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vendredi 11 août 2023

1307-NICE, HISTOIRE ET REPRÉSENTATIONS DU JARDIN PUBLIC-2


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DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 14/03/2024



NICE - LE JARDIN DES PLANTES OU JARDIN PUBLIC



UN JARDIN DE PLAN CIRCULAIRE (1851-1854)


L'année 1851

Les travaux du Jardin de la "place du Jardin des Plantes", comprenant le tracé et l'aménagement du terrain, les plantations, l’adduction d’eau, la réalisation du bassin avec "un jet d'eau et le beau Groupe des Tritons", commencent enfin au début du mois de mars 1851 (L’Avenir de Nice des 28 février 1851). "Sur la place du Jardin des Plantes, l'on fait en ce moment des travaux importants qui seront un immense bienfait pour ce quartier favori  des étrangers" (L'Avenir de Nice du 19 mars 1851) (Image 8).

Le Jardin adopte, au sein de la place triangulaire, la forme circulaire envisagée depuis les années 1820 mais avec cinq (?) allées disposées en étoile (au lieu de quatre disposées en croix).

Les travaux se poursuivent en avril. "Depuis quelques jours, on charrie une grande quantité de pierres concassées et de terre du château sur le boulevard du jardin des plantes, pour donner à la chaussée une convexité convenable" (L’Avenir de Nice du 4 avril 1851).

Quelques plantations sont réalisées mais un problème financier oblige cependant à reporter d’une année l'achat de plants auprès de la pépinière de Turin (commande au montant trop élevé, reportée puis annulée) et à faire appel à la générosité des propriétaires pour la suite (L'Avenir de Nice des 7 et 11 avril 1851). 

En novembre 1851, les plantations reprennent et "les trois principales avenues du rond-point sont bordées de citronniers", acquis dans une pépinière de Gênes (L'Avenir de Nice du 19 novembre 1851). 

La conduite hydraulique de la source de l'Eau-Fraîche (près de la place d'Armes) fonctionne désormais sur divers points du quai Saint-Jean-Baptiste (bornes-fontaines) mais son volume d'eau s'avère insuffisant pour alimenter le jet d'eau du bassin du Jardin-des-Plantes. Des travaux complémentaires sont nécessaires alors que les fonds sont épuisés, du fait que certains propriétaires n'ont pas versé l'aide promise (L'Avenir de Nice du 26 novembre 1851).

Début décembre, l'ensemble du Jardin se voit clôturé d'une palissade, afin de préserver les jeunes plants de toute dégradation ou arrachage. L'Avenir de Nice du 5 décembre 1851 rappelle que ce "grossier enclos de planches" n'est que provisoire et que le lieu sera surveillé par un garde de nuit. 

Des essais concluants du jet d'eau montant à près de 4 m de hauteur ont lieu à la même époque et sont renouvelés la semaine suivante, avec deux systèmes "dont l'un formera un jet isolé et l'autre une gerbe d'eau tournante à plusieurs jets" (L'Avenir de Nice du 8 décembre 1851).

La suppression provisoire du chemin longeant le parapet qui mène à la Promenade des Anglais (pour l'accès aux conduites d'eau ?) entraîne le doublement de la circulation des chevaux et des voitures sur le côté ouest du Jardin des Plantes, "déjà plus fréquenté que jamais depuis qu'on y a transféré les bureaux du consulat de France" (L'Avenir de Nice du 8 décembre 1851).

Le Jardin reste globalement en friche et la chaussée pose problème par son mauvais état et son épaisse couche de poussière. 


8- FERRI Gaetano (1822-1896 ?), dessinateur et lithographe, 
Nice, Vue panoramique du Jardin des Plantes, vers 1851,
vue sud-ouest/nord-est, probablement prise depuis un étage de la Maison Laurencin,
lithographie en couleurs, 26,8x48,4 cm (source de l'image, ratatoulha.chezalice.fr, ici).
Une lithographie identique est conservée à Nice, à la Bibliothèque Municipale de Cessole.

Cette lithographie montre le Jardin des Plantes réalisé sur un plan circulaire, avec une allée externe de même forme (protégée de l'allée des voitures par une ligne de plots) et six allées internes droites convergeant vers le bassin central. Un ligne de plots protège le Jardin de l'allée des voitures, bordée d'un parapet.



L'année 1852

En février 1852, un nouvel appel à souscription est lancé auprès des "propriétaires, locataires et marchands qui avoisinent le Jardin-des-Plantes" (L'Avenir de Nice du 5 février 1852). 

