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INTRODUCTION
Le site IMAGE'EST présente en ligne, un album de photographies de Joseph Jules Delarue (1839-1925), intitulé, "Nice & Ses Environs - J. D. - 1893".
Cet album contient quatre-vingt-une photographies contrecollées sur carton dont trente-neuf consacrées à Nice, offrant ainsi une vision complète et homogène de la ville au début de l'année 1893. Trois vues montrent d'ailleurs des chars du Carnaval de cette année-là (Noces de S.M. Carnaval), défilant lors de la première quinzaine de février.
De nombreux repères chronologiques, visibles sur les photographies de Nice (bâtiment est du Petit-Séminaire, architectures du Port, Pont des Phocéens, Palais de la Jetée-Promenade, barrières de la Pyramide de Gambetta), viennent par ailleurs confirmer la date affichée en couverture, comme la saison (absence de cabines de bains).
"NICE. CIMETIÈRE DU VIEUX CHÂTEAU."
Les lieux (Image 1 ci-dessus)
A la fin du XIX° siècle, les "étrangers" viennent généralement au Cimetière du Château lors des Fêtes religieuses de la Toussaint ou lors des Fêtes civiles du Carnaval pour profiter d'un panorama sur la ville, la vallée du Paillon et les Préalpes mais également visiter les tombes des célébrités et notamment celles des familles de Giuseppe Garibaldi et de Léon Gambetta. Une vue de l'album de Joseph Jules Delarue est d'ailleurs consacrée à la Pyramide de Gambetta.
Les photographies montrant les allées intérieures du Cimetière ou des tombes particulières restent rares à cette époque. Il est vrai que les sépultures pourvues de figures sculptées ou de tombeaux monumentaux ne commencent à se multiplier qu'à partir des années 1880-1890, et se regroupent sur quelques zones qui vont, par la suite, focaliser l'attention des photographes.
Le site en 1893 (Image 2 ci-dessous)
La photographie étudiée de Joseph Delarue offre un témoignage précieux par sa qualité, son point de vue et son état des lieux daté. Elle révèle une grande partie nord-est du Cimetière du Château et n'a pour équivalent connu à ce jour, qu'une seule et unique vue, de moindre ampleur, datée vers 1873 (voir l'article sur ce blog, ici).
La vue plongeante a été prise depuis l'extrémité est de l'allée Pacôme et montre les allées Lenval et Brunel aux premiers plans de l'image, la partie nord-est du plateau d'Entrée sur la gauche, et le Petit Cimetière, le plateau de la Poudrière et le rebord du plateau Grosso (avec un personnage penché sur le garde-corps) sur la droite (Image 2 ci-dessous).
Si l'on compare cette vue de 1893 avec celle de 1873, on constate la disparition des sépultures au centre du plateau d'Entrée et du Petit-Cimetière (pour un renouvellement des concessions) mais également la disparition quasi-totale de la végétation à l'intérieur de toute cette partie du Cimetière (en dehors d'une haie et d'un palmier, à l'extrême droite de l'image, des pots de fleurs au-devant des sépultures et des nombreuses couronnes mortuaires déposées sur les tombes).
En revanche, il faut noter l'apparition de nombreux édicules en forme de chapelles et celle de plus rares auvents en zinc.
Parmi les tombes des premiers plans de l'image, quelques-unes offrent des inscriptions qui sont lisibles lorsque l'on zoome dans l'image et permettent d'identifier les personnes qui y sont inhumées :
- au premier plan, dans l'allée Lenval, se trouvent, sur la gauche de l'image, la tombe des "Familles Gallois & [Chouquet]" (avec une stèle de chevet trilobée), et sur la droite, celles de "Marie Thérèse Holweck" (entourée d'une grille et dominée par un cippe surmonté d'une croix) et de la "Famille A. Cochois" (simple dalle surmontée d'une croix),
- au deuxième plan, dans l'allée Brunel, sur la droite de l'image, la tombe de la "Famille Ch. Louc" (édicule en forme de chapelle à l'arc générateur trilobé) et celle de "Peyridieu Pierre" (petit cippe surmonté d'une haute flèche).
Le site en 2024 (Image 3 ci-dessous)
En juin 2024, certains des monuments présents dans l'image ont disparu, remplacés par des réalisations des XX° et XXI° siècles, du fait des descendants de la même famille ou, plus souvent, de la réattribution de la concession (dotée d'un nouveau numéro) à une autre famille.
D'autres ont été transformés, comme celui de la tombe de la "Famille A. Cochois" (allée Lenval).
D'autres enfin perdurent en l'état, comme sur les tombes identifiées des "Familles Gallois et Chouquet" et "Marie Thérèse Holweck", dans l'allée Lenval, mais également sur des tombes aux inscriptions non déchiffrables dans l'image, comme celle de la "Famille C. Bignon" (haute stèle au fronton sculpté, sur la gauche de l'image) et celle de "Jh. Delbechhi" (dalle entourée d'une grille, dominée par un croix de chevet et protégée par un édicule en zinc à l'arc générateur brisé, conservé de nos jours), dans l'allée Brunel (sur la droite de l'image).
Le numéro de concession et la date de décès de la première personne inhumée, encore affichés de nos jours, permettent de dater précisément les tombes, sachant qu'en général le monument est érigé dans les douze mois suivant l'inhumation.
Les sépultures de l'allée Lenval, présentes dans la photographie de 1893, datent toutes des années 1886-1888 et celles de l'allée Brunel, des années 1891-1892.
Le long du mur est du plateau d'Entrée (à gauche de l'image), la petite pyramide de la tombe de la Famille "Carlo Nolfi", qui date de 1851, est toujours présente. En revanche, les deux lignes de tombes du mur nord du même plateau, constituées d'une simple dalle ou pourvues d'une stèle en appui contre le mur, datant majoritairement des années 1830-1836, ont toutes été remplacées par des réalisations des XX° et XXI° siècles.
Le long du mur nord-est du Petit-Cimetière (à droite de l'image), dix-sept tombes, pour la plupart entourées d'une grille, datent des années 1875-1877. Elles présentent généralement une dalle avec une stèle de chevet appliquée contre le mur mais cinq d'entre elles offrent un petit édicule en forme de chapelle plus ou moins haute et profonde. Onze de ces monuments perdurent de nos jours mais ont souvent perdu leur grille d'entourage. Deux (sur cinq) conservent un édicule en forme de chapelle et un (sur deux) son long auvent en zinc, à l'arc générateur plein cintre.
Dans l'allée du plateau de la Poudrière (à l'extrême droite de l'image), des quatre édicules en forme de chapelle de 1892-1893, deux seulement perdurent : celui de la "Famille Jh. Tribaudini" (le plus proche) et celui de la "Famille Gautheron" (l'avant-dernier, modifié).
Enfin, au-dessus de cette allée, la seule tombe visible du plateau Grosso (à l'extrême droite de l'image), celle de la "Famiglia Gastaldi", date de l'année 1871 et présente toujours le buste de l'architecte Vittorio Gastaldi.