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DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 13/12/2024
RECHERCHES SUR LES
DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES
TITULAIRES D'UN ATELIER NANTAIS
ENTRE 1839 ET 1859
LISTE ALPHABÉTIQUE (recherches en cours)
N.B. : le prénom souligné est le prénom d'usage.
- DE LA BLANCHERE
Henri Marie Pierre René MOUL(L)IN [DE LA BLANCHERE] (La Flèche, Sarthe, 2 mai 1821 - Le Havre, Seine-Maritime, 15 avril 1880).
"Pierre-René-Marie-Henri Moullin de La Blanchère, naturaliste et photographe français, né à La Flèche [Sarthe] le 2 mai 1821, fit ses premières études aux lycées de Caen [Calvados] et d'Alençon [Orne] et les termina à Paris au collège Sainte-Barbe.
En 1841, il entra à l'École forestière [Nancy, Meurthe-et-Moselle]. Nommé garde général, il se fatigua de cette carrière et alla habiter Nantes vers 1848 [et, en 1850, renonça définitivement à son poste de garde-général des forêts à Hirson, Aisne]. Il y acheva ses études de chimie et se livra à des recherches sur l'histoire naturelle des poissons et la pêche maritime et fluviale" (F. Legeay, Nécrologie et bibliographie contemporaine, 1881, p 313).
Il est naturaliste et peintre et semble alterner, à partir de 1848, entre Nantes (Loire-Atlantique), Tours (Indre-et-Loire), où naît son fils en février 1853, et d'autres villes dont Paris où il est, au plus tard en 1855, l'élève du photographe Gustave Legray/Le Gray (1820-1884).
"Il eut alors l'idée d'appliquer la photographie à ses recherches d'histoire naturelle. En 1835 [1855], il vint se fixer à Paris où il acheta un établissement de photographie. Il devint président pour cinq années de la Société du Progrès de l'art industriel, dont les expositions bisannuelles avaient lieu au palais des -Champs-Élysées" (F. Legeay, op. cit., 1881 p 313).
En 1855, il ouvre un atelier de photographie à Nantes, rue Contrescarpe, 21, près la place du Bon-Pasteur.
Il y propose des vues de Nantes et de ses environs (châteaux en ruines de Tiffauges et de Clisson) et d'autres localités prises lors de ses excursions (Auvergne notamment) mais également la réalisation de portraits et de reproductions de tableaux sur papier ciré et sur collodion.
Dès septembre 1855, ses réalisations, qu'il adresse au journal La Lumière, et sa technique d'encollage du papier ciré qu'il fait présenter dans une note détaillée à l'Académie des Sciences, sont d'emblée jugées remarquables.
A l'occasion des étrennes de 1856, il propose dès janvier, dans sa galerie chauffée, des daguerréotypes et des photographies en noir et en couleur, un procédé spécial instantané pour petits enfants, des portraits stéréoscopiques et des séries de 12 épreuves au choix parmi 300 vues stéréoscopiques de Nantes et de ses environs (vues d'ensemble et de détails), des reproductions d'œuvres d'art et d'anciens daguerréotypes.
Ses publicités nantaises précisent son adresse mais pas son nom. Il renouvelle le contenu de ses annonces début 1856 mais n'y précise toujours pas son nom.
En juin 1856 (et non en 1855 comme énoncé dans sa nécrologie), il ouvre un atelier à Paris, 39, boulevard des Capucines et devient progressivement membre de plusieurs Académies et Sociétés parisiennes.
Les publicités pour son atelier nantais continuent cependant de paraître jusqu'en décembre 1856, parce qu'elles étaient programmées depuis longtemps et/ou parce ce que son atelier fonctionne encore, confié à un assistant.
Henri de La Blanchère participe à l'Exposition des Arts industriels de Bruxelles l'été 1856 où il obtient une mention honorable puis à la IIème Exposition de la Société Française de Photographie à Paris l'hiver 1856-57.
