4

4

dimanche 7 décembre 2025

1429-BARTHÉLEMY THALAMAS, PHOTOGRAPHE À TOULOUSE PUIS PARIS


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


1- THALAMAS Barthélemy (1810-1873), Portrait de jeune fille, "âgée de 18 ans", 
recto, Toulouse, sans date, daguerréotype, 
Mairie de Toulouse, Archives municipales, 17Fi17.

 


BARTHÉLEMY THALAMAS, PHOTOGRAPHE (Note 1)

À TOULOUSE PUIS PARIS 


CET ARTICLE A ÉTÉ RÉDIGÉ EN COLLABORATION 

AVEC UN DESCENDANT DE SA FAMILLE



BIOGRAPHIE


Sainte-Colombe-sur-l'Hers


Barthélemy Thalamas (parfois orthographié par erreur, "Talamas" ou "Talamar") est né le 7 mars 1810, "rue du pont", à Sainte-Colombe-sur-l'Hers (Aude). 

Il est l'un des enfants de Joseph Thalamas (1776-1845), ouvrier en peignes (en corne ou en bois) et ajouteur d'esclapes et de Marie Rose Malicamp (1778-1848), épitoyeuse/époutieuse (ouvrière en textile), qui se sont mariés dans cette commune, le 24 juillet 1803 (5 Thermidor An XI).

Rien n'est connu de l'enfance et de l'adolescence de Barthélemy. Il s'engage ensuite dans l'armée.

Âgé de 26 ans, "caporal du 15ème Régiment d'Infanterie, retiré dans ses foyers en vertu d'un congé illimité", il épouse à Sainte-Colombe, le 9 août 1836, Marie Célestine Ribeiro/Ribeyro/Ribero, 23 ans (née le 7 juillet 1813 à Grenoble, Isère, de parents portugais), enceinte de 5 mois.

Le couple réside à Sainte-Colombe et leur fille, Marie Rose Joséphine Thalamas, naît le 13 décembre 1836, dans la maison familiale, "rue du pont".


2- THALAMAS Barthélemy (1810-1873), Portrait de jeune femme entourée d'enfants, recto, Toulouse, sans date, daguerréotype, 
Mairie de Toulouse, Archives municipales, 17Fi19.



Toulouse


En 1837 ou 1838, Barthélemy Thalamas déménage, avec femme et enfant, dans la ville de Toulouse (Haute-Garonne), située à 120 km au nord de son village.

Sa fille Marie Joséphine, âgée de 20 mois, décède cependant le 24 août 1838, à Sainte-Colombe, dans la maison de son grand-père, "Joseph Thalamas, 62 ans, rue du pont"

A cette date, Barthélemy Thalamas est dit, "commis de bureau". Son épouse Marie Célestine, "sans profession", est de nouveau enceinte. Elle accouche malheureusement d'un fils mort-né, le 4 février 1839, à leur domicile toulousain de la "rue des Régans, 18" (quartier des Carmes). Dans l'acte de décès, Barthélemy est dit, "employé".

Rien n'est connu des trois années suivantes de la vie du couple mais, en 1842, Barthélemy ne réside plus avec son épouse. Cette dernière est décédée (mais son acte de décès n'a été retrouvé ni à Toulouse ni à Sainte-Colombe) ou bien a quitté la ville (Note 2).

Âgé de 32 ans, Barthélemy vit désormais avec une nouvelle compagne, Roze/Rose/Rosalie Piffré/Piffre/Pifre, 33 ans, couturière (née le 24 janvier 1809, à Saint-Affrique, Aveyron).

Cette dernière donne naissance, le 12 juillet 1843, à Honorine Clotilde Piffre puis, le 29 mars 1847, à Françoise Antoinette Piffre, chacune étant déclarée, "de père inconnu".

L'acte de naissance de 1843, précise cependant l'adresse de la "rue Pont de Tounis, 6" (quartier des Carmes), avec comme témoin, Barthélemy Thalamas, désormais "horloger", cité à la même adresse. 

L'acte de naissance de 1847, donne l'adresse de la "place de la Trinité, 15" (toujours au quartier des Carmes) et si Barthélemy n'est cette fois pas cité, cette même adresse est cependant présente, dès cette époque, sur les étiquettes collées au revers de daguerréotypes à son nom.

