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dimanche 26 mai 2024

1344-NICE, VUE DU PORT PRISE DE LA ROUTE DE VILLEFRANCHE

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- Photographe anonyme, Vue sans titre ni date, 
Nice, vue panoramique prise de la route de Villefranche, 
tirage albuminé, Nice, Archives Municipales, 3Fi 93/18.

La vision égrène des architectures datant majoritairement du XIX° siècle mais l'entrée et le bassin du Port conservent une partie d'ouvrages et de bâtiments du milieu et de la seconde moitié du XVIII° siècle. 



INTRODUCTION


En 2017, trois articles de ce blog ont été consacrés à l'évolution du Port Lympia de Nice dans la seconde moitié du XIX° siècle et à la datation des photographies contemporaines de ce lieu (ici). 

Le texte de ces articles a, depuis, été régulièrement mis à jour mais la datation de certaines réalisations reste encore à préciser.

Ce nouvel article va être consacré à l'étude d'une seule vue, confrontée aux principaux repères chronologiques et à leurs sources documentaires. 

La photographie panoramique retenue, conservée aux Archives Municipales de Nice, est anonyme et dépourvue de titre et de date (Image 1 ci-dessus). 

C'est une vue générale de la ville, prise depuis l'est, qui montre le Port et, de part et d'autre de la Colline du Château, la Baie des Anges au sud et les quartiers de Riquier et de Carabacel au nord.

La vue plongeante, capturée depuis les hauteurs de Montboron et la route de Villefranche (actuel boulevard Carnot), dévoile au premier plan le quartier du Lazaret, en bord de mer. 

Le boulevard de l'Impératrice de Russie (actuel boulevard Franck Pilatte), bordé des villas Lefevre et Myèvre, du Petit Séminaire, du Restaurant de la Réserve, des villas Saint-Vallier et Vigier, et de plages, conduit à l'entrée du Port. 

Cette dernière est constituée d'un épi rocheux puis du môle intérieur ou môle du carénage en travaux, face au môle extérieur qui apparait ici pourvu de deux phares.



LES TRAVAUX DE L'ENTRÉE DU PORT


Le Port de Nice a été créé à cet emplacement à partir du milieu du XVIII° siècle. Cependant, dès l'achèvement des travaux, le bassin intérieur s'est avéré trop petit. Un projet d'agrandissement a vu le jour mais est resté en attente durant un siècle.

Suite à l'Annexion française de 1860, le projet est remis à l'ordre du jour et mis au point en 1866, comprenant notamment la transformation des môles d'entrée, l'amélioration de la profondeur du bassin et son élargissement et agrandissement vers le nord et l'ouest, ainsi que la réfection des quais. Un décret impérial du 4 mai 1867 alloue 5 millions de francs à l'agrandissement du Port et à l'amélioration de la passe.

Les travaux vont être menés pendant vingt ans, de 1869 à 1889, en procédant du sud au nord, afin de sécuriser l'entrée des navires et d'en accueillir le plus grand nombre.


Le prolongement du quai du môle extérieur (Images 2, 3 et 6)

Le prolongement sud-est du môle extérieur est la première modification entreprise, destinée à sécuriser l'entrée et le stationnement des navires dans le Port, afin de réduire les effets de la mer par mauvais temps.

Le 28 novembre 1868, les travaux sont adjugés en conseil de préfecture à l'entrepreneur Rosier Aristide de Marseille et les crédits ministériels sont alloués en janvier 1869, pour le prolongement du môle et le curage du Port (Journal de Nice [JDN] des 30 novembre 1868 et 17 janvier 1869).

Étrangement, les travaux ne semblent pas entamés avant l'automne 1869 car aucun article n'en rend compte avant cette saison mais peut-être est-ce dû à la date de réception effective des crédits. 

Début octobre 1869, le Préfet des Alpes-Maritimes communique l'avis suivant, adressé aux navigateurs : "A partir du 25 octobre 1869, il sera allumé sur la plage du Lazaret située à l'Est du port de Nice, deux feux de direction, le plus élevé vert, le plus bas rouge.

Ces feux sont destinés à guider la nuit les navires entrant dans le port de Nice, de manière à ce qu'ils évitent, en les laissant à bâbord, les travaux de prolongement du môle extérieur et à ce qu'ils arrivent sûrement en vue de trois autres feux de couleur, déjà existants, au fond de la passe.

Une bouée-balise peinte en blanc a été mouillée à l'Est dudit prolongement pour donner aux navires la même indication pendant le jour" (JDN du 4 octobre 1869).

