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mercredi 13 novembre 2024

1365-FRANCK DE VILLECHOLLE, PHOTOGRAPHE : LES ANNÉES 1845-1861


 SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- FRANCK (1816-1906), Autoportrait, vers 1875,
détail du groupe des 
Membres de la Société Française de Photographie 
entourant Fritz Luckhardt,
tirage albuminé sur carton,
Vienne (Autriche), Albertina Museum.


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 17/11/2024


VIE ET CARRIÈRE DU PHOTOGRAPHE 

FRANCK DE VILLECHOLLE (1816-1906)

- LES ANNÉES 1845-1861 -



INTRODUCTION


Lors d'une recherche entreprise sur les daguerréotypeurs ambulants et voyageurs dans le sud-ouest de la France, j'ai croisé le nom du photographe parisien Franck dont je connaissais les épreuves mais pas la carrière. 

Avec la lecture de plusieurs courtes biographies le concernant, j’ai découvert que François Marie Louis Alexandre Gobinet de Villecholle(s), dit Franck (1816-1906), s'était initié au Daguerréotype dès 1845, qu’il avait quitté Paris au moment de la Révolution de Février 1848 et s’était installé dès 1849 à Barcelone, avant de revenir à Paris en 1857, de s’y marier puis d’y tenir un atelier de 1858 à 1880.

Cette synthèse m’a fait d'emblée me poser les questions suivantes :

- Si Franck a quitté Paris lors de la Révolution de février 1848, où a-t-il vécu, voire exercé, avant de s’installer à Barcelone en juillet 1849 ? 

- Est-il resté à Barcelone entre 1849 et 1857 de façon continue ou bien a-t-il sans cesse alterné entre Barcelone et Paris ?  

- Alors qu’il est resté célibataire jusqu’à l’âge de 40 ans, comment se fait-il qu’il se soit marié dès son retour à Paris en 1857 ?

Après avoir effectué quelques recherches personnelles, de nouvelles questions se sont ajoutées :

- A-t-il possédé un atelier de photographie à Paris entre 1845 et 1849 ?

- S’est-il réellement exilé en Espagne ?

- Comment se fait-il qu’il apparaisse comme un photographe reconnu dès son retour à Paris en 1857 ?

C’est à cet ensemble de questions que va essayer de répondre cet article.



ANNÉES 1816-1840


François Marie Alexandre Gobinet de Villecholle(s), dit Franck, descendant d’une famille noble, est né au château de Voyennes (Somme), le 21 décembre 1816. 

Il est le cadet des trois enfants de Quentin François Gobinet de Villecholle (Saint-Quentin 9 mars 1782 – Paris 9 octobre 1865), propriétaire et maire de Voyenne(s), et d’Anne Marie Louise de Blottefière de Voyenne(s) (Ham 30 janvier 1793 - Namur 31 mai 1840) qui se sont mariés dans cette commune le 22 mai 1811.

Dès ses 18 ans, il habite Paris et travaille au bureau du Ministère des finances. Il quitte ensuite cette fonction administrative pour se consacrer à l’écriture (journaux littéraires) (Henry Lauzac, "Franck de Villecholle", Galerie historique et critique du XIX° siècle, 1855-1862, vol. 3, 1861 pp 407-414 ; tiré-à-part dès 1861 ; Bibliographie de la France du 9 novembre 1861 p 534).


N.B. : au cours de sa carrière d'artiste, le photographe se fait appeler successivement :

- "M. De Voyennes", "M.  Franck", "M. Franck de Voyenne(s)", "M. Franck de Villecholle de Voyennes" (années 1840-1850),

- "M. Franck de Villecholle(s)", "M. de Villecholle" (années 1850-1890),

- puis à la fin de sa vie, "M. Alexandre Gobinet de Villecholle" (années 1890-1906).



ANNÉES 1840-1848


Paris

Franck semble s'installer comme peintre en miniature dans les années 1840. Vers 1844-1845, il se forme au Daguerréotype. 

"Il sut faire de l'art et de la science un tout si homogène, que ses travaux parvinrent promptement à être remarqués. Il faut le dire aussi, ses manières distinguées, ses relations de famille, qui de tous temps lui avaient ouvert les salons d'un monde élevé, contribuèrent également à ses succès" (Henry Lauzac, "Franck de Villecholle", op.cit., 1861, p 411).

En 1847, il propose dans son atelier parisien des "Portraits perfectionnés au Daguerréotype faits à l'ombre en quelques secondes. Médaillons, groupes, reproductions de gravures et peintures. On est libre de refuser une épreuve qui ne conviendrait pas. Tous les jours de midi à 4 heures du soir. M. de Voyennes, rue Voltaire, n° 8, dans le jardin" (L’Hermine du 30 juillet 1847).


Nantes

Il quitte la capitale lors de la Révolution de Février 1848 et entame une vie de photographe itinérant dans l’ouest de la France. Sa présence est notamment signalée à Nantes (Loire-Inférieure), de fin mars à fin avril 1848, rue du Chapeau-Rouge, 22, vis-à-vis de la Poste aux Lettres (Courrier de Nantes des 29 mars, 20 et 22 avril 1848). 

Il offre à nouveau des "Portraits de toutes dimensions, noirs ou coloriés - Faits à l’ombre en quelques secondes".

C’est à l'occasion de ce séjour qu’il fait la connaissance d’Elisabeth/Elisa/Eliza Dolley (née à Nantes le 20 juillet 1813). Cette dernière, alors âgée de 34 ans, est l'épouse (depuis le 6 mai 1834) d’Alphonse Terpereau (confiseur, rue Crébillon, 12) et mère de deux enfants.


Paris

Franck revient à Paris, au plus tard en juin 1848. "M. de Voyennes (...) vient de s'adjoindre pour quelques jours, un des expérimentateurs de Paris les plus renommés. M. Boulland (...) a trouvé le moyen d'exécuter les portraits à l'intérieur des appartements avec une rapidité qui varie de 3 à 10 secondes au plus. 

Il en résulte que les modèles ne sont jamais gênés ni par l'éclat de la lumière qui nuisait fortement à l'harmonie des traits, ni par la nécessité d'une longue immobilité dans laquelle il était si difficile de se maintenir (...). Nous croyons nécessaire d'ajouter que MM. de Voyennes et Boulland, dont l'atelier est établi au n° 52 de la rue Rubens, se rendent chez ceux de leurs clients qui tiendraient à ne pas se déplacer" (L’Hermine du 23 juin 1848).

Alfred Désiré Boulland (né le 7 novembre 1814 à Orléans, Loiret), opticien de formation, mène une carrière de photographe itinérant depuis 1843 (au plus tard). Après cette association temporaire avec Franck, il se rend à son tour à Nantes. 

Il ouvre un atelier, d'abord rue Rubens (en 1848) puis rue Voltaire (en 1849) et se marie dans cette ville, le 6 février 1849. Il s'associe avec l'opticien Moussier pour ses daguerréotypes (au plus tard en 1850) puis met au point avec lui des lunettes à lire à double foyer (brevet déposé en septembre 1851) qu'ils présenteront avec succès aux Expositions Universelles de Londres (1851) et de Paris (1855).


Montauban, Toulouse

L’été 1848, Franck reprend ses pérégrinations en France, cette fois dans le sud-ouest. Il est notamment signalé mi-septembre 1848 à Montauban (Tarn-et-Garonne), comme "peintre de portraits en miniature", installé pour 10 jours, rue du Vieux-Palais, 33.

Il offre désormais des "Portraits au daguerréotype, noirs ou colorés, d'après un nouveau système, qui lui permet d'opérer dans un salon, par tous les temps et en quelques secondes (...). Cours en 4 leçons - Portraits à 5, 7 et 10 fr."

Son séjour dans cette ville se voit par la suite prolongé de plusieurs semaines (Courrier de Tarn-et-Garonne des 13 et 15 septembre et 4, 9, 11 et 14 octobre 1848).

Franck n'est cependant pas seul à Montauban car Elisabeth Dolley, épouse Terpereau, accouche à l’adresse de l'atelier, le 6 octobre 1848, d'Edmond Georges Franck. "Franck Marie Louis Alexandre Gobinet de Villecholle de Voyennes, âgé de 32 ans, artiste peintre" est d'ailleurs témoin de l’acte de naissance du fils Terpereau (Archives départementales du Tarn-et-Garonne, Etat civil) .

