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lundi 12 mars 2018

830-RENAUD AUGUSTE-DORMEUIL, LES MAUX ET LES MOTS, MAMAC, 2018




- AUGUSTE-DORMEUIL Renaud (né en 1968), When the paper..., détail, 2013,
technique mixte, oeuvre participative, dimensions variables, Nice, MAMAC, 2018.




RENAUD AUGUSTE-DORMEUIL, SI C’ÉTAIT À REFAIRE, MAMAC DE NICE, 27 JANVIER-17 JUIN 2018


Renaud Auguste-Dormeuil (artiste français né en 1968) a transformé pour quelques temps la galerie intérieure du MAMAC de Nice en jardin de temple. Le sol y est recouvert de terre sauf sur un chemin nu qui serpente entre les murs blancs et aboutit à une table mystérieuse. 



- AUGUSTE-DORMEUIL Renaud (né en 1968), When the paper..., 2013,
technique mixte, oeuvre participative, dimensions variables, Nice, MAMAC, 2018.




Le chemin est étroit et égrène les visiteurs un par un. L'ambiance est culturelle et bon enfant, chacun cédant avec politesse la place à celui qu'il croise, quitte à sortir un peu du chemin et à enfoncer ses chaussures dans la terre. A proximité de la table, le visiteur fait la queue et patiente pour accéder au mystère. Son tour venu, il découvre les éléments suivants.




- AUGUSTE-DORMEUIL Renaud (né en 1968), When the paper..., détail, 2013,
technique mixte, oeuvre participative, dimensions variables, Nice, MAMAC, 2018.




J'ai observé quelques instants le rituel d'origine japonaise. Tout le monde joue le jeu. Mais est-ce un jeu ? 

L'oeuvre fonctionne bien. C'est tout à la fois un environnement au sein duquel le spectateur est intégré, avec cet espace de terre et cette déambulation individualisée. C'est également une installation interactive avec le spectateur qui alimente l'oeuvre et lui donne corps et âme en marchant puis en livrant ses maux. C'est un acte individuel et intime qui construit une oeuvre collective et éphémère.

Le visiteur nomme son mal, son souci, sa souffrance. Par les mots, il met à distance son mal, le transfère sur le papier qu'il dépose dans le seau. L'eau purificatrice va dissoudre le papier, les mots et les maux.



- AUGUSTE-DORMEUIL Renaud (né en 1968), When the paper..., détail, 2013,
technique mixte, oeuvre participative, dimensions variables, Nice, MAMAC, 2018.




Au final, c'est un vrai rite sacré qui se déroule sous mes yeux, une prière, avec pour chacun tout à la fois le sourire amusé de celui qui a joué le jeu et la satisfaction de l'acte accompli. Chaque visiteur quitte la salle l'esprit léger. De plus, cette séance psychanalytique est gratuite car personne ne paie les 200 yens ou son équivalent en euros.

Tout cela m'interroge cependant. L'art contemporain serait-il le dernier refuge du sacré ? Le musée se remplirait-il de masques rituels, de poupées vaudou, d'autels mystiques, de cierges allumés, de reliquaires, de puits aux vœux, de fontaines sacrées, d'attrape-rêves, d'ex-voto, de pierres de patience ? C'est le cas.

Après réflexion, le musée est peut-être le meilleur endroit pour exprimer ces croyances millénaires détachées d'une religion particulière. Après avoir accompagné le divin puis s'être détaché du divin, l'art réintroduit une mystique universelle et humaniste.