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mercredi 1 janvier 2020

1074-LES FEMMES ET LA PHOTOGRAPHIE À NICE AU XIX° SIÈCLE-2




- Nice, Portrait de femme, vers 1873-1874.


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 25/03/2022




FEMMES TITULAIRES D'UN ATELIER 


Seuls les noms de quelques rares femmes photographes ont été inscrits sur l'enseigne de l'atelier et les cartons-photos correspondants, à Nice ou ailleurs. Encore faut-il préciser que là encore leur féminité est masquée par le fait qu'elles travaillent parfois en association avec un homme (mari ou non), avec leur nom cité en second et que ce nom n'est parfois ni précédé de "Madame" ni de leur prénom. 

Les femmes photographes ont, comme les hommes, eu des carrières plus ou moins longues, de quelques années à plusieurs décennies, bâties sur un ou plusieurs ateliers successifs dans la même ville ou dans des villes différentes. 



- Maria, épouse MAZZOCCA (Italie vers 1826-?)


Maria, au nom de jeune fille inconnu, est née en Italie vers 1826.
Elle épouse vers 1855 (?), dans la province de Turin, le photographe Iacomo Mazzocca (Vercelli, Piémont, Italie 1826-après 1884) qui possède un atelier à Turin au 25, rue d'Argennes. A quelques mois près, ils ont tous les deux 29 ans. 
Il semble que Maria s'initie rapidement à la photographie en travaillant avec son mari car, faits rares à l'époque, elle participe officiellement avec lui dès 1858 à l'Exposition des Produits Industriels de Turin, "Conjugi Mazzocca" ("Epoux Mazzocca") et reprend avec lui l'atelier du photographe turinois Cazo en 1859. Son activité, qui dure près de 15 ans, est précisée sur les cartons-photos, "Stabilimento fotografico - Dei - Conjugi Mazzocca - Piazza Castello - N° 22 - Torino".

Vers 1872, le couple quitte cependant Turin pour Nice mais l'activité de Maria dans le nouvel atelier semble stoppée ou mise en sourdine. Le recensement de la Ville de Nice de 1876 la cite uniquement comme épouse et celui de 1881 reste ambigu sur sa profession. Le seul point certain est que sa participation n'apparaît plus sur les cartons niçois qui affichent seulement "J. Mazzocca" (pour "Jacques") - 6 & 8 rue Chauvin - Nice" et la raison n'en est pas connue. Du fait que Maria ne semble pas avoir d'autre activité professionnelle, il s'agit peut-être d'un choix personnel, permis par une situation plus aisée.

Lorsque Jacques Mazzocca âgé, comme son épouse de 58 ans, cède en 1884 son affaire niçoise à Hercule Ferrari, il semble devenir parallèlement son associé pour la succursale d'été de ce dernier à Gannat (Allier) mais là encore la participation de son épouse n'apparaît pas, "Photographie Instantanée - H. Ferrari & J. Mazzocca - Gannat". Cet atelier perdure ensuite, probablement sans Jacques Mazzocca trop âgé, jusqu'aux premières années du XX° siècle. 
Les dates et lieux de décès de Jacques et de Maria Mazzocca restent inconnus.



- CONJUGI MAZZOCCA (Jacques Mazzocca, vers 1826-après 1884), recto, Portrait de Melle Lucia Quinzio, vers 1861-1872 (?),
"Conjugi Mazzocca",
tirage albuminé de 9x5,3 cm sur carton de 10,6x6,1 cm, Collection personnelle.

- CONJUGI MAZZOCCA (Jacques Mazzocca, vers 1826-après 1884), verso, Portrait de Melle Lucia Quinzio, vers 1861-1872 (?),
"Stabilimento Fotografico - Dei - Conjugi Mazzocca, - Piazza Castello N°22 - Torino",
carton de 10,6x6,1 cm, Collection personnelle.




- Marie Caroline BÉQUET (Guingamp, Côtes-du-Nord 3 octobre 1837-?) épouse POUGET


Marie Caroline Béquet est née à Guingamp (actuelles Côtes-d'Armor) le 3 octobre 1837. Elle est la fille de Jean François Béquet, menuisier et de Catherine Françoise Nivet, ménagère.