Leur de leur rencontre à Nantes, en mars-avril 1848, Elisabeth Terpereau était donc enceinte mais elle semble avoir quitté son mari pour le photographe. Est-elle partie de Nantes dès avril, accompagnant Franck à Paris puis dans ses déplacements ? Est-elle partie seule ou avec ses deux enfants de 7 et 9 ans ? N’a-t-elle rejoint Franck qu’en septembre à Montauban ? L’aide-t-elle dans l’accueil de la clientèle et la préparation des plaques ?

"Devant se rendre incessamment à Toulouse" (passage des petites annonces), Franck quitte Montauban vers le 20 avril 1848. Il est à noter que "Mme Brémond, élève de M. Franck" ouvre un atelier dans cette ville dès novembre 1848, avec une publicité semblable à celles de Franck (Courrier de Tarn-et-Garonne du 10 novembre 1848).

Dès fin octobre 1848, Franck séjourne à Toulouse (Haute-Garonne), accompagné d'Eliza Dolley et de son nouveau-né. La raison précise de cette destination reste inconnue : désir de travailler dans cette ville, achats de matériel photographique à la Maison Bianchi et Fils, rendez-vous avec un photographe local ?

En décembre 1848, Franck fait paraître la petite annonce suivante dans L'Emancipation de Toulouse du 30 décembre 1848 : "Portraits perfectionnés au Daguerréotype, Par M. Franck, logé rue de la Pomme, 61. 

A l'approche du jour de l'an, quel cadeau offre plus d'attraits que l'image des personnes que l'on chérit ? (...). Cet artiste obtient les épreuves les plus parfaites, et, chose rare avec un instrument si ingrat, il n'enlaidit pas les dames et les fait toutes jolies en les reproduisant telles qu'elles sont. Comment résister après cela au plaisir de se donner une broche, un médaillon, une miniature ou un portrait ?".



ANNÉES 1849-1856


Toulouse, Albi et Perpignan

Il faut attendre mi-avril 1849 pour retrouver la trace du photographe, non loin de Toulouse, à Albi (Tarn), place du Manège, maison de M. Jalabert.

"Nous avons vu plusieurs épreuves de M. Franck ; nous pouvons ajouter que le modèle, la limpidité des chairs, la reproduction des couleurs achèvent de donner aux travaux de cet artiste, une animation, une vérité qui lui vaudront un plein succès" (Journal du Tarn du 14 avril 1849).

Dans la deuxième quinzaine de juin, il est cette fois à Perpignan (Pyrénées-Orientales) où il installe son atelier place de la Loge, maison de M. Rieusset (Journal des Pyrénées Orientales du 15 juin 1849).


Barcelone, Toulouse

Franck gagne ensuite Barcelone, comme l'ont fait avant lui Mme Fritz entre 1843 et 1845 ou Adolphe Trantoul qui, lui, s'y trouve encore (entre mars et novembre 1849). 

Il dépose à la mairie de Barcelone, une demande pour l'installation d'un balcon et d'une enseigne au nom de "M. Franck Retratista"datée du 14 juillet 1849 et signée "Franck de Voyenne" (Archives municipales contemporaines de Barcelone).

Il fait ensuite paraître dans El Fomento (Barcelona) du 12 août 1849, la publicité suivante [traduite de l'espagnol] : "Portraitiste en daguerréotype. M. Franck, Rambla de S. José, nº 50, 1er étage. Portraits de toutes dimensions avec reproduction des couleurs, exécutés dans un salon à tout moment en 2 ou 3 secondes, par une nouvelle méthode mise au point et connue uniquement de M. Franck. Le séjour du portraitiste dans cette ville sera très court".

Cependant, il décide quelques semaines plus tard, non seulement de prolonger son séjour mais de s'installer durablement à Barcelone dans un nouvel atelier : "Devant le grand nombre de personnes qui se font réaliser des portraits par M. Franck, et qui augmente chaque jour, et reconnaissant d'un si bon accueil, il a définitivement décidé de s'installer dans cette capitale. C'est pourquoi il a ouvert un salon spacieux et joliment aménagé sur la Rambla numéro 25, au coin de la Carrer de la Unió" [texte traduit de l'espagnol] (El Barcelonés du 8 octobre 1849).

[Les renseignements sur la carrière de Franck à Barcelone sont tirés des articles suivants : 

- Nùria F. Rius, De la era primitiva de la fotografía a su modernidad : Franck de Villecholle [1816-1906], Institución Fernando el Católico, 2017, pp 197-208, ici

- Jep Marti Baiget, "El camí cap a 1849 : l’any en el que“Franck de Voyennes” va decidir passar uns dies a Barcelona", lalbumdeljep, 2018, ici].

Alors que Franck est à Barcelone, Eliza et son fils sont restés à Toulouse et habitent faubourg Bonnefoy. La raison en est peut-être la maladie de son fils, Edmond Georges Franck Terpereau. Ce dernier décède malheureusement à cette adresse, le 22 septembre 1849, âgé de 11 mois et demi (Archives municipales de Toulouse, Etat civil ; Journal de Toulouse du 25 septembre 1849). 

Sitôt informé, Franck va probablement s’empresser de quitter Barcelone pour rentrer à Toulouse mais aucun document n’en rend compte. 

La déclaration du décès de l'enfant est faite à Toulouse le 23 septembre 1849 par le "l’artiste Joseph Furious (sic)", 37 ans, domicilié rue de la Pomme, 61. Ce dernier ne semble pas bien connaître la situation ou feint de ne pas la connaître. Il déclare en effet l’enfant sous le nom de "Joseph Franck de Voyennes, fils de Franck de Voyennes, artiste, sans autre renseignement"

Joseph Furious/Furioux/Furiaux doit probablement être identifié à Joseph Furieux qui est né le 4 octobre 1811, à Vèbre (Ariège). A l'âge de 29 ans, employé au cadastre de Foix (Ariège), il a épousé Suzanne Fabre dans cette ville, le 17 mars 1841. Il s'est donc installé à Toulouse dans les années 1840, comme son frère aîné (François Furieux, chapelier, domicilié rue de la Hache).

L'adresse de la rue de la Pomme est celle que Franck a occupée pour son atelier de décembre 1847, sans qu'il soit possible d'affirmer que Joseph Furieux l'occupait déjà à cette date-là car il a pu lui succéder.

Joseph Furieux est photographe à la date du décès du fils d'Eliza (septembre 1849). Il est même possible qu'il ait été initié par Franck au portrait au Daguerréotype fin 1848-début 1849, ses premières publicités connues ne datant que de fin 1849-début 1850. 

"Portraits au Daguerréotype dans un appartement bien chauffé, Rue de la Pomme, 61, à Toulouse. Un très-joli cadeau pour étrennes est un portrait au Daguerréotype fait par M. Furioux (sic), dont nous avons déjà parlé dans un de nos précédents numéros [numéro non retrouvé]Ses petits portraits miniature, admirablement montés pour broches, épingles, bracelets, etc., sont de véritables bijoux à donner comme souvenir.

M. Furioux a un talent particulier pour leur assurer la ressemblance la plus fidèle, et, d'ailleurs, Il ne les rend que lorsque cette ressemblance est parfaitement constatée. Nous ne savons par quel secret il est parvenu à rendre insensible ce miroitage, inconvénient reproché au procédé de Daguerre. Nous ne saurions trop le féliciter de ce résultat, qui donne à ses portraits non colorés l'imitation d'une gravure irréprochable.

Nous rappellerons à nos lecteurs que cet habile artiste excelle aussi dans l'art de colorier les épreuves Daguerréotypées et qu'il leur donne ainsi le ton des chairs avec l'expression de la physionomie. Les parents qui veulent conserver les traits d'un jeune enfant ravi à leur tendresse, trouveront chez M. Furioux tout ce qu'ils pourront désirer à cet égard. M. Furioux est également habile dans l'art de la photographie ou reproduction des traits sur le papier" (L'Emancipation de Toulouse des 4, 5, 8 et 12 janvier 1850).

De nouvelles petites annonces signalent "la présence temporaire [ce terme interroge] à Toulouse de M. Furioux (...) [qui], correspondant avec les meilleurs artistes en daguerréotype de Paris, se trouve ainsi au courant du progrès et des innovations dans ce genre" (L'Emancipation de Toulouse du 11 mars 1850 ; nouvelle annonce parue dans L'Emancipation du 21 juillet 1850 puis du 24 mai 1851, reprise dans La Gazette du Languedoc du 2 juin 1851).

Il participe à l’Exposition des Beaux-Arts et de l'Industrie de Toulouse, l'été 1850 (de juillet à septembre), avec des portraits et des vues sur papier et obtient une Citation favorable (Catalogue de l'Exposition de 1850, 1851 ; Journal de Toulouse du 17 février 1851).


