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lundi 20 mai 2024

1343-NICE, AVENUE DE LA GARE : ÉTUDE D'UNE VUE DE LA FIN DU XIX° S.

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Avenue de la Gare, recto,
tirage de 14,8x9,7 cm, sur carton de 16,8x11 cm, Collection personnelle.



PRÉSENTATION


Eugène Degand [1829-1911] est l'un des photographes majeurs de la ville de Nice au XIX° siècle (voir sa biographie, ici). Sa production permet de documenter l'évolution des lieux de 1865 à 1895. Il est notamment l'auteur de la photographie ci-dessus intitulée, Nice Avenue de la Gare (Image 1)

C'est une vue de la longue et large avenue créée suite à l'Annexion française, au début des années 1860, afin de mettre en communication les rives du Paillon et la gare de chemin de fer, alors en construction, et de servir d'axe majeur au développement de nouveaux quartiers.

Sa création a été décidée sous le nom "d'avenue du Prince-Impérial" au printemps 1861, a été entamée l'été 1862, ouverte en septembre 1864, éclairée au gaz en janvier 1866 et bordée de bancs et plantée d'arbres en avril 1871.

Elle a ensuite porté le nom "d'avenue de la Gare" (de novembre 1870 à novembre 1918), "d'avenue de la Victoire" (de novembre 1918 à octobre 1966) puis "d'avenue Jean Médecin" (d'octobre 1966 à nos jours).

Peu de photographies de cette avenue datant des années 1860 aux années 1880 sont connues mais celles des années 1890 sont plus nombreuses, notamment du fait des cartes postales éditées à la fin de la décennie. 

Les photographies de l'avenue de la Gare ciblent le plus souvent l'extrémité sud de l'avenue, du côté de la place Masséna, ou bien les abords de l'église Notre-Dame. Les vues des abords de l'Hospice de la Charité, au croisement des boulevards Dubouchage et Longchamp (actuel boulevard Victor Hugo depuis juin 1885) ou de l'extrémité nord de l'avenue de la Gare restent rarissimes.

Le verso du carton de l'image étudiée affiche le nom du photographe, précédé des armoiries de la Couronne britannique et suivi de la mention du brevet de la Reine d'Angleterre (obtenu en 1882) puis les adresses de son atelier et de ses magasins, la mention de ses vues de la région et, en très petits caractères, le nom du cartonnier (Image 2).


2- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Avenue de la Gare, verso,
carton de 16,8x11 cm, Collection personnelle.



L'adresse de l'atelier, "Rue Cotta, 14", renvoie aux années 1889-1896 et le nom du cartonnier, "L. & D. Paris", aux années 1889-1894. Le tirage peut donc être daté du début des années 1890. 

Cela n'implique pas obligatoirement une date de prise de vue contemporaine car Eugène Degand est connu pour avoir fait, d'après ses clichés, des tirages renouvelés sur plus d'une décennie, avec des cartons portant des adresses successives. Cependant, la vue étudiée n'est  actuellement connue qu'avec des cartons présentant cette seule adresse.



DESCRIPTION


Le photographe s'est positionné près du trottoir opposé à celui de l'église Notre-Dame, afin de montrer la façade de l'édifice religieux et s'est installé directement sur la voie afin de capturer une vue nord-est/sud-est qui accentue la perspective de l'avenue et de ses rails de tramways. 

Les lieux sont ensoleillés. C'est le matin, comme le révèlent notamment les ombres portées des arbres au feuillage peu fourni (avril ?). De nombreux piétons occupent les trottoirs. Une voiture de place se rapproche du photographe, alors qu'une voiture de tramway hippomobile va dans l'autre sens.

Sur le trottoir situé à gauche de l'image (numéros pairs), des arbustes en pots sont présents à hauteur du Couvent des Augustines (n° 48 hors-champ), alignés comme le sont les réverbères, les platanes et les bancs qui se continuent au pied des immeubles, au-delà de la rue Notre-Dame.

Ces mêmes éléments se répètent sur le trottoir d'en face (numéros impairs). Cependant, près de l'église Notre-Dame, la ligne de platanes est interrompue pour ne pas en masquer la façade tripartite, une Fontaine Wallace à cariatides (en fonte verte) est présente du côté nord, près de l'angle de la rue de Rome (actuelle rue de Suisse), et une Colonne Morris (en fonte verte), est visible du côté sud, à l'angle de la rue d'Italie.

Les immeubles les plus proches affichent cinq niveaux, avec des boutiques en rez-de-chaussée. En zoomant fortement dans l'image, on peut lire partiellement les inscriptions présentes.

Le long du trottoir de gauche, au rez-de-chaussée de l'immeuble érigé vers 1877-78, à l'angle de la rue Notre-Dame, on peut lire, sur la tenture de la boutique, "...D'ANGLETERR.", identifiant le commerce de modes (nouveautés et lainages), "Aux Armes d'Angleterre", situé au n° 46, 

Un peu plus loin, sur l'enseigne d'une maison basse, érigée également à la fin des années 1870, on peut lire, "...IERE TOUR..." ("Bière Tourtel"), identifiant la brasserie des célèbres Frères Tourtel (de Tantonville, Meurthe-et-Moselle, au sud de Nancy), au n° 42 ou 42bis (Image 3).


3- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Avenue de la Gare, détail du recto,
détail de l'Image 1 ciblant l'angle de la rue Notre-Dame,
tirage de 14,8x9,7 cm, sur carton de 16,8x11 cm, Collection personnelle.



Sur le trottoir opposé, seules sont lisibles les inscriptions de l'immeuble situé à l'angle de l'avenue de la Gare (au n° 29 puis 37) et de la rue d'Italie, érigé vers 1876 (Image 4) :

- au rez-de-chaussée, côté avenue de la Gare, sur la tenture d'angle du rez-de-chaussée, "...ERES" ("Bières" ?)

- au rez-de-chaussée, côté rue d'Italie, "CAFÉ..." identifiant le "Café de la Rotonde",

- et au 1er étage, côté rue d'Italie, "Grande Agence", identifiant une Agence de location immobilière, située à ce même niveau.


4- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Avenue de la Gare, détail du recto,
détail de l'Image 1 ciblant l'angle de la rue d'Italie,
tirage de 14,8x9,7 cm, sur carton de 16,8x11 cm, Collection personnelle.



DATATION


La création de la rue d'Italie date de la fin des années 1860 mais la voie n'a reçu ce nom qu'au milieu des années 1870 et n'a été officiellement ouverte que vers 1879. La rue ou avenue Notre-Dame, envisagée dès le milieu des années 1870 et présente dans les annuaires et les plans de cette période, n'a été pour sa part officiellement ouverte que vers 1880. 

Certains éléments urbains induisent une vue datant au plus tôt de la fin des années 1870, comme la Fontaine Wallace (installée début 1879) et la voiture du tramway (ligne ouverte le 31 août 1880) mais d'autres semblent indiquer une date postérieure, comme la Colonne Morris (installée dans la seconde moitié des années 1880).

Les immeubles situés à l'angle de la rue Notre-Dame et de la rue d'Italie ont été construits dans la seconde moitié des années 1870 (vers 1876-1878) et le commerce du Café de la Rotonde y a été ouvert en 1877 ou 1878 et celui de la Brasserie Tourtel, entre 1879 et 1883. 