La famille déménage ensuite à Bordeaux. Au début des années 1860, Marie Caroline Béquet est, dans cette ville, la compagne du peintre et chimiste photographe Pierre Pouget dit Léon Puget (Bergerac, Dordogne 16 décembre 1832-?), veuf d'un premier mariage. Ce dernier possède un atelier bordelais 2, rue du Champ de Mars (puis 71, rue Condillac) et il entreprend des saisons d'hiver à Nice dès 1863.

Caroline, 27 ans et Pierre, 31 ans se marient d'ailleurs à Nice le 13 octobre 1864. A cette date, Caroline est dite "sans profession". Léon Puget ne se contente pas d'ouvrir un atelier niçois au 28, boulevard du Pont-Neuf, il en ouvre un second dès 1865 au 7, rue du Temple avant d'opter vers 1867 ou 1868 pour la seule adresse du 3, quai Saint-Jean-Baptiste.
Dans le recensement de la Ville de Nice de 1866, Caroline est dite "ménagère" alors que son mari est qualifié de "photographe". Rien ne permet donc d'affirmer qu'elle travaille avec lui dès cette époque. 
Si jusqu'en 1872, seul le nom de "Puget", "Puget L." ou "Puget Léon" photographe, est cité dans les documents niçois, le nom de "Puget Caroline" apparaît dans les annuaires niçois de 1873 à 1875, dans la liste professionnelle des photographes.
Il est difficile de savoir si Léon Puget officie alors dans la région bordelaise mais le nom des Puget disparaît des annuaires niçois après 1875. Un "M. Puget, photographe" est cependant cité lors de la préparation des élections municipales de Cannes en 1881 mais il ne s'agit pas de lui.

Certains cartons-photos révèlent cependant un autre atelier de cette même période, proche de Bordeaux, à Bergerac (Dordogne), dans la commune de naissance de Léon Puget mais là encore, étonnamment seul le nom de son épouse apparaît, sous les armoiries britanniques, "Mme L. Pouget - Peintre & Photographe - A Bergerac - Maison A Nice". Elle seule est d'ailleurs recensée à Bergerac dans l'Aide-Mémoire de Photographie de la Société de Toulouse de 1876 à 1885, "Mme Pouget" mais c'est ensuite le seul nom de "Pouget" qui est cité de 1889 à 1895, entretenant l’ambiguïté.

Plusieurs éléments des cartons-photos de Bergerac sont à analyser. Caroline affiche le vrai nom de son époux et non son pseudo ("Mme Pouget" et non "Mme Puget"). La mention de "peintre et photographe" se rapporte probablement à son époux mais ce n'est pas certain. Enfin la mention "Maison à Nice" disparaît des cartons-photos postérieurs et se voit par la suite remplacée par une adresse parisienne, "Mme L. Pouget - Peintre et Photographe - 45, Bd St-Michel, 45 - Paris - Bergerac - Rue Neuve d'Argenson Jardin Public". Les cartons les plus tardifs (années 1890 ?) qui conservent ces deux adresses n'affichent plus "Mme L. Pouget" mais "Mme Pouget". Caroline Pouget a été photographe pendant au moins 20 ans (acte de décès non retrouvé).


- POUGET Caroline (1837-?), Portrait d'Emma Cailly, recto, vers 1872-1875 (?),
recto nu,
tirage albuminé de 9,6x5,6 cm, sur carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.

- POUGET Caroline (1837-?), Portrait d'Emma Cailly, verso, vers 1872-1875 (?),
sous les armoiries britanniques, "Mme L. Pouget - Peintre & Photographe - A Bergerac - Maison A Nice". ,
carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.


- POUGET Caroline (1837-?), Portrait de militaire du 108° RI, recto, vers 1876 (?),
"Mme L. Pouget. Phot.",
tirage albuminé de 8,7x5,4 cm, sur carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.

- POUGET Caroline (1837-?), Portrait de militaire du 108° RI, verso, vers 1876 (?),
"Photographie (oblique) - armoiries de la couronne britannique - Mme L. Pouget - Peintre & Photographe - A Bergerac",
carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.




- Isidora Marie Angeline WICHARD DU PERRON (Arbois, Jura 4 juillet 1841-Toulouse 1918) épouse MEURISSE


Cette notice s'appuie sur les recherches d'Hervé Lestang (portraitsepia.fr).

