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FÉLIX MOREL : GENÈVE, CANNES, NICE
BIOGRAPHIE
Genève
Félix Louis Morel/Maurel est né à Genève (Suisse), le 15 juin 1842. Il est le fils de Samuel Gabriel Morel, négociant (c.1809-16 octobre 1861) et de Rosa/Rose Catherine Lamon (c.1809/10-1er novembre 1887).
Son père est papetier et marchand de gouaches, d’estampes et d'ouvrages suisses dans les années 1840. La boutique familiale est attestée dès 1844 (Journal de Genève du 16 août 1844) et située rue du Rhône, 181.
Dans les années 1850, on y vend des "Vues et costumes suisses, Dessins pour album. Objets peints et sculptés en bois de l’Oberland. Guides et cartes routières. Objets en pierre taillée" et "bibles et Nouveaux-Testaments de la Société biblique" (Nouveau Guide de l'Etranger à Genève et ses environs, 1854 p 79 et 1858 p 84).
On y vend également des photographies, plusieurs photographes s'étant notamment installés rue du Rhône au cours des années 1840 et 1850 : "Souvenirs de Genève. Nouvelles vues photographiques, chez M. Morel, marchand de papier, rue du Rhône" (Journal de Genève du 4 juin 1853).
Le numéro de la boutique passe du 181 au 9, rue du Rhône au cours de l'année 1861 (Journal de Genève des 31 mars et 22 décembre 1861).
Après le décès de son père le 16 octobre 1861 (Journal de Genève des 17 et 26 octobre 1861), Félix Morel, âgé de 19 ans, s’investit davantage dans le magasin aux côtés de sa mère : "Veuve Morel et Fils, marchands de papier" (Journal de Genève du 22 décembre 1861).
Ensemble, ils continuent à proposer des bibles protestantes, des nouveaux psautiers mais également des "vues et sujets pour le stéréoscope" (Journal de Genève du 3 juin 1862), "des photographies de Genève et de Suisse" (Journal de Genève du 13 septembre 1865) et des reproductions de caricatures d'Edmond Lavrate prises par le photographe parisien Charles Ségoffin (vers 1860-1865). Ils diversifient cependant les articles et transforment le commerce en bazar.
Âgé de 22 ans, Félix Morel se marie à Genève fin janvier 1865 (Journal de Genève du 4 mars 1865), avec Julia/Julie Adèle Grobet (née dans le Vaudois en 1844). Leur fille, Charlotte Elisabeth Jeanne Morel, naît à Genève le 20 novembre 1865.
Félix Morel est, à la même époque, secrétaire de l’association du quartier de la rue du Rhône, tâche que son père semble avoir occupée avant lui.
Genève et Cannes
Vers octobre 1866, Félix Morel ouvre à Cannes, au nom de sa mère et au sien, un bazar semblable à celui de Genève, dénommé le "Chalet Suisse" et situé au 14, rue d’Antibes (Revue de Cannes du 1er décembre 1866).
"Morel et fils, à Genève", présentent notamment des "Dessins et Gouaches" à l'Exposition Universelle de 1867 à Paris (Catalogue Général de l'Exposition, Groupe II, p 101).
Il est possible qu'à cette époque, Félix Morel alterne les hivers à Cannes et les étés à Genève. Sa deuxième fille, Léa Ernestine Hélène Morel, naît à Cannes le 7 mars 1868.
Le 8 août 1868, Félix Morel fait paraître une petite annonce dans le Journal de Genève, afin de recruter un employé suisse pour le magasin de Cannes, "parlant couramment anglais et si possible l’allemand. Nourriture et logement dans la maison".
La mère de Félix Morel, souhaitant cesser son activité, fait cependant des remises importantes sur les articles du bazar de Genève puis cherche à liquider le magasin dès septembre 1868, soldant tous les articles dont les "albums" et "vues" pour "cause de départ et de la remise du local sans marchandises" (Journal de Genève des 15, 17 et 26 septembre 1868).
C’est Félix Morel qui ferme le magasin en octobre suivant (Journal de Genève du 28 octobre 1868) mais conserve celui de la ville de Cannes où il s’installe durablement.
Cannes et Nice
A Cannes, il vend, là aussi, des articles de ménage, de l’ébénisterie et marqueterie en bois du pays, des bibles, et des photographies de la région.