Sa formation de chimiste le pousse à améliorer les techniques photographiques et il rend compte de ses Etudes Photographiques dans le journal La Lumière. Fin 1857, il publie un premier ouvrage sur la photographie, bientôt suivi de nombreux autres (Traité du Collodion sec, 1857 ; L'Art du Photographe, 1859 ; Monographie du Stéréoscope, 1861 ; Répertoire Encyclopédique de la Photographie dès 1862..).
En 1858, il participe à un ouvrage sur la vie de la comédienne Rachel Félix (décédée en début d'année), écrit par Jules Janin, Rachel et la Tragédie mais en sous-traite les dix photographies reproduisant une série de tableaux, ce qui lui vaut un procès après la parution de l'ouvrage en 1859.
Au printemps 1860, l'Académie d'Apollon le récompense par une médaille d'or pour avoir réalisé les portraits de ses membres en une collection de cartes de visite.
Fin 1861, il affiche, dans son atelier parisien, deux médailles d'argent et une médaille d'or de première classe et propose des cartes de visite et des stéréoscopies.
Au printemps 1862, en association avec le graveur Auguste Alexandre Baudran (1823-1907), il met au point un procédé de portraits héliographiques à bas prix, gravés sur demi-plaque et présentés dans un écrin de velours.
Le 19 décembre 1862, il est témoin de mariage de l'un des petits-fils photographes de Nicéphore Niépce (1765-1833).
Son atelier nantais affiche son nom jusqu'en 1859 selon certains documents mais jusqu'à 1862 selon d'autres, cédant la place à celui d'Ambroise Duval.
- DES PAQUIS (ou DESPAQUIS)
Pierre Auguste Despaquis (Robert-Espagne, Meuse, 8 février 1820 - Gentilly, Val-de-Marne, 6 janvier 1892 ?).
Daguerréotypeur itinérant, il est de passage à Nantes de fin janvier à début avril 1851, avec un atelier de portraitiste rue Crébillon, 13, au 3ème étage. Son départ est annoncé pour la Russie.
Il est par la suite plusieurs fois signalé dans d'autres villes pour un mois environ, notamment à Cherbourg (Manche), sur le port, avec des portraits au daguerréotype, en août 1852, Auch (Gers), dans la maison de M. Lézian, notaire, avec des portraits photographiques sans retouche sur papier et sur toile, en 1855 ou encore à Epinal (Vosges), rue Léopold-Bourg, maison Focquet, avec des portraits photographiques sans retouche, en octobre et novembre 1857.
Il semble cependant se stabiliser dans les Vosges, résider à Epinal et réaliser notamment des vues de Plombières (1857).
Il exploite, à partir de 1858, une carrière de pierres lithographiques à Lerrain (près Mirecourt), avec le lithographe Jean Hubert Didlon (1802-1876), pendant deux ans au minimum, avant de partir faire carrière à Paris, au début des années 1860.
- DE VOYENNES (ou DE VILLECHOLLE)
François Marie Louis Alexandre GOBINET DE VILLECHOLLE(S) [DE VOYENNE(S), nom de sa mère] dit également FRANCK (Voyennes, Somme, 21 décembre 1816 - Asnières, Hauts-de-Seine, 16 janvier 1906).
Peintre en miniature parisien puis daguerréotypeur itinérant dans l'ouest de la France en 1848.
Il est de passage à Nantes en mars et avril 1848, avec un atelier situé rue du Chapeau-Rouge, 22, vis-à-vis de la Poste aux Lettres.
Il est de retour à Paris au plus tard en juin 1848 où il s'associe quelques semaines avec Alfred Désiré Boulland. Il repart ensuite, cette fois dans le sud-ouest, et se fixe quelques temps à Toulouse.
En juillet 1849, il ouvre un atelier à Barcelone (Espagne) et le conserve jusqu'au début de l'année 1857. A cette date, il revient à Paris et ouvre, au plus tard l'année suivante, un atelier place de la Bourse, 15.
Voir sur ce blog un article consacré à ses débuts, ici.
