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mercredi 20 juillet 2011

9-LA PHOTOGRAPHIE




Quai Branly


PHOTOGRAPHIE signifie « Ecriture de lumière » (Photo : lumière, Graphie : Ecriture). L’homme a toujours cherché  à représenter la réalité, la nature, à créer des images. La photographie sera donc une volonté scientifique de saisir le monde par la lumière ; elle touche à la fois les sciences et techniques, les arts, l’imprimerie, le commerce….

  1-LES ANCÊTRES DE L'APPAREIL PHOTOGRAPHIQUE

La chambre noire ou « camera obscura » est connue depuis l’Antiquité (le savant chinois Mozi au V° siècle av. J.-C. et le savant grec Aristote au IV° siècle av. J.-C.). Elle est citée au XI° siècle et décrite par Léonard de Vinci au XV° siècle : "En laissant les images des objets éclairés pénétrer par un petit trou dans une chambre très obscure tu intercepteras alors ces images sur une feuille blanche placée dans cette chambre mais ils seront plus petits et renversés" (1515). 

Principe de la camera obscura, dessin italien du XVII° siècle. 


Elle donne naissance au sténopé : une boîte percée d’un simple trou qui laisse entrer la lumière ; sur la surface opposée au trou vient se former l'image inversée de la réalité extérieure (comme sur l’œil) ; une lentille convergente peut concentrer les rayons lumineux (dès le XVI° s.). 




Seul problème : on ne sait pas alors comment conserver l'image obtenue ! Du XVIIIe au XIXe siècle, les progrès en chimie, en physique et en optique convergent vers ce but : fixer l'image sur un support (la lumière pouvant modifier des substances chimiques).



  2-L'INVENTION DE LA PHOTOGRAPHIE

En France, dans les années 1810-1820, Joseph Nicéphore Niépce (1765-1833) met au point un procédé nommé Héliographie (plaque recouverte de bitume de Judée). Considérée comme l’une des premières images fixées par Niepce, Paysage à Saint Loup de Varennes, est obtenue en 1826 ou 1827. Il a fallu entre 14h et 18h pour obtenir l’image qui est très granuleuse et contrastée.

NIEPCE Nicéphore (1765-1833), Paysage à Saint Loup de Varennes, 1826 ou 1827,
 héliographie au bitume sur plaque d'étain, 16,2x20,2 cm, Texas, Austin.


Louis Jacques Mandé Daguerre (1787-1851) va s’associer aux travaux de recherche de Niepce et les poursuivre après la mort de ce dernier, réussissant à réduire le temps de pose et à donner une définition remarquable à la photo unique. Exposée à la lumière une vingtaine de minutes, la plaque de cuivre recouverte d’argent enregistre une image invisible qu’il faut ensuite développer en plaçant la plaque au-dessus d’un récipient de mercure légèrement chauffé. 
C’est ce procédé nommé Daguerréotype qui sera acheté par l’Etat en 1839, annonçant officiellement l’invention de la photographie. Dès les années 1840, une minute suffit pour réaliser un portrait.


 DAGUERRE Louis Jacques Mandé (1787-1851), Le boulevard du Temple à Paris, c. 1838,
 daguerréotype sur pleine plaque de cuivre, Munich, Bayerisches National Museum.


Daguerréotype (appareil) de 1839.

WASHINGTON Augustus (américain, c. 1820-1875 ), Portrait de John Brown, c. 1846-1847,
 daguerréotype (photographie) présenté sous verre avec son double cadre en laiton dans un écrin en bois (recouvert de cuir) protecteur de la lumière.

Mais c’est en Angleterre que l'invention du négatif est à mettre au crédit de William Henry Fox Talbot (1800-1867) en 1840  avec le Calotype. Une feuille de papier à lettres glacé est enduite de nitrate d'argent et, une fois sèche, est déposée dans une solution d'iodure de potassium ; pour obtenir le positif, il suffit de placer le négatif contre un papier photogénique préparé à l'aide de nitrate d'argent ou de bromure de potassium. C'est la première technique qui permet d'obtenir un négatif papier direct et donc autant de positif papier que voulu par tirage contact. Grâce à cette méthode, le prix de revient des tirages est très faible (en comparaison du daguerréotype où une épreuve correspond à un tirage) mais l’inconvénient du calotype est que le tirage est un peu flou et perd du détail. Talbot publie en 1844, « Pencil of Nature », le premier livre illustré avec des photographies. 

VOIR UNE VIDÉO (MUETTE, 3MN) SUR LA TECHNIQUE DU CALOTYPE

TALBOT William Henry Fox (1800-1867), Sans titre, c. 1842-1843, calotype.

OWEN Hugh (anglais, 1804-1881), Arbres avec enchevêtrement de racines, 1853,
 épreuve sur papier salé d'après un négatif papier, 17.5 x 22.8, Washington National Gallery of Art.


