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dimanche 28 décembre 2025

1432-LES PREMIERS PHOTOGRAPHES DE BAYONNE (1839-1859)

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- Annonce de la mise en vente de Daguerréotypes, parue dans Le Phare de Bayonne du 24 octobre 1839, Médiathèque de Bayonne, Patrimoine.



PRÉSENTATION


L'annonce de l'invention du Daguerréotype est diffusée à Bayonne (Basses-Pyrénées, actuelles Pyrénées-Atlantiques), dès le mois de juillet 1839 (La Sentinelle des Pyrénées du 13 juillet 1839).

Dès octobre-novembre, les appareils sont en vente dans la ville, chez le pharmacien Le Beuf/Lebeuf et les opticiens Grasselly & Zambra (Le Phare de Bayonne du 24 octobre 1839 ; Le Mémorial des Pyrénées du 28 novembre 1839) (Image ci-dessus).

En décembre 1839, des vues au Daguerréotype des différents sites de la ville de Pau (Basses-Pyrénées, à environ 115 km à l'est de Bayonne), sont réalisées par plusieurs étrangers dont le célèbre Lieutenant-général Jacqueminot (1787-1865).

Il faut cependant attendre l'automne 1841, pour que les journaux signalent le passage d'un daguerréotypeur itinérant à Bayonne, pour quelques semaines seulement (Note 1). 

Ce dernier, du nom de Santocildes (non dénommé dans l'Image ci-dessous), est un jeune Espagnol (soldat en exil) qui va revenir dans la ville pendant plusieurs années. 


- Annonce de M. Santocildes, parue dans La Sentinelle des Pyrénées du 21 novembre 1841, Médiathèque de Bayonne, Patrimoine.



D'autres artistes de nationalité espagnole, suisse et française, vont ensuite se succéder à Bayonne. Ce sont le plus souvent des peintres de formation, initiés à la photographie à Paris, tout d'abord auprès de M. Daguerre lui-même. Leur nombre reste cependant limité à cinq dans les années 1840 mais va plus que doubler dans la décennie suivante.

Tout en possédant parfois un atelier dans la capitale, ils sillonnent la province française et accèdent à Bayonne par Bordeaux (Gironde) et Dax (Landes) ou par Toulouse (Haute-Garonne) et Pau (Basses-Pyrénées). 

Le nom de certains daguerréotypeurs opérant à Bayonne se retrouve d'ailleurs signalé dans ces mêmes villes mais également dans d'autres localités des Basses-Pyrénées, comme Orthez ou Biarritz.

Ces photographes prolongent parfois leur itinéraire jusqu'en Espagne où, dès novembre 1839, des prises de vue ont été réalisées à Barcelone et Madrid (Le Mémorial des Pyrénées du 28 novembre 1839).

Le premier atelier pérenne semble créé par l'un des habitants de Bayonne, le marchand-épicier Achille Frogé (qui est né à Pau en 1804 et s'est marié à Bayonne en 1829). 

Dès avril 1843, ce dernier propose en effet dans son épicerie située rue Salie, 16, un "Assortiment de Daguerréotypes" et leurs accessoires, et il précise, dès septembre de la même année, qu'il "fait le portrait" (La Sentinelles des Pyrénées du 15 avril 1843 ; Le Phare des Pyrénées du 15 septembre 1843). 

Durant la saison d'hiver 1844-45, Achille Frogé devient l'associé de M. Santocildes. Il tient ensuite son atelier de photographie à des adresses (périodiques ?) qui s'avèrent parfois différentes de celle de son épicerie. Il devient également l'associé de M. Louis en novembre 1850.

Au-delà des années 1840, quelques daguerréotypeurs vont continuer à installer leur atelier temporaire à Bayonne et vont parfois se fixer dans la ville.

Mariano Moreno, de Bordeaux, qui opère à Bayonne chaque saison estivale à partir de 1851, s'y fixe en 1856 (Note 7).