Isidora Marie Angéline Wichard est née à Arbois (Jura) le 4 juillet 1841. Elle est la fille de Marie Joseph Wichard du Perron, professeur de latinité au Collège d'Arbois et d'Antoinette Adèle Agnant, ménagère.

A 19 ans, sans profession, domiciliée à Besançon (Doubs), elle accouche en juillet 1861, d'une fille prénommée Emma Louise, à Dôle (Jura). Le 13 août 1863, toujours domiciliée à Besançon et sans profession, elle reconnaît sa fille à la mairie de Dôle.

L'année suivante, Isidora Marie Angeline Wichard du Perron, âgée de 23 ans, sans profession, épouse à Nice, le 29 octobre 1864 (ses parents sont décédés à cette date), le photographe César Auguste Meurisse, 32 ans (Laon, Aisne 5 novembre 1831-Rochefort, Charente-Maritime 17 septembre 1908) et les époux légitiment, à cette occasion, Emma Louise. Isadora Marie Angeline signe l'acte de mariage, "M. Wichard du Perron", Marie étant son prénom d'usage. L'un de leurs témoins est le photographe niçois Adolphe Adi (vers 1842-?).

César Auguste Meurisse s'est probablement formé à la photographie à Paris où son père, ancien tonnelier, réside encore en 1864. Il possède depuis fin 1863, un atelier à Nice, à l'angle des rues Paradis (n° 2) et Masséna (n°13). Ses cartons photos portant cette adresse, affichent "Auguste Meurisse" ou "A. Meurisse".

La famille quitte cependant Nice dès 1865 et entreprend une vie itinérante. A la fin des années 1860, Auguste Meurisse semble mener une vie de photographe ambulant, se fixant dans une ville mais rayonnant sur les villes voisines par le biais du train et d'ateliers provisoires installés près des gares de la Drôme, notamment des villes de Valence et de Montélimar où il est cité en 1867-1868. 

Il semble se fixer au début des années 1870 à Privas (Ardèche) avec un atelier situé "Aux Bains de la Recluse" puis "32, cours du Temple" mais il possède dans la seconde moitié des années 1870 tout à la fois un atelier à Sète (Hérault), "Photographie du Château d'Eau" et à Angers (Maine-et-Loire), "Photographie du Théâtre, Place du Ralliement", puis, au début des années 1880 à Morlaix (Finistère), "Ancienne Maison Beuscher, 23 rue de Bourret 23" et Béziers (Hérault), "26 Allées Paul Riquet" et enfin à Mâcon (Saône-et-Loire), "Grande Photographie Artistique - 2, rue de Strasbourg - Entrée Rue Sirène, 9". Il a probablement une activité saisonnière mais également des succursales confiées à d'autres photographes.

Le couple a, pendant les années 1870, quatre nouveaux enfants dont les naissances permettent de retracer en partie l'itinéraire des parents : Georges Félix naît en août 1871 à Privas et les trois suivants naissent à Sète, Prosper Alexandre en décembre 1874, Lucie Emma Georgina en septembre 1878 et enfin Marie Louise Hélène en avril 1880. Cette dernière décède malheureusement à l'âge de six mois en octobre 1880 à Morlaix.

Étrangement, c'est après cette période de grossesses multiples et trois jeunes enfants que se révèle, au tout début des années 1880, l'activité de photographe de Marie, les cartons-photos affichant, 
"Mr & Mme Meurisse - De Paris - 26, Allées Paul Riquet - Béziers" et "Ancienne Maison Beuscher - Mr & Mme Meurisse - Successeurs - 23 Rue de Bourret 23 - Morlaix"
Ensuite, "Mme Meurisse - De Paris" tient seule l'atelier de Béziers dans la seconde moitié des années 1880, alors que son mari est à Mâcon, puis un atelier à Avignon (Vaucluse) dans les années 1890 au 44, Cours de la République (faillite prononcée en 1897).

Dans le milieu des années 1890 et les premières années du XX° siècle, "Mme Meurisse" (aidée de son fils Georges) possède cette fois un atelier à Rodez (Aveyron), 2, rue Planard (cité en 1896) puis 3, rue de l'Hospice, Place d'Armes et enfin 5, boulevard Belle-Isle. Les actes de mariage de ses enfants Georges (1896) et Lucie (1904) à Rodez permettent de savoir que la "photographe domiciliée à Rodez", alors âgée de 54 puis de 62 ans, signe "Marie de Wichard du Perron" et que son mari possède alors un atelier à Rochefort (Charente-Maritime). C'est d'ailleurs dans cette ville qu'il décède en septembre 1908, à l'âge de 77 ans.