D'autres commerces sont plus tardifs et impliquent l'extrême fin des années 1880 ou le tout début des années 1890, comme l'Agence de Location, créée en 1889 mais appelée "Grande Agence", lors de sa cession en 1890, ou la boutique "Aux Armes d'Angleterre", qui a quitté la rue du Pont-Neuf pour ce nouvel emplacement en 1891.

La vue étudiée ne peut donc pas être antérieure à 1891 ni postérieure à 1897 car, à cette date, la boutique de vêtements et confections, "Thiery Aîné et Sigrand", va occuper l'intégralité de l'immeuble d'angle de la rue d'Italie (au n° 37) et faire disparaître tout à la fois le "Café de la Rotonde" et la "Grande Agence" de Location.

Si l'on recoupe les conclusions déduites du carton photographique (1889-1894), avec celles déduites de l'étude de la photographie (1891-1897), la datation de l'ensemble se voit resserrée entre 1891 et 1894.

A ces dates, plusieurs commerces sont présents au rez-de-chaussée des immeubles étudiés mais ne sont pas visibles sur la photographie, notamment un marchand de comestibles au n° 37 et un bazar et une pharmacie au n° 46.

Ce sont alors MM. Félix Appy puis Burle (1891) et enfin Bussy/Buzzy (dès 1892) qui tiennent le "Café de la Rotonde" au n° 37, M. César Brun (né c.1833) qui dirige la "Grande Agence" de location au n° 37, M. Jules Bermond-Fournier (1846-1911) qui tient le magasin de modes "Aux Armes d'Angleterre" au n° 46 et M. Achille Ravel (né en 1846) qui est le gérant de la brasserie de Tantonville "Bière Tourtel" au n° 42 ou 42bis (Image 5).


5- Publicités parues dans l'album jaune de l'Annuaire des Alpes-Maritimes de 1891, p 4 et 7,
Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes.



En dehors de l'église Notre-Dame, les bâtiments évoqués ont désormais disparu, ayant cédé la place, au XX° siècle, à de nouveaux immeubles.




mardi 14 mai 2024

1342-VERS UNE CHRONOLOGIE DU CHANTIER DE NOTRE-DAME DE NICE

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



INTRODUCTION


L'histoire de la construction de l'église Notre-Dame de Nice a été relatée par Gilles Bouis, archiviste du Diocèse de Nice, dans un article intitulé, "Notre-Dame de Nice, une paroisse pour la colonie étrangère" (Nice Historique, 2005 pp 153-163). 

Suite à l'Annexion française, Monseigneur Sola [1791-1881], évêque de Nice, élabore dès 1861 un projet de grande église catholique sur la rive droite du Paillon, avant même le développement des quartiers de Longchamp. Il en confie la tâche, en 1862, au Révérend Père Lavigne [1816-1874]. 

Une souscription est ouverte et les plans de l'édifice sont dressés dès 1863 par l'architecte parisien Charles Lenormand [1835-1904]. 

La municipalité achète les terrains nécessaires sur l'avenue du Prince-Impérial (actuelle avenue Jean Médecin) pour soutenir le projet. La pose de la première pierre de l'église Notre-Dame des Malades y a lieu le 12 mars 1864 (Image 1).


1- Pose de la première pierre de l'église Notre-Dame-des-Malades à Nice
estampe parue dans L'Illustration du 23 avril 1864 p 272.



L'église néo-gothique envisagée doit être constituée d'un chœur à déambulatoire ouvrant sur 7 chapelles rayonnantes, de 3 nefs élancées accostées de 12 chapelles latérales et d'une façade percée de 3 portails à sa base et dominée par 2 tours pourvues de hautes flèches (Image 2).

Les difficultés financières (dès 1868), les évènements nationaux (1870-1871, avec la Guerre franco-prussienne puis la Commune), le décès du R.P. Lavigne (1874) et les dettes conséquentes vont retarder les travaux. 

La reprise du projet par la municipalité (1876) va cependant permettre l'achèvement de l'édifice vers 1879 mais sans le décor prévu des chapiteaux intérieurs ni les sculptures et les flèches des tours de façade.


2- NÉGRIN Emile (1833-1878), Notre-Dame de Nice, estampe montrant le projet initial de façade (1863),
parue dans son ouvrage, Les Promenades de Nice 1869-70, décembre 1869, p 297.

Voir également une photographie (Ministère de la Culture) d'une estampe
 du dessin de façade par l'architecte Charles Lenormand, ici.




LES ÉTAPES DU CHANTIER


Si la chronologie globale du chantier est connue (1864-1879), avec une construction effectuée du chœur (occidental) à la façade (orientale), le détail des travaux reste mal documenté et les périodes d'arrêt, sujettes à caution.

Voici les renseignements relevés dans les journaux locaux et ceux déduits des rares photos  du XIX° siècle :


1864

12 Mars : pose de la première pierre puis début rapide du chantier, avec les fondations

1865

Élévation des chapelles rayonnantes et du déambulatoire

1866

Élévation du chœur

1867

Printemps : achèvement du chœur

Été : travaux intérieurs des parties achevées (ravalement)

Élévation des trois premières travées de nef

1868

Décoration des parties achevées et achat du mobilier liturgique

3 Mai : ouverture de l'église au culte (chœur à déambulatoire et chapelles rayonnantes et des trois premières travées de nef), sous le vocable de Notre-Dame de l'Assomption

Les travaux se continuent par l'élévation des murs goutterots des quatre autres travées de nef

1869

Janvier : installation du Chemin de Croix des parties orientales

Suite des travaux de la nef

1870

Suite des travaux de la nef et début des travaux de façade

Deuxième semestre : arrêt des travaux

Placement de l'orgue cependant

L'avenue du Prince-Impérial est renommée avenue de la Gare à la chute du Second Empire

1871

Arrêt des travaux

1872

Février : reprise des travaux de la nef et de la façade

Été : couverture de la nef

1873 

Janvier : déblaiement des matériaux et échafaudages de la nef 

Construction des chapelles latérales de la nef

1874

9 Mai : décès du R.P. Lavigne

Arrêt des travaux du fait de dettes considérables

Novembre : placement de vitraux cependant

1875

Arrêt des travaux

1876

8 avril 1876 : après deux ans de tractations, l'église est érigée en paroisse, l'édifice étant repris par la municipalité avec une aide de l'Etat. La municipalité va cependant se retrouver condamnée à régler les dettes accumulées.

Arrêt des travaux

1877

Avril : reprise des travaux de la nef

Novembre : photographie de la façade prise par l'architecte Charles Lenormand (Ministère de la Culture), ici 

1878

Avril : les voûtes de la nef sont encore inachevées (étais)

Couverture des tours de façade, les flèches ayant été abandonnées 

Le projet de décor sculpté des portails (tympans et statues) et des chapiteaux intérieurs est également abandonné

Octobre : la décoration intérieure de la nef est encore inachevée ; les échafaudages du sommet des tours sont encore présents sur la façade

1879

Achèvement des travaux, sans date officielle connue.

Voir une photographie (non datée) de la façade achevée, prise par l'architecte Charles Lenormand (Ministère de la Culture), ici


En résumé, le chantier a duré 15 ans, avec plus de 4 ans pendant lesquels les travaux ont été fortement ralentis ou totalement suspendus. 

Le chœur à déambulatoire et chapelles rayonnantes a érigé entre 1864 et 1868, les nefs entre 1867 et 1879 et la façade, essentiellement entre 1870 et 1874, avec un achèvement des tours en 1879.