M. Bordes, artiste itinérant, qui est déjà venu à Bayonne à une date non précisée (probablement en 1856 où il est signalé dans d'autres villes du département), ouvre ses "nouveaux ateliers" pérennes dans la ville, en décembre 1858 (Le Messager de Bayonne du 30 décembre 1858).

Cependant, lorsque des photographes sont signalés à plusieurs reprises, lors d'une même année ou lors de plusieurs années successives, il n'est pas toujours possible de savoir s'ils sont domiciliés à Bayonne ou s'ils y effectuent des passages répétés. 

Les publicités qui les révèlent paraissent essentiellement entre avril et septembre, ainsi qu'à l'approche des fêtes de fin d'année mais d'autres sont publiées en toute saison et pour des durées variables. 

Ainsi, M. Santocildes est-il signalé à Bayonne à l'automne 1839 (novembre), au printemps 1844 (avril-mai) puis de l'automne 1846 à l'hiver 1847 (d'octobre à mars) et M. Delvaille, est de passage l'hiver 1852 (janvier-février).

Tous ces photographes sont des portraitistes mais au moins cinq d'entre eux sont également des paysagistes et proposent notamment des Vues de Bayonne et de ses environs, comme :

- M. Santocildes, au plus tard en 1846, 

- Achille Frogé, avant 1856, date de sortie de son troisième album, notamment acquis par l'Empereur Napoléon III, 

- Mariano Moreno, au plus tard en 1856 (Note 7), 

- Martin Miguel Azparren, au plus tard en 1857 mais domicilié comme peintre à Bayonne dès 1849 (Note 4) 

- ou encore M. Bordes, vues stéréoscopiques, au plus tard en 1858.



LES PREMIERS PHOTOGRAPHES DE BAYONNE 


Les listes présentant ci-dessous les premiers photographes ayant travaillé à Bayonne entre 1839 et 1859 sont, par nature, incomplètes. Elles découlent des seuls articles et publicités relevés, lors de cette période, dans des journaux conservés et numérisés.


Liste alphabétique

Peu de renseignements ont pu être recueillis sur la vie des photographes. Leurs prénoms et leurs dates de naissance et de décès restent pour la plupart inconnus.


- AZPARREN ou ASPARREN Martin Miguel (Espagnol, Eugui 1818 - Bayonne 1867) (Notes 2 et 4) - BORDES (Note 2) - DELVAILLE - FROGÉ Jean Paul Achille (Pau 1804 - ?) (Note 2) - GARY, probablement GARY Michel (Gourdon 1831 - Bordeaux 1899) - LASSALLE Justin Étienne - LOUIS (Note 3) - MICHEL - MORENO Mariano (Espagnol, Murcia 1799 - Bayonne 1869) (Notes 2 et 7) - ROVÈRE Jean - SANTOCILDES (Espagnol) - SCHMIDLY (Suisse) (Note 6) - VIDAL -


Liste chronologique

La liste ci-dessous cite uniquement les photographes lors des années où leur atelier, temporaire ou pérenne, est attesté par un document.

Il en va de même pour les adresses. Plusieurs d'entre elles, parfois partiellement signalées ou apparemment différentes, s'avèrent équivalentes du fait d'une maison d'angle donnant sur deux voies ou d'une appellation tantôt liée au propriétaire de la Maison, au nom du Café ou à celui de son gérant.


NOM : noms des photographes dont la présence est pérenne

NOM : noms en italique des photographes de passage (itinérants ou en villégiature) 

NOM : noms soulignés des photographes saisonniers (présence répétitive)

NOM : noms absents de l'ouvrage de Jean-Marie Voignier (Note 2)

"NOM" : noms entre guillemets présents dans l'ouvrage de Jean-Marie Voignier mais pas cités dans la ville étudiée

[Prénom] : les prénoms et autres renseignements entre crochets sont ceux retrouvés en dehors des journaux locaux.