Barcelone, Lyon, Paris, Toulouse

Ce n’est que près d’un an plus tard, début septembre 1850, que le photographe Franck est à nouveau signalé en France, dans la ville de Lyon où il installe "pour quelques temps" son atelier rue Centrale, 6. "Nous y avons admiré des épreuves fort remarquables, comme effet, comme netteté et comme entente de pose (...).

"M. Franck colorie ses portraits avec un goût et une adresse fort rare, et sans nuire, comme cela arrive trop souvent à la finesse de détails de l'épreuve. Au moyen de l'électricité [probablement l'innovation acquise auprès d'Alfred Boulland], il est parvenu à opérer avec une promptitude surprenante, une seconde lui suffit. Ainsi, il a supprimé un des inconvénients de ce genre de reproduction : l'immobilité obligée pendant quelques minutes qui paraissent des siècles.

Au moyen d'un procédé particulier, M. Franck a obtenu de plus deux résultats importants que nous devons signaler.

On sait que dans un portrait au daguerréotype, les parties du corps les plus rapprochées de l'instrument viennent dans des proportions plus fortes que le reste ; ainsi les mains et les pieds sont presque toujours d'une exagération choquante. Par un moyen aussi simple qu'ingénieux, M. Franck corrige cet effet de perspective et restitue aux parties saillantes leurs véritables dimensions. 

En outre, il peut obtenir dans une seule opération six reproductions, parfaitement identiques de l'objet à retracer" (Gazette de Lyon du 8 septembre 1850).

La même année sa présence à Paris est attestée (Nuria F. Rius, op. cit., 2017, p 200). Est-il à Lyon venant de Barcelone ou de Paris ? Eliza est-elle encore avec lui ?

Peu d’écrits documentent les deux années suivantes. Franck obtient cependant au cours de l’année 1852 (à une date non retrouvée) une médaille d’Or de la part du Cercle polytechnique de Paris pour "ses inventions et perfectionnements en daguerréotype et photographie [calotype]" (Henry Lauzac, "Franck de Villecholle", op. cit., 1861 p 411)

Il est probablement à Paris pour la remise de ce prix qu'il va désormais afficher sur ses supports publicitaires.

En 1852, il réalise des vues de Barcelone sur papier salé, à partir d'un négatif papier (calotypes) mais c'est probablement une technique qu'il utilise depuis plusieurs années, parallèlement aux plaques daguerriennes.

Fin 1852, "Franck et Furiaux (sic). - Médaille d'Or en 1852" distribuent des prospectus annonçant [cette fois avec leurs deux noms], dès le 24 décembre, à l'occasion des étrennes, une promotion de huit jours dans l'atelier de la rue de la Pomme. Leurs petites annonces perdurent cependant jusqu’à fin janvier 1853 (vente Ader-Paris du prospectus ; Journal de Toulouse des 9, 13, 17 et 20 janvier 1853).

Il est intéressant de noter le fait que Franck semble affectionner des opérations de courte durée, parfois réalisées avec un associé (dont le nom est toujours cité en deuxième position), comme avec Alfred Désiré Boulland en juin 1848 à Paris puis peut-être à Barcelone début 1852 (Hervé Lestang, "Alfred Boulland", ici). 

Cependant Franck ne semble pas exposer à Toulouse dans les années 1850 (il n'exposera dans cette ville que lors de la décennie suivante).

"Franck de Voyenne, retratista - Rambla del Centro, n. 18. - Pintura fotográfica" expose en revanche des portraits à l'Exposition de Barcelone de 1853, ce qui prouve son retour dans cette ville (Artes Exposición anual de 1853 : catálogo de las obras especiales).

En 1854, il obtient également un rapport élogieux de la part de l’Académie des Beaux-Arts de Barcelone, concernant ses portraits et ses vues (Henry Lauzac, op. cit., 1861 p 414).

Franck semble continuer ses séjours à Barcelone, entrecoupés de retours en France et notamment à Toulouse où il collabore à nouveau avec Joseph Furioux (sic) (daguerréotype daté du 16 juillet 1855, conservé aux Archives municipales de Toulouse, ici) et à Paris, où il est présent à l’époque de l’Exposition Universelle qui se tient de mai à octobre 1855 (Nuria F. Rius, op. cit., 2017, p 200).

En 1856, il demande, par courrier, à devenir membre de la Société Française de Photographie basée à Paris (fondée en 1854) et obtient satisfaction lors de la séance de cette société du 20 mai 1856 (Bulletin de la S.F.P., 1856 p 157). 

"Franck de Villecholle de Barcelone, amateur très-distingué de photographie" adresse ensuite par courrier à la S.F.P., sa "recette simple du collodion sec" [négatif sur verre] qui est appréciée lors de la séance du 17 octobre 1856 (Bulletin de la S.F.P., 1856 p 312).

Fin 1856, Franck envoie également ses "Etudes d’après nature en appartement", afin de participer à la IIème Exposition de la S.F.P. qui va se tenir de décembre 1856 à mai 1857 (Bulletin de la S.F.P., 1857, séance du 16 juillet, p 267).



ANNÉES 1857-1861


Paris, Barcelone

Franck revient à Paris début 1857, au plus tard au printemps, pour s’y installer durablement, confiant probablement son atelier espagnol à son assistant français, Alexandre/Alejandro Wigle. 

Ses photographies affichent alors (dépôt légal) un cachet sec portant la signature "Franck & Cie - 58, Rue de Larouchefoucault (sic)" [La Rochefoucauld], atelier qu'il partage avec l'Anglais Robert Jefferson Bingham (1824-1870) (Nuria F. Rius, op. cit., 2017, p 202, note 14). 

Franck se marie le 30 mai 1857, à la mairie du 17ème arrondissement (celle du domicile de son père), avec Elisabeth Dolley, veuve depuis le 14 juillet 1856.

Il est nécessaire de clarifier cette situation, même si, comme énoncé plus haut, aucun document ne vient détailler leur liaison. Plusieurs indices permettent cependant de penser qu’après avoir fui le domicile conjugal pour Franck en 1848, Eliza est retournée auprès de son époux. 

Ce retour a pu avoir des motivations multiples au nombre desquelles se trouvent la dépression probable de son époux (séparation), le choc conjoint du décès de leur dernier né et le désir d’Eliza de retrouver ses deux autres enfants (si elle ne les avait pas emmenés avec elle).

La date précise de ce retour reste inconnue mais est à situer entre la date du décès de son fils à Toulouse fin septembre 1849 et celle d'un acte notarié effectué à Nantes début novembre 1851. 

En effet, à la date du 5 novembre, un acte relate la vente, par la mère d'Eliza (Marguerite Bataille, veuve Dolley, épouse Bilon), de deux maisons situées rue de Vertais et implique notamment "la dame Elisa Dolley, épouse de M. Alphonse Terpereau, confiseur, demeurant ensemble à Nantes, rue Crébillon, 14, et audit sieur Terpereau, pour autoriser la dame son épouse" (L'Union Bretonne du 7 novembre 1851).

La dépression probable de son époux est induite par l'arrêt brutal de ses commandes des ingrédients indispensables à son métier de confiseur en avril 1848 et par la vente au cours des mois suivants de la Confiserie. Cette dernière, ouverte en juillet 1834 (le mois suivant leur mariage), est ensuite vendue, courant 1848, à la Société formée par MM. Gaspard Vaudrey et Constant Vagnon (cette société sera dissoute à la date du 1er janvier 1849 ; Courrier de Nantes du 21 avril 1849).

Le couple a déjà été éprouvé par la perte de leurs deux premiers enfants nés à Nantes, Jules Alphonse (3 mars 1835-10 mars 1835) et Alphonse Charles (9 mai 1836-11 juillet 1836). Ils ont eu par la suite Jules Alphonse (né le 14 juin 1839), Amélie Elisabeth Victoire (née le 7 avril 1841) et Edmond Georges Franck Terpereau (Montauban 6 octobre 1848 - Toulouse 22 septembre 1849).

Le retour d'Eliza au domicile conjugal a peut-être apaisé les choses mais ne les a pas résolues. Son époux, Jean Julien Alphonse Terpereau (né le 12 novembre 1804 à Brest, Finistère), décède le 14 juillet 1856, à l'âge de 51 ans, à l'Hospice Saint-Jacques de Nantes (aliéné ?).

Eliza Dolley et Franck avaient probablement continué à garder contact entre 1849 et 1856 (courriers, rencontres, voire nouvelles transmises par Alfred Désiré Boulland implanté à Nantes ?) car ils se retrouvent entre juillet 1856 et mai 1857 puis se marient.