3- KEYSTONE VIEW COMPANY (fondée en 1892), 
11764 - Notre Dame Church, Avenue de la Gare, Nice, France, 1900,
vue de la façade prise depuis l'avenue Notre-Dame,
vues stéréoscopiques de 18x9 cm, Collection personnelle.

Noter les ajouts effectués dans les années 1880 et 1890, 
tout d'abord, entre le sommet des tours, d'une statue de la Vierge,
puis au portail central, d'un trumeau (non sculpté) et d'une horloge timbrant le gâble.



SUR LE DÉTAIL DU CHANTIER DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME

LORS DES ANNÉES 1864-1868, VOIR L'ARTICLE DE CE BLOG :

CHARLES NÈGRE : VUES DE NICE DEPUIS LA GARE (ANNÉES 1860)



lundi 6 mai 2024

1341-LES FONTAINES WALLACE DE NICE

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 20/05/2024



LES FONTAINES WALLACE DE PARIS


Richard Wallace [1818-1890] est un Anglais, parent [fils naturel] du marquis d'Hertford dont il hérite la plus grande partie de la fortune, fin août 1870 (patrimoine immobilier et artistique à Londres et Paris). Âgé d'une cinquantaine d'années, il est marié à une Française et a un fils, né en France.

Présent à Paris pendant la Guerre franco-prussienne, Richard Wallace va faire, tout au long de cette période difficile, des dons considérables au profit des habitants (alimentation, soins médicaux, bois de chauffage, vêtements...). Pour ces actions, il est fait commandeur de la Légion d'Honneur par le gouvernement français (juin 1871) et se voit anobli (baronnet) par la reine d'Angleterre (août 1871). Il va continuer à faire des dons au profit des indigents.

L'été 1871, suite à la pénurie d'eau pendant le siège de Paris et la Commune, Richard Wallace conçoit le projet de doter à ses frais l'ensemble des quartiers de la ville de fontaines à boire, comme c'est le cas à Londres.

Il élabore avec le sculpteur nantais Charles Auguste Lebourg [1829-1906], deux modèles artistiques de fontaines, l'un, visible sur toutes ses faces, destiné aux boulevards extérieurs, et l'autre, destiné à être appliqué contre le mur des rues parisiennes, et prévoit une production industrielle (fonte) afin d'en limiter le coût (Images 1 et 2 ci-dessous).

Il obtient l'accord du préfet de la Seine dès le début du mois d'octobre 1871, la Ville (Ponts-et-Chaussées) s'engageant pour sa part à faire installer et alimenter ces fontaines avec l'eau pure et fraîche de la Dhuys (préférée à celle de la Seine).

La commande est passée à hauteur de 40 exemplaires de chacun des modèles en mars 1872 aux Fonderies du Val d'Osne (Haute-Marne). En juillet 1872, Richard Wallace adresse à tous les membres du Conseil municipal de Paris les photographies des modèles réalisés. 

Plusieurs Drinking fountains ou Fontaines Wallace du modèle à cariatides sont installées dès le même mois de juillet 1872 (notamment boulevard du Combat près de la rotonde de La Villette), avec une mise en service dans les derniers jours du mois. L'installation des 80 fontaines va s'échelonner sur plusieurs mois, prioritairement placées sur les voies les plus fréquentées par la population ouvrière.

Le succès est considérable et, avec les chaleurs de l'été des files d'attente se forment auprès des fontaines pour boire et remplir des récipients mais aussi se rafraîchir ou se laver les mains (l'alimentation en eau est stoppée pendant la période de gel).


1- DEROY Auguste (1823-1906), dessinateur, MORET (?-?), graveur, Les Fontaines de Sir Richard Wallace,
estampes parues dans L'Illustration du 17 août 1872 pp 103-105 (Google Books).

Voici la description de ces deux modèles telle qu'elle est formulée dans les journaux et ouvrages des années 1872-1876. Il est à noter que la plupart des fontaines affichent une teinte verte mais que, dès 1878, certaines seront repeintes en rouge :

- Image de gauche - le petit modèle (2,10 m de hauteur, 300 kg de fonte), de forme ogivale, est destiné à être appliqué au mur. L'eau s'échappe du fronton hémicirculaire placé au sommet de la fontaine, depuis la bouche d'une tête de naïade au décor de coquille, et tombe dans une coupe au long pied ornementé, appliquée entre deux pilastres ornés de tritons/dauphins renversés en relief, épaulés de consoles.

- Image de droite - le grand modèle (3m de hauteur, 600 kg environ de fonte) est destiné à figurer isolément sur les places et les avenues. Il se compose, d'un socle de trois pierres (calcaire d'Hauteville ou granit), d'un haut piédestal polygonal orné de tritons (en bas-relief) et consoles et est couronné d'un dôme (en campanile orné d'écailles et de dauphins, surmonté d'une pointe) dont l'entablement est soutenu par les corps (bras levés et têtes coiffées de volutes ioniques) de quatre cariatides d'angle de 60 cm de hauteur, de style Renaissance (Jean Goujon), qui figurent tout à la fois les Vertus et les Saisons. Du dessous de la coupole, un filet d'eau jaillit en permanence d'un petit pendentif et tombe dans une vasque marine centrale et s'écoule ensuite dans le ruisseau par le moyen d'un conduit. Aux quatre faces sont attachées, par des chaînettes, des tasses en métal destinées aux buveurs.

 Ces tasses (comme l'écuelle pour chiens fixée ensuite à la base de l'édicule) subiront des variations dans leur nombre (2 ou 4), leur forme (coquille, gobelet), leur taille, leur matière (fer battu, étain) et celle de leur chaînette. Elles subiront l'acharnement de voleurs nocturnes qui les revendront au poids pour quelques centimes. Deux autres inconvénients sont notés à l'époque : les files d'attente, lors de fortes chaleurs, qui opposent les simples buveurs aux personnes pourvues de récipients, et l'eau qui forme des flaques désagréables au pied des fontaines (une grille résoudra par la suite ce problème).



Suite à ce succès (confirmé par des estampes, des traits d'humour, des caricatures, des poèmes et chansons), Richard Wallace va passer une nouvelle commande en mai 1873 (50 fontaines dont 10 d'applique) et va continuer à répondre aux attentes des quartiers (notamment 10 nouvelles fontaines d'applique en mars 1879). 

D'autres modèles de fontaines seront élaborés à sa demande mais la mairie de Paris fera également réaliser et installer des modèles plus économiques (dépourvus de cariatides) ou de plus petites dimensions (bornes-fontaines à bouton à repoussoir, présentes notamment dans les squares dès 1878). Elles seront alimentées par les eaux très appréciées de la Dhuys, de la Vanne et d'Arcueil ou celles, moins recherchées, de la Seine et de l'Ourcq.

Dès le milieu des années 1870, ce bienfait des Fontaines Wallace va se répandre en Île-de-France (Vincennes, Boulogne, Neuilly, Saint-Mandé...), dans l'ensemble de la France puis dans le monde entier, avec prédominance du modèle à cariatides (très peu de fontaines d'applique sont d'ailleurs conservées de nos jours).


2- Fontaine Wallace, dessin du Trombinoscope,
 paru dans L'Eclipse du 19 septembre 1875 p 4
 (Retronews).