Une publicité de sa boutique signale, "photographies, nouvelles séries de Marseille, Cannes et Gênes" (Revue de Cannes du 21 avril 1869), révélant que Félix Morel ne diffuse pas seulement des photographies régionales et des vues de Jean Walburg de Bray.
En 1869, Félix Morel remplace le bazar genevois par une boutique spécialisée en marqueterie qu'il ouvre à Nice. Cette dernière est signalée "rue Gioffredo, 13" (rive droite du Paillon), dès l'annuaire niçois de 1870 mais "rue du Pont-Neuf" (rive gauche du Paillon), dans le Nice-Guide du Dr Lubanski paru la même année.
Sa première fille, Jeanne, décède malheureusement à Cannes le 15 janvier 1870, âgée de 4 ans, puis son épouse Adèle, à Genève, le 21 juin 1871, âgée de 27 ans.
Dans les annuaires de 1871 et 1872, la boutique niçoise est à nouveau citée "rue Gioffredo, 13" mais "rue du Pont-Neuf, 1" dans celui de 1873. L'adresse de la rue Gioffredo signalée dans les annuaires de 1870 à 1872 vient peut-être d'une confusion due à l'existence d'un homonyme, "F. (pour François) Morel, ameublement, passage Gioffredo, maison Morel".
La boutique de marqueterie semble donc attestée à deux adresses différentes mais jamais à l'adresse indiquée au verso des vues diffusées par Félix Morel, "rue du Pont-Neuf, 3".
Certes, cela peut s'expliquer par un changement de numérotation de la rue et par un changement d'adresse non retranscrit dans les annuaires. Cela peut être également dû à la coexistence d'une adresse du domicile et d'une adresse professionnelle, même si cela reste étonnant du fait de la domiciliation cannoise de son propriétaire.
La situation se complexifie cependant avec l'annuaire de 1873 qui propose tout à la fois une liste alphabétique et une liste professionnelle. Félix Morel est uniquement signalé dans la liste alphabétique, "rue du Pont-Neuf, 1", avec une adresse qui ne peut qu'être son adresse professionnelle, cette rue seule étant mentionnée au revers de ses vues. Il est possible que l'adresse complète soit rue du Pont-neuf, 1 et 3 et que seul l'un des deux numéros soit cité dans les documents.
Le même annuaire de 1873 affiche cependant, dans la liste professionnelle, "Marqueterie - Ruegger, Albert, rue du Pont-Neuf, 3", c'est-à-dire, l'adresse signalée au verso des vues de Félix Morel mais à un autre nom (absent des annuaires précédents).
Depuis les années 1860, plusieurs marqueteurs ont coexisté dans la rue du Pont-Neuf mais dans la première moitié des années 1870, seuls Morel et Ruegger sont signalés : les commerces de Félix Morel et d'Albert Ruegger sont-ils côte à côte ou ne constituent-ils qu'un seul et même commerce ?
Félix Morel, qui habite Cannes et n'est pas présent de façon permanente dans sa boutique niçoise, a probablement pris un ou plusieurs employés, voire un gérant. L'annuaire affiche-t-il le nom du propriétaire (Morel) et celui du gérant (Ruegger, ébéniste, mosaïste) ?
Cette hypothèse semble se confirmer avec les annuaires suivants où le nom de Félix Morel est définitivement absent alors que celui d'Albert Ruegger reste cité rue du Pont-Neuf, au n° 3 puis, dès octobre 1876, au n° 6, laissant penser que ce dernier est désormais le successeur de Félix Morel. L'annuaire de 1873 a donc continué de citer Félix Morel par erreur.
Il faudrait étudier plus en détail la vie d'Albert Ruegger afin de clarifier la situation mais il apparaît d'emblée que les deux hommes ont le même âge, sont de nationalité suisse, viennent de Genève et partagent le même intérêt pour les objets en bois.
Tous deux diffusent également les vues de Jean Walburg de Bray, sans en préciser le nom. Albert Ruegger est d'ailleurs l'un des témoins du mariage à Cannes de Jean Walburg de Bray, le 25 avril 1871, et il est dit "commis" à cette date.