On peut s'interroger sur la vie maritale des époux Meurisse et se demander s'ils ne se sont pas séparés, d'un commun accord, au milieu des années 1880, la séparation ou le divorce allant souvent de pair, dans cette fin du XIX° siècle, avec l'indépendance professionnelle des femmes photographes. César Auguste Meurisse est d'ailleurs absent du mariage de ses enfants à Rodez en 1896 et 1904 mais consentant par acte notarié. La carrière officielle de Marie aura duré environ 20 ans. Elle décédera à Toulouse en 1918, âgée de 77 ans.

Deux de ses enfants, restés auprès d'elle, seront à leur tour photographes et se mettront à leur compte. Georges Félix Meurisse (Privas, Ardèche 11 août 1871-Aurillac, Cantal 9 novembre 1944), 24 ans, "photographe" lors de son mariage à Rodez le 24 juin 1896, mènera une vie itinérante proche de celle de son père, à Rodez (Aveyron - 3, rue de l'Hospice, Place d'Armes, adresse familiale), à Tulle (Corrèze, rue du Trech, Villa St. Bernard, près la Préfecture), à Villefranche de Rouergue (Aveyron - Quai de la sénéchaussée & Place du Présidial, Entre les Allées St Jean et le Théâtre), à Albi (Tarn) et enfin à Aurillac (Cantal) où il décédera. 

Lucie Emma Georgina Meurisse (Sète, Hérault 29 septembre 1878-?), "sans profession", épousera à Rodez, à 25 ans, le 15 avril 1904 le photographe Sylvain Ulysse Victor Dando (Lignac, Indre 11 août 1870-?), fils de photographe lui aussi mais en divorcera en mai 1912. Elle sera photographe à Rodez, "L. Meurisse - Ancienne Photographie Ferrié, 5 boulevard Belle-Isle" (adresse familiale).


 - MEURISSE Auguste (1831-1908) & MEURISSE Marie (1841-1918), Portrait de petit garçon, recto, vers 1880-1882,
inscriptions au recto, "Mr. & Mme. MEURISSE, -- BÉZIERS",
tirage albuminé de 5,4x9 cm, sur carton de 6,3x10,5 cm, Collection personnelle.

- MEURISSE Auguste (1831-1908) & MEURISSE Marie (1841-1918), Portrait de petit garçon, verso, vers 1880-1882,
inscriptions au verso, "GRANDE PHOTOGRAPHIE DES ALLÉES - Mr. & Mme. MEURISSE - DE PARIS - 26, Allées Paul Riquet - 
BÉZIERS - - MAISON SPÉCIALE - pour les agrandissements - et les portraits de grandes dimensions. - Portraits d'Enfants Instantanés",
carton de 6,3x10,5 cm, Collection personnelle.




Rosa Maria MANINA (Antignano, Asti, Italie 13 mars 1851-Nice 31 mars 1890) épouse BERGAGNA


ANTIGNANO

Rosa Maria Manina est née à Antignano (province d'Asti, Italie), le 13 mars 1851. Elle est l’une des enfants de Giuseppe Manina (1811-1880), cordonnier et de Rosa Montruchio/Montrucchi/Truqui (née en 1817), couturière. 

Au début des années 1860, la famille Manina s'installe en France, à Cannes (Alpes-Maritimes).

CANNES

Rose Marie Manina, 16 ans, est dite "couturière" (comme sa mère) à la date de son mariage à Cannes, le 23 avril 1867, avec Charles Ségond Joseph Bergogna/Bergagna/Bergagne, cordonnier âgé de 22 ans (Revigliasco, Asti, Italie 13 avril 1846-Vintimille, Imperia, Italie avant 1900). Rosa exerce toujours la profession de "couturière" à la naissance de son fils Baptiste "Bergagne" le 27 février 1870. 

