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mercredi 21 mai 2025

1388-LES KIOSQUES À MUSIQUE DU PARC DE VICHY AU XIX° SIÈCLE


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


LES KIOSQUES À MUSIQUE DU PARC DE VICHY AU XIX° SIÈCLE



LE KIOSQUE À MUSIQUE DE L'ÉTABLISSEMENT THERMAL


L'été 1861, lors de la première cure de l'Empereur Napoléon III à Vichy, la Compagnie fermière de l'Etablissement thermal donne, comme à son habitude, de grands concerts au Salon de la Rotonde de l'Etablissement thermal mais également des concerts en plein air.

Une estrade est en effet dressée, au nord du Parc complanté de grands platanes et tilleuls, dans l'axe de la façade de l'Etablissement, entre le Kiosque des Sels de Vichy à l'ouest et le Café de la Rotonde à l'est (Image 1). 

L'orchestre de Bernardin [Bernard Courtois dit (c.1826-c.1871)] y joue les après-midis, de trois heures et demie à quatre heures et demie, et la musique militaire, celle des grenadiers de la Garde de l'Empereur, le soir, de sept à huit heures (quand il ne pleut pas)


1- CLERGET Hubert (1818-1899), dessinateur et DUMONT et GUSMAND, graveurs, 
Vichy, Concert dans le Parc, devant la façade de l'Etablissement (vue sud-nord),
avec le Kiosque des Sels de Vichy à gauche, l'estrade de Musique au centre et le Café de la Rotonde à droite,
estampe parue dans l'ouvrage d'Albéric Second, Vichy-Sévigné, Vichy-Napoléon,
 Paris, H. Plon, 1862, pp. 14-15 (Université Clermont Auvergne, BCU, ici).


En 1862, l'estrade des Concerts est surmontée d'un dais protégeant l'orchestre du soleil et installée du côté nord-ouest du Parc, près du Kiosque des Sels de Vichy (Image 2).


2- CLERGET Hubert (1818-1899), dessinateur et lithographe, 
Etablissement Thermal et Parc - Vichy (vue sud-nord),
détail de la partie gauche de l'image, avec l'estrade de la Musique au-devant du kiosque des Sels de Vichy,
lithographie en couleurs parue dans l'ouvrage de Charles Brainne, Vichy sous Napoléon III,
 Bougarel Fils Editeur, 1863, entre les pp. 66 et 67 (Université Clermont Auvergne, BCU, ici).


Dès la saison 1863, c'est un Kiosque à Musique qui vient se substituer à l'emplacement de cette estrade.

"Voilà devant nous le Parc, avec ses cinq allées en éventail, dont la principale a un dôme de branches entrelacées ; à droite s'élève le pavillon peint en vert, où l'orchestre de Bernardin et la musique de la garde se relayent pour enchanter les oreilles des dilettanti, et la construction fantaisiste, où se vendent les sels de Vichy. 

A gauche, l'élégant café de la Rotonde, autour duquel s'empilent des chaises vertes et de légères tables rondes, qu'à un moment donné on dissémine sous les arbres" (La Semaine des Familles du 15 août 1863 p 734).

Ce Kiosque est encore en place lors de la saison 1864 :

"La Compagnie a trouvé un moyen très ingénieux d'accroitre ce revenu [de la location des chaises dans le Parc] : Au lieu de disposer les chaises autour du kiosque de musique, ainsi qu'on le fait à Paris, à Lyon et partout, et de faire recevoir le prix de location quand le public est placé, elle groupe ces chaises en tas, à une certaine distance du kiosque, où le public doit nécessairement venir les prendre" (Courrier de Vichy et de Saint-Yorre du 1er juillet 1864).

Le devenir de ce kiosque, dont aucune représentation ne semble conservée, reste inconnu après 1864.



LE KIOSQUE À MUSIQUE DU CASINO (CÔTÉ SUD-OUEST)


Date de construction

L'Empereur décide, dès son premier séjour, d'aider au développement de la station thermale estivale (ouverte de mai à septembre) et envisage de grands travaux dans la ville, en lien avec la Compagnie fermière de l'Etablissement thermal. 

Dès mai 1863, cette dernière s'engage, pour sa part, à construire un nouveau Casino-Théâtre d'Eté, un Kiosque à Musique et un Restaurant, et à agrandir les Bains de l'Hôpital. Le Casino, dont les plans de l'architecte Charles Badger sont validés en août 1863, est érigé dès le mois de novembre de la même année.

Le projet du Kiosque à Musique, prévu près du Casino-Théâtre, au sud-ouest du Parc, est représenté sur un plan du Guide de F. de Castanié, paru au printemps 1864, et est présenté par l'auteur :

"A droite et à gauche du Casino, seront deux annexes ; la première comprendra le kiosque de la musique, qui pourra au besoin être utilisé pour des fêtes de soir, l'emplacement réservé aux auditeurs et l'estrade de l'orchestre. 

La seconde, établie sur une partie de l'ancien Rosarium, comprendra un café-restaurant précédé d'un jardin..." (F. de Castanié, Nouveau Guide complet aux Eaux de Vichy, 1864, plan p. 37, texte pp. 71-72 ; Bibliographie de la France du 4 juin 1864 p 262).

L'année suivante, des précisions complémentaires sont apportées par La Semaine de Cusset et de Vichy du 13 mai 1865 : 

"On pénètrera dans l'enceinte réservée à la musique Diurne, moyennant 50 cent. ou une carte d'abonné de 5 fr. par mois [location de chaise].

Outre l'orchestre dirigé par M. Bernardin, quatre kiosques en ce moment en construction, offriront des distractions commerciales, variées, aux habitués du parc à musique". 

Le Kiosque à Musique semble donc en construction aux mois d'avril-mai 1865.

Il est ensuite représenté, avec les quatre kiosques d'angle, sur un plan de ville daté du 20 juin 1865 (Image 3).


3- RONDEPIERRE Emile, architecte et REYMOND Benoît, géomètre, 
Plan de Détails - Ville de Vichy, daté du 20 juin 1865,
détail de la partie méridionale du Parc (plan réorienté nord-sud),
Fonds patrimoniaux de Vichy.

 De gauche à droite et d'ouest en est (chiffres ajoutés à l'encre blanche) :
1- "Hôtel des Ambassadeurs", à l'angle de la rue du Parc et de la rue Rouher (actuelle rue du Casino)
2- "Orchestre", Kiosque de la Musique placé au centre d'une partie réservée du Parc,
 avec une entrée au nord de l'enclos et quatre pavillons d'angle
3- "Casino-Théâtre - Salon - Jeux" (dénommé aujourd'hui Palais des Congrès-Opéra)
4- "Restaurant du Parc", près de la rue Cunin-Gridaine (actuelle rue du Président Wilson).



La question se pose de savoir si l'installation du Kiosque à Musique a été achevée à la date du plan et si le parc à musique a été prêt à recevoir du public à la date de l'inauguration du Casino, le 2 juillet 1865.

Il apparaît d'ailleurs que le plan ci-dessus montre d'une part, du côté ouest, une vue en élévation de l'Hôtel des Ambassadeurs agrandi, alors que les travaux viennent tout au mieux de débuter (La Semaine de Cusset et de Vichy du 4 novembre 1865), et d'autre part, du côté est, l'emplacement du futur Restaurant du Casino dont la construction ne sera entreprise que plusieurs années plus tard.

Cependant, le Kiosque à Musique, édifié au printemps 1865 a bien accueilli, dans les semaines suivantes, "les concerts diurnes du Parc, sous la direction de M. Bernardin" (Revue et Gazette Musicale de Paris du 6 août 1865 p 257).

Les documents relatant cette première saison sont peu nombreux (absence de l'Empereur) et concernent essentiellement le bâtiment du Casino. Ce n'est que lors de la saison suivante que se multiplient les évocations du Kiosque et les éloges relatifs à son architecture. 

Cela implique-t-il que le Kiosque à Musique installé au printemps 1865, était celui de l'Etablissement thermal, et que le nouveau Kiosque n'a été édifié qu'en 1866 ? C'est une possibilité qui ne peut être évacuée, d'autant que de nouvelles chaises destinées aux auditeurs ne sont, elles aussi, mises en service qu'au printemps 1866.

"L'année dernière (...), on se plaignait qu'une seule entrée donnât accès au parc de la musique ; en voici huit au moins qui sont ouvertes et ces ouvertures seront bien accueillies du public. Le kiosque destiné à l'orchestre est des plus gracieux"  (La Semaine de Cusset et de Vichy du 5 mai 1866).

"Quel ravissant kiosque pour l'orchestre dans le Parc à musique (...). On y a installé des chaises élégantes, des fauteuils de même fabrique. C'est autrement gracieux que les vilains sièges de l'année passée (...). A huit heures et demie et à une heure, musique dans le Parc" (La Semaine de Cusset et de Vichy du 9 juin 1866).

"Le square musical est le lieu privilégié ; c'est comme l'oasis de l'Etablissement. Là, pendant les heures brûlantes de midi (...), une société d'élite vient s'y délasser à l'ombre des platanes gigantesques plantés par Napoléon Ier. Au centre de ce petit Eden se dresse un charmant kiosque découpé à jour comme une fine dentelle, entouré d'une guirlande de verdure et de fleurs. C'est le sanctuaire d'Orphée (...). 

C'est là que s'assemblent les interprètes de la muse [quarante musiciens le plus souvent ] (...). Au milieu, leur chef préside debout sur un modeste piédestal. Et dans sa main droite, il tient la baguette magique qui découvre les trésors des mondes sans limites de l'harmonie" (La Semaine de Cusset et de Vichy du 23 juin 1866).


