1900-1917
PREMIÈRE RÉTROSPECTIVE RODIN EN MARGE DE L'EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1900, PARIS
L'hiver 1899, Rodin fait construire, un pavillon place de l'Alma pour une exposition personnelle de ses œuvres (juin-novembre 1900), comme Gustave Courbet (1855, 1867) et Edouard Manet (1867) l'avaient fait avant lui.
Il expose des matériaux variés avec un choix d'œuvres de 1870 à 1900 dont 168 sculptures (plâtres surtout mais également marbres et bronzes), une centaine de dessins (aquarelles, encre brune, pointe sèche), et plusieurs dizaines de photos des sculptures exposées, commandées à Eugène Druet (1867-1916).
Il n'expose pas Le Baiser mais les grands plâtres du Monument à Victor Hugo (1895-1896), du Balzac (1898), de La Tour du Travail (1898-1899) et il expose enfin La Porte de l'Enfer (1880-1900) mais dépourvue de la plupart des hauts-reliefs et avec une apparence presque abstraite (tendance commune au Balzac).
Rodin veille à la luminosité du lieu, à l'espacement des sculptures et présente de nombreux plâtres sur des gaines ornées de rinceaux ou des colonnettes à chapiteaux.
Après l'exposition qui est une consécration internationale, Rodin (60 ans) fait remonter le Pavillon de l'Alma à Meudon et l'utilise comme atelier et musée (détruit en 1925).
POUR EN SAVOIR PLUS
AUTRES EXPOSITIONS
Il réalise par la suite une grande exposition de ses œuvres à Prague en 1902 et Düsseldorf en 1904. Une première exposition de ses seuls dessins a lieu en 1907 (Paris, Galerie Bernheim Jeune, avant Vienne, Leipzig et Paris en 1908) et celle de quelques antiques de sa collection en dialogue avec ses œuvres en 1913 (Paris, Faculté de Médecine).
En 1912, il expose à Tokyo et une "salle Rodin" est inaugurée au Metropolitan Museum de New York.
LES COMMANDES
Les premières années du XX° siècle sont consacrées au Monument au peintre (1824-1898) Pierre Puvis de Chavannes (1899-1903, resté inachevé puis commande de l'Etat d'un buste en 1911) et à celui du peintre (1834-1902) James McNeill Whistler (1905-1908, resté inachevé) mais également à l'agrandissement de nombreuses œuvres (Les Trois Ombres, 1904), avant leur fonte en bronze comme Le Penseur (1903/1904), Ugolin et ses enfants (vers 1904), L'Enfant prodigue (1905), La Femme accroupie (1909, achetée par l'Etat), Torse de Jeune femme cambrée (1910), L'Homme qui marche (1913)...
Le Penseur (bronze) est installé en 1906 devant le Panthéon, Le Monument à Victor Hugo (bronze) en 1909 dans les jardins du Palais-Royal, L'Homme qui marche (bronze) en 1911 au palais Farnese à Rome et les Bourgeois de Calais en 1913 devant le Parlement de Londres.
LA DANSE
Rodin s'intéresse au mouvement du corps et à la danse non académique (French Cancan, Loïe Fuller, Les Ballets Russes, Nijinski, Isadora Duncan) et dessine des danseuses nues dans des poses nouvelles (les danseuses cambodgiennes, 1906, la danseuse et comédienne japonaise Hanako, 1907-1911, la femme-acrobate Alda Moreno, 1910-1913), développant en parallèle des dessins (et sculptures) érotiques (nus, couples saphiques).
LA VIE MONDAINE
Il réalise de nombreux portraits de riches femmes élégantes, mène une vie mondaine et fait de nombreuses conquêtes.
Il rencontre Claire Coudert (1864-1919), Duchesse de Choiseul, vers 1907 et entame avec elle sa dernière grande liaison, jusqu'en 1912. Il mène une vie mondaine à l'Hôtel Biron qu'il loue partiellement dès 1908, et entièrement dès 1911. Dès 1909, il envisage de léguer ses collections à l'Etat et de faire de l'Hôtel Biron le musée Rodin.
LES DERNIÈRES ANNÉES
En 1914, Rodin publie Cathédrales de France, un recueil de cent fac-similés de ses dessins puis fuit la guerre en Angleterre puis à Rome. C'est là qu'il est choisi par le pape Benoit XV pour exécuter son portrait mais le pape se lasse au bout de 3 séances de pose et Rodin meurtri, rentre à Meudon où il finira ce buste.