Franck accueille à son domicile parisien Eliza et ses deux enfants, Jules Alphonse et Amélie Elisabeth Victoire Terpereau, alors respectivement âgés de 18 et 16 ans (mineurs qui vont être émancipés).

Dès juillet 1857, Franck participe aux séances de la Société Française de Photographie (Bulletins de la S.F.P. de 1857 et des années suivantes).

Il ouvre un atelier parisien de photographie au cours de l'année 1858, place de la Bourse, 15, adresse qui était déjà ou devient alors (?) celle de leur domicile. Ses nom et adresse sont présents dès l'Annuaire-Almanach Didot-Bottin de 1859 (p 811), "Franck, photographe, portraits, stéréoscopes, reproductions artistiques et leçons, place de la Bourse, 15".

Le verso de ses Cartes de visite affiche "Photographie - De - Franck - Place de la Bourse" (le "De" Franck révèle l'usage espagnol). 

Parallèlement, il s'associe avec son ancien assistant Alejandro Wigle, le chargeant seul de l'atelier de Barcelone : "Medalla De Oro - Fotografia - De - Franck y Wigle - Rambla del Centro, 18 - Barcelona - Casa en Paris - Plaza de la Bolsa, 15".

Il offre, à Paris, des "vues d'Espagne" à la Société Française de Photographie, pour la vente du printemps 1858. 

Franck et Eliza vont avoir une fille, Françoise Elisabeth Anne Gabrielle Gobinet de Villecholle, qui naît à leur adresse, le 20 février 1859. 

Franck participe à la IIIème Exposition de la S.F.P. de 1859 qui se tient à Paris, au Palais de l'Industrie (d'avril à juillet), avec des portraits (dont des cartes de visite) et la reproduction d'un bronze.

"M. Franck de Villecholles est trop connu du public pour que nous ayons besoin de dire qu'il fait de beaux portraits ; nous nous bornerons à signaler les groupes qu'il a reproduits à l'Ecole polytechnique comme réalisant, de la façon la plus complète, une impossibilité photographique. 

Faire cent cinquante portraits à la fois, sur une même glace et dans la même seconde, les recommencer à plusieurs reprises, tantôt en groupes, tantôt en bataillon, tantôt dans toutes les attitudes de la gymnastique, et les réussir toujours également, c'est un tour de force que bien peu de praticiens oseraient tenter, et que M Franck a accompli.

Il a de plus exposé une série de vues charmantes qui nous font connaître avantageusement son talent comme paysagiste" (Gazette nationale du 9 septembre 1861).

Franck photographie, lors de la même période, les œuvres du Salon de 1859, exposées au Palais des Champs-Elysées (du 15 avril au 15 juin 1859), pour le Journal Le Stéréoscope (Le Charivari du 14 mars 1859) dont les bureaux sont également situés place de la Bourse (n° 27). 

Le Journal Le Stéréoscope choisit de plus le photographe pour offrir un portrait à ses lecteurs en prime d'un abonnement d'un an : "L'exécution de ce portrait est confiée à un de nos plus habiles photographes, M. Franck, à Paris, place de la Bourse, 15 : la ressemblance est garantie" (Gazette nationale du 24 mars 1859 p 3).

Ce bonheur sera cependant vite gâché par le décès d'Eliza à l'âge de 45 ans (Amélie Elisabeth Gobinet de Villecholle), à leur domicile, deux mois et demi plus tard, le 6 mai 1859. Franck se retrouve avec deux adolescents et un bébé. 

Jules Alphonse Terpereau (Nantes 14 juin 1839 - Bordeaux 10 septembre 1897), formé par Franck au dessin et à la photographie, va cependant partir à l'Armée de fin 1859 à fin 1861 (Paris, Beyrouth, La Rochelle). Il va ensuite s'installer comme photographe en Gironde (Arcachon, Bordeaux), probablement grâce à l'aide financière de son beau-père.

Le 25 juillet 1861, Franck inaugure un nouvel et plus grand atelier (et domicile), dans un appartement situé au 2ème étage d'un immeuble de la rue Vivienne, au n°18 mais il conserve son atelier de la place de la Bourse, 15, comme succursale (Le Constitutionnel du 15 juillet 1861). 

"Ses salons sont un véritable musée, où l'on peut voir les traits des plus grandes célébrités contemporaines et les reproductions des portraits historiques les plus curieux des temps passés" (Henry Lauzac, op. cit., 1861 p 413)

Ses nouveaux cartons citent désormais les deux adresses parisiennes mais ne précisent toujours pas celle de l'atelier barcelonais, alors que les cartons barcelonais citent, pour leur part, uniquement la nouvelle adresse parisienne.

Franck continue probablement d'effectuer des voyages en Espagne après 1858 et cela jusqu'à la date de fermeture de son atelier barcelonais (vers 1865-1866).



ÉPILOGUE


"En 1845, le Daguerréotype commençait à obtenir des résultats remarquables. On pouvait lui prédire un avenir certain. M. de Villecholle le comprit ; mais (...) c'est sous un pseudonyme qu'il abrita son nom en débutant cette carrière (...).

Reçu partout avec empressement, M. de Villecholle visita les principales villes de l'ouest et du midi de la France, et recueillit à chaque pas de nombreuses sympathies. 

Plus tard, pour fuir la République, qui n'était pourtant pas bien menaçante, mais dont les principes blessaient en tous points ses susceptibilités monarchiques, il alla s'établir en 1849 à Barcelone où il se créa une position honorable. 

C'est en 1857 qu'il revint à Paris, où il devait trouver la récompense méritée pour quinze années [de 1845 à 1861] de consciencieux et intelligents travaux" (Henry Lauzac, "Franck de Villecholle", op. cit., 1861 pp 411-412).

Toutes ces affirmations se voient confirmées, même si Henry Lauzac ne respecte pas toujours la chronologie. Il place ainsi la période itinérante du photographe dans l'ouest et le sud-ouest de la France avant 1848, alors qu'elle commence en 1848.

Le véritable problème avec le texte ci-dessus vient du fait qu'il a longtemps été pris au pied de la lettre (alors qu'il s'agissait d'un raccourci), créant le mythe d'un long exil volontaire de Franck à Barcelone pendant 9 années ou, tout du moins, pendant près des cinq années qui ont précédé l'avènement du Second-Empire en France (avec une Impératrice d'origine espagnole).

Ce mythe s'est cependant fracturé depuis la fin des années 2010, notamment grâce aux recherches des historiennes espagnoles qui ont montré que le photographe Franck, tout au long de sa période barcelonaise, n'avait jamais coupé ses liens avec Paris.




dimanche 27 octobre 2024

1364-LES PHOTOGRAPHES REPRÉSENTANTS DU PANTHÉON DE L'ORDRE IMPÉRIAL DE LA LÉGION D'HONNEUR (1861-1870)


 SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



LES PHOTOGRAPHES REPRÉSENTANTS DU  


(1861-1870)

DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 30/10/2024



INTRODUCTION


Tous ceux qui s'intéressent à la photographie du XIXème siècle ont un jour ou l'autre croisé cette mention au revers d'une Carte de visite du Second Empire, "Seul Représentant Du Panthéon De L'Ordre Impérial Pour Le Département" et se sont interrogés sur son origine et sa date.

J'ai souhaité établir la liste des photographes représentants pour l'ensemble des départements français. Après avoir passé de longues heures à explorer Internet, j'ai pu, à partir des cartons-photos conservés (Collections, sites de vente en ligne) mais également des articles de journaux et des annuaires, retrouver les noms de 50 photographes des 93 départements du Second Empire dont 1 des 3 départements de l'Algérie.

C'est à ce moment là que j'ai découvert la liste originelle et récapitulative (1861), alors que j'ignorais jusqu'à son existence. J'ai alors considéré que mes recherches préalables, de plus incomplètes, devenaient totalement inutiles mais en découvrant cette liste globale plus en détail, j'ai réalisé que c'était une chance de ne pas l'avoir trouvée plus tôt et d'avoir établi un répertoire qui présentait des différences.


Légendes des images (versos de Cartes de visite) :

(0) mention de représentant départemental conforme à la liste de 1861 non retrouvée à ce jour ;

(1) mention du représentant départemental conforme à la liste de 1861 ;

(2) et (3) mentions du représentant départemental différentes et postérieures à 1861.



