4

4

dimanche 29 décembre 2024

1370-DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES À NANTES (1839-1859)-5

  

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


-
- Étrennes Nantaises, 1859, 
Archives départementales de la Loire-Atlantique.


VOIR LA PREMIÈRE PARTIE DE CET ARTICLE


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 06/01/2025


RECHERCHES SUR LES

 DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES

TITULAIRES D'UN ATELIER NANTAIS 

ENTRE 1839 ET 1859



LISTE ALPHABÉTIQUE (recherches en cours)


N.B. : le prénom souligné est le prénom d'usage.





- PERRIN FRERES (puis PERRIN C.)


- Mathurin Marie PERRIN (Mohon, Morbihan, 5 novembre 1805 - Mohon, 31 juillet 1865)

- Louis Marie PERRIN (Mohon 20 avril 1808 - ?)

- Charles Julien PERRIN (Mohon 12 juillet 1810 - ?)

- François PERRIN (Mohon 21 février 1815 - Mohon 19 avril 1878).


Le nom de "Perrin frères" est cité dans la rubrique, "Daguerréotypie", dès l'annuaire nantais de 1849, avec un atelier situé, rue Newton. 

Les annuaires des années suivantes citent à nouveau les frères Perrin mais "rue Crébillon " en 1850 puis "au Change", en 1851 et 1852.

Seul "Perrin (C.)" est ensuite nommé dans les annuaires, avec l'adresse de, "carrefour Casserie, 2", dans l'annuaire de 1853 puis, "rue Briord, 2", dans ceux de 1854 à 1856, avant d'en disparaître.

Aucune publicité des Frères Perrin ou de C. Perrin ne semble avoir été publiée dans les journaux locaux, d'où un manque de témoignages sur leur identité mais également sur leur pratique et leur offre pendant huit ans.

Il semble que "C. Perrin" pourrait être identifié à Charles Julien Perrin, né à Mohon, Morbihan, le 12 juillet 1810, fils de Mathurin Perrin, laboureur, et de Marie Anne Colin/Collin. Cette hypothèse est pour l'instant la seule mais reste cependant très fragile.

Charles Julien Perrin est signalé à Nantes, âgé de 32 ans, comme "employé de l'administration de l'octroi, domicilié rue Contrescarpe", à la date de son mariage, le 22 décembre 1842 (ses parents sont alors décédés), avec Rose Mélanie Paquer, 23 ans, sans profession (née à Nantes, le 22 octobre 1819).

Leur fils Charles Adolphe Perrin, naît le 13 décembre 1843, quai d'Orléans. A cette date, Charles Perrin est toujours employé à l'octroi. Malheureusement, leur fils décède à 4 mois, à la même adresse, le 4 mai 1844.

En 1848, "C. Perrin" ouvre son atelier de daguerréotypeur, probablement grâce à l'aide financière de ses frères (restés à Mohon, s'il s'agit de Charles Julien Perrin), d'où le premier intitulé de son atelier qui perdure jusqu'en 1852.

Cependant, les listes électorales de la ville de Nantes (1849-1850 ; 1851-1856) ne citent aucune personne du nom de "Perrin ou Perin", avec le métier de daguerréotypeur ou de photographe. 

Charles Perrin, qui y est le seul de ce nom à porter un prénom avec l'initiale "C." dans cette période, reste systématiquement dit, "visiteur d'octroi, né le 12 juillet 1810, domicilié rue porte neuve, 16". Peut-on imaginer qu'il ait mené parallèlement les deux activités professionnelles pendant plusieurs années ?

Les différentes adresses des domiciles de "Charles Julien Perrin", comme celles des ateliers de daguerréotypie de "C. Perrin", n'ont pas été retrouvées dans les recensements successifs de la ville (1846, 1851, 1856, 1861, 1866).

"Employé d'octroi, en retraite", Charles Julien Perrin, décède le 1er octobre 1870, à l'âge de 60 ans, à son domicile désormais situé, passage Saint-Yves, 20.

L'identité des Frères Perrin à Nantes, dont C. Perrin, reste donc inconnue à ce jour. Il existe bien entendu d'autres daguerréotypeurs et photographes français portant le nom de "Perrin" ou de "Perin" dans le troisième quart du XIX° siècle mais très peu semblent avoir exercé dans les années 1850 et aucun avec un prénom présentant l'initiale recherchée.





- RAZIMBAUD


Charles Michel RAZIMBAUD (Nantes 20 janvier 1808 - Plainpalais, Genève, Suisse, 9 mars 1884).

Nantes

Charles Razimbaud est né à Nantes le 20 janvier 1808. Il est l'un des enfants de Jean Joseph Razimbaud, marchand de tabac et d'Adélaïde Félicité Dejoye/Dejoie.

Vevey

A l'âge de 29 ans, il travaille à Vevey (canton de Vaud, Suisse), au bureau de la direction de la bibliothèque populaire de cette ville. Il se marie, la même année (en mars 1837, à Vevey ou Lausanne ? - acte non retrouvé).

Il épouse Marie Susan(n)e Nerdinger, négociante, âgée de 25 ans (née à Vevey, le 28 mai 1811). Les parents de Marie Susanne sont décédés et elle tient, avec sa sœur Susanne Christine, un magasin d'épiceries et de merceries à Vevey, mis en vente l'année suivante, "pour cause de départ".

Genève

Il est probable que Charles Razimbaud, son épouse et sa belle-sœur s'installent dès 1838 à Genève. 

Charles Razimbaud y est cité, en 1842, en tant que "négociant" puis est signalé, à partir de 1843, sous les noms de sa société, "Razimbaud & Cie", "MM. Razimbaud & Cie" ou "Ch. Razimbaud & Cie", en tant que marchand d'estampes ("grande collection de vues suisses et dépôt d'orfèvrerie plaquée d'argent"), libraire et éditeur, rue de la Corraterie, 9. 

Il se forme (vers 1844 ?) à la daguerréotypie mais semble pratiquer en amateur. 

La boutique à son nom de la rue Corraterie reste citée jusqu'en 1849 (Nouveaux Guides de l'Etranger à Genève et aux environs et publicités).

En février 1849, il est signalé comme marchand d'estampes et comme daguerréotypeur ambulant à Neuchâtel, Grand' Rue, maison Borel (1).

Charles Razimbaud et son épouse (qui n'ont pas d'enfant) quittent Genève, peut-être fin 1849, suite au mariage de Susanne Christine Nerdinger.

Nantes et Rennes

Le couple semble rentrer en France. Charles Razimbaud y exerce désormais le métier de daguerréotypeur itinérant, en rayonnant probablement depuis sa ville natale de Nantes ou depuis le domicile de sa mère, situé à Saint-Même-le-Tenu (à 40 km au sud-ouest de Nantes).

Il faut notamment le reconnaître dans des publicités où son nom n'est pas toujours précisé, en tant que daguerréotypeur de passage à Rennes, quai de Nemours, 1. Il y propose des portraits en noir ou en couleur à l'occasion des étrennes, de fin novembre à fin décembre 1850, mais prolonge finalement jusqu'en mars 1851 (2). 

Il ouvre ensuite à Nantes, fin 1852, un atelier de "Portraits daguerriens", rue et Hôtel de l'Héronnière, 6, au 4ème étage.

En avril 1853, il déménage son atelier rue Boileau, 16, maison de l'ancienne Poste, avec des publicités qui proposent, comme pour son adresse précédente, des "Portraits daguerriens", sans citer son nom.

Rien ne permet de savoir s'il continue ou non une vie de daguerréotypeur itinérant. L'atelier de la rue Boileau semble cependant pérenne, étant à nouveau cité dans des publicités anonymes qui paraissent en mai et juin puis en décembre 1854, proposant des "Portraits daguerriens sur plaque, papier, huile et au pastel".

Alors que ses publicités s'arrêtent, son nom s'affiche désormais avec son adresse de la rue Boileau, 16, dans les annuaires nantais, à partir de 1855.

Il quitte la ville de Nantes, en 1855 ou 1856, laissant son atelier au photographe Gustave Bazelais. Cependant, leurs deux noms restent étrangement affichés à cette même adresse dans les annuaires nantais, jusqu'en 1862.

Bordeaux

Il ouvre, au plus tard en 1856, un nouvel atelier (et domicile) à Bordeaux (Gironde), rue Mautrec, 3 où il succède au photographe Edouard Moreno.

Il participe, avec des portraits au collodion, à la IIème Exposition parisienne de la Société Française de Photographie (21 décembre 1856 -15 mai 1857). Ses portraits sont appréciés par le jury mais jugés "trop heurtés par la dureté des blancs et des noirs".

Charles Razimbaud va former à la photographie, vers 1862, son neveu par alliance, Henri Charles Nerdinger (né à Vevey, le 9 mars 1833), avant de céder l'atelier à ce dernier, lors de son mariage à Bordeaux, le 16 septembre 1863.

Plainpalais

Charles Razimbaud est alors âgé de 55 ans. Il semble quitter la ville de Bordeaux avec son épouse et retourner s'installer au sud de Genève, dans la commune de Plainpalais, rue du Mail. 

Rien ne permet cependant de confirmer son arrivée à Plainpalais dès 1863 ni de savoir s'il y conserve une activité professionnelle pendant quelques années. 

C'est bien dans cette commune, en tout cas, que vont progressivement se regrouper les membres de la famille Nerdinger et à cette adresse que Charles Razimbaud va décéder, vingt ans plus tard, le 9 mars 1884, âgé de 76 ans.

Il est à noter qu'aucune épreuve (sur plaque ou papier) de Charles Razimbaud ne semble conservée, tous lieux et périodes confondues.

(1) Merci à Marc Herren, du site foto-ch.ch/, de m'avoir signalé cet article.