Ceci permet de penser que Barthélemy s'est formé à la photographie entre 1843 et 1847, a ajouté cette nouvelle activité professionnelle à celle d'horloger, avant de déménager place de la Trinité pour un local plus adapté où il s'est exclusivement consacré à la réalisation de "Portraits au Daguerréotype". 

Une petite annonce à son nom paraît d'ailleurs à Pézenas (Hérault), dès 1845, proposant, dans "une des Cours du Collège", des portaits coloriés au Daguerréotype (Le Languedocien du 21 septembre 1845). 

Cette publicité atteste non seulement de son activité de photographe mais également de son itinérance de fin d'été, à plus de 200 km à l'est de Toulouse (Image 3).


3- Publicité de Barthélemy Thalamas parue dans
Le Languedocien du 21 septembre 1845 (Paris, BnF, Gallica).


Une annonce de novembre 1849, précise désormais qu'il est associé,à Toulouse, pour les semaines précédant les fêtes, au photographe de passage Lucien Barbou (Note 3), et qu'ensemble ils proposent des épreuves sur papier et sur plaque et exposent à la librairie Jougla (rue Saint-Rome, 46) et chez "M. Bedec (sic)" (M. Bedel, encadreur et marchand d'estampes), "rue des Arts, 4" (Journal de Toulouse des 21 et 25 novembre 1849) (Image 4).


4- Publicité de Barthélemy Thalamas parue dans le
 Journal de Toulouse des 21 et 25 novembre 1849 (Retronews).


L'adresse affichée (atelier et domicile) est désormais, "Rue de la Trinité, 15", autre dénomination de la même maison, située dans la rue longeant la place du même nom. Ces deux appellations sont d'ailleurs tour à tour employées dans les journaux pour désigner cette maison dans la fin des années 1840.

Cependant, dans les textes spécifiquement rédigés par Barthélémy Thalamas (publicités et étiquettes), l'emploi du mot "Place" s'avère le plus ancien. Il se voit remplacé par le mot "Rue" vers 1850, ce que vient confirmer l'évolution des prix de ses portraits, affichés sur les étiquettes consultées (voir plus bas). 

En avril 1850, il fait paraître une nouvelle annonce proposant des portraits de grande dimension, réalisés avec un nouvel objectif achromatique (fournissant des images plus nettes permettant des agrandissements), et se revendique à cette occasion, comme "l'un des premiers" (dès 1843-1844 ?) à avoir réalisé des portraits photographiques à Toulouse (Gazette du Languedoc des 12, 16, 23 et 30 avril 1850 et des 7, 14 et 19 mai 1850, tout d'abord sous le nom de "Talamar (sic)puis sous celui de "Thalamas") (Image 5).


5- Publicité de Barthélemy Thalamas parue dans la
 Gazette du Languedoc des 12, 16, 23 et 30 avril 1850 et des 7, 14 et 19 mai 1850 (Retronews).



"Barthélémy Thalamas, daguerréotypeur à Toulouse, rue de la Trinité, 15", participe ensuite à l'Exposition des Produits des Beaux-Arts et de l'Industrie de Toulouse, lors de l'été 1850 (1er juillet-15 septembre). 

Il y présente "des portraits qui joignent au fini de l'exécution, une ressemblance parfaite" et lui valent "une mention honorable" (Exposition des Produits des Beaux-Arts et de l'Industrie à Toulouse dans les galeries du musée, à Toulouse, le 30 juin 1850, Impr. A. Chauvin et Comp., 1850, p. 77 et 1851, pp. 243-244 ; Distribution des récompenses le 16 février 1851, Journal de Toulouse du 17 février 1851).

Ses noms et adresse sont ensuite cités à Toulouse, "Rue de la Trinité, 15", dans le Guide toulousain ou Annuaire général de la Haute-Garonne pour 1852 (paru début 1852), d'une part à la rubrique professionnelle des "Portraits au Daguerréotype" et, d'autre part, dans un grand encart publicitaire (p. 38) comprenant le rapport du Jury de l'Exposition de 1850 (Image 6).


6- Publicité de Barthélemy Thalamas parue dans
le Guide toulousain ou Annuaire général de la Haute-Garonne pour l'année 1852, p. 38,
Paris, BnF.


En avril 1853, une annonce parue à Saintes (Charente-Maritime) révèle qu'il opère dans cette ville, quai des Frères, et expose sur le Cours, pendant trois semaines environ (L'Indépendant de la Charente-Inférieure des 17 mars et 3 avril 1853) (Image 7). 


