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lundi 24 octobre 2022

1268- "LES CHOSES", EXPOSITION DU MUSÉE DU LOUVRE, 2022

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



VOIR LA VIDÉO (17 MN 16, 2022) DE SCRIBE ACCROUPI,

"LES CHOSES", AU MUSÉE DU LOUVRE,

DU 12 OCTOBRE 2022 AU 23 JANVIER 2023.







jeudi 20 octobre 2022

1267-LOUIS CRETTE ET CHARLES NÈGRE, "NICE, JARDIN PUBLIC"


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS 


- CRETTE Louis (c.1824-1872), Nice - Paillon, le Jardin public, vue non datée,
Carte de visite de 6,7x10,4 cm, Collection personnelle.





DERNIÈRE MODIFICATION DE CET ARTICLE : 17/06/2023




LOUIS CRETTE, "NICE, JARDIN PUBLIC"


Présentation

Cette vue du Jardin public, du Pont-Neuf et des quais du Paillon a été prise par Louis Crette (c.1824-1872) dont la présence à Nice est attestée de 1854 à 1865.

Le tirage albuminé est collé sur un carton de 6,7x10,4 cm, portant au verso les mentions : "L. Crette - Photographe de L.M. - L'Empereur Napoleon III - Et - Le Roi Victor Emmanuel II".

Louis Crette est "Photographe de S.M. le Roi Victor Emmanuel" au plus tard en janvier 1858 et "Photographe de LL. M.M. L'Empereur des Français et Le Roi de Sardaigne" dès septembre 1860. Il devient "Photographe de LL. M.M. - L'Empereur Des Français - Et - le Roi d'Italie" à partir d'avril 1861.

Le verso de la vue étudiée semble donc impliquer un tirage postérieur à octobre 1860. La prise de vue est-elle cependant contemporaine ou antérieure à cette date ?


Ètat des lieux

La vue sud-ouest/nord-est, prise en hauteur depuis un étage des bâtiments qui bordent le côté occidental du Jardin public, montre au tout premier plan l'étendue de ce jardin.

Créé entre décembre 1851 et avril 1852 sur un terrain situé sur la rive droite du Paillon, près de son embouchure, le Jardin des Plantes a adopté un plan circulaire avec une fontaine centrale et des allées rayonnantes bordées de bancs de pierre.

Le Jardin a continué d'être aménagé dans les années suivantes et a reçu de nouvelles plantations (voir une aquarelle d'Urbain Garin de Cocconato (1813-1877) de 1853, sur le site de l'Académia Nissarda, ici; et une photographie anonyme sur le site des Archives Départementales des Alpes-Maritimes, vers 1855, cote 01NUM 0008/GLT00246). 

En 1854, le Jardin a été agrandi vers le sud, sur un plan désormais triangulaire, avec des allées bordées de treillages conduisant à la fontaine maintenue à son emplacement originel. 

Dans son ouvrage Nice, édité en janvier 1857, Auguste Burnel donne une longue description du Jardin :

"Ce jardin lui-même qui ne date que de cinq ans à peine, voit croître de jour en jour les deux lignes de sycomores et de tilleuls qui bordent les allées du nord et de l'ouest. Au centre du jardin, douze ou treize poivriers déjà fort beaux, laissent tomber leur feuillage élégant comme celui du saule-pleureur autour du bassin dont le jet d'eau rafraîchit l'atmosphère.

Dans les allées qui rayonnent autour du bassin, des centaines de jeunes arbustes de tous les climats s'élèvent et promettent de fournir, dans quelques années, les ombrages les plus charmants. 

L'arbre de Judée, le cèdre du Liban, le néflier du Japon, le laurier-rose, le laurier-cerise, le pin du Nord, le myrte, le chêne vert, le datura arborea, le tamarin de l'Inde, le phytolacca, l'acacia-parasol, le magnolia, etc., etc., et une foule d'autres espèces destinées les uns à devenir de hautes futaies, les autres à conserver une hauteur de quelques pieds seulement, ont été plantés dans le Jardin-Public. 

C'est par milliers qu'il faut compter les individus qui doivent un jour décorer cette promenade charmante" (Auguste Burnel, Nice, ouvrage rédigé en 1856, préfacé le 15 décembre 1856 et édité en janvier 1857, pp 134-135)L'auteur ajoute en appendice l'inventaire de tous les arbres, arbustes et plantes qui décorent le Jardin.

Le Constitutionnel du 8 avril 1858 (pp 2-3), dresse un état des lieux plus rapide : "La promenade des Anglais conduit au jardin public, dessiné en triangle et planté d’arbres de toutes les essences : oliviers, vernis du Japon, magnolias, bruyères arborescentes, althéas, palmiers, rosiers en fleurs, géraniums, etc., qui tous y réussissent à merveille. La musique de la garnison y joue deux fois la semaine"

En juin 1859, la Famille Tiranty offre à la Ville un magnifique palmier qui devient le plus bel ornement du Jardin, côté sud, à l'est de l'estrade de la musique (L'Avenir de Nice des 19 et 20 juin 1859). La transplantation ayant lieu peu après la victoire franco-sarde de Magenta sur les troupes autrichiennes (le 4 juin 1859), il est proposé de donner ce nom au palmier mais c'est l'appellation de "Palmier de l'Annexion" qui sera retenue dans les années 1860. Emile Négrin ne cessera cependant de répéter dans les éditions successives de ses Promenades de Nice que "le palmier de l'Annexion (...) en 1860 fut transporté là tout venu..." (Les Promenades de Nice, 1867 p 57).