(2) Sur Razimbaud, voir la notice d'Hervé Lestang, sur son site portraitsepia.fr.





- ROINET (ou ROINÉ)


Le père, Pierre Hyppolite/Hippolyte ROINÉ (Nantes 5 février 1805 - Saint-Louis, Missouri, après 1860), cartier (domicilié à Nantes rue du vieux Bel-air puis, vers 1840, quai Cassard et enfin, vers 1851, rue Sainte-Catherine)

& le fils, Henri Stanislas ROINÉ (Nantes 28 octobre 1831, St-Louis, Missouri, 25 février 1878).

L'identité du membre de la famille "Roinet" qui ouvre à Nantes, en 1845, un atelier de daguerréotypie pose question. S'agit-il du père, Pierre Hippolyte Roiné, marié depuis 1829 à Benoîte Catherine Beley Sirot (Charlieu, Loire, 8 juin 1807 - Nantes 7 août 1841) ou, plus probablement, de l'un de ses enfants (à cette date, trois fils dont l'un est décédé en bas-âge et trois filles dont l'une est décédée en bas-âge) ?

S'il s'agit de l'un des fils, ce ne peut être qu'Henri Stanislas Roiné, né en 1831 et alors âgé de 14 ans ; en effet, son frère aîné, Hippolyte Jean Marie, est décédé en 1835, à 4 ans et 9 mois et son frère cadet, Hippolyte Jules, n'a que 5 ans en 1845 (1). 

Henri Stanislas Roiné est cité dans les listes électorales nantaises, dès sa majorité (en octobre 1852), en tant que "professeur" [de musique, violoniste].

Son atelier de daguerréotypie est installé dans un pavillon situé sur le terrain de la fabrique familiale de cartes à jouer, quai Cassard, 2. Il est uniquement signalé dans les annuaires nantais, de 1846 à 1848, sous le nom de "Roinet" puis, de 1849 à 1856, sous le nom de "Roiné" mais par erreur en 1855 et 1856. 

Au printemps 1854, Pierre Hippolyte Roiné (le père) commence en effet à liquider tous ses biens. Il fait paraître en mai et juin 1854, la petite annonce suivante : 

"A céder de suite à des conditions très avantageuses, une Fabrique Cartes à Jouer française et étrangère, située à Nantes au centre de la ville. Clientèle gratuite, marchandises et matériels s'élevant à 10.000 francs " et "avec ou séparément, le pavillon de daguerréotypeur avec le matériel évalué à 1.000 fr. On donnerait des leçons gratuite à l'acquéreur s'il en avait besoin".

N'ayant pas trouvé d'acquéreur, la vente publique "de meubles et d'un fonds de cartier", comprenant "deux bons daguerréotypes", est organisée début août 1854.

On devine une urgence. La recherche a permis d'apprendre que Pierre Roînet a été, dès la fin des années 1840, adepte des idées révolutionnaires et communautaires, membre de la Société fraternelle universelle de Nantes (fondée par le Dr Ange Guépin, 1848-1850) mais également du Mouvement communiste icarien des "soldats de l'humanité" (fondée à Paris en 1847 par Etienne Cabet).  

C'est donc pour rejoindre les communautés d'Icariens, fondées aux Etats-Unis dès 1848, que tous les membres de la famille Roiné (le père 49 ans, sa deuxième épouse 37 ans, ses cinq enfants, âgés entre 23 ans - Henri Stanislas - et 1 an, et son beau-fils) préparent leur émigration puis s'embarquent à leur tour au port du Havre pour gagner New York, dans une traversée de près de deux mois. Ce départ a peut-être lieu dès le 9 août 1854.

Ce départ est en tout cas antérieur à l'été 1855 car la compagne française d'Henri Stanislas Roiné, "Léontine" (dont le nom de jeune fille reste inconnu), accouche aux Etats-Unis de leur premier enfant, le 1er septembre 1855. La date de cette naissance implique une conception en janvier de la même année, suite à leur rencontre sur le bateau pendant la traversée ou lors des premiers mois de leur séjour aux Etats-Unis car Henri Stanislas Roiné était encore célibataire à son départ de Nantes.

A Nantes, la vente de la maison Roiné du quai Cassard a lieu le 27 octobre 1855, "alors que le propriétaire demeure hors de France". 

Les membres de la famille Roiné vivront successivement dans différentes communautés icariennes et obtiendront la nationalité américaine dans les années 1860. La plupart d'entre eux finiront leur vie aux Etats-Unis. 

Henri/Henry (Stanislas) Roiné vit en Louisiane où naît sa fille Marie/Mary en 1855, peut-être à la Nouvelle-Orléans (?) puis à Thibodaux City (Lafourche) où il est recensé, en 1860, comme professeur de musique. 

Il semble ensuite domicilié dans l'Illinois (à Nauvoo ?) où naît son enfant August/Augusta, vers 1865 (garçon ou fille ?). Dans la deuxième moitié des années 1860, il rejoint son père et ses frère et sœurs à St. Louis, Missouri, où naît sa fille Claire/Clara vers 1869 et où il est recensé en tant que professeur de musique en 1870. 

Il décédera d'ailleurs à St. Louis, le 25 février 1878, à l'âge de 46 ans et quatre mois, et son épouse, Léontine, le 7 mars 1889, à l'âge de 52 ans et 9 mois (2).

(1) C'est également l'hypothèse retenue par Jean-Marie Voignier, dans, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993.

(2) Léontine est donc née en France vers juin 1836.





- TAGOT


Zosime/Zozime Benjamin Jules TAGOT (Nantes 14 mai 1804 - Paris 27 décembre 1880).

Jules Tagot est né à Nantes le 14 mai 1804. Il est l'un des enfants de François Benjamin Tagot (1769-1839), commis de mairie, et d'Alexandrine Sabine Chéron (1772-1841) qui se sont mariés à Meaux (Seine-et-Marne) en 1794.

Âgé de 26 ans, "peintre doreur en porcelaine", Jules Tagot se marie à Nantes le 13 octobre 1830, avec Anne Adèle Archambaud, 29 ans (née à Nantes le 16 juin 1801).

Dès la fin de la même année, "Mme Jules Tagot, peintre en miniature et professeur de dessin, donne des leçons en ville et chez elle, quai Brancas".

Le couple alterne sa vie entre Nantes et Paris où il possède un domicile. C'est d'ailleurs là que naissent leurs trois enfants, Léon le 21 avril 1836 (dans le 6ème arrondissement), Charles le 9 mars 1838 (dans le 20ème arrondissement) et Maria vers 1840 (acte non retrouvé).

L'été 1850, Jules Tagot ouvre à Nantes, à son domicile de la rue de l'Héronnière, 8, un atelier de photographie. Il y propose des portraits coloriés sur papier, grâce à un procédé dont il s'est rendu acquéreur, avec une pose de quelques secondes et des prix allant de 6 à 20 fr. Il expose parallèlement ses épreuves dans plusieurs magasins d'estampes nantais et chez Mme Pottin, libraire et galeriste.

Il est difficile de dire combien de temps perdure son activité de photographe (vers 1850-1853 ?), le nom de Jules Tagot étant très rarement présent dans les documents nantais et qualifié de "peintre" lorsqu'il est cité.

Son nom reste absent des listes électorales nantaises de 1849-1850 mais est présent dans celle de 1851-1852 puis rayé dans les années suivantes (sans date ni motif), à la nouvelle adresse de la rue Boileau, 16. Cependant, "Tagot Jules, peintre", son épouse et leurs trois enfants, sont encore cités rue de l'Héronnière, 8, au printemps 1851, dans le registre de recensement de la ville de Nantes.

Cette ambiguïté se voit renforcée par la parution de plusieurs petites annonces anonymes contemporaines pour l'atelier de la rue Boileau, 16, annonces que certains historiens attribuent à Tagot (1) mais que j'attribue personnellement à Razimbaud. Il reste la possibilité que les deux artistes se soient succédés à l'adresse de la rue Boileau, Razimbaud succédant à Tagot dès le début de l'année 1853, suite au départ de la ville de ce dernier.

Jules Tagot est ensuite cité en tant que "peintre sur émail" dans les annuaires  parisiens, en 1856 rue Saint-Martin, 256 (3ème ou 4ème arrondissement) puis, dès 1859, rue Chapon, 40 (3ème arrondissement).

A la date du mariage de leur fils Léon, le 12 octobre 1865, Jules Tagot et son épouse Adèle sont toujours "artistes-peintres", respectivement âgés de 61 et 64 ans et toujours domiciliés rue Chapon, 40. Ils restent signalés à cette adresse jusqu'en 1879. 

Jules Tagot, domicilié rue d'Aboukir, 141 (2ème arrondissement), décède dans le 10ème arrondissement de Paris le 27 décembre 1880, âgé de 76 ans, et son épouse, Adèle, le 8 mars 1885, âgée de 84 ans, rue des Forges, 5 (2ème arrondissement).

(1) Gildas Buron, Le Costume prend la pose - Premières photographies en Guérande, 2020 p 12 et note 16 (extraits en PDF dans, L’essor de la daguerréotypie et de la photographie à Nantes et le pays nantais, vue 3 et note 16, ici).





- WOLTER & THOBERT (puis WOLTER)


François Théodore WOLTER (Varsovie, Pologne, 14 janvier 1820 - Nantes 20 janvier 1868)

& Pierre Alexandre Polycarpe THOBERT (Gémenos, Bouches-du-Rhône, 26 janvier 1830 - ? 3 janvier 1878).

Théodore Wolter est né à Varsovie (Pologne), le 14 janvier 1820. Il a quitté la ville fin 1831, fuyant la répression russe, pour se réfugier en France.