1839 :


1840 :


1841 : SANTOCILDES, rue Port-Neuf, 19, chez M. Prévot, et même rue au n° 2, Café Américain, au 5ème étage (à l'angle de la place de la Liberté)


1842 :


1843 Achille FROGÉ, rue Salie, 16 - MICHEL, quai Gualuperie, 8 -


1844 SANTOCILDES, terrasse du Café Italien (de M. Farnié, près du Théâtre), au 4ème étage - Achille FROGÉ, rue Salie, 16 - 


1845 :  Achille FROGÉ, rue du Bourg-Neuf - Jean ROVÈRE (adresse ?) - 


1846 : SANTOCILDES, terrasse du Café Italien - SCHMIDLY, chez Mme Bacqué puis rue de l'Evêché, 5 -


1847 : SANTOCILDES, terrasse du Café Italien - Achille FROGÉ, rue Salie, 16 -


1848 :


1849 : Jean ROVÈRE, aceaux du Port, 2, près du Café Américain ou Maison du Café Américain- 


1850 : "LOUIS" & Achille FROGÉ, Café Américain, au 3ème étage, Port-Neuf, 22 - Jean ROVÈRE, Maison Lagarde, arceaux du Port-Neuf, 31 - 


1851 : Achille FROGÉ, Café Américain - [Mariano] MORENO, arceaux du Port-Neuf, au-dessus du Café Américain - 


1852 : DELVAILLE, Café Italien, au 4ème étage - [Mariano] MORENO, arceaux du Port-Neuf, au-dessus du Café Américain 


1853 :  


1854 : "Justin Étienne LASSALLE", place d'Armes, hôtel de la Bilbaïna, au 1er étage - [Mariano] MORENO, arceaux du Port-Neuf, 41 Maison Montespan ou/puis Café Ducassou (dit aussi Café du Théâtre, place de la Liberté) - 


1855 : M. et Mme MORENO, rue du Gouvernement, 7 ou ancienne place d'Armes, 7, en face de l'hôtel Saint-Etienne, puis rue Lormand, 19


1856 Achille FROGÉ, Café Américain, arceaux du Port-Neuf, 21 - M. et Mme MORENO, rue Lormand, 19 - 


1857 : (Martin Miguel) AZPARREN [rue d'Espagne, 71] - M. et Mme MORENO, rue Lormand, 19 - 


1858 : BORDES, arceaux du Port-Neuf, 1 - M. et Mme MORENO, rue Lormand, 19 - VIDAL, rue d'Espagne, 42 -


1859 : [Martin Miguel] AZPARREN [rue d'Espagne, 71] - BORDES, arceaux du Port-Neuf, 1 - "GARY", arceaux du Port-Neuf, 35 - M. et Mme MORENO, rue Lormand, 19 - VIDAL



NOTES


(1)- Archives et Portail de la Médiathèque de Bayonne, sites : Patrimoine, iciBilketaici et Pireneasici.

- Collections du Musée basque et de l'histoire de Bayonne, ici.

- Collections de la Bibliothèque nationale de France, Gallica.


(2)- Jean-Marie Voignier, "Bayonne", dans, Répertoire des Photographes de France au Dix-neuvième siècle, Le Pont de Pierre, 1993.

L'auteur cite notamment quatre photographes à Bayonne, lors de la période étudiée : Azparren Martin Miguel (rue d'Espagne, 71), Bordes, Frogé Achille et Moreno.


(3)- Hervé Lestang, Photographes de "Bayonne", sur son site Portrait Sépia, ici.


(4)- Ignacio J. Urricelqui Pacho, "Martin Miguel Azparren y la Pintura nazarena en Navarra", article de 2024, PDF mis en ligne sur Dialnetici.


(5)- François Bordes, "Photographie, cartes postales et collections : les « compositions » du photographe Gaston Ouvrard", article paru en 2001 dans la revue Communication & Langages et mis en ligne en 2023 sur OpenEdition Books, ici.