NICE

A la fin des années 1870, Rosa/Rose semble déménager à Nice (avec ou sans son mari ?). En 1885, âgée de 34 ans, elle est désormais "photographe" (annuaire niçois de 1886). Elle est titulaire de son propre atelier, "Bergagna, Rose, r. Gioffredo, 29" (liste professionnelle), avec un domicile au n° 27 (liste des habitants). Elle semble partager la même adresse que le photographe Jean Radiguet puis lui succéder.

Ses rares cartons-photos connus, à fond noir ou beige, affichent au recto, "Mme Bergagna, 27 [et non 29], rue Gioffredo, Nice".

Prix ou aboutissement de son indépendance, Rose divorce le 18 avril 1888 (Tribunal de Première Instance de Nice). Si ses cartons-photos portent désormais son nom de jeune fille, "Rosa Manina" ou "Rosa Manin", l'intitulé de son atelier reste au nom de "Bergagna Rose" dans les annuaires niçois et perdure jusqu'en 1890. 

Rosa Manina décède en effet le 31 mars 1890, à l'âge de 39 ans au 40, rue Victor (Hôpital de la Croix). Son acte de décès la qualifie étonnamment de "couturière".

Une hypothèse permet cependant d'éclairer d'un jour nouveau les dernières années de sa vie.

Le Conseil municipal de la Ville de Nice acte, le 4 février 1879, une concession de 15 ans, à Rose Bergagna, d’un kiosque observatoire au côté nord de la plateforme du Château et en contrebas du sol de la terrasse, près du donjon du château, pour vente de longues-vues, lorgnettes et photographies. Le sieur Radiguet, photographe et propriétaire à Nice, s’engage solidairement à garantir les clauses du contrat.
 
"Radiguet Rose, 31 ans", la "femme" de Joseph Radiguet citée dans le recensement de 1881 est probablement Rose Manina, épouse Bergagna, alors séparée de son mari. Formée à la photographie par Joseph Radiguet, elle lui aurait succédé dès 1885, même si le nom de ce dernier est présent pour la dernière fois dans l'annuaire de 1886. 

Plusieurs questions restent cependant sans réponse. En effet, lors d'un incendie, le 15 juillet 1886, l'atelier du 27, rue Gioffredo, dit encore celui de "M. Radiguet", est totalement détruit :

- l'atelier sera-t-il reconstruit et Rose reprendra-t-elle son activité de photographe ? La mention de "couturière" sur son acte de décès en 1890 peut laisser que non mais la présence de son nom d'épouse dans les annuaires niçois de 1887 à 1890 et surtout la présence de son nom de jeune fille sur certains cartons-photos, repris après son divorce de 1888, impliquent l'inverse.

- Rose Bergagna et Joseph Radiguet sont-ils encore ensemble au décès de ce dernier le 7 janvier 1887 ?

- enfin, le décès de Rosa en 1890, à l'âge de 39 ans, a-t-il été précédé d'une longue maladie ?


- BERGAGNA Rose Marie (1851-1890), Portrait d’homme, recto, vers 1885-1888 (?),
recto nu,
tirage de 9,3x5,8 cm sur carton de 10,4x6,4 cm Collection personnelle.

- BERGAGNA Rose Marie (1851-1890), Portrait d’homme, verso, vers 1885-1888 (?),
tampon à l’encre mauve, "Mme. BERGAGNA – PHOTOGRAPHIE ARTISTIQUE – 27, RUE GIOFFREDO NICE",
carton de 10,4x6,4 cm Collection personnelle.


- BERGAGNA Rose Marie (1851-1890), Portrait de garçon, recto, vers 1885-1888 (?),
"Mme Bergagna, - 27, rue Gioffredo, - - Nice",
verso noir et nu,
tirage de 9,4x5,9 cm sur carton de 10,3x6,2 cm Collection personnelle.


- BERGAGNA Rose Marie (1851-1890), Portrait de petite fille, recto, vers 1888-1890 (?),
"Succr de Radiguet, - - 27, rue Gioffredo, - . Nice.",
verso noir et nu,
tirage de 9,3x5,8 cm sur carton de 10,5x6,2 cm Collection personnelle.


- BERGAGNA Rose Marie (1851-1890), Portrait de petite fille, verso, vers 1888-1890 (?),
"Photographie - Mme Rosa Manina - Succr de Radiguet - 27, rue Gioffredo - . Nice.",
carton de 10,5x6,2 cm Collection personnelle.