Ces mêmes préconisations sont rappelées lors d'une nouvelle parution début décembre 1869, avec quelques détails différents dans la phrase d'introduction : "A partir du 15 octobre 1869 [et non du 25], on a allumé, et jusqu'à l'achèvement des travaux de prolongement du môle extérieur du port de Nice, on allumera, sur la plage du Lazaret, située à l'Est de ce port, deux feux de direction.  Le feu supérieur est "vert", le feu inférieur est "rouge" [ce qui sous-entend que ces deux feux sont superposés]..." (JDN du 1er décembre 1869).

Une grande carrière d'enrochements est établie par l'administration des ponts et chaussées à Rauba-Capeu (JDN du 13 janvier 1870) et des tranches énormes de roche calcaire sont détachées à la mine pour produire les blocs de la jetée (JDN du 15 avril 1870).

Les plus gros blocs sont directement immergés et les autres sont artificiellement reliés entre eux par du béton puis sont entassés sur la plage qui borde le boulevard de l'Impératrice de Russie et transportés sous la nouvelle jetée (JDN du 21 septembre 1870).

Les travaux sont cependant interrompus pendant près de six mois, du fait des évènements de la Guerre franco-prussienne.

Les travaux reprennent fin mars 1871, avec la ferme volonté de les achever vers la fin de l'année. L'extraction de pierres reprend de plus belle et les blocs sont notamment transportés par "un chemin de fer spécial sous la jetée" (JDN du 8 avril 1871).

"On peut facilement se rendre compte de l'importance des travaux en examinant les progrès de l'endiguement qui se poursuit tous les jours en avant du phare" (JDN du 25 août 1871).

Cette grande activité, non sans danger pour les ouvriers (JDN du 20 octobre 1871) laisse encore espérer "qu'avant la fin de la saison d'automne, on parviendra en grande partie à réaliser la mise à exécution des plans arrêtés" (JDN du 20 octobre 1871).

Cependant, ce sont les moyens financiers qui commencent à manquer et le chantier est à nouveau interrompu pendant plusieurs mois. 

Un nouveau crédit, alloué par le ministre des travaux publics en mai 1872, semble relancer le projet mais les renseignements manquent ensuite (JDN du 26 mai 1872). Il est probable qu'une partie du projet ait pu être réalisée dans la suite de l'année 1872 mais que les travaux aient été à nouveau interrompus, faute de crédits.

Il apparaît d'ailleurs, qu'à la fin du premier trimestre de l'année 1873, les travaux ne sont toujours pas terminés : "On continuera néanmoins, nous l'espérons, le prolongement de la jetée. La confection des blocs de béton qui se poursuit le long du boulevard de l'Impératrice de Russie, dans la direction du petit séminaire, nous donne tout lieu de le croire" (JDN du 16 mars 1873).

Après cette date cependant, les documents ne fournissent plus aucun renseignement sur le prolongement du quai, sinon pour signaler que ce dernier a été réalisé en "1872".

Il est possible que les derniers blocs soient restés en attente pendant près de trois ans et n'aient été placés qu'au moment de la réalisation du mur-abri, de nouveaux tirs de mine de l'entrepreneur du Port étant d'ailleurs signalés à Rauba-Capeu, au printemps 1875 (JDN du 10 mai 1875).


2- Photographe anonyme, Vue sans titre ni date, 
Nice, vue panoramique prise de la route de Villefranche, 
tirage albuminé, Nice, Archives Municipales, 3Fi 93/18.



Le mur-abri du môle extérieur (Images 2, 3 et 6 )

Le nouveau quai du môle extérieur doit être ensuite pourvu d'un haut mur protégeant la passe et le bassin des vagues et des vents mais plusieurs années s'écoulent avant que ce dernier ne soit entrepris.

Les travaux de construction de ce mur sont enfin adjugés en préfecture, le 19 mars 1875, à l'entrepreneur Grégoire Antoine (JDN du 20 mars 1875). 

Les travaux se continuent pendant toute l'année 1875 (JDN du 20 décembre 1875) et semblent s'achever au premier trimestre de l'année 1876 (à une date qui reste à préciser).


L'épi rocheux du boulevard de l'Impératrice de Russie (Images 2, 5 et 6)

Le prolongement du môle extérieur a entraîné une modification des courants marins qui, désormais, sapent petit à petit la bande de terre et de sable qui longe le boulevard de l'Impératrice de Russie, surtout face à la Villa Vigier. 

