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dimanche 2 octobre 2022

1264-DEYDIER ERNEST (?-?), RAPHAELLI-QUILICI LÉON (c.1831-?), PHOTOGRAPHES

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


 - ANDRIEU Jean (1816-apr.1876), Nice, La plage, 569, début 1863,
avec au premier plan l'arrière de l'ancienne Pension Clerissy,
 Carte de visite de 6,6x9,7 cm, Collection personnelle. 


DERNIERE MISE A JOUR DE CET ARTICLE : 14/04/2023


Suite de la Liste des Photographes niçois du XIX° siècle.


- Ernest DEYDIER (?- ?), actif dans les années 1860


NICE

Ce photographe est cité à Nice à deux reprises dans les archives notariales de Maître Charles Arnulf, en lien avec la succession de l’abbé Vitalin Chiais (1816-1865). 

Ce dernier était propriétaire des bâtiments de l’ancienne Pension Clerissy située au pied de la Colline du Château, avec son jardin en amphithéâtre et sa célèbre Tour Bellanda dominant la Baie des Anges (voir l'image ci-dessus ; bâtiments conservés de nos jours).

La première mention apparaît dans un acte du 17 juillet 1865 recensant les papiers du défunt : "Un bail sous seing privé sur timbre du 15 juin 1864 par M. l’abbé Chiais à M. Ernest Deydier représentant la maison L. et E. Pavin de Lafarge de Viviers, d’un petit appartement au 3ème étage au-dessus de l’entresol, dépendant de la maison habitée par M. Chiais [côté sud], pour deux ans à partir du 29 septembre 1864, au prix de 400 francs" (AD06, 03E 023/251 fol.169v).

Le photographe est à nouveau cité pour ce même bail lors d’une expertise de la maison, le 4 février 1867 : "Le bail Didier (sic) existait mais si le prix a été fixé à 400 fr, c’est pour l’exercice de la profession de photographe qui avait droit de poser soit dans le jardin, soit sur la tour, avec toutes les machines pour prendre des vues, toutes fois et quand plairait au locataire" (AD06, 3U1 1134 fol.571v).


RECHERCHES

La mention d'un photographe dans des archives notariales niçoises non dépouillées laisse penser que d’autres noms de photographes, absents des annuaires, des listes électorales, des journaux et des actes d’état civil de la Ville de Nice, peuvent y être découverts.

Toutes les recherches visant à retrouver des éléments biographiques concernant Ernest Deydier sont malheureusement restées infructueuses. 

La présence d’Ernest Deydier à Nice de 1864 à 1866 (seulement d'octobre à mars ?) est originale, par le fait qu’il se soit installé auprès de la Tour Bellanda mais surtout par le fait qu’il ait été missionné par l’entreprise de chaux hydraulique des Frères Léon (1806-1877) et Edouard (1816-1890) Pavin de Lafarge, de Viviers et Le Teil (Ardèche, près de Montélimar).

Cette célèbre entreprise nationale, fondée par leur père, a pris de l’ampleur grâce à l’énorme commande reçue à l’occasion de la construction du Canal de Suez en 1864 justement, mais ses expéditions de chaux avaient lieu depuis 1833, notamment dans les ports de Marseille, Toulon et Nice.

Malgré la lecture de nombreux ouvrages et articles, je n’ai pas réussi à comprendre l’intérêt pour une entreprise de chaux hydraulique de missionner un photographe à Nice, sauf si ce dernier avait une mission principale, autre que celle de photographier les touristes (utilisation de la chaux dans l'endiguement du Paillon ?).

Aucune photographie signée du nom de Deydier n’est connue.


DIDIER OU DEYDIER ?

Au début de ma recherche, je n’avais rencontré que le nom du photographe cité dans l’acte de 1867 ("Didier"). Une recherche plus systématique dans les archives du même notaire m’a ensuite révélé, l’acte de 1865, avec une autre orthographe et le prénom ("Deydier Ernest").

Jean-Marie Voignier dans son ouvrage, Répertoire des Photographes de France au Dix-neuvième siècle (1993), cite plusieurs photographes du nom de "Didier" et un seul du nom de "Deydier". Après vérification, aucun de ces photographes ne correspond. 

"Deydier J. ph. Pont Saint Esprit (Gard)", malgré l’initiale de l’un de ses prénoms, était le plus susceptible de correspondre, du fait de sa proximité géographique avec l’Ardèche. Le nom de "Deydier" étant sur-représenté en Ardèche et dans les départements limitrophes, je livre ci-dessous le fruit de mes recherches.


DEYDIER JEAN BAPTISTE (1848-1881)

Jean Baptiste Deydier est né le 12 septembre 1848 à Avignon (Vaucluse). Il est le fils de Laurent Thomas Deydier, marchand de vins (décédé en 1866 à Avignon) et de Marie Flavie Flavier (née vers 1814).