Vingt ans plus tard, il vit à Brest (Finistère). Alors que ses parents, Crystian Fryderyck Wolter, docteur en médecine, et Crystiane Elisabeth Fromm(ow) sont tous les deux décédés, François Théodore Wolter, artiste peintre, âgé de 31 ans, se marie dans cette ville, le 17 mars 1851, avec Amélie Marie Pilven, institutrice, âgée de 31 ans également (née à Brest le 17 mars 1820). 

Le couple (sans enfant) s'installe ensuite à Nantes en 1855. Leur foyer est signalé dans le recensement de 1856 (avec un an d'ancienneté), rue du Calvaire, 3. avec "Welter (sic) François Théodore, peintre autographe [photographe]", son épouse et une domestique.

Dans le même recensement, "Weter (sic) Théodore, photographe, 28 ans [36 ans], célibataire [marié]" est également cité dans un atelier, rue Boileau, 9, avec son associé, "Thobert Spolicarpe (sic), photographe, 22 ans, célibataire".

Il s'agit de Pierre Alexandre Polycarpe Thobert, 26 ans, célibataire (né à Gémenos, Bouches-du-Rhône, le 26 janvier 1830), fils d'Henry Auguste Thobert et de Marie Lucrèce Fabre. 

Il a notamment pour frère, Charles Joseph Henri Toussaint Thobert (né à Gémenos le 1er novembre 1825), opticien à Marseille, qui s'est marié dans cette ville en 1852, avec pour témoin l'ingénieur-opticien-photographe Louis Dodéro (Gênes, Italie, 6 septembre 1824 - Six-Fours-les-Plages, Var, 18 décembre 1902). Il est possible que ce soit dans l'atelier marseillais de ce dernier, situé rue Saint-Ferréol, que Polycarpe Thobert se soit formé à la photographie.

Wolter et Thobert participent à l'Exposition triennale nantaise du printemps 1858. 

Ils fournissent, au journal L'Illustration, une vue de l'Inauguration du Monument du Combat de Saint-Cast, à Saint-Malo (commémorant une victoire contre les troupes anglaises le 7 septembre 1758) puis le Portrait du Général Guesviller (qui dirige les forces de terre et de mer de l'Algérie), qui paraissent sous forme d'estampes, respectivement dans les numéros du 18 septembre 1858 et du 7 mai 1859.

Wolter et Thobert semblent tout d'abord signer leurs photographies, au recto, sur le portrait lui-même, de leurs deux noms tracés à la mine de plomb (verso nu). Leurs cartes de visite affichent ensuite un recto nu et leurs deux noms au verso.

Polycarpe Thobert repart à Marseille, en 1860 (même si son nom est encore cité dans l'annuaire nantais de 1861), Il s'y marie le 2 février 1861 et prend la suite de Louis Dodero dans l'atelier de photographie de la rue Saint Ferréol, auprès de Victor Cassien (Grenoble, Isère, 25 octobre 1808 - Grenoble, 18 juin 1893).

Théodore Wolter conserve l'atelier nantais de la rue Boileau, 9. Son domicile est pour sa part situé rue du Calvaire, 24 (en 1860) puis rue du Chapeau-Rouge, 21 (en 1861).

En septembre 1863, il réunit désormais son domicile et son atelier dans une nouvelle adresse, rue du Calvaire, 10, et fait paraître à cette occasion, pendant quinze jours, une petite annonce indiquant son transfert. 

Ses cartes de visite (portraits et vues) présentent, de 1860 à 1863 :

- un recto et un verso nus,

- un recto nu et un verso tamponné à l'encre bleue ou grise avec, "Phot. Wolter. Nantes". Ce même tampon se retrouve, au recto cette fois, de ses rares vues stéréoscopiques conservées.

- un recto avec, "Ch. Thobert. Photogr.e", et un verso avec, "Ch. Wolter - Peintre & Photographe - 9, rue Boileau, 9, - Nantes.". La présence des initiales, "Ch." au lieu de "Th.", pour son prénom, se retrouvera uniquement par la suite dans le texte de trois petites annonces de début novembre 1865 : est-ce l'évocation volontaire du prénom de son père (Christian) ou une erreur typographique des imprimeurs ?

- un recto nu, et un verso avec la grande signature oblique imprimée à l'encre noire, "Wolter", suivie de, "Peintre Photographe - 9, rue Boileau, 9, - Nantes.",

- un recto avec, "Th. Wolter. Photogr.e", et un verso avec la grande signature oblique imprimée à l'encre noire, "Wolter", suivie de, "Peintre Photographe - 9, rue Boileau, 9, - Nantes.",

- un recto avec, "Th. Wolter. Photogr.e", et un verso avec la grande signature oblique imprimée à l'encre noire très grasse, "Wolter", suivie de, "Peintre Photographe - 9, rue Boileau, 9, - Nantes.",

Puis dès fin 1863 :

- un recto avec, "Th. Thobert. Photogr.e", et un verso avec la grande signature oblique imprimée à l'encre très grasse, "Wolter", suivie de, "Peintre & Photographe - 10, rue du Calvaire, 10, - Nantes.".

A l'automne 1865, Théodore Wolter fait paraître, par alternance, deux nouvelles petites annonces : l'une, uniquement en novembre, pour informer sa clientèle qu'après sa longue maladie et les bruits malveillants qui se sont ensuivis et qu'il dément, il reprend ses travaux comme par le passé ; l'autre, pendant plus d'un an, de novembre 1865 à décembre 1866, pour rappeler son activité de peintre-photographe à son adresse de la rue du Calvaire, 10.

Le recensement de 1866 cite à cette adresse, en plus du couple et de la domestique, une "cousine" de l'épouse, "Folliot Adelina, photographe, 38 ans, célibataire". Il s'agit de Marie Pauline Adélina Folliot, née à Brest le 19 février 1828, fille d'Arthur Victor Folliot, imprimeur et de Marie Pauline Mallenec.

François Théodore Wolter décède à cette dernière adresse, le 20 janvier 1868, à l’âge de 48 ans et est inhumé le 22 suivant. 

Quelques jours plus tard, sa veuve informe la clientèle que l'Etablissement photographique, fondé par son mari, "se continuera avec le même Personnel et avec les mêmes conditions, sous la direction de M. Bernier [Alfred] de Brest, à qui elle a cédé sa maison".

(1) Sur Théodore Wolter, voir notamment les notices de :

- Hervé Lestang, sur son site portraitsepia.fr.

- Jean-Louis Liters, Le Tigre déconfiné, n° 20 du 11 septembre 2021, PDF.



VOIR LA FIN DE CET ARTICLE



dimanche 15 décembre 2024

1369-DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES À NANTES (1839-1859)-4

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS






DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 27/01/2025

RECHERCHES SUR LES

 DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES

TITULAIRES D'UN ATELIER NANTAIS 

ENTRE 1839 ET 1859



LISTE ALPHABÉTIQUE (recherches en cours)






- HAUSER


"M. Hauser, l'un des plus habiles photographes de Paris", est de passage à Nantes au mois de mai 1854. Il s'installe pour quelques semaines, rue du Calvaire, 9, au 3ème étage au-dessus de l'entresol et y expose ses productions. 

Il propose des portraits sur papier, noirs ou coloriés, avec ou sans retouche, réalisés en 15 secondes de pose et livrés sous 24 h mais également des reproductions d’œuvres et des stéréoscopes.

L'identité de cet artiste pose question, deux photographes du XIX° siècle portant le nom de HAUSER/HAUSSER/AUSSER :

Daniel HAUSER (Durmenach, Haut-Rhin, 30 avril 1817 - Saint-Quentin, Aisne, 18 novembre 1877) (1)

Arthur HAUSER (Besançon, Doubs, 11 janvier 1829 - Paris, apr. 1873/av. 1886) (1 et 2).

Ces deux photographes ont ouvert un atelier au début des années 1860, Daniel Hauser, en 1862, à Saint-Quentin (Aisne), et Arthur Hauser, en 1861, à Paris (Seine). L'un des deux a auparavant mené une vie itinérante de daguerréotypeur puis de photographe, attestée de 1853 à 1858. 

Aucun élément totalement probant ne permet cependant d'attribuer cette vie itinérante à l'un ou à l'autre, les petites annonces qui signalent les passages de préfecture en préfecture ne citant jamais de prénom. 

Certains historiens ont considéré qu'il s'agissait d'Arthur Hauser mais je pencherais personnellement davantage pour Daniel Hauser à cause de deux indices :

- Daniel Hauser vit déjà une vie itinérante de "voyageur de commerce" à la date de son mariage à Lyon, le 15 mars 1842 ;

- le premier passage du photographe "Hauser" est signalé à Mulhouse en 1851, préfecture du département dont Daniel Hauser est originaire.

En l'attente d'éléments déterminants, la suite de cette notice va retracer la vie itinérante du daguerréotypeur et photographe à partir du début des années 1850, sans lui attribuer de prénom.

Après avoir été signalé à Mulhouse en 1851, il est dès 1852 à Orléans (Loiret) où il ouvre un atelier rue Bannier, 14 et se fixe pour trois années environ (1).

Il photographie notamment les animaux primés lors de la foire d'Orléans de juin 1853. Il n'en semble pas moins rayonner sur toute la partie nord de la France, notamment à Nantes en 1854. 

Les petites annonces le disent systématiquement "photographe de Paris", mais il n'est pas possible de confirmer qu'il possède alors un atelier de photographie dans la capitale. S'est-il formé à Paris, y possède-t-il une adresse ? C'est en tout cas ce que laissent penser certaines de ses publicités des années 1856-1857 qui le disent, "propriétaire du Petit-Palais-de-Cristal, rue de Rivoli". 