Enfin, Jean Walburg de Bray a le même âge que Félix Morel et Albert Ruegger ; il est sculpteur sur bois, a possédé au début des années 1860 une boutique d'objets et mosaïques en bois de Nice, rue du Pont-Neuf (au n° 6 bis), et, quoique de nationalité française, a grandi en Suisse, avec un père pasteur protestant.
En 1872, Félix Morel renonce donc à sa boutique niçoise (après 3 ans d'activité) et se concentre sur son commerce cannois.
Âgé de 31 ans, il se remarie à Cannes le 16 janvier 1874, avec Louise Rebecca Jaunin (née le 12 juin 1854 aux Eaux-Vives, près de Genève). A cette date, la mère de Félix, consentante par acte notarié, habite désormais dans sa maison de Carouge (près de Genève).
Dans la seconde moitié des années 1870, Félix Morel est membre de la Société des Sciences Naturelles et Historiques, des Lettres et des Beaux-Arts de Cannes et de l'arrondissement de Grasse et secrétaire de la Société suisse de Bienfaisance de Cannes. Son nom et celui de son magasin sont régulièrement cités tout au long des années 1870.
Sa deuxième épouse, âgée de 24 ans, décède malheureusement le 24 avril 1879, à leur domicile cannois du 10, rue Bivouac.
Félix Morel est à nouveau cité à cette adresse cannoise dans le recensement de 1881, avec sa fille Hélène.
Est-ce lui qu’il faut reconnaître dans la demande de "Louis-Félix Morel" pour devenir membre de la Société de Géographie, lors de la séance parisienne du 6 avril 1883 ?
Félix Morel est à nouveau cité rue Bivouac, 10 dans le recensement de la Ville de Cannes de 1886, avec sa mère Catherine (âgée de 76 ans) mais sans sa fille Hélène (âgée de 18 ans). Les annuaires contemporains signalent cependant son domicile rue d'Antibes, 12 (à l'angle de la rue Bivouac) et son magasin rue d'Antibes, 14.
Sa mère décède à Cannes le 1er novembre 1887, "âgée de 78 ans".
Félix Morel semble quitter Cannes dès 1888, son nom et celui de son magasin disparaissant des annuaires suivants.
Paris
Peu de choses sont connues sur sa vie parisienne (dès 1888 ?). Il est dit "comptable", domicilié au 11, rue de Trévise (Paris, 9éme arrondissement), lorsqu'il décède à Neuilly-sur-Seine le 14 août 1900, âgé de 58 ans.
Sa fille Hélène Morel est pour sa part signalée fin 1919-début 1920 (âgée de 51 ans), lors de la succession de maisons lyonnaises, en tant que "célibataire, demeurant à Genève, boulevard des Philosophes, 13".
CARTONS-PHOTOS
Genève (c.1850-1861)
PASCAL AMARANTE : MENTON
BIOGRAPHIE
Paschal (sic) Thieri (Thiery/Thierry), dit Pascal Jean Hercule Amarante, est né à Menton le 21 septembre 1831. Il est l’aîné des six enfants de François Hercule Thieri-Amarante, perruquier (né à Menton le 2 mars 1809) et de Marie Thérèse Olivier (née à Menton le 24 octobre 1805) qui se sont mariés dans cette ville le 25 novembre 1830.
Très peu d’éléments concernant la vie de Pascal Amarante sont connus. Il ne semble pas s’être marié ni avoir eu d’enfant. Il appartient à la grande famille Amarante de commerçants mentonnais (Agence de location, Marchand de Pianos et Musique et plusieurs Magasins de Nouveautés et d’Articles d’Ameublement).
Il tient un bazar dans la ville, attesté seulement à partir de 1860. Ce magasin est situé rue Saint-Michel et dénommé dans les ouvrages "Mentone Baza(a)r - Maison Universelle et de Premier Ordre - Pascal Amarante" puis, dès la fin des années 1860, "Amarante - Maison-Modèle, Universelle et de Premier Ordre".
Dans ce bazar, il vend toutes sortes de produits industriels français, britanniques et anglais qui font sa réputation (nouveautés, articles de ménage, mercerie, rouennerie, jouets…) (Image 2).