(6)- "Schmidly (?-?), daguerréotypeur des années 1840", décembre 2025, sur ce blog, ici.


(7)- "Mariano Moreno, photographe à Bordeaux puis Bayonne", dont "Rovère & Mariano" et "M. & Mme Moreno", décembre 2025, sur ce blog, ici.




dimanche 21 décembre 2025

1431-SCHMIDLY (?-?), DAGUERRÉOTYPEUR ITINÉRANT DES ANNÉES 1840

 

SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- Début de l'annonce du photographe Schmidly, 
parue dans Le Mercure d'Orthez et des Basses-Pyrénées du 12 février 1846, 
Paris, BnF (Gallica).




SCHMIDLY (?-?), DAGUERRÉOTYPEUR ITINÉRANT DES ANNÉES 1840



INTRODUCTION


De récentes recherches dans les archives en ligne de la Médiathèque de Bayonne m'ont permis de croiser trois publicités d'un daguerréotypeur suisse itinérant, portant le nom de "Schmidly".

Il semble que ce photographe, jusque-là non répertorié en Suisse et en France, a cependant été étudié en Espagne où deux de ses daguerréotypes des années 1840 sont conservés, une Vue générale de Tolède et une Vue de la Porte du Soleil de Tolède.

J'ai aussitôt contacté les chercheurs espagnols et leur ai envoyé les extraits de journaux concernés. J'ai ensuite prévenu le site qui répertorie les photographes suisses de l'existence de ce photographe.

Je ne pensais pas étudier le sieur Schmidly au travers du peu de documents recueillis mais n'ayant pas obtenu de réponse des chercheurs espagnols, je me suis décidé à mettre en ligne les éléments recueillis, au lieu de les empiler dans la masse de notes manuscrites comdamnées à l'oubli. 

La recherche qui s'en est suivie a cependant permis de retrouver cinq nouveaux documents.



1846-1847 - FRANCE - BASSES-PYRÉNÉES (actuelles Pyrénées-Atlantiques)



ORTHEZ


La publicité la plus ancienne retrouvée est aussi la plus détaillée. En voici le texte intégral :

- Le Mercure d'Orthez et des Basses-Pyrénées du 12 février 1846 (Paris, BnF, Gallica)

"AVIS.

Le sieur SCHMIDLY, natif de Zurich, en Suisse, artiste-peintre, avantageusement connu par les heureux résultats qu'il a obtenus par le procédé de Daguerréotype, prévient MM. les amateurs qui tiendraient à obtenir, par ce procédé, une ressemblance parfaite et coloriée au feu, qu'il peut la leur garantir ; qu'il opère n'importe le temps, sombre ou clair ; que pour son opération il n'a besoin que d'une séance de dix secondes ; pour rendre le portrait fini et encadré, vingt minutes. Si la personne tient à rester les 20 minutes exigées pour la confection de son ouvrage, elle peut être témoin de la célérité avec laquelle il opère.

Il se charge de donner la solidité et de mettre en couleur les portraits qui ne le sont pas ; d'en faire d'autres propres à être mis dans des médaillons de toutes les grandeurs, ainsi que des cadres renfermant le groupe d'une famille, et toute espèce de points de vue.

Il offre encore de fournir les cadres et boîtes pour expedition des portraits.

Afin de satisfaire les personnes qui voudront l'honnorer de leur confiance, il se transportera dans les maisons particulières, soit pour faire les portraits, soit pour donner des leçons.

Le sieur SCHMIDLY confectionne le tout à des prix très-modérés. Il ne peut donner qu'un aperçu de ses prix, vu la variété de la dimension des plaques. Il fait le portrait d'un seul personnage depuis 5 fr. jusqu'à 12, et d'un groupe de famille, depuis 12 jusqu'a 25 fr. etc., etc.

