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samedi 11 mars 2023

1293-NICE, LES TRAVAUX DE LA VOIE FERRÉE ET DE LA GARE-1 (1860-63)

 

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CHRONIQUE DES TRAVAUX DE LA VOIE FERRÉE ET DE LA GARE DE NICE (1860-1863)


1860

Suite à l’Annexion française du Comté de Nice, la ligne de Toulon à la frontière du Var, actée par décret du 3 août 1859, est prolongée jusqu’à Nice par décret du 22 août 1860 (Journal des Chemins de fer du 10 mai 1860 p 421 ; La Presse du 25 août 1860 p 2).


1861

Début 1861, la Compagnie de chemin de fer espère mettre en exploitation la ligne Toulon-Les Arcs avant la fin de 1862 et la ligne Les Arcs-Cagnes, jusqu'au pont du Var, vers le milieu de 1863 (Journal des Chemins de Fer du 27 avril 1861 pp 281-284).

Le site de la future gare de Nice est dès lors envisagé au nord-ouest de la ville, à une position qui deviendra centrale suite à l’extension prévue, même si certains niçois sont partisans d’une installation dans le quartier de Riquier (nord-est).

"Dans l’avant-projet de la Compagnie, la gare est indiquée au quartier de Longchamp, derrière l’hospice de charité, à 600 m environ de la place Masséna. En vue de l’adoption de cet emplacement, le conseil général des Alpes-Maritimes a exprimé le vœu que l’avenue du prince Impérial fût déclarée route impériale. 

La gare devant occuper cent mille mètres carrés, et les terrains à Lonchamp étant d’un prix assez élevé, il faut savoir gré à la compagnie d’avoir choisi elle-même un emplacement que l’extension de la ville vers le Var et St-Barthélémy doit rendre de plus en plus central" (Le Messager de Nice du 26 mai 1861 pp 1-2).

Le 24 juin 1861, la préfecture ouvre une enquête préalable de 8 jours (à compter du 28 juin) concernant l’emplacement des stations entre le ruisseau du Cros-de-Cagnes (commune de Cagnes) et Nice. Les dossiers des communes traversées sont ensuite examinés par une commission spéciale qui se réunit le 7 juillet et délibère sous 7 jours (Le Messager de Nice du 26 juin 1861 p 2).

En septembre 1861, la Compagnie de chemin de fer présente à l'administration un projet de pont sur le Var (Journal des Chemins de Fer du 5 octobre 1861 p 758).

Le 25 novembre 1861, le ministre des Travaux publics valide l’installation des stations de Saint-Laurent et de Nice : "Conformément au vœu manifesté par le conseil municipal de Nice, le chemin de fer coupera l’avenue du prince Impérial à 1000 mètres du Pont-Neuf, c’est-à-dire à 300 mètres plus loin que le projet soumis à l’enquête, et la gare sera établie sur le côté gauche de cette avenue" (Le Messager de Nice du 29 novembre 1861 pp 2).

La section Toulon-Solliès-Pont est ouverte à la circulation le 31 décembre 1861 ; les travaux de la section Solliès-Pont-Les Arcs continuent.

 

1862

Les travaux du pont du Var sont entamés en février 1862 (Le Messager de Nice du 24 février 1862 p 2).

Dès le mois de mars 1862, débutent les séances des jurys d’expropriation de la ville de Nice (Le Messager de Nice du 12 mars 1862 p 3), ainsi que les travaux du chemin de fer "aux environs de Nice, dans le plateau du Var, non loin du quartier de Caras" (Le Messager de Nice du 29 mars 1862 p 3).

Le 29 mars, les crues entraînent l'arrêt provisoire du chantier du pont du Var et emporte le pont de service des ouvriers (Le Messager de Nice du 31 mars 1862 p 2 et du 5 avril 1862 p 3).

L'ouverture de la ligne Toulon-Les Arcs est envisagée pour juin puis septembre 1862 et celle des Arcs-Cagnes, avec un service d'omnibus reliant Nice, pour octobre puis novembre 1862 et celle de Cagnes-Nice vers le milieu de l'année 1863 (Le Messager de Nice du 3 mars 1862 p 3, du 6 avril 1862 p 2 et du 30 mai 1862 p 3 ; Journal des Chemins de Fer du 26 avril 1862 pp 284-285).