Aucun document parisien ne cite un établissement de ce nom mais le terme "cristal" renvoie probablement au magasin de luxe d'objets en cristal (associé au bronze doré) et en porcelaine, présent rue de Rivoli depuis 1804. Cet établissement était célèbre par son escalier aux balustres de cristal et désigné pour cette raison sous le nom de, "L'Escalier de cristal". Le photographe en possédait-il les murs ?

Hauser est à Nancy en mars et avril 1856, où il réalise "plus de 3.000 portraits", puis à Metz début mai, avec le projet de repartir un mois plus tard pour Nancy, à l'occasion de la foire. Il se fait cependant remplacer dans cette ville, "par un de ses opérateurs qu'il a fait venir de Paris", afin de privilégier la clientèle de son atelier messin, rue Serpenoise, 60, au fond de la cour de la maison de M. Goujeon, notaire. 

L'une de ses publicités messines précise : "Pour 2 fr. 50 [un prix bas], M. Hauser fait des portraits sur émail, sans aucun miroitement et d'une parfaite ressemblance (...). La pose ne dure que deux secondes, et l'on peut emporter son portrait immédiatement".

En juillet 1856, "M. Ausser" est à Strasbourg, rue des Serruriers, 4. Son rayonnement semble ensuite s'étendre sur tout le territoire français. 

M. Ausser/Hauser de Paris est notamment signalé à Avignon (Vaucluse) en octobre 1856, rue Cardinale, 5, ancienne maison Roubeau, porte à côté celle de l'Archevêché, puis à Nîmes (Gard) en novembre et décembre 1856, place de la Salamandre, balcon de pierre, 2.

De février à mai 1857, M. Ausser/Hausser/Hauser est à Toulouse, avec un atelier rue des Balances, Hôtel de Paris, au premier.

En 1858, proposant toujours ses portraits sur émail, il est à Pau (Pyrénées-Atlantiques), en janvier-février, rue de la Préfecture, 40, à Bourges (Cher), en mai-juin, rue des Arènes, 2, et à Troyes (Aube), en octobre, rue des Bûchettes, 30.

(1) Sur Daniel Hauser et Arthur Hauser, voir les notices de Jean-Marie Voignier, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993.

(2) Sur Arthur Hauser, voir la notice d'Hervé Lestang sur son site, portraitsepia.fr.





- JULES


"M. Jules" (nom, prénom ou pseudonyme ?) est un photographe (?-?) de passage à Nantes pour trois semaines environ, de fin juillet à début août 1857, avec un atelier situé chez M. Lepinay, jardinier, rue Pétrarque, 20.

Les deux caisses signalées  fin juillet 1857, arrivées par bateau et contenant des "glaces et portraits", lui semblent destinées.

Aucun autre document local ou national n'a permis d'en apprendre davantage sur la vie et la carrière de ce photographe.





- KARL
 

Karl (?-?) (nom, prénom ou pseudonyme ?) dit "de Strasbourg", est présent à Nantes, au plus tard en 1843. 

Il est l'un des photographes qui aurait fourni des vues daguerréotypées de Nantes aux libraires et imprimeurs Forest, pour l'édition de l'album d'estampes entamé en 1842 et intitulé, Loire-Inférieure, vues de Nantes et ses environs, prises au Daguerréotype, et gravées sur acier par les premiers graveurs de Paris (1).

Les  publicités et articles concernant Karl sont présents dans les journaux nantais dès septembre et octobre 1843, période à laquelle il expose des portraits chez Mme Pot(t)in (libraire, galeriste), passage Pommeraye dont "un groupe de famille remarquable par la pureté et la finesse des détails", "un charmant intérieur représentant une dame occupée à une lecture", un portrait [d'homme] d'une dimension tout-à-fait inusitée" et "un peintre assis près de son chevalet"

Son atelier de daguerréotypie et de photographie est situé rue de Versailles, 2, à l'entrée de la route de Rennes, où il propose des portraits au prix de 10 fr.

"Nous devons d'autant mieux nous applaudir de cette perfection donnée aux images qu'il en fait sortir, que M. Karl est à demeure à Nantes et que pour nous faire dorénavant daguerréotyper, il ne sera pas besoin, ou que nous fassions le voyage de Paris, ou que nous attendions ici des étrangers".

L'atelier de Karl est ensuite cité à cette même adresse dans l'annuaire de 1844. 

En avril 1844 cependant, il est désormais situé boulevard de Lorme/Delorme, n° 32, dans un pavillon spécialement construit, permettant d'opérer par tous les temps. Karl renouvelle à cette occasion une exposition de portraits chez Mme Pottin. Il adresse le même mois une lettre au rédacteur de L'Ouest :

"J'ai eu l'idée, Monsieur, dans ces derniers temps, d'employer le daguerréotype pour la conservation des autographes, des manuscrits précieux de nos archives, pour la reproduction des dessins de machines, de cartes géographiques, de plans de toute espèce. Désormais la photographie sera l'émule de la typographie...".

Après un article paru en août 1844, il faut attendre une longue campagne publicitaire qui dure de mai 1845 à mars 1847, où Karl propose ses "Portraits au daguerréotype coloriés et non coloriés" et évoquant parfois ses expositions passées chez Mme Pottin, rue Santeuil mais également chez Mme Boissier, rue d’Orléans (notamment en août 1846).

"Ce vaste établissement, créé dans les meilleurs (sic) conditions possibles, avec pavillon vitré et jardin, est LE SEUL de Nantes où l'on puisse faire des groupes nombreux, LE SEUL où l'on fasse des portraits de toutes dimensions, depuis les grandeurs les plus faibles, qui exigent impérieusement, comme les groupes, un espace de terrain considérable, jusqu'aux grandeurs les plus élevées pour lesquelles il faut des instruments puissants et parfaits placés entre des mains habiles".

Son atelier est ensuite signalé par seulement quelques annonces qui s'échelonnent de juin 1847 à août 1848. "Deux pavillons spécialement construits permettent d'opérer en tout temps, sans que le soleil soit nécessaire, sans que le pluie ait une influence fâcheuse".

Le nom de "Karl, de Strasbourg", n'est plus signalé ensuite que dans les seuls annuaires de 1849 et 1850, toujours à l'adresse du boulevard Delorme, 32, avant de disparaître totalement des documents nantais (également absent des actes de décès).

Comme pour ses débuts, rien n'est connu de la suite de sa vie.

(1) Voir à ce sujet la notice au nom de Forest, dans le troisième article de cette série, ici







- ? LABRUYERE (?-?)


Le 15 mai 1845, une petite annonce nantaise révèle la présence de M. Labruyère, peintre et dessinateur, rue Voltaire, 8 et rue Marivaux, 5, offrant des portraits au daguerréotype, instantanés, noirs ou coloriés, en miniature et à l'aquarelle.

C'est la seule fois cependant que son nom est cité à Nantes, le début et l'ensemble de sa vie et de sa carrière restent inconnus.







- VICTOR MAUCOMBLE (1812-1889)

Deux petite annonces nantaises des 25 et 26 avril 1845 signalent l'arrivée de "M. Maucomble, peintre de Paris", qui propose des portraits au daguerréotype de grand format au prix de 20 fr., aux poses gracieuses, aux visages exempts de contraction et à la carnation bien fondue, avec coloration naturelle. "Une terrasse dans les combles de l'hôtel, présente un jour très-favorable et permet d'opérer par tous les temps".

Il installe son atelier provisoire à l'Hôtel des Colonies, près du passage Pommeraye (et rue Santeuil), ce que rappelle également une dernière petite annonce qui paraît le 19 mai 1845.

Comme pour d'autres artistes itinérants de passage à Nantes, se pose la question de l'identité de ce daguerréotypeur (1). 

Henry/Henri Victor Maucomble est né le 15 avril 1812 à Senlis (Oise). Il est le fils aîné de Louis Victor Maucomble, marchand boulanger, et de Martine Marie Jeanne Félicité Delavallée, qui se sont mariés à Apremont (Oise), le 13 février 1811.

La famille Maucomble déménage à Paris, au plus tard en 1821 car c’est là que naît leur second fils, Mathieu Adolphe, le 22 mars de cette année-là (2).

C’est à Paris que Victor Maucomble fils se forme à la peinture de miniature vers 1830 puis à la daguerréotypie dès le début des années 1840, sans oublier le théâtre (3).

"M. Maucomble, peintre de Paris", est signalé dès le 1er octobre 1844 à La Rochelle (Charente-Maritime), où il propose ses portraits au daguerréotype par le biais d’une petite annonce assez semblable à celles de Nantes. Une nouvelle annonce du 29 octobre précise l'adresse de son atelier, Cour des Grolles, n° 9, et signale qu'il se rend à domicile sur demande, sous réserve "d'un local propre à l'opération".

Après être signalé à Nantes en 1845, c'est à Paris qu'il est cité à plusieurs reprises en 1847 et 1848, avec un atelier situé rue de Grammont, 26 et des portraits coloriés, notamment d'actrices (3), exposés au Palais-Royal, galerie de Valois, n° 116.

C'est pour ce type de portraits que "Maucomble" reçoit ensuite  une médaille de bronze à l'Exposition parisienne du Palais de l'Industrie de mai et juin 1849. Un article de la même année rappelle cette récompense : "Le maitre de tous les portraitistes, c'est M. Maucomble. Avant de faire de la photographie, M. Maucomble était peintre en miniature ; dans ses œuvres actuelles, on reconnaît l'artiste d'autrefois à la grâce facile des poses, au laisser-aller de l'attitude. C'est là du daguerréotype, mais c'est aussi de la peinture".

