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vendredi 8 juillet 2016

539-DÉCOUVRIR LA SCULPTURE DU XIX° SIÈCLE AU MUSÉE DES BEAUX-ARTS JULES-CHÉRET DE NICE-1




- RODIN Auguste (1840-1917), Le Baiser (vers 1882), ensemble et détails,
épreuve en plâtre de 1927, 181x112x117 cm, d'après le grand marbre
 exécuté entre 1888 et 1898 par Jean Turcan, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.


ÉTUDIER LA SCULPTURE AU TRAVERS DES COLLECTIONS 




RELIEF

- CARPEAUX Jean-Baptiste (1827-1875), Le Triomphe de Flore, 1873,
plâtre, 140x190x46 cm, d'après le plâtre original de 1866, 
décor de couronnement de la façade sud du Pavillon de Flore du Louvre,
Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

LE RELIEF : formes se détachant sur un fond (généralement du même matériau) ; le relief est le plus souvent destiné à être intégré dans le mur d’un monument. Différents niveaux de relief peuvent exister dans une même œuvre : certaines formes peuvent être seulement gravées (détails en creux, contours détourés), sculptées en méplat (faible relief), en bas-relief (moins de 50% de la forme), en haut-relief (environ 75% de la forme) ou en très haut-relief (parties détachées du fond – voire en ronde-bosse - et plus fragiles).


RONDE-BOSSE

- RODIN Auguste (1840-1917), L'Âge d'airain (1877),
bronze, H : 189 cm, signé sur la terrasse,
 Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

LA RONDE-BOSSE : sculpture dont on peut faire le tour et qui repose sur un socle (ou terrasse) de matériau identique, regroupant l'ensemble et assurant son équilibre. La ronde-bosse est ainsi pensée pour être observée sous différents angles. Cependant, elle est souvent destinée à être vue de dessous, surélevée par un piédestal (à l'intérieur ou à l'extérieur), ou à être vue de face (vue frontale privilégiée), du fait de son positionnement devant un mur ou dans une niche.
Les œuvres peuvent être de très petites dimensions (ex. : statuettes de 10 cm de hauteur) ou de très grandes dimensions (ex. : sculptures monumentales de 20 m de haut, parfois adossées à un monument ou taillées dans la falaise). Une sculpture de grande taille ou bien destinée à être surélevée par un piédestal  de plusieurs mètres subit, dès sa conception, des déformations nécessaires à la vision en contre-plongée du spectateur.


   MOULAGE (PLÂTRE)     -         FONTE (BRONZE)      -        TAILLE DIRECTE (MARBRE)

- CARPEAUX Jean-Baptiste (1827-1875), Le Triomphe de Flore, 1873,
plâtre, 140x190x46 cm, d'après le plâtre original de 1866, 
Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- RODIN Auguste (1840-1917), L'Âge d'airain (1877),
bronze, H : 189 cm, signé sur la terrasse,
 Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- D'après CANOVA Antonio (1757-1822), Les Trois Grâces (1816),
marbre, copie d'atelier, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.


LE MODELAGE : ajout et retrait de matière molle (main, ébauchoir, mirette), terre (argile), plâtre ou cire, sur une structure le plus souvent métallique ; certaines œuvres en terre peuvent être cuites pour être conservées.
Le modelage sert souvent au sculpteur à rechercher et définir (esquisse de petites dimensions) le projet de son œuvre définitive (de plus grandes dimensions et en matériaux nobles et durables).
LE MOULAGE SUIVI DE LA FONTE : réalisation de modelages successifs (esquisses) jusqu'au modèle en plâtre aux dimensions définitives qui est ensuite moulé ;  dans le moule réalisé au noyau plein, du métal  fondu  est coulé pour finaliser la sculpture (très lourde mais creuse) en bronze (alliage de cuivre et d’étain). 
Des métaux précieux peuvent être utilisés comme l’or, l’argent… La fonte est une technique délicate et coûteuse. 
LA TAILLE DIRECTE : retrait de matière dure d’un bloc (ou de parties assemblées) de pierre (souvent du marbre – burin et ciseau), mais aussi de bois (maillet et gouges), et pour des sculptures de plus petites dimensions, d’os ou d’ivoire.