4- DURUY Alexandre (c.1826-c.1871), Kiosque de la Musique de Vichy,
lithographie en couleurs éditée au printemps 1866,
extraite de l'Album, "Souvenirs de Vichy", Paris, Imprimerie Becquet,
Fonds patrimoniaux de Vichy.

Cette lithographie fait partie d'une première édition de huit premières planches, 
signalée dans la Bibliographie de la France du 29 juin 1866 p. 304,
Une édition de huit nouvelles planches est signalée, un an plus tard, 
dans la Bibliographie de la France du 29 juin 1867 p. 296.
Les titres des planches sont, certes, uniquement cités dans l'édition de 1867 mais des albums contemporains et postérieurs témoignent de la liste de la première édition (voir notamment, Pascal Chambriard, "Les Albums de lithographies : un exemple de commerce de souvenirs de Vichy sous le Second Empire", dans, Bulletin de la Société d'Emulation du Bourbonnais, 2020, pp. 137-218).



Les horaires des concerts (8h 30 et 1h) sont déterminés en fonction de l'heure où l'on boit les eaux :

"Dès les huit heures, il y a foule, et le coup d'œil qu'offrent les abords du kiosque, où le premier concert de la journée ne tardera pas à avoir lieu, est déjà très animé, et fort pittoresque dans son originalité matinale" (Le Jockey du 17 juillet 1866 p 3).

Cependant, en cas de mauvais temps, le concert peut être donné sous la véranda située sur le côté nord du Casino (Le Programme - Vichy, journal du Casino, du 4 juin 1867). Le nombre et les horaires des concerts vont d'ailleurs être modifiés par la suite (8 heures du matin et 2 heures de l'après-midi dès 1867). 

Du fait de l'éclairage du Kiosque, un troisième concert va pouvoir être ajouté à huit heures du soir. L'installation de lustres au gaz dans les plus larges ouvertures de la plate-forme semble avoir lieu au printemps 1868 (Images 7, 10 et 11). 

"Voici venir une charmante innovation : musique le soir dans le parc réservé éclairé à giorno (...) ; l'on pourra rêver derrière les grandes ombres des platanes (...) à la papilloune (sic) qui voltige toujours autour du candélabre qui fait pleuvoir la lumière sur vous" (Semaine de Cusset et de Vichy du 20 juin 1868).

Alors que seuls des bals d'enfants avaient lieu les dimanches après-midis d'été sur le sol en terre battue proche du kiosque, des bals pour adultes vont pouvoir également y être organisés en soirée, même si le square musical reste encore peu éclairé. 

C'est le chef Roméo Accursi (1836-1919) qui vient de succéder, en 1868 à Bernardin, à la tête de l'orchestre du Casino (jusqu'en 1893). Cependant, d'autres chefs vont également y intervenir, notamment ceux des différentes Sociétés musicales de Vichy et Cusset.


5- Vichy, Le Kiosque à Musique du Casino, détail de la plate-forme, photographie, vers 1866.

Ce kiosque est, dans les textes contemporains, tour à tour désigné par les termes de :
 "Kiosque du Casino", "Kiosque à (ou de) Musique", "Kiosque des Concerts", 
"Kiosque des Musiciens" ou encore "Pavillon de Musique". 
Il est situé dans le "Parc", "jardin", "square", "enceinte" ou "enclos", 
dit(e) "de la Musique", "musical(e)" ou réservé(e)", 



Description du Kiosque à Musique

Le Kiosque à Musique, de plan circulaire, est situé au milieu du Parc musical, inséré entre les deux rangées centrales des grands platanes (Images 3 et 9). 

Surélevé par un petit terrassement planté de parterres et de massifs, il semble faire 5 mètres de hauteur environ. Il est constitué d'un soubassement maçonné en briques (rouges), d'une plate-forme d'orchestre peinte de couleur claire (verte ou blanche ?), desservie par un escalier occidental, puis d'un toit débordant couvert en zinc et coiffé d'une courte flèche (Images 5 à 12). 

Une tente protégeant du soleil est parfois tendue à l'extérieur de la plate-forme (Image 11).


6- Le Kiosque de la Musique de Vichy, détail du frontispice du journal du Casino,
Le Programme - Vichy du 20 mai 1867, 
Fonds patrimoniaux de Vichy (Gallica).

Le réverbère à trois globes blancs, visible sur la droite de l'image, est différent de ceux représentés sur l'Image 4. C'est peut-être l'un des nouveaux réverbères installés aux abords du Casino au printemps 1866.



La plate-forme de l'orchestre est rythmée d'ouvertures alternativement étroites et larges, reposant sur 16 pilastres (en fonte ?), couronnés de petits chapiteaux ornés d'un lacis en fort relief (Image 5).

Chaque ouverture est ornée de treillages décoratifs (feuilles métalliques perforées ?), tant à leur base, formant garde-corps, qu'à leur sommet, dessinant de petite arcades à ruban ou un large éventail à volutes. 

Un décor semblable se continue à hauteur de la charpente et sur les gouttes de la corniche.


7- SOURY L. (dessinateur) et SIMON Félix (graveur sur bois), Vue du Kiosque de la Musique de Vichy
estampe parue dans l'ouvrage de Louis Nadeau, Vichy Historique, 1869, p 187 (Google Livres).



Les kiosques commerciaux

En 1867, pendant les concerts, les portes du Parc musical sont fermées. Il est cependant possible de sortir en traversant l'un des pavillons d'angle dont celui de la Compagnie fermière, situé au sud, qui offre "une double haie d'eau Pulina [près de Pise, Toscane] dans des bouteilles Pansues, et des boîtes de Sels et de Pastilles de Vichy, contrôlés" (La Semaine de Cusset et Vichy du 5 juillet 1867).

En 1869, le kiosque de la Bijouterie, "Au Meilleur Marché de Tout Vichy" (fabrique à Briare), est tenu par M. et Mme Nantou, celui de la Faïence de Gien par Melle Chavanon, le kiosque des Dentelles par une autre dame et le quatrième kiosque est tenu par la Compagnie qui fait débiter principalement les eaux dont elle est fermière, celles d'Hauterive et de Châteldon (Le Programme - Journal du Casino des 21 et 29 juillet 1869).

D'autres marchandises y sont cependant vendues (kiosques partagés ?), comme des "Magnifiques incrustations [et pétrifications] de la Maison Desaize et Clermont [sources de Gimeaux, près Riom, Puy-de-Dôme]" dans le kiosque de l'Editeur-Imprimeur-Libraire Wallon ou encore "des cigares extra français et étrangers" (Le Programme - Vichy, journal du Casino du 4 juin 1867 ; Vichy-Guide, Guide-Philipps, 1869 p 57 ; Louis Piesse, Vichy et ses environs, Guide Joanne, 1872 pp. 35-36). 

Un ou deux des quatre kiosques d'angle du Parc musical sont parfois visibles dans les images consacrées au Kiosque de la Musique. Ils semblent être de plan carré et avoir une hauteur de 2,50 m environ. 

Sur une estampe (Image 8), l'un des kiosques présente deux ouvertures en plein cintre par face mais sur une photographie (Image 10), aucune arcade n'est visible et le kiosque semble divisé entre deux parties surmontées d'un bandeau publicitaire (sur celui de droite on peut lire, en lettres majuscules, "Choix De Bijoux Noirs").



8- SOURY L. (dessinateur) et SIMON Félix (graveur sur bois), Vue de l'Hôtel des Ambassadeurs de Vichy, 
estampe parue dans l'ouvrage de Louis Nadeau, Vichy Historique, 1869, p 8
(Bibliographie de la France du 20 novembre 1869 p 570)
puis dans de nombreux Guides Joanne, comme publicité pour l'hôtel, et notamment dans
 celui intitulé, Itinéraire en France - Loire et Centre (1868), Appendice publicitaire de 1869-70 (Google Livres).

Au-delà de la Fontaine de la place du Fatitot (ou des Fatito(t)s - partie de l'actuel square du Général Leclerc), se découvre l'Hôtel des Ambassadeurs qui occupe l'angle de la rue Rouher et de la rue du Parc. 
Face à l'hôtel, le Parc qui conduit à l'Etablissement thermal, présente les deux pavillons occidentaux des angles du Parc musical, le Kiosque de la Musique et la façade principale du Casino. 
Le Parc musical semble doublement entouré, d'une haie et d'une grille. Il est doté d'une entrée unique située au sud, ce qui ne correspond ni au Plan du 20 juin 1865 (Image 3), ni aux huit ouvertures décrites en mai 1866. 
Le dessin, sauf s'il s'inspire des seuls projets, peut être daté au plus tôt de 1866, du fait de la présence de la Fontaine de la place du Fatitot installée au premier semestre 1866 (La Semaine de Cusset et Vichy du 23 juin 1866) et de l'agrandissement de l'Hôtel des Ambassadeurs, achevé au cours de cette même année (La Semaine de Cusset et de Vichy du 4 novembre 1865).


9- Vichy, Le Kiosque de la Musique (vue sud-nord),
estampe parue dans le Guide-Vichy, Guide Philipps, 1869 p 83 (Google Livres).



Les représentations du Kiosque à Musique

La recherche dans les Collections publiques et privées a permis de retrouver une trentaine d'images. Citons les estampes d'Alexandre Duruy, de L. Soury & Félix Simon, de Charles Laplante et L. Tourcroix ou encore de Bidault mais également les photographies de Paul Coutem, Claudius Couton, Alphonse Davanne, Eugène Degand, Etienne Neurdein ou encore de l'éditeur Jules Hippolyte Quéval.