En 1851, "V. Maucomble", participe à l'Exposition Universelle de Londres (du 1er mai au 15 octobre) où il obtient une mention honorable. Le 29 octobre 1851, un article de La Lumière évoque cette récompense pour "Héliographie sur plaques métalliques, coloriée" : 

"M. Maucomble est sans rival en ce genre, peintre en miniature assez habile, il est devenu excellent opérateur, et il a su employer son goût dans les arts pour poser ses modèles, son talent d'héliographe à produire des plaques au ton le plus convenable, enfin l'habileté de son pinceau et de ses estompes à fixer une couleur brillante sur la plaque au moyen d'un travail ingénieux de frottis, de pointillés et de hachures. Cette addition manuelle élève beaucoup le prix d'un portrait, mais elle en relève aussi le mérite aux yeux du public". 

En octobre 1852, les publicités parisiennes citent, parmi la liste des daguerréotypeurs et photographes, "Maucomble, de S.A.I. prince Président", avec un atelier toujours situé rue de Grammont, 26. 

Maucomble continue son itinérance dans les années 1850. Fin mars 1854, c’est à Dijon que la prochaine arrivée de "M. Maucomble, premier photographe-portraitiste de l'empereur Napoléon, honoré d'une médaille à l'exposition de Londres", est annoncée. Un nouvel entrefilet dijonnais du 15 avril suivant précise que le photographe se rendra "au domicile des personnes qui auraient une cour ou un jardin convenable, moyennant 30 fr. [!] en plus pour la totalité des portraits à faire".

En juin 1854, un artiste du même nom est signalé à l'adresse de, "Boulevart Montmartre. N° 26. - Rue de Choiseul". Victor Maucomble conserve cependant son atelier rue de Grammont, 26 et est encore cité à cette adresse, en tant que "peintre de portraits", dans l'Annuaire-almanach du Commerce et de l'Industrie de 1858. Cependant, dans l’Annuaire-almanach de 1859, il est cité en tant que « peintre-artiste",  avec l’adresse du boulevard Montmartre, 3.

Les trois adresses évoquées sont situées dans le quartier de Montmartre (2ème arrondissement). Les rues de Choiseul et de Grammont sont parallèles et pourraient éventuellement indiquer un même bâtiment situé entre ces deux rues mais le boulevard Montmartre est pour sa part perpendiculaire à ces dernières. 

Parallèlement, Victor Maucomble tient un atelier de photographie à Rouen, qui est attesté de 1856 à 1858, quai Napoléon, 45 (1, 2 et 4).

Son nom disparaît des annuaires parisiens à partir de 1860. Il a alors 48 ans, est célibataire et propriétaire. Cesse-t-il dès lors toute activité professionnelle (5) ?

L'Annuaire-almanach de 1862 affiche désormais le nom de, "Grob (Ulrich), successeur de Maucomble, peintre-photographe de S.M. l'Empereur, reproduction d'objets d'art, boulevard Montmartre, 3 ". Il est probable que M. Grob ait été précédemment l'élève, l'assistant ou l'associé de Victor Maucomble dans l'atelier de la rue Grammont, 26.

Jean Ulric Grob [Wattwil, Suisse, 9 juin 1823 - Paris, 10ème, 19 juillet 1893], domicilié rue d'Argenteuil, 39, s'est en effet marié le 16 septembre 1854, avec Marie Célestine Martin dont le domicile était justement situé rue Grammont, 26.

Nathalie Lemoine-Bouchard, dans un article de 2022, signale Victor Maucomble à Paris, auprès de sa mère en 1866, au quartier du Petit-Montrouge, 61, rue d’Orléans (14ème arrondissement) puis, suite au décès de cette dernière le 18 novembre 1870, au 12, cité Trévise (9ème arrondissement) (2).

À une date qui reste à préciser, Victor Maucomble quitte Paris pour le sud de la France.

Rentier, il décède à La Trinité-Victor (Alpes-Maritimes), maison Baudoin, le 1er novembre 1889, à l’âge de 77 ans.

Il s’était probablement installé dans cette commune et cette maison en location que depuis quelques années seulement car son nom est absent des registres de recensement de 1881 et de 1886.

(1) Jean-Marie Voignier, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993.

(2) N. Lemoine-Bouchard et A. Delatte, "Peintre en miniature devenu photographe : Henri Victor Maucomble", dans, La Lettre de la Miniature, n° 67, septembre-octobre 2022, pp 13-14.

(3) En juin et juillet 1853, le Catalogue d'une vente aux enchères, contenant deux lettres de Victor Maucomble, révèle que "Maucomble, acteur, fut le camarade de Rachel à ce théâtre [Théâtre-Molière], et est aujourd'hui peintre au daguerréotype. Il demande des femmes qui veuillent laisser mettre leur portrait en montre [vitrine]". Ce texte semble impliquer pour Maucomble une présence au Théâtre-Molière vers le milieu des années 1830.

(4) Répertoire des photographes, dans le Catalogue de l'Exposition, Photographier en Normandie, 1840-1890, Le Havre, MuMa, 2024 (extraits sur calameo.com).

(5) Voir des épreuves signées Maucomble : 
- un portrait daguerréotypé dans son écrin, portant l'adresse de la rue Grammont, 26, daté vers 1854-1858, sur gallica.bnf.fr ;
- deux portraits daguerréotypés peints encadrés, au format pleine plaque, portant l'adresse de la rue Grammont, 26, sur antiq-photo.com ; 
- une photographie coloriée de 19x24 cm (portrait), dans son cadre d'origine, datée du 22 juin 1853, passée en vente aux enchères à Pamiers (Ariège) en mai 2017 et reproduite ici, 18edelignesecondempire.clicforum.fr ;
- une carte de visite affichant l'adresse du Boulevart Montmartre, N° 3, sur parismuseescollections.paris.fr.







- ? MORENO (?-?)


Le daguerréotypeur et photographe Moreno est présent à Nantes à partir de 1852. Son nom est cité pendant dix ans dans les annuaires nantais, de 1853 à 1862, avec un atelier situé rue Crébillon, 24 mais n'apparaît étrangement dans aucun autre document (journaux, documents officiels). 

L'absence de ce nom à consonance espagnole des listes électorales de la ville de Nantes s'explique probablement par sa nationalité. Son absence dans les recensements de 1856 et de 1861 est plus difficile à expliquer, d'autant que l'adresse de la rue Crébillon, 24 correspond à celle de l'opticien Théodore Moussier (1811-1882) et qu'aucun nom de photographe (associé, assistant ou employé de Moreno) n'est cité à cette adresse.

La question de son identité se pose donc. Dans son Répertoire des Photographes de France au dix-neuvième siècle, Jean-Marie Voignier, outre celui de Nantes, cite deux artistes de ce nom (1) :

-  l'un à Bordeaux (Gironde), "Moreno E.", avec plusieurs adresses successives - vers 1852, allées de Tourny, 4 ;  vers 1854 rue Mautrec, 3 ; vers 1856 avec une deuxième adresse cours du XXX Juillet, 8, qui reste ensuite la seule jusqu'à la fin des années 1860.

- l'autre à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), "Moreno", dans la seconde moitié des années 1850 puis les années 1860.

Est-il possible que ces deux artistes ne soient qu'une seule et même personne, avec un atelier installé dans ces deux villes, comme d'ailleurs à Nantes, vers 1852 ?

Moreno (Bordeaux)

Le photographe "Moreno" propose ainsi, à Bordeaux, rue Mautrec, n° 3 et cours du XXX Juillet, n° 8, par le biais de plusieurs publicités qui paraissent en décembre 1854, des "Portraits sur papier, sur plaque d'argent, acier, verre (...), opère par tous les temps, donne des leçons sur tous les procédés, et fait aussi les portraits au stéréoscope à des prix très modérés".

Son identité est révélée dans le recensement de 1866, à l'adresse du cours du XXX Juillet, 2 où il vit auprès de son beau-frère, sa sœur et leurs enfants : "Moreno Edouard, photographe, célibataire, 25 ans".

Son âge pose immédiatement problème car cela implique qu'il serait né vers 1840-41 et qu'il aurait eu l'âge de 12 ans lors de l'atelier de la rue Tourny, 4. Certes, on peut mettre en doute la véracité du recensement, d'autant que ce dernier indique l'âge de "30 ans" pour sa sœur, alors que cette dernière est née en 1828 à Milan (Italie) et a alors 38 ans. 

Cependant, l'arbre généalogique de la famille révèle qu'Eduardo Eusebio Antonio Isidro Lucas de Nadal Moreno est bien né le 7 novembre 1840 à Murcia (au sud-est de l'Espagne) (2) et donc qu'il ne peut être le photographe de Bordeaux ni de Nantes en 1852.

L'acte de mariage de sa sœur, professeur de musique (probablement la pianiste et cantatrice, "Melle Moreno y Aleman", attestée à Bordeaux dès 1850) révèle, en revanche, qu'en 1854, cette dernière vivait justement rue Mautrec, 3, avec leur père, Marciano Moreno, militaire espagnol (né vers 1800 ?) mais que leur mère (2éme épouse de leur père), Ignacie Josèphe Thomase Barbara de Nadal, était déjà décédée à cette date.

Même nom et même adresse bordelaise ! Est-ce que le père, Marciano Moreno, aurait exercé le métier de photographe pendant quelques années à Bordeaux, voire à Nantes, avant que son fils Eduardo ne lui succède (acte de décès du père non retrouvé ; recensements de 1851 et 1856 non conservés ; photographe Moreno absent du recensement de 1861 à l'adresse du cours du XXX Juillet) ? 

Edouard/Eduardo Moreno n'est plus cité, à l'adresse du cours du XXX Juillet, dans le recensement de 1872. Il a quitté Bordeaux (entre 1866 et 1872), pour vivre cette fois dans la ville de Vitoria-Gasteiz, au nord-ouest de l'Espagne.

