), Ainay-le-Château (Allier), Poitiers (Vienne), Bourges (Cher) ou encore Gannat (Allier). Il ouvre cependant un atelier pérenne à Vichy dès 1861/63, à Montluçon de 1863 à 1867 et à Paris de 1865 à 1869/70. À Vichy, il occupe différentes adresses qui ne semblent que des dénominations différentes d'un même lieu, place de la Marine, 12, boulevard Napoléon, 6 puis 12, et enfin, rue Sévigné, 12. Il ouvre, sur la côte méditerranéenne, des ateliers à Cannes (1870-1884 ?), Nice, dès 1875 ou 1876, puis Menton (vers 1878-1883/84). Il alterne entre ses ateliers de Nice et de Vichy, de 1875 ou 1876 à 1884. Il stoppe progressivement ses succursales des Alpes-Maritimes, ne conservant plus, dès 1884, que son atelier de Vichy et un nouvel atelier créé, vers 1883/84, à Saint-Amand-Montrond (Cher). Il cesse toute activité en 1889.


Professeurs

- A. Laurens, professeur de Langues vivantes, "l'hiver à Nice, l'été à Vichy", rue du Pont, cité en 1880.