Dès le 27 mai 1862, le projet d'extension de la ligne de Nice à la frontière italienne (Menton), envisagé depuis le printemps 1860, est également à l'ordre du jour. L’avant-projet de Nice à Villefranche est notamment détaillé : "En partant de ce point, où se termine la gare de Nice, la ligne passe sur le boulevard du Prince Impérial, à l'aide d'un pont en tôle de 15 m. d'ouverture en deux travées, avec passages latéraux pour piétons, et se dirige vers le côteau gypseux de Cimiés qu'elle franchit, pour arriver au Paillon, en courbe de 750 m. de rayon, à l'aide d'un souterrain d'une longueur de 430 m.

Après avoir traversé le Paillon, d'équerre, sur un viaduc en maçonnerie composé de 5 arches de 15 m. d'ouverture, le chemin passe, à l'aide d'un pont en tôle, sur la route Impériale de Nice à Turin, tourne légèrement à gauche pour se diriger vers le col situé au Nord du Mont-Alban, franchit ce contrefort dolomitique à l'aide d'un souterrain de 1,450 m. de longueur et débouche à l'extrémité du magnifique golfe de Villefranche, au Nord de cette dernière ville" (Le Messager de Nice du 1er juin 1862 p 2).

Le projet non voté par le corps législatif sera présenté à nouveau à la session de 1863 (Journal des Chemins de Fer du 21 juin 1862 p 504 et 565).

"Les travaux préliminaires d'installation de la Gare de Nice vont être commencés sous peu de jours, et les fondations de ce vaste établissement devront être achevées à la fin du mois de septembre prochain" (Le Messager de Nice du 4 juin 1862 p 2).

En parallèle, l'ouverture de l'avenue du Prince-Impérial qui doit conduire de la place Masséna à la gare de chemin de fer est envisagée (Le Messager de Nice des 18 et 22 juin 1862 p 2).

Un décret du 25 juin 1862 décide qu'il "sera procédé à la construction d'un pont sur le Var, pour le service de la route Impériale n° 7 de Paris en Italie (...). Ce pont sera accolé au viaduc qui doit être établi pour le chemin de fer de Toulon à Nice" (Le Messager de Nice du 11 juillet 1862 pp 2-3). Le plan de l'ouvrage est transformé : le pont-viaduc va être composé de six arches à culées de pierre et à travées en fer légèrement cintrées, ayant chacune 55 mètres de développement.

Les travaux de la ligne entre Antibes et Cagnes avancent, et les bâtiments de la gare de Cagnes sont en construction (Le Messager de Nice du 9 juillet 1862 p 2).

Avant le 1er novembre, une gare provisoire doit donc être établie à Nice, avec un service d'omnibus à chevaux reliant la gare de Cagnes située à 11 km. La mise en place de ce service d'omnibus semble poser problème (Le Messager de Nice du 25 juin 1862 p 2) mais un compromis est par la suite trouvé entre les Messageries Impériales et l'administration du chemin de fer (Le Messager de Nice du 18 juillet 1862 p 3).

En août 1862, alors qu'on travaille avec activité au pont du Var (Journal des Chemins de Fer du 2 août 1862 p 598), la section Toulon-Les Arcs (4 chemins) est inaugurée le 14 du mois et son exploitation commence sous dix jours (Le Messager de Nice des 16, 24 et 27 août 1862 pp 2-3).

L'ouverture de la section Les Arcs-Cagnes est toujours prévue pour fin octobre 1862. Les chantiers inachevés de la tranchée de Saint-Philippe et du pont sur le Var empêchent encore l'ouverture de la section Cagnes-Nice (Le Messager de Nice du 23 août 1862 p 3). 

Fin septembre, les travaux entre Les Arcs et Cagnes étant en cours d'achèvement, l'ingénieur en chef Gaduel déplace ses bureaux de Cannes à Nice (Le Messager de Nice du 24 septembre 1862 p 2). Des intempéries retardent cependant les travaux et repoussent l'ouverture de la voie au mois de décembre (Le Messager de Nice du 25 octobre 1862 p 2). 

Début novembre, les bureaux de la Police de chemin de fer se transportent de Mandelieu à Saint-Laurent-du-Var (Le Messager de Nice du 6 novembre 1862 p 3). Le 9 novembre, une fête a lieu pour célébrer la fin des fondations du pont du Var (Le Messager de Nice du 12 novembre 1862 p 3). Les forges de Fourchambault sont désormais chargées, concurremment avec les hauts fourneaux de Marseille, de la fonte des pièces du pont du Var (Journal des Chemins de Fer du 22 novembre 1862 p 895).

Début décembre 1862, le Conseil municipal de Nice autorise la Compagnie de la Méditerranée à établir la gare provisoire sur la place des Phocéens (Le Messager de Nice du 12 décembre 1862 p 3).