La figure sculptée d'une naïade est ajoutée à la fontaine (signalée en novembre 1859).

L’estrade qui accueille l’orchestre militaire est agrandie suite à la décision du Conseil municipal du 10 mai 1861 (AM, 1D1-1, f. 86v).


- CRETTE Louis (c.1824-1872), Nice - Paillon, le Jardin public, vue non datée,
Carte de visite de 6,7x10,4 cm, Collection personnelle.
La vue montre le nord-est du Jardin avec les allées bordées de treillages conduisant vers le rond-point de la fontaine entourée de poivriers et de bancs de pierre (à gauche de l'image).
Noter la présence, sur la rive gauche du Paillon, à l'entrée du Pont-Neuf, de la base et de l'extrémité supérieure de l'Obélisque émergeant des arbres (obélisque offert par la communauté juive de Nice à Carlo Felice, déplacé en août 1861).




Datation

Si l'on compare la vue de Louis Crette aux vues du Jardin public prises notamment par Miguel Aleo (1863) ou Jean Andrieu (1863 et 1865), la végétation du Jardin apparaît nettement moins développée sur la vue étudiée.

La vue de Louis Crette ne laisse deviner, sur la gauche, que l'angle de la fontaine nord, et ne montre pas, sur la droite, le fameux "Palmier de l'Annexion" planté en juin 1859. Elle ne montre pas non plus l'estrade de la musique militaire qui l'accoste. 

Si la date précise d'installation de cette estrade reste inconnue, les concerts de la Garnison (antérieurement donnés dans le jardin de l'établissement littéraire Visconti) sont pour leur part attestés au Jardin public dès 1855 (L'Avenir de Nice du 6 janvier 1855 p 2 ; Le Constitutionnel du 13 avril 1858 ; Allgemeine Zeitung München, 1858 [1], p  1276 ; Guide Baedeker, La Suisse, Les Lacs italiens, Milan, Turin, Gênes et Nice, 1859 p 334).

Les recadrages sont certes fréquents sur les vues de petites dimensions mais il existe un tirage de 24x30 cm conservé aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes qui présente la même vue, plus nette et détaillée, mais avec un cadrage identique (AD, 10FI 4603 - ici).

Ce grand format pouvait appartenir à un Album de vues de Nice et ses environs. Or Louis Crette a réalisé un tel album au printemps 1861 et en a notamment offert un exemplaire à l'Empereur Napoléon III (Le Messager de Nice du 6 mai 1861). 

Il a cependant collaboré antérieurement avec le peintre Jacques Guiaud (1810-1876) pour l'édition, en décembre 1857, de lithographies inspirées de ses photographies : deux vues isolées puis dix vues réunies dans un album intitulé Nice Pittoresque sont en effet signalées dans Le Courrier de la Librairie des 12 et 19 décembre 1857. Des publicités seront diffusées dans L'Avenir de Nice et Les Echos de Nice en 1858 et l'album sera réédité en 1859.

Parmi les deux vues isolées puis les dix vues de l'album édité à Paris ("imp. lith. Lemercier") et Nice ("Debecchi" [sic]), figure une vue de Nice intitulée Jardin public qui est manifestement inspirée de la vue étudiée.


- GUIAUD Jacques (1810-1876), Jardin Public., 1857,
lithographie en couleur accompagnée des mentions suivantes : 
au-dessus du titre, Dessiné d'après nature et lithographié par Guiaud.,
et au-dessous du titre, à gauche, Nice, A. Debecchi (sic) Edit. Libraire R. du Pont Neuf, vis-à-vis l'Hôtel des Etrangers, et à droite, Imp. Lemercier, Paris.
vue de 13,5x20,5 cm sur planche de 27,5x36 cm, Collection privée.
Voir un autre exemplaire de cette lithographie au Rijksmuseum d'Amsterdam (ici).



Jacques Guiaud a respecté la photographie de Louis Crette mais en a cependant élargi la vision afin de montrer la fontaine jaillissante située au nord-ouest du Jardin. Il a modifié quelques détails, et ajouté des figures humaines et animales et la couleur afin de donner vie à l'ensemble.

Les vues de Louis Crette et de Jacques Guiaud sont proches dans le temps de l'ouvrage d'Auguste Burnel dont un autre passage décrit également la végétation des quais : "je citerai les boulevarts du Pont-Neuf et du Pont-Vieux [sur la rive gauche du Paillon, à droite de l'image] avec leurs belles plantations de platanes (...) ; la rangée d'acacias qui, sur la rive droite du Paillon, s'étend depuis l'Hôtel Chauvain jusqu'au Jardin-Public" [visible sur la gauche de l'image] (Auguste Burnel, Nice, 1857 p 134).


La vue étudiée de Louis Crette peut donc être datée vers 1857. Elle est l'une des photographies les plus anciennes connues des quais du Paillon et témoigne d'un état des lieux éphémère. 

Les lieux vont être en effet profondément transformés dans les années 1860 avec une rive droite du Paillon entièrement remodelée. 

Le Jardin est fortement agrandi au sud-est sur un terrain gagné sur le lit du Paillon à partir de mai 1863. De nouvelles plantations y sont effectuées dont douze palmiers provenant de Villefranche en juin 1863 et un myrte colossal venant du quartier de Saint-Etienne fin septembre de la même année. Du fait du nouveau plan rectangulaire aux angles curvilignes, la fontaine est repositionnée au centre du nouveau jardin en octobre de la même année (Les Echos de Nice du 6 octobre 1863).