NOTA. Le sieur Schmidly s'engage à ne mettre les portraits en exposition, qu'après l'assentiment des personnes.

Il restera encore 10 jours parmi nous. 

Il est logé chez Mme BACQUÉ".


BAYONNE


Les trois autres publicités retrouvées sont respectivement parues à Bayonne, les 30 juin, 2 et 7 juillet de la même année, dans Ariel - Journal républicain de Vasconie. Elles reprennent en partie des éléments de l'annonce d'Orthez mais ajoutent les renseignements complémentaires suivants :

- Ariel - Journal républicain de Vasconie du 30 juin 1846 (Médiathèque de Bayonne, patrimoine) :

"AVIS (...).

IL EST LOGÉ RUE DE L'ÉVÉCHÉ, n° 5.

Il ne reste que quinze jours"


- Ariel - Journal républicain de Vasconie du 2 juillet 1846 (Médiathèque de Bayonne, Patrimoine) :

"Portraits au Daguerréotype.

Nos artistes ne vont point dans les Alpes, ceux des Alpes viennent aux Pyrénées en passant par Paris : témoin M. Schmidly, élève de M. Daguerre, qui a fait déjà des portraits par centaines dans les chefs-lieux de canton, comme St-Palais et St-Jean-Pied-de-Port, et par milliers dans les villes comme Pau. Il faut croire que Bayonne ne lui fournira pas une moisson moins abondante ; il se rend dans les maisons particulières, et opère mème avec bonheur dans l'obscurité d'un appartement ou d'une alcôve. 

C'est M. Daguerre lui-même qui fait voyager son élève et qui lui a désigné les Basses-Pyrénées. M. Schmidly est l'heureux inventeur des portraits au daguerreotype coloriés, dont les teintes fixées au feu restent inaltérables. Logé rue de l'Evêché numéro 5, il ne consacrera que quinze jours à Bayonne, et les personnes qui voudraient profiter de son talent feront bien de se håter : l'occasion est bonne".


- Ariel - Journal républicain de Vasconie du 7 juillet 1846 (Médiathèque de Bayonne, Patrimoine) :

"M. Schmidly, l'habile daguerréotypeur quitte Bayonne dans huit jours. Nous rappelons qu'il se rend dans les maisons particulières..." (reprise des dernières lignes de la publicité précédente).


Un article évoque ensuite le sieur Schmidly mais sous le nom de "Schmild".

- Le Phare des Pyrénées du 20 août 1846 (Médiathèque de Bayonne, Patrimoine) :

"Un artiste qui habitait Bayonne depuis quelque temps, où il faisait des portraits au daguerreotype, vient de découvrir un ingénieux moyen pour payer ses dettes. Il avait souscrit un billet, qui n'ayant pas été payé à l'échéance fut protesté. 

Le créancier rencontre le souscripteur, et se plaint de son inexactitude, celui-ci ignorait qu'on eût présenté son billet à son domicile ; il est à Biarritz, où il a plusieurs portraits à faire, et cela explique son ignorance. Mais, dit-il, venez m'y trouver je vous rembourserai les frais de voyage et nous réglerons l'affaire. 

Le créancier s'y rend en effet, exhibe le billet, et le protêt [acte attestant du non-paiement] ; le daguerreotipeur (sic) examine le tout, met protêt et billet en pièces et les pièces au feu ; pais il donne 2 fr. à son créancier pour les frais de voyage, en lui disant, "Nons sommes quittes". 

L'autre, qui ne trouvait pas là son compte, s'est plaint au commissaire de police, qui, croyant que cela ne le regardait pas sans doute, l'a engagé à porter plainte à M. le procureur du roi.

Cela a été fait. Mais il y a eu perte de temps, et l'habile faiseur de... portraits en a profité. Son passeport était en dépôt pour une autre dette, il a été le demander an négociant qui l'avait, disant que le commissaire de police de Biarrits (sic) exigeait qu'il le lui montrât pour l'y laisser séjourner. Puis il s'est mis en régle, et malgré la course forcée d'un gendarme, il a passé la frontière.