Si ces images s'échelonnent sur toute la fin du XIX° siècle, les plus nombreuses semblent dater entre 1865 et 1875. Ces représentations ne sont généralement pas datées, les estampes ayant d'ailleurs souvent fait l'objet de rééditions et les photographies, de retirages. Quelques estampes sont d'ailleurs inspirées de photographies, comme le dessin de Bidault, paru en 1890, inspiré d'une photographie d'Etienne Neurdein datant des années 1870 (Dictionnaire universel des eaux minérales, 1890 p. 338). 

Une lithographie en couleurs d'Alexandre Duruy a cependant été éditée au printemps 1866 (Image 4) et une photographie de Paul Coutem est dotée de la date du "20 novembre 1866", inscrite dans l'image, sur l'une des pancartes du Casino qui sont accrochées aux réverbères. 

Le Kiosque étant circulaire, il est souvent difficile d'identifier le point de vue choisi, d'autant qu'un kiosque commercial orne chacun des angles de l'enclos musical. L'escalier occidental du Kiosque n'est jamais représenté mais les bâtiments du Casino sont parfois visibles en partie (vue nord-ouest/sud-est).

Seules les estampes représentent les musiciens de l'orchestre et la foule des auditeurs, les photographies se contentant de présenter les lieux déserts ou seulement animés de la présence de deux ou trois personnes.

L'étude détaillée de l'ensemble permet de mettre en évidence trois repères visuels : 

- la présence, en périphérie du kiosque, de réverbères portant le plus souvent une pancarte et parfois une affiche : ce repère n'est pas pertinent, du fait des différents points de vue et cadrages adoptés. 

Sur l'une des photographies d'Eugène Degand (Image 11), une affiche annonce la comédie en quatre actes d'Eugène Labiche et Edouard Martin, "Le Voyage de M. Perrichon" (créée à Paris au Théâtre du Gymnase en septembre 1860), jouée de très nombreuses fois à Vichy. 

- la croissance des plantations entourant le soubassement du kiosque : ce repère s'est vite avéré sans issue, les végétaux ayant été taillés et renouvelés à plusieurs reprises. 

- la présence ou non de lustres dans les grandes ouvertures du kiosque : ce repère a permis de constituer, sans certitude, deux groupes distincts et successifs, avant (Images 4 à 6) et après 1868 (Images 7, 10 et 11)

Certaines prises de vue photographiques ont pu, après cette date, être renouvelées par un nouveau séjour de leur auteur, comme celles d'Alphonse Davanne.

Les estampes restent plus ambiguës. L'absence de lustres peut aussi bien correspondre à une date antérieure à leur installation, qu'à leur non-représentation par le dessinateur, notamment du fait qu'ils gênent la lisibilité des membres de l'orchestre.



10- DEGAND Eugène (1829-1911), Vichy, Kiosque des Concerts
ensemble du kiosque et détail d'un lustre, années 1870,
carte de visite, tirage albuminé de 9,6x5,4 cm, sur carton de 10,5x6,3 cm, Collection personnelle.

Le photographe Eugène Degand semble être venu pour la première fois à Vichy en 1870 ou 1871. Il y est cependant revenu à plusieurs reprises et a effectué des retirages de ses photographies pendant plusieurs années, ce qui empêche une datation précise de ses vues, en l'absence d'un détail déterminant.


11- DEGAND Eugène (1829-1911), Vichy, Kiosque des Concerts, détail, années 1870,
vues stéréoscopiques, deux tirages albuminés de 7,3x7,3 cm, sur carton de 17,3x8,7 cm, Collection personnelle.



À partir du milieu des années 1870, un second Kiosque à Musique est installé aux abords du Casino mais cette fois du côté est, près du Café-Restaurant édifié quelques années auparavant. 

Les concerts du matin sont désormais accueillis au Kiosque du Parc Musical et ceux de l'après-midi, à celui du Café-Restaurant.


Fin du Parc musical et de son Kiosque 

Le Kiosque de la Musique perdure sur les Plans de la Ville de Vichy jusqu'en 1897, accosté des indications suivantes : "Concerts""Concert le matin" puis "Musique Orchestre".

Fin 1898, c'est tout l'espace musical, avec le Kiosque de la Musique, les quatre kiosques commerciaux mais également l'ensemble des grilles, plantes vertes et grands arbres, qui doit céder l'emplacement (avant le 1er janvier 1899), afin d'y construire un nouveau Théâtre accolé au Casino (l'Opéra).

Le Kiosque à Musique est acheté par la Ville et remonté, dès novembre 1898, sur la place du Marché qui devient la place de la République. Contrairement à son emplacement originel, il n'est pas surélevé par un terrassement et est jugé trop bas et sans effet (La Semaine de Cusset et de Vichy des 26 novembre et 10 décembre 1898)

Plusieurs cartes postales témoignent de ce nouvel emplacement (Image 12).


12- Vichy, Le Kiosque de Musique du Casino transporté place de la République, 
détail d'une carte postale, vers 1900,
intitulée, 228 Vichy - Monument à la République et Kiosque de Musique, LL. (Lévy Fils et Cie Editeurs).



C'est le nouveau Kiosque de la Source de l'Hôpital (de l'autre côté de l'ancienne rue Rouher, renommée rue du Casino - Images 3 et 13), inauguré au printemps 1899, qui va désormais accueillir les concerts donnés en matinée par l'orchestre du Casino (à 9 heures) (La Semaine de Cusset et de Vichy du 10 juin 1899).

Deux des kiosques commerciaux du Parc musical sont vendus en tant que mobiliers de l'Etat, le 13 novembre 1899 : celui de la Vannerie (reconstruit après un incendie de novembre 1888), dans lequel on a vendu, lors de la saison 1898, des Cristaux de Bohême (en face de l'Hôtel de Cherbourg, rue du Parc), est adjugé pour 225 francs ; celui de la Bijouterie, qui se trouve toujours enfermé dans le chantier de construction du nouveau Théâtre, est adjugé pour 255 francs à M. Rondepierre, marchand de charbons et ancien conseiller municipal (La Semaine de Cusset et de Vichy des 4 et 18 novembre 1899).

Le concert d'inauguration du Kiosque de la place de la République a lieu le 30 avril 1899. Le kiosque se voit ensuite repeint (en vert) puis entouré de massifs, de parterres et d'une grille (La Semaine de Cusset et de Vichy des 29 avril et 13 mai 1899). En mars 1903, il est l'objet d'un début d'incendie, vite stoppé cependant. 

Au printemps 1913, le Conseil municipal décide de sa vente aux enchères, tout en conservant la grille d'entourage destinée à la fontaine qui doit le remplacer. Il est vendu le 23 juin 1913, pour le prix de 330 francs (La Semaine de Cusset et de Vichy des 19 avril et 28 juin 1913).


LES KIOSQUES À MUSIQUE DU CASINO (CÔTÉ SUD-EST)


La Restauration

L'implantation d'un deuxième Kiosque de Musique est conditionnée à la construction du Restaurant du Casino. Ce projet, indiqué sur tous les plans de ville dès 1863 et régulièrement évoqué dans les journaux, reste cependant en attente. 

Il se voit précisé en 1866 : "La construction du restaurant dans la partie gauche du Parc, près du Casino, est décidée. Il y aura aussi un immense estaminet avec six billards, et la musique du Parc aurait lieu de ce côté une fois par jour" (Le Nouvelliste de Vichy du 13 septembre 1866).

L'été 1867, "il est de nouveau question du restaurant (...). On accorderait satisfaction à tous les hôtels voisins du Parc en faisant la musique du matin au kiosque de droite, l'après-midi au kiosque de gauche et le soir sous la Vérandah (sic)" (Le Nouvelliste de Vichy du 6 juillet 1867).

Cependant un litige entre l'Etat et l'Administration des Hospices, concernant la parcelle de terrain longeant la rue Rouher, empêche le démarrage des travaux. Ce n'est qu'en 1869 que le problème semble se dénouer, la Compagnie fermière décidant de passer en force.

En juin 1869, un bail pour la location et l'exploitation du nouveau Café-Restaurant est en pourparlers avec M. Ernest Henry qui gère depuis dix ans le Café de la Rotonde (Image 1) et dont le bail arrive à sa fin le 15 octobre : 

"Les choses sont, dit-on, très avancées ; le bail serait de 25 années et les constructions coûteraient 150,000 francs. A cette affaire qui serait montée par ports ou actions, l'on adjoindrait un vaste hôtel avec chambres et appartements" (Le Programme - Vichy, journal du Casino des 3 et 20 juin 1869).

La Société anonyme est créée sous le nom de "Restauration du Casino de l'Etablissement thermal de Vichy", avec un capital social de 500,000 francs, divisé en 1.000 actions. La souscription est ouverte du 1er juillet au 15 septembre 1869 (Le Programme - Vichy, journal du Casino du 30 juin au 18 septembre 1869).

Le projet comprend alors une ou deux maisons meublées en location, la construction du café-restaurant orienté sud-nord et relié au Casino par une "passerelle" (ou "tunnel de service"), un Théâtre de verdure, un Kiosque à Musique dont l'emplacement reste à déterminer et deux kiosques commerciaux situés au revers du Casino (Image 13).


13- Projet provisoire du Café-Restaurant de la Restauration,
Le Programme - Vichy - Journal du Casino du 26 juillet 1869,
Fonds patrimoniaux de Vichy (Gallica).