- AIN (ET RHÔNE) (1) - AIN (ET RHÔNE) (2) - AISNE (0) - 


 

- ALLIER (0) - ARDÈCHE (2) - ARDENNES (ET MARNE) (1) - 



- ARDENNES (ET MARNE) (2) - ARIÈGE (ET GARONNE HAUTE-) (0) - AUBE (1) - 


- AUDE (0) - AVEYRON (TARN ET LOZÈRE) (0) -AVEYRON (ET LOZÈRE) (2) - 



- BOUCHES-DU-RHÔNE (0) - BOUCHES-DU-RHÔNE (2) - CANTAL (1) - 



- CHARENTE (1) - CHARENTE-INFÉRIEURE (ET DEUX-SÈVRES) (1) - CHER (ET NIÈVRE) (1) - 


-  CHER (2) - CHER (3) - CORRÈZE (ET LOT) (2) -


- CORRÈZE (3) - CÔTE-D'OR (ET SAÔNE-ET-LOIRE) (1) - CÔTES-DU-NORD (0) -



LE PROJET


Un projet d'édition est conçu au début de l'année 1861 mais n'est lancé qu'à l'automne de la même année. L'information se répand à partir d'octobre, certains des photographes choisis s'en confiant à leur journal local (Estafette du Vaucluse du 6 octobre 1861 ; L'Aube du 29 octobre 1861).

"Les titres des légionnaires sont très-imparfaitement connus, même de ceux qui semblent en position de ne pas les ignorer. Mais on nous signale une tentative qui semble devoir réussir à faire la lumière sur la cause de toutes les décorations. Un auteur, M. Davans [Auguste Davons, auteur et éditeur, né en 1816, à Valenciennes, Nord], vient de se faire le Plutarque des décorés.

Voici son plan: Sous le titre de Panthéon de l'ordre de la Légion-d Honneur, il range les titulaires par classes : souverains, ministres, généraux, militaires, magistrats, savants, littérateurs, etc. Il les biographie, les photographie et les encadre dans des attributs. En un mot, c'est la collection des légionnaires qu'il publie sous toutes les formes qui peuvent concourir à rehausser l'intérêt" (L'Aube du 29 octobre 1861).

L'annonce officielle est ensuite diffusée sur tout le territoire national aux mois de novembre et décembre 1861, notamment par de grands encarts publicitaires des photographes impliqués.

"Le Panthéon de la Légion d'Honneur - Sous ce titre paraitra une collection photographiée des portraits de MM. les légionnaires, avec dessins et encadrements spéciaux à chaque catégorie de décorés. 

A cet effet, dans chaque chef-lieu de département, est établie une photographie dont la mission est de reproduire les portraits de tous les membres de la Légion d'Honneur (...). C'est à cette réalisation que marchent résolument les auteurs de cette entreprise, après s'être créé des relations dans toutes les parties de la France et aussi à l'étranger.

Un ouvrage spécial, renfermant des notices biographiques, ou l'état des services rendus, en forme de biographie, complétera, chaque année, cette grande œuvre, pourvu que chaque intéressé veuille bien s'y prêter en faisant parvenir ses nom, prénoms, âge, lieu de naissance, et compléter cet envoi par quelques renseignements particuliers propres à aider dans le travail.

Ainsi, le Panthéon formera très-rapidement une sorte de Musée d'honneur, destiné à composer une collection précieuse pour le présent, d'un grand prix pour l'avenir ; car elle est destinée à compléter une institution que l'Europe nous envie. Cette institution résume, en effet, l'histoire de toutes les gloires de la France au xix siècle.

La collection qui sera exécutée simultanément sur tous les points de la France, puisque l'on s'est assuré le concours d'un excellent photographe dans le chef-lieu de la plupart des départements, offrira un intérêt tout particulier. 

Chaque portrait, d'une dimension convenable, sera, comme nous l'avons dit, encadré dans un dessin charmant dont le sujet allégorique sera en harmonie avec la carrière que parcourt ou a parcourue le décoré. Ces dessins (il y en a de deux dimensions, moyenne et grande), exécutés par M. Rambert et qui sortent des presses de M. Moncelot, donneront un caractère tout particulier de sévérité, d'élégance et de bon goût aux portraits, et leur assigneront la place d'honneur, la place destinée au chef de la famille dans les salons les plus élégants" (L'Aube du 8 novembre 1861).

Charles Désiré Rambert (1824-1877)], édite en effet, dès novembre 1861, ses Encadrements artistiques dans la collection, Panthéon de l'ordre Impérial de la Légion d'Honneur (Bibliographie de la France du 14 décembre 1861).

Ernest Lacan se fait également le relais du projet dans Le Moniteur de la Photographie du 15 décembre 1861 : "Une publication dans laquelle la photographie remplira le principal rôle se prépare en ce moment. Il s'agit d'une collection de portraits de tous les légionnaires, qui paraitra sous le titre de Panthéon illustré de la Légion d'honneur, avec texte biographique. 

M. Davons, qui a eu l'idée de cette entreprise colossale, a pris toutes les mesures nécessaires pour la mener à bonne fin (...). Ce n'est pas une petite affaire ; mais M. Davons s'est entouré d'auxiliaires dont la plupart nous sont connus, et qui ont assez de zèle et de talent pour le seconder efficacement"


- DEUX-SÈVRES (ET CHARENTE-INFÉRIEURE) - DORDOGNE (2) - DOUBS (1) -


  - DRÔME (ET VAUCLUSE) (0) - EURE (1) - EURE-ET-LOIR (1) -


 - FINISTÈRE (1) - GARD (1) - GARONNE HAUTE- (ET ARIÈGE) (0) -



  - GERS (BASSES-PYRÉNÉES, HAUTES-PYRÉNÉES ET LANDES) (0) - GIRONDE (1) - HÉRAULT (1) -


 - ILLE-ET-VILAINE (0) - INDRE (0) - INDRE-ET-LOIRE (ET LOIR-ET-CHER) (0) -



 - INDRE-ET-LOIRE (2) - ISÈRE (0) - ISÈRE (2) -



- JURA (0) - LANDES (GERS, BASSES-PYRÉNÉES ET HAUTES-PYRÉNÉES) (0) - LOIR-ET-CHER (ET INDRE-ET-LOIRE) (0) -



 - LOIRE (0) - LOIRE HAUTE- (1) - LOIRE-INFÉRIEURE (0) -




LA LISTE DES PHOTOGRAPHES (1861)


"Collection photographiée de tous les portraits des légionnaires :  Dessins (...) de M. RAMBERTLa collection est exécutée simultanément sur tous les points de la France par les meilleurs photographes.

Directeur photographe représentant pour le département de la Seine : M. Titus Albitès, rue du Bac, 30, à Paris.

Directeur : M. Davons, auteur de "Napoléon III et l'Armée d'Italie" [1860], du "Voyage de l'Empereur en Normandie et en Bretagne" [1858], etc., etc. 

Un ouvrage biographique annuel complète cette publication, dont le prospectus se distribue chez tous les directeurs représentants de Paris et des départements. Voici les noms de ces représentants (quelques améliorations de présentation entre parenthèses et quelques ajouts et corrections entre crochets ont été apportés à cette liste pour en faciliter la lecture et la compréhension) :


- AIN (ET RHÔNE), M. Victoire, rue Saint-Pierre, à Lyon (Rhône). 

- AISNE, M. Vinmer, à Saint-Quentin.

- ALLIER, M. Brunel, rue de la Chopine, à Moulins ; M. Coutem, photographe de l'Empereur, à Vichy. 

- ARDENNES (ET MARNE), M. Levavasseur, rue de Talleyrand, à Reims (Marne).

- ARIÈGE (ET HAUTE-GARONNE), M. Provost, rue de la Pomme, nº 64, à Toulouse (Haute-Garonne)

- AUBE, M. Gustave Lancelot, à Troyes. 

- AUDE, M. Firmin Comte, à Carcassonne. 

- AVEYRON (LOZÈRE ET TARN), M. Ducros, à Rodez (Aveyron)

- BOUCHES-DU-RHÔNE, MM. Cassien et Thobert, rue Saint-Ferréol, nº 50, à Marseille.

- CANTAL, M. Jules Amouroux, à Aurillac

- CHARENTE, M. Fellot, Angoulême

- CHARENTE-INFÉRIEURE [aujourd’hui Charente-Maritime] (ET DEUX-SÈVRES), M. Mège, à Rochefort (Charente-Inférieure).

- CHER (ET NIÈVRE), M. Teruel, rue du Petit-Versailles, nº 9, à Nevers (Nièvre)

- CÔTE-D'OR (ET SAÔNE-ET-LOIRE), M. Guipet, rue Amiral-Roussin, nº 17, à Dijon (Côte-d'Or). 

- CÔTES-DU-NORD [aujourd’hui Côtes-d’Armor], M. Paturel, à Saint-Brieuc. 

- DEUX-SÈVRES (ET CHARENTE-INFÉRIEURE), M. Mège, à Rochefort (Charente-Inférieure).