Les Cartes de visite conservées de ce photographe indiquent seulement sa dernière adresse bordelaise :

- un recto nu, avec au verso, "E. Moreno & Co - Photographes, - 2 Cours du XXX Juillet - Bordeaux" ;

- au recto, "E. Moreno & Cie, Phot.", et au verso, "Moreno & Co Photographes - 2 Cours du XXX Juillet - Bordeaux" ;

- un recto nu, avec au verso, "Moreno & Cie Photographes, - 2 Cours du XXX Juillet - Bordeaux - Maison du Café Cardinal. (texte concave)" ;

- au recto, "E. Moreno & Cie, Phot.", et au verso, "Photographie (avec des caractères diminués en taille au centre du mot) - E. Moreno & Cie (ces mots sur fond de fins entrelacs) - 2 Cours du XXX Juillet - Maison du Café Cardinal - Bordeaux (ce mot sur fond de fins entrelacs)".

Moreno (Bayonne) (3)

Par ailleurs, dès le 10 septembre 1853, L'Illustration reproduit une estampe de Banderilleros, "d'après un daguerréotype de Moreno", dans un article sur "Les Courses de taureaux à Bayonne".

"Moreno, photographe espagnol" visite, début octobre 1856, l'ancien château-fort d'Arteaga, situé près de Bilbao (Espagne), et en réalise des photographies. 

Il accompagne l'architecte Couvrechef/Couvre-Chef qui est comme lui, "missionné par l'Empereur Napoléon", pour le domaine que ce dernier veut faire restaurer. L'Empereur souhaite y venir en villégiature avec l'Impératrice Eugénie de Montijo (née à Grenade, Espagne), par le canal de Guernica, depuis leur palais de Biarritz. Dix jours plus tard, les protagonistes de cette mission ont un accident de la route, en rentrant à Bilbao, mais en ressortent vivants, avec de fortes contusions cependant.

Il est ensuite l'un des photographes de Bayonne cités dans l'Annuaire-almanach du Commerce et de l'Industrie de 1860 à 1864 puis dans le Guide de l'Etranger à Bayonne et aux environs de 1864 : "MORENO, photographe, rue Lormand, représente à Bayonne le Panthéon de la Légion d'Honneur, il est aussi photographe de la Société de photosculpture de France".

Il souscrit d'ailleurs, mais ne semble pas exposer, à l'organisation de l'Exposition Internationale Franco-Espagnole agricole, industrielle et artistique, placée sous le patronage de l'Empereur, qui a lieu à Bayonne pendant l'été 1864,

Les Cartes de visite conservées de ce photographe précisent :

- au recto, "Moreno, Phot."et au verso, "Moreno, - Photographe - 19, rue Lormand - Bayonne",

- au recto, "Mr. & Mme Moreno Phot.", et au verso, "Moreno, - Photographe - 19, rue Lormand, 19 - Bayonne - (dessin de la médaille de la Légion d'honneur) - seul représentant de l'ordre Impérial - de la Légion d'honneur pour les Départements (textes concaves) - Des Basses-Pyrénées et des Landes" (une carte de visite datée de novembre 1863 ; une autre de septembre 1864).

C'est Alphonse Delaunet qui prend la suite de l'atelier Moreno de Bayonne, à l'adresse du 19, rue Lormand, à la fin des années 1860. 

La suite de la vie de Moreno, comme ses débuts, reste inconnue.

Épilogue

Il semble que trois ou quatre photographes bien distincts ont officié en France et en Espagne, sous le nom de Moreno :

- le photographe Moreno de Bayonne (?-?), actif dans cette ville dès le début des années 1850 mais dont l'identité n'a pu être dévoilée. Il est probablement né, au plus tard, dans à la fin des années 1820, s'est marié dans les années 1860 (inscriptions au recto des cartes de visite datées de 1863 et 1864 ; l'acte de mariage n'a pu être retrouvé) et est probablement décédé après 1870.

- le photographe Moreno de Bordeaux, actif dans cette ville dès le début des années 1850. Est-ce Marciano Moreno (né vers 1800 en Espagne et décédé après 1854) ou l'un de ses enfants ou parents ?

- le photographe Eduardo Moreno, fils de Marciano Moreno, dit photographe dès le recensement de Bordeaux de 1866 ; il s'est marié le 28 novembre 1872 à Vitoria-Gasteiz (Espagne), avec Beatriz de Azpiazu e Iztueta. Il est devenu, au milieu des années 1890, un des pionniers du cinématographe. Est-ce lui qui, en 1897, publie une petite annonce dans un journal bordelais pour recruter un "bon tireur" pour Saint-Sébastien (Espagne, entre Vitoria et Bayonne) ? Eduardo Moreno est décédé à Vitoria, le 24 avril 1899, à l'âge de 58 ans.

- le photographe Moreno de Nantes dont la question de l'identité n'a pu être résolue.

Un élément reste troublant : le photographe Moreno de Bordeaux a cédé en 1855 ou 1856, son atelier de la rue Mautrec, 3 à Charles Razimbaud, photographe préalablement installé à Nantes. Simple coïncidence ou les deux hommes s'étaient-ils côtoyés à Nantes vers 1852-1855 ?

(1) Jean-Marie Voignier, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993.

(2) Sur Moreno à Bordeaux, voir l'arbre généalogique sur le site du Groupe de Réflexion  sur l'Image dans le Monde Hispanique, GRIMH.

(3) Sur Moreno à Bayonne, voir l'article de Juantxo Egaña, "Naissance de la Photographie au Pays Basque", sur le site Euskonews & Media (merci à M. Jacques Battesti, Attaché de Conservation au Musée Basque et de l'histoire de Bayonne de m'avoir signalé cet article).








dimanche 8 décembre 2024

1368-DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES À NANTES (1839-1859)-3


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS






DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 29/12/2024

RECHERCHES SUR LES

 DAGUERRÉOTYPEURS ET PHOTOGRAPHES

TITULAIRES D'UN ATELIER NANTAIS 

ENTRE 1839 ET 1859



LISTE ALPHABÉTIQUE (recherches en cours)


N.B. : le prénom souligné est le prénom d'usage.





- DE LA BLANCHÈRE


Henri Marie Pierre René MOUL(L)IN [DE LA BLANCHÈRE] (La Flèche, Sarthe, 2 mai 1821 - Le Havre, Seine-Maritime, 15 avril 1880).

"Pierre-René-Marie-Henri Moullin de La Blanchère, naturaliste et photographe français, né à La Flèche [Sarthe] le 2 mai 1821, fit ses premières études aux lycées de Caen [Calvados] et d'Alençon [Orne] et les termina à Paris au collège Sainte-Barbe. 

En 1841, il entra à l'École forestière [Nancy, Meurthe-et-Moselle]. Nommé garde général, il se fatigua de cette carrière et alla habiter Nantes vers 1848 [et, en 1850, renonça définitivement à son poste de garde-général des forêts à Hirson, Aisne]. Il y acheva ses études de chimie et se livra à des recherches sur l'histoire naturelle des poissons et la pêche maritime et fluviale" (F. Legeay, Nécrologie et bibliographie contemporaine, 1881, p 313). 

Il est naturaliste et peintre et semble alterner, à partir de 1848, entre Nantes (Loire-Atlantique), Tours (Indre-et-Loire), où naît son fils en février 1853, et d'autres villes dont Paris où il est, au plus tard en 1855, l'élève du photographe Gustave Legray/Le Gray (1820-1884).

"Il eut alors l'idée d'appliquer la photographie à ses recherches d'histoire naturelle. En 1835 [1855], il vint se fixer à Paris où il acheta un établissement de photographie. Il devint président pour cinq années de la Société du Progrès de l'art industriel, dont les expositions bisannuelles avaient lieu au palais des Champs-Élysées" (F. Legeay, op. cit., 1881 p 313). 

En 1855, il ouvre un atelier de photographie à Nantes, rue Contrescarpe, 21, près la place du Bon-Pasteur. 

Il y propose des vues de Nantes et de ses environs (châteaux en ruines de Tiffauges et de Clisson) et d'autres localités prises lors de ses excursions (Auvergne notamment) mais également la réalisation de portraits et de reproductions de tableaux sur papier ciré et sur collodion. 

Dès septembre 1855, ses réalisations, qu'il adresse au journal La Lumière, et sa technique d'encollage du papier ciré qu'il fait présenter dans une note détaillée à l'Académie des Sciences, sont d'emblée jugées remarquables. 

A l'occasion des étrennes de 1856, il propose dès janvier, dans sa galerie chauffée, des daguerréotypes et des photographies en noir et en couleur, un procédé spécial instantané pour petits enfants, des portraits stéréoscopiques et des séries de 12 épreuves au choix parmi 300 vues stéréoscopiques de Nantes et de ses environs (vues d'ensemble et de détails), des reproductions d'œuvres d'art et d'anciens daguerréotypes.

Ses publicités nantaises précisent son adresse mais pas son nom. Il renouvelle le contenu de ses annonces début 1856 mais n'y précise toujours pas son nom.

En juin 1856 (et non en 1855 comme énoncé dans sa nécrologie), il ouvre un atelier à Paris, 39, boulevard des Capucines et devient progressivement membre de plusieurs Académies et Sociétés parisiennes. 

Les publicités pour son atelier nantais continuent cependant de paraître jusqu'en décembre 1856, parce qu'elles étaient programmées depuis longtemps et/ou parce ce que son atelier fonctionne encore, confié à un assistant.

Henri de La Blanchère participe à l'Exposition des Arts industriels de Bruxelles l'été 1856 où il obtient une mention honorable puis à la IIème Exposition de la Société Française de Photographie à Paris l'hiver 1856-57. 