Gravement malade et très affaibli en 1916, il lègue, en trois donations successives, l'ensemble de ses collections à l'Etat. Il épouse Rose Beuret en 1917 qui décède 15 jours après. Rodin meurt la même année le 17 novembre, en pleine guerre. Un grand Penseur est déposé sur leur tombe du jardin de Meudon.
Le musée Rodin ouvrira ses portes à l’Hôtel Biron en 1919. La Porte de l'Enfer sera enfin fondue en bronze en 1928. La Villa de Meudon deviendra un musée en 1948.
- Exposition Rodin au Pavillon de l'Alma, Paris, 1900,
les plâtres blancs sont placés au sommet de supports en plâtre patinés rose,
on reconnaît notamment
Ugolin et ses fils (1882) et un
Buste de Madame Fenaille (vers 1898).
-
Le Monument à Victor Hugo (plâtre, 1897) et
Balzac (plâtre, 1898) à l'exposition du Pont de l'Alma, 1900.
VOIR SUR GALLICA LE CATALOGUE DE L'EXPOSITION RODIN EN 1900
-
La Porte de l'Enfer à l'exposition du Pont de l'Alma, Paris, 1900,
plâtre, 520x388 cm, porte en l'état actuellement au Musée de Meudon,
à l'exposition, la porte est dépouillée de ses éléments les plus en relief pour éviter les forts contrastes qui ne
correspondant plus à Rodin et pour se démarquer de la surcharge décorative de l'Art Nouveau contemporain.
- RODIN Auguste (1840-1917), Nu féminin assis dans une urne, vers 1900 (1895-1905 ?),
plâtre et poterie, Paris, Musée Rodin,
- RODIN Auguste (1840-1917), Assemblage, Adolescent désespéré et enfant d'Ugolin autour d'un vase, vers 1900 (1895-1905 ?),
plâtre et poterie, 45,8x46,6x27,5 cm, Paris, Musée Rodin,
- RODIN Auguste (1840-1917), Assemblage, Nu féminin debout dans un vase, vers 1900 (1895-1905 ?),
plâtre et poterie, 47x20,7x14 cm, Paris, Musée Rodin,
influence des Vénus anadyomènes antiques (sortant des eaux).
- Askos à figurines, vers 310 - 290 av. J.-C.
argile, H : 76,5 cm, Canosa, hypogée Lagrasta 1 (?), Paris, Musée du Louvre.
- RODIN Auguste (1840-1917), Madame Fenaille, vers 1900 (?)
plâtre, 49x38x31,5 cm, Paris, Musée Rodin,
un ami et mécène de Rodin lui commande des portraits de sa femme, ce qui entraîne la production
de 3 terres cuites, 13 plâtres et aboutit à 4 marbres (dont des versions allégoriques) et 1 pierre,
portrait non mondain et intime, au visage doux et rêveur, incliné.
- RODIN Auguste (1840-1917), Monument à Puvis de Chavannes, 1899-1903,
plâtre, 187x110x76,5 cm, Paris, Musée Rodin,
Rodin, qui a réalisé un buste de son ami peintre en 1891, répond à la commande d'un monument commémoratif en assemblant le buste réalisé reposant sur des chapiteaux superposés (rappel des sites antiques en ruines) sur une table, en présence d'un grand Génie du repos éternel (dérivé d'un antique du Louvre) cueillant les fruits d'un pommier (Renommée et Paix) mais ce projet demeura inachevé.
- RODIN Auguste (1840-1917), Paolo et Francesca dans les nuages, 1904-1905,
marbre, 65,5x70x55 cm, Paris, Musée Rodin,
o retrouve le couple amoureux, nu, avec cette qualité du marbre qui différencie le traitement de la peau, des cheveux, des nuages et du bloc.
- RODIN Auguste (1840-1917), Jeux de nymphes, vers 1900-1910,
marbre, 53,1x59x44,6 cm, Paris, Musée Rodin,
chaque personnage provient de La Porte de l'Enfer (début des années 1880) mais assemblés dans un contexte différent et érotique,
où la transparence du rendu de l'eau notamment ou le lisse de a peau s'oppose au rocher laissé brut.
- RODIN Auguste (1840-1917), Le Penseur, version monumentale, 1903
bronze, fonte Alexis Rudier, 1904, 180x98x145 cm, Paris, jardin du Musée Rodin,
qualifié par certains de "brute énorme" ou de "gorille", ce bronze fut fondu grâce à une souscription publique pour être placé dans Paris.