CHARLES NÈGRE, "NICE, JARDIN PUBLIC"

Présentation

Après l'étude de la vue du Jardin Public par Louis Crette, voici celle d'une vue des mêmes lieux par Charles Nègre (1820-1880) dont la présence est attestée à Nice de 1863 à 1878.


- NÈGRE Charles (1820-1880), Nice, Jardin public, vue non datée, 
négatif sur verre au collodion (ici inversé) de 18x24 cm, fichier Wikipédia, 
Archives Départementales des Alpes-Maritimes, 08FI 0017 (ici).
Noter la disparition de l'Obélisque du Pont-Neuf (depuis août 1861).



La vue sud-ouest/nord-est est à nouveau prise de l'étage d'un bâtiment ouest qui borde le Jardin public (Hôtel des Anglais) mais elle montre désormais la présence, au sud du Jardin, du Palmier de l'Annexion (transplanté en juin 1859) et de l'estrade de musique (agrandie en 1861).

C'est d'ailleurs lors d'un concert de musique militaire que cette vue a été prise. Les musiciens sont assis à la périphérie de l'estrade et le public est réparti tout autour (flou de bougé). La végétation des parties nord et ouest du Jardin est la plus fournie et la fontaine n'est pas visible.

Au-delà du Jardin s'allongent les quais du Paillon avec, du sud au nord, les quais Masséna et Saint-Jean-Baptiste sur la rive droite, et sur la rive opposée, la place des Phocéens et les boulevards du Pont-Neuf et du Pont-Vieux.


Datation

En face du Jardin public, sur la place des Phocéens, se remarque à l'extrémité droite de l'image, la toiture du long bâtiment de la gare provisoire de chemin de fer. Cette gare provisoire a été érigée entre fin janvier et début avril 1863 (Le Messager de Nice), afin de conduire dès le 10 avril les premiers voyageurs de chemin de fer à la gare de Vence-Cagnes, grâce à un service d'omnibus tirés par des chevaux (la ligne Cagnes-Nice ne sera livrée que le 18 octobre 1864). Le bâtiment de la gare provisoire devait être démoli en 1864 mais il a accueilli les Expositions d'avril 1865 et n'a été démonté qu'à la fin du mois de septembre 1865 (Journal de Nice du 22 septembre 1865). 

La vue étudiée peut donc être datée entre juillet 1863 (installation de Charles Nègre à Nice) et septembre 1865 (suppression du bâtiment de la gare provisoire).

Dans le Jardin public, l'estrade de la musique apparaît située à l'ouest du Palmier de l'Annexion alors qu'elle va être déplacée à l'automne 1864, au sud-est de ce même Palmier lors de l'aménagement du nouveau terrain en jardin de style anglais et de l'achèvement de la construction du nouveau Pont Napoléon III à l'embouchure (Le Journal de Nice du 14 octobre 1864).

Le quai Masséna apparaît bordé de palmiers tout du long, y compris dans la partie allant du Jardin au Pont Neuf où ils ont remplacé les acacias. Or ces 34 palmiers, "à la chevelure liée en faisceau" destinée à faciliter leur transport de Bordighiera à Nice, n'ont été plantés qu'entre fin mars et début mai 1864 (Journal de Nice des 26 mars, 18 avril et 19 mai 1864).

Les concerts de musique donnés au Jardin public pendant la saison d'hiver, du 5 novembre 1863 au 19 juin 1864, par le 22ème puis le 3ème Régiment d'Infanterie, les jeudis et dimanches après-midi, sont réduits pendant la saison d'été aux soirées du jeudi comme l'annonce le Journal de Nice du 19 juin 1864 (le concert du dimanche ayant désormais lieu en soirée sur le Cours).

La datation de la vue étudiée se voit donc resserrée entre avril et juin 1864. 

La photographie de Charles Nègre montre une partie du public du concert équipé d'ombrelles ou de parapluies. Du fait de l'absence d'ombres portées, il s'agit en fait de parapluies. Or le Journal de Nice décrit en détail la météo de ce printemps 1864. 

Nice, le département des Alpes-Maritimes et le Sud de la France souffrent de sécheresse en avril (Journal de Nice du 14 mai 1864). Quelques orages ont cependant lieu en mai et c'est probablement dans cette période que la photographie de Charles Nègre a été prise, lors d'un concert du 3ème Régiment d'Infanterie. Il s'agit peut-être du jeudi 12 mai ou du dimanche 22 mai 1864, entre 14h 30 et 16h 00 (Journal de Nice des 14 et 23 mai 1864).





vendredi 14 octobre 2022

1266-FURNE FILS & H.TOURNIER-DE QUAND DATENT LES VUES DE NICE ?

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



Image 1- FURNE Charles Paul (1824-1875) & TOURNIER Henri Alexis Omer (1835-1885), De Nice à Gênes par la corniche - N°5, Nice, Vue prise du Château vers le Mont-Chauve (non datée), détail, 
vues stéréoscopiques albuminées de 7x7,3 cm, sur carton de 17,5x8,4 cm, 
Collection personnelle.