- DOUBS, M. Truchelut, à Besançon. 

- DRÔME (ET VAUCLUSE), M. Barbier, rue Velouterie, nº 3, à Avignon (Vaucluse)

- EURE, M. Barrouillet [Barouillet], à Evreux. 

- EURE-ET-LOIR, M. Galles [Gallas] ainé, à Chartres. 

- FINISTÈRE, M. Penaux [Pénau], rue de Siam, à Brest

- GARD, M. Crespon, promenade de la Fontaine, à Nîmes. 

- GARONNE HAUTE- (ET ARIÈGE), M. Provost, rue de la Pomme, nº 64, à Toulouse (Haute-Garonne)

- GERS (BASSES-PYRÉNÉES, HAUTES-PYRÉNÉES ET LANDES), M. Subercaze, à Pau (Pyrénées Basses-).

- GIRONDE, M. Armand et Co, photographie de la Gironde, 19, fossés de l'Intendance, à Bordeaux.

- HÉRAULT, M. Hugues Moline [Huguet-Moline], Grande- Rue, nº 28, à Montpellier.

- ILLE-ET-VILAINE, MM. Marie frères, rue du Bel-Air, nº 6 bis, à Rennes. 

- INDRE-ET-LOIRE (ET LOIR-ET-CHER), M. Maurice, boulevard Béranger, nº 6, à Tours (Indre-et-Loire)

- ISÈRE, M. Poton, à Grenoble. 

- JURA, M. Chavet [Chavot], rue du Commerce, nº 58, à Lons-le-Saunier.

- LANDES (GERS, HAUTES ET BASSES-PYRÉNÉES), M. Subercaze, à Pau (Pyrénées Basses-).

- LOIR-ET-CHER (ET INDRE-ET-LOIRE), M. Maurice, boulevard Béranger, nº 6, à Tours (Indre-et-Loire)

- LOIRE, M. Chéri Rousseau [Chéri-Rousseau], place de la Mariée, nº 8, à Saint- Etienne. 

- LOIRE HAUTE-, M. Sabatier, place du Breuil, au Puy

- LOIRE-INFÉRIEURE (aujourd'hui Loire-Atlantique), M. Wolter, rue Boileau, nº 9, à Nantes. 

- LOIRET, M. Richault, rue des Grands-Ciseaux, nº 7, à Orléans. 

- LOT (ET MAINE-ET-LOIRE), Bertaut [Berthault], place du Ralliement, à Angers (Maine-et-Loire)

- LOT-ET-GARONNE, M. Domergue, à Agen.

- LOZÈRE (AVEYRON ET TARN), M. Ducros, à Rodez (Aveyron).

- MAINE-ET-LOIRE (ET LOT), Bertaut [Berthault], place du Ralliement, à Angers (Maine-et-Loire)

- MANCHE, M. Galloz [Gallot], à Cherbourg

- MARNE (ET ARDENNES), M. Levavasseur, à Reims (Marne)

- MAYENNE, M. Pepin, à Laval. 

- MEURTHE [aujourd’hui Meurthe-et-Moselle], M. Peultier, rue des Dominicains, nº 6, à Nancy. 

- MORBIHAN, M. Carlier, à Vannes. M. Duclos, à Lorient.

- MOSELLE [aujourd’hui Meurthe-et-Moselle], M. Meurisse, à Metz

- NIÈVRE (ET CHER), M. Teruel, rue du Petit-Versailles, nº 9, à Nevers (Nièvre).

- NORD, MM. Leblondel [Le Blondel] frères, Pont de Roubaix, à Lille. 

- OISE, M. G. [Charles] Herbert, rue du Lion-Rampant, nº 7, à Beauvais.

- ORNE. M. Michenon, à Alençon. 

- PAS-DE-CALAIS, M. Verneuil, à Boulogne-sur-mer.

- PUY-DE-DOME, M. Bérubet, à Clermont-Ferrand. 

- PYRÉNÉES BASSES- [aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques] (PYRÉNÉES HAUTES, LANDES, GERS), M. Subercaze, à Pau (Pyrénées Basses-).

- PYRÉNÉES HAUTES- (PYRÉNÉES BASSES, LANDES ET GERS), M. Subercaze, à Pau (Pyrénées Basses-).

- PYRÉNÉES-ORIENTALES, M. Bataille, à Perpignan. 

- RHIN BAS-, M. Falkenstein, rue Mercière, à Strasbourg. 

- RHIN HAUT-, M. Eugène Adam, à Colmar. 

- RHÔNE (ET AIN), M. Victoire, rue Saint-Pierre, à Lyon (Rhône).

- SAÔNE-ET-LOIRE (ET CÔTE-D’OR), M. Guipet, rue Amiral-Roussin, nº 17, à Dijon (Côte-d'Or)

- SAÔNE HAUTE-, M. Nedzynski, à Vesoul

- SARTHE, M. Gustave Cosson, au Mans. 

- SAVOIE (créé en 1860) (ET HAUTE-SAVOIE), M. Chamussy, rue de la Gare, nº 1, à Chambéry (Savoie)

- SAVOIE HAUTE- (créé en 1860) (ET SAVOIE), M. Chamussy, rue de la Gare, nº 1, à Chambéry (Savoie)

SEINE (Paris et arrondissements de Saint-Denis et Sceaux), directeur représentant, M. Titus Albitès, rue du Bac, 30, à Paris.

- SEINE-ET-MARNE, M. Laleu, à Melun. 

- SEINE-ET-OISE [aujourd’hui Yvelines]. Pinoz [Pinot], rue Neuve, nº 25, à Versailles.

- SEINE-INFÉRIEURE [aujourd’hui Seine-Maritime], M. Pieters, rue Grand-Pont, nº 36, à Rouen.

- SOMME, M. Faure, passage du Commerce, à Amiens. 

- TARN (AVEYRON ET LOZÈRE), M. Ducros, à Rodez (Aveyron).

- TARN-ET-GARONNE, M. Cassan, à Montauban.

- VAR, M. Eugène [Eugène Malacrida dit Eugène de Paris], à Toulon.

- VAUCLUSE (ET DRÔME), M. Barbier, rue Velouterie, nº 3, à Avignon (Vaucluse).

- VENDÉE, M. Léon Allègue, à Napoléon-Vendée [La-Roche-sur-Yon]. 

- VIENNE, M. Dornay [Darnay], rue Maginta [Magenta], nº 16, à Poitiers.

- VIENNE HAUTE-, M. [ou Mme ?] Desfray, rue Saint-Martial, à Limoges.

- VOSGES, M. Plubel, à Epinal.


ALGÉRIE 

- ALGER, MM. Alary [Jean Baptiste Antoine] et Geiser [Julie, veuve Geiser], à Alger.

- CONSTANTINE, M. Briou, à Constantine.

- ORAN, M. Moniot, à Oran.


BELGIQUE, MM. Ghémar frères, rue de l'Ecuyer, à  Bruxelles".



 - LOIRET (0) - LOT (ET MAINE-ET-LOIRE) (0) LOT (ET CORRÈZE) (2) -



 - LOT-ET-GARONNE (1) - LOZÈRE (AVEYRON ET TARN) (0) - LOZÈRE (ET AVEYRON) (2) -



 - MAINE-ET-LOIRE (ET LOT) (0) - MANCHE (1) - MARNE (ET ARDENNES) (1) - 


- MARNE (ET ARDENNES) (2) - MAYENNE (0) - MEURTHE (0) -

- MORBIHAN (0) - MOSELLE (1) - NIÈVRE (ET CHER) (1) -



- NORD (1) - OISE (1) - OISE (2) - 



-  ORNE (0) - PAS-DE-CALAIS (1) - PUY-DE-DÔME (1) -



- PYRÉNÉES BASSES- (PYRÉNÉES HAUTES-, GERS ET LANDES) (0)  - PYRÉNÉES HAUTES- (PYRÉNÉES BASSES-, GERS ET LANDES) (0) - PYRÉNÉES-ORIENTALES (0) - 



 - RHIN BAS- (1) - RHIN HAUT- (1) - RHÔNE (ET AIN) (1) - 




ANALYSE


Cette longue liste révèle le nom de nombreux départements, y compris ceux de l'Algérie, et ajoute un correspondant pour la Belgique. Cependant, la liste des départements français n'est pas exhaustive mais concerne, comme le précise l'annonce officielle, "le chef-lieu de la plupart des départements". Les 13 départements suivants n'ont pas de représentants :

- ALPES-MARITIMES [créé en 1860] ; ALPES (BASSES-) [aujourd’hui Alpes-de-Haute-Provence] ; ALPES (HAUTES-) ; ARDÈCHE ; CALVADOS ; CORRÈZE ; CORSE ; CREUSE ; DORDOGNE ; INDRE ; MARNE (HAUTE-) ; MEUSE ; YONNE.

