"Non pas enregistrer le visible, mais le mettre en crise,
le reconduire à la puissance fulgurante et insensée de son apparaître". EBB
"Mon travail est né d'un paradoxe : pour faire des images, il faut commencer, sinon par se méfier des images, du moins par en désapprendre les évidences. Les images-idoles enferment l'être sur lui-même quand au contraire les images-icônes l'ouvrent sur ce qui le dépasse. L'étrangeté dans l'image fait précisément signe vers le dehors de toute image. C'est ce dehors qui à mon sens fait trembler les clichés et réanime la part d'inconnu qu'ils occultent. C'est en tout cas ce dehors qui obsède mes photographies.
La photo n’est donc pas pour moi un simple enregistrement du réel, c'est d'abord un moyen de secouer notre image domestique du réel composée d'un patchwork d'étiquettes et de stéréotypes qui nous empêchent de voir. La photo telle que je la pratique n'est pas plus réaliste que surréaliste : elle est étonnement. Quant aux personnages qui hantent mes photos, ce sont moins des certitudes établies que des points d'interrogation qui disent autant la fragilité de l'être que la stupeur de vivre".