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lundi 31 octobre 2016

607-EUGÈNE DEGAND (1829-1911), PHOTOGRAPHE À NICE-1


- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Le Port, tirage vers 1883-1887,
carte cabinet, tirage albuminé de 15x9,6 cm contrecollé sur carton épais de 16,5x10,9 cm,
Collection personnelle.
[N.B. : les recherches ultérieures montreront que la prise de vue peut être datée vers 1872-74].


Dernière mise à jour de cet article : 26/08/2024

Un article rédigé en collaboration avec plusieurs descendants de la famille 
dont Dominique Séraphin.




- Eugène DEGAND (1829-1911)


LILLE

Eugène Degand est né à Lille au 16, rue des Tanneurs, le 7 octobre 1829. Il est l’un des 9 enfants de Degand Magloire Joseph, peintre [en bâtiments] (né le 8 mars 1802 à Tournai, Pays-Bas puis Belgique) et d’Ysabelle Dupire, couturière (née le 5 décembre 1800 à Bernissart, Pays-Bas puis Belgique) qui se sont mariés à Lille le 15 novembre 1826.  

Les autres enfants du couple sont également natifs de Lille :

- Isabelle Degand, née le 14 décembre 1822 (avant le mariage de ses parents (?) ; acte de naissance non retrouvé ; rentière et domiciliée à Paris, 9ème, elle se mariera à 46 ans, à Paris, le 24 décembre 1868, avec Pierre Paul Auguste Chabat, architecte, 41 ans, né le 21 février 1827 à Paris, 2ème).

- Julie Constance Degand, née au 23, rue de la Comédie, le 1er novembre 1827,

- Jules César Degand, né au 16, rue de Béthune le 8 février 1834 mais qui décède malheureusement à 5 semaines le 17 mars 1834, 

- Elise Cécile Degand, née au 16, rue de Béthune le 9 mai 1835 mais qui décède malheureusement à sept mois, le 31 décembre 1835,

- Elise Julie Degand, née au 16, rue de Béthune le 28 octobre 1836 (qui, sans profession, se mariera à 32 ans, à Lille, le 14 octobre 1869, avec Louis Alfred Théodore René Portait, 34 ans, commis négociant, né le 26 mars 1835 à Strasbourg),

- Marie Henriette Degand, née au 16, rue de Béthune le 1er septembre 1838 (qui, sans profession, se mariera à 31 ans, à Lille, le 5 octobre 1869, avec Charles Désiré Henri Riquez, 34 ans, commis négociant, né le 26 mars 1835 à Strasbourg),

- Emile Achille Degand, né au 16, rue de Béthune le 2 mars 1841 (il expose au Salon parisien de 1863, 1868 et 1869 ; il est élève à l’Ecole centrale d’architecture de Paris de 1865 à 1868 ou 1869 puis, architecte, se marie à 28 ans, à Lille le 15 juin 1869, avec Louise Laure Douez, 21 ans, marchande d’articles de blanc, née le 2 juillet 1847 à Wazemmes, banlieue de Lille – architecte à Lille puis Paris, il décédera à Paris (14ème), le 4 juin 1922, âgé de 81 ans),

- Marie Adolphine Degand, née au 16, rue de Béthune le 27 novembre 1844.


LILLE, PARIS ET ALGER

Eugène Degand suit une formation de peintre auprès de son père, des années 1840 au début des années 1850 puis passe, à 25 ans, le concours d'entrée à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1855. 

A cette occasion, il demande une aide financière au Conseil Général du Nord qui reconnaît ses capacités et relève qu'il "montre d'heureuses dispositions" mais lui refuse la bourse départementale car "son père est étranger [né aux Pays-Bas] et lui-même, lors du tirage au sort [en 1850], a demandé à être dispensé de concourir au recrutement de l'armée".

Accomplit-il une année d’études aux Beaux-Arts de Paris ? Le 29 mai 1856, "Eugène Emile Joseph Degand, âgé de 26 ans, 1m 70, peintre d’Histoire, demeurant à Paris, rue Fontaine St-Georges, 14", obtient un passeport à la Préfecture de Police de Paris pour se rendre en Algérie. 

Il arrive, via Marseille, à Alger le 2 juin 1856 où il séjourne 4 mois. Il se rend en novembre, via Batna, à Biskra et ne quitte l’Algérie qu'en janvier 1857.

Il semble avoir réalisé plusieurs peintures orientalistes pendant son séjour algérien (paysages urbains et naturels, scènes de genre) et probablement exécuté de nombreux dessins (préludes à de futures peintures). Dès le printemps 1857, il expose au Salon parisien (Palais de l’Industrie) un tableau intitulé, La rue du Diable à Alger.

Il participe à huit salons entre 1857 et 1868 : Salons parisiens de 1857 ; 1859 ; 1863 (avec son frère Emile) ; 1865 et 1868 ; Exposition Universelle de Metz en 1861 : Exposition des Beaux-Arts de Toulouse au printemps 1862 et de Lille l’été 1866. 

Il expose de rares portraits, scènes de genre et allégories mais surtout des paysages orientalistes (Alger, Biskra et Sahara, Algérie ; Istanbul, Turquie) et italiens (Venise, Naples), parfois rapprochés par la critique de ceux de Félix Ziem. 

Ses tableaux sont peints à l'huile sur toile ou panneau de bois (souvent de petits formats) qu'il signe, "Degand", "Eugène Degand", "Eug. Degand" ou encore "E. Degand", généralement en bas et à gauche.

La mention "élève de son père", est précisée dans les catalogues de Toulouse (1862), de Paris (1868) et d'ouvrages publiés en 1870 et 1882. Aucun document n’atteste cependant la carrière artistique du père, ce dernier étant successivement dit "peintre" (en 1826 et 1827), "badigeonneur" (en 1829, 1834 et 1835), "peintre" (en 1836), "peintre en bâtiments" (en 1838, 1841, 1844, 1866), "entrepreneur de peinture" (en 1868) et enfin "marchand de nouveautés" (lors de son décès le 3 avril 1869, à Lille, au 16, rue de Béthune, âgé de 67 ans) (actes d’état civil, Archives Départementales du Nord).

Voici une première liste des œuvres d’Eugène Degand, datant des années 1850 et 1860 : 

- Autoportrait, signé et daté en bas à gauche de 1854 (à 24 ans), huile sur panneau de 18x23 cm, Collection privée (vente Ebay 2017 ; voir cet article du blog) ; cet autoportrait semble avoir été précédé de deux autres, l’un vers 13 ans et l’autre vers 20 ans (Collection privée),

- La Rue du Diable à Alger, exposée au Salon de Paris de 1857 (Explication des ouvrages…, Salon de 1857 p 85 ; Dictionnaire général des artistes de l’Ecole française, vol. 1, 1882, p 375Gallica),

- Arabes, 1859, huile sur toile signée et datée (Catalogue de vente de l'Hôtel Drouot en 1910, n° 11 p 4, sur Gallica),

- Campement de nomades dans la plaine d'El-Outaïa (Sahara), exposée au Salon de Paris de 1859 (Explication des ouvrages…, Salon de 1859 p 97 ; Dictionnaire général des artistes de l’Ecole française, vol. 1, 1882, p 375, Gallica),

- Le marabout Sidi-Barkate, aux environs de Biskra, exposée au Salon de Paris de 1859 (Explication des ouvrages…, Salon de 1859 p 97 ; Dictionnaire général des artistes de l’Ecole française, vol. 1, 1882, p 375, Gallica),

- Brodeurs algériens, vers 1859 (Bibliographie de la France, 1859 p 318),

- Une boutique de marchand de tabac à Alger (Catalogue de l’Exposition Universelle de Metz de 1861 p 29),

- L’Empire, c’est la paix (esquisse allégorique) ; sur un socle élevé, l’Empereur guidé par la Justice, la fière Thémis rappelant l’âge d’or (Catalogue de l’Exposition Universelle de Metz de 1861 p 29),

- Le marché à la viande de Biskara (Biskra, Algérie) (Exposition des Beaux-Arts de Toulouse, 1862, Catalogue en PDF, n° 87 p 40, Explication des ouvrages…, Salon de Paris de 1863 p 67, Explication des ouvrages…, Salon de 1866 pp 45-46, Dictionnaire général des artistes de l’Ecole française, vol. 1, 1882, p 375, Gallica, et Exposition des Beaux-Arts de Lille en 1866, Le Bourgeois de Lille du 5 août 1866 sur Gallica et Catalogue de l'Exposition pp 45-46 sur Gallica),

- Halte de cavaliers (arabes), sans date, huile sur panneau de 23x37 cm, Collection privée (vente Artnet),

- Repos des bédouins à l'oasis, le soir, sans date, huile sur toile de 22x16,5 cm, Collection privée (vente Artnet),

- Les Bateaux pêcheurs près de Naples (Explication des ouvrages…, Salon de 1865 p 79, Exposition des Beaux-Arts de Lille en 1866 [Le Bourgeois de Lille du 5 août 1866 sur Gallica et Catalogue de l'Exposition de Lille pp 45-46, sur Gallica], Dictionnaire général des artistes de l’Ecole française, vol. 1, 1882, p 375Gallica),

- Constantinople (Exposition des Beaux-Arts de Lille en 1866 pp 45-46, sur Gallica), peut-être l’une des deux toiles ci-dessous, 

- Les Rives du Bosphore, sans date, huile sur toile de 14x25,5 cm, du Musée des Beaux-Arts de Cordoue (Wikimedia), 

- Paysage de Turquie, sans date, huile sur toile de 38x66,5 cm (vente Artnet),  

- Le Molo (place Saint-Marc), Venise, sans date, huile sur panneau de 15,5x23,6 cm (Catalogue 2007, Academia Fine Art, Venise, la Serenissima, p 34-35, PDF en ligne),

- Le Matin (Exposition des Beaux-Arts de Lille en 1866 [Le Bourgeois de Lille du 5 août 1866 sur Gallica et Catalogue de l'Exposition de Lille pp 45-46, sur Gallica],

- La Jeune mère (Explication des ouvrages…, Salon de 1868, p 85, sur Gallica, et Dictionnaire général des artistes de l'Ecole française, vol. 1, 1882, p 375, Gallica).