- DONET
Claude DONET (Vianges, Côte-d’Or, le 28 mars 1807 - Nantes 28 juillet 1855).
Venant de Côte-d'Or, il s'installe à Nantes comme opticien, dès fin 1845 ou début 1846, rue de la Fosse, 1.
Il dépose plusieurs brevets d’invention de 15 ans en 1853 et 1854 (fanal lenticulaire ; instrument dit géodésique universel).
Il est actif comme daguerréotypeur, à la même adresse, de 1853 jusqu'à la date de son décès, l'été 1855 (âgé de 48 ans).
C'est Prosper Cheneveau, opticien et daguerréotypeur lui aussi, qui le remplace, alors que la femme de Claude Donet retourne en Côte-d'Or, dans sa ville natale de Saulieu, accompagnée de sa fille.
- DUVAL
Jean Ambroise DUVAL (Castillon-en-Auge, Calvados, 8 avril 1821 - Le Mans, Sarthe, 17 janvier 1894).
Originaire du Calvados (Castillon-sur-Auge, Saint-Pierre-sur-Dives), Ambroise Duval est, pendant l'été 1856, "artiste photographe" à Paimboeuf (Loire-Atlantique, à 40 km de Nantes), quai Eole, où il propose des portraits à bas prix, des leçons aux amateurs et vend des appareils.
Il se rend ensuite à Paris en août puis à Lisieux (Calvados), où il demeure jusqu'en novembre environ.
Les documents permettent ensuite de le suivre dans plusieurs villes où il ouvre des ateliers pendant quelques mois, avant d'y placer un assistant. C'est le cas à Angers, rue Plantagenet, 23 où il est signalé de décembre 1856 à la date de son mariage en juillet 1857 (âgé de 36 ans), puis à Orléans, rue Parisis, 8 où naît l'une de ses filles en août 1859.
Il n'en revient pas moins régulièrement à Nantes, rue Contrescarpe, 21, notamment fin 1857-début 1858, où naît l'une de ses filles et où il fait paraître des publicités à son nom, tout en annonçant son départ prochain.
Son adresse nantaise, tant en 1858 qu'en 1861, est celle de l'atelier d'Henri de La Blanchère, auquel il succède. La date de cette succession reste cependant à préciser, les documents fournissant des renseignements contradictoires, impliquant une date allant de 1856 (départ de La Blanchère pour Paris) à 1862 (date du dernier document citant l'atelier nantais de La Blanchère). L'ambiguïté est renforcée par l'absence du nom de La Blanchère sur ses publicités parues en 1856 et par le fait que l'atelier a pu perdurer à son nom, même avec quelqu'un d'autre à sa tête.
Ambroise Duval semble avoir été présent à Nantes au début de l'année 1856 où il a pu être l'élève d'Henri de La Blanchère. Cependant, il ne semble pas lui avoir succédé au printemps 1856 car il a lui-même quitté peu après la ville pour plus de douze mois, sauf s'il s'est fait également remplacer. Une date située fin 1857 semble plus probable, avec ensuite la parution des premières publicités nantaises portant le nom de la "Maison Duval".
Au cours des années 1860, Ambroise Duval multiplie à nouveau les ouvertures d'ateliers dans plusieurs villes françaises mais il conserve son atelier nantais jusqu'en 1870, date à laquelle il le cède au photographe Alfred Paul Bourigault.
- EUGENNE : (?-?).
Le photographe Eugenne (nom, prénom, pseudonyme ?) n'a pas pu être identifié. Il installe son atelier à Nantes, rue Pas-Périlleux, 10 au cours de l'année 1853.
Son nom est cité dans les annuaires nantais mais dans aucun autre document local ou national.
Il ne publie aucune petite annonce dans les journaux mais conserve la même adresse d'atelier jusqu'en 1859 et n'a pas de successeur.