Les effets du sienr Schmild, qui garantissait fort bien la ressemblance et fort mal ses créanciers, ont été saisis à Saint-Jean-de-Luz".


Les effets du photographe sont restés en l'attente du retour de leur propriétaire et du paiement de ses dettes mais cette attente est restée vaine, comme nous l'apprend l'article suivant de Bayonne qui cite, cette fois, le sieur Schmidly sous le nom de "Schmildy" :

Le Phare des Pyrénées du 29 mai 1847 (Médiathèque de Bayonne, Patrimoine) :

"VENTE AUX ENCHÈRES PUBLIQUES,

PAR AUTORITE DE JUSTICE.

Le lundi trente-un du présent mois de mai, à dix heures du matin, et jours suivants s'il est nécessaire, dans la Maison n° 23 rue Pont-Mayou, en cette ville, il sera vendu au plus offrant et dernier enchérisseur :

Quatre appareils de Daguerréotype dont un de demi-plaque et trois de quart de plaque :

Divers objets de fourniture pour encadrement et cadres d'enseigne et autres ;

Plus, deux malles, un porte-manteau, une boîte à chapeau en cuir carrée, un nécessaire, linge, hardes, et autres objets ;

Le tout saisi au préjudice du sieur Schmildy, peintre.

Les adjudicataires devront payer comptant.

Fait à Bayonne le 25 mai 1847".



1848-1849 - ESPAGNE



La publication des chercheurs espagnols la plus récente est celle de María de los Santos García Felguera et de David Blasco Planesas, "Un nuevo daguerreotipo de Toledo, La Puerta del Sol", in, VIII Encuentro en Castilla-la-mancha de Historia de la Fotografia, Cuenca, 2021, pp. 217-225 (PDF, ici). 

Les auteurs rapprochent "Schmidli" de "Schmidt" (?).


PAMPELUNE


Ils citent le photographe, "Shmich suisse", signalé à Pamplona/Pampelune (Navarra ; près de la frontière française, Pays basque), en février 1848, où il aurait exécuté près de 2.300 portraits, donné des leçons, et présenté le daguerréotype à ses élèves comme un moyen de gagner leur vie.


TOLÈDE


Ils présentent également l'article de journal suivant (traduit ici en français), concernant le photographe présenté sous le nom de "Schmidli", à Toledo/Tolède (Castilla-la-Mancha ; au centre du pays).

Boletín Oficial de la Provincia de Toledo, 10 de mayo de 1849

"Portraits au daguerréotype coloriés au feu.

Le Sieur Schmidli, Suisse, extrêmement reconnaissant envers le public respectable de Tolède pour l'accueil favorable que ses travaux ont reçu depuis son arrivée dans cette ville, a l'honneur de faire savoir qu'il va partir d'ici six jours, et que si une personne n'était pas satisfaite de son portrait parce qu'il n'atteint pas la perfection, elle peut tout de suite le rapporter pour qu'il lui en fasse un autre. 

Ceux qui souhaitent se faire tirer le portrait peuvent se rendre à son domicile, rue du Correo numéro 10, et les prix seront très raisonnables. Il promet d'enseigner son métier et de donner un précieux appareil pour trois onces d'or, qu'il ne fera payer qu'une fois que l'intéressé sera satisfait de ce qu'il a appris".



1849 - PORTUGAL


Les derniers documents retrouvés (publicités), concernant le sieur "Schmidli" à Lisboa/Lisbonne, sont également les plus récents et sont traduits ci-dessous.


LISBONNE


Revista Popular, Semanario de litteratura, sciencia, e industria, Lisboa, 1849-50, vol. 2, n° 26, 1 de setembro de 1849, pp. 209-210 (Google Livres).