- Esther Corinne CASTELLI (Nice 31 décembre 1875-Nice 3 mai 1954) épouse JULIEN


Esther Corinne Castelli est née à Nice, 9, rue de l'Arc. Elle est la fille de Victor Castelli (né à Livorno, Italie), employé et d'Emma Massiah (née à Alexandrie, Egypte), ménagère qui auront quatre enfants.

Dans le recensement de la Ville de Nice de 1896, la famille est signalée au 3, rue du Pont-Vieux sous le nom de "Clastelli", avec Victor 59 ans, italien, comptable (la mère n’est pas citée car elle est décédée le 10 juin 1882), Italie, italienne, 22 ans, lingère, Attilius 22 ans, français (profession non précisée), « Clorinne » (Corinne) 19 ans, française (profession non précisée) et son frère Emmanuel, 16 ans, français, "photographe".

En 1897, un atelier de photographie ouvre à Nice, sous le nom de "Maïa & Castelli", au 31, rue Victor ». S’agit-il cependant d’Esther Corinne (22 ans) ou d’Emmanuel (18 ans) ? 

Aucun document ne permet également de connaître le prénom de l’associé « Maïa » et l'atelier est uniquement cité dans l'annuaire niçois de 1898 (liste professionnelle, liste des habitants par rue, liste alphabétique des habitants), à proximité de celui du photographe Marius Gerbin (au n° 29).

Si son frère Emmanuel est dit « photographe »  lors de ses vingt ans (fiche matricule militaire de 1899), il est dit « commis de magasin » dans le recensement de 1901 au 3, rue du Pont Neuf, alors que Corinne y est dite « photographe ».

Esther Corinne Castelli semble n'être photographe que quelques années et est dite "sans profession", domiciliée au 3, rue du Pont-Vieux, lors de son mariage à l'âge de 30 ans le 18 octobre 1906, avec Eugène Baptistin Julien, 33 ans (né à Antibes le 24 juin 1873), comptable (comme son père à elle à cette date). Parmi ses témoins de mariage, figure son frère Emmanuel Castelli, 27 ans, « photographe ».

Le jeune couple s’installe à l’adresse familiale de l’époux au 11, rue du Lycée et c’est là que naît leur seul enfant, Elisée Michel Eugène, le 3 octobre 1907. Esther Corinne Castelli est à nouveau dit, à cette occasion, « sans profession ».

Emmanuel Castelli ouvre, pour sa part, dès 1910, un atelier niçois à son nom, « Castelli Em. », au 1, rue Lépante. Cet atelier perdure jusqu’en 1918/19. J’ignore la suite de la vie et de la carrière d’Emmanuel Castelli. Il décédera à Nice le 21 février 1952.

Lorsqu’Elisée Michel Eugène Julien, trente ans, employé de commerce, se marie à Nice le 11 décembre 1937, avec Constance Madeleine Bernard, 20 ans, employée de commerce (née à Nice le 19 mars 1917), son père d’Eugène Baptistin Julien, 64 ans, est dit retraité et sa mère Esther Corinne, 61 ans, est à nouveau dite « sans profession ».

Il est probable qu’Esther Corinne n’ait été photographe que dans la seconde moitié des années 1890 et les toutes premières années du XX° siècle.

Esther Corinne Julien, née Castelli, décédera à Nice le 3 mai 1954.




AUTRES FEMMES PHOTOGRAPHES


Certaines femmes photographes ne sont citées à Nice qu'une seule fois et pas ou peu répertoriées en dehors. La documentation reste donc insuffisante pour connaître leur vie et leur carrière mais il est nécessaire de les nommer, afin d'attirer sur elles l'attention d'autres chercheurs.


- Anne ROLLA (vers 1823-?), célibataire de 42 ans, est citée comme "photographe", dans le recensement de la Ville de Nice de 1866, résidant 2, promenade du Château. 


- Marie Joséphine Adèle WYNANTS (Namur, Belgique vers 1802-Nice 31 mars 1876), veuve d'Antoine Caplacy (?-?), est citée comme "photographe" lors de son décès à Nice, en 1876 au 14, route Saint-Pons, à l'âge de 73 ans.