Cette caricature de Sir Wallace identifie le bienfaiteur au modèle de sa fontaine à cariatides, fusionnant corps humain et objet en fonte. Le visage (reconnaissable) est prédominant et coiffé du casque (militaire) du dôme, alors que les membres apparaissent frêles. Le protagoniste devient un porteur d'eau où les gobelets prennent la taille de seaux. Il est suivi par un chien reconnaissant qui porte une écuelle attachée par une chaînette, ce qui est conforme à la réalité, les Fontaines Wallace se dotant dès le milieu des années 1870 d'un réservoir pour chiens, suite à une forte demande relayée par la Société Protectrice des Animaux. 




LES FONTAINES WALLACE DU VAR ET DES ALPES-MARITIME


Des Fontaines Wallace dotées de cariatides vont être installées dans plusieurs villes du Sud de la France, notamment dans le département du Var (Toulon, Hyères, La Seyne-sur-Mer, Saint-Raphaël) où certaines d'entre elles sont conservées et encore utilisées de nos jours.

Cependant, la date précise de leur installation reste le plus souvent inconnue (listes établies par la Société des Fontaines Wallace, e-monumen.net, Wikipédia et des ouvrages régionaux).

Lors de mes recherches, l'installation de la "fontaine du genre Richard Wallace" de Saint-Raphaël (face à l'Hôtel des Postes [?], non conservée) a pu être datée de l'été 1882 (La Vie Mondaine à Nice du 15 août 1882) et celle de Hyères (place des Palmiers puis avenue des Îles d'Or), au plus tard de 1883 (Paul Joanne, Les Stations d'Hiver de la Méditerranée, 1883 p 50).

Dans les listes des Alpes-Maritimes, deux Fontaines Wallace seulement sont recensées, toutes deux dans la commune de La Brigue où elles sont conservées, avenue de Provence et rue Aimable Gastaud (e-monumen.net). La ville de Nice est parfois citée comme en ayant possédé des exemplaires mais avec la précision que c'est une hypothèse qui reste à vérifier (Société des Fontaines Wallace).



LES FONTAINES WALLACE DE NICE


Il existe deux photographies de la place Masséna de Nice, prises depuis la place Charles-Albert, qui révèlent la présence d'une Fontaine Wallace à cariatides sur le trottoir proche de l'entrée nord-est du Pont-Neuf (Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes 10 FI 3644 ; Collection privée) (Image 3).

Ces photographies, prises à deux moments différents, peuvent être toutes les deux attribuées à Jean Walburg de Bray et peuvent être datées vers 1881 car elles montrent le tout début des travaux de couverture du Paillon (radier destiné à accueillir le futur Casino Municipal). Les photographies des mêmes lieux, datées vers 1873, ne montrant pas cette fontaine, l'installation de cette dernière ne peut qu'être située entre les dates de 1873 et de 1881. 

Ces photographies sont précieuses car elles attestent non seulement de l'existence passée d'au moins une de ces célèbres fontaines à Nice mais fournissent également l'un des témoignages photographiques les plus anciens de ce modèle, les photographies conservées des fontaines parisiennes étant souvent postérieures à 1895.


3- DE BRAY Jean Walburg (1839-1901), Nice, La place Masséna, fin 1880-début 1881,
détail montrant l'entrée du Pont-Neuf avec, du côté nord-est, une Fontaine Wallace, 
tirage albuminé de 15,1x9,3 cm, sur carton de 16,3x10,7 cm, Collection privée.

Le fonds niçois du photographe Jean Walburg de Bray ayant été en partie repris par son assistant Jean Giletta, les photographies de la place Masséna montrant la Fontaine Wallace ont ensuite été diffusées sous ce nom et se sont notamment retrouvées dans des ouvrages du XX° siècle.



Les recherches sur la date et le nombre de Fontaines Wallace niçoises n'ayant absolument rien donné dans les ouvrages et les plans, un dépouillement systématique des journaux locaux s'est avéré nécessaire. Plusieurs articles ont ainsi permis de préciser les choses.

Lors de la séance municipale du 25 juin 1877, sous la présidence du maire, Auguste Raynaud, "le Conseil accepte avec reconnaissance (...) le don d'une somme de 10,000 francs par M. Marcelin Süe [1803-1883 ; ancien négociant en huiles et vins] pour l'érection d'une fontaine sur la place Masséna" (Journal de Nice du 19 juillet 1877).

Cependant, après étude, le lieu ne semble pas approprié, la place Masséna posant déjà des problèmes de circulation et des projets de refuges pour piétons pourvus de grands candélabres y étant prévus.

Le projet de fontaine décorative avec bassin est alors envisagé au centre de la place Charles-Albert mais là encore, le lieu semble inapproprié, cette fois du fait de l'irrégularité du terrain. Le projet se voit donc repoussé.

Parallèlement, à la fin du mois de juillet 1877, le projet depuis longtemps envisagé "d'établir au Jardin Public une fontaine dans le genre de celles de Paris afin que les enfants puissent s'y désaltérer" est validé (Journal de Nice du 1er août 1877). Le modèle n'est cependant pas précisé (borne-fontaine ? Fontaine Wallace ?) et aucun article paru dans les mois suivants ne vient confirmer son installation.

En 1878, d'autres projets de fontaines à boire semblent émerger sous la présidence du nouveau maire, Alfred Borriglione. Plusieurs fontaines se voient successivement installées dans la ville dès le début du mois de septembre 1878.

"La municipalité fait procéder en ce moment à l'installation, à titre d'essai, de trois fontaines dites Fontaines-Wallace, munies chacune de deux gobelets.

Si cette innovation, dont nous félicitons sincèrement la municipalité, obtient le succès qu'elle mérite, d'autres fontaines semblables à celles que l'on établit en ce moment au Jardin-Public et aux squares Masséna et Garibaldi, seront également établies sur d'autres points de la ville" (Le Phare du Littoral du 4 septembre 1878 ; voir également le Journal de Nice du 5 septembre 1878).

"Nous ne pouvons que féliciter l'administration d'avoir eu cette bonne idée. Mais nous lui présenterons à ce sujet une petite observation dont il importerait de tenir compte. 

Lesdites fontaines sont assaillies, durant toute la journée, par des bandes de gamins qui s'amusent, en mettant leur doigt sur le jet continu, à faire jaillir l'eau sur les passants et tout autour des fontaines qui sont, dès lors, entourées de boue et de flaques d'eau. Il serait bon que les agents de police missent ces jeunes drôles à la raison" (Journal de Nice du 12 septembre 1878).

Le Conseil municipal du 21 octobre 1878, résume l'évolution du projet et son aboutissement : 

"L'administration municipale a eu l'idée de proposer à M. Süe de changer la destination de sa libéralité et d'en appliquer le montant à l'établissement de six ou douze fontaines système Walace (sic), qui, réparties sur divers points de la ville, rendraient de plus grands services aux habitants, qu'une fontaine à laquelle on ne pourrait donner avec les ressources que des proportions très restreintes et ne serait, en définitive, qu'un ornement, tandis que les fontaines que la municipalité y substituerait présenteraient de réels avantages pour le public.

M. le maire annonce que M. Sue a bien voulu consentir à la modification qui lui était demandée et il est d'avis d'adresser à M. Sue des remerciements pour cet acte de condescendance, dont ses concitoyens lui seront reconnaissants. Le Conseil adopte à l'unanimité cette proposition" (Journal de Nice du 24 octobre 1878).