7- Publicité de Barthélemy Thalamas parue à Saintes dans 
L'Indépendant de la Charente-Inférieure des 17 mars et 3 avril 1853 (Retronews).



Il continue donc son itinérance, cette fois au printemps et à plus de 350 km au nord-ouest de Toulouse.

Cette itinérance fait probablement partie de son activité professionnelle régulière, même si peu de traces en témoignent. Cependant, ce passage à Saintes interroge car c'est la dernière trace de Barthélemy Thalamas dans la moitié sud de la France. 

La date précise où il quitte définitivement Toulouse reste par ailleurs inconnue. Son nom n'est pas cité dans l'Annuaire de la Haute-Garonne et de l'Ariège de 1853, ce qui implique que rien ne prouve que c'est depuis la ville de Toulouse qu'il rayonne en Charente-Maritime en mars-avril 1853 (la recherche sur Bordeaux n'a rien donné).

Il précise d'ailleurs dans sa petite annonce de Saintes, qu'il "démontrera son procédé et vendra son Daguerréotype avec tous ses accessoires, pour cause de départ" (Image 7). 

C'est ensuite à Paris que de nouvelles preuves de l'activité de Barthélémy Thalamas vont être découvertes mais sans qu'il soit possible d'attester de sa présence dans la capitale avant 1860. 

Cela induit plus de questions que de réponses :

- A-t-il quitté Toulouse dès 1852 ou seulement vers 1853-54 ? 

- A-t-il seulement changé de Daguerréotype en 1853 ou stoppé, pour quelques années, son activité de photographe ? 

- Dans quelle(s) nouvelle(s) ville(s) a-t-il été domicilié entre 1852 et 1860 ? A quelle date s'est-il installé à Paris ?


Paris


Aucun extrait de journal (publicités, expositions) ou d'annuaire (adresses, publicités) ne documente la vie et la carrière de Barthélemy Thalamas à Paris.

Les preuves de sa présence dans la capitale sont essentiellement fournies par la présence du nom de la ville imprimé sur quelques étiquettes collées au dos de ses daguerréotypes (Image 13). 

Il fréquente, parallèlement, le département de la Haute-Marne :

- le nom d'un imprimeur de la ville de Chaumont est inscrit au bas de l'une de ses étiquettes parisiennes (vente Koller, ici).

- il opère, en 1861, dans la ville de Langres (nouvelle preuve d'itinérance), place Saint-Ferjeux, chez Bouguerey-Rebilly, comme l'a révélé Hubert Déchanet (Note 1c).

Barthélemy Thalamas semble avoir épousé sa compagne et, peut-être, reconnu ses deux filles à cette occasion mais l'acte de mariage n'a pas été retrouvé et reste notamment absent des registres d'état civil de Toulouse, de Sainte-Colombe et de Paris.

Les seuls actes parisiens retrouvés sont ceux du décès de Barthélemy et de Rose.

"Barthélemy Thalamas, âgé de 62 ans [63 ans], photographe, demeurant à Paris, avenue de Clichy 166" (changement de numérotation ou d'adresse ?), est décédé le 2 juin 1873, à l'asile d'aliénés de Ville-Evrard (ouvert le 1er janvier 1868, sur la commune de Neuilly-sur-Marne, Seine-Saint-Denis).

Rose Piffre, "veuve de Talamas (sic)", est pour sa part décédée le 10 juillet 1893, à l'âge de 84 ans, à Paris, "rue Boulay, 3" (à l'angle de l'avenue de Clichy, 17ème arrondissement) et a été inhumée dans une sépulture temporaire de 5 ans, au Cimetière voisin de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).



DAGUERRÉOTYPES 


Le corpus


24 daguerréotypes de Barthélémy Thalamas, noirs ou "coloriés" (cités dès sa publicité de 1845, Image 3), sont connus et offrent, tous, des Portraits individuels ou de groupes. 

Le photographe est longtemps resté fidèle aux épreuves sur plaque de cuivre argenté, comme en témoigne le daguerréotype de la BnF daté de "1862" (Images 13 et 14). 

Dès fin 1849, il a parallèlement proposé des épreuves "sur papier" mais il est vrai que c'est à l'époque où il s'est associé à Lucien Barbou (Image 4). 

Le renouvellement de cette même offre toulousaine n'apparaît que sur son encart publicitaire de l'Annuaire de Haute-Garonne pour 1852 (Image 6), avant de gagner l'ensemble de ses étiquettes parisiennes (Imagee 13).