"Toutes les dispositions seraient prises pour que l'ouverture du nouveau Restaurant-Café ait lieu le 1er juin 1870" (Le Programme - Vichy, journal du Casino du 30 juin au 18 septembre 1869). 

La construction du Café-Restaurant de la Restauration (dont le nom est inspiré de celui de Bade), est en effet entamée, après la saison, fin 1869, sur les plans de l'architecte du Casino, Charles Badger. 

"Actuellement, la Compagnie fermière pose dans le Parc central, les fondements d'un immense café-restaurant" (La Semaine de Cusset et de Vichy du 6 novembre 1869). 

Cependant, la polémique locale enfle, la Compagnie fermière outrepassant ses droits et faisant une concurrence déloyale aux commerçants locaux. Il apparait que le projet de Café-Restaurant est resté absent de la convention avec l'Etat du 23 mai 1863 et de la loi du 24 avril 1864. De plus, la Compagnie fermière n'a pas le droit de déléguer un projet à une autre Société, ni de vendre des produits sans rapport à son activité thermale.

Suite à des réclamations formulées par le Conseil municipal de Vichy, la question est débattue lors de la séance du Corps législatif du 9 juillet 1870. Ce dernier reporte cependant la décision, alors que le Café-Restaurant, "est encore, il est vrai, à l'état naissant ; mais il commence à fonctionner" (Annales du Sénat et du Corps Législatif, 1870 pp. 554-561).

En effet, l'ouverture des salons de l'Estaminet et du Café s'est faite le 15 mai 1870, celle des salles de Banquet du 1er étage, le 20 mai et, "M. Tranchand [ou Tranchant], fabricant d'abris en fer à Lyon vient de poser deux kiosques [mobiles] à la Restauration" (Vichy - Liste officielle des Etrangers arrivés à Vichy, 1870, entre les 15 et 20 mai, p. 7).

La Guerre franco-prussienne puis la Commune repoussent cette question au second plan. 

En 1872, la Compagnie fermière consent une avance de 100,000 francs à la Société de la Restauration. L'achèvement des travaux du Café-Restaurant et d'une partie de ses annexes a lieu cette année-là (actuel Grand Café et Casino Partouche). 


Les kiosques commerciaux

Aux deux kiosques commerciaux prévus fin 1869 (Image 13) et installés en mai 1870, se sont ajoutés deux autres pour un total de quatre kiosques en 1872, comme dans le Parc musical (Louis Piesse, Vichy et ses environs, Guide-Joanne, 6ème édition, 1872, pp. 35-36) .

"L'Etablissement appelé la Restauration (...) vient de se transformer et de se charger d'atours (...). Aux angles de cette enceinte pantagruélique s'élèvent des kiosques-boutiques du plus bel effet. En face, au nord du Parc, se fait remarquer un bazar colossal d'articles de Paris" (L'Avenir de Vichy du 4 juin 1872).

Près du Casino, l'un des kiosques vend des cristaux de Bohême et l'autre, tenu par Mme Demilly-Chambonnière, des porcelaines de France, de Chine et du Japon (L'Avenir de Vichy du 16 juin 1872 ; La Semaine de Cusset des 3 juillet et 2 octobre 1875). 

Ce kiosque des porcelaines sera détruit par un incendie au début du mois d'octobre 1884 mais reconstruit dès la fin du mois suivant (La Semaine de Cusset et de Vichy des 4 octobre et 29 novembre 1884).

Les kiosques ne sont représentés sur les plans de Ville qu'à partir de 1890 mais avec un nombre de troisun à l'est et deux à l'ouest de la Restauration (plans de 1890 à 1892) puis de deux seulement (les kiosques occidentaux), à partir de 1893.

Le 13 novembre 1899, le kiosque dit du "Vase de Sèvres", situé à l'angle sud-ouest de la Restauration, va être vendu en tant que mobilier de l'Etat et adjugé pour la somme de 270 francs (La Semaine de Cusset et de Vichy des 4 et 18 novembre 1899).


Le premier Kiosque à Musique de la Restauration

Ce n'est qu'au printemps 1874 que le Kiosque à Musique est érigé au nord du Café-Restaurant (à la place du bazar d'articles de Paris ?), face à la rue Cunin-Gridaine et à l'Hôtel Mombrun (Image 3). 

Le nouveau Kiosque, dans lequel l'orchestre va désormais alterner avec celui du Parc musical, est inauguré le 5 juillet 1874 mais il est jugé trop loin et pas assez aligné sur l'entrée de la Restauration (L'Avenir de Vichy du 12 juillet 1874).

Le Kiosque est gracieusement mis à la disposition de la Fanfare de Cusset pour un concert du 26 août 1874 (La Semaine de Cusset et de Vichy du 28 juillet 1874).

A partir des années 1875-1877, les hôtels de la rue Cunin-Gridaine, comme l'Hôtel Mombrun, l'Hôtel des Thermes et le Grand-Hôtel Bonnet, vont d'ailleurs transformer leurs publicités, précisant désormais qu'ils font face au "nouveau Kiosque de la Musique" puis ajoutant sa représentation (Guides-Joanne, Annuaires du Commerce Didot-Bottin) (Image 14).


14- Vichy, Le Grand Hôtel Bonnet,
vue plongeante nord-ouest/sud-est, montrant la partie nord-est du Casino, 
avec le Kiosque à Musique de la Restauration,
 estampe parue dans le Guide-Joanne, Itinéraire général de la France, 
Auvergne-Morvan Velay-Cévennes de 1874 
mais au sein des deux appendices publicitaires de 1877-1878, p. 5 et p. 81.


Ce Kiosque de la Restauration semble devenir le plus important des deux Kiosques à Musique du Casino. Deux concerts s'y enchaînent parfois l'après-midi. C'est également le lieu des bals (qui en cas de mauvais temps, se réfugient sous la Restauration) et des concours et cérémonies. 

Il se voit doté d'un escalier de pierre à la fin de l'année 1884 (La Semaine de Cusset du 29 novembre 1884).

Les plans de Ville ne représentent ce Kiosque qu'à partir de 1880 puis, précisent à partir de 1890, qu'il est dédié aux concerts de l'après-midi.

Il continue d'accueillir, en effet, les concerts de l'après-midi (à 2 heures et demie puis, au début du XX° siècle, à 3 heures, 3 heures et demie ou 4 heures) mais également ceux de festivals nocturnes, qui réunissent plusieurs milliers d'auditeurs. 

Ses représentations restent cependant peu nombreuses. Quelques cartes postales datées vers 1900 et représentant parfois les musiciens de l'orchestre et la foule des auditeurs, révèlent qu'il s'agit d'un Kiosque de plan circulaire, reposant sur un soubassement de même forme, avec une plate-forme qui, au-dessus d'un garde-corps en treillage, est rythmée par de larges ouvertures ornées, reposant sur des colonnettes. Le débord du toit est porté par de grandes équerres métalliques (en fonte) (Image 15).


15 - Vichy, Le Kiosque de Musique de la Restauration, détail d'une carte postale, vers 1900,
intitulée, Vichy --- 10 - Les Promenades et le Kiosque, CC&CC (Collas Charles & Cie Editeurs).



Le deuxième Kiosque à Musique de la Restauration

En 1909, un projet de nouveau Kiosque à Musique de la Restauration est conçu par l'architecte de la Cie fermière, Gustave Simon. 

Ce kiosque est installé en mars 1910, remplaçant celui de 1874 (dont le devenir reste inconnu), au moment où l'éclairage électrique est installé dans le Parc. "Il est conçu dans le style de celui du square de l'Hôpital dont il sera l'élégant pendant" (La Semaine de Cusset du 23 mars 1910). 

Quelques cartes postales, généralement prises au moment des concerts, témoignent de son aspect élancé, avec une toiture surélevée portée par de fines colonnettes. Un décor néo-gothique règne au niveau des motifs polylobés de la corniche et du garde-corps, comme à celui des chapiteaux à crochets des colonnettes. Le Kiosque (vert ?) est souvent représenté équipé de grandes tentes ou stores à rayures (rouges), protégeant l'orchestre du soleil (Image 16).


16- Vichy, Le Kiosque à Musique de la Restauration, détail d'une carte postale, vers 1920,
intitulée, 94 - Vichy (Allier) - Le Parc - Kiosque à Musique, B. F. (Berthaud Frères Paris Editeurs).



Le Kiosque à Musique reste indiqué sur les plans de Ville, avec les mentions, "Music Kiosk", "Concerts de l'après midi", "Musique", "Concerts" ou "Kiosque Musique", jusqu'en 1931. 

Il est cependant déplacé dès fin janvier 1928 : 

"La Compagnie fermière de l'Etat a fait installer des candélabres électriques dans les parcs des Bourins. Bien mieux, voulant gâter le quartier des Bourins, la dite Compagnie vient de transporter le kiosque à musique de la Restauration dans le parc du quartier de France pour que nos musiques locales viennent égayer nos concitoyens. Le kiosque a son emplacement au droit de la rue du Bourbonnais" (L'Eclaireur du Centre du 4 février 1938 ; Le Moniteur de l'Allier du 12 février 1928).