- Trois Femmes dans un intérieur, sans date, huile sur panneau, 30,48x22,86 cm, Collection privée,

-Trois femmes et un perroquet (même œuvre que la précédente ?), sans date, huile sur panneau, 31,2x23,7 cm, Collection privée,

- Diptyque, Cavalier et Amazone, sans date, huile sur toile de 41x33 cm, Collection privée (cité dans la Succession Chabat,1892, Notice de la vente, p 3 et vente Artnet),

- Dessins (?), Paris, BnF (Richelieu - cote SNR-3),

- Minaret au Caire (?), sans date, huile sur toile signée en bas à gauche, 46x34 cm, toile d'origine de la Maison Blanchet (Paris, dès 1851), étiquette de Salon sur le cadre, n° 430 (vente du 15 juin 2018 à Drouot, n° 204 ; voir Interenchères).

- Les roches de Fontainebleau, sans date, huile sur panneau, signée en bas à gauche, 26x37 cm, accidents au cadre (vente du 15 juin 2018 à Drouot, n° 204 ; voir Interenchères). Cette toile évoque le style et les thèmes de l'Ecole de Barbizon.

- Œuvre attribuée à Eugène Degand, Figure de harem au turban, sans date, huile sur toile, 24x19 cm, toile de la Maison Blanchet (Paris, dès 1851), petits accidents (vente du 15 juin 2018 à Drouot, n° 204 ; voir Interenchères 2018 puis la vente Ebay du 29 mai 2019).


- DEGAND Eugène (1829-1911), Les Rives du Bosphore, sans date,
huile sur toile, 14x25,5 cm, Cordoue (Espagne), Musée des Beaux-Arts.

Voir des peintures d'Eugène Degand sur : Artnet



Eugène Degand a-t-il voyagé dans les années 1860 en Turquie, en Italie et à nouveau en Algérie ? Une photographie de Constantine (Algérie) lui est attribuée (BnF).

Eugène Degand est un peintre né à Lille et vivant à Paris comme précisé dans les catalogues des expositions : au 44, rue Montmartre en 1857 puis au 12, rue de Seine (6ème) dès 1859. Des ouvrages des années 1870 et 1880 affichent encore cette dernière adresse (Annuaire de la Gazette des Beaux-Arts de 1870 et 1872 p 21 ; Dictionnaire général des Artistes de l’Ecole française, 1882, TI, p 375. Son adresse niçoise n’est jamais évoquée.


- DEGAND Eugène (1829-1911), Autoportrait, vers 1870 (à 40 ans),
Collection privée.




NICE

Dès les années 1860, Eugène Degand fait des saisons d’hiver à Nice où il ouvre un atelier de peinture puis, quelques années plus tard, de photographie.

Les annuaires (Archives Départementales des Alpes-Maritimes numérisées et en ligne) témoignent de la présence d'Eugène Degand à Nice dès 1864 (installation de 1863) et cela comme "peintre de genre" au n°18, place Saint-Etienne, dans un quartier en pleine urbanisation et restructuration, ce qui va entraîner à plusieurs reprises, sans qu'il déménage, le changement de nom ou de numéro de son adresse.

Il est témoin de mariages à Nice, en tant que "peintre", en décembre 1865 et mars 1866.

Lors du recensement de population de la Ville de Nice effectué en 1866, Eugène Degand est dit "peintre, âgé de 35 ans" [36 ans] et vit au 21, boulevard Longchamp, adresse qu'il partage avec sa sœur Julie Constance Degand, "âgée de 37 ans [38 ans], "négociante [en lingerie]". La présence de cette dernière, "marchande lingère" est également attestée à Nice dès 1864 (Le Petit Journal du 12 juin 1864 p 3).

Le 29 octobre 1866, Eugène Degand, "peintre, âgé de 37 ans", domicilié à Lille au 16, rue de Béthune (adresse de ses parents), fils de Magloire Joseph Degand, peintre en bâtiments, âgé de 64 ans et d’Isabelle Dupire, marchande de nouveautés, âgée de 65 ans, se marie à Lille, avec Maria Louise Lescroart (née le 8 avril 1847), modiste, âgée de 19 ans et habitant 80, rue des Postes à Lille (Archives départementales du Nord numérisées et en ligne). 

Ensemble, ils vont avoir une fille, Eugénie Louise, qui naît à Lille le 2 novembre 1868 au 80, rue des Postes. A cette date, Eugène Degand, "peintre", est dit "momentanément absent" (en saison à Nice ?). 

C'est à Lille qu'Eugène Degand a rencontré sa future femme et s'est marié. La naissance de sa fille à Lille y implique un nouveau séjour. Il est donc probable qu'Eugène Degand alterne, à cette époque, les saisons d'hiver à Nice et des séjours à Lille et Paris.


- DEGAND Eugène (1829-1911), Nice, Le quai Masséna, détail, vers 1869-1870.
La vue montre Eugène Degand et son épouse Maria.
Tirage albuminé de 15x9,6 cm contrecollé sur carton de 13x7 cm, Collection personnelle.



La famille quitte Lille pour s'installer définitivement à Nice vers 1869. 

Si Eugène Degand continue à photographier les sites de la Riviera (de Hyères à Gênes), il entame, dès les années 1869-1871, des saisons d’été en Bourbonnais (Vichy et ses environs) et en Savoie (Aix-les-Bains, Annecy et leurs environs).

L'Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de 1869 (de Léon Affairous) cite, pour la première fois, dans la liste des "photographes" niçois, "Degand E., rue Longchamp, 4". Les autres annuaires niçois, de 1869 à 1872, citent pour leur part, "Degand, peintre, place St-Etienne, 18".

Dans un passeport délivré à Nice le 1er juin 1871 et lui permettant de se rendre à Lille, "accompagné de sa femme, âgée de 25 ans [24 ans et enceinte] et d’un enfant âgé de deux ans », Eugène Degand est dit "photographe, demeurant à Nice, rue Paradis, 6".

C'est cependant à Nice au 3, avenue de la Gare (!?) que naît leur second enfant, Emile Arsène Degand, le 4 novembre 1871, Eugène Degand étant qualifié de "peintre" dans l’acte de naissance.


- DEGAND Eugène (1829-1911), Le square Masséna, détail, vers 1873,
Eugène à droite (44 ans), sa femme Maria (26 ans) et sa fille Eugénie Louise à gauche (4 ans et demi environ),
son fils Arsène Emile (1 an et demi environ) dans les bras de la domestique, en arrière, sur le banc,
détail d'une photographie extraite de l'album, Nice et ses environs, vers 1875, fol. 8, 
Paris, BnF (voir sur Gallica).



Il faut attendre 1873 pour que le nom d’Eugène Degand apparaisse dans les annuaires niçois avec les qualifications de "peintre" et de "photographe", suivies de deux adresses proches de la place Saint-Etienne (liste professionnelle et liste des habitants) : son atelier et sa résidence, situés derrière la pension Millet, rue Saint-Etienne, au nord de la place éponyme (nouvelle dénomination de la rue Longchamp), et son magasin, 6 rue Paradis, près le Jardin-Public, au sud de la place Saint-Etienne. 

L'ouverture du magasin d'Eugène Degand au 6, rue Paradis est cependant antérieure à 1872 (annuaire de 1873) car l'un des témoins de l'acte de naissance de son fils Emile Arsène en novembre 1871 est Gustave Gaffié, gantier au 7, rue Paradis. 

Eugène Degand, "photographe", est de plus cité au 6, rue Paradis dans les listes électorales de la Ville de Nice dès 1871, ce qui implique une installation au plus tard en 1870. Enfin, il est cité "rue Paradis" dès la nouvelle édition du Guide de Nice et Les Promenades de Nice de 1869-70 d'Emile Négrin (page 53). Il est possible qu'il succède à cette adresse au magasin d'Honoré Ardisson dont la devanture a été installée en août 1868 dans la Maison Sauvan ; cette dernière occupe toute la partie nord-est de la rue Paradis et l'angle de la rue Masséna (Archives Municipales, 2T28-302).

Le Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier de 1874 met en évidence ses deux fonctions de peintre et de photographe et ses deux adresses :

- "Pastorelli (rue) - Rue Saint-Etienne (derrière la Pension Milliet), Degand, peintre-photog., 1er étage" et "Paradis (rue) - 8, Degand, peintre photographe" (rubrique par rue), 

-"Degand (E.), portraits en tous genres, rue Pastorelli (derrière la pension Milliet) - Vues de Nice et ses environs, magasin, rue Paradis, 6, près le Jardin-Public" (rubrique des "Photographes") 

- et "Degand (E.), rue Paradis, 6 (Spécialité de vues de Nice et de ses environs pour albums et stéréoscopes, grands panoramas, grand assortiment de vues non collées. Nota - On opère à domicile, villas, hôtels, portraits après décès" (rubrique des "Vues photographiques"). 

Un encart est de plus présent dans l’appendice publicitaire (ci-dessous).


- Publicité pour le peintre et photographe Eugène Degand, parue dans l’appendice du
 Guide des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco de D. Boistier de 1874.




La mention de "peintre" qualifiant Eugène Degand reste pour sa part présente dans les annuaires jusqu'en 1877 et au revers de ses cartons-photos jusqu'en 1883. Il est cependant à nouveau qualifié de "peintre" en 1891 (Tableau municipal de recensement de la classe 1891 de son fils Emile Arsène). Certains de ses tableaux réalisés à Nice sont datés de "1902" dont des reprises de tableaux vendus par le passé.