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 25/10/2023





INTRODUCTION


Les photographes-éditeurs et imprimeurs Charles Paul Furne (1824-1875) et Henri/Henry Alexis Omer Tournier (1835-1885) ont diffusé, sous le nom de "Furne Fils & H. Tournier", deux séries de stéréoscopies qui se suivent, "De Nice à Gênes par la Corniche" (vues 1 à 50) et "De Gênes à Florence" (vues 51 à 126).

La date de ces deux séries est très discutée (entre 1857 et 1861), les historiens français optant souvent pour une datation "vers 1859" et les chercheurs italiens pour une datation "vers 1860". 

Ces deux séries sont listées et détaillées dans un Catalogue intitulé "Photographie - Furne Fils et H. Tournier" dont deux exemplaires conservés ne comportent pas de date d'édition mais uniquement une indication portée au tampon manuel rouge, "1860" (BnF, ici) et "1861".

L'année de réalisation de ces séries va être recherchée au travers de l'étude de la vue intitulée, N°5 - Nice, Vue prise du Château - Vers le Mont-Chauve (Image 1 ci-dessus).


 

VUE N° 5


Description

Cette vue générale sud-est/nord-ouest, prise depuis la terrasse du Château, capture au premier plan le Cimetière du Château. Elle montre ensuite la partie nord de la ville avec sur la rive gauche du Paillon la Vieille Ville et la Place Victor et sur la rive droite la Colline de Carabacel, avant de dévoiler le cirque des montagnes environnantes (Images 1 ci-dessus et 2 ci-dessous).

Le premier élément qui peut être daté avec précision est le petit bâtiment de plan carré qui est présent dans l'allée du Cimetière du Château (Image ci-dessous). Il s'agit de la loge du gardien dont la construction s'est achevée en février 1859 (L'Avenir de Nice du 25 février 1859).


Image 2- FURNE Charles Paul (1824-1875) & TOURNIER Henri Alexis Omer (1835-1885), De Nice à Gênes par la corniche - N°5, Nice, Vue prise du Château vers le Mont-Chauve (non datée), détail,
vues stéréoscopiques albuminées de 7x7,3 cm, sur carton de 17,5x8,4 cm, 
Collection personnelle.



Sur la gauche de l'image, au pied de la partie orientale de la Colline de Carabacel, le long de la route de Saint-Barthélémy (futur boulevard Carabacel), s'échelonnent notamment, d'est en ouest et sur deux lignes parallèles, les maisons construites sur le lotissement de l'ancienne propriété du chanoine de Cessole.

Cette propriété, complantée d'agrumes dans sa partie basse et d'oliviers dans sa partie haute, appartenait en effet au chanoine Eugène Spitalieri de Cessole, abbé de Saint-Pons (Nice 1784-Nice 1864) depuis le 24 novembre 1855 (jugement du Tribunal civil de Nice). Elle était limitée au sud par la route de Saint-Barthélémy (dite aussi route du Ray et d'Aspremont) et comprenait des bâtisses à son extrémité orientale, près du chemin dit montée de Cimiez.

Les terrains à bâtir ont été acquis successivement par :

- Marie Boïldieu épouse Fighiera (née en 1813 à Toulon) le 14 juillet 1857, 

- par Antoine Francinelli (né en 1821 à Montefano) le 23 juillet 1857, 

- par Gabrielle Carrand veuve Joly (née en 1806 à Lyon) le 23 mars 1858 

- et par Antoine Marion (né en 1817 à Tournon-sur-Rhône) le 23 mars 1858 également. 

Dans la Revue de Nice du 1er octobre 1859 (p 5), on peut lire : "Sur le côteau de Carabacel, il vient de s'élever un quartier qui par l'élégance de ses constructions, autant que par la situation des lieux, est certainement un des plus beaux et l'un des plus salubres de tout le pays".

La Villa Boïeldieu est l'unique sujet de la vue N°6 de la série de Furne Fils et H. Tournier du fait de la renommée de cette famille de musiciens, notamment le grand-père et l'oncle de Marie Claire Boïeldieu, les compositeurs François Adrien Boieldieu (1775-1834) et Adrien Boieldieu (1815-1883). 

Cependant, malgré le titre, ce n'est pas la Villa Boïeldieu qui a été photographiée mais les villas qui sont situées derrière elle (Image 3).



Image 3- FURNE Charles Paul (1824-1875) & TOURNIER Henri Alexis Omer (1835-1885), De Nice à Gênes par la corniche - N°6, Nice, Villa Boeldieu (sic) (non datée), détail,
vues stéréoscopiques albuminées de 7x7,3 cm, sur carton de 17,5x8,4 cm, 
Vienne (Autriche), Albertina Museum, Foto GLV2000_17730.

Le titre est erroné. Cette vue ne montre pas la Villa Boïeldieu mais les deux premières
 des quatre Villas Joly, accostées sur la droite de la Villa Francinelli.



Ce sont les dates de construction des Villas Joly qui vont plus particulièrement retenir notre attention car deux des villas apparaissent en construction sur la vue N° 5 (Image 2), alors que les deux autres sont déjà terminées sur cette même vue mais également sur la vue N° 6 (Image 3).


Les Villas Joly

Gabrielle Carrand est née à Lyon le 16 février 1806. Âgée de vingt-et-un ans, elle a épousé dans cette même ville, le 19 septembre 1827, Etienne Joly (né le 14 novembre 1791), avec lequel elle a eu trois enfants. Son mari est cependant décédé à Lyon le 23 mai 1845, à l'âge de 53 ans. 