Le recrutement a dû s'adapter à la réalité et s'étendre notamment au-delà des chefs-lieux, à d'autres villes du département. C'est le cas pour le FINISTÈRE (Quimper au lieu de Brest), la LOIRE (Saint-Etienne au lieu de Montbrison), la MANCHE (Saint-Lô au lieu de Cherbourg), le MORBIHAN (Lorient au lieu de Vannes), le PAS-DE-CALAIS (Boulogne-sur-Mer au lieu d'Arras) et le VAR (Toulon au lieu de Draguignan).

Il a même fallu parfois recourir aux photographes déjà nommés d'un département voisin. Certains d'entre eux se voient ainsi chargés de 2 à 4 départements, ce qui explique que seulement 66 photographes sont cités pour 80 départements français. En revanche, les départements de l'ALLIER et du MORBIHAN possèdent d'emblée deux représentants.

Le directeur de la photographie, "M. Titus Albitès, a reçu la mission de diriger et de centraliser ces travaux" (Le Moniteur de la Photographie du 15 décembre 1861). C'est lui qui a dû contacter individuellement, "les meilleurs photographes de chaque chef-lieu" (L'Aube du 29 octobre 1861).

Le choix de ces photographes pose cependant question. Y-a-t-il eu un appel à candidature ou les photographes ont-ils été désignés ? Le choix a-t-il été effectué uniquement par MM. Albitès et Davons, d'après l'ancienneté, la réputation et les expositions de chacun des photographes ? 

Le projet de collection se faisant en accord avec la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur, placée sous la tutelle du ministre d'Etat, il est probable que le choix départemental des photographes a été effectué ou validé par chacun des préfets (eux-mêmes décorés de la Légion-d'Honneur).

L'ancienneté ne peut pas avoir été un critère de sélection pour les photographes car si nombre des photographes listés ont débuté dans les années 1840 ou 1850, d'autres viennent juste de s'installer en 1860 ou 1861 et n'ont donc pas ou peu d'expositions à leur actif (comme Michenon à Alençon, Orne). 

Il s'agit bien de "nominations" car M. Barbier, photographe, informe les habitants d'Avignon, par le biais de l'Estafette du Vaucluse du 6 octobre 1861, "qu'il vient d'être nommé pour le département" et qu'il se tiendra disponible pour les légionnaires dès le 1er novembre.

Ces nominations peuvent d'ailleurs engendrer de la rancœur de la part des autres photographes. M. Joseph Emery-Dufour clame ainsi son indignation à Dijon dans L'Union bourguignonne du 24 décembre 1861 : 

"Le Panthéon de l'Ordre Impérial de la Légion d'Honneur étant une entreprise purement commerciale, M. EM. Dufour, photographe, place St-Jean, 43 [à Dijon], a l'honneur d'informer le public qu'il fera le portrait de MM. les légionnaires, ainsi que de toutes les personnes qui voudront bien lui accorder leur confiance ; seulement, le portrait de MM. les légionnaires ne sera pas encadré de dessins allégoriques, ce genre étant réservé pour MM. les compagnons. M. EM. Dufour est "le seul" des photographes de Dijon qui ait obtenu une médaille à l'Exposition de cette ville". 

M. Joseph Emery-Dufour vise ainsi, sans le citer, M. Antoine Guipet qui lui, a été nommé. Il dénonce également, "l'entreprise purement commerciale", la collection  restant en effet le projet d'édition d'un ouvrage parmi tant d'autres à l'époque (comme le Panthéon littéraire, le Panthéon historique, le Panthéon musical, le Panthéon biographique universel...).

Face à ce qu'il considère comme une injustice, le photographe Emery-Dufour démontre cependant l'importance qu'a pour lui une telle nomination. 

Les photographes nommés vont d'ailleurs afficher, dans leur ville et celle(s) de leur(s) succursale(s), leur titre de "représentant", de "seul représentant", de "directeur représentant", voire de "succursaliste représentant le Panthéon de l'ordre impérial de la Légion d'Honneur", sur tous leurs supports publicitaires. 

Seuls quelques photographes semblent ne pas avoir affiché cette mention au revers de leurs Cartes de visite, ou l'avoir affichée peu de temps, parce qu'ils ont bénéficié du brevet prestigieux de "Photographe de S.M. L'Empereur" (ou de "Photographes du Roi" pour MM. Ghémar Frères à Bruxelles).

La liste originelle révèle quelques noms de photographes peu connus, voire pas répertoriés, comme Laleu à Melun (Seine-et-Marne), Léon Allègue à Napoléon-Vendée (Vendée), J. Nedzynski à Vesoul (Haute-Saône) ou Moniot à Oran (Algérie). 

Elle dévoile également l'adresse précise de nombreux professionnels en novembre 1861, voire repousse la date jusque-là admise de leur premier atelier. On découvre notamment l'existence d'un premier atelier de Firmin Comte à Carcassonne (Aude), avant celui de Bordeaux (Gironde). 



- RHÔNE (ET AIN) (2) - SAÔNE-ET-LOIRE (ET CÔTE-D'OR) (1) - SAÔNE HAUTE- (1) -



- SARTHE (1) - SAVOIE (ET SAVOIE HAUTE-) (0) - SAVOIE HAUTE- (ET SAVOIE) (0) -



- SEINE (0) - SEINE-ET-MARNE (0) - SEINE-ET-OISE (1) -



 - SEINE-INFÉRIEURE (1) - SOMME (0) - SOMME (2) -



- TARN (AVEYRON ET LOZÈRE) (0) - TARN-ET-GARONNE (0) - VAR (1) -
 


- VAUCLUSE (ET DRÔME) (0) - VENDÉE (0) - VENDÉE (2) - 




- VIENNE (1) - VIENNE (2) - VIENNE (3) -



- VIENNE HAUTE- (1) - VOSGES (1) - YONNE (2) -



 - ALGER (1) - CONSTANTINE (1) - ORAN (0) -




LISTE COMPLÉMENTAIRE


La liste que j'ai pu établir vient compléter celle de 1861 mais concerne la suite des années 1860, sans toujours plus de précision. Plus de 110 photographes au total ont porté le titre de "représentant du Panthéon de l'ordre Impérial de la Légion-d'Honneur".

Cette liste comporte les noms des photographes de 4 nouveaux départements : ARDÈCHE, CORRÈZE, DORDOGNE, YONNE ; ceux de 9 départements restent inconnus, certains d'entre eux n'ayant peut-être jamais été nommés (comme dans les Alpes-Maritimes).

Elle présente également les noms de représentants qui semblent s'être très rapidement substitués à ceux de 1861, comme pour :

- l'Ain et le Rhône, M. Coffin, à M. Victoire (Lyon, Rhône), automne 1862.

- l'Aveyron, M. Bouillier (Millau), à M. Ducros (Rodez), avant 1864,

- les Bouches-du-Rhône, M. Bienmüller, à MM. Cassien & Thobert (Marseille), avant 1864,

- le Cher, M. Emile Poupat (Bourges), à M. Teruel (Nevers, Nièvre),

- la Gironde, M. Firmin Comte (antérieurement représentant de l'Aude) à M. Armand et Co (Bordeaux), dès mai 1862,

- l'Isère, W. Mérienne puis Mérienne & Léon, à M. Poton (Grenoble).

- le Lot, M. Girardeau dit Honoré (Cahors), à M. Berthault (Angers, Maine-et-Loire),

- la Vendée, M. B. Trolet, à M. Léon Allègue (Napoléon-Vendée).

Le département de la Corrèze d'abord confié à M. Girardeau dit Honoré, à Cahors (Lot), revient ensuite à M. F. Bossuet, à Tulle (Corrèze).

Il faudrait creuser davantage cette question pour connaître les raisons de chacune de ces substitutions : renoncement du premier photographe nommé, nouvelle installation d'un photographe dans le même département que ce dernier (comme M. Wilhelm Bienmüller pour les Bouches-du-Rhône) ou dans le département voisin qui lui était rattaché (comme M. Emile Poupat pour le Cher).

La liste précise parfois l'existence de succursales, comme celles de M. Charles Herbert dans l'Oise.

Voici les différences constatées par rapport à la liste de 1861 :

- AIN (ET RHÔNE), M. Coffin, à Lyon (Rhône).

- ARDÈCHE, M. Joseph Léon Sausse dit Joseph Léon, à Privas.