Peu de ses œuvres peintes sont des vues de Nice (La Baie des Anges, Le Port) mais il existe des vues de la côte méditerranéenne dépourvues de titre (marines, pinèdes), de plus nombreuses vues de Saint-Martin-Vésubie et de ses environs (Venanson, vallon de Boréon, à 75 km au nord de Nice) où il semble avoir passé certains étés, et quelques portraits de famille (peints ou dessinés d’après photographie).


- DEGAND Eugène (1829-1911), Autoportrait en habits orientaux, seconde moitié des années 1870,
Collection privée.




Vers 1873-1874, l'adresse de son atelier/résidence change de dénomination (le changement est attesté dès 1873 mais n'est visible sur les plans de Nice qu'en 1882), une portion de la rue Saint-Etienne devenant une prolongation de la rue Pastorelli ("rue Pastorelli-Saint-Etienne" ou "rue Pastorelli prolongée"). 

L'atelier affiche, à nouveau, "rue Pastorelli, derrière la pension Milliet" pour "M. Degand, professeur de peinture" dans le guide d'Alexandre Lacoste, Nice pratique et pittoresque (1876), et le numéro "10, rue Pastorelli" dans le recensement de la Ville de Nice de cette même année. Il affiche ensuite fin 1876 (Maison Cosse), le numéro "20, rue Pastorelli" (arrêté du 29 novembre 1876, Archives Municipales, 2T51-301 ; liste professionnelle et liste des habitants de l'annuaire de 1877), le numéro "14, rue Pastorelli" en 1881 (recensement de 1881) puis le numéro 24, rue Pastorelli au plus tard en 1883 (annuaire de 1884). 

Eugène Degand occupe en fait un local de la maison Causse (propriétaire Joseph Causse), sise ruelle des Prés, qui prend successivement le nom des artères principales. Dans le recensement de la Ville de 1881, il y apparaît avec sa femme "Marie, photographe" (alors qu'elle est dite "sans profession" à la naissance de leur fils Emile en 1871), ses deux enfants, Eugénie et Emile, et une domestique.

Son magasin affiche pour sa part le n° 8 rue (de) Paradis vers 1881-1882. Ce changement est attesté dès 1883 dans les listes électorales et dans les annuaires mais il est déjà présent dans le Plan-Album de Nice de 1881-82 et de 1882-83, même si le Guide Nice en poche du Dr F. Rouget, paru en 1883, affiche encore le n° 6.


- DEGAND Eugène (1829-1911), Encart publicitaire publié dans l'Annuaire niçois de 1879, page 232.




Eugène Degand fait régulièrement des dons au profit des œuvres de bienfaisance. En juin 1882, il donne notamment les lots suivants pour la Tombola de la Société du Sou des Ecoles Laïques (achat de vêtements aux écoliers pauvres du département) : "un stéréoscope avec 20 vues photographiques ; un album pour portraits-cartes ; 20 vues photographiques ; cinq grandes vues photographiques" (Le Phare du Littoral du 19 juin 1882).

Au début des années 1880, Eugène Degand est l’une des très nombreuses victimes de détournement de fonds et de faux en écriture de la part de l’agent de change Joseph Barraïa et de son comptable Moïse Colonna. La retentissante affaire est jugée par la Cour d’Assises des Alpes-Maritimes au Tribunal de Nice du 3 au 7 d’août 1885 et "Eugène Degand, âgé de 56 ans, photographe", témoigne à la barre le 5 août (Le Petit Niçois du 4 au 8 août 1885).

Une petite annonce publiée dans L'Eclaireur du Littoral du 15 juin 1886, révèle que le photographe se consacre également au commerce d'antiquités : "Achat de meubles Anciens - Tableaux et Antiquités - Degand - Nice. - 8, rue Paradis, 8. - Nice".


- DEGAND Eugène (1829-1911),  Le magasin de photographie Degand, rue Paradis, fin des années 1880,
avec Maria Louise Lescroart, épouse Degand, et Eugénie Louise Degand sa fille (devant la porte ouverte),
 accompagnées de deux employés,
Collection privée.




La mère d’Eugène Degand, sans profession, décède à Lille, à son domicile du 12, rue Jeanne-d’Arc, le 31 octobre 1888, âgée de 87 ans et onze mois.

A la fin des années 1880, plusieurs numéros sont désormais mentionnés pour les magasins d'Eugène Degand, les 5, 6 et 8 rue Paradis devenant 6 et 7 dans les années 1890. L'adresse de son atelier devient pour sa part le 14, rue Pastorelli (prolongée) dès 1887 (annuaire de 1888) puis le 14, rue Cotta dès 1889 (annuaire et liste électorale de 1890, actuelle rue Maréchal-Joffre). 

A ses 20 ans (classe 1891), le fils d’Eugène Degand, Emile Arsène est dit "photographe, fils d'artiste peintre". Du fait d'une hernie, il est affecté au service militaire auxiliaire (de 1892 à 1895 ?).

En 1896, Eugène Degand emménage avec sa famille dans un nouveau domicile situé au 20, rue Saint-François-de-Paule et abandonne son atelier du 14, rue Cotta. 


Plan de la Ville de Nice dressé par Mr François Aune, architecte, détail, 1882,
BnF, Paris, collections numérisées et en ligne sur Gallica,
avec au centre (du sud au nord) le Jardin public, la rue de Paradis avec le magasin d'Eugène Degand,
la place Saint-Etienne et la rue Lonchamp découpant un premier triangle avec
la Pension Millet, et à l'arrière, l'atelier d'Eugène Degand, sur un tronçon de rue nommé alors
rue Pastorelli (et qui sera fusionné en 1890 avec la rue Cotta plus à l'ouest) ; 
voir le plan en détail sur Gallica.bnf : Plan de 1882,
et le comparer au plan de 1865 sur Gallica.bnf : Plan de 1865,
puis au plan des années 1890 sur Gallica.bnf : Plan des années 1890.


- DEGAND Eugène (1829-1911), Portrait de la Famille Degand, années 1890,
avec de gauche à droite, Emile Arsène Degand, Eugène Degand, 
Eugénie Louise Degand et Maria Louise Lescroart, épouse Degand,
Collection privée.




Les deux enfants d'Eugène, sa fille "L. Degand" (Eugénie Louise) et son fils "A. Degand" (Emile Arsène), s'occupent respectivement (employés) dès 1896 et 1897 du magasin d'appareils photographiques au n° 7 et du magasin de photographie au n° 6.  

La fiche militaire d’Emile Arsène signale ce dernier à Londres le 1er mars 1899, "chez Chastelin Bontoy, Road Balham". Voici d'ailleurs le passage d’une lettre datée du 10 mars 1899 de Maria Degand, sa mère, à Charles Lescroart [1859-1927 ; frère de Maria et oncle d’Emile Arsène], évoquant la situation, "Je viens à l’instant de recevoir une lettre d’Emile, il est à Londres en ce moment pour apprendre l’anglais. Il nous a quittés il y a deux mois environ [janvier 1899] en pleine saison, sans s’inquiéter si son père pourrait le remplacer, nous avons voulu le raisonner mais il n’y a pas eu moyen de lui faire entendre raison, il est à la recherche d’une position quand il avait à la maison tout ce qu’il fallait pour gagner de l’argent. Je vous assure qu’Eugénie est bien fatiguée, le magasin lui donne beaucoup de peine, c’est trop pour une femme, nous avons essayé plusieurs employés, nous avons été obligés de les renvoyer". Emile Arsène rentre de Londres après quelques mois. Sa fiche militaire le signale à Nice le 20 septembre 1900, rue Saint-François-de-Paule.

Maria, sa mère (et épouse d’Eugène Degand) décède malheureusement le 25 septembre 1900, à l'âge de 53 ans.

Eugénie Louise, âgée de 33 ans (Lille 2 septembre 1868) et domiciliée au n° 7, rue Paradis, se marie à Nice, le 3 décembre 1901, avec Eloi Banliat, 43 ans, chemisier au 23, avenue de la Gare (né le 1er décembre 1858 à La Rochefoucauld, Charente), veuf de Marie Marguerite Brezol (Paris 16 septembre 1860-Nice c.16 août 1900, qu’il avait épousée à Nice le 19 avril 1884).  

L'un des témoins du mariage est son oncle maternel, Louis Adolphe Lescroart (Lille 5 juin 1854-La Madeleine 19 septembre 1925), photographe à Lille (depuis la fin des années 1870, au 47, rue Constantine en 1877 puis au 88, rue Nationale vers 1878 et dès 1889 au 46, rue de l'Hôpital militaire). Les époux Banliat auront deux enfants, Francis Louis Eugène Banliat, né à Nice le 17 août 1903 et Claude Banliat, né en1907 (où ?) et décédé à Nice le 3 juin 1945.

Fin décembre 1903-début janvier 1904, Eugène Degand reçoit à Nice son beau-frère Charles Lescroart (1859-1927) et sa seconde épouse, lors de leur voyage de noces.

Emile Arsène Degand signe des portraits photographiques réalisés dans l’atelier paternel niçois en 1901. Sa fiche matricule militaire le signale ensuite rue d’Orléans à Oran (Algérie) en mars 1902 puis au 13, rue d’Antibes à Cannes en juillet 1904. Il occupe en effet un magasin de vente d’appareils photographiques, ouvert par son père à cette dernière adresse. Âgé de 33 ans, il se marie le 30 mai 1905 à Nice, avec Julie Erminie Garavaglia, âgée de 24 ans, sans profession (née le 12 octobre 1880 à Turbigo, province de Milan, Italie). Le couple ne semble pas avoir eu d’enfant. 

Au plus tard en 1905 (annuaire de 1906), Eugène Degand quitte son domicile du 20, rue Saint-François-de-Paule pour le laisser à la famille de sa fille et il prend un appartement dans la Villa Beau-Site au 4, Montée Carabacel. Son nom, présent dans la "Liste générale des principaux photographes" publiée par la Société de Photographie de Toulouse de 1897 à 1905, disparaît de la liste professionnelle des annuaires niçois en 1906 et de la liste des particuliers en 1909. 