- FÉLIX (ou Félix X)
Début mai 1843, un daguerréotypeur itinérant dénommé "Félix" propose, pour un mois seulement, un atelier de portraits à Nantes, rue et Hôtel d'Alger, n° 3.
Il est de retour dans la ville en septembre et octobre 1843, rue Dobrée, avenue des Coulées, et expose chez Mme Pot(t)in (librairie, galerie), passage Pommeraye, en même temps que le daguerréotypeur Karl.
En mai 1844, il est à nouveau présent à la même adresse nantaise pendant trois semaines puis il revient en décembre, pour la saison d'hiver, cette fois, place Gigant, maison Landrin.
Il semble continuer ainsi pendant plusieurs années, rayonnant largement depuis Nantes, notamment dans les préfectures des départements voisins. Il est à nouveau signalé à Nantes en février et mars 1846, avec un atelier, rue Bonne-Louise, 16, près Saint-François.
Józef Feliks Zieliński (Luberadz, Pologne, 18 mai 1808 - Wioska, Pologne, 22 février 1878)
& Stanislas Jacob Garbowski (Varsovie, Pologne, c.1811/12 - Nantes 23 mars 1878)
Si les documents nantais ne permettent pas de découvrir l'identité de l'artiste qui se présente au milieu des années 1840 sous le prénom ou le pseudonyme de "Félix" (1), les historiens polonais ont, depuis la seconde moitié du XX° siècle, identifié leur compatriote, Józef Feliks/Félix Zieliński, et tous les renseignements ci-dessous proviennent de leurs dernières publications (2).
Félix Zieliński est un jeune employé de banque qui, en tant qu'officier polonais, participe à l'insurrection de Varsovie en novembre 1830. Suite à la chute de la ville en septembre 1831, il fuit la répression russe et se réfugie en France au début de l'année 1832.
Il habite Paris pendant de nombreuses années, en étant notamment journaliste et écrivain. Il se forme à la daguerréotypie, pendant l'été 1842, auprès du parisien Pierre Ambroise Richebourg (1810-1875).
Il entreprend, dès 1843, une vie de daguerréotypeur itinérant, avec son assistant ou associé Stanislas Jakub/Jakob/Jacob Garbowski/Grabowski, officier et réfugié polonais, arrivé lui aussi en France en 1832. Zieliński réalise d'ailleurs, en 1843, un portrait de Garbowski qui est conservé de nos jours (3) et publie, en 1844, un article faisant le point sur les techniques photographiques (2).
Les deux daguerréotypeurs semblent alterner entre les villes de Nantes et d'Angers pendant plusieurs années, avant d'ouvrir, vers 1848, un atelier pérenne à Nantes. Ce dernier est cité, dès 1849, place de la Verrerie, 4.
En 1850, Félix Zieliński stoppe cette activité et laisse l'atelier à Jacob Garbowski. Quelques daguerréotypes signés "Félix" sont conservés de nos jours (3).
Félix Zieliński part pour l'Espagne puis Istanbul et revient en France vers 1855. Il retourne en Pologne dans sa province natale en 1873 et y décède le 22 février 1870 (4).
En 1850, Garbowski déménage son atelier nantais au 1er étage de la rue du Chapeau-Rouge, 20. Dans les recensements successifs, il y est dit célibataire et cité sous les noms de Garbowski/Barbonsky/Garbonski/Garbaski/Sarbowski, avec exceptionnellement le prénom de Stanislas mais le plus souvent celui de "Félix", qui reste l'intitulé de l'atelier présent dans les annuaires.
Le nom de "Garbowski Jacob" n'est cité qu'une seule fois dans les journaux, lors d'une souscription de 1865, à laquelle participe également son employé F. Jubaut (?-?).
Dans la seconde moitié des années 1860, Garbowski dit Félix déplace son atelier de photographe dans un bâtiment voisin du précédent, rue Boileau, 9, probablement à l'ancien emplacement des photographes Wolter & Thobert.