Il est également libraire-éditeur et diffuse tous les ouvrages publiés sur Menton, ainsi que "les photographies des sites les plus curieux de la Corniche" (Elisée Reclus, Les Villes d’hiver de la Méditerranée et les Alpes-Maritimes, 1864 p 428).
Il édite notamment l’ouvrage d’Alfred de Longpérier-Grimoard, L’Hiver à Menton, en 1860 et 1862, avec des versions contenant 10 tirages albuminés collés de vues de Menton et ses environs, prises par Alphonse Davanne.
Le nom de Pascal Amarante apparaît régulièrement dans des listes de souscriptions (Amnistiés de Paris, Inondés…) et une fois dans celle des passagers pour New York en 1871.
A partir de mai 1881, il crée une société avec son frère Bienvenu Thieri (né le 25 juillet 1846 à Menton) et l’un de ses beaux-frères, Henri Pasquier (né le 9 avril 1839 à Paris). La société porte le nom de "Pascal Amarante et Cie - Maison modèle", avec le magasin du 20, rue Saint-Michel mais aussi, pendant les années 1880, un deuxième magasin au 16, avenue Victor-Emmanuel (leur successeur sera Pierre Molinari en 1902).
Pascal Amarante semble être décédé à Menton au tournant du XX° siècle (acte de décès non retrouvé).
CARTONS-PHOTOS
Pascal Amarante diffuse un très grand nombre de vues portant le monogramme et/ou le nom d’Alphonse Davanne (AD), pendant toutes les années 1860, puis ceux de Miguel Aleo et d’Alphonse Davanne (AD, avec souvent leurs noms écrits sur ces initiales) pendant les années 1870 et 1880.
Les vues précisent, le plus souvent au verso :
- "Souvenir de Mentone - AD [pour Alphonse Davanne] - Photographié par A. Davanne - Mentone Bazar - Pascal Amarante Deposit." [généralement à l’encre brune] ;
- "AD [pour Alphonse Davanne] - Mentone Bazar - Pascal Amarante - Deposit." [généralement à l’encre brune] ;
- "AD [pour Aleo & Davanne] - Pascal Amarante. - Maison Modèle - Menton" [généralement à l’encre rouge ou bleue] ; de plus rares cartons portent le monogramme "AD" imprimé en bleu mais une étiquette de Pascal Amarante [pour sa part imprimée à l’encre rouge ou noire] ;
- "PA [pour Pascal Amarante, le A étant tête en bas] - Pascal Amarante. - Maison Modèle - Menton" [généralement à l’encre rouge].
Pascal Amarante diffuse également des photographies dépourvues du nom de leur(s) auteur(s) dont des reproductions d’estampes (costumes régionaux) et des vues dont beaucoup sont à nouveau imputables à Aleo & Davanne.
Les photographies de ces deux auteurs sont généralement des vues de Menton et de ses environs (Monaco, La Turbie, Eze, Roquebrune, Bordighera) et plus rarement et tardivement celles de Nice et de Cannes.
Le monogramme seul de Pascal Amarante, non accompagné de celui du photographe, apparaît au revers de vues du Mont-Dore (Puy-de-Dôme) prises par Alphonse Davanne, ce qui prouve qu'il diffuse également des vues non régionales.
Aucune vue du photographe mentonnais Charles Jean Baptiste Anfossi ne semble afficher le nom ou le monogramme de Pascal Amarante, alors que ce dernier en vend, comme le révèle ce passage d’un article d’Adolphe Joanne datant de 1874 : "Un de nous se lève au troisième coup de sonnette pour ouvrir la porte. C’était un commis du bazar de Menton qui nous apportait une collection des plus belles photographies de MM. Davanne et Anfossi" ("Menton et Bordighera", dans, Le Tour du Monde, vol. XXVII, premier semestre 1874, p 251).
Il est d'ailleurs probable que Pascal Amarante diffuse également les ouvrages comprenant des photographies de Charles Jean Baptiste Anfossi et de son associé Joseph Radiguet :
- leur Album de la Vésubie (arrière-pays mentonnais), accompagné du texte de Marie de Saint-Germain (1872)
- et l'ouvrage d'Emile Rivière, Découverte d'un squelette humain de l'époque paléolithique dans les cavernes des Baoussé-Roussé, dites Grottes de Menton (1872 et 1873), contenant deux de leurs photographies.