Eugène Degand a en effet laissé ses magasins de la rue Paradis à sa fille et son gendre dès 1902 (annuaire de 1903). Banliat-Degand, marchand d'appareils photographiques, demande d’ailleurs, en 1904, l’autorisation de peindre la devanture et l'inscription de son magasin au 7, rue Paradis. L’affaire sera conservée par la famille jusqu'en 1912 puis cédée au photographe Charles Coli. Edouard Banliat décédera à Nice (au 19, avenue des Fleurs) le 19 juin 1920, âgé de 61 ans, et son épouse Eugénie Degand, le 1er avril 1943, âgée de 74 ans.

Eugène Degand a d’autre part laissé son atelier cannois, créé fin 1903 ou début 1904 (vitrine portant, "E. Degand"), à son fils Emile Arsène (A. Degand), en 1904 ou 1905. L’atelier apparaît dans les listes professionnelles des annuaires cannois, à la rubrique "Appareils photographiques" et parfois dans la liste des habitants, au nom de "Degant" (sic) au 13, rue d'Antibes, de 1906 à 1913, puis au nom de "Degand" au 65, rue d'Antibes (avec le domicile au n° 67), de 1914 à 1920/21. Son nom disparaît ensuite des annuaires. Emile Arsène est réformé lors de la Première Guerre Mondiale, en décembre 1914 et signalé, de 1915 à 1918, à Rio de Janeiro (Brésil), comme représentant de commerce. Il ouvre ensuite une maison de commerce qu’il conserve jusqu’en 1930 environ. Il semble s’être séparé de son épouse et avoir ensuite refait sa vie. Il est décédé après 1935.

"Degand [Eugène], Nice" est signalé en cure à l’Hôtel du Midi d’Aulus-les-Bains (Pyrénées ariégeoises) en août 1905 (Le Journal d’Aulus du 10 août 1905 p 3).

Eugène Degand décède à Nice le 8 octobre 1911, à l’âge de 82 ans, dans une Maison de convalescence située au 57 avenue Borriglione (acte de décès n° 2805, Archives départementales des Alpes-Maritimes en ligne). Il repose auprès de son épouse dans le caveau familial situé sur le Plateau Gambetta du Cimetière du Château (avec leur fille Eugénie, son conjoint et leurs enfants également).


- Nice, Cimetière du Château, Tombe Degand Lescroart,
plateau Gambetta, photographie numérique couleur, 2019.




LE VERSO DES PHOTOGRAPHIES

Eugène Degand a peut-être entamé sa carrière de photographe à Paris au tournant des années 1860, même si aucune photographie de cette époque n'est connue. Il est venu à Nice dès 1863 et il y est resté actif jusqu'en 1904, même si aucune photographie connue ne semble antérieure à 1865 et postérieure à l'année 1895.

Certains éléments restent cependant très étonnants : alors qu'il est resté attaché à sa ville natale, aucune photographie de Lille signée de lui n'est connue, et alors qu'il a passé près de trente ans à photographier les bords de la Riviera, peu de ses peintures des mêmes lieux sont connues.

Son activité de photographe sur la Côte d'Azur est notamment attestée par le Getty Research Institute qui possède une photographie d'Eugène Degand dans une collection constituée par Douglas Merritt dans ses voyages des années 1866 et 1867 (voir sur ArchivesGrid : Eugène Degand, dans les collections du Getty Research Institute et Harvard University) et également par les collections de Monaco (photographie datée de 1866). 

Des vues stéréoscopiques niçoises (anonymes) peuvent être datées également des années 1865-1867, du fait de repères architecturaux. Enfin, des tirages postérieurs sur Cartes de visite, voire Cabinets, réutilisent clairement des prises de vue datant de ces mêmes années.

Les photographies conservées sont pour la plupart des tirages albuminés, souvent collés sur carton plus ou moins épais (ou multiples couches de papier), stéréoscopies, cartes de visite ou cabinets, voire de plus rares panoramiques et de grands ou très grands formats constituant des albums. 

Les sujets sont essentiellement des paysages urbains et naturels de :

-la Côte d'Azur, de Hyères (Var) à Monaco et Menton (Alpes-Maritimes) mais également de la Riviera italienne (Ligurie), de Vintimille à Gênes, 

-de la Savoie et Haute-Savoie (de Chambéry à Aix-les-Bains et Annecy) 

-et de l’Auvergne, de Vichy-Cusset (Allier) et ses environs, jusqu’à Randan (Puy-de-Dôme).

Il existe quelques vues d’autres villes mais également des vues inétrieures et extérieures de quelques propriétés (Nice, Château de Valrose ; Cannes, Château Vallombrosa), quelques portraits (en dehors de ceux de sa propre famille), quelques scènes de genre ("costumi") et, enfin, de plus rares natures mortes. 

Alors que ses vues stéréoscopiques vont rester anonymes, ses autres formats vont, dès la fin des années 1860, souvent être accompagnés de son nom: "Degand", "E. Degand" (avec au dos des portraits, un "E", d'une police qui imite l'initiale de sa signature de peintre), et plus exceptionnellement, "Eug. Degand" (comme sur certains de ses tableaux).

Quelques types de textes imprimés occupent le verso de ses photos (Cdv et Cabinets) :

1- "Collection de vues pour album et Stéréoscope par Degand (ou Degand à Nice)".

Ces intitulés sont les plus anciens. Il semble que "Par Degand" concerne les années 1869-1871 et "Degand à Nice", les années 1872-1874.





2- Monogramme formé des lettres entrecroisées E et D suivi de "E. Degand - Peinture et photographie - Rue Saint-Etienne - Derrière la Pension Millet [pension citée dans les guides de voyage dès 1866] - et Rue Paradis, 6 - Nice - Portraits - Vues de Nice de toutes grandeurs", ou bien de, "E. Degand - Peinture et photographie - Magasin rue Paradis, 6 - Atelier rue Saint-Etienne - Derrière la Pension Millet - Nice - Portraits - Vues de Nice de toutes grandeurs".

Pour les portraits : "Photographie artistique - E. Degand - Rue Saint-Etienne - Derrière la Pension Millet - Nice".

Ces intitulés peuvent correspondre aux années 1875-1878. 





3-Monogramme formé des lettres entrecroisées E et D suivi de "E. Degand - Peinture et photographie - rue Pastorelli - Derrière la Pension Millet - et Rue Paradis 6 - Nice - Portraits - Vues de Nice de toutes grandeurs".

Alors que l'adresse de la rue Pastorelli est attestée dès 1873, ces intitulés semblent correspondre aux années 1879-1880, les cartons précédents restant utilisés jusqu'en 1878. Il semble même que les cartons réservés aux portraits réalisés en studio (attestés dès 1874) aient été utilisés jusqu'en 1883 (encadrés d'un liseré rouge et épais au recto).





4-Monogramme formé des lettres entrecroisées E et D suivi de "E. Degand - Peinture et photographie - Magasin rue Paradis, 8 [et non plus 6] - Atelier rue Saint-Etienne - Derrière la Pension Millet - Nice - Portraits - Vues de Nice de toutes grandeurs".

Monogramme formé des lettres entrecroisées E et D suivi de "E. Degand - Peinture et photographie - Magasin Rue Paradis 8 - Atelier rue Pastorelli - Derrière la Pension Millet - Nice - Portraits - Vues de Nice de toutes grandeurs".

Monogramme formé des lettres entrecroisées E et D suivi de "E. Degand - Peinture et photographie - Magasin Rue Paradis 8 - Atelier rue Pastorelli, 24 - Derrière la Pension Millet - Nice - Portraits - Vues de Nice de toutes grandeurs".

Ces intitulés peuvent correspondre aux années 1881-1883 :
- avec l'attribution du n° 8 à son magasin de la rue Paradis, dès 1881-1882 (n° 8 attesté dans une petite annonce parue dans Le Phare du Littoral du 2 mai 1882 puis présent dans l'annuaire et la liste électorale de 1883) 
- puis l'attribution du n° 24 à son atelier de la rue Pastorelli, dès 1883 (annuaire de 1884).





5-Armoiries du Royaume-Uni (blason couronné de 1837, accosté d'un lion et d'une licorne surmontant la devise "Dieu et mon droit") suivi de, "Degand Photographe - Bté (Breveté) de S.M. la Reine d'Angleterre - Rue Pastorelli 24 (Près la Pension Milliet) [avec un "i" désormais - ce "i" est présent sur les cartons photos de Félix Trajan dès 1870, dans les annuaires niçois dès 1873 et dans la publicité d’Eugène Degand de 1874 mais il ne semble apparaître sur ses cartons qu’à partir de 1884 seulement] - Nice - Magasins, Rue Paradis 8 - Vues de Nice, Cannes Monaco - Menton &a [et autres]".

Armoiries du Royaume-Uni (blason couronné de 1837, avec un petit lion supplémentaire au-dessus de la couronne et accosté d'un lion et d'une licorne surmontant la devise "Dieu et mon droit") suivi de, "Degand Photographe - Bté (Breveté) de S.M. la Reine d'Angleterre - Atelier : Rue Pastorelli, 24 - (Près l'Hôtel Milliet) [et non plus, "Pension", le mot "hôtel" apparaît dans les annuaires niçois dès 1885]  - Nice - Magasins, Rue Paradis 8 - Vues de Nice, Cannes Monaco -Menton &a [et autres]".

Armoiries du Royaume-Uni (blason couronné de 1837, accosté d'un lion et d'une licorne surmontant la devise "Dieu et mon droit") suivi de, "Degand Photographe - Bté (Breveté) de S.M. la Reine d'Angleterre - Atelier : Rue Pastorelli, 14 - Près l'Hôtel Milliet [sans parenthèses]- Nice - Magasins, Rue Paradis 6 [et non plus 8] - Vues de Nice, Cannes Monaco -Menton &a [et autres]".