Sa formation de chimiste le pousse à améliorer les techniques photographiques et il rend compte de ses Etudes Photographiques dans le journal La Lumière. Fin 1857, il publie un premier ouvrage sur la photographie, bientôt suivi de nombreux autres (Traité du Collodion sec, 1857 ; L'Art du Photographe, 1859 ; Monographie du Stéréoscope, 1861 ; Répertoire Encyclopédique de la Photographie dès 1862..). 

En 1858, il participe à un ouvrage sur la vie de la comédienne Rachel Félix (décédée en début d'année), écrit par Jules Janin, Rachel et la Tragédie mais en sous-traite les dix photographies reproduisant une série de tableaux, ce qui lui vaut un procès après la parution de l'ouvrage en 1859. 

Au printemps 1860, l'Académie d'Apollon le récompense par une médaille d'or pour avoir réalisé les portraits de ses membres en une collection de cartes de visite.

Fin 1861, il affiche, dans son atelier parisien, deux médailles d'argent et une médaille d'or de première classe et propose des cartes de visite et des stéréoscopies.

Au printemps 1862, en association avec le graveur Auguste Alexandre Baudran (1823-1907), il met au point un procédé de portraits héliographiques à bas prix, gravés sur demi-plaque et présentés dans un écrin de velours.

Le 19 décembre 1862, il est témoin de mariage de l'un des petits-fils photographes de Nicéphore Niépce (1765-1833).

Son atelier nantais affiche son nom jusqu'en 1859 selon certains documents mais jusqu'à 1862 selon d'autres, cédant la place à celui d'Ambroise Duval.





- DES PAQUIS (ou DESPAQUIS)


Pierre Auguste Despaquis (Robert-Espagne, Meuse, 8 février 1820 - Gentilly, Val-de-Marne, 6 janvier 1892 ?).

Daguerréotypeur itinérant, il est de passage à Nantes de fin janvier à début avril 1851, avec un atelier de portraitiste rue Crébillon, 13, au 3ème étage. Son départ est annoncé pour la Russie.

Il est par la suite plusieurs fois signalé dans d'autres villes pour un mois environ, notamment à Cherbourg (Manche), sur le port, avec des portraits au daguerréotype, en août 1852, Auch (Gers), dans la maison de M. Lézian, notaire, avec des portraits photographiques sans retouche sur papier et sur toile, en 1855 ou encore à Epinal (Vosges), rue Léopold-Bourg, maison Focquet, avec des portraits photographiques sans retouche, en octobre et novembre 1857.

Il semble cependant se stabiliser dans les Vosges, résider à Epinal et réaliser notamment des vues de Plombières (1857).

Il exploite, à partir de 1858, une carrière de pierres lithographiques à Lerrain (près Mirecourt), avec le lithographe Jean Hubert Didlon (1802-1876), pendant deux ans au minimum, avant de partir faire carrière à Paris, au début des années 1860.





- DE VOYENNES (ou DE VILLECHOLLE)


François Marie Louis Alexandre GOBINET DE VILLECHOLLE(S) [DE VOYENNE(S), nom de sa mère] dit également FRANCK (Voyennes, Somme, 21 décembre 1816 - Asnières, Hauts-de-Seine, 16 janvier 1906).

Peintre en miniature parisien puis daguerréotypeur itinérant dans l'ouest de la France en 1848. 

Il est de passage à Nantes en mars et avril 1848, avec un atelier situé rue du Chapeau-Rouge, 22, vis-à-vis de la Poste aux Lettres.

Il est de retour à Paris au plus tard en juin 1848 où il s'associe quelques semaines avec Alfred Désiré Boulland. Il repart ensuite, cette fois dans le sud-ouest, et se fixe quelques temps à Toulouse.

En juillet 1849, il ouvre un atelier à Barcelone (Espagne) et le conserve jusqu'au début de l'année 1857. A cette date, il revient à Paris et ouvre, au plus tard l'année suivante, un atelier place de la Bourse, 15.

Voir sur ce blog un article consacré à ses débuts, ici.







- DONET


Claude DONET (Vianges, Côte-d’Or, le 28 mars 1807 - Nantes 28 juillet 1855).

Venant de Côte-d'Or, il s'installe à Nantes comme opticien, dès fin 1845 ou début 1846, rue de la Fosse, 1. 

Il dépose plusieurs brevets d’invention de 15 ans en 1853 et 1854 (fanal lenticulaire ; instrument dit géodésique universel). 

Il est actif comme daguerréotypeur, à la même adresse, de 1853 jusqu'à la date de son décès, l'été 1855 (âgé de 48 ans).

C'est Prosper Cheneveau, opticien et daguerréotypeur lui aussi, qui le remplace, alors que la femme de Claude Donet retourne en Côte-d'Or, dans sa ville natale de Saulieu, accompagnée de sa fille.







- DUVAL


Jean Ambroise DUVAL (Castillon-en-Auge, Calvados, 8 avril 1821 - Le Mans, Sarthe, 17 janvier 1894).

Originaire du Calvados (Castillon-sur-Auge, Saint-Pierre-sur-Dives), Ambroise Duval est, pendant l'été 1856, "artiste photographe" à Paimboeuf (Loire-Atlantique, à 40 km de Nantes), quai Eole, où il propose des portraits à bas prix, des leçons aux amateurs et vend des appareils. 

Il se rend ensuite à Paris en août puis à Lisieux (Calvados), où il demeure jusqu'en novembre environ.

Les documents permettent ensuite de le suivre dans plusieurs villes où il ouvre des ateliers pendant quelques mois, avant d'y placer un assistant. C'est le cas à Angers, rue Plantagenet, 23 où il est signalé de décembre 1856 à la date de son mariage en juillet 1857 (âgé de 36 ans), puis à Orléans, rue Parisis, 8 où naît l'une de ses filles en août 1859.

Il n'en revient pas moins régulièrement à Nantes, rue Contrescarpe, 21, notamment fin 1857-début 1858, où naît l'une de ses filles et où il fait paraître des publicités à son nom, tout en annonçant son départ prochain.

Son adresse nantaise, tant en 1858 qu'en 1861, est celle de l'atelier d'Henri de La Blanchère, auquel il succède. La date de cette succession reste cependant à préciser, les documents fournissant des renseignements contradictoires, impliquant une date allant de 1856 (départ de La Blanchère pour Paris) à 1862 (date du dernier document citant l'atelier nantais de La Blanchère). L'ambiguïté est renforcée par l'absence du nom de La Blanchère sur ses publicités parues en 1856 et par le fait que l'atelier a pu perdurer à son nom, même avec quelqu'un d'autre à sa tête.

Ambroise Duval semble avoir été présent à Nantes au début de l'année 1856 où il a pu être l'élève d'Henri de La Blanchère. Cependant, il ne semble pas lui avoir succédé au printemps 1856 car il a lui-même quitté peu après la ville pour plus de douze mois, sauf s'il s'est fait également remplacer. Une date située fin 1857 semble plus probable, avec ensuite la parution des premières publicités nantaises portant le nom de la "Maison Duval". 

Au cours des années 1860, Ambroise Duval multiplie à nouveau les ouvertures d'ateliers dans plusieurs villes françaises mais il conserve son atelier nantais jusqu'en 1870, date à laquelle il cède l'adresse au photographe Alfred Paul Bourigault.






- EUGENNE : (?-?).


Le photographe Eugenne (nom, prénom, pseudonyme ?) n'a pas pu être identifié. Il installe son atelier à Nantes, rue Pas-Périlleux, 10 au cours de l'année 1853.

Son nom est cité dans les annuaires nantais mais dans aucun autre document local ou national.

Il ne publie aucune petite annonce dans les journaux mais conserve la même adresse d'atelier jusqu'en 1859 et n'a pas de successeur.







- FÉLIX (ou Félix X)


Début mai 1843, un daguerréotypeur itinérant dénommé "Félix" propose, pour un mois seulement, un atelier de portraits à Nantes, rue et Hôtel d'Alger, n° 3. 

Il est de retour dans la ville en septembre et octobre 1843, rue Dobrée, avenue des Coulées, et expose chez Mme Pot(t)in (librairie, galerie), passage Pommeraye, en même temps que le daguerréotypeur Karl.

En mai 1844, il est à nouveau présent à la même adresse nantaise pendant trois semaines puis il revient en décembre, pour la saison d'hiver, cette fois, place Gigant, maison Landrin.

Il semble continuer ainsi pendant plusieurs années, rayonnant largement depuis Nantes, notamment dans les préfectures des départements voisins. Il est à nouveau signalé à Nantes en février et mars 1846, avec un atelier, rue Bonne-Louise, 16, près Saint-François.

Józef Feliks Zieliński (Luberadz, Pologne, 18 mai 1808 - Wioska, Pologne, 22 février 1878)
& Stanislas Jacob Garbowski (Varsovie, Pologne, c.1811/12 - Nantes 23 mars 1878)

Si les documents nantais ne permettent pas de découvrir l'identité de l'artiste qui se présente au milieu des années 1840 sous le prénom ou le pseudonyme de "Félix" (1), les historiens polonais ont, depuis la seconde moitié du XX° siècle, identifié leur compatriote, Józef Feliks/Félix Zieliński, et tous les renseignements ci-dessous proviennent de leurs dernières publications (2).

Félix Zieliński est un jeune employé de banque qui, en tant qu'officier polonais, participe à l'insurrection de Varsovie en novembre 1830. Suite à la chute de la ville en septembre 1831, il fuit la répression russe et se réfugie en France au début de l'année 1832. 

Il habite Paris pendant de nombreuses années, en étant notamment journaliste et écrivain. Il se forme à la daguerréotypie, pendant l'été 1842, auprès du parisien Pierre Ambroise Richebourg (1810-1875).