Le Conseil municipal du 12 novembre 1873 acte la nécessité de prolonger "le mur de digue commencé par les soins de l'Etat jusqu'à l'angle sud-est de la propriété Vigier" et d'assurer la protection de ce mur par la construction d'une "forte jetée de blocs naturels". 

Une concertation avec les services de l'Etat s'impose pour la prise en charge des frais (Nice, Archives Municipales [AM], Registre des délibérations du Conseil municipal du 12 novembre 1873, 1D1-9 pp 38-39). 

Le dossier avance lentement et est toujours en discussion en mars 1874, lors du vote de l'éclairage au gaz du boulevard de l'Impératrice de Russie (AM, Registre des délibérations du Conseil municipal, 1D1-9 pp 111-112).

Lors de la séance municipale du 18 août 1876, présidée par le maire Auguste Raynaud, le Conseil approuve le projet de construction de l'épi présenté par les services des ponts et chaussées

L'épi devra joindre l'écueil de la grande roche à la plage sur une longueur de 70 mètres et empêcher les graviers d'obstruer l'entrée du Port.

Les travaux sont cependant ajournés jusqu'à l'attribution d'une aide financière de l'Etat (AM, Registre des délibérations du Conseil municipal du 18 août 1876, 1D1-11 p 65 ; JDN du 30 août 1876).

La décision est prise par le Conseil municipal du 27 décembre 1876. Début février 1877, le ministre des travaux publics approuve la construction de l'épi adossé aux grands rochers du Lazaret (AM, Registre des délibérations du Conseil Municipal du 7 février 1877 p 208 ; Le Phare du Littoral du 12 février 1877). 

La subvention ministérielle n'est cependant annoncée qu'au mois d'août 1877 (AM, Registre des délibérations du Conseil municipal du 18 août 1876, 1D1-11 p 367).

Suite à sa réception, la construction de l'épi est engagée à la fin de l'année 1877 (à des dates qui restent à préciser), la question n'étant plus évoquée lors des Conseils municipaux suivants.


Le nouveau phare du môle intérieur (Images 2, 3 et 6 )

Le môle prolongé d'une centaine de mètres et doté du mur-abri n'attend plus désormais que la construction d'un nouveau phare à son extrémité (JDN du 25 août 1871).

Les plans détaillés de ce dernier sont établis en 1878 et les travaux débutent en 1879 (à une date qui reste à préciser) pour s'achever au printemps 1880. 

Il est ensuite prévu, qu'à la date du 10 juillet 1880, le feu de l'ancien phare érigé en 1855, feu de 4ème ordre, à éclats rouges de 30 en 30 secondes, soit transporté au sommet de la nouvelle tour cylindrique et que les deux feux provisoires de la plage du Lazaret soient supprimés (JDN du 26 juin 1880).

Les deux phares vont coexister pendant plusieurs mois, l'ancienne tour n'étant démolie que vers 1882 (à une date qui reste à préciser).


La démolition de l'extrémité du môle intérieur (Images 2, 3 et 6 )

Le prolongement du môle extérieur a certes permis de sécuriser l'entrée du Port mais en a parallèlement réduit l'entrée. Il est désormais nécessaire de démolir le môle intérieur qui avait été érigé dans la seconde moitié du XVIII° siècle.

Dans un premier temps cependant, seule l'extrémité occidentale du môle du carénage, comprenant le belvédère d'angle et la fontaine, va être détruite, d'abord en surface puis en profondeur.

Les travaux de démolition de la partie émergée commencent en octobre 1879 (JDN du 1er novembre 1879) et semblent s'achever en septembre 1880. A cette date, les opérations de dragage des abords sont ensuite entamés, suivis du dynamitage de la partie immergée (JDN du 26 septembre 1880). 

L'achèvement des travaux semble avoir lieu au début de l'année 1881 (à une date qui reste à préciser).


3- Photographe anonyme, Vue sans titre ni date, 
Nice, vue panoramique prise de la route de Villefranche,
détail de l'Image étudiée, montrant l'entrée du Port, 
tirage albuminé, Nice, Archives Municipales, 3Fi 93/18.



L'ACHÈVEMENT DU CLOCHER DE L'ÉGLISE DU PORT (Images 2, 4 et 6 )


L'église Notre-Dame de l'Immaculée Conception, a été érigée, au nord du bassin du Port, entre 1840 et 1853. Elle a cependant nécessité, par la suite, de nombreuses modifications et réparations.

Le projet de surélever le clocher bas et carré situé au nord de l'église, a pour sa part été repoussé jusqu'à la fin des années 1870.