- HUTIN Marcel, Inauguration du "Penseur" devant le Panthéon, 1906.
- RODIN Auguste (1840-1917), Cinq études de danseuses cambodgiennes, 1906,
mine de plomb, aquarelle et gouache sur papier 27,1 x 21,1 cm, Paris, Musée Rodin,
du 10 au 20 juillet 1916, Rodin suit la tournée des danseuses cambodgiennes (voyage officiel du roi du Cambodge)
à Paris puis Marseille pour les dessiner : série de 150 dessins au crayon sur papier, gouachés et aquarellés par la suite.
- DRUET Eugène (1868-1916), La Colonne Saint Jean au Pavillon de l'Alma, 1900,
épreuve photographique, 18x24 cm, Paris, RMN-Grand Palais,
le plâtre de 85 cm de haut est exposé au sommet d'une colonne corinthienne.
- RODIN Auguste (1840-1917), L'Homme qui marche sur colonne, 1900,
bronze, fonte 2006, 354x60x39 cm, Paris, Musée Rodin.
- RODIN Auguste (1840-1917), L'Homme qui marche, 1907,
bronze, fonte Alexis Rudier, 1913, 213,5x71,7x156,5 cm, Paris, Musée Rodin,
le torse en terre de Saint Jean-Baptiste (vers 1878-1879) retrouvé vers 1887, dégradé et crevassé, est associé vers 1899-1900 (et exposé au Pavillon de l'Alma), avec une étude de jambes plus lisses du même Saint Jean-Baptiste mais désaxée, avec un titre plus universel.
Le modèle en plâtre de 1900 (H : 85 cm) présenté à l'Exposition Universelle au sommet d'une colonne corintienne sous le titre de
Saint Jean-Baptiste est agrandi en 1907 et le premier bronze est installé en 1911 au Palais Farnèse (Rome).
-
Héraclès au repos, I-II° siècle ap. J;-C.,
marbre, 183x103x55 cm, Paris, Musée Rodin,
l'une des acquisitions préférées de l'artiste
(première image, sous le péristyle du Pavillon de l'Alma à Meudon, entre 1906 et 1917),
combinaison éclectique élaborée à l’époque impériale,
d’après des modèles classiques du IV° siècle av. J.-C.
- RODIN Auguste (1840-1917), L'Homme qui marche, Etude du torse, avant 1887,
plâtre patiné, 53x27x15 cm, Paris, Musée Rodin,
la terre cuite de 1878-79 est retrouvée craquelée par le séchage vers 1887, son aspect évoque l'état de découverte des antiques ;
il est exposé en 1889 à la Galerie Georges Petit puis tiré en bronze, avant d'être assemblé pour L'Homme qui marche.
- ANONYME, Achille, Pergame, vers 170-160 av. J.-C.,
marbre, H : 143 cm, fragment du groupe dit Achille et Penthésilée,
Genève, Musée d'Art et d'Histoire.
- RODIN Auguste (1840-1917),
La Cathédrale ou
L'Arche d'Alliance, 1908,
pierre, 64x29,5x31,8 cm, Paris, Musée Rodin,
pierre conservant les traces d'outils, avec deux mains droites différentes, prêtes à se joindre en un geste de prière et formant un vide central évoquant les voûtes des cathédrales gothiques.
VOIR LA VIDÉO (2 MN 02, 2015) DE FRANCETVÉDUCATION SUR "LES MAINS D'AMANTS", 1904
- RODIN Auguste (1840-1917),
Muse Whistler nue, bras coupés, 1908,
bronze, fonte Coubertin, 1986, 223,5x90x109,5 cm, Paris, Musée Rodin,
Rodin ne choisit pas de faire un portrait du peintre mais de représenter la figure allégorique d'une
Muse grimpant à la montagne de gloire, avec une jeune modèle galloise, peintre. Il fait mouler un autel de sa collection antique (
Autel funéraire de Ranus Epictetus, marbre, fin du Ier s. ap. J.-C.) pour l'incorporer dans son monument. La nudité offerte, l'absence de bras et l'inachèvement entraînèrent de fortes critiques à son exposition au Salon de 1908.
-
Aphrodite, dite Vénus de Milo, vers 100 avant J.-C.
Île de Mélos (Cyclades, Grèce), marbre, H.: 202 cm, Paris, Musée du Louvre.