MOULAGE (TERRE CUITE) - OEUVRE POLYCHROME (MARBRES DE COULEUR - MARBRE ET BRONZE)

- CARPEAUX Jean-Baptiste (1827-1875), L'Enfant à la coquille, pêcheur napolitain (1857),
terre cuite, 91x47,4x54,9 m. Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- CORDIER (fils) Henri-Louis (1853-1926), Nymphe, 1910,
marbre polychrome (blanc et rose), 168x72x72 cm, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- BARRIAS Louis-Ernest (1841-1905), La Nature se dévoilant devant la Science, détail, vers 1900,
 bronze aux deux patines et marbre, Susse Frères Editeurs, Paris, d'après l'original de 1899,  
Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.


LA SCULPTURE POLYCHROME : Les sculptures sont le plus souvent lissées et parfois colorées (peintes, vernies, patinées ou dorées), voire complétées par des détails peints ou collés ou des accessoires (bijoux, emblèmes, armes, vêtements).
Des marbres de couleurs différentes peuvent être réunis dans une même oeuvre. Des matériaux différents peuvent être également assemblés comme des plaques d’or (accessoires) et d’ivoire (chair) recouvrant une âme de bois (armature) pour constituer une statue chryséléphantine, ou bien des éléments de bronze, des émaux, voire des pierres semi-précieuses (onyx) sur une sculpture en marbre


GROUPE SCULPTÉ (FIGURES HUMAINES ET/OU ANIMALES) 
FIGURE(S) EN PIED (DEBOUT - ASSISE - AGENOUILLÉE - COUCHÉE)


- D'après CANOVA Antonio (1757-1822), Les Trois Grâces (1816),
marbre, copie d'atelier, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- COULON Jean (1853-1923), Hebe coelestis (Hébé au paradis avec l'aigle de son père Jupiter), 1888,
marbre, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- TARNOWSKY Michel de (1870-1946), Les Deux amis, 1901,
plâtre teinté, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

LE GROUPE SCULPTÉ : Plusieurs figures humaines et/ou animales (animaux sauvages, domestiques, monstres hybrides) composent souvent un ensemble sculpté. Le groupe équestre associe figure humaine et cheval.
Dans le cas de figures semblables, l'artiste multiplie les postures différentes ou au contraire conçoit les figures en miroir.

LA COMPOSITION : La composition d'ensemble évoque par sa géométrie la stabilité (repos, pensée, mort) ou le déséquilibre (mouvement, élan, chute, envol) et l'étude des masses principales et leur alternance avec les vides, de même que l'étude des lignes principales et les contacts entre les corps (complicité, danse, amour, combat) concourent à préciser l'ambiance de la scène (sérénité, amour, sensualité, bonheur, pouvoir, héroïsme, simplicité, gravité, drame, violence, mort).

FIGURE(S) EN PIED : Les figures peuvent être représentées en pied (corps entier), debout, assises, agenouillées, accroupies ou couchées.
La ou les lourdes statue(s) qui se tiennent debout (« stare ») conservent leur équilibre du fait de leurs appuis sur un accessoire (drapé du vêtement, vase), un élément de décor (pile, arbre, rocher) ou le corps de la figure voisine. La statue de personnage à cheval pose de grands problèmes techniques du fait du poids du cavalier qui s'ajoute à celui du cheval sur les jambes de ce dernier.


FIGURES HUMAINES EN BUSTE (À LA FRANÇAISE, SUR PIÉDOUCHE)

 - CARPEAUX Jean-Baptiste (1827-1875), Le Génie de la Danse (1869),
 marbre, 61x43x31 cm, buste à la française sur piédouche, oeuvre d'atelier d'après l'original de 1869, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- (De ou d'après) GUGLIELMI Luigi (1834-1907), Jeune femme voilée - Le Silence, ca. 1850-1880,
marbre de Carrare, H : 36 cm, buste à la française sur piédouche, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- CARIÉS Antonin (1851-1919), La Baronne Oppenheim, Paris, 1895,
buste en marbre à la française sur piédouche armorié, H : 122 cm, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.