Aucune épreuve de ses Portraits "sur papier ou sur glace(s)", mais également de ses "Vues", "Reproductions de Tableaux" et "Portraits après décès" sur plaque, sur papier ou sur glace, ne semble actuellement connue (Note 4).

Ses daguerréotypes sont essentiellement conservés :

- à Toulouse : 13 aux Archives municipales, ici; 1 au Musée du Vieux Toulouse ;

- à Paris : 1 à la B.n.F., ici ; 2 au Musée d'Orsay, ici et ici ; 1 à la Société Française de Photographie ; 

- en Espagne (2, dans la Kutxa Fundazioa à Donostia-San Sebastian, Pays Basque, ici et ici ; 

- aux États-Unis : 1 au George Eastman Museum de Rochester, État de New York, ici

- plusieurs sont référencés sur des sites de vente en ligne : 1, De Baecque et associés, France, 2011, lot n° 5, ici ; 1, Drouot, France, 2012, lot n° 4, ici ; 2, Koller Auktionen Zürich, 2021, ici ; 2, Sturgis Antiques, Baltimore, Maryland, Etats-Unis, 2025, ici ;

- d'autres, non référencés, sont probablement conservés dans des Collections privées.

Sur les 24 daguerréotypes consultés, 20 ont été réalisés à/depuis Toulouse et 4 seulement à/depuis Paris (1 à la BnF ; 1 vente Drouot ; 1 vente Koller : 1 vente Sturgis).


Les étiquettes toulousaines


L'étiquette, de dimensions variables, collée au verso des daguerréotypes, comporte un texte plus ou moins long. Ce dernier est soit réduit dans une nouvelle impression qui n'en conserve qu'une partie, soit carrément amputé de sa partie haute ou basse.

Ces étiquettes présentent le plus souvent l'adresse toulousaine du photographe, "Place de la Trinité, 15" ou "Rue de la Trinité, 15"

Ces deux adresses, qui renvoient à la même maison (comme explicité plus haut), ne correspondent pas obligatoirement au même appartement. 

En effet, alors qu'une étiquette de la "Rue de la Trinité, 15", datée de "1851", cite l'appartement "au 4éme" étage (Image 11), une publicité parue dans l'Annuaire de la Haute-Garonne pour 1852, précise pour sa part, "au Troisième" (Image 6).


8- THALAMAS Barthélemy (1810-1873), Portrait de jeune femme entourée d'enfants
Toulouse, sans date, étiquette du verso de l'Image 2, daguerréotype, 
Mairie de Toulouse, Archives municipales, 17Fi19.



Le texte, qui est retranscrit ci-dessous, est celui des étiquettes qui affichent l'adresse "Place de la Trinité, 15" mais ne portent pas le nom du photographe (Image 8). Les variantes indiquées entre crochets sont celles des étiquettes qui affichent l'adresse de la "Rue de la Trinité, 15", avec cette fois le nom du photographe (Image 9) :

"PORTRAITS AU DAGUERREOTYPE - N'importe le temps [beau, pluie, vent, etc., etc.]. Obtenus en quelques secondes et [&] au plus haut degré de perfection sans miroitage par un nouveau procédé [pouvant supporter le frottement sans altérer les traits. 

Par THALAMAS Bmy].

Les prix varient suivant la grandeur depuis 4 jusqu'à 20 frcs. [depuis 6 jusqu'à 20 frcs.], garantis fixés au chlorure d'or ce qui les rend inaltérables pleins de vigueur et [&] d'un beau colori (sic).

Vues, reproductions de Tableaux, gravures, objets d'art et portraits après décès. l'artiste se transporte à domicile à la demande des personnes. Tous les portraits ne seront livrés que lorsque les personnes seront [très] satisfaites. FONDS VARIÉS [AU CHOIX DE L'AMATEUR]".


9- THALAMAS Barthélemy (1810-1873), Portrait d'homme âgé
sans date, Toulouse, étiquette du verso, daguerréotype, 
Mairie de Toulouse, Archives municipales, 17Fi20.



François Bordes a, dès 2016 (Note 1e), reproduit trois autres types d'étiquettes affichant l'adresse de "Rue de la Trinté, 15"

- le preemier (Image 10) célèbre uniquement, dans un format horizontal, "l'Exposition de 1850", avec la "Mention Honorable" obtenue (sous forme de médaille) et le rapport du jury correspondant (d'une manière proche de la publicité parue dans l'Annuaire pour 1852 - Image 6).