L'adjudication des derniers travaux, comprenant l'élargissement du quai et l'établissement de 26 bancs en pierre de taille, a lieu le 11 avril 1852 et les travaux sont entrepris dès la semaine suivante (L'Avenir de Nice des 11 et 15 avril 1852). Les plantations sont réalisées à la même époque. 

Les travaux du jardin se terminent en juin 1852, avec la pose des bancs de pierre : "4 à chacune des trois entrées et 14 autour du rond-point de la pièce d'eau dont le bassin ne sera achevé que plus tard, ainsi que quelques autres plantations qui n'ont pu être faites ce printemps" (L'Avenir de Nice du 6 juin 1852).

Le bord de la rive sinueuse du Paillon reste cependant dépourvu de toute plantation, la rangée d’acacias qui longe une partie du quai Saint-Jean-Baptiste (depuis l'Hôtel Chauvin/Chauvain) et tout le quai Masséna, s’arrêtant net à l’angle nord du Jardin. Le parapet est cependant pourvu (en 1851 ou 1852 ?) d’un grand coffrage vertical dans l'alignement du bassin (accès au réseau d’eau ?) (Image 10).

Les arbres qui avaient été plantés au nord-est de la place, au milieu des années 1840, semblent avoir été arrachés lors des plantations du Jardin à sa limite nord.

Les allées convergent vers le bassin central qui est censé recevoir le Groupe des Tritons mais ce projet ne se réalisera pas, même s'il est conservé par une estampe (Image 8bis). Le bassin du Jardin des Plantes va se contenter du jet d'eau central. 

La Fontaine des Tritons de la place du Collège sera, certes, démontée en octobre 1852 mais le groupe sculpté, qui nécessite alors des rénovations, sera déposé dans un enclos situé à l'entrée latérale du Collège (L'Avenir de Nice des 15 octobre et 25 novembre 1852).


8bis- FERRI Gaetano (1822-1896 ?), dessinateur et lithographe, 
Nice, Vue panoramique du Jardin des Plantes, détail de la vue précédente, vers 1851,
vue sud-ouest/nord-est (probablement prise depuis un étage de la Maison Laurencin),
lithographie en couleurs, 26,8x48,4 cm (source de l'image, ratatoulha.chezalice.fr, ici).

Si la plupart des éléments semblent fidèles à la réalité, la présence d'une allée circulaire externe, de six allées internes, du Groupe des Tritons et de la rangée d'arbres nord, interrogent. En effet, l'allée circulaire externe, prévue sur les plans, semble ne pas avoir été réalisée ; le nombre d'allées rayonnantes, dessinant une étoile à huit branches, semble avoir été réduit à cinq ou sept mais pas à six ; le Groupe des Tritons n'a pas intégré le Jardin des Plantes ; quant à la rangée d'arbres, elle a pu exister près des bâtiments nord dès la seconde moitié des années 1840 puis en limite nord du jardin dans les années 1850 mais elle n'a atteint une telle croissance qu'à la fin de la décennie. 

Il est probable que cette lithographie se soit en partie inspirée des projets de la Municipalité en cours, soit entre 1850, où est affirmé le projet d'installer le Groupe des Tritons de la Fontaine du Collège au Jardin des Plantes,    et novembre 1852, où le Groupe des Tritons est démonté mais stocké. Cependant, la lithographie ne montre ni la palissade installée en décembre 1851, ni le grand coffrage de bord de rive, ni les bancs de pierre répartis en juin 1852. La Bibliographie de la France du 24 janvier 1852 (p 44) signale d'ailleurs la parution de la lithographie, "Nice, Vue du Jardin des Plantes, d'après G. Ferri par P. Benoist" et repousse ainsi la datation du dessin original en 1850 ou 1851.

Sous les fenêtres du dernier niveau du bâtiment central nord, une enseigne porte le nom de "l'Hôtel Victoria" (lisible lorsque l'on zoome dans l'image), ce qui implique une date postérieure à 1846 où cet hôtel est pour la première fois cité, et une date antérieure au printemps 1854 où l'enseigne de "l'Hôtel de la Grande-Bretagne" va lui succéder. 




L'Endiguement de l'embouchure - Le projet d'endiguement à établir à droite de l'embouchure du Paillon, déjà envisagé en 1843, est relancé suite à la crue d'octobre 1851 (L'Avenir de Nice du 6 octobre 1851). 

Il consiste à créer un "bâtardeau" (sic) visant à détourner les eaux qui minent régulièrement le chemin des Anglais, inondent le rivage et créent à l'embouchure une mare bourbeuse et asphyxiante. Le Conseil Municipal du 17 décembre 1851 (L'Avenir de Nice du 20 décembre 1851) alloue une somme de 4,000 fr à ce projet.