La fiche militaire (1869) de Jean Baptiste Deydier, le dit "menuisier" à ses 20 ans. A 25 ans, il est désormais "photographe" à Pont-Saint-Esprit. En effet, le 28 mai 1874, il épouse dans cette ville, Marguerite Joséphine Tournel, 17 ans et demi (domiciliée à Pont-Saint-Esprit où elle est née).

Le jeune couple semble ensuite quitter Pont-Saint-Esprit pour Avignon (absent du recensement de 1876). Malade, Jean Baptiste Deydier est cependant réformé puis rayé des listes militaires dès le 23 mars 1880. "Ancien photographe", âgé de 33 ans, il décède à Avignon le 16 octobre 1881.




- Léon RAPHAELLI-QUILICI (c.1831-?)


NICE

"Quilici Léon, artiste, célibataire, 30 ans" est cité dans le recensement de la Ville de Nice de 1861, rue Chauvain. Il vit avec "Raffaelli Louise, 40 ans, mariée" et sa fille "Raffaelli Emma, couturière, célibataire, 16 ans". 

Le recensement de 1866 cite ensuite ces trois personnes au 6, rue de la Buffa, "Quillici (sic) [ou "Cuillici" ?] Léon, photographe, marié, 35 ans", "Raphaëli (sic) Louise, mariée, 40 ans" et "Raphaëli Louise, 18 ans, célibataire".

L'ambiguïté des renseignements n'aide pas : Léon (né vers 1831) est dit célibataire en 1861 puis marié en 1866 ; Louise est dite mariée dès 1861 mais a 40 ans en 1866 comme en 1861 (née entre 1821 et 1826) et a une fille qui porte son nom, âgée de 16 ans en 1861 et de 18 ans en 1866 (née entre 1845 et 1848).

Le 6 novembre 1865, "Louise Raffaelli" dépose une demande d'autorisation municipale visant à "écrire le mot Photographie sur le mur du deuxième étage de la Maison Ugo qu'elle habite au 1, rue de la Buffa" et signe "Luisa Raffaelli". Elle sollicite également l'autorisation "d'apposer deux tableaux mobiles de vues photographiées (de 80x60 cm), l'un sous les arcades du Café des Alpes-Maritimes place Masséna et l'autre au coin de la rue de Croix-de-Marbre et rue Masséna" (AM, 2T21-418).

Louise Raffaelli est-elle photographe ou aide-t-elle seulement son conjoint dans les démarches administratives ? Le 21 octobre 1867, c'est avenue du Prince Impérial, Maison Warrick/Warrich (parfumeurs-distillateurs), qu'elle souhaite désormais faire l'inscription, "Parfumerie de Nice", sur l'enseigne de son magasin.

Une publicité paraît dans le Journal de Nice de décembre 1867 à janvier 1868 (p 4) : "Etrennes - Parfumerie - De Nice - Articles de Luxe - L. Raffaelli - Avenue du Prince Impérial, maison Warrick".

Les noms de Léon Quilici et de Louise Raffaelli restent absents des annuaires (liste des photographes et liste des habitants). Leurs patronymes sont assez rares à Nice dans le troisième quart du XIX° siècle, avec des familles généralement issues d'Italie ou de Corse. 

Léon Quilici et Louise Raffaelli sont-ils mari et femme ? Léon porte-t-il les deux noms de Quilici-Raffaelli (noms de ses mère et père corses ?) mais n'affiche-t-il que l'un des deux ?

Il existe en effet une publicité pour l'atelier de photographie de "M. Raphaelli" (sic) situé au 9, rue Vieille du Temple (quartier de la Buffa), qui paraît dans le Journal de Nice en mars 1869.


- Publicité parue dans le Journal de Nice du 5 au 17 mars 1869 p 4, 

Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



Si Léon se nomme "Quilici-Raffaelli", il peut être le mari de Louise au nom de jeune fille inconnu. Il peut, de même, être le très jeune père d'Emma ou celui qui l'a reconnue.

Si Léon se nomme "Quilici", il peut être célibataire et vivre en concubinage avec Louise Raffaelli dont il adopte le nom pour son atelier de photographie.

A ce jour, aucun carton-photo niçois portant ce nom n'est connu.

La famille n'apparait plus dans les recensements suivants et n'est plus citée par la suite. Il est possible qu'elle ait quitté Nice entre 1869 et 1872. 

La suite de la vie et de la carrière de Léon, de Louise et d'Emma restent inconnues, comme leur date et lieu de décès.

[Le photographe "Quilici" qui officie au 21, rue de Trévise à Paris (9ème arrondissement), ainsi qu'au 26-28, rue Allard à Saint-Mandé (Val-de-Marne) dans les années 1890 et le tout début du XX° siècle, est un homonyme. Il se prénomme (après recherche) "Pierre", et décède accidentellement le 28 avril 1903 à Saint-Mandé].


VOIR LA LISTE DES PHOTOGRAPHES ÉTUDIÉS