En-dessous de ces mentions (parfois après un espace) apparaît également le nom de l'imprimeur-éditeur (ou cartier) : "D. Hutinet, Paris" (actif dans le dernier tiers du XIX° siècle ; il est l'un des exposants de l'Exposition Universelle de Philadelphia en 1876 puis de Paris en 1878 : "Hutinet (D.), à Paris, rue Grenéta, 43. – Cartes, cartons pour photographies" ; il reste à cette adresse jusqu'en 1880 puis réside au n°18 avenue Parmentier à Paris).

Ces intitulés peuvent correspondre aux années 1883-1887 et 1887-1890, avec l'attribution du n° 24 à son atelier de la rue Pastorelli (annuaire de 1884) qui devient le n° 14 dès 1887 (annuaire de 1888), alors que son magasin reprend le n° 6 vers 1889 (liste électorale de 1890). 
Certains cartons usités en Savoie portent, sur fond jaune ou beige, à l'encre noire, la mention, "Eug. Degand", qui rappelle la signature de ses tableaux, suivie de "Photographe Breveté - 6, rue Paradis, 6 - Nice". Ces cartons ont pu être utilisés dès la période 1889-1890.

La référence à la reine d'Angleterre dont il s'enorgueillit découle de photographies réalisées lors de la venue de la Reine Victoria sur la Côte d'Azur au printemps 1882 (Menton, du 16 mars au 12 avril 1882). Il a obtenu le brevet royal le 16 juin 1882. S'il utilise cette référence dans des publicités dès la fin de l'année 1882, il ne semble pas l'utiliser sur ses cartons photographiques avant fin 1883 ou début 1884.

On pourrait supposer que ce brevet lui a été décerné pour avoir réalisé des portraits de la reine Victoria ou de sa fille, la princesse Béatrix, en mars ou avril 1882, mais aucun document de l'époque ne vient confirmer cette hypothèse. Il est davantage probable que, suite à 'intérêt émis par la reine pour "toutes les photographies de la côte, entre Monaco et Vintimille" (Le Phare du Littoral du 22 avril 1882), Eugène Degand lui ait adressé un album ou un ensemble de vues et qu'il en ait été ainsi remercié.







6-Armoiries du Royaume-Uni (blason couronné de 1837, accosté d'un lion et d'une licorne surmontant la devise "Dieu et mon droit") suivi de, "Degand Photographe - Bté (Breveté) de SM la Reine d'Angleterre - Atelier: Rue Cotta, 14 - Près l'Hôtel Milliet - Nice - Magasins, Rue Paradis 6 - Vues de Nice, Cannes Monaco - Menton &a [et autres]".
En-dessous de ces mentions apparaît le nom de l'imprimeur-éditeur (ou cartier) : "L & D, Paris" (cité de 1889 à 1894). 

La mention de la nouvelle adresse de son atelier, 14, rue Cotta, qui correspond aux années 1889-1896 (annuaires de 1890 à 1896), apparaît très rarement au dos des cartons-photos car  elle est contemporaine des dernières années de prises de vue d’Eugène Degand.





Si les indications permettent de dater les tirages, il faut cependant adopter une certaine prudence en ce qui concerne les clichés, Eugène Degand ayant notamment effectué de nouveaux tirages de ses clichés anciens, tout au long de sa carrière.















dimanche 30 octobre 2016

606-EFFETS SPÉCIAUX CINÉMA - LES MÉTAMORPHOSES DE LA BLACKBIRD CAR







VOIR LA VIDÉO (2 MN 02, 2016) DE NATIONAL FUTUR,
THE MILL BLACKBIRD
LA VOITURE AJUSTABLE ET MÉTAMORPHOSABLE 
POUR LES TOURNAGES DE PUBLICITÉS ET DE FILMS.












samedi 29 octobre 2016

605-LES COLLAGES DE SÉVERINE METRAZ - "ICÔNES", BAB's GALERIE, PARIS




- METRAZ Séverine (née en 1972), Miniature 10, 2015,
18x13 cm, techniques mixtes sur ancienne image pieuse.





- Affiche de l'exposition de Séverine METRAZ, Icônes, BAB's Galerie, Paris, du 2 au 19 novembre 2016.



- METRAZ Séverine (née en 1972), Icône 68, 2015,
21x28 cm, techniques mixtes sur ancienne image pieuse.
















vendredi 28 octobre 2016

604-GOOGLE : "DEEP DREAM PROJECT" - DES EFFETS PHOTOS PSYCHÉDÉLIQUES





Vous pouvez créer un compte gratuit à l'adresse ci-dessous (nom, mail, mot de passe) puis télécharger la photo de votre choix, avant de lui appliquer les effets cumulables "DEEP DREAM" en 15 ou 20 secondes ou les effets "DEEP STYLE" en 15 ou 20 minutes !
Vous pouvez également appliquer une deuxième photo pour obtenir des effets de fusion.





AVANT


APRÈS
L'UN DES EFFETS "DEEP DREAM" (15 à 20 secondes)
(Avec un effet de zoom complémentaire)


APRÈS
L'UN DES EFFETs "DEEP STYLE" (15 à 20 minutes)
(Avec un effet de zoom complémentaire)


AVANT


APRÈS 
L'UN DES EFFETs "DEEP DREAM" (15 à 20 secondes)


APRÈS
L'UN DES EFFETS "DEEP STYLE" (15 à 20 minutes)


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mardi 25 octobre 2016

603-LA PYRAMIDE DE GAMBETTA (1883-1909) AU CIMETIÈRE DU CHÂTEAU, NICE




- WILSON George Washington (1823-1893), Gambetta, Tomb, Cemetery, Nice,
Registered G. W. W., Trade Mark,
Glass Magic Lantern Slide 24 D-25 from "The French Riviera and Monte Carlo",
Collection personnelle.


DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 07/09/2024



LA PYRAMIDE DE GAMBETTA : UN MONUMENT ÉPHÉMÈRE CONSERVÉ PENDANT 25 ANS



Le précédent article ne pouvant plus intégrer tous les documents collectés du fait de l'histoire parallèle, au cimetière du Château, de deux tombeaux successifs et d'une pyramide commémorative dédiés à Léon Gambetta, un nouvel article a semblé nécessaire. C'est ainsi l'occasion de faire le point, les nouveaux documents textuels et iconiques ayant sans cesse précisé, complexifié et remis en question l'histoire de cette pyramide.


VOIR L'ARTICLE PRÉCÉDENT 



LE PREMIER EMPLACEMENT DE LA PYRAMIDE : AU DOS DU TOMBEAU DE GAMBETTA
(1883-c.1891)



- Emplacements du Tombeau (vert) et de la Pyramide de Gambetta (rouge), repérés sur une partie du plan 
du Cimetière du Château, daté du 16 décembre 1964, Archives Municipales de la Ville de Nice.
Ces emplacements seront occupés de 1883 à 1909 pour le tombeau, 
et de 1883 à 1891 pour la pyramide.
La tombe de Léon Gambetta est la tombe familiale acquise par lui en avril 1878 dans l'Allée du Brûloir.




A la suite des obsèques de Léon Gambetta à Nice, le samedi 13 janvier 1881, une Pyramide en bois noirci, regroupant une partie des innombrables couronnes de fleurs qui ont accompagné le convoi funéraire, est érigée au-dessus de l'allée où est située sa tombe, sur le plateau supérieur du Cimetière du Château, 

Ce monument provisoire occupe l'emplacement retenu pour établir un monument de pierre dont le projet reste à définir.

La Pyramide est érigée entre le 16 janvier 1883, où les couronnes sont encore signalées dans la partie basse du cimetière autour de la grande Croix centrale, et le 20 janvier, où elles recouvrent et entourent désormais ce monument, dans un espace délimité par des barrières en bois (Le Petit Niçois des 16 et 21 janvier 1883 p 2 ; Le Phare du Littoral de 17 et 22 janvier 1883 p 1). 

L'artiste niçois, Alexandre Fiori, termine en mars 1883 une sculpture d'1m 50, composée d'une colonne toscane tronquée, portant un médaillon du grand patriote, qui repose sur un piédestal élégant orné d'inscriptions. La colonne peut s'enlever, dévoilant sur le piédestal la reproduction de la Pyramide du Château chargée de couronnes (Le Petit Niçois du 18 mars 1883).

Une lettre de l'amie de Gambetta, Léonie Léon (1838-1906), datée du 30 mars 1883, rappelle, après sa visite au cimetière, le projet du gigantesque monument qui dominera la ville et la mer, à l'emplacement indiqué "par une pyramide chargée de toutes les couronnes" (Emile Pillias, Léonie Léon, amie de Gambetta, Paris, 1935 p 192). 

Une photographie du Port de Nice vu du Mont-Boron (1883, Collection privée) révèle la silhouette de la pyramide trônant au sommet de la Colline du Château, alors que les Docks du port sont en construction.

Un guide de Nice en anglais, préfacé en novembre 1883, signale que la pyramide de bois fait environ 6 m de hauteur. Contrairement aux guides ultérieurs, le monument est décrit en détail mais jugé peu digne du grand homme avec ses couronnes déjà usées par le soleil et la pluie, nourrissant de leur décomposition les herbes folles d’une parcelle entourée d’une grossière palissade en bois (English Guide to Nice and its environs, London, 1883 p 50).

Dans les journaux locaux, il faut attendre le deuxième anniversaire de la mort de Gambetta en 1885, pour trouver à nouveau mention de cet "immense trophée funèbre (qui) domine la ville", au dos du tombeau de Gambetta, décalé légèrement vers le sud, deux allées plus haut, au centre du rebord occidental du Plateau supérieur du cimetière (Le Petit Niçois du 1er janvier 1885, pp 1-2). 