Restauré au début du XXI° siècle, le Kiosque de la Musique (vert clair) reste présent, de nos jours, dans le Parc des Bourins.




samedi 10 mai 2025

1387-AUGUSTE VERNEUIL (1812-1904), PHOTOGRAPHE

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS



UN ARTICLE ÉCRIT EN COLLABORATION AVEC 

MATTHIEU BÉTUWE, LAURENCE BACART ET JULIE BALLANFAT

Auteurs du Catalogue de l'Exposition présentée de septembre à décembre 2016 à la Bibliothèque d'Agglomération de Saint-Omer (BASO), Les photographes à Saint-Omer (1839-1914)




AUGUSTE MARIE VERNEUIL (Paris, 5ème, 17 août 1812 - Paris, 14ème, 25 mai 1904) 



PARIS (Seine)


Auguste Marie Verneuil est né le 17 août 1812 à Paris (5ème arrondissement). Il est le fils naturel de Jacques Auguste Verneuil, horloger (lui-même fils d'horloger, baptisé le 16 juin 1772 à Epernay, Marne) et de Marie Augustine Perrine Descotte/Décotte.

Il semble cependant reconnu et également élevé par son père et va exercer le même métier que lui, horloger. 

Ses parents vont cependant se séparer par la suite, son père se mariant, à 57 ans, avec Jeanne Rollet et fondant une nouvelle famille à Paris en 1830, avant de partir vivre à Lyon.



SAINT-OMER (Pas-de-Calais)


Au printemps 1834, Auguste Marie Verneuil va pour sa part s'installer en tant qu'horloger à Saint-Omer (Pas-de-Calais), sans que la raison de ce choix ne soit connue. 

Il signale son installation, au nord-ouest de la ville, près de la place Royale ou Grand'Place (actuelle place du Maréchal Foch), par une première publicité (d'une longue série), qui paraît dans le Mémorial Artésien du 11 mai 1834 : "Auguste Verneuil, horloger, grande Place, n° 2, au premier, chez M. Danel, boucher, coin du Marché-au-Poisson [au sud-ouest de la place], fait toutes espèces de réparations en ce qui concerne l'horlogerie..."

En 1835, il fait paraître la même publicité mais avec désormais l'adresse "Grand'Place n° 31, près la rue de Dunkerque", au nord-est de la place, près du corps-de-garde. 

Du 10 novembre 1836 au 1er octobre 1837, il signale ensuite "qu'il achète les diamants et autres pierreries montés ou non, ainsi que les matières d'or et d'argent, vieux galons, etc.".

Le 15 décembre 1838, "Auguste Marie Verneuil, horloger, 26 ans", épouse à Saint-Omer "Marie Valentine Gertrude Martel, marchande de nouveautés [probablement employée], 23 ans, née à Courset, arrondissement de Boulogne-sur-Mer, le 17 mars 1815", fille de Jean Philippe Martel, ancien cultivateur, et de feue Marie Anne Justine Roussé. 

Les parents d'Auguste Verneuil sont absents à la cérémonie mais consentants par actes notariés, celui de sa mère étant daté du 15 novembre (à Paris) et celui de son père du 19 novembre 1838 (à Lyon). Ce dernier vient de décéder dans cette ville le 25 novembre 1838 mais l'acte de mariage ne le précise pas.

Dès le 13 janvier 1839, Auguste Verneuil signale à sa clientèle un nouveau changement d'adresse, "rue des Arts, derrière l'hôtel-de-ville", face au Théâtre, toujours sur la Grand'Place ou place Royale mais sur le côté est

Son épouse ouvre également sa boutique de modes et de nouveautés à cette adresse (n° 26) mais sa première publicité ne date que du 31 octobre 1839. Chacun des époux se présente parfois sous le nom de "Verneuil-Martel".

Auguste Verneuil place son atelier d'horlogerie sous l'enseigne, "Au Chronomètre", car il est désormais membre correspondant de la nouvelle Société chronométrique qui s'est formée à Paris pour l'avancement et le perfectionnement de l'art de l'horlogerie et de la mécanique

C'est un véritable chronomètre, "avec son aiguille indicatrice du temps réel", et Auguste Verneuil projette également de placer devant sa boutique "un cadran gnomonique muni de son canon à lentille (...) qui annoncera la première seconde de midi", lorsque le soleil le permettra, et "un thermomètre de bonne facture" (Le Mémorial Artésien des 21 mars et 16 mai 1839 et du 7 mai 1840).

En avril 1839, il se voit chargé de la garantie et de l'entretien des pendules vendues par les Frères de Wiart dans leur magasin de meubles de la rue Royale, 18 (cette association durera jusqu'en juillet 1840 - Mémorial Artésien des 28 avril 1839 et du 16 juillet 1840). Auguste Verneuil offre également de réparer "les lampes mécaniques en tous genres" (Mémorial Artésien des 11, 19 et 22 octobre 1840) .

Le 18 juillet 1839, son épouse accouche, en leur demeure de la place Royale, de leur fils Philippe Auguste Verneuil.

Dès fin octobre 1839 [!], deux démonstrations de l'usage du Daguerréotype ont lieu à Saint-Omer. Elles sont accompagnées de l'exposition "de six vues de Paris, d'une vue du Hâvre (sic), d'une vue des ruines de St.-Bertin [vue de l'église gothique de Saint-Omer, réalisée pour l'occasion en trois-quarts d'heure] et d'un tableau contenant des essais du procédé anglais de M. Fox Talbot, de Londres", essais sur papier, moins parfaits mais moins coûteux (Mémorial Artésien du 27 octobre 1839).

Pour l'anecdote, la Vue des ruines de St.-Bertin sera mise en vente chez M. Lemaire, imprimeur, qui finira par en faire don pour la loterie de bienfaisance de la ville en janvier 1840, et la famille qui gagnera ce lot en fera don, à son tour, pour la loterie de janvier 1843...

Auguste Verneuil faisait-il partie de la douzaine de personnes qui ont assisté à la première démonstration ? C'est probable, vu son intérêt pour la mécanique et l'optique. Se forme-t-il à Paris lors de ses voyages professionnels d'horloger, lorsqu'il accompagne son épouse pour ses collections de mode ou lorsqu'il rend visite à sa mère ? Il s'intéresse en tout cas à la daguerréotypie dès ses débuts mais ne fera, de cette nouvelle passion, une activité professionnelle que plus tard.

Le recensement de Saint-Omer du printemps 1841 cite à leur domicile de la place Royale : "Verneuil Auguste, horloger, marié ; Martel, son épouse, Valentine, modiste, mariée ; Verneuil Auguste [leur fils], célibataire ; Jausoonne Irma, modiste, célibataire ; Goudeville Julien, garçon horloger, célibataire ; Lequien Louise, domestique, célibataire".

Auguste Verneuil entame officiellement une activité de daguerréotypeur, parallèle à celle d'horloger, en diffusant une petite annonce dans le Mémorial Artésien, à partir du 31 juillet 1842.


- Annonce d'Auguste Verneuil pour ses Portraits au Daguerréotype,
parue dans le Mémorial Artésien des 31 juillet, 7 août et 21 août 1842 p 4,
Bibliothèque (numérique) d'Agglomération de Saint-Omer.


Au dernier trimestre de l'année 1842, les époux annoncent leur prochain départ de la ville puis en fixent la date au 1er février 1843 (Mémorial Artésien, du 6 novembre 1842 au 15 janvier 1843). Ils recherchent des locataires pour leur succéder dans la maison qui occupe plusieurs arcades de la rue des Arts. Leurs boutiques sont surmontées de deux étages avec leur appartement au premier. Cela pourrait laisser penser que les époux en sont les propriétaires mais il semble que cela ne soit pas le cas.

La double activité d'Auguste Verneuil n'en diminue pas pour autant. En tant qu'horloger, il achève, au bout de deux années de travail, la réalisation d'une pendule remarquable, vendue 3.500 francs, qui "marque les dates du mois, les jours de la semaine, l'heure dans les principaux lieux de la terre, les mois de l'année, les saisons, l'âge de la lune et ses phases, les signes du zodiaque et les secondes fixes" (Mémorial Artésien du 20 octobre 1842).

En tant que daguerréotypeur, il multiplie les petites annonces à l'automne, offrant des portraits par tout temps et une ressemblance garantie, pour un prix de 6 francs. 

Un article du Mémorial Artésien du 27 octobre précise qu'Auguste Verneuil a vaincu les difficultés pratiques de l'instrument et des agents chimiques "depuis plusieurs jours [!], et les portraits qu'il fait aujourd'hui sont réellement bien". Un nouvel article du 3 novembre 1842, confirme la parfaite ressemblance des portraits exécutés et le fait que "les vêtements des personnes qui posent, les bijoux qu'elles portent, tout est représenté avec une exactitude merveilleuse".

Auguste Verneuil révèle ensuite qu'Arras est sa prochaine destination et annonce la vente, fixée au 27 janvier 1843, de ses meubles et effets mobiliers dont "Pendule, Baromètre, Méridien à canon, Régulateur anglais avec sa caisse en acajou, Pendule mouvante pour horloger", qui sera assurée par Maître Mallet, Commissaire-priseur (Mémorial Artésien des 21 et 25 janvier 1843).

Il avise les personnes qui souhaiteraient "leur portrait au Daguerréotype, qu'on le trouvera jusqu'à cette époque, chez M. Peron [ou Péron], arquebusier, rue des Cuisiniers [n° 31 ; actuelle rue Louis Martel] à St.-Omer, depuis neuf heures du matin jusqu'à quatre heures du soir", où a été construite "une terrasse spécialement consacrée à ces portraits" (Mémorial Artésien du 18 décembre 1842 et du 8 janvier 1843). 