BUSTE : De nombreuses représentations partielles du corps réduisent la figure humaine à la tête, au buste ou à mi-corps. 
Le buste en hermès (sans bras), coupe le buste verticalement, aux épaules. Le buste à l'italienne (sans bras) coupe le buste horizontalement, sous la poitrine. Le buste à la française (sans bras) coupe le buste à la poitrine mais en demi-cercle. Le buste à mi-corps se poursuit jusqu'au niveau du nombril ou de la taille et est parfois pourvu de bras. 
Le petit piédestal qui supporte le buste (ou une statuette) se nomme un piédouche et peut être, ou non, du même matériau que lui.


IDENTIFICATION DU THÈMEDES PERSONNAGES, DE LA SCÈNE 

- CARRIER-BELLEUSE Louis-Robert (1848-1913), Nymphe et satyre (1868),
 marbre édité par le fils de l'artiste (vers 1904 ?), 61x40x30 cm, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- BARRIAS Louis-Ernest (1841-1905), La Nature se dévoilant devant la Science, détail, vers 1900,
 bronze aux deux patines et marbre, Susse Frères Editeurs, Paris, d'après l'original de 1899,  
Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- CARPEAUX Jean-Baptiste (1827-1875), L'Enfant à la coquille, pêcheur napolitain (1857),
terre cuite, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

L'IDENTIFICATION : Les grands thèmes traditionnels (intérêt au cartel, au titre) sont des représentations de la figure humaine, en lien avec des scènes historiques, religieuses, mythologiques ou allégoriques (divinités, grands hommes et anonymes), des portraits d’apparat (équestres ou en pied), des nus ou des scènes de genre mais il existe également des représentations de figures animales et de natures mortes (vases notamment).
Les figures masculines sont souvent des personnages historiques alors que les figures féminines sont souvent, pour leur part, allégoriques (Victoire, Renommée, Mémoire, Histoire, Douleur, Vertu, France, République).



CORPS


 - CARPEAUX Jean-Baptiste (1827-1875), Le Génie de la Danse avec l'Amour à la folie, 1872,
bronze, d'après le groupe de 1869,
Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- RODIN Auguste (1840-1917), L'Âge d'airain (1877),
bronze, H : 189 cm, signé sur la terrasse,
 Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- TARNOWSKY Michel de (1870-1946), Surprise, 1910,
marbre, H : 181 cm, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.


LE CORPS : Le canon plus ou moins allongé de la figure correspond au rapport de proportion entre la tête et le corps (hauteur de la tête multipliée par 7 ou 8). 
Le traitement du corps peut être idéalisé, naturaliste, simplifié ou déformé.
Le traitement de l'anatomie (chair, musculature, organes sexuels), l'expressivité des gestes (mains) et la présence de la nudité (héroïque, idéalisée, provocante ou non) précisent l'ambiance de la scène. 



                                                                  CORPS DISSYMÉTRIQUE



- D'après CANOVA Antonio (1757-1822), Les Trois Grâces (1816),
marbre, copie d'atelier, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- RODIN Auguste (1840-1917), L'Âge d'airain (1877),
bronze, H : 189 cm, signé sur la terrasse,
 Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

TARNOWSKY Michel de (1870-1946), Marie Baskirtseff, 1914,
plâtre, projet de monument, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret. 


- Photographie de Jean GILETTA (1856-1933) de l'oeuvre de Michel de TARNOWSKY  (1870-1946),
 Marie Baskirtseff, 1914,
plâtre, projet de monument, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret. 


LA DISSYMÉTRIE : L'artiste évite la frontalité, le hiératisme (raideur) et la symétrie par le jeu de lignes courbes, la torsion de la tête et du torse dans des axes souvent différents, la dissymétrie des bras et des jambes et la présence d'accessoires. Il adopte souvent le chiasme antique (déhanchement, contrapposto) qui rompt la symétrie en faisant reposer le poids du corps sur une seule jambe, inverse la ligne des épaules et celle des hanches et implique une jambe fléchie et décalée, avec un pied à plat et l'autre levé ou reposant sur la seule extrémité des orteils.