Lors de la séance municipale du 24 octobre 1878, le maire, Alfred Borriglione, soumet au Conseil une proposition d'achèvement du clocher, devis à l'appui, et rappelle l'incapacité financière du Conseil de fabrique de l'église. 

Certains conseillers municipaux souhaitent alors reporter le projet après la réalisation des travaux de l'agrandissement prévu du bassin intérieur du Port. La proposition du maire est cependant adoptée lorsque ce dernier n'engage la participation de la municipalité que sur la moitié des dépenses, une large subvention espérée de l'Etat et une petite participation du Conseil de fabrique devant constituer l'autre moitié (JDN du 31 octobre 1878).

La demande d'aide adressée à l'Etat et la recherche de ressources propres du Conseil de fabrique repoussent le projet de près d'une année. 

Ce n'est qu'à la séance du Conseil municipal du 11 septembre 1879 que l'argent est enfin réuni. L'adjudication des travaux a lieu le 16 octobre suivant mais aucune offre n'ayant été déposée, le Conseil autorise le maire, lors de la séance du 7 novembre, à traiter de gré à gré avec l'entrepreneur Ardouin, sur une proposition datée du 31 octobre (AM, Registre des délibérations  du Conseil municipal, 1D1-13 pp 48-49 et 120 ; JDN du 19 novembre 1879).

Les travaux sont entamés courant novembre et semblent se poursuivre jusqu'à la fin du printemps (JDN du 14 mai 1880). 

L'installation d'une horloge à 4 cadrans, dont 2 transparents, doit finaliser les quatre faces de la tour élancée du nouveau clocher. Le devis complémentaire reçoit l'accord préfectoral le 3 juillet 1880 et l'installation du cadran de la face nord (qui domine le presbytère) est signalée en cours au mois d'août suivant (AM, Registre des délibérations  du Conseil municipal, 1D1-13 pp 336-337 et 345 ; JDN du 20 août 1880).


4- Photographe anonyme, Vue sans titre ni date, 
Nice, vue panoramique prise de la route de Villefranche, 
détail de l'Image étudiée, montrant l'église du Port,
tirage albuminé, Nice, Archives Municipales, 3Fi 93/18.



LES TRAVAUX DU PETIT-SÉMINAIRE (Images 2, 5 et 6 )


Le Petit-Séminaire de Nice est tout à la fois un collège et le lieu de recrutement des futurs prêtres catholiques. Implanté sur des terrains acquis en 1841 et 1842 par Monseigneur Galvano, évêque de Nice, l'établissement, autorisé par décret du roi de Sardaigne, Charles-Albert de Savoie, à la date du 28 juillet 1842, a été ouvert en 1843 dans ce quartier alors isolé et peu peuplé du Lazaret, au pied du flanc sud du rocher nu de Montboron. 

Ce quartier s'est fortement développé à la fin des années 1850, suite à la transformation de la partie occidentale du chemin étroit du Lazaret, devenue le boulevard de l'Impératrice de Russie (1856-1857) puis à la construction de riches villas dont le célèbre Château Smith, situé à l'extrémité orientale du chemin.

Fin 1879 (à une date qui reste à préciser), des travaux d'agrandissement des locaux du Petit-Séminaire sont entrepris, grâce à la détermination du père supérieur, Louis Courrège, et au soutien de l'évêque de Nice, Monseigneur Balaïn. 

Les plans et devis de deux bâtiments, l'un scolaire, l'autre religieux, ont été dressés par le vicomte Alziari de Malaussène et M. Vérany, ingénieurs (JDN du 21 mars 1880). 

Les travaux débutent par le dégagement à la mine du rocher, afin de libérer et d'aplanir l'espace nécessaire aux deux constructions parallèles, prévues sur l'arrière et le côté est du terrain (JDN du 16 avril 1880). 

Au nord du bâtiment ancien, un nouveau bâtiment scolaire de même hauteur s'élève à partir de l'extrême fin de l'année 1879, notamment destiné à accueillir un grand réfectoire et une salle d'exercice. Sa date d'achèvement prévue (gros œuvre) est le 31 juillet 1880. 

Au début de l'année 1880, c'est cette fois la construction de la chapelle qui est entreprise. La cérémonie officielle de pose et de bénédiction de sa première pierre (dans laquelle sont scellés un parchemin du procès-verbal et des médailles portant la date de l'année), a lieu le 19 mars 1880, alors que les travaux ont déjà commencé (JDN du 21 mars 1880). 