Les accords pour souder les lignes ferroviaires françaises et italiennes sont passés à la même époque (Le Messager de Nice du 15 décembre 1862).

"La gare des voyageurs, que la compagnie du chemin de fer, de Paris-Lyon à la Méditerranée, va établir à Nice, s'élèvera bientôt sur la place des Phocéens. La façade principale de cet édifice provisoire sera tournée du côté de la rue St-François-de-Paule. 

Les bâtiments occuperont une surface de terrain couvert de mille mètres carrés, et comprendront (...) des salles d'attente pour les voyageurs de toutes classes ; des bureaux pour les divers employés, des magasins pour l'enregistrement et la délivrance des bagages ; des cours intérieures serviront de lieu de stationnement, pour les fourgons et les omnibus.

La circulation, pour l'arrivée, aura lieu par la rue St-François-de-Paule ; au départ, par le quai des Phocéens" (Le Messager de Nice du 18 décembre 1862 p 2).


1863

Du fait de  pluies torrentielles, les travaux de la section Les Arcs-Cagnes prennent à nouveau du retard et l'ouverture de la voie est repoussée à début mars ou début avril 1863 (Le Messager de Nice des 8 janvier et 1er février 1863 p 3). 

Avec le retour du beau temps, les travaux de la voie de chemin de fer reprennent en février, la pose des rails s'achève et la pose des poteaux télégraphiques en bord de voie commence (Le Messager de Nice des 5, 12 et 16 février 1863 p 3). Les futurs horaires de train sont publiés.

En parallèle, les travaux de la gare provisoire des Phocéens pour les voyageurs et la Messagerie sont engagés fin janvier 1863 pour que cette dernière soit prête à l'ouverture de la ligne (Le Messager de Nice du 24 janvier 1863). 

L'ensemble des plantations du square (en dehors de la rangée d'arbres bordant le cours du Paillon) cède la place à la construction du long et bas bâtiment de 1.000 m2 de la gare provisoire. 

Les remises destinées à accueillir jusqu'à 30 omnibus et 80 chevaux sont pour leur part en cours d'installation rue Chauvain (Le Messager de Nice des 12 février 1863 p 3).

Les charpentes de la gare provisoire, en attente à Cannes, sont livrées et les travaux se poursuivent pendant le Carnaval et même de nuit (Le Messager de Nice des 5, 16 et 20 février 1863 p 3). Fin février, le briquetage de la gare est à peu près terminé, la charpente avance, la pose du parquet s'opère et le sol des remises en galandage de la rue Chauvain est en cours de nivellement (Le Messager de Nice du 26 février 1863 p 3). Les travaux de la gare provisoire se continuent en mars.

Les épreuves de solidité de la voie Les Arcs-Cagnes sont effectuées et suivies de la commission de réception mi-mars 1863 (Le Messager de Nice des 26 février, 4 et 14 mars 1863 pp 2-3). Le 26 mars, le Ministre des Travaux Publics autorise la mise en exploitation de la ligne Les Arcs-Cagnes pour le service des voyageurs seulement, à partir du 10 avril 1863 (Le Messager de Nice des 29 mars p 2, 2 avril p 3, 3 avril p 1 et 4 avril 1863 p 3).

Le 9 avril 1863, 60 chevaux et 20 omnibus arrivent à Nice pour assurer la liaison, dès le lendemain matin, entre le bureau de ville de la place des Phocéens (éclairé par 80 becs de gaz) et la station Vence-Cagnes située à 11 km. Le 10 avril, la gare provisoire est prête et l'exploitation de la ligne commence. 

Les travaux de terrassement et de fondations des bâtiments de la gare de Saint-Etienne sont activement menés.


Plan de la Ville de Nice, gravé par écrit par Gérin et F. Lefebvre, écrit par Langevin, détail, 1863,
publié dans l'ouvrage d'Elisée Reclus (1830-1905), Les villes d'hiver de la Méditerranée et les Alpes-Maritimes, 1864 p 190, GoogleBooks.

Le site de la future gare de Nice est situé en haut et à gauche de l'image ("Embarcadère") ;
 celui de la gare provisoire est situé à l'embouchure du Paillon, au tiers gauche et au bas de l'image
 ("Place des Phocéens").


- ALEO Miguel (1824-c.1900), Nice, Le Jardin Public et les quais du Paillon, 1863,
détail de la gare provisoire, place des Phocéens, face à la rue Saint-François-de-Paule,
 tirage albuminé, Collection personnelle.


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