- le deuxième (Image 11) reprend des passages du texte retranscrit ci-dessus, dans un cadre horizontal aux angles ornés, avec un médaillon ovale, contenant une figure masculine sur la gauche et féminine sur la droite (ce type apparait sur un daguerréotype daté de "1851" ) ;

- le troisième (Image 12) repend les mêmes extraits, dans un encadrement vertical fait de guirlandes de fleurs peuplées de figures allégoriques et réalistes, avec une en-tête annonçant des prix de "8. 12. 20.Fr.".


10- THALAMAS Barthélemy (1810-1873), Portrait de jeune femme,
sans date, Toulouse, étiquette du verso, daguerréotype, 
Mairie de Toulouse, Archives municipales, 17Fi11.

11- THALAMAS Barthélemy (1810-1873), Portrait d'homme, daté de "1851",
Toulouse, étiquette du verso, daguerréotype, 
Mairie de Toulouse, Archives municipales, 17Fi4.

12- THALAMAS Barthélemy (1810-1873), Portrait d'homme
sans date, Toulouse, étiquette du verso, daguerréotype, 
Mairie de Toulouse, Archives municipales, 17Fi33.



Les étiquettes parisiennes


Le texte retranscrit ci-dessous est celui des étiquettes affichant, "De Paris - Rue..." (sans autre précision) (Image 13 et vente Sturgis Antiques, ici), avec, entre crochets, les variantes du texte portant, "avenue de Clichy, 99, Batignolles, Paris" (vente Koller, n° 2, ici).

" NOUVEAU PERFECTIONNEMENT - pour la durée - DES PORTRAITS - PHOTOGRAPHIQUES - SUR ARGENT - Par le fixage au chaud du mercure avec le Sel d'or.

(autre variante due à la présence de deux tampons circulaires encadrant les mots, "DES PORTRAITS PHOTOGRAPHIQUES, avec à gauche "MENTION - Honorable" et à droite, "EXPOSITION", référence à celle de Toulouse, en 1850) 

Plus de crainte de voir effacer dans peu de temps - la personne qu'on aime ! un père ! une mère ! une épouse ! un en- - fant, etc., etc. Lorsque la mort les frappe, on a le regret de ne plus - les revoir ! et tout passe dans l'oubli. - Maintenant, grande satisfaction pour les portraits à venir en - suivant le conseil de l'artiste ci-dessous énoncé ; le public ne sera - pas trompé, et il se trouvera entièrement satisfait du présent avis.

AVIS [AU PUBLIC] - Les personnes qui veulent faire faire leur portrait [Pour personnes qui veulent se faire tirer leurs portraits] - PHOTOGRAPHIE SUR PAPIER, SUR GLACE [GLACES], ETC. ETC.

Depuis quelques années la photographie sur papier a fait des - progrès immenses. Les épreuves que l'on obtient sont remarqua- - bles à plus d'un titre ; mais elles ne peuvent se conserver long- - temps. Leur altération plus ou moins rapide est pour le photo- - graphe un sujet continuel de déception. - Il n'en est pas de même des PORTRAITS faits au mercure sur plaqué d'argent. Le portrait est chauffé, fixé au sel d'or ce qui le - rend inaltérable, plein de vigueur, d'un très beau coloris sans - miroitage et d'une durée à l'infini, pouvant supporter le frottement - sans altérer les traits. C'est encore le seul procédé qui assure - une grande durée aux portraits. - La ressemblance étant garantie, on ne livre le portrait qu'après - grande satisfaction. - L'on opère tous les jours, n'importe le temps, depuis 9 heures du matin jusqu'à 4 heures du soir. - L'artiste va faire les portraits à domicile à la demande - des personnes. 

Prix modéré - Chaumont, -- Imp. C CAVANIOL. [Prix modérés - Paris. Typ. Moquet, rue des Fossés-Saint-Jacques, 11]".


13- THALAMAS Barthélemy (1810-1873), Portrait de deux ouvriers attablés devant deux bouteilles, daté de "1862",
étiquette du verso de l'Image 14, daguerréotype,
Paris, BnF, cat. 147.