"Nous avons reçu d'Elvas l'avis intéressant suivant, que nous transcrivons fidèlement. L'auteur arrivera prochainement à Lisbonne.

PORTRAITS AU NATUREL

COLORIÉS AU FEU.

Est sur le point d'arriver dans cette ville, le Sieur Schmidli, de nationalité suisse, Professeur de photographie, inventeur et auteur d'une technique de couleurs au naturel, non communiquée jusqu'à aujourd'hui, qui a fait à l'étranger des milliers de portraits lors de son passage, à la demande de ses clients.

Le dit professeur offre à ce respectable public la plus grande perfection dans ses travaux, réalisés en quelques secondes à l'ombre.

Le prix des portraits de petite dimension est de 1=400 réis pour une seule personne ; et pour deux ou trois personnes de 1=800 réis ; et de grande dimension est de 1=700 réis pour une personne ; de 2=000 réis pour des groupes familiaux de deux personnes ; de 2=600 réis pour de trois à six personnes.

Je précise que les cadres et les verres sont payés à part, selon la finesse que l'artisan leur attribue. Les personnes qui souhaitent être photographiées chez elles et disposent d'un endroit bien éclairé doivent prévenir un jour à l'avance ; elles devront payer, pour chaque portrait, 400 réis supplémentaires, pour le déplacement à leur domicile avec les appareils.

Je réalise aussi des portraits pour médaillons et pour broches de la taille d'une pièce de six vinténs pour un prix de 1=500 réis à 1=800 réis selon la taille de chacun. 

J'avertis que les cadres et les verres sont payés séparément selon la finesse que l'intéressé choisira, ce qui en sera le prix. Les personnes qui souhaiteraient être portraiturées chez elles, disposant d'un bon endroit bien éclairé, avertiront un jour à l'avance ; et elles paieront 400 réis supplémentaires pour chaque portrait, pour le dérangement de se rendre chez elles avec les machines.

Il donne également des leçons aux Sieurs curieux de cet art, facturées 4 pièces d'or pour les enseignements.

Enfin 

Il prévient qu'il est en route vers Lisbonne. Il restera [nombre non précisé] jours".


Revista Popular, Semanario de litteratura, sciencia, e industria, Lisboa, 1849-50, vol. 2, n° 30, 6 de outubro de 1849, p. 242 (Google Livres).

"Portraits photographiques coloriés au feu.

On nous demande la publication de ce qui suit :

Est sur le point d'arriver à Lisbonne M. Schmidli, originaire de Suisse, professeur de photographie, qui réalise des portraits à l'ombre, en quelques secondes, en leur donnant toutes les couleurs naturelles.

Il tire des portraits de toutes dimensions à des prix très avantageux,

Il donne des leçons de photographie - il ne fait pas secret de sa nouvelle méthode - et vend des appareils complets pour daguerréotyper".



ÉPILOGUE


L'identité du daguerréotypeur n'a pu être percée à jour. Son patronyme, assez répandu en Suisse et en Allemagne, a reçu différentes graphies dont les principales sont "Schmidly" en France et "Schmidli" en Espagne et au Portugal.

Son prénom et son âge ne sont jamais cités mais il est né à Zurich, au début du XIXe siècle.

Il a suivi une formation de peintre puis a quitté la Suisse pour la France, au plus tard au début des années 1840. Selon ses dires, il s'est formé au Daguerréotype à Paris, auprès de M. Daguerre lui-même et a ensuite mis au point un procédé de colorisation des épreuves.

En 1845, au plus tard, il a quitté Paris pour le département des Basses-Pyrénées où il a mené une activité itinérante de portraitiste au Daguerréotype. Il a séjourné tout au plus une quinzaine de jours dans les petites localités mais s'est parfois attardé plus longuement dans les grandes villes. Entre février et août 1846, il est notamment signalé à Pau, Orthez, Saint-Palais, Saint-Jean-Pied-de-Port, Bayonne, Biarritz et Saint-Jean-de-Luz.