- Marie Rosalie BESSIÈRE (Rodez, Aveyron 23 août 1863-? 1927) est, à Nice, qualifiée de "photographe", comme son compagnon (non mariés) Paul Pezet (près de Lyon vers 1850- ? vers 1894/98), à la naissance de leur fille Maximilienne Marguerite Jeanne, en avril 1893 au 18, boulevard Raimbaldi. Aucun atelier de la ville ne semble cependant porter leur nom.
En mai 1894, "Paul Pezet, photographe" est cependant arrêté à Nice pour escroquerie et tentative de corruption (Le Petit Provençal du 25 mai 1894 p 2).

La famille quitte ensuite Nice. Le 6 février 1898, l'acte de décès de leur fille âgée de 4 ans et 10 mois, précise que Jeanne Maximilienne Pezet est décédée dans la commune de Saint-Astier (Dordogne, près de Périgueux) "où elle était de passage avec sa mère, fille légitime de Paul Pezet décédé et de Marie Bessière, photographe ambulante en station sur la place publique dans une voiture".

Cet acte révèle notamment le décès de Paul Pezet, à un âge situé entre 44 et 48 ans. A-t-il été avant Nice un photographe ambulant ? Un photographe de ce nom possédait dans les années 1880 une "Maison à Verneuil-sur-Avre" (Verneuil d'Avre et d'Iton, Eure), s'agit-il de lui ? Depuis quand connaissait-il Marie Bessière ? La ville de Nice n'a-t-elle été qu'une pause nécessitée par la grossesse puis l'accouchement de sa compagne ?

Marie Bessière a étonnamment été photographe ambulante dans les années 1890 en Centre France, avec une enfant en bas-âge. Elle a cumulé les malheurs de perdre, à peu d'années d'intervalle, son compagnon puis son enfant. Qu'est-elle devenue ensuite, alors qu'elle n'était âgée que de 35 ans ? A-t-elle continué d'être photographe ambulante ? S'est-elle installée dans la région ? Le seul renseignement découvert est, qu'après son décès en 1927, à l'âge de 64 ans, son corps a rejoint celui de sa fille dans la tombe de la commune de Saint-Astier, sous le nom "de Bessière Pezet Marie".


- Lydie AURENCHINI (vers 1861-?), épouse Pireyre (?-?), "âgée de 38 ans, photographe, domiciliée à Nice" (mais absente des annuaires niçois) est citée comme témoin de naissance en 1900. Ce droit a été acquis par la loi du 7 décembre 1897, seuls les hommes de plus de 21 ans pouvant jusque là être témoins dans un acte d'état civil.
Un photographe nommé Pireyre semble, dès la fin des années 1880, avoir possédé un atelier à Paris. S'agit-il d'elle ou de son époux ? 


- Elisabeth Willelmine Berthe baronne de MARGUERIT (Vendôme, Loir-et-Cher 13 mai 1840-Nice 12 juillet 1933) est née le 13 mai 1840 à Vendôme (Loir-et-Cher). Elle est l'une des deux filles de Louis Charles Guillaume Marguerit (1807-1861), militaire de carrière, baron de Marguerit et de Marie Herminie de Loynes d'Aut(e)roche des Marais (1818-1870). 
Berthe de Marguerit, célibataire et âgée de 56 ans (ses parents sont décédés depuis plusieurs décennies) est présente à Nice dès 1896 et domiciliée au 7, avenue des Orangers. Elle n'est citée à cette adresse comme "photographe" qu'en 1901 dans le recensement de la Ville de Nice et ne semble pas posséder d'atelier dans cette ville. 

Son père baron Charles de Marguerit (Paris 23 juin 1807-1861), capitaine du corps royal d'état-major (à la date de son mariage en 1838 et à celle de la naissance de sa fille en 1840), a pratiqué la photographie en amateur dès 1853, a été cofondateur de la Société Française de Photographie en 1854 et notamment l'auteur d'un calotype de l'Usine à Bourges en 1859. 
Sa fille a peut-être suivi son exemple. Célibataire sans profession, âgée de 93 ans, elle décède à Nice en 1933 (l'acte de son décès comporte une date de naissance erronée).

[Un photographe du nom de Marguerit a exercé dans les années 1870 et 1880 dans la ville d'Alais ou Alès (Gard) mais il s'agit d'Albert Marguerit, né dans cette ville en 1841].





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