A la fin de l'année 1887, la dégradation des couronnes est rappelée ainsi que le souhait d'un monument pérenne : 

"Vers le centre de la terrasse supérieure, se dresse une sorte de pyramide Égyptienne aux larges proportions. De simples voliges passées au noir de fumée y remplacent le granit des pharaons. Il est vrai que ce sapin n'est qu'un bois d'attente (monument provisoire)

Des couronnes jaunes, blanches, noires, en jais ou en immortelles, nues ou sous verre, revêtent les quatre faces de la pyramide, agrémentées de regrets assortis. Il y en a de toute provenance et de toute rhétorique : villes et sociétés, comités radicaux et lycées ont pareillement donné. Deux fourgons amenèrent de Paris ces funèbres palmes. Quelques auvents de fer blanc, construits à l'économie (absents des photographies conservées, postérieures) s'efforcent de protéger les plus précieuses ; mais le soleil et la tempête en ont déjà raison. Égrenés, fanés, montrant la corde avec la paille, ces pauvres trophées de la Mort meurent à leur tour. Les lambeaux de crêpe décoloré flottent au vent (...). 

Les anges de marbre qui pleurent sur les tombes voisines semblent prendre en pitié ce délaissement (...). La ville, les fleuves, la mer bleue et les monts violacés, est-il plus souhaitable horizon ? Elle voit tout cela, la noire pyramide, et de toutes parts elle est vue, sinistre, comme l'époque personnifiée dans celui qu'elle garde. Au-dessous d'elle, car elle ne fait que marquer la place où surgira le monument..." (Stéphen Liégeard, La Côte d'Azur, octobre 1887, pp 194-196).


- NEURDEIN FRERES, Nice, Vue générale prise du Mont Boron, ensemble et détail, entre 1884 et 1888,
tirage albuminé, 12x18, 5 cm, Collection privée.



L'une des images rapprochées les plus anciennes de cette pyramide semble cette plaque de verre colorisée pour lanterne magique qui fait partie d'une série de 25 vues, intitulée The French Riviera and Monte-Carlo ou The French Riviera and Monaco. Cette série qui est l'œuvre du photographe écossais George Washington Wilson (1823-1893) ou de ses fils n'est pas datée mais connue pour être postérieure à 1883 et antérieure à 1902. 

Si la ligne de montagnes qui apparaît sur la droite indique bien le nord-est, la pyramide est cependant encore positionnée au dos du tombeau de Gambetta et montre la montagne du fait qu'il n'y a alors aucune tombe ni monument sur le Plateau supérieur pouvant en boucher la vue (vue depuis le sud-ouest en direction du nord-est).
 
Le personnage qui pose du côté gauche, sur le rebord occidental du Plateau supérieur, est le photographe lui-même dont les traits nous sont connus par ses autoportraits peints. La photo est donc antérieure à sa mort en mars 1893. 

De plus, G.W. Wilson a rédigé un petit texte d'accompagnement à une série plus conséquente de 70 vues (The French Riviera and Monte-Carlo), publié en 1889 sous le titre, "Ten days in the French Riviera & Monaco". Il est donc fort probable que cette image colorisée soit issue d'un cliché de 1889.

La présence de la figure humaine permet de réaliser la hauteur des barrières qui entourent le monument (d'environ 1 m 70).  


- WILSON George Washington (1823-1893), Gambetta's Tomb, Cemetery, Nice, 1889,
"Registered G. W. W., Trade Mark",
Glass Magic Lantern Slide 24 D-25 from "The French Riviera and Monte Carlo".



L'image colorisée suivante montre le tombeau de Gambetta et la pyramide commémorative sous le titre, "Shrine to Léon Gambetta, photochrom print n° 1168", issue de la série, "Views of Architecture, monuments and other sites in France", datée entre 1890 et 1900. 

J'ai pu établir, en fonction des couronnes et des plaques du tombeau de Gambetta mais également des dates gravées sur les tombeaux voisins, que cette photographie ne pouvait qu'être antérieure à décembre 1890, date de l'inhumation du père de Gambetta dans la tombe et de la présence ostensible d'une couronne de la ville de Nice offerte en son hommage.


Shrine to Léon Gambetta, 1890,
photochrom print n° 1168 from Views of Architecture, monuments and other sites in France,
ensemble daté entre 1890 et 1900, Washington, Library of Congress, Prints and Photographs Division.
Cette même photographie en noir et blanc, a été éditée en carte postale par STAERCK Frères, à Paris
et sa date de circulation la plus ancienne, connue à ce jour, est 1904.



Beaucoup de visiteurs de l'époque ayant tendance à croire que le tombeau de Gambetta se trouve sous la pyramide, une haute pancarte est, vers 1890, positionnée à la tête de la tombe pour l'indiquer clairement. Elle restera en place jusqu'à la construction du nouveau tombeau.




LE DEUXIÈME EMPLACEMENT DE LA PYRAMIDE : AU CENTRE DU PLATEAU SUPÉRIEUR (c.1891-1909)



- Emplacements du Tombeau (vert) et de la Pyramide de Gambetta (rouge), repérés sur une partie du plan du Cimetière du Château, daté du 16 décembre 1964, Archives Municipales de la Ville de Nice.
Ces emplacements seront occupés de 1883 à 1909 pour le tombeau, et de 1891 à 1909 pour la pyramide.



La Pyramide, entourée de ses barrières d'origine, est ensuite déplacée au centre du Plateau Supérieur. Elle y est probablement installée vers 1891, à une date où l'ensemble du Plateau supérieur est réaménagé et les tombes anciennes supprimées. Aucune des tombes actuelles du Plateau Gambetta n'est en effet antérieure à 1895 (plan des concessions du 11 avril 1896).

Des vues stéréoscopiques rapprochées de la Pyramide à son nouvel emplacement ont été diffusées par Underwood & Underwood dès 1892.


- UNDERWOOD & UNDERWOOD (Elmer Underwood , 1859-1947 & Bert Elias Underwood, 1862-1943), 
Tomb of Gambetta, Cemetery at Nice, France, détail, 1892,
vue sud-ouest/nord-est, vues stéréoscopiques, 
Washington, Library of Congress, Prints and Photographs Division.


Deux photographies de Jean Gi(l)letta témoignent également du nouvel emplacement de la Pyramide. Elles ont été prises d'un point de vue surélevé vers 1891-1892. 


- GILLETTA Jean (1866-1933), carte cabinet, La Pyramide de Gambetta, vers 1891-1892,
vue sud-nord, Collection personnelle.
Le rectangle de barrières qui encadre la pyramide est constituée de 4 éléments sur ses petits côtés et de sept sur ses grands ; ses grands côtés sont par contre positionnés désormais au sud et au nord.
Une carte Cabinet identique porte au verso la date manuscrite du "jeudi 10 février 1898". 


- GILLETTA Jean (1866-1933), N° 429, La Pyramide de Gambetta, vers 1891-1892,
vue sud-nord, photographie non datée,
Nice, Bibliothèque du Chevalier de Cessole.
Le rectangle de barrières qui encadre la pyramide est encore constitué de 4 éléments sur ses petits côtés et de sept sur ses grands ;
ses grands côtés sont par contre positionnés désormais au sud et au nord.
La photo montre dans le lointain (sur la gauche de l'image), un grand bâtiment, le Couvent des Ursulines (1878),
 qui cédera la place en 1906 à l'Hôtel de l'Hermitage.


- GILLETTA Jean (1866-1933), N° 429, La Pyramide de Gambetta, détail, vers 1891-1892,
vue sud-nord, photographie non datée, détail des couronnes du sommet de la Pyramide,
Nice, Bibliothèque du Chevalier de Cessole.
On peut lire notamment, "Au Grand Patriote - Les Républicains - De La Commune de La Chambre - Savoie", "Les Conseilliers (sic) Municipaux - De Troyes -- A Gambetta", "Les Etudiants de Montpellier - A Gambetta", "Les Républicains de Vizille - Au Grand Patriote - Gambetta", "La Loge Maçonnique de Sedan - Gambetta", "Les Employés de la Mairie du XX Arrondissement - A Léon Gambetta", "Au Patriote Gambetta - Les Habitants de Provins", "Au Patriote - Syndicat des Débitants de Boissons - Reims", "De Givet - A Gambetta", "A Gambetta", "Souvenir".



La pyramide se voit entourée par de nouvelles barrières fin 1892 ou début 1893. 


- DELARUE Joseph Jules (1839-1925), Nice. Tombeau de Gambetta, février 1893,
photographie extraite de l'album, Nice & Ses Environs,
© S. Rigollot-Image'Est (FI-0892-0310) (voir, ici).
Noter, dans le titre, la confusion entre le Tombeau de Gambetta (situé allée du Brûloir) et la Pyramide de Gambetta, située sur le plateau Supérieur.


- NEURDEIN FRÈRES, Nice et la Baie des Anges - Vue prise du Mont Boron, vers 1894,
image tirée de l'album de 12 photographies, Panoramas de la Côte d'Azur, Paris, BnF (voir sur Gallica).


- NEURDEIN Etienne (1832-1918) et Louis-Antonin (1846-1914), Editeurs/Imprimeurs,
 459, Nice, La Pyramide Gambetta,
vue sud-ouest/nord-ouest, carte postale colorisée non circulée, postérieure à 1904 
mais la prise de vue date du milieu ou de la fin des années 1890.
La marque ND a perduré de 1885 à 1913, Collection personnelle.
L'original de cette photographie est l'un des clichés de l'album Riviera conservé 
aux Archives Départementales des Alpes-Maritimes sous la cote : 10FI 5238/12 (tirage de 19,5x26,5 cm), 
attribué à Rabbe & Tommasi mais dont l'auteur est en fait Jean Giletta. 
Comparer notamment les barrières entourant la Pyramide avec celles visibles 
sur l’une des vues précédentes intitulée, Shrine to Léon Gambetta (vers 1890).
La date la plus ancienne connue à ce jour de circulation de cette carte postale est août 1903.