Si la technique du calotype est vite abandonnée, le principe du négatif argentique, lui, perdurera. Les recherches se multiplient pour améliorer les procédés. A la fin des années 1840, apparaissent les négatifs sur verre.
En 1855, lors de l’Exposition universelle (Paris), la photographie est toujours considérée comme une découverte technique et scientifique (complexe et coûteuse) et non comme une pratique artistique.





  3-L’ESSOR DE LA PHOTOGRAPHIE

A la fin du XIX° siècle, grâce à l’américain Georges Eastman (1854-1932), apparaissent les surfaces sensibles souples (1884) et le film en celluloïd (1886-88), ancêtre de la pellicule photo (en polyester à partir de 1955) puis l’appareil simplifié « clic-clac Kodak » (1888) doté d’une pellicule.

      Kodak original, U.S.A., 1888.


Anonyme, Couple faisant de la chaloupe sur un bassin, c.1888,
 Kodak n° 1, tirage albuminé circulaire (D: 6,35 cm) monté sur carte.

A partir de là, un intérêt très prononcé pour la photographie naît chez la société et surtout le grand public. La chimie des supports films (négatifs ou inversibles) suit, offrant des améliorations de qualité (couleurs, définition, sensibilité) très conséquents.
Le passage à la couleur se fait dans les années 1903-1907 avec la mise au point de "l'Autochrome" des Frères Lumière (Auguste, 1862-1954, et Louis, 1864-1948) (mais la couleur ne se répandra qu’à partir des années 1930-1940 et ne se généralisera que dans les années 1960). 

LUMIÈRE Auguste (1862-1954), Madeleine et Andrée (sa nièce et sa fille), 1910,
 plaque Autochrome Lumière, 18x24 cm.

En 1913, l'invention de l’appareil 24 X 36 révolutionne la photo grâce à son format compact. L'allemand Oscar Barnack (allemand, 1819-1836) a l'intuition d'utiliser le film 35 mm de cinéma comme pellicule photo et de le faire défiler horizontalement dans un appareil Leica (commercialisé en 1924), ce qui au final permet de concevoir des boîtiers très compacts et légers, d'abord télémétriques (puis reflex à partir de 1968).


Film de 35 mm donnant un négatif  (surface d'impression) de 24x36 mm



         Bobine de film de 35 mm      


  4-LE NOUVEAU PAYSAGE NUMÉRIQUE

C'est  la révolution technologique qui va changer en profondeur l'univers de la photo. Le premier appareil photo numérique (le Mavica) apparaît en 1981. L’appareil numérique est doté d'un capteur CCD (Charge Coupled Device ou dispositif à transfert de charge) : c’est un matériau semiconducteur –silicium- constitué d’une mosaïque de photosites sensibles à la lumière convertie en énergie électrique et traduite en langage mathématique binaire (0 et 1). Les premiers appareils numériques enregistrent les photos sur une disquette puis sur une carte mémoire pouvant contenir des centaines voire des milliers d'images

Il faudra une quinzaine d'années pour que l’utilisation du numérique se généralise et que la production des appareils argentiques (pellicules photographiques au bromure d’argent) s’arrête progressivement. C'est toute la filière photo qui est bouleversée, de la prise de vue sur support numérique à l'impression et à la retouche informatique. Le laboratoire, ses révélateurs et ses fixateurs sont remplacés par un écran et parfois par une imprimante. 
L'image virtualisée possède l'extraordinaire pouvoir de brouiller les pistes de sa provenance: modifiable, « trucable » et flexible à l'infini, elle rend obsolète la notion « d'original » et fragile celle de « fidélité ». Tous ces jeux de rôle sont rendus possibles par la capacité de reproduction d'une image numérique, qui s'effectue sans la moindre perte de qualité. Elle se fait sans limite de quantité, sans limite de coût, sans limite de temps et sans limite de lieu. Là où la transmission et la duplication d'une photo argentique nécessitaient une durée incompressible, la photo numérique se diffuse de manière instantanée à travers la toile et s’y multiplie. En passant du physique au virtuel, l'image ne s'altère plus, sa durée de vie est celle de son support : le fichier numérique. L'image devient donc immortelle théoriquement. Aux oubliettes donc, nos précieux petits rectangles au revers blanc qui ne résistaient au temps qu'un siècle tout au plus. Le numérique, parce qu’il est à la portée de tous, met au défi l'esprit créatif et la capacité d'inventivité.


Carte mémoire.

Petit tableau sur l'ouverture, le temps de pose et la sensibilité trouvé sur materiel.net (avril 2015)


  5-POUR APPRENDRE LES BASES DE LA PHOTOGRAPHIE

-Un peu de vocabulaire
-La composition et le cadrage
-La lumière et la gestion de l'exposition
-La profondeur de champ
-Résolution du capteur et agrandissements
-Régler son appareil photo en toutes situations

http://www.cours-photophiles.com/index.php/les-bases-techniques-photo/apprendre-la-photo-.html



Photos du Quai Branly, R.Patin, 2010.