Le nombre de Fontaines Wallace reste imprécis (de six à douze) et il est difficile de savoir si les fontaines déjà installées font partie de la somme allouée par Marcel(l)in Süe ou si elles ont été séparément prises en charge par la municipalité. La proposition finale du Conseil reste également ambiguë : consiste-t-elle à adresser des remerciements à M. Süe ou à passer une nouvelle commande ?

Des précisions sont cependant apportées lors du Conseil municipal du 2 décembre 1878 : 

"La ville a fait placer trois fontaines Wallace au Jardin-Public, au square Garibaldi et au square Masséna [en centre-ville] ; deux autres fontaines en pierre ont été installées sur la route de Levens et sur la route de Gênes [au nord de la ville]. Les travaux de canalisation et de pose des appareils ont été exécutés par la compagnie générale des eaux" (Journal de Nice du 7 décembre 1878).

Le Conseil municipal du 4 janvier 1879 révèle enfin que le don de M. Süe a bien été utilisé pour une nouvelle commande de Fontaines Wallace et en précise notamment le nombre : 

"Conformément à l'autorisation donnée par le Conseil [du 21 octobre 1878], un traité de gré à gré a été passé, d'après lequel le sieur Gallo s'est engagé à fournir les dix fontaines Süe, moyennant la somme de 11,500 francs [soit 1,150 francs l'unité alors que le prix était d'un montant de 675 francs pour Richard Wallace en 1872]. Ces fontaines vont arriver et il convient de prendre des dispositions pour la mise en place.

Indépendamment des travaux de plomberie extérieure que la compagnie générale des eaux aura à exécuter, d'après les bases de son tarif, il y aura quelques travaux de maçonnerie à entreprendre. M. le maire propose au Conseil de faire exécuter les uns et les autres par voie de régie. Le Conseil adopte" (Journal de Nice du 22 janvier 1879).

Courant janvier 1879, les nouvelles fontaines sont livrées et commencent à être installées à la fin du mois : 

"Nous avons vu ce matin, à l'angle du square Masséna, une des fontaines que M. Süe vient d'offrir à sa ville natale [il est cependant né à La Colle-sur-Loup, Alpes-Maritimes]

M. Süe s'est inspiré du noble exemple de Richard Wallace, le richissime philanthrope qui a doté la ville de Paris des fontaines qui portent son nom. M. Süe a voulu prouver que la générosité avait ses adeptes partout ; il a droit à ce titre à toutes les félicitations et remerciements" (Journal de Nice du 24 janvier 1879).

Début février, les installations s'achèvent : "On a terminé de poser, sur différents points de la ville, les dix fontaines auxquelles M. Sue a voulu affecter le don de 10,000 fr. qu'il a fait à la ville de Nice.

On sait que le donateur avait d'abord prescrit d'employer la somme entière à l'érection d'une fontaine monumentale qui aurait porté son nom, mais on jugea ensuite que dix fontaines plus modestes seraient d'une plus grande utilité, et on résoIut d'affecter cette somme à l'érection de fontaines dites Wallace.

Ces fontaines, très commodes et d'un modèle élégant, ont été placées aux points les plus fréquentés de la ville. On pourrait bien critiquer l'endroit choisi pour certaines d'entr'elles ; ainsi, celle qui est en face l'église du Vœu, n'aurait-on pu la placer au centre de la place, au lieu de la mettre sur le quai, au bord de la chaussée ? Elle aurait ainsi offert autant de commodités tout en complétant l'ornementation du square. 

Néanmoins, malgré cette critique de détail, les fontaines Sue, tout en étant un ornement pour nos promenades, répondent à un besoin réel et méritent par cela que nous exprimions toute notre reconnaissance envers le généreux donateur" (Le Phare du Littoral du 5 février 1879).

Certains des emplacements retenus, déterminés dès le dernier trimestre 1878 par la Commission municipale des Travaux, restent malheureusement inconnus, en dehors de la Fontaine Wallace positionnée place Charles-Albert, à l'entrée du Pont-Neuf (Image 3 ci-dessus). 

Il est probable cependant que plusieurs fontaines aient été posées le long de l'avenue de la Gare car leur présence y était réclamée dès l'été 1878, "dans l'intérêt des habitants des maisons où le service des eaux n'est pas installé", et le maire s'était engagé à faire étudier cette proposition (Le Phare du Littoral du 3 septembre 1878). 

Une photographie d'Eugène Degand, datant du début des années 1890, montre d'ailleurs une Fontaine Wallace installée avenue de la Gare, près de l'entrée de l'église Notre-Dame de l'Assomption (Image 4 ci-dessous).


4- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Avenue de la Gare, vers 1891-1894,
détail montrant les portails de l'église Notre-Dame, avec une Fontaine Wallace à proximité,
tirage albuminé de 14,8x9,7 cm, sur carton de 16,8x11 cm, Collection personnelle.



On peut facilement imaginer quelques autres emplacements, comme la Promenade des Anglais ou les boulevards Longchamp(s), Dubouchage et Carabacel mais aucune preuve textuelle ou photographique ne vient pour l'instant confirmer ces hypothèses.

Treize Fontaines Wallace ont donc été installées dans la ville de Nice fin 1878-début 1879. C'est un nombre important et surprenant, d'autant qu'aucune d'entre elles ne semble conservée.

Le projet de la municipalité a répondu à la volonté de moderniser la ville sur le modèle de Paris, afin de combler les habitants et les touristes saisonniers. Le choix semble s'être uniquement porté sur les fontaines à cariatides car leur côté artistique et luxueux magnifiait l'expérience du buveur. 

La seule mention postérieure de ces fontaines, retrouvée à ce jour, date de 1912 : "On a repeint les fontaines Wallace - elles sont bronzées !" (La Vie Mondaine à Nice du 14 novembre 1912).




dimanche 28 avril 2024

1340-NICE, LA RÉNOVATION DU LYCÉE DANS LES ANNÉES 1860 ET 1870

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- MONTALIVO Ch. (?-?), dessinateur, DYONNET Charles (c.1822-c.1880), graveur,
Plan de la ville de Nice, 1856,
détail montrant les bâtiments du Collège National,
carte de 56x43 cm, B. Visconti, éditeur à Nice, Paris, BnF (Gallica).

Ce plan de 1856, présentant l'état du Collège National avant l'Annexion française, a été préféré à celui de 1860 car il détaille davantage les bâtiments et indique, à l'est, l'emplacement de l'église Saint-Jean-Baptiste (XVII° siècle) accostée de sa tour carrée (1806). Les bâtiments sont anarchiquement regroupés autour d'une grande cour centrale qu'ils enferment et précédent de grands jardins au nord (avec le grand et célèbre melaleuca linearifolia planté en 1811). Les deux bâtiments sud-ouest n'appartiennent pas à l'établissement. 


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 07/05/2024



INTRODUCTION


De nombreuses études ont été consacrées aux bâtiments qui ont précédé l'actuel Lycée Masséna de Nice. Ces anciens bâtiments (couvent), bâtis dans la première moitié du XVII° siècle par les Augustins déchaussés, ont servi d'établissement d'enseignement (jusqu'en 1792). 

Au tournant du XIX° siècle, les Français y ont ouvert une Ecole Centrale puis un Lycée Impérial. Suite à la chute du Premier Empire, l'établissement est devenu un Collège Royal tenu par les Jésuites puis, après leur expulsion (1848), un Collège National.