Dans les années 1850, la veuve Joly habite désormais Nice, dans la même ville que sa fille Anne Joly (née à Lyon le 21 juin 1830), mariée depuis le 1er janvier 1850 à l'architecte Jacques Nicolas (né à Nice le 26 avril 1811) et mère de trois enfants 

Le 23 mars 1858, Gabrielle Carrand veuve Joly achète au chanoine Eugène Spitalieri de Cessole une parcelle de terrain située au quartier de l'Empeirat, au pied de la colline de Carabacel, le long du chemin sud de Saint-Barthélémy, entre les propriétés Boïeldieu au sud-est, Francinelli au nord-est, Don Bosco à l'ouest et Belli de Venanson au nord (AD06, 023/220, fol. 454-456). 

Dès l'achat de ce terrain, le projet de la veuve Joly est de faire construire un ensemble de villas de rapport sous la direction de son gendre, l'architecte Jacques Nicolas (qui réalise notamment la construction de la Villa Boïeldieu voisine). 

Elle entreprend ainsi la réalisation d'une première villa puis emprunte à plusieurs reprises à Pierre Jacques Audiffret (Jausiers c.1781-Nice 1865), afin de poursuivre la réalisation de trois autres villas. 

En garantie, la veuve Joly hypothèque le terrain et dresse à chaque fois l'état des lieux des "maisons construites, en construction et à construire", dans les actes notariés des 12 juillet et 22 octobre 1859 et des 16 janvier et 28 novembre 1860 (AD06, 03E 007/007, fol. 232-233 et 293-295 ; 03E 007/008, fol. 9-10 et 137-138).

En juillet et octobre 1859, ce sont deux villas qui sont attestées alors que la troisième est dite "encore en en construction". En janvier 1860, ce sont cette fois trois villas qui sont citées puis quatre en novembre 1860.


Image 4- FURNE Charles Paul (1824-1875) & TOURNIER Henri Alexis Omer (1835-1885), De Nice à Gênes par la corniche - N°5, Nice, Vue prise du Château vers le Mont-Chauve (non datée), détail,
vues stéréoscopiques albuminées de 7x7,3 cm, sur carton de 17,5x8,4 cm, 
Collection personnelle.

Deux des Villas Joly, la villa sud et la villa nord-ouest sont encore en construction.
Les villas voisines sont pour leur part terminées (voir également l'Image 3).




Entre fin mars 1858 et fin novembre 1860, soit en l'espace de 2 ans et 8 mois, les quatre villas ont donc été érigées. Leurs bâtiments sont décrits dans les actes notariés précités ainsi que dans plusieurs actes postérieurs dont celui de la vente de la propriété par Gabrielle Joly à son gendre Jacques Nicolas (veuf depuis le 25 janvier 1863), le 15 avril 1865 (AD06, 007/016).

Il ressort de ces descriptions que les quatre villas s'échelonnent sur deux lignes, l'une d'entre elles au bord du chemin et les trois autres en arrière. Ces trois villas existent encore de nos jours sous le nom de Villa Beau-Site, la quatrième ayant cédé la place en 1879 à la Villa Mayrargue(s) au bord du boulevard Carabacel (actuel Hôtel Impérial). 

Les photographies contemporaines montrent que les trois Villas Joly situées à l'arrière sont pourvues de balcons et surtout de corniches ondulantes en stuc qui vont faire leur renommée dans les guides touristiques postérieurs. La villa sud offre quant-à-elle un portique ondulant et une terrasse supérieure rectiligne mais ornée de figures féminines allégoriques et de grands vases en stuc. 

Deux photographies, antérieures à la vue étudiée, une vue stéréoscopique de Joseph Silli (1826-1884) conservée dans une Collection privée (automne 1858) et une vue transparente pour lanterne magique de J. Lévy (Isaac Lévy, dit Georges, 1833-1913) conservée au Eastman Museum de Rochester (Etat de New York) (Fonds Ferrier, printemps 1859), permettent de vérifier l'ordre chronologique de construction des Villas Joly en lien avec leur emplacement géographique respectif (Image 5 ci-dessous).


Image 5- J. LEVY (1833-1913), Vue panoramique de Nice, printemps 1859,
transparent gélatino-argentique de 8,3x10,2 cm, édition postérieure,
Rochester, Eastman Museum, 1988.0403.0365,
Courtesy of the George Eastman Museum.

Le cadrage effectué par le photographe ne permet pas de vérifier la présence ou l'absence de la loge du gardien du cimetière (achevée en février 1859) qui aurait pu permettre de confirmer la datation de cette vue.




La vue de Joseph Silli (vers fin 1858) et celle de J. Lévy (vers début 1859) montrent seulement deux des Villas Joly. 

Celle qui est située au centre-nord du terrain, est couverte et semble quasiment terminée (gros œuvre) mais elle comporte encore quelques échafaudages sur ses façades et est encore dépourvue de fenêtres et volets. Celle qui est située au nord-est du terrain est visiblement en construction (Image 6 ci-dessous).


Image 6- J. LEVY (1833-1913), Vue panoramique de Nice, détail, printemps 1859,
transparent gélatino-argentique de 8,3x10,2 cm, édition postérieure,
Rochester, Eastman Museum, 1988.0403.0365,
Courtesy of the George Eastman Museum.