DATATION


Toulouse


La période d'activité de Barthélémy Thalamas à Toulouse peut être située entre 1843-45 et 1853 environ, ce qui peut modifier la datation supposée de certains des daguerréotypes conservés. 

Le premier indice de datation réside dans le changement de dénomination de l'adresse, de "Place" à "Rue de la Trinité, 15", à la fin des années 1840 (vers 1849 ?). 

Le deuxième est fourni par l'évocation de la "Mention - Honorable", obtenue à l'Exposition de Toulouse de 1850 (1851). Cependant, cette récompense n'est pas systématiquement présente sur les étiquettes postérieures à 1850, que ce soit sur les daguerréotypes toulousains (Image 11) ou parisiens (vente Koller, n°2, ici).

Les prix affichés à Toulouse vont de 4 à 20 fr., sur les étiquettes les plus anciennes affichant l'adresse de la "Place de la Trinité, 15" (vers 1845-1850 ?), puis de 6 à 20 fr. et enfin de 8 à 20 fr., sur celles affichant l'adresse de la "Rue de la Trinité, 15" (vers 1849-1853 ?) (Note 5).


Paris


À Paris, la période d'activité de Bartélemy Thlamas a pu débuter dès 1853-54 ou, peut-être, seulement après 1860 : 

- son passage à Langres est daté de "1861",

- l'un de ses daguerréotypes parisiens porte le nom de l'imprimeur Cavaniol et la date de "1862" (Paris, BnF ; Images 13 et 14),

- enfin, les étiquettes qui précisent l'adresse, "avenue de Clichy, 99, Batignolles", affichent également une adresse de l'imprimeur Moquet, que ce dernier n'a occupée qu'à partir de "1860" (vente Sturgis Antiques, ici). Ce sont, peut-être, les étiquettes les plus tardives, du fait qu'elles n'affichent plus la "Mention - Honorable" obtenue en "1850".

L'activité de Barthélemy Thalamas a pu se prolonger à l'adresse de l'avenue de Clichy (n° 99 puis 166), jusqu'à ses 60 ans (en 1870), s'il n'a pas été antérieurement affecté par la maladie qui l'a conduit, entre 1868 et 1873, à l'asile de Neuilly-sur-Marne où il est décédé.


14- THALAMAS Barthélemy (1810-1873), Portrait de deux ouvriers attablés devant deux bouteilles, recto, daté de "1862"
Paris, BnF, cat. 147.



NOTES


(1)- Bibliographie sommaire :

a- Janet E. Buerger, "Thalamas", in, French Daguerreotypes, The University of Chicago Press, 1986, pp. 228. 

b- Jean-Marie Voignier, "Thalamas B.", dans, Répertoire des Photographes de France au Dix-neuvième siècle, Le Pont de Pierre, 1993, p. 238.

c- Hubert Déchanet, "Thalamas", dans, "Un siècle de Photographie à Langres, 1847-1947", Bulletin de la Société historique et archéologique de Langres, 1999, T. 23, vol. 341, octobre 2000, p. 279.

d- Jacques Frexinos, "Thalamas", dans, "Quand les Toulousains découvraient la photographie", L'Auta du 1er mars 2011 (pp. 83-92), p. 86.

e- François Bordes, "Thalamas (Barthélemy)", dans, Encyclopédie historique de la Photographie à Toulouse, 1839-1914, Editions Privat, 2016, texte pp. 376-377 et reproduction de portraits et étiquettes, pp. 378-381.


(2)- Une séparation des époux reste difficile à imaginer, Marie Célestine Ribeiro ayant été abandonnée par ses parents (selon son acte de mariage), étant sans profession et venant de perdre deux enfants. Peut-être a-t-elle été hospitalisée (suites de l'accouchement de février 1839 ou dépression) et est-elle décédée en dehors de Toulouse ?


(3)- Voir la biographie de "Lucien Barbou" sur le site d'Hervé Lestang, Portrait Sépia (ici).


(4)- Un tableau peint à l'huile intitulé, Portrait d'homme aux décorations, signé de "Thalamas Barthélemy" est signalé sur Internet (Arcadja, ici), sans lieu ni date et sans possibilité de l'attribuer au photographe ou à un homonyme.


(5)- Le Portrait d'une femme de la famille d'Ayguevives, qui affiche à son revers l'adresse, "Place de la Trinité", conjointement avec la date de "Septe[mbre] [1]855", pose notamment problème (Mairie de Toulouse, Archives municipales, 17Fi40).