VISAGE

- D'après CANOVA Antonio (1757-1822), Les Trois Grâces, détail, (1816),
marbre, copie d'atelier, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- CARPEAUX Jean-Baptiste (1827-1875), L'Enfant à la coquille, pêcheur napolitain, détail, (1857),
terre cuite, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- CARIÉS Antonin (1851-1919), La Baronne Oppenheim, détail, Paris, 1895,
buste en marbre à la française sur piédouche armorié, H : 122 cm, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

LE VISAGE : l'expression des visages (chair, beauté, âge, personnalité, front lisse ou plissé, bouche ouverte et montrant ou non les dents) et notamment des yeux (intensité, mélancolie, sommeil), avec les échanges de regards (réflexion, détermination, douceur, douleur) permettent une analyse approfondie de la scène et la traduction de la personnalité des personnages représentés (portraits).


VÊTEMENTS, ACCESSOIRES ET ÉLÉMENTS DE DÉCOR 

- CARRIER-BELLEUSE Louis-Robert (1848-1913), Nymphe et satyre, détail, (1868),
 marbre, H: 61 cm, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- CARPEAUX Jean-Baptiste (1827-1875), Le Génie de la Danse avec l'Amour à la folie, 1872,
bronze, d'après le groupe de 1869,
Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- TARNOWSKY Michel de (1870-1946), Surprise, 1910,
marbre, H : 181 cm, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

LES VÊTEMENTS, ACCESSOIRES ET ÉLÉMENTS DE DÉCOR : Les vêtements, accessoires et attributs permettent d'identifier les personnages (choses, animaux ou objets, comme armes et bijoux) et les éléments de décor permettent d'identifier le lieu de la scène, naturel (arbre, rocher, terre, eau, nuage) ou architectural (siège, autel, colonne), et aident souvent à l'équilibre des rondes-bosses.
Les vêtements et les objets (comme les coiffures d'ailleurs) font parfois l'objet d'un rendu exact et détaillé.
L'oeuvre comporte enfin la présence d'inscriptions informatives (titre, date, signature de l'artiste).



EFFETS DE MATIÈRE ET DE LUMIÈRE

- (De ou d'après) GUGLIELMI Luigi (1834-1907), Jeune femme voilée - Le Silence, détail, ca. 1850-1880,
marbre de Carrare, H : 36 cm,  buste à la française sur piédouche, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- BARRIAS Louis-Ernest (1841-1905), La Nature se dévoilant devant la Science, détail, vers 1900,
 bronze aux deux patines et marbre, Susse Frères Editeurs, Paris, d'après l'original de 1899,  
Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

- RODIN Auguste (1840-1917), L'Âge d'airain, détail, (1877), 
bronze, H : 189 cm, signé sur la terrasse,
 Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.

LES EFFETS DE MATIÈRE ET DE LUMIÈRE : la lumière jouant sur la matière (aspect brut, mat, poli, satiné, brillant) révèle le traitement illusionniste de l'anatomie (chair, musculature, visages), du drapé (plissé lourd, couvrant, mouillé, transparent, variations du plissé -aidant ou non à l'équilibre de la statue) et de leur modelé lisse ou vigoureux (contrastes de matières ou non entre la chair lisse, la chevelure aux mèches individualisées et le drapé aux creux d'ombre, la texture rugueuse d'accessoires ou d'éléments de décor).
L'aspect polychrome des matériaux, des peintures ou des patines est parfois recherché.
Le sculpteur peut également affirmer la présence du bloc de marbre originel en en laissant une partie brute (non finito qui contraste avec l'aspect fini et poli de la figure sculptée) et laisser visibles dans la terre, le marbre ou le bronze, les traces d'élaboration de l'oeuvre (traces des doigts, de l'outil ou des phases techniques).



- RODIN Auguste (1840-1917), Le Baiser, détail, (vers 1882),
épreuve en plâtre de 1927, 181x112x117 cm, d'après le grand marbre
 exécuté entre 1888 et 1898 par Jean Turcan, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.





- MARTIAL Armand (1884-1960), Canéphores, ensemble et détails, 1922-1923,
 marbre, Nice, Musée des Beaux-Arts Jules-Chéret.