- ARDENNES (ET MARNE), Melle Hermance (successeur de Levavasseur), à Reims (Marne).

- AVEYRON (ET LOZÈRE), M. Bouiller/Bouillier à Millau (Aveyron).

- BOUCHES-DU-RHÔNE, M. Bienmüller, à Marseille.

- CHER, M. Emile Poupat puis MM. Charles & Emile Poupat, à Bourges.

- CORRÈZE (ET LOT), M. & Mme. Girardeau dit Honoré, Cahors (Lot).

- CORRÈZE, M. F. Bossuet et F. Bossuet & Cie, à Tulle.

- DORDOGNE, Richard, à Périgueux.

- GERS, M. Joseph Descomps, à Auch.

- GIRONDE, Firmin Comte à Bordeaux.

- INDRE-ET-LOIRE, MM. Bailly & Maurice, à Tours.

- ISÈRE, Mérienne puis Mérienne & Léon, à Grenoble.

- LOT (ET CORRÈZE), M. & Mme. Girardeau dit Honoré, Cahors (Lot).

- LOZÈRE (ET AVEYRON), M. Bouiller/Bouillier, à Millau (Aveyron).

- MARNE (ET ARDENNES), Melle Hermance (successeur de Levavasseur), à Reims (Marne).

- NORD, A. Le Blondel (et plus Le Blondel frères), à Lille.

- OISE, Charles Herbert, à Beauvais, Clermont et Méru.

- RHIN HAUT-, M. Louis Michenon à Colmar.

- RHÔNE (ET AIN), M. Coffin, à Lyon (Rhône).

- SEINE-ET-OISE (aujourd'hui Yvelines), M. Riou, à Versailles.

- SEINE-INFÉRIEURE (aujourd’hui Seine-Maritime), M. Achille Plaisant, à Rouen.

- SOMME, M. A. Faure & Cie (ai lieu de Faure seul), à Amiens.

- VENDÉE, M. B. Trolet, à Napoléon-Vendée (La Roche-sur-Yon).

- VIENNE, M. V. Motte, successeur de Barbier, à Poitiers.

- YONNE, M. C. Courageux, à Sens (et non à Auxerre, chef-lieu).


De nombreux photographes vont conserver la mention de "représentant du Panthéon de l'Ordre Impérial" au revers de leurs cartons-photos jusqu'au milieu des années 1860 (date d'édition du premier volume) ou même toute la décennie, jusqu'à la chute du Second Empire.

Ils vont faire bénéficier de ce titre à leur associé, comme M. Bailly associé à M. Maurice à Tours (Indre-et-Loire) puis à leur successeur, comme Melle Hermance successeur de Levavasseur à Reims (Marne), M. Léon associé puis successeur de Mérienne à Grenoble (Isère) ou M. Motte associé puis successeur de M. Darnay à Poitiers (Vienne).

Certains vont même se recommander de cet ancien titre après leur déménagement dans un nouveau département, "Ex-directeur représentant", comme M. Girardeau dit Honoré, installé d'abord à Cahors (représentant du Lot et de la Corrèze) puis, au plus tard en 1867, à Bordeaux (Gironde).


- Auguste DAVONS (1816-?) et Amédée BOUDIN (1814-1886), 
Panthéon de la Légion-d'Honneur, Tome Premier, 1864,
Paris, Boulevard Montmartre, N° 10, impr. Alcan-Lévy, 
couverture de l'ouvrage,
Evreux, Bibliothèque Patrimoniale.



L'ÉDITION


La publication du premier volume du Panthéon de l'Ordre Impérial va prendre plusieurs années. Sa sortie est envisagée fin 1861-début 1862 pour le mois de septembre 1862 (Le Salut Public du 4 février 1862) mais n'a lieu ni en 1862 ni en 1863.

Elle est à nouveau annoncée début février 1864, avec rappel aux légionnaires "d'adresser sans retard tous les éléments de leur biographie à M. Davons. Le premier volume, déjà fort avancé, paraîtra fin mai" (Gazette nationale ou le Moniteur universel du 4 février 1864). 

La publication se voit cependant repoussée jusqu'en décembre 1864 : "Grand in-8° à 2 col., 396 p, Paris, impr. Alcan-Lévy ; 10, boulevard-Montmartre. 5 fr." (Bibliographie de la France du 21 janvier 1865).

"Sous le titre de : Panthéon de la Légion-d'Honneur, deux écrivains distingués, MM. A. Davons et A. Boudin, viennent de publier le 1er volume d'une véritable biographie universelle ; biographie française, s'entend, et un peu plus que contemporaine puisqu'elle admet les hommes illustres qui, depuis soixante ans, ont fait partie de la glorieuse institution créée par l'Empereur Napoléon Ier [instituée par décret du 19 mai 1802].

C'est ainsi que tous les membres de la famille impériale ont leur page dans la publication nouvelle à côté de Sa Majesté Napoléon III ; auprès des personnages politiques, tels que MM. Achille Fould, Magne, de Persigny, Walewski, de Morny, etc., on retrouve les noms qui ne s'oublieront pas, de MM. Abbatucci, Binaut, Fortoul, Hamelin, etc.

Comme on le voit, ce plan est vaste et il comporte même, dans une certaine mesure, quelques excursions dans le domaine de la biographie étrangère ; LL. MM. le roi d'Italie, le roi des Belges, le roi de Wurtemberg, le duc de Brabant, le prince de Carignan, le prince Humbert, etc., figurent ici en leur qualité de grand' croix de la Légion d'Honneur.

En général, les notices de MM. Davons et Amédée Boudin se recommandent par l'impartialité et par l'exactitude, deux qualités essentielles et malheureusement bien rares.

Nous signalerons, entr'autres, l'étude consacrée à l'Empereur Napoléon III ; on y trouve habilement condensés un très grand nombre de faits puisés à bonne source, quelquefois neufs et dignes d'être consultés par les historiens qui entreprendront de raconter un grand règne" (Le Constitutionnel du 26 mars 1865). 

Ce premier volume semble n'être conservé qu'en un seul et unique exemplaire dans les Collections publiques, à la Bibliothèque patrimoniale d'Evreux (Eure) et n'est consultable que sur place. Cependant ses personnels que je remercie, et en particulier Mme Séverine Capoën, chargée des collections, ont eu la gentillesse de me présenter en détail l'ouvrage et de m'en adresser quelques extraits numérisés. 

Je souhaitais connaître la liste des photographes ayant participé à ce volume, vérifier si les portraits des légionnaires étaient des tirages albuminés collés ou des estampes réalisées d'après les photographies et découvrir les dessins allégoriques d'encadrement au "cachet tout particulier de sévérité, d'élégance et de bon goût" (L'Opinion Nationale du 15 décembre 1861).

Et bien, rien de tel dans l'ouvrage, les 257 biographies de légionnaires ne sont accompagnées ni de dessins allégoriques ni de photographies d'aucune sorte ! La ou les raisons de cette suppression ne sont pas connues : problème de coût, photographies manquantes... ? Les photographes qui ont participé au projet n'ont jamais vu leur nom inscrit dans l'ouvrage.

De plus, ce premier volume est également le dernier à être publié sous le Second Empire, même s'il est probable que ses auteurs aient continué à engranger la documentation nécessaire aux nouvelles nominations.

On est loin de ce qui avait été envisagé au lancement du projet, à savoir deux volumes par an : "Trois collections seront formées pour être offertes, la première à S. Exc. M. le Ministre de la maison de l'Empereur, la seconde a M. le Grand Chancelier de la Légion-d'Honneur, la troisième aux archives du département représenté par le Photographe désigné" (Le Salut Public du 4 février 1862). 

Cependant, il est vrai que dès 1863, MM. Davons et Boudin ont publié, ensemble ou séparément, plusieurs notices individuelles de légionnaires (M. Hamel en 1863 ; M. A.J. Jacquet en 1869 ; Jules Lacroix en 1870...), dans la même collection du "Panthéon Impérial de la Légion-d'Honneur" et au Bureau du même nom, situé boulevard Montmartre (n° 10 puis 18). 

Ils consacreront également de nouvelles publications à l'Empereur, Napoléon III devant le Suffrage universel en 1869 et Histoire de Napoléon III (continuée jusqu'à sa mort) en 1873.

La publication de 25 nouveaux volumes contenant des biographies des légionnaires sera cependant reprise et continuée, à partir des années 1870 (1875-1912), par Théophile Lamathière (né en 1842 à Tulle, Corrèze) qui avait déjà collaboré avec Amédée Boudin pour l'écriture de notices individuelles. Ces biographies seront cependant, à nouveau, dépourvues de portraits photographiques.