Dans le journal du 28 janvier 1843, Adolphe Peron, "élève des premiers photographes", annonce d'ailleurs qu'il fait désormais des portraits au Daguerréotype et est le "successeur de M. Verneuil".



ARRAS (Pas-de-Calais) ET ITINÉRANCE (Pas-de-Calais et Nord)


La ou les raisons de ce déménagement ne sont pas connues. Certes Arras est une ville de préfecture mais sa population (environ 26.000 habitants) n'est alors que de 6.000 habitants supérieure à celle de Saint-Omer.

Auguste Verneuil ouvre dans cette ville une nouvelle boutique d'horlogerie, et son épouse, une nouvelle boutique de modes, dénommée "A la Dame-Blanche" (citées notamment dans l'Annuaire statistique et administratif du Pas-de-Calais de 1845 pp 360 et 378). Leur domicile et leurs boutiques sont situés rue Ernestale, près le Théâtre et la place du Théâtre (comme auparavant à Saint-Omer).

Leur fils, Philippe Auguste, décède malheureusement le 13 mars 1844, âgé de 4 ans et huit mois, à leur domicile.

Le recensement de la ville d'Arras du printemps 1846 cite, rue Ernestale : "Verneuil Auguste Jean [?] Marie, horloger, marié, 35 ans ; Martel Valentine, sa femme, modiste, marié, 30 ans ; Delmotte Joséphine, demoiselle de magasin, célibataire, 23 ans ; Delattre Clémence, servante, célibataire, 39 ans".

Les rares publicités retrouvées concernent essentiellement les collections de son épouse au tournant des années 1840-1850 (Courrier de Calais des 7 juin et 2 août 1848 puis des 1er janvier et 31 octobre 1851) mais les publicités des époux sont parfois accolées (comme auparavant à Saint-Omer), notamment pour les fêtes de fin d'année (Courrier du Pas-de- Calais du 31 décembre 1850 et du 1er janvier 1851). Leurs magasins semblent suffisamment connus pour qu'ils puissent les citer sans en préciser l'adresse.


- Annonces couplées de Mme Verneuil pour son magasin de modes 
et de M. Verneuil pour son atelier de Daguerréotypie,
parues dans le Courrier du Pas-de-Calais des 31 décembre 1850 et 1er janvier 1851 p 4,
Paris, Bibliothèque nationale de France, Gallica.


La maison qu'ils occupent est mise en vente par ses propriétaires, dès le début du mois de mai 1850, ce qui permet de préciser l'emplacement de cette dernière, au coin des rues Ernestale (n° 273) et Héronval, face à la salle des Concerts qui jouxte le Théâtre et à la place de la Comédie (Courrier de Calais du 9 mai 1850 et du 2 avril 1851).

Le recensement du printemps 1851 cite, toujours à la même adresse : "Verneuil Auguste François [?] Marie, horloger, marié, 40 ans, Français ; Martel Valentine, sa femme, marchande de modes, mariée, 38 ans, Française ; Roussel Victorine, demoiselle de magasin, célibataire, 21 ans, Française ; Roussel Gertrude, demoiselle de magasin, sa sœur, célibataire, 25 ans, Française".

Jean-Louis Perreau, dans son article de 2007 (Note 3), signale qu'Auguste Verneuil mène une activité complémentaire de daguerréotypeur itinérant, au début des années 1850. L'été 1851, il se rend notamment à Dunkerque (L'Indépendant du 29 aout 1851) et s'installe du côté nord de la place Jean Bart, dans un appartement situé au 1er étage de la Maison Alliaume. Il y reviendra à plusieurs reprises dans les années suivantes.

Une petite annonce parue dans le Courrier du Pas-de-Calais du 20 avril 1852, révèle que Désiré Griset, horloger d'Arras, place du Théâtre, "par suite d'un traité avec M. Verneuil, horloger, rue Ernestale, continuera l'établissement de ce dernier pour ce qui concerne l'horlogerie, les remontages de pendule et les arrangemens (sic) de lampes-Carcel"Il semble donc qu'Auguste Verneuil se recentre alors sur sa carrière de daguerréotypeur. 

La vente de la maison que les époux Verneuil occupent, aboutit en mai 1852 mais ils demeurent, au moins pour un temps, dans les lieux (Courrier de Calais des 6 juin et 14 octobre 1852).

"Verneuil, horloger, à Arras" est récompensé par une médaille de bronze à l'Exposition Industrielle et Agricole de la ville (organisée parallèlement à la 20ème Session du Congrès Scientifique de France qui s'ouvre le 23 août 1853 : Congrès Scientifique de France, vol. 20, Arras, Paris, 1854, Préface p X). Il y a probablement exposé des photographies (à côté de productions d'horlogerie ?), ce qui pourrait justifier le fait qu'il affichera, bien plus tard, cette médaille au verso de ses cartes de visite. C'est d'ailleurs la seule exposition connue de cette période à laquelle il participe.

Mi-septembre 1853, il retourne à Saint-Omer, en tant que daguerréotypeur itinérant, et installe son atelier dans l'ancienne maison Vandalle, Marché-au-Poisson, n° 37. Il y propose, de huit ou neuf heures du matin à cinq heures du soir, par tous les temps, des portraits au daguerréotype à partir de 4 francs, avec "une préparation particulière de coloration" dont il est l'inventeur (genre miniature) mais également des portraits après décès, des copies d'œuvres d'art, des vues stéréoscopiques et tout ce qui concerne le Daguerréotype dont des leçons aux amateurs.

Il y annonce sa présence par le biais de six petites annonces qui s'échelonnent du 17 septembre au 22 octobre, se voyant "forcé de prolonger son séjour jusqu'au 25 octobre", afin de satisfaire les personnes qui se sont adressées à lui (Mémorial Artésien des 17, 21, 24, 28 septembre et des 1er, 8 et 22 octobre 1853).

À Arras, son épouse Marie, âgée de 39 ans, décède malheureusement le 8 mai 1854, à leur domicile situé place du Théâtre, 343 (nouvelle adresse ou nouvelle dénomination ?). Dans l'acte de décès, Auguste Verneuil, 41 ans, est toujours dit, "horloger".

Il est à nouveau cité dans l'Annuaire général Firmin-Didot 1855 (p 1836) et celui de 1856 (pp 1839-1840) pour les deux magasins mais reste absent du recensement de 1856. Désormais seul, il a quitté Arras pour Boulogne-sur-Mer.



BOULOGNE-SUR-MER (Pas-de-Calais)


Ouvre-t-il une boutique d'horlogerie dans cette nouvelle ville ? C'est possible car plusieurs horlogers boulonnais deviennent des proches et lui serviront notamment de témoins lors de ses déclarations à l'état civil.

Il est cependant dit "photographe" (et plus "daguerréotypeur") dès septembre 1856, en tant que membre de la Société Boulonnaise de Photographie ou Société Photographique de Boulogne-sur-Mer, affiliée à la Société Française de Photographie (Édouard de Poilly, Photographie - Epreuves positives nacrées, A. Gaudin et Frère, Paris et Londres, 1856, Rapport de la Commission sur le procédé, daté du 8 septembre 1856 p 35). 

Auguste Verneuil n'affichera plus désormais sa profession d'horloger, ce qui ne signifie nullement qu'il ait renoncé à cette passion.

C'est dans cette ville qu'Auguste Verneuil, âgé de 43 ans, a probablement fait, fin 1855 ou début 1856, la connaissance de Victoire Duchochois, âgée de 22 ans, née et domiciliée dans cette ville. De leur liaison va naître un enfant, Auguste Victor Louis Verneuil, dont l'acte de naissance n'a pas été retrouvé. 

Plusieurs des documents postérieurs concernant l'enfant afficheront la date du "3 novembre 1856, à Dunkerque (Nord)". S'il est probable que, dans un premier temps, Auguste Verneuil n'ait pas reconnu son fils, un acte de naissance portant le nom de "Duchochois" n'a pas pour autant été retrouvé.

La vie personnelle et professionnelle d'Auguste Verneuil s'en voit d'autant moins révélée. Est-il resté domicilié à Arras en 1855 et 1856 ? A-t-il été domicilié à Boulogne-sur-Mer dès cette même période ou n'y-a-t-il fait que de brefs séjours, comme à Dunkerque et Saint-Omer ? Victoire Duchochois a-t-elle accouché à Dunkerque dans la maison Alliaume ? 

Il serait légitime d'envisager une grossesse et un accouchement cachés, loin de Boulogne-sur-Mer, suite à une liaison fugitive. Cependant, il semble que cela ne soit pas le cas. En effet, dès la fin de l'année 1856, à l'époque de la naissance de l'enfant, un projet de mariage est envisagé, comme le prouve le consentement de la mère d'Auguste Verneuil, établi par acte notarié dès le 23 janvier 1857. Ce projet de mariage se voit cependant repoussé pendant un an et demi. 

Parallèlement, l'activité photographique d'Auguste Verneuil semble s'affirmer à Boulogne-sur-Mer. 

Le 10 juin 1857, un article de The Boulogne Gazette est consacré au photographe : "Nous avons visité son atelier et examiné de près ses œuvres d'art. Nous avons été si satisfaits que nous pensons ne pouvoir faire à nos lecteurs, amateurs d'art, un plaisir plus gratifiant que de leur recommander de rendre visite à l'artiste.

Il va provoquer une révolution dans la façon de peindre la photographie reproduite sur papier. Cela permettra bien sûr d'économiser un temps précieux pour beaucoup. La beauté et la délicatesse, l'ombre définie et l'infini des détails gracieux produits dans ses photographies attireront tous ceux qui désirent posséder un portrait exact et plaisant de leurs proches" (extrait traduit de l'anglais).