Il affiche désormais au verso de ses cartes de visite, "Félix - Rue - du Chapeau Rouge - N° 9 - Nantes " puis "Félix - 9, rue Boileau, 9 - Entrée par la rue - du Chapeau Rouge, 9, - Nantes.". Il conserve cette adresse jusqu'en 1874 où il cesse son activité, à 62 ans environ.
"Jacques Garbewski, journalier, célibataire, âgé de soixante-sept ans, né à Varsovie (Pologne), de feus Grégoire et Françoise Graliska, demeurant quai des Tanneurs, numéro quinze", décède à l'Hôtel-Dieu de Nantes, le 23 mars 1878.
(1) Jean-Marie Voignier, dans son Répertoire des Photographes de France au dix-neuvième siècle, cite sept photographes dénommés "Félix" (Le Pont de Pierre, 1993 p 100).
Je signale l'existence d'un huitième artiste, dénommé Félix (?-?), daguerréotypeur. MM. Félix et Alphonse Leblondel/Le Blondel (1814-1875) sont partis en 1841 en Russie, à la Cour de Saint-Pétersbourg, et ont ouvert, à leur retour, un atelier parisien rue du Hasard-Richelieu, 13.
(2) Voir notamment les recherches récentes (en polonais) de Małgorzata Maria Grąbczewska :
- "Deux nouveaux daguerréotypes liés à la Pologne en France",
Dagerotyp, n° 19, 2010, pp 4-55,
CEEOL.
- "Sur le daguerréotype et les daguerréotypistes polonais en France", Dagerotyp, n° 21, 2012, pp 63-68,
CEEOL.
(3) Cinq daguerréotypes signés de Félix sont conservés :
- Portrait d'Adam Mierosławski, Capitaine de la Marine marchande française - réalisé à Nantes - 1849 en mai par J. Zieliński, conservé à la Bibliothèque polonaise de Paris. - Portrait de Benjamin Alexandre Latour (1790-1854), officier du Génie de l'armée, par Garbowski dit Félix (du fait de l'adresse indiquée), datant des années 1850, conservé au Musée de Bretagne à Rennes. - Portrait du Commandant de la Garde Nationale Louis Célestin Bouglé (1790-1862), par Garbowski dit Félix et daté des années 1850, si l'adresse précisée est bien celle du Chapeau Rouge, conservé dans une Collection privée, reproduit dans l'article de Stéphane Pajot sur le site ouest-france, - Portrait de Wictor et Marie-Louise Jundziłł, par Félix Zieliński, vers 1860, à Fribourg.
(4) Plusieurs personnes portant le nom de Zieliński sont citées en France au milieu du XIX° siècle. Il semble que certaines biographies confondent cependant l'artiste étudié ici, avec la personne qui a dirigé la Ferme-Ecole de Corée (Loire) dans les années 1840 et qui est devenu par la suite Inspecteur de l'Agriculture.
- FOREST (ou LAMORÉ DIT FOREST)
Trois frères (fils d'un imprimeur) :
Jules Vincent Joseph LAMORÉ dit FOREST (Nantes 3 mai 1803 - Nantes 14 mai 1878).
Vincent Jacques Joseph LAMORÉ dit FOREST (Nantes 4 octobre 1808 - Nantes 3 mars 1882).
Henri LAMORÉ dit FOREST (Nantes 3 février 1810 - Nantes 16 juillet 1891).
Le samedi le 26 octobre 1839, "M. Forest, libraire à l'entrée de la Fosse", expérimente le Daguerréotype et capture une vue de la ville de Nantes depuis sa fenêtre.
"Enhardi par ce succès, M. Forest se propose de reproduire par la lithographie, d'après le Daguerréotype, plusieurs vues de Nantes, dont les dessins seront confiés au crayon de nos plus habiles artistes".
Dés la fin de l'année 1839, l'épreuve daguerrienne de la Vue des Bains de l'île Feydau est en effet reproduite en lithographie par Eugène de la Michellerie (1802-1875) et publiée dans le troisième tome des Archives curieuses de Nantes.