En mai 1880, la cérémonie de la première communion ne permet pas d'accueillir toutes les familles dans l'ancienne chapelle : "Fort heureusement cet état de chose n'est que provisoire. Une église qui répondra aux besoins d'un établissement en si grand progrès, est en voie rapide de construction, et le bâtiment principal, doublé sur le derrière, permettra dans peu de temps, à cette maison d'éducation, de devenir une des premières du littoral" (JDN du 12 mai 1880).

Le 19 juin suivant, une fête scolaire, organisée lors de la Saint-Louis de Gonzague, attire cette fois une foule qui ne peut être entièrement contenue dans "la grande salle qui devra bientôt servir de réfectoire et qui occupe le rez-de-chaussée du nouveau bâtiment dont on vient de terminer la toiture" (JDN du 21 juin 1880).

Le gros œuvre de la chapelle, de style néo-roman, va s'achever fin 1881 (à une date qui reste à préciser), avec la couverture de la nef puis avec la construction de deux absidioles, érigées sur les côtés est et ouest, du fait de la proximité du rocher. 

La consécration de la chapelle n'aura cependant lieu que le 3 mai 1891.


5- Photographe anonyme, Vue sans titre ni date,
Nice, vue panoramique prise de la route de Villefranche, 
détail de l'Image étudiée, montrant le Petit-Séminaire (actuel Hôtel Le Saint Paul),
tirage albuminé, Nice, Archives Municipales, 3Fi 93/18.




DATATION DE LA PHOTOGRAPHIE


D'emblée, plusieurs éléments de l'image, comme la démolition en cours de l'extrémité occidentale du môle de carénage, la présence conjointe des deux phares du môle extérieur ou encore le chantier en cours des deux nouveaux bâtiments du Petit-Séminaire semblent indiquer une date vers 1879-1881 (Images 3 et 6).

Cependant, le fait que certains chantiers viennent de se terminer, comme le deuxième phare du môle extérieur ou la nouvelle tour du clocher de l'église du Port, impliquent davantage l'année 1880 (Images 3, 4 et 6).

Cette hypothèse se voit confirmée par le fait que le nouveau bâtiment scolaire du Petit-Séminaire conserve ses échafaudages, tout en affichant un gros œuvre terminé, alors que le bâtiment de la nouvelle chapelle n'affiche encore que la partie basse de ses murs goutterots (Images 5 et 6).

Aucun élément de l'image ne permet d'ailleurs d'envisager la date de 1881. La démolition de l'extrémité du môle intérieur est loin d'être achevée et la Baie des Anges que l'on aperçoit sur la droite de l'image ne montre pas encore le chantier de la Jetée-Promenade, entamé en octobre 1880 et visible dès le mois de décembre de la même année. La photographie étudiée date donc de l'année 1880. 

Certains détails de l'image permettent de considérer que cette vue a été prise entre la date d'achèvement de la couverture du bâtiment scolaire du Petit-Séminaire, entre fin mai et début juin 1880 (JDN du 19 juin 1880), et celle de l'achèvement du nouveau bâtiment scolaire du Petit-Séminaire (échafaudage), prévue le 31 juillet 1880 (Image 5).

Comme rien ne permet d'affirmer que cette dernière échéance (JDN du 31 mars 1880) ait été strictement respectée, il est plus prudent d'envisager une datation de l'image étudiée entre fin mai et fin août 1880. 

D'ailleurs, la nouvelle tour du clocher de l'église du Port, achevée vers mai 1880, n'apparaît badigeonnée qu'à moitié seulement (échafaudage) et affiche à son sommet une cavité circulaire qui ne sera comblée par la pose d'un cadran d'horloge qu'en août 1880 (Image 4).

A cette date, parmi les auteurs potentiels de cette vue, citons les photographes paysagistes Eugène Degand (1829-1911) et Jean Walburg de Bray (1839-1901) qui affectionnent particulièrement ce format panoramique et ce point de vue précis sur le Port de Nice.


6- Photographe anonyme, Vue sans titre ni date [entre mai et août 1880],
Nice, vue panoramique prise de la route de Villefranche, 
détail de l'Image étudiée, 
tirage albuminé, Nice, Archives Municipales, 3Fi 93/18.

Les inscriptions portées dans l'image permettent d'attirer l'attention 
sur les constructions du quartier du Port réalisées au cours des années 1870 (1869-1881).
L'histoire du Restaurant de la Réserve n'est pas rappelée dans cet article
 mais reste consultable dans celui de 2017 (ici).