- RODIN Auguste (1840-1917), Pied gauche du grand Penseur sur gaine à rinceaux, après 1904,
plâtre, H : 164 cm.
- RODIN Auguste (1840-1917),
Femme-Poisson et Torse d'Iris sur gaine à rinceaux, vers 1908-1909 (?),
plâtre, patiné rose pour la gaine, 164,1 (groupe seul 46,1)x32,7x38 cm, Paris, Musée Rodin,
à a suite de l'exposition de 1900, Rodin continue de mener une réflexion sur le lien entre la sculpture et son support
(ici piédestal formé d'une gaine de plâtre ornée de rinceaux et patinée rose).
- RODIN Auguste (1840-1917),
Torse de Jeune femme cambrée, grand modèle, 1909
bronze, patine verte granuleuse, fonte Alexis Rudier, 1910, 86x48,1x32,2 cm, Paris, Musée Rodin,
issue d'une
Damnée foudroyée, cette figure agrandie, à la patine granuleuse, voit ses bras et jambes supprimés,
sa cambrure et sa poitrine accentuées mais les résidus de matière (traces de mains) sur les hanches conservées.
- RODIN Auguste (1840-1917),
La Prière, 1909,
plâtre patiné, grand modèle, Paris, Musée Rodin,
variation sur ce même torse cambré, également influencé par la
Vénus antique dite de l'Esquilin.
-
Aphrodite, dite
Vénus du type de l'Esquilin, époque impériale romaine (IIe siècle après J.-C. ?)
Brindisi (Italie) ?, marbre de Paros, H. : 96 cm, Paris, Musée du Louvre.
- RODIN Auguste (1840-1917),
La Duchesse de Choiseul, version pensive, 1908,
marbre, 49,3x50,5x31,5 cm, Paris, Musée Rodin,
- RODIN Auguste (1840-1917),
La Duchesse de Choiseul, version souriante, 1911,
terre cuite, 39,4x36x22,2 cm, Paris, Musée Rodin,
le clous de mise au points placés à la pointe des seins ont été volontairement conservés dans la version en marbre.
VOIR LA VIDÉO (5 MN 05, 2015) DU MUSÉE RODIN - LA TAILLE DU MARBRE : LA DUCHESSE DE CHOISEUL
- RODIN Auguste (1840-1917),
Mouvement de danse A, vers 1911,
plâtre, environ 30x7x13 cm, Paris, Musée Rodin,
passionné par l'étude sur nature (le nu) et par le mouvement, Rodin s'intéresse à la danse non académique qui renouvelle les postures, et notamment à la danseuse Alda Moreno, femme-acrobate qu'il découvre à partir de 1905 sur photos puis qu'il dessine et modèle de 1910 à 1913 ;
cet ensemble, intitulé
La Création de la Femme, ne respecte pas toujours l'anatomie et est resté peu connu du grand public.
VOIR LA VIDÉO D’ENTRÉE LIBRE (5 MN 29, 2018) : "RODIN MÈNE LA DANSE"
- RODIN Auguste (1840-1917),
Mouvement de danse B, vers 1911,
plâtre, 34x11x12,5 cm, Paris, Musée Rodin,
Rodin dessine les danseuses cambodgiennes (1906), la japonaise Hanako, danseuse et comédienne (1907-1911), Nijinski (1912).
- RODIN Auguste (1840-1917),
Georges Clémenceau, 1911-1913,
terre cuite, 29,6x27,2x22 cm, Paris, Musée Rodin,
le gouvernement argentin commande ce portrait à Rodin en 1909 pour remercier
cet homme politique (1841-1929, lié aux artistes de son temps) d'une série de conférences ;
Rodin réalise une dizaine d'études et variantes mais ce projet ne plût pas à Clémenceau qui refusa son exposition au Salon de 1914.
- RODIN Auguste (1840 -1917), Bustes de Clémenceau, 1911,
28 têtes en terre cuite ou plâtre,
Exposition, "L'Invention de l'oeuvre : Rodin et les ambassadeurs", 2011,
Paris,Musée Rodin.
- BULLOZ Jacques-Ernest (1852 -1942), Vue d'ensemble de l'atelier de Meudon, 1904-1905,
irage sur papier gélatino-argentique, 27,5x37 cm, Paris, Musée Rodin.
- Hôtel Biron, côté jardin, sans date (après 1908),
Paris, Musée Rodin.