Une étude détaillée est remise le 8 juillet 1852 mais peu de travaux ont été entrepris. Une nouvelle crue puis un accident dû à l'affaissement du sol du chemin des Anglais pousse cependant la municipalité à agir (L'Avenir de Nice des 20 juillet et 4 août 1852). 

Le Conseil Municipal du 9 août 1852 débat de ce projet et rappelle les causes du problème. La largeur trop importante du lit du Paillon à son embouchure provoque un ralentissement des eaux qui se voit accentué par la courbure du quai. Le courant, alors repoussé par la grosse mer, dépose une dune de gravier à l'embouchure et inonde le rivage.

La solution idéale serait un mur en maçonnerie doublé d'enrochement et formant un angle droit entre la place du Jardin des Plantes et la promenade du chemin des Anglais. C'est cependant une solution plus économique qui va être retenue, un simple mur avec enrochement conservant la courbe de la rive. Les fonds alloués à ce projet restent tout de même insuffisants, même avec l'aide prévue des propriétaires concernés, aussi un effort supplémentaire des deux parties va être nécessaire. 

Le niveau du batardeau devra être établi sur celui de la chaussée du quai du Jardin des Plantes et dépassera les 5 mètres. Il sera doublé de gros blocs de pierre extraits d'une carrière niçoise. L'espace compris entre le chemin des Anglais et le côté ouest du batardeau sera comblé par des déblais et ce remblai sera continué le long du rivage de manière à doubler la largeur du chemin (L'Avenir de Nice des 11 et 12 août 1852).

Le Conseil Municipal du 12 août 1852 vote le projet, après la proposition de quelques modifications visant à faire des économies, et en particulier celle de la diminution de la hauteur du batardeau [de 5 mètres 15 à 4 mètres 15] par la suppression de la rangée inférieure de blocs [de 8x44,38 mètres]. 

"Les blocs [200 mètres cubes] qui se trouvent maintenant au pied du mur, compris entre le débouché de l'égout du Jardin-des-Plantes, et le ponceau du canal situé entre les propriétés Donaudi et Masclet [sur le Chemin des Anglais], seront transportés au pied du talus d'une nouvelle chaussée (...).

Relativement à l'élargissement du chemin des Anglais, la Commission a pensé (...) qu'il fallait augmenter de 20 mètres cubes sa largeur actuelle, de manière à former une esplanade de 30 mètres le long du rivage. Pour le moment, on se bornerait à faire un remblai de 2 mètres 50 en contre-bas de la chaussée actuelle et sur une longueur de 150 mètres [avec un enrochement complémentaire de 100 mètres cubes] à partir de l'épaulement du batardeau" (L'Avenir de Nice du 14 août 1852).

L'adjudication des travaux a lieu le 14 septembre 1852 (sur la mise à prix de 9139, 30 fr) mais la mise aux enchères se révélant infructueuse, elle est renouvelée le 24 du mois (L'Avenir de Nice des 7 et 22 septembre 1852). Le résultat n'est pas publié mais il est à nouveau infructueux. 

Le Syndic notifie cependant le 29 septembre 1852 que, "dorénavant les terres et débris provenant des démolitions ou constructions d'édifices (...) devront être transportés au-delà du Jardin public, au midi du chemin des Anglais" (L'Avenir de Nice du 1er octobre 1852).


9- Dessin anonyme, Embouchure du Paillon, Nice, 12 décembre 1852,
vue nord-sud,
aquarelle, mine de plomb et rehauts de blanc, de 15x15,5 cm,  
Nice Archives Municipales, 15 Fi-10.

Cette vue aérienne montre, sur la droite, la partie sud du Jardin des Plantes avec la réalisation de l'endiguement (batardeau en enrochement) et un développement de la végétation impossibles à cette date (projet). Le virage conduit au-devant de la Maison Laurencin, accostée, au sud-ouest, de la Maison Donaudi érigée sur le chemin des Anglais.



Fin octobre 1852, l'empierrement de la chaussée du quai du Jardin-des-Plantes est en cours et un détour est nécessaire depuis la Promenade des Anglais pour se rendre en ville (L'Avenir de Nice des 31 octobre et 18 novembre 1852).

Le projet de budget municipal pour 1853 prévoit le report des 4, 500 fr de 1852 pour la réalisation du batardeau (L'Avenir de Nice du 12 décembre 1852).

Le Conseil Municipal du 18 décembre 1852, décide d'une part, de charger M. Bottier de diriger les travaux d'embellissement et d'achèvement du Jardin Public en plus de ceux des promenades de la Colline du Château et, d'autre part, de remplacer le gardien du jardin Public par une personne qui connaisse également la culture des plantes (L'Avenir de Nice du 20 décembre 1852).


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