Cet article sort à l'occasion de la première parution d'une publicité d'Auguste Verneuil qui va s'échelonner sur quinze mois. Celle-ci présente son atelier de photographie situé "N° 2, Rue Siblequin" (partie de l'actuelle rue Faidherbe) où il a succédé au photographe Alphonse Lamy. 

Il y propose des portraits, notamment stéréoscopiques, de 4 francs à 100 francs et plus, un dépôt de photographies de tous genres et styles, exécutées par les plus grands artistes parisiens comme Baldus, Bellordeau et Legray, des vues stéréoscopiques de Suisse, Italie, France, etc., mais également la réalisation de portraits à toute heure et par tous temps, de portraits après décès et de copies d'œuvres d'art. 


- Annonce de M. Verneuil pour son atelier de Photographie, parue dans The Boulogne Gazette
du 10 juin au 30 décembre 1857, avec l'adresse du n° 2, rue Siblequin
 puis du 6 janvier au 8 septembre 1858, avec l'adresse du n° 22, rue de l'Ecu, 
Paris, Bibliothèque nationale de France, Gallica.


Un nouvel article paraît dans The Boulogne Gazette du 12 août 1857 : "M. Verneuil, le photographe ["photographist"] talentueux du n°2 rue Siblequin, vient de publier une vue de la cathédrale de la ville haute que nous recommandons à l’attention de nos lecteurs.

Une copie devrait être possédée par chacun, non seulement comme œuvre d’art, mais aussi comme un témoignage permanent de ce que la résolution, l’énergie et la piété peuvent accomplir" (extrait traduit de l'anglais).

Cette vue célèbre la reconstruction, entreprise par l'abbé Haffreingue, de l'ancienne cathédrale Notre-Dame (démolie en 1798) dont le gros œuvre vient de s'achever, et précède de peu la grande procession du 30 août 1857. Auguste Verneuil réalisera d'autres vues de l'édifice et fera notamment le Portrait de l'abbé Haffreingue, qui sera vendu "au profit de l'Œuvre de Notre-Dame".

À la fin de l'année 1857, Auguste Verneuil déménage son atelier et son domicile. La publicité de The Boulogne Gazette répercute sa nouvelle adresse du "N° 22, Rue de l'Ecu" (actuelle rue Victor Hugo), dès le 6 janvier 1858.

Les bans de son mariage sont enfin publiés les 14 et 21 février 1858 mais la cérémonie est encore repoussée. Le 8 mai 1858, "Auguste Marie Verneuil, photographe demeurant en cette ville, rue de l'Ecu, 22", âgé de 45 ans, épouse Marie Victoire Duchochois, à nouveau enceinte, sans profession, domiciliée rue Siblequin, 31, âgée de 23 ans (née le 5 novembre 1834 à Saint-Omer), fille de Louis Victor Duchochois, ébéniste et de Marie Augustine Carpentier. 

Plusieurs remarques s'avèrent nécessaires. L'adresse séparée de la future épouse interroge. Est-ce la sienne ou celle de ses parents qui ne se voit cependant pas confirmée par les différents recensements de cette période ?

Étrangement, l'acte de mariage n'entraîne pas la reconnaissance de leur fils Auguste. A-t-elle déjà eu lieu ou ne se fera-t-elle que plus tardivement ? 

Enfin, il faut noter que parmi les quatre témoins signataires de l'acte, trois sont des horlogers, Constant Joseph Riéder, Jean Baptiste Cléton et Pierre Pitois, et que le quatrième est l'artiste statuaire, Eugène Blot (1830-1899). 

Le couple va avoir un deuxième enfant, Constant Emile Verneuil, qui va naître à Boulogne-sur-Mer le 9 septembre 1858, rue de l'Ecu, 22. 

Leur troisième fils, Ernest Victor Verneuil, va pour sa part naître le 26 mai 1860, à la nouvelle adresse de la rue de l'Ecu, 32. 

C'est là, en effet, qu'Auguste Verneuil vient de succéder au photographe Charles Constant Simonet (de Changy). Auguste va d'ailleurs chercher, dans les mois suivants, à louer ses anciens atelier et boutique du n° 22 (petite annonce qui paraît dans le journal La Lumière du 11 août 1860 p 127).

Auguste et sa famille sont ensuite cités dans le recensement de 1861 (vers février-mars) au 32, rue de l'Ecu : "Verneuil Louis [?] Marie, Photographe, marié 47 [48 ans] ; Duchochois Victoire, sa femme, mariée, 26 [ans] ; Verneuil Auguste, son fils, célibataire, 4 [ans] ; Verneuil Emile, idem, célibataire, 2 1/2 [ans] ; Verneuil Ernest, idem, célibataire 9 [mois !] ; Cursu Sydonie, domestique, célibataire, 21 [ans]".

En novembre 1861, Auguste Verneuil est nommé "seul représentant du Panthéon de l'ordre Impérial de la Légion d'honneur pour le Département du Pas-de-Calais" (voir l'article de ce blog, ici).

Le 29 mars 1862, un arrêté municipal change le nom de la "rue de l'Ecu" en "rue Napoléon" (jusqu'au 25 novembre 1870) mais Auguste Verneuil continue à utiliser ses anciens cartons-photos toute l'année 1862 (l'un d'eux est daté de décembre 1862), avant de les remplacer l'année suivante.

Le 23 mai 1864, Auguste Verneuil, adresse une lettre "A Monsieur Lacan, rédacteur du Moniteur de la Photographie". Il y signale son intérêt pour un nouvel appareil d'agrandissement présenté à la Société française de photographie par M. Liétard", dit s'être rendu à Paris pour acquérir l'une de ces chambres solaires et l'avoir expérimentée dès son retour. "Je viens, écrit-il, d'obtenir un portrait de femme, en pied, de 45 sur 60 que j'ai l'honneur de vous adresser (...) ; tout est d'une netteté irréprochable. L'épreuve a été obtenue en cinquante-cinq minutes de pose (...). 

Le grand avantage est que rien n'est disproportionné (...) ; le nouvel appareil va rendre de grands services, en donnant des épreuves de grande dimension, d'une beauté réelle, et évitant aux photographes, l'acquisition énormément coûteuse d'un objectif de grand diamètre, qui demande une pose prolongée du modèle, tandis qu'à l'aide d'un petit cliché, nécessaire à l'agrandissement, une pose de trois à cinq secondes est suffisante, etc., etc." (Alphonse Liébert, La Photographie en Amérique, Paris, 1864 pp 14-15).

En novembre 1864, un drame boulonnais familial marque les esprits : le meurtre de deux jeunes enfants illégitimes, d'environ 4 et 7 ans, par leur père M. Leducq. Auguste Verneuil semble missionné pour faire la photographie de ce dernier à la prison de Boulogne-sur-Mer, avant son transfert pour Calais où il sera jugé puis condamné et exécuté (Journal des débats politiques et littéraires des 11 et 12 novembre 1864 ; Journal de Saint-Quentin et de son arrondissement du 14 décembre 1864...).

Le 9 juin 1865, Auguste Verneuil, représenté par le sieur Charles Catez, manufacturier à Arras, dépose à la préfecture de cette ville, un brevet d'invention de 15 ans "pour un appareil pour l'agrandissement des clichés, fonctionnant de tout temps et sans besoin de soleil et opérant en quelques secondes" (Bulletin des Lois de l'Empire Français, T XXX, 1868 p 354)

Il présente ensuite, à la Société Française de Photographie, des épreuves agrandies dont "le petit cliché primitif avait été obtenu au moyen de la chambre automatique de M. Bertsch".(Bulletin de la Société Française de Photographie, 1865, séance du 4 août pp 202-204 et séance du 3 novembre 1865 p 286). Désiré van Monckhoven, dans son Traité d'optique photographique de 1866 (p 266), signalera ces "très belles" épreuves agrandies. 

En septembre 1865, il réalise une photographie du Monument au Docteur Edward Jenner (inventeur de la vaccine), élevé conjointement par la Ville de Boulogne-sur-Mer et de la Société des Sciences Industrielles, Arts et Belles-Lettres de Paris, et inauguré à Boulogne-sur-Mer, sur le place des Bains, le 11 septembre (The Illustrated London News du 7 octobre 1865).

Le recensement de 1866 (vers juin) cite la famille Verneuil, rue Napoléon, 32  : "Verneuil Auguste, Photographe, marié, 54 [53 ans] ; Duchochois Victoire, sa femme, mariée, 29 [ 31 ans] ; Verneuil Auguste, son fils, célibataire, 9 [ans] ; Verneuil Emile, idem, célibataire, 8 [ans] ; Verneuil Ernest , idem, célibataire, 6 [ans] ; Morlet Augustine, domestique, célibataire, 21 [ans]".

En août 1866, le photographe réalise une série de vues stéréoscopiques et un album de l'Exposition Internationale de Marine et de Pêche de Boulogne-sur-Mer (Le Monde Illustré du 1er septembre 1866 pp 133-134, avec une "Vue de la galerie principale d'après les photographies d'A. Verneuil") (Note 9).

Il semble qu'aucune épreuve d'Auguste Verneuil, daguerréotype ou photographie, effectuée dans les années 1840 et 1850, à Saint-Omer, Arras, Dunkerque ou Boulogne-sur-Mer ne soit connue. Les seules épreuves conservées sont celles des années 1860 à Boulogne-sur-Mer.