Cet article a pour but d'étudier la rénovation et l'agrandissement des bâtiments du Lycée dans les années 1860 et 1870.


2- TRACHEL Ercole (1820-1872), dessinateur, DURAND Godefroy (1833-1896), graveur, 
Les habitants de la campagne et de la ville de Nice 
se rendant au scrutin pour l'Annexion par le faubourg et le Pont Vieux,
estampe extraite de L'Illustration, 1860, Collection privée.

L'estampe montre notamment la place du Collège où le scrutin se déroule les 15 et 16 avril 1860. 
Face au Pont-Vieux, les façades du Collège National sont dominées par la tour de l'église Saint-Jean-Baptiste
 et son horloge.

3- GUIAUD Jacques (1810-1876), dessinateur, DURAND Godefroy (1833-1896), graveur, 
Les Habitants de la ville de Nice se rendant au scrutin, 1860,
estampe extraite de L'Illustration, 1860.
Nice, Bibliothèque municipale Romain Gary, Est.1526 (FR).

L'estampe révèle la place du Collège, avec notamment sur la gauche, l'entrée du Collège National



LES ANNÉES 1860


1860-1861

Un Lycée Impérial est recréé à Nice lors de l'Annexion française, par décret du 13 juin 1860. Ses classes vont rouvrir dans les locaux de l'ancien Collège sarde, situé près du Pont-Vieux, au nord du quai Saint-Jean-Baptiste (classes d'école, de collège et de lycée) (Images 1 à 3 ci-dessus). 

Ses bâtiments sont cependant vétustes et eux-mêmes accostés de masures malsaines aux façades délabrées et non alignées qui bordent un quai trop étroit où la circulation est gênée. 

Les décrets du 28 juillet 1860 puis du 18 août 1860 attribuent au Lycée Impérial de Nice la somme de 60,000 francs "pour contribution aux dépenses d'appropriation des bâtiments et d'acquisition du mobilier nécessaire", ainsi qu'un prêt sans intérêts de 40,000 francs sur quatre ans (J.-B. Duverger, Collection complète des lois, ordonnances, règlements et avis du Conseil d'Etat, 1860, t 60, p 506).

Un plan général de rénovation du Lycée est établi, détaillé et chiffré mais sa mise en œuvre nécessite un étalement des dépenses sur plusieurs exercices. Dès l'été 1860, des travaux sont cependant entrepris (syndic François Malausséna [1814-1882], proviseur Henri Joseph Chevriaux [1816-1883]) et sont décrits début octobre, lors de la nouvelle rentrée des classes :

"La beauté de l'installation ne laisse rien à désirer. Le plafond des dortoirs a été élevé (...), Les salles d'études sont spacieuses, bien éclairées et pourvues tout autour d'un parquet (...). La transformation n'est pas moins complète dans les classes, dans l'infirmerie, la lingerie et jusques dans les réfectoires et la cuisine. Nous avons remarqué à côté une salle de bains. Un canal d'écoulement a été pratiqué sous le sol pour recevoir les eaux de pluies qui croupissaient auparavant dans la grande cour de récréation (...).

La rectification du quai St-Jean-Baptiste pour la traverse de la route impériale amènera très-probablement la destruction d'un coin de la façade du lycée (...). L'amélioration extérieure la plus importante, dont la municipalité devra tôt ou tard s'occuper relativement au lycée, concerne l'élargissement de la rue infecte qui longeant la façade de l'établissement, se dirige vers Carabacel" (Le Messager de Nice du 5 octobre 1860).

Lors de sa venue à Nice les 12 et 13 septembre 1860, l'Empereur Napoléon III a convenu du vilain effet de cette zone qui ne correspond pas à l'aspect luxueux du reste de la rive droite et entrave la circulation et a décidé d'engager la participation de l'Etat dans la rénovation de l'ensemble du quai Saint-Jean-Baptiste. Un décret impérial du 10 novembre 1860 classe le quai Saint-Jean-Baptiste au nombre des routes impériales afin d'en permettre la rectification et l'élargissement et engage l'Etat au tiers de la dépense.

L'été 1861, lors de la première distribution solennelle des prix du Lycée, M. le Recteur de l'Académie d'Aix (en-Provence) rappelle que "cet établissement est sorti comme par prodige des ruines de l'ancien collège" (Le Messager de Nice du 1er août 1861).

Entre le 14 juin 1860 et le 1er décembre 1861, ce sont 215,000 francs qui sont accordés par l'Etat et le Conseil Général des Alpes-Maritimes "pour réparation et agrandissement du lycée à Nice" (Joseph Roux, Statistiques des Alpes-Maritimes, 1862, vol. 2 p 435). 

Les dépenses engagées lors de cette même période pour l'ameublement et les travaux de rénovation du Lycée ne sont que partiellement connues.


4- MOOSBRUGGER Peter (1831-1883), Nice, Le Lycée Impérial et le Pont-Vieux, vers 1861-1865,
tirage argentique de 23,5x18 cm, réalisé par les Editions Gilletta au XX° siècle dans la série "Nice Ancienne", Collection personnelle.

La prise de vue date peut-être de l'époque où Peter Moosbrugger présente des paysages de Nice à l'Exposition de la Société Photographique de Marseille, en mai 1863. La photographie montre l'enchevêtrement de façades non alignées face au Pont-Vieux avec, le long du quai (de gauche à droite), l'immeuble du "Café du Faubourg Saint-Jean-Baptiste" et du "Bureau d'Assurance Cie Contre l'Incendie, la Grêle et la Vie Humaine", les façades
 du Lycée Impérial dominées par la Tour et l'horloge de l'église Saint-Jean-Baptiste puis la place du Lycée avec notamment "l'Hôtel du Chapeau Rouge".



1862-1865

A la distribution des prix du 30 juillet 1862, M. le Préfet annonce que le Lycée "va recevoir un agrandissement qui lui permettra, au retour des vacances, d'accueillir un plus grand nombre d'élèves internes, de leur offrir des classes et des cours plus spacieuses, en un mot, de leur donner plus d'air et de lumière, choses si nécessaires à leur santé" (Le Messager de Nice du 31 juillet 1862).

En septembre 1862, des travaux sont en cours afin de restaurer la vieille église Saint-Jean-Baptiste. Cet édifice du XVII° siècle a longtemps servi d'église paroissiale avant d'être remplacé, en 1852, par l'Eglise Notre-Dame-du-Vœu. Elle n'est utilisée, depuis cette date, que comme garde-meubleL'idée est d'en faire la nouvelle chapelle du Lycée, afin de convertir l'actuelle chapelle intérieure en deux vastes dortoirs. 

Les travaux se continuent cependant plusieurs mois après la rentrée des classes avec, dans les nouveaux dortoirs, la pose innovante d'un plancher métallique de plus de 300 m de surface, sans aucun point de soutien intermédiaire (Le Messager de Nice du 8 septembre et du 25 octobre 1862).

Le 19 septembre 1863, le Tribunal de première Instance de Nice prononce, afin de permettre l'agrandissement du Lycée, l'expropriation de terrains (jardins, cours) et bâtiments (maisons en mauvais état ou en ruines, bâtiments en planches) situés au nord et à l'est du Lycée et, notamment, rue et ruelle du Collège et rue place d'Armes (Journal de Nice du 12 octobre 1863) (Images 4 ci-dessus et 5 ci-dessous).