- NEURDEIN Etienne (1832-1918) et Louis-Antonin (1846-1914), Editeurs/Imprimeurs, 
carte postale, 438, Le Tombeau de Gambetta, vers 1895-1900,
vue ouest-est, 
carte postale écrite, timbrée et datée au revers, du 25 octobre 1904,
la marque ND a perduré de 1885 à 1913, Collection personnelle.
Repérer notamment le recul de la Pyramide par rapport au Tombeau en comparant
 avec l’une des vues précédentes intitulée, Shrine to Léon Gambetta (vers 1890).
D'autres éléments sont à noter : la présence en tête de tombe de la pancarte indicative, la présence de la couronne offerte par la Ville lors de l'inhumation du père de Gambetta, la disparition d'une plaque de marbre au pied du tombeau de Gambetta (signalée présente en 1887 et 1889 mais signalée disparue en 1898), la présence d'une porte vitrée à la tombe voisine.


- Photographie d'amateur, Nice, La Pyramide de Gambetta, vers 1895-1900,
vue sud-est/nord-ouest,
tirage de 3,7x4,8 cm monté sur support et cadre Pocket Kodak de 7,3x8,5 cm,
Collection personnelle.
Cette photographie ne peut qu'être postérieure à juillet 1895, date de la première sortie de l'appareil Pocket Kodak (1895-1900) et antérieure à la suppression de la Pyramide au début de l'année 1909.


- POIDEVIN Fernand (1868-1919), Nice, Monument de Gambetta, détail, 1899,
vue sud-est/nord-ouest, vues stéréoscopiques sur plaque de verre positive de 11x4,5 cm,
Archives Départementales de la Somme, Fonds Poidevin, cote 29FI732, ici).



Ces vues montrent des tombes placées uniquement à la périphérie du Plateau, le centre étant dépourvu de toute occupation (espaces d'herbe et allées de gravier), en dehors de la Pyramide. Les concessions ne commenceront, en effet, à entourer la Pyramide de Gambetta qu'à partir de l'année 1900, le centre du Plateau supérieur devenant l'un des lieux les plus convoités d'inhumation, grâce à cette proximité prestigieuse.

Au début de l'année 1901, en prévision de la 27e fête fédérale de gymnastique et de la venue du Président de la République Emile Loubet à Nice, de gros aménagements du Cimetière du Château sont réalisés afin de permettre le déroulement de deux cérémonies successives d'hommage à Gambetta et d'accueillir les cortèges.

Un nouvel emplacement de la Pyramide semble nous être révélé par le tableau, peint par Octave Guillonnet (1872-1967), qui relate la cérémonie des Sociétés de gymnastique du lundi 8 avril après-midi. Le peintre, dépêché sur place pour faire des croquis et probablement des photos, a choisi un point de vue élevé (escabeau ?) afin de dominer la foule. Alors que les tombes sont représentées avec fidélité, l'emplacement de la Pyramide de ce tableau (exposé au Salon de 1905) est cependant une invention du peintre.


 - Reproduction par NEURDEIN Frères (éditeurs) du tableau d'Octave GUILLONNET (1872-1967),
 carte postale, 980 Gr., Salon de 1905, La Jeunesse de France au tombeau de Gambetta, 1901, 
tableau exposé au Salon de 1905 et représentant la cérémonie d'hommage du 8 avril à Gambetta, 
organisée par l'Union des Sociétés de Gymnastique de France à Nice (du 6 au 9 avril 1901).
Une reproduction dessinée (1906) puis gravée (1908 et 1913) de ce tableau sera exécutée par François-Xavier Lesueur.


POUR TOUR SAVOIR SUR OCTAVE GUILLONNET ET L'HISTOIRE DE CE TABLEAU VOIR
LE SITE DE MONSIEUR HERVÉ DUBOIS


 - Reproduction par NEURDEIN Frères (éditeurs) du tableau d'Octave GUILLONNET (1872-1967), La Jeunesse de France au tombeau de Gambetta, 1901,
détail montrant le 8 avril 1901 l'emplacement de la Pyramide de Gambetta, Collection personnelle.
On aperçoit, en haut du tableau, la silhouette de l'extrémité de la Pyramide de Gambetta, et plus à droite, la Chapelle T. et plusieurs autres monuments funéraires datés entre 1900 et début 1901 et qui existent toujours.
Si l'on se fie à ce tableau, qui ne fut présenté qu'au Salon de 1905, la pyramide semble avoir été positionnée à l'angle de l'actuelle allée Défly (à l'arrière de la tombe) et de l'Allée Pacôme (allée perpendiculaire), dans un espace très étroit pour la recevoir.
Je n'ai pas réussi à avoir, sur place, une vue actuelle semblable mais il est vrai que la configuration des lieux a été en partie modifiée et que je n'ai pu accéder à un point de vue aussi surélevé. Il me reste cependant un fort doute sur certains aspects de cette vision peinte, l'artiste ayant d'ailleurs supprimé la chapelle voisine de la tombe de Gambetta (notamment présente sur les photographies du lendemain) pour mettre cette dernière en valeur.
Il est possible que l'artiste ait souhaité intégrer la pyramide commémorative dans son tableau alors qu'elle n'était pas visible de l'allée du tombeau. Octave Guillonnet n'a exposé sa peinture (2,60x4 m) qu'au Salon de 1905, quatre ans plus tard. Il a pu, dans ce même temps, vouloir montrer le nouvel emplacement choisi pour la pyramide par la municipalité, vers 1902-1903. Si c'est le cas, il aurait dû positionner la pyramide à droite et non à gauche de la grande chapelle (Chapelle T., 1899-1900) mais il est vrai que cela l'aurait rendue encore moins visible.



Je ne connais qu'une seule photo (ci-dessous) du même jour de la 27e fête fédérale de gymnastique montrant la pyramide, publiée dans Le Monde illustré du samedi suivant (13 avril 1901 p 278) mais cette dernière ne laisse entrevoir aucun monument autour qui puisse permettre de déterminer son emplacement. 


- BOUËT Léon (1857-1911), photographe, Nice, Les couronnes au monument de Gambetta, le 8 avril 1901,
image publiée dans "Le Monde Illustré" n° 2298 du 13 avril 1901 p 278 (Collection personnelle),
avec probablement M. Cazot, président de l'Association gambettiste de Paris, et M. Cazalet, président de l'Union des Sociétés de Gymnastique posant devant le monument.



La photo fait se détacher le monument sur le ciel et présente les deux principaux organisateurs de la cérémonie. Deux éléments sont cependant à noter : la pyramide est entourée de barrières basses et une fontaine semble marquer le centre de la face visible.

La pyramide ne peut pas être à l'emplacement indiqué du tableau d'Octave Guillonnet car ce dernier est étroit et bordé de tombes. La photo d'avril 1901 montre au contraire un emplacement dégagé, trois ou quatre concessions seulement ayant été acquises au centre du Plateau à cette date. 

La présence de la fontaine permet, pour sa part, de connaître le positionnement de la pyramide car cette fontaine est présente sur plusieurs photos postérieures dans l'axe central du Plateau Supérieur, côté est. 

La photo ci-dessus est donc une vue ouest-est du centre du Plateau mais on peut constater que la pyramide ne présente plus la même face qu'au dos du tombeau de Gambetta (empilement des couronnes différent). La pyramide a été pivotée d'un demi-tour et c'est l'ancienne face tournée à l'est qui fait désormais face à l'ouest. Il est possible que ce pivotement ait été volontaire pour exposer aux visiteurs des couronnes en meilleur état. De plus, les barrières entourant la Pyramide ont été fortement raccourcies, probablement du fait qu'elles étaient abimées à leur base.

Quelques photographies des premières années du XX° siècle témoignent de cet état des lieux.


Nice, Cimetière du Château, le Plateau Supérieur avec la Pyramide de Gambetta
détail, vers 1898-1903,
plaque verre stéréoscopique négative, vues prises depuis l'angle nord-est
 de la partie centrale du Plateau supérieur, Collection personnelle.



Une vue contemporaine est conservée dans la dernière demeure de Gambetta, la Maison des Jardies de Sèvres (ici).

Deux dessins montrent également la Pyramide, l'un publié en novembre 1902, l'autre en janvier 1903. 

Le premier offre, pour une fois, une vue panoramique du nord vers le sud et dévoile la configuration de l'époque d'une partie du Plateau d'entrée et du Plateau supérieur, avec le détail de leurs monuments. A l'occasion de la Fête des Morts de 1902, Le Petit Niçois publie le dessin ci-dessous (sans légende) accompagné du texte suivant : "Voici d'abord la pyramide élevée à la mémoire de Léon Gambetta et la tombe où reposent les restes mortels du grand patriote. Hélas ! si la tombe est pieusement entretenue, il n'en est pas de même du monument qui est dans un état de délabrement regrettable" (Le Petit Niçois du 2 novembre 1902 page 2).



- Journal "Le Petit Niçois", Plateau d'entrée du Cimetière du Château dominé par la Pyramide de Gambetta, novembre 1902 (vue nord-sud),
illustration parue dans Le Petit Niçois du 2 novembre 1902 page 2.



Le second dessin transforme partiellement le paysage et allonge notablement la silhouette de la pyramide. Exécuté le 1er janvier 1903, il montre cependant les nouvelles couronnes de fleurs accrochées aux barrières qui ont été probablement déposées à l'occasion du vingtième anniversaire de la mort de Gambetta. 