Il entreprend, dès 1843, une vie de daguerréotypeur itinérant, avec son assistant ou associé Stanislas Jakub/Jakob/Jacob Garbowski/Grabowski, officier et réfugié polonais, arrivé lui aussi en France en 1832. Zieliński réalise d'ailleurs, en 1843, un portrait de Garbowski qui est conservé de nos jours (3) et publie, en 1844, un article faisant le point sur les techniques photographiques (2). 

Les deux daguerréotypeurs semblent alterner entre les villes de Nantes et d'Angers pendant plusieurs années, avant d'ouvrir, vers 1848, un atelier pérenne à Nantes. Ce dernier est cité, dès 1849, place de la Verrerie, 4.

En 1850, Félix Zieliński stoppe cette activité et laisse l'atelier à Jacob Garbowski. Quelques  daguerréotypes signés "Félix" sont conservés de nos jours (3).  

Félix Zieliński part pour l'Espagne puis Istanbul et revient en France vers 1855. Il retourne en Pologne dans sa province natale en 1873 et y décède le 22 février 1870 (4).

En 1850, Garbowski déménage son atelier nantais au 1er étage de la rue du Chapeau-Rouge, 20. Dans les recensements successifs, il y est dit célibataire et cité sous les noms de Garbowski/Barbonsky/Garbonski/Garbaski/Sarbowski, avec exceptionnellement le prénom de Stanislas mais le plus souvent celui de "Félix", qui reste l'intitulé de l'atelier présent dans les annuaires.

Le nom de "Garbowski Jacob" n'est cité qu'une seule fois dans les journaux, lors d'une souscription de 1865, à laquelle participe également son employé F. Jubaut (?-?).

En 1870, Garbowski dit Félix déplace son atelier de photographe dans un bâtiment voisin du précédent, rue Boileau, 9, probablement à l'ancien emplacement des photographes Wolter & Thobert.

Il affiche désormais au verso de ses cartes de visite, "Félix - Rue - du Chapeau Rouge - N° 9 - Nantes " puis "Félix - 9, rue Boileau, 9 - Entrée par la rue - du Chapeau Rouge, 9, - Nantes.". Il conserve cette adresse jusqu'en 1874 où il cesse son activité, à 62 ans environ.

"Jacques Garbewski, journalier, célibataire, âgé de soixante-sept ans, né à Varsovie (Pologne), de feus Grégoire et Françoise Graliska, demeurant quai des Tanneurs, numéro quinze", décède à l'Hôtel-Dieu de Nantes, le 23 mars 1878. 

(1) Jean-Marie Voignier, dans son Répertoire des Photographes de France au dix-neuvième siècle, cite sept photographes dénommés "Félix" (Le Pont de Pierre, 1993 p 100).
Je signale l'existence d'un huitième artiste, dénommé Félix (?-?), daguerréotypeur. MM. Félix et Alphonse Leblondel/Le Blondel (1814-1875) sont partis en 1841 en Russie, à la Cour de Saint-Pétersbourg, et ont ouvert, à leur retour, un atelier parisien rue du Hasard-Richelieu, 13.

(2) Voir notamment les recherches récentes (en polonais) de Małgorzata Maria Grąbczewska : 
- "Deux nouveaux daguerréotypes liés à la Pologne en France", Dagerotyp, n° 19, 2010, pp 4-55, CEEOL.
- "Sur le daguerréotype et les daguerréotypistes polonais en France", Dagerotyp, n° 21, 2012, pp 63-68, CEEOL.

(3) Cinq daguerréotypes signés de Félix sont conservés : 
Portrait de Jacob Grabowski, son partenaire, par Félix Zieliński, daté de 1843 et conservé à la Bibliothèque polonaise de Paris.
Portrait d'Adam Mierosławski, Capitaine de la Marine marchande française - réalisé à Nantes - 1849 en mai par J. Zieliński, conservé à la Bibliothèque polonaise de Paris.
Portrait de Benjamin Alexandre Latour (1790-1854), officier du Génie de l'armée, par Garbowski dit Félix (du fait de l'adresse indiquée), datant des années 1850, conservé au Musée de Bretagne à Rennes.
Portrait du Commandant de la Garde Nationale Louis Célestin Bouglé (1790-1862)par Garbowski dit Félix et daté des années 1850, si l'adresse précisée est bien celle du Chapeau Rouge, conservé dans une Collection privée, reproduit dans l'article de Stéphane Pajot sur le site ouest-france
Portrait de Wictor et Marie-Louise Jundziłłpar Félix Zieliński, vers 1860, à Fribourg.

(4) Plusieurs personnes portant le nom de Zieliński sont citées en France au milieu du XIX° siècle. Il semble que certaines biographies confondent cependant l'artiste étudié ici, avec la personne qui a dirigé la Ferme-Ecole de Corée (Loire) dans les années 1840 et qui est devenu par la suite Inspecteur de l'Agriculture. 
- voir l'article de Wikipedia.





- FOREST (ou LAMORÉ DIT FOREST)


Trois frères (fils d'un imprimeur) :

Jules Vincent Joseph LAMORÉ dit FOREST (Nantes 3 mai 1803 - Nantes 14 mai 1878).

Vincent Jacques Joseph LAMORÉ dit FOREST (Nantes 4 octobre 1808 - Nantes 3 mars 1882).

Henri LAMORÉ dit FOREST (Nantes 3 février 1810 - Nantes 16 juillet 1891).


Le samedi le 26 octobre 1839, "M. Forest, libraire à l'entrée de la Fosse", expérimente le Daguerréotype et capture une vue de la ville de Nantes depuis sa fenêtre.

"Enhardi par ce succès, M. Forest se propose de reproduire par la lithographie, d'après le Daguerréotype, plusieurs vues de Nantes, dont les dessins seront confiés au crayon de nos plus habiles artistes".

Dés la fin de l'année 1839, l'épreuve daguerrienne de la Vue des Bains de l'île Feydau est en effet reproduite en lithographie par Eugène de la Michellerie (1802-1875) et publiée dans le troisième tome des Archives curieuses de Nantes.

De nombreuses autres épreuves sont ensuite réalisées et vingt d'entre elles sont sélectionnées et annoncées dans les journaux, mais seulement en 1842. Le projet est désormais de les faire graver sur cuivre (d'après les dessins d'Eugène de la Michellerie ?), notamment par le graveur Frédéric Salathé (1793-1858).

La collection doit être constituée de dix livraisons de deux vues de 24,2x15 cm, imprimées par A. Bougeard de Paris (rue des Mathurins-St-Jacques, 10), permettant de constituer progressivement un album intitulé, La Loire-Inférieure, vues de Nantes et ses environs, prises au Daguerréotype, et gravées sur acier par les premiers graveurs de Paris.

La souscription s'ouvre chez l'éditeur et libraire Forest, en mars 1842, lors de la première livraison. La deuxième livraison a lieu en décembre 1842 et la troisième en juillet 1843. "M. Forest aîné" [Jules Lamoré dit Forest] présente d'ailleurs ces trois premières livraisons, en août 1843, à l'Exposition des produits de l'Industrie nantaise qui se tient à la Bourse. La quatrième livraison a lieu en décembre 1843. 

Les publicités pour cet album continuent de ne citer que ces quatre premières livraisons jusqu'au mois de juillet 1844 et disparaissent ensuite. Cependant, les ouvrages bibliographiques postérieurs préciseront parfois "qu'il n'a paru que 5 livraisons contenant chacune 2 planches ; plus une planche de la 6ème livraison".

Cette collection innovante, projetée fin 1839, n'a pris forme qu'en 1842 et ne s'est achevée qu'en 1845 ou 1846, avec l'édition de seulement 11 des 20 vues prévues.

Quant aux auteurs potentiels des daguerréotypes dont quelques épreuves sont conservées de nos jours au Musée d'Histoire de Nantes, plusieurs noms ont été avancés : ceux d'Henri Baudoux, d'Eugène Leboeuf, de Karl (qui aurait signé trois des épreuves ?) et des frères Lamoré dits Forest, Jules (imprimeur et libraire) et Vincent (imprimeur, libraire et lithographe), qui sont les éditeurs de l'album étudié, et Henri (confiseur)

Les épreuves ont pu être réalisées par différents daguerréotypeurs, non seulement sur la période allant de fin 1839 à fin 1841 mais même au-delà, de nouvelles épreuves daguerriennes ayant pu être substituées aux précédentes, avant d'être confiées aux graveurs dont l'identité, là encore, n'est que partiellement connue.





- GARCIN (? - ?)


Fin juin 1841, M. Garcin de Paris, jeune dessinateur et daguerréotypeur itinérant venant de Tours où il a réalisé plus de 600 portraits, s'installe à Nantes pour quelques semaines. Il expose dès son arrivée des portraits chez les libraires Suireau et Po(t)tin.

Son atelier est situé pour quelques jours rue Rubens, 48, en l'attente d'un local plus adapté, avec jardin ou cour, situé rue Gresset, 10. Il propose des portraits en moins de 10 secondes, leur retouche au dessin ou à la peinture et également leur réduction pour bague ou médaillon. Il se déplace à domicile et opère par tous les temps.

Après deux mois et demi, pendant lesquels il fait connaître son activité par pas moins d'une vingtaine de petites annonces, il quitte la ville début septembre 1841, 

Il faut peut-être identifier ce jeune artiste au Suisse, Auguste Louis GARCIN (Genève 22 mai 1816 - Genève 1er février 1895), graveur (?), puis daguerréotypeur itinérant dès les années 1840, avant de se fixer, au milieu des années 1850, comme photographe à Genève. Son itinérance semble avoir été internationale, étant notamment signalé à Turin, en 1845 (1).

(1) Voir les documents qui lui sont consacrés sur le site de la Bibliothèque de Genève, notamment sa notice, bge-geneve.ch.
Voir également l'un de ses daguerréotypes genevois, daté du 10 mars 1852, sur le site, notrehistoire.ch.