Cette vue a été prise par la Maison "Ferrier Père, Fils et Tournier" à l'époque où J. Lévy était leur assistant. Ce dernier a ensuite été l'un de leurs successeurs, "M. Léon & J. Lévy" et a exploité et enrichi leur fonds.

La vue montre les deux premières Villas Joly en construction
 et les emplacements encore vacants des deux suivantes.




Du fait que la vue N° 5 de Furne Fils et H. Tournier montre l'ensemble des quatre villas dont deux encore en construction, cela permet de penser que :

- la première villa a été érigée au centre-nord du terrain (deuxième ligne) dès avril 1858 et a probablement été terminée l'hiver suivant, au début de l'année 1859 ; elle est composée d'un rez-de-chaussée surmonté de deux étages et d'une façade sud de couleur bleue, percée de sept baies par niveau (Villa située à gauche sur l'Image 3) ;

- la deuxième villa a probablement été commencée quelques mois après la première, durant l'automne 1858, au nord-est du terrain (deuxième ligne) ; elle a été achevée (gros œuvre) au plus tard à la fin du printemps suivant car elle est citée dans l'acte du 12 juillet 1859 ; elle est dite "grande" et composée d'un rez-de-chaussée surmonté d'un entresol, de deux étages et d'un belvédère, et présente une façade sud couleur lilas, percée également de sept baies par niveau (Villa située au centre sur l'Image 3) ;

- la troisième villa a été commencée au printemps 1859, au nord-ouest du terrain (deuxième ligne), à l'époque de l'achèvement (gros œuvre) de la deuxième ; elle est citée en construction dans les actes du 12 juillet et du 22 octobre 1859 et a probablement été terminée au plus tard au printemps 1860 ; elle offre un rez-de-chaussée surmonté de deux étages et une façade sud percée de cinq baies par niveau ;

- enfin, la quatrième villa a été érigée au sud-est du terrain (première ligne, en avant de la deuxième villa), entre le début de l'année 1860 (absente de l'acte du 16 janvier 1860) et la fin de l'année 1860 car elle est citée dans l'acte du 28 novembre 1860 ; comme la précédente, elle offre un rez-de-chaussée surmonté de deux étages et une façade sud percée de cinq baies par niveau.

Le plan de la ville de Nice signé du 12 septembre 1860 confirme cet état des lieux (Image 7 ci-dessous).


Image 7- Plan de la Ville de Nice, détail de la colline de Carabacel, 12 septembre 1860
Nice, Archives Municipales, 1Fi 001/18.

Les indications en rouge sont les modifications prévues par le Plan régulateur avec notamment le tracé du futur boulevard Carabacel bordé d'arbres (1864-1866).

Les indications en blanc ont été ajoutées pour identifier une partie des éléments présents dont la Villa Marion (1858-1859), la Villa Francinelli (1857-1858), la Villa Boïeldieu (1857-1858) les quatre Villas Joly (1858-1860) et le nouvel Hôpital civil Saint-Roch (1853-1859), situé au sud-ouest du chemin de Saint-Barthélémy.




La vue étudiée de Furne Fils et H. Tournier montre la troisième villa (nord-ouest) de la propriété Joly en fin de travaux, couverte et badigeonnée mais encore dépourvue de volets, et la quatrième villa (sud) en cours de travaux, ni couverte ni badigeonnée (dernier niveau en construction), ce qui semble impliquer une date au premier semestre 1860 (printemps ?) (Image 8 ci-dessous).


Image 8- FURNE Charles Paul (1824-1875) & TOURNIER Henri Alexis Omer (1835-1885), De Nice à Gênes par la corniche - N°5, Nice, Vue prise du Château vers le Mont-Chauve (non datée), détail,
vues stéréoscopiques albuminées de 7x7,3 cm, sur carton de 17,5x8,4 cm, Collection personnelle.
Deux des Villas Joly, la villa sud et la villa nord-ouest sont encore en construction.
Les villas voisines sont pour leur part terminées.





ÉPILOGUE


La série "De Nice à Gênes par la Corniche" diffusée par Furne Fils & H. Tournier a donc débuté à Nice au cours du premier semestre 1860 (printemps ?) et s'est continuée jusqu'à Gênes. 

La série "De Gênes à Florence", si sa numérotation n'est pas artificielle, a pu être réalisée dans les semaines suivantes.



ADDENDA


Voici une publicité parue dans la Revue Européenne du 1er novembre 1861 et dans la Revue des Deux-Mondes du 15 décembre 1861. Elle met en évidence deux éléments : la série De Nice à Gênes est citée et l'association "Furne Fils et H. Tournier" n'existe plus.

Il est nécessaire de s'interroger sur la durée de cette association car elle apparaît antérieure au décès de Charles Furne Père (1794-1859) et date probablement de l'année 1857 ou du tout début de l'année 1858.

Les deux hommes sont admis le 18 avril 1858 en tant que membres de la Société Française de Photographie et "font hommage à la Société d'épreuves destinées tant à sa collection qu'à la vente qui doit avoir lieu prochainement" de "plusieurs reproductions de tableaux et gravures" (Bulletin de la S.F.P. 1858 p 113 et p 154). 

Les premières séries régionales semblent seulement éditées au second semestre 1858, "Vues de Bretagne, phot. par Furne fils. Paris, Furne fils et Tournier" (Courrier de la Librairie pour la France et l'Etranger du 28 août 1858 p 771) et, Provence et Languedoc, "200 planches photographiques pour stéréoscope. - Paris, Furne fils et Tournier" (La Photographie du 31 octobre 1858 p 2).