 

Ses cartes de visite (portraits et vues) affichent au verso :

- l'adresse de la "Rue de l'Ecu, 32" : présentation utilisée de 1860 à 1861 ; 




- celle du "32, Rue de Lécu (sic), 32" puis "32, Rue de L'Ecu, 32" (précédée de la médaille affichant d'une part le profil de l'Empereur Napoléon III et d'autre part l'inscription "Arras - A - Verneuil - 1853" et suivie de la mention "Seul représentant du Panthéon de l'ordre Impérial - de la Légion d'honneur pour le Département du - Pas-de-Calais"), présentation utilisée de fin 1861 à fin 1862 ; 




- ou encore celle du "32, Rue Napoléon, 32" (précédée à nouveau des deux faces de la médaille d'Arras et suivie de la mention "Ancienne Maison Simonnet (sic)" mais toujours accompagnée de la mention du Panthéon de l'ordre Impérial de la Légion d'honneur déjà citée), présentation utilisée de 1863 à 1868 ; 



Ses vues stéréoscopiques affichent pour leur part au recto :

- "Verneuil, Editeur, 32, Rue de l'Ecu" (d'un côté, et "Vue panoramique de Boulogne s/mer", de l'autre), à l'encre noire sur fond jaune, présentation utilisée vers 1860-1862 (dont une vue de l'Hôtel du Pavillon Impérial des Bains de Mer de Boulogne-sur-Mer) ;



"Verneuil, Editeur, 32, Rue Napoléon" (d'un côté, et "Vue panoramique de Boulogne s/mer", de l'autre), à l'encre blanche sur fond brun, présentation utilisée vers 1863-1868 (dont une vue de l'Autel de l'Église Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer) ;

- "Verneuil, Editeur, 32, Rue Napoléon." (des deux côtés), à l'encre blanche sur fond brun, avec parfois un titre en bas, présentation utilisée au milieu des années 1860 dont la série, "Exposition Internationale De Pêche De Boulogne S/M. Août 1866" (la couverture et les vues de l'album correspondant affichent, "Verneuil, Phot. Edit. - 32, Rue Napoléon") (Note 9).



Auguste Verneuil  quitte Boulogne-sur-Mer pour Paris, en 1868, après avoir cédé son atelier au photographe Bruneteau (qui le conservera jusqu'en 1870). 



PARIS (Seine)


À Paris, Auguste Verneuil reprend l'atelier et le fonds du photographe Alexandre Bertrand (1822-1889), à l'adresse de la rue Dauphine, 34 (6ème arrondissement). 

Cette reprise a lieu au plus tard, l'été 1868, l'une de ses premières publicités paraissant au mois d'août de cette année-là (Le Figaro du 29 août 1868 ; L'Ami des Enfants du 30 octobre 1868).

Il va conserver cet atelier plus de vingt ans mais cette période parisienne reste à étudier plus en détail. 


- Publicité pour l'atelier d'Auguste Verneuil, parue dans, 
A. Davanne, Annuaire Photographique pour l'année 1869, Paris, 1869 p 6.

La mention "Admis à l'Exposition universelle de 1867" renvoie à la participation d'Alexandre Bertrand.
Les "Vues De Tous Les Pays - Groupes, Artisans, Villageois, etc.", évoquent notamment des vues stéréoscopiques, déposées dès 1868 (Notes 7 et 8).


En 1870 il présente, à l'Exposition de la Société Française de Photographie, des "Epreuves obtenues par agrandissement" (Catalogue de la Neuvième Exposition de la S.F.P., Paris, 1870 p 31).


Ses cartes de visite affichent au verso :

- "A. Bertrand (...) - 34, rue Dauphine - Paris - (Faub.g St.Germain)", de 1867 jusqu'au milieu des années 1870 

- puis "Ancienne Maison Bertrand - Verneuil (...) - 34, rue Dauphine - Paris", de la fin des années 1870 à 1887 environ.

Ces cartons-photos sont imprimés à l'encre noire (texte vertical), avec l'indication de nombre (imprimé) de clichés conservés tout en haut et le numéro (manuscrit) de cliché tout en bas, sur le modèle des derniers cartons d'Alexandre Bertrand qui affichaient déjà "35.000 clichés sont conservés"

Cependant, on constate que si le nombre total de clichés correspond chez Verneuil à un nombre atteint pour "40.000", ce n'est plus le cas ensuite pour "50.000" (dès les numéros 47.000), pour "80.000" (dès les numéros 58.000) ou "100.000" (dès les numéros 60.000). Les rares cartons portant une dédicace datée indiquent les années 1880 pour tous les numéros de clichés supérieurs à 70.000.




- Grande signature oblique "Verneuil", suivie de "Paris - Ancienne Maison Bertrand" et de l'emplacement du numéro de cliché, à l'encre verte (texte horizontal).

Ce type de carton-photo semble avoir été utilisé dès 1867 (distribué notamment par Cottereau, 33, rue Vivienne, avec les médailles Impériales), parallèlement aux types ci-dessus, peut-être jusqu'à la fin des années 1870, si l'on en croit le très rare numéro de cliché porté sur l'un d'entre eux, supérieur à 68.000.




Ses vues stéréoscopiques (scènes de genre et paysages) affichent au verso :

- "Photographie A. Bertrand - A. Verneuil Succr - 34 rue Dauphine Paris" (sur fond de couleur jaune, bleu ou brun). 

Déposées à partir de 1868, ces scènes de vie et ces vues semblent issues du fonds d'Alexandre Bertrand. Plus de 600 d'entre elles sont conservées à la Bibliothèque nationale de France (Notes 7 et 8).


- Publicité pour l'atelier parisien d'Auguste Verneuil, parue dans
Le Moniteur de la Photographie, 1870, vol. IX, n° 20, p VI,
Paris, Bibliothèque nationale de France (Gallica).


Auguste Verneuil semble quitter la rue Dauphine et cesser toute activité professionnelle courant 1887 ou 1888, à l'âge de 75 ans, mais continuer la pratique de la photographie et de l'horlogerie à sa nouvelle adresse parisienne du 25, rue Humboldt (14ème arrondissement). 

C'est là que son fils Contant Emile Verneuil (né le 9 septembre 1858 à Boulogne-sur-Mer) décède malheureusement, le 8 décembre 1888, à l'âge de 30 ans.

Auguste Verneuil reste cité à cette même adresse dans les listes des photographes (annuaires, revues, répertoires) jusqu'aux premières années du XX° siècle (Annuaires-almanachs Firmin-Didot 1890-94 ; Annuaire général et international de la Photographie, 1899 p 318 ; Paris-adresses 1902 p 1492).

Son épouse Victoire (née le 5 novembre 1834 à Saint-Omer) y décède le 14 juin 1899, âgée de 64 ans, et lui-même (né le 17 août 1812 à Paris), le 25 mai 1904, âgé de 91 ans. Leurs corps reposent dans un caveau familial du Cimetière de Montparnasse.



NOTES BIBLIOGRAPHIQUES ET SITOGRAPHIQUES


(1)- TINTILLIER Daniel, "Auguste Verneuil", dans, De Tailliez au studio Papillon ou cent trente ans de photographie à Boulogne, Boulogne-sur-Mer, Imprimerie du littoral, 1986.

(2)- VOIGNIER Jean-Marie, "Verneuil", dans, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993, p 249.

(3)- PERREAU Jean-Louis, "Les débuts de la photographie à Dunkerque (1840-1914)", dans, Revue historique de Dunkerque et du littoral, n°40, janvier 2007, pp 34-39 et 53.

(4)- BOISJOLY François, "Verneuil Auguste Marie", dans, Répertoire des photographes parisiens du XIX° siècle, Editions de l'Amateur, 2009 (non consulté).

(5)- L'ATELIER DES PHOTOGRAPHES DU XIX° SIÈCLE, "Boulogne-sur-Mer, Verneuil", site en ligne CanalBlog, 2011 (ici).

(6)- BÉCUWE Matthieu, BACART Laurence, BALLANFAT Julie, "Verneuil Auguste Marie", dans, Les Photographes à Saint-Omer de 1839 à 1914, Catalogue de l’exposition présentée à la Bibliothèque d’agglomération de Saint-Omer (BASO) du 16 septembre au 10 décembre 2016, notamment p 56 (ici).

(7)- BnF (Bibliothèque nationale de France), "Verneuil Auguste Marie", Notice biographique (ici) et bibliographique (ici).

(8)- LE STÉRÉOPÔLE, "Vues stéréoscopiques de A. Bertrand déposées par A. Verneuil", Collection, La Stéréothèque (ici), et Étude d'une vue, Images stéréoscopiques (ici).

(9)- VERNEUIL Auguste, Exposition internationale de Pêche de Boulogne-sur-Mer, août 1866. 

Portfolio in-8 (15 x 20 cm), couverture titrée, composé de 20 épreuves sur papier albuminé, contrecollées sur cartons. Crédit du photographe Verneuil, Phot. Edit., titre et date sur les montages. Format moyen des épreuves : 9 x 7,5 cm. Vente Drouot, 2015.

Portfolio de la Bibliothèque municipale de Boulogne-sur-Mer, 14 pages cartonnées sur lesquelles sont contrecollés des tirages représentant l'exposition. Couv. souple (31 x 48 cm). Document dédicacé à Mr Livois, maire de Boulogne-sur-Mer. Document à voir et télécharger sur, L'Armarium, Bibliothèque Numérique des Hauts-de-France (ici).

Série de vues stéréoscopiques de l'Exposition (actuellement en vente sur eBay).