De nombreuses autres épreuves sont ensuite réalisées et vingt d'entre elles sont sélectionnées et annoncées dans les journaux, mais seulement en 1842. Le projet est désormais de les faire graver sur cuivre (d'après les dessins d'Eugène de la Michellerie ?), notamment par le graveur Frédéric Salathé (1793-1858).
La collection doit être constituée de dix livraisons de deux vues de 24,2x15 cm, imprimées par A. Bougeard de Paris (rue des Mathurins-St-Jacques, 10), permettant de constituer progressivement un album intitulé, La Loire-Inférieure, vues de Nantes et ses environs, prises au Daguerréotype, et gravées sur acier par les premiers graveurs de Paris.
La souscription s'ouvre chez l'éditeur et libraire Forest, en mars 1842, lors de la première livraison. La deuxième livraison a lieu en décembre 1842 et la troisième en juillet 1843. "M. Forest aîné" [Jules Lamoré dit Forest] présente d'ailleurs ces trois premières livraisons, en août 1843, à l'Exposition des produits de l'Industrie nantaise qui se tient à la Bourse. La quatrième livraison a lieu en décembre 1843.
Les publicités pour cet album continuent de ne citer que ces quatre premières livraisons jusqu'au mois de juillet 1844 et disparaissent ensuite. Cependant, les ouvrages bibliographiques postérieurs préciseront parfois "qu'il n'a paru que 5 livraisons contenant chacune 2 planches ; plus une planche de la 6ème livraison".
Cette collection innovante, projetée fin 1839, n'a pris forme qu'en 1842 et ne s'est achevée qu'en 1845 ou 1846, avec l'édition de seulement 11 des 20 vues prévues.
Quant aux auteurs potentiels des daguerréotypes dont quelques épreuves sont conservées de nos jours au Musée d'Histoire de Nantes, plusieurs noms ont été avancés : ceux d'Henri Baudoux, d'Eugène Leboeuf, de Karl (qui aurait signé trois des épreuves ?) et des frères Lamoré dits Forest, Jules (imprimeur et libraire) et Vincent (imprimeur, libraire et lithographe), qui sont les éditeurs de l'album étudié, et Henri (confiseur).
Les épreuves ont pu être réalisées par différents daguerréotypeurs, non seulement sur la période allant de fin 1839 à fin 1841 mais même au-delà, de nouvelles épreuves daguerriennes ayant pu être substituées aux précédentes, avant d'être confiées aux graveurs dont l'identité, là encore, n'est que partiellement connue.
- GARCIN (? - ?)
Fin juin 1841, M. Garcin de Paris, jeune dessinateur et daguerréotypeur itinérant venant de Tours où il a réalisé plus de 600 portraits, s'installe à Nantes pour quelques semaines. Il expose dès son arrivée des portraits chez les libraires Suireau et Po(t)tin.
Son atelier est situé pour quelques jours rue Rubens, 48, en l'attente d'un local plus adapté, avec jardin ou cour, situé rue Gresset, 10. Il propose des portraits en moins de 10 secondes, leur retouche au dessin ou à la peinture et également leur réduction pour bague ou médaillon. Il se déplace à domicile et opère par tous les temps.
Après deux mois et demi, pendant lesquels il fait connaître son activité par pas moins d'une vingtaine de petites annonces, il quitte la ville début septembre 1841,
Il faut peut-être identifier ce jeune artiste au Suisse, Auguste Louis GARCIN (Genève 22 mai 1816 - Genève 1er février 1895), graveur (?), puis daguerréotypeur itinérant dès les années 1840, avant de se fixer, au milieu des années 1850, comme photographe à Genève. Son itinérance semble avoir été internationale, étant notamment signalé à Turin, en 1845 (1).
(1) Voir les documents qui lui sont consacrés sur le site de la Bibliothèque de Genève, notamment sa notice, bge-geneve.ch. Voir également l'un de ses daguerréotypes genevois, daté du 10 mars 1852, sur le site,
notrehistoire.ch.