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NICE, HISTOIRE ET REPRÉSENTATIONS DE LA PLACE MASSÉNA
LES ANNÉES 1820-1840
A Nice, le Pont-Saint-Charles ou Pont-Neuf, érigé sur le Paillon de 1820 à 1824, permet de mieux relier la vieille ville à ses faubourgs et d'envisager désormais la réalisation de deux places hémicirculaire à ses extrémités. Le Consiglio d'Ornato confirme ce projet dans les années 1830 (Image 1).
Les images conservées montrent essentiellement le Pont-Neuf et la rive gauche du Paillon avec la place Charles-Albert en partie réalisée et le boulevard qui mène au Pont-Vieux et à la place Victor.
Sur la rive droite, à la limite des terres agricoles, les maisons bordent la route de France, étroite et en mauvais état, qui mène au Collège royal et au faubourg Saint-Jean-Baptiste, face au Pont-Vieux (Image 2).
Plus au sud, la zone située entre le Pont-Neuf et la mer est encore marécageuse et soumise aux crues du Paillon. Elle n'est bâtie qu'à partir du milieu des années 1830.
La future place n'est alors qu'un vaste carrefour, bordé de quelques bâtisses, où aboutit la route de France. Elle porte tout d'abord le nom de "place neuve", "place du Pont-neuf" ou encore "place du faubourg Saint-Jean-Baptiste" car elle en apparaît comme le prolongement sud (Image 3).
A la fin des années 1830, le Consiglio d'Ornato opte en définitive pour un projet de place rectangulaire de 94x54 m sur la rive droite et détermine l'emplacement et l'élévation des futurs bâtiments.
Quelques constructions sont entamées dès le début des années 1840 et un Plan régulateur définitif est adopté le 29 décembre 1843.
De nouvelles dénominations de la place s'ajoutent dès lors aux précédentes,"place quadrilatère", "place quadrangulaire".
Dès 1843, Louis Roubaudi, dans son ouvrage intitulé Nice et ses environs (pp 29 et 38), évoque la place "qu'on vient de dessiner de l'autre côté du pont" et qui est "bordée de belles maisons, régulièrement bâties et ornées d'élégantes arcades" (Image 4).
L'Indicateur niçois pour 1845 situe les adresses des habitants et commerçants de la place, "au Pont-neuf", "près" ou "après le Pont-neuf", "hors du Pont-neuf", "faubourg du Pont-neuf", "boulevart du Pont-neuf" (futur quai Masséna), "place du pont-neuf, sous les arcades" ou plus rarement, "place quadrilatère", et il cite :
- la maison d'Antoine Cauvin (ex-pharmacien), bâtie vers 1840-1841, dans l'angle sud-est formé avec le futur quai Masséna (actuelle avenue de Verdun) :
- la maison de Joseph Pin (négociant) et Donaudy, bâtie vers 1841-1843, dans l'angle formé avec la route de France (future rue Masséna), entre la maison Cauvin et la maison Martin et Robert ;
- la maison d'Ambroise Tiranty (négociant), bâtie en 1844-45 dans l'angle formé avec le futur quai Saint-Jean-Baptiste (actuelle avenue Félix-Faure) et accostée d'une remise plus ancienne,
- et les maisons de la belle-mère de ce dernier (deuxième épouse de son père, la "veuve Tiranty") dont l'une est qualifiée de "petite" (L'indicateur Niçois pour 1845), par opposition à "la grande maison" qu'elle a fait ériger vers 1836-37, près de la route de France (et qui sera, par la suite, dite "contiguë à celle du Café de la Victoire" ; Edouard Corinaldi, "Souvenirs de Nice (1830-1850)", Annales de la Société des Lettres, Sciences & Arts des Alpes-Maritimes, 1901, pp 55-92, p 81).
Les héritiers Tiranty possèdent d'ailleurs la plupart des terrains et maisons situés à l'ouest de la place, entre les petites routes du vallon de Saint-Michel (au sud) et du vallon de Saint-Pons (au nord) (Image 4 ci-dessus).
Les vues des années 1840 sont prises le plus souvent depuis le Jardin des Plantes ou les quais de la rive droite et ne montrent que l'entrée de la place Masséna et ses maisons d'angle (Image 5).
Sur l'image ci-dessus, seules la maison Cauvin du côté sud et la maison Tiranty du côté nord sont visibles. Elles alignent plusieurs niveaux de sept baies sur les quais et, dans l'angle, un portique qui se continue à l'intérieur de la place.
Les baies de ces maisons apparaissent décalées par rapport à celles des bâtiments voisins et le sont en réalité. En revanche, le rendu de la perspective peut laisser croire que la maison nord comporte un niveau de moins que celle du sud, ce qui n'est pas le cas.