Le 8 janvier 1864, la ville de Nice est autorisée par le Sénat à utiliser, pour l'agrandissement du Lycée, une partie de la somme restant libre de l'emprunt contracté en exécution du décret du 30 décembre 1860 (Procès-Verbaux des séances du Sénat, 1864 p 244). 

Les travaux d'agrandissement sont entrepris mais leur détail reste, là encore, en partie inconnu, la plupart des textes ultérieurs se contentant de signaler que "le lycée a été récemment agrandi" (Guides de Voyageurs, Dictionnaire des Communes, Journaux). 

Le 8 mai 1864, l'Evêque de Nice bénit cependant la vieille église Saint-Jean-Baptiste du XVII° siècle, récemment restaurée et fortement agrandie, et la rend au culte comme chapelle du Lycée (Journal de Nice des 8 et 9 mai 1864). 

Les travaux du Lycée s'achèvent début octobre 1865, repoussant la rentrée des classes d'une semaine, "pour laisser aux ouvriers le temps d'achever l'appropriation des cours de récréation et des nouvelles salles d'études" (Journal de Nice du 30 septembre 1865).

A la rentrée d'octobre 1866, "la division élémentaire" libère de la place aux enseignements secondaires, en quittant les locaux du quai Saint-Jean-Baptiste pour s'installer à Carabacel, dans l'ancienne maison de retraite des Jésuites (1775). Cette maison qui a reçu de nombreuses destinations au XIX° siècle, notamment Hôpital militaire (1850) puis Ecole Normale des Instituteurs (1861-1866), devient désormais une "Annexe du Lycée Impérial" ou "Petit Lycée" (emplacement de l'actuel Collège Roland-Garros). 


 5- EHRARD Georges (1821-1880), Plan Indicateur de la Ville de Nice, 1865, 
détail montrant le Lycée Impérial et, en rouge, l'alignement prévu
 et les projets de la municipalité (Plan régulateur),
Charles Jougla (1834-1909), éditeur,
Paris, BnF (Gallica).

Les bâtiments de l'établissement apparaissent moins détaillés que sur le plan de 1856 (Image 1 en tête d'article). La grande cour est représentée plus étroite mais toujours sans sa fontaine centrale. L'agrandissement récent des locaux du Lycée n'est perceptible que par le bâtiment continuant l'angle nord-est du Lycée. La petite rue Saint-Jean-Baptiste longe une partie de la façade occidentale de l'établissement. Du côté oriental, la place du Collège est devenue la "place du Lycée" mais la rue et la ruelle du Collège ont conservé leur nom d'origine. Au nord-est du Pont-Vieux, débute la rue de la place d'Armes.



En ce qui concerne la réfection du quai Saint-Jean-Baptiste, quelques améliorations sont apportées (Le Messager de Nice du 19 septembre 1862) mais plusieurs années s'écoulent sans que des travaux d'ampleur ne soient entrepris. En effet, malgré l'aide assurée de l'Etat (au tiers), le budget à la charge de la municipalité reste très conséquent et d'autres travaux apparaissent davantage prioritaires.

Le projet se concrétise cependant grâce à un accord passé, le 4 août 1864, entre la municipalité et la Société immobilière lyonnaise Poncet. Les expropriations sont prononcées (1864-1865). Au printemps 1865, la municipalité recourt à un emprunt s'élevant à 1,110,000 francs, remboursables sur quarante années à partir de 1866 et cet emprunt se voit accordé en septembre 1865 (Journal de Nice des 20 août et 20 octobre 1864 et du 7 mai 1865 ; Archives Municipales, 1D1-3, Conseil municipal du 19 septembre 1865).


1866-1868

Les travaux de rénovation du quai Saint-Jean-Baptiste sont ensuite engagés. Ils s'échelonnent de 1866 à 1868, comprenant la démolition des masures de la partie nord, le déblaiement des décombres, l'ouverture de trois rues transversales (1866), la construction du mur de digue du Paillon, l'élargissement et le nivellement de l'ensemble du quai (1866-67) et la construction de grandes et nouvelles maisons et hôtels (1867-68).

Cependant, le projet d'alignement du quai (démolitions) ne va pas jusqu'à la place d'Armes ni même jusqu'au Pont-Vieux et, malgré le fait que la voie soit refaite, le Lycée Impérial se retrouve en contrebas du nouveau quai. 

A l'automne 1867, la rénovation des façades du Lycée est encore espérée mais elle ne fait pas partie du projet. La rectification de la façade méridionale reste en attente, ainsi que le déplacement de l'entrée de l'établissement, de la place du Lycée au quai Saint-Jean-Baptiste (entrée masquée par l'exhaussement de la rampe d'accès de la rue place d'Armes au Pont-Vieux)  (Les Echos de Nice du 5 octobre 1867). 


6- EHRARD Georges (1821-1880), graveur, Plan Indicateur de la Ville de Nice, novembre 1867,
Charles Jougla (1834-1909), éditeur, Nice,
Nice, Archives Départementales des Alpes-Maritimes, 1 Fi 229.

"Le nouveau plan indique les travaux accomplis (...), le nouveau quai Saint-Jean-Baptiste"
(Journal de Nice du 24 novembre 1867). 

Les deux bâtiments qui étaient situés au sud-ouest du Lycée (comparer avec l'Image 5 ci-dessus) ont été démolis en avril 1866 pour dégager l'établissement et ouvrir la nouvelle rue Saint-Jean-Baptiste, avec un tracé légèrement différent de celui envisagé en 1865 (Image 5 ci-dessus). 



Un point sur les travaux du Lycée est fait en janvier 1868 : "Malgré les dépenses considérables qui ont déjà été faites, de compte à demi par la Ville et l'Etat, depuis l'annexion, pour approprier le local occupé par le lycée, il reste d'importants travaux à exécuter (...). 

La partie vraiment urgente comprend la construction du bâtiment destiné à l'administration, en façade sur le quai, à laquelle se rattache la consolidation de la chapelle, et le mur de clôture sur la rue récemment ouverte au nord-ouest" (Journal de Nice du 25 janvier 1868).


7- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Panorama des quais, détail, vers 1870, 
vue prise depuis la Tour Saint-François,
tirage albuminé de 21 8x14,7 cm, Collection personnelle.

Noter la présence des arbres nouvellement plantés sur le quai Saint-Jean-Baptiste (mars-avril 1870),
 l'inscription "Lycée Impérial" encore présente au sommet de la façade latérale de l'établissement
 et la présence de grands arbres dans la cour d'honneur du Lycée. 



LES ANNÉES 1870


Les travaux du Lycée restent cependant en attente de 1868 à 1870 puis se voient repoussés par les évènements de 1870 et 1871, jusqu'en 1874.


8- LÉON Moïse (1812-1888) et LÉVY Isaac dit Georges (1833-1913),
 Nice, vue prise  du Château, vers 1873,
détail du quai Saint-Jean-Baptiste, de la place du Lycée et de la rue Gioffredo, 
plaque de verre pour lanterne magique de 8,2x8,2 cm, Collection personnelle.



1874-1877

A partir de 1874, le projet de rénovation semble se préciser. Le crépissage et le badigeonnage de la façade nord-ouest du Lycée sont votés début septembre 1874 (Archives Municipales, 1D1-9, Conseil municipal du 7 septembre 1874 ; Journal de Nice du 11 septembre 1874). 