- Publicité parue dans la Revue Européenne du 1er novembre 1861, vol. 18, n° 67 p 208.

Un cadre rouge a été ajouté à l'image pour attirer l'attention sur certaines parties du texte.






mercredi 12 octobre 2022

1265-ARCHIVES : BLOGS DE L'ÉCOLE DE DESIGN NANTES ATLANTIQUE

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


JAMES TURRELL, ATEN REIGN, MUSÉE GUGGENHEIM, NEW-YORK, 2013.



ÉCOLE DE DESIGN

NANTES ATLANTIQUE

BLOGS DES ÉTUDIANTS DE 2ÈME ANNEE

ARCHIVES 2016-2019


UN CHOIX D'ENTRÉES AVEC SOMMAIRE EN BAS DE PAGE


OPTION ARCHITECTURE D'INTÉRIEUR



 - OPTION ESPACE SCÉNOGRAPHIÉ



 - OPTION TRANSPORT



VOIR AUSSI

http://blogs.lecolededesign.com/





dimanche 2 octobre 2022

1264-DEYDIER ERNEST (?-?), RAPHAELLI-QUILICI LÉON (c.1831-?), PHOTOGRAPHES

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


 - ANDRIEU Jean (1816-apr.1876), Nice, La plage, 569, début 1863,
avec au premier plan l'arrière de l'ancienne Pension Clerissy,
 Carte de visite de 6,6x9,7 cm, Collection personnelle. 


DERNIERE MISE A JOUR DE CET ARTICLE : 14/04/2023


Suite de la Liste des Photographes niçois du XIX° siècle.


- Ernest DEYDIER (?- ?), actif dans les années 1860


NICE

Ce photographe est cité à Nice à deux reprises dans les archives notariales de Maître Charles Arnulf, en lien avec la succession de l’abbé Vitalin Chiais (1816-1865). 

Ce dernier était propriétaire des bâtiments de l’ancienne Pension Clerissy située au pied de la Colline du Château, avec son jardin en amphithéâtre et sa célèbre Tour Bellanda dominant la Baie des Anges (voir l'image ci-dessus ; bâtiments conservés de nos jours).

La première mention apparaît dans un acte du 17 juillet 1865 recensant les papiers du défunt : "Un bail sous seing privé sur timbre du 15 juin 1864 par M. l’abbé Chiais à M. Ernest Deydier représentant la maison L. et E. Pavin de Lafarge de Viviers, d’un petit appartement au 3ème étage au-dessus de l’entresol, dépendant de la maison habitée par M. Chiais [côté sud], pour deux ans à partir du 29 septembre 1864, au prix de 400 francs" (AD06, 03E 023/251 fol.169v).

Le photographe est à nouveau cité pour ce même bail lors d’une expertise de la maison, le 4 février 1867 : "Le bail Didier (sic) existait mais si le prix a été fixé à 400 fr, c’est pour l’exercice de la profession de photographe qui avait droit de poser soit dans le jardin, soit sur la tour, avec toutes les machines pour prendre des vues, toutes fois et quand plairait au locataire" (AD06, 3U1 1134 fol.571v).


RECHERCHES

La mention d'un photographe dans des archives notariales niçoises non dépouillées laisse penser que d’autres noms de photographes, absents des annuaires, des listes électorales, des journaux et des actes d’état civil de la Ville de Nice, peuvent y être découverts.

Toutes les recherches visant à retrouver des éléments biographiques concernant Ernest Deydier sont malheureusement restées infructueuses. 

La présence d’Ernest Deydier à Nice de 1864 à 1866 (seulement d'octobre à mars ?) est originale, par le fait qu’il se soit installé auprès de la Tour Bellanda mais surtout par le fait qu’il ait été missionné par l’entreprise de chaux hydraulique des Frères Léon (1806-1877) et Edouard (1816-1890) Pavin de Lafarge, de Viviers et Le Teil (Ardèche, près de Montélimar).

Cette célèbre entreprise nationale, fondée par leur père, a pris de l’ampleur grâce à l’énorme commande reçue à l’occasion de la construction du Canal de Suez en 1864 justement, mais ses expéditions de chaux avaient lieu depuis 1833, notamment dans les ports de Marseille, Toulon et Nice.

Malgré la lecture de nombreux ouvrages et articles, je n’ai pas réussi à comprendre l’intérêt pour une entreprise de chaux hydraulique de missionner un photographe à Nice, sauf si ce dernier avait une mission principale, autre que celle de photographier les touristes (utilisation de la chaux dans l'endiguement du Paillon ?).

Aucune photographie signée du nom de Deydier n’est connue.


DIDIER OU DEYDIER ?

Au début de ma recherche, je n’avais rencontré que le nom du photographe cité dans l’acte de 1867 ("Didier"). Une recherche plus systématique dans les archives du même notaire m’a ensuite révélé, l’acte de 1865, avec une autre orthographe et le prénom ("Deydier Ernest").

Jean-Marie Voignier dans son ouvrage, Répertoire des Photographes de France au Dix-neuvième siècle (1993), cite plusieurs photographes du nom de "Didier" et un seul du nom de "Deydier". Après vérification, aucun de ces photographes ne correspond. 

"Deydier J. ph. Pont Saint Esprit (Gard)", malgré l’initiale de l’un de ses prénoms, était le plus susceptible de correspondre, du fait de sa proximité géographique avec l’Ardèche. Le nom de "Deydier" étant sur-représenté en Ardèche et dans les départements limitrophes, je livre ci-dessous le fruit de mes recherches.