Voici le texte qui accompagne ce dessin : "Aujourd'hui 1er janvier (1903), c'est l'anniversaire de la mort du grand orateur, survenue en 1883 (...). A quelques mètres de là (de sa tombe), au centre du cimetière, s'élève une grande pyramide en bois sur laquelle sont attachées les innombrables couronnes que toutes les sociétés républicaines, les loges maçonniques, les sociétés de secours mutuel, la Ligue française de l'Enseignement, etc., se sont empressées d'offrir à l'ardent patriote que fut Léon Gambetta, à celui qui ne désespéra jamais de la République, quand beaucoup avaient perdu tout espoir" (Après l'Ecolerevue illustrée d'enseignement populaire du 20 janvier 1903 p 196).


- FILLOL Léon-Louis (?-?), La Pyramide de Gambetta, Revue "Après l'Ecole", janvier 1903,
vue (sud-ouest/nord-est) colorisée sur papier calque pour projection lumineuse,
dessin exécuté le 1er janvier 1903 (vingtième anniversaire de la mort de Léon Gambetta, d'où les nouvelles couronnes suspendues aux barrières) et publié le 20 janvier 1903 dans, "Après l'Ecole" (revue illustrée d'enseignement populaire, pp 193-196, fig. 15a),
Nice, Bibliothèque du Chevalier de Cessole.


- FILLOL Léon-Louis (?-?), Fig. 15. - Le tombeau de Gambetta au cimetière de Nice, 1903,
 vues pelliculaires pour projections lumineuses colorées et vernies,
extraites d'une série de 24 vues sur la Côte d'Azur, éditée après 1903 par la Librairie Cornely (Paris),
dans le cadre de la revue pédagogique, "Après L'Ecole" (créée en 1895), Collection personnelle.
Le dessinateur, illustrateur, lithographe parisien, Léon-Louis Fillol est né à Marseille et a été actif des années 1880 aux années 1910.



Vers 1903-1904, la Pyramide de Gambetta est à nouveau attestée en arrière de la fontaine, avec ses nouvelles barrières basses au tracé déformé (environ 0, 70 m de hauteur). Son emplacement exact peut être déterminé du fait de la présence des tombes environnantes. 


- Anonyme, photographie stéréo, Nice, Mausolée de Gambetta, ensemble et détail, vers 1903-1904,
tirages albuminés sur carton, 8,8x17,2 cm, Collection privée de M. Denis Raquin Chenillet.
Les photos stéréoscopiques ci-dessus sacrifient à la mode qui a duré d'environ 1850 à 1950, en montrant deux vues prises avec un appareil à double objectif. Ces photos, regardées avec un stéréoscope, recréaient la vision oculaire en relief. 
Ces vues de la pyramide révèlent en arrière-plan, sur la droite, la Chapelle des Familles P.-B.-C. érigée au plus tôt en 1903, sur une concession acquise en septembre 1902. Les tombes visibles sur la gauche datent, pour leur part, des années 1899-1900. Les caractéristiques de la carte stéréoscopique, et en particulier, la façon d'écrire et de positionner le titre, permettent d'attribuer ces clichés au photographe Eugène Hanau (?-?), actif des années 1870 à 1915. Ce dernier accompagne souvent ses cartes stéréoscopiques d'un encadrement portant les mentions "Edition E.H. Paris - Collection Universelle" (avec parfois au verso, "Photographies Stéréoscopiques De Tous Pays - Eugène Hanau - Faubourg Saint-Martin 35 Paris"). D'autres vues stéréoscopiques de Nice du même auteur ont été conservées et un grand nombre d'entre elles date vers 1903-1904. 



La carte postale ci-dessous (possédée en trois exemplaires postés en 1908 et 1909) offre une vue inverse à la précédente (sud-est/nord-ouest). La photo date probablement de fin 1906-début 1907 avec, à droite, une tombe recouverte de couronnes (concession acquise en février 1904) encore dépourvue de monument. A l'horizon, se détache d'ailleurs le grand bâtiment de l'Hôtel Hermitage qui dès 1906 a succédé au Couvent des Ursulines rencontré sur les photographies précédentes.


- Cimetière du Château (Plateau supérieur, allée interne, côté ouest) : 
Nice - La Pyramide Gambetta, vers 1906-1907,
vue sud-nord (Collection personnelle).
A l'extrême gauche de l'image, on aperçoit la pancarte qui indique l'emplacement du Tombeau de Gambetta.



La carte postale suivante (postée en mars 1907) montre une vue, restreinte du fait du format vertical, et prise légèrement plus à l'ouest. Elle peut dater, au plus tard, du tout début de l'année 1907.


- FOUCACHON éditeur, Puget-Théniers : carte postale colorisée, Nice - La Pyramide Gambetta, vers 1907,
vue sud-nord, carte postale écrite, timbrée et datée du 29 mars 1907,



La carte postale ci-dessous révèle une vue d'ensemble du Plateau supérieur (du sud vers le nord). Elle montre au fond deux monuments qui datent au plus tôt de 1904, une chapelle néo-byzantine érigée sur une concession acquise début 1904 et une stèle couronnée d'une urne drapée érigée sur une concession acquise en février 1904

La carte montre également, au premier plan sur la droite, une tombe recouverte de fleurs dont la concession date de novembre 1904 et qui ne recevra un monument qu'au cours de l'année 1907. La prise de vue peut donc être datée entre 1905 et 1907.



- CAMOUS Éditeur, Nice, Le Cimetière et la Pyramide de Gambetta, vers 1905-1907
 carte écrite au verso, en 1909 (?), Collection personnelle.
Au nord, la dalle recouverte de fleurs de la Tombe Alfred L., visible sur l'avant-dernière carte postale,
 a cédé la place à un monument couronné d'une urne drapée.



Enfin, l'image suivante est publiée en page une du journal Le Petit Niçois du 2 novembre 1907. C'est la dernière image connue de la pyramide à cet emplacement. La photographie montre essentiellement la face ouest entourée de barrières basses, en arrière de la fontaine. La légende de l'image indique à tort, "Tombeau de Gambetta" mais le texte de l'article l'appelle, "Monument de Gambetta".


- Journal "Le Petit Niçois" du 2 novembre 1907 p 1.
Documents numérisés et en ligne du Conseil Général des Alpes-Maritimes 
(Archives Départementales).



Il est à noter qu'il existe cependant un article du Petit Parisien du 21 avril 1908 mais la photo publiée est une photo plus ancienne (fin des années 1890), comme le prouvent les barrières hautes.


- Journal "Le Petit Parisien" du 21 avril 1908 p 2.




LA DESTRUCTION DE LA PYRAMIDE ET SON REMPLACEMENT PAR LE NOUVEAU TOMBEAU DE GAMBETTA DÉBUT 1909


- Emplacement du nouveau Tombeau (vert) de Gambetta, repéré sur une partie du plan du Cimetière du Château,
 daté du 16 décembre 1964, Archives Municipales de la Ville de Nice.
Cet emplacement est occupé de début 1909 à nos jours. 


En 1893, lors d'une visite d'hommage au grand homme (dixième anniversaire de sa mort), le député Albert Tournier espère, en gravissant la colline, que l'emplacement choisi pour la tombe de Léon Gambetta soit celui d'une "aire d'aigle que, le soir, les nuages (doivent) effleurer de leur blancheur humide". "Au-dessus de cette tombe humble et timide, écrit-il, s'étend un large espace vide dominant le champ de repos. Les nombreuses couronnes des funérailles, aux rubans fanés sous la ruisselée des pluies septembrales, aux perles égrenées, aux fleurs desséchées et pourries sont disposées sur les cotés d'une haute pyramide quadrangulaire. Cette pyramide pourrait disparaître et faire place à un monument aussi simple qu'on le voudra mais non étranglé par les promiscuités posthumes, et vraiment digne de recevoir les cendres du grand citoyen".

L'auteur fait donc le souhait public du transfert du tombeau, en lieu et place de la pyramide, "sur le monticule que dorent les premiers feux de l'aurore, sur qui le soleil, en se retirant vers l'Estérel, décoche ses dernières flèches et où le grand disparu pourra dormir tranquille sur les rêves de l'infini" (Albert Tournier, homme de lettres et député, dans, Gambetta, Souvenirs anecdotiques, Paris, Librairie Marpon et Flammarion, 1893, pp 325-332).

Le souhait de voir le tombeau déplacé à un endroit plus dégagé n'est exaucé par le Maire de Nice, Honoré Sauvan, que 16 ans plus tard, et c'est bien sur le Plateau supérieur (au centre de l'actuel Plateau Gambetta), en remplacement de la pyramide de bois, qu'est érigé, début 1909, le monument actuel.

La destruction de la pyramide a lieu assez tardivement, au premier trimestre 1909, probablement au mois de mars. Le nouveau tombeau ne prend d'ailleurs pas exactement la place de l'ancienne pyramide car il est installé, cette fois, en avant de la fontaine.

"L'emplacement ancien, submergé par l'assaut continuel des tombes, écrit Pierre-Barthélémy Gheusi en 1909, disparaissait presque parmi les monuments nouveaux ; la ville a décidé le transfert de la sépulture, telle qu'elle fut construite par Gambetta, sur le terre-plein où l'on avait, en 1883, érigé la pyramide en planches qui disparut littéralement sous l'amoncellement des fleurs et des couronnes envoyées à Nice des quatre coins du monde. De là, entre le ciel ligure, presque toujours pur et profond, et la mer incomparable, au centre d'une région encadrée par les glaciers étincelants des Alpes et le seuil mobile de l'Orient des aventures et des légendes, les pèlerins émus du Tombeau (de Gambetta) verront resplendir à leurs pieds (...) le pays délicieux qui fut la dernière conquête de la France territoriale" (Pierre-Barthélémy Gheusi, parent et biographe de Gambetta, dans, Gambetta par Gambetta, Lettres intimes et souvenirs de famille, Paris, Société d'Editions Littéraires et Artistiques, 1909, pp 404-405).

Pendant quelques décennies, le souvenir de la pyramide va perdurer, maintenu par les photographies et les cartes postales qui vont continuer à circuler et permettre, aujourd'hui encore, d'en retracer l'histoire.




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