L'arrivée, à la rentrée d'octobre 1874, d'un nouveau proviseur, Gabriel-Ernest Gallerand [1814-1889], ancien vice-recteur de Corse, va être déterminante.

En octobre, la Commission d'hygiène du Lycée, accompagnée de l'architecte de la ville visite l'établissement en détail et constate notamment que le logement du censeur des études est inhabitable, qu'une aile du bâtiment servant de salles d'études et de classes se trouve dans des conditions d'hygiène également déplorables et que la façade du Lycée regardant le quai Saint-Jean-Baptiste est une honte (Journal de Nice du 26 octobre 1874). 

Les bâtiments du côté des jardins sont certes recrépis et badigeonnés en octobre mais le reste des travaux se fait attendre : "Quand songera-t-on à réparer les constructions du même établissement qui regardent le quai Saint-Jean-Baptiste ? Quand délivrera-t-on ce quartier de ce réceptacle d'immondices et dispensera-t-on la vue de la lèpre immonde qui recouvre ces murs honteux ?" (Journal de Nice du 1er novembre 1874).

Début 1875, l'horloge de l'établissement elle-même n'est plus fiable et c'est un roulement de tambour, fait à la porte principale du Lycée, qui indique désormais l'heure de rentrée des externes (Journal de Nice du 17 février 1875).

Les travaux de rénovation des façades donnant sur le quai Saint-Jean-Baptiste, projetés depuis 1868, sont enfin décidés par la municipalité en janvier 1875, soumis au Ministre en février (devis révisé) et validés en mars (Archives Municipales, 1D1-10, Conseils municipaux du 13 janvier et 24 février 1875).

L'initiative, l'activité et la persévérance du nouveau proviseur ont été efficaces : "Nous apprenons que le ministre, d'accord avec la municipalité, vient d'ordonner les travaux à faire pour l'établissement de la façade du lycée sur le quai Saint-Jean-Baptiste. La somme affectée provisoirement s'élèverait, nous a-t-on dit, à 113,000 fr." (Journal de Monaco du 13 mars 1875).

Les travaux de réparation et de construction de la façade sont adjugés en mai 1875 et débutent à la fin du mois de juin 1875 par la démolition de l'extrémité des anciens bâtiments et le nivellement du terrain. Une convention définit la livraison de la nouvelle façade au bout de 7 mois, soit en janvier 1876 (Journal de Nice des 19 mai et 4 juillet 1875).

Rien ne va cependant se passer comme prévu. Fin août 1875, une grande fosse commune réunissant plusieurs milliers d'ossements humains est découverte lors des fondations de la nouvelle construction et retarde le chantier (Journal de Nice du 25 août 1875).

Fin septembre 1875, un différend concernant l'alignement de la nouvelle façade oppose désormais l'entrepreneur et les ingénieurs des Ponts-et-Chaussées. Les travaux semblent alors suspendus. 

Le détail de l'affaire n'est pas connu mais la difficulté ne semble résolue qu'au bout de plusieurs mois, les retards s'accumulant (Journal de Nice du 22 septembre 1875 ; Archives Municipales, 1D1-10, Conseil municipal du 22 septembre 1875).

Pendant un an, aucun article ne signale plus la marche des travaux. Une explication est cependant fournie à l'automne 1876 : "La lenteur avec laquelle cette magistrale construction est sortie de terre, tient à ce qu'on a été forcé de mettre l'entrepreneur en régie" (remplacé à ses frais à cause de ses difficultés et retards) (Journal de Nice du 4 octobre 1876).

Le Conseil municipal du 28 mars 1877 approuve d'autre part les travaux à exécuter pour la restauration et la consolidation de la chapelle du Lycée (Journal de Nice du 16 avril 1877).

En avril 1877, les travaux de façade sur le quai Saint-Jean-Baptiste sont en cours d'achèvement, donnant une nouvelle apparence tant à l'établissement qu'au quartier (Journal de Nice du 4 octobre 1876).

Début mai 1877, le bâtiment de façade est enfin terminé et débarrassé de sa cloison en planches qui en défendait l'entrée. Seuls quelques jours semblent encore nécessaires pour régler des détails extérieurs et intérieurs. Cependant, cette façade n'est, "au dire des gens compétents, qu'un replâtrage" (Journal de Nice du 9 mai 1877).

Fin juin 1877, un campanile est édifié au sommet du grand fronton triangulaire qui couronne la façade, avec une petite cloche reliée à l'horloge installée pour sa part au centre du fronton (Journal de Nice du 22 juin 1877) (Images 9 à 11 ci-dessous).



9- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Panorama des quais, vers 1877
vue prise de la Tour Saint-François,
 tirage albuminé de 10,5x6 cm, sur carton de 11,8x7,2 cm, 
Collection personnelle.

Comparer avec les Image 7 et 8 ci-dessus pour réaliser la partie de la façade donnant sur le quai qui a été démolie puis reconstruite.



Le 13 août 1877 a lieu l'adjudication des travaux de réparation aux terrasses du Lycée (Journal de Nice du 10 août 1877).

L'approbation du décompte des travaux de la façade a lieu lors du Conseil municipal du 2 juillet 1878 et permet de comprendre les problèmes que le chantier a rencontrés : 

"M. le maire explique au Conseil que les travaux de construction (...) ont été adjugés le 10 juin 1875 au sieur Guido Oliva, mais dès le mois de janvier 1876, cet entrepreneur ayant été déclaré en faillite, l'administration a dû faire continuer ces travaux par voie de régie. Le devis primitif évaluait la dépense à 120,700 francs. Le devis supplémentaire s'élève à 18,944,80 francs. 

M. le maire constate que les travaux, faisant l'objet d'un devis supplémentaire, ont été exécutés, il importait de terminer le bâtiment ; il reste à payer une somme de 12,521 fr. 88 (...) il s'agit de travaux exécutés au cours de l'exercice 1877" (Journal de Nice du 10 juillet 1878).

Ce bâtiment de façade, commencé en juin 1875, aura nécessité deux années entières pour être livré. Il est constitué de quatre niveaux et domine les autres locaux de l'établissement. Sa face principale aligne 9 baies et ses faces latérales, 2 baies seulement. Ce bâtiment est peu profond du fait de la forme du terrain et ne permet que des dortoirs étroits, installés au-dessus des bureaux de l'administration du Lycée.


10- Plan Pittoresque de la Ville de Nice, dressé le 1er janvier 1878, détail,
Nice, Bibliothèque municipale du Chevalier de Cessole.

Le Lycée est représenté ici en élévation, avec sa nouvelle façade.



ÉPILOGUE


Dès les années 1880, les locaux du Lycée s'avèrent à nouveau insuffisants et les hypothèses d'un déplacement ou d'un agrandissement sont évoquées à de nombreuses reprises. L'établissement va être entièrement reconstruit et agrandi, entre 1909 et 1931, au même emplacement (avenue Félix Faure), puis dénommé "Lycée Masséna" dès 1963.

Le Lycée du XIX° siècle a donc totalement disparu. Son souvenir subsiste cependant au travers des textes et des photographies. Les façades de l'ancien Lycée sont notamment des repères visuels importants qui permettent de dater de nombreuses photographies de la ville.


11- ÉDITIONS GILLETTA, Le Pont-Vieux et le Lycée, vers 1900, 
tirage argentique de 23,5x18 cm, réalisé au XX° siècle dans la série "Nice Ancienne",
 Collection personnelle.




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