DEYDIER JEAN BAPTISTE (1848-1881)

Jean Baptiste Deydier est né le 12 septembre 1848 à Avignon (Vaucluse). Il est le fils de Laurent Thomas Deydier, marchand de vins (décédé en 1866 à Avignon) et de Marie Flavie Flavier (née vers 1814).

La fiche militaire (1869) de Jean Baptiste Deydier, le dit "menuisier" à ses 20 ans. A 25 ans, il est désormais "photographe" à Pont-Saint-Esprit. En effet, le 28 mai 1874, il épouse dans cette ville, Marguerite Joséphine Tournel, 17 ans et demi (domiciliée à Pont-Saint-Esprit où elle est née).

Le jeune couple semble ensuite quitter Pont-Saint-Esprit pour Avignon (absent du recensement de 1876). Malade, Jean Baptiste Deydier est cependant réformé puis rayé des listes militaires dès le 23 mars 1880. "Ancien photographe", âgé de 33 ans, il décède à Avignon le 16 octobre 1881.




- Léon RAPHAELLI-QUILICI (c.1831-?)


NICE

"Quilici Léon, artiste, célibataire, 30 ans" est cité dans le recensement de la Ville de Nice de 1861, rue Chauvain. Il vit avec "Raffaelli Louise, 40 ans, mariée" et sa fille "Raffaelli Emma, couturière, célibataire, 16 ans". 

Le recensement de 1866 cite ensuite ces trois personnes au 6, rue de la Buffa, "Quillici (sic) [ou "Cuillici" ?] Léon, photographe, marié, 35 ans", "Raphaëli (sic) Louise, mariée, 40 ans" et "Raphaëli Louise, 18 ans, célibataire".

L'ambiguïté des renseignements n'aide pas : Léon (né vers 1831) est dit célibataire en 1861 puis marié en 1866 ; Louise est dite mariée dès 1861 mais a 40 ans en 1866 comme en 1861 (née entre 1821 et 1826) et a une fille qui porte son nom, âgée de 16 ans en 1861 et de 18 ans en 1866 (née entre 1845 et 1848).

Le 6 novembre 1865, "Louise Raffaelli" dépose une demande d'autorisation municipale visant à "écrire le mot Photographie sur le mur du deuxième étage de la Maison Ugo qu'elle habite au 1, rue de la Buffa" et signe "Luisa Raffaelli". Elle sollicite également l'autorisation "d'apposer deux tableaux mobiles de vues photographiées (de 80x60 cm), l'un sous les arcades du Café des Alpes-Maritimes place Masséna et l'autre au coin de la rue de Croix-de-Marbre et rue Masséna" (AM, 2T21-418).

Louise Raffaelli est-elle photographe ou aide-t-elle seulement son conjoint dans les démarches administratives ? Le 21 octobre 1867, c'est avenue du Prince Impérial, Maison Warrick/Warrich (parfumeurs-distillateurs), qu'elle souhaite désormais faire l'inscription, "Parfumerie de Nice", sur l'enseigne de son magasin.

Une publicité paraît dans le Journal de Nice de décembre 1867 à janvier 1868 (p 4) : "Etrennes - Parfumerie - De Nice - Articles de Luxe - L. Raffaelli - Avenue du Prince Impérial, maison Warrick".

Les noms de Léon Quilici et de Louise Raffaelli restent absents des annuaires (liste des photographes et liste des habitants). Leurs patronymes sont assez rares à Nice dans le troisième quart du XIX° siècle, avec des familles généralement issues d'Italie ou de Corse. 

Léon Quilici et Louise Raffaelli sont-ils mari et femme ? Léon porte-t-il les deux noms de Quilici-Raffaelli (noms de ses mère et père corses ?) mais n'affiche-t-il que l'un des deux ?

Il existe en effet une publicité pour l'atelier de photographie de "M. Raphaelli" (sic) situé au 9, rue Vieille du Temple (quartier de la Buffa), qui paraît dans le Journal de Nice en mars 1869.


- Publicité parue dans le Journal de Nice du 5 au 17 mars 1869 p 4, 

Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



Si Léon se nomme "Quilici-Raffaelli", il peut être le mari de Louise au nom de jeune fille inconnu. Il peut, de même, être le très jeune père d'Emma ou celui qui l'a reconnue.

Si Léon se nomme "Quilici", il peut être célibataire et vivre en concubinage avec Louise Raffaelli dont il adopte le nom pour son atelier de photographie.

A ce jour, aucun carton-photo niçois portant ce nom n'est connu.

La famille n'apparait plus dans les recensements suivants et n'est plus citée par la suite. Il est possible qu'elle ait quitté Nice entre 1869 et 1872. 

La suite de la vie et de la carrière de Léon, de Louise et d'Emma restent inconnues, comme leur date et lieu de décès.

[Le photographe "Quilici" qui officie au 21, rue de Trévise à Paris (9ème arrondissement), ainsi qu'au 26-28, rue Allard à Saint-Mandé (Val-de-Marne) dans les années 1890 et le tout début du XX° siècle, est un homonyme. Il se prénomme (après recherche) "Pierre", et décède accidentellement le 28 avril 1903 à Saint-Mandé].


VOIR LA LISTE DES PHOTOGRAPHES ÉTUDIÉS