Poursuivi pour des dettes multiples, il a quitté la France pour l'Espagne en toute précipitation, abandonnant notamment tout son matériel photographique. Cependant, il était peut-être originellement prévu qu'il s'y rende. 

Aucune trace de son passage n'a été découverte en Espagne dans la suite de l'année 1846, ainsi qu'en 1847. Il est cependant signalé dans le nord de ce pays, à Pampelune, en février 1848, puis dans le centre, à Tolède, en mai 1849.

Il s'est ensuite rendu au Portugal, où sa seule et dernière destination connue est Lisbonne, en octobre 1849. Il n'est d'ailleurs pas répertorié comme daguerréotypeur ayant opéré dans ce pays.

Aucun document ne témoigne plus de son activité après Lisbonne et ses lieu et date de décès restent inconnus à ce jour.




dimanche 14 décembre 2025

1430-MARIANO MORENO, PHOTOGRAPHE À BORDEAUX ET BAYONNE


SOMMAIRE DES ARTICLES DU BLOG ET LIENS DIRECTS


- MORENO Mariano (1799-1869), Étiquette de l'atelier, Bordeaux, vers 1854, 
Collection privée, Belgique (Europeana).




MARIANO MORENO (Murcia 1799-Bayonne 1869)



INTRODUCTION


Mariano Moreno a porté un patronyme très répandu (généralement cité sans prénom), a vécu en Espagne puis en France, et a exercé la profession de photographe que son fils a également adoptéed'où une possible confusion.

Son existence est peu documentée jusqu'à ses cinquante ans, contrairement aux années suivantes où il exerce la profession de photographe.



BIOGRAPHIE


1800-1840

Mariano Moreno est né à Murcia (Castille, sud-ouest de l'Espagne), le 15 août 1799. Il est le fils de Francisco Lucas et de Micaela Moreno, qui se sont mariés dans cette ville le 1er octobre 1794. 

Rien n'est connu de son enfance et de son adolescence. Il semble s'engager par la suite dans une carrière militaire et devient officier. 

Âgé d'une vingtaine d'années, il a pour compagne, à Murcia vers 1827, Ignacia Josefa Tomasa Barbara de Nadal.

Le couple a une fille, Carlotta, qui naît le 15 mars 1828 à Milan (Lombardie, nord de l'Italie), sans que l'on sache si ce lieu est en lien ou non avec la carrière militaire de Mariano. 

Leur deuxième enfant connu, Eduardo Eusebio Antonio Isidro, naît douze ans plus tard à Murcia, le 7 novembre 1840.


1840-1848

Mariano Moreno semble cesser son activité dans l'armée espagnole à compter de cette nouvelle décennie et se consacrer, en tant qu'impresario, à la carrière musicale de sa fille qui débute à ses 14 ans. Il l'accompagne dans une tournée de concerts qui va se dérouler sur près de huit ans, de 1842 à 1849. 

Carlotta se produit en tant que pianiste et harpiste, en Espagne, au Portugal puis en France (cette tournée sera ultérieurement évoquée dans les journaux).

Carlotta Moreno ajoute à ses talents d'instrumentiste, celui de cantatrice, en devenant à Paris, vers 1845, l’élève du célèbre chanteur Louis Antoine Éléonore Ponchard (1787-1866). Elle se produit notamment à Dijon (Côte-d’Or), le 18 novembre 1846 (Courrier de la Côte-d'Or des 3 et 17 novembre 1846).

Mariano et Carlotta Morena se déplacent-t-ils avec les autres membres de la famille (épouse et fils) ? Reviennent-ils régulièrement à Murcia, à une époque où l'instabilité politique règne en Espagne ?

Il semble que l'épouse de Mariano Moreno décède au cours des années 1840, que ce dernier se remarie à la fin de cette même décennie avec Marie-Anne Oyarzabal et qu'une fille naît de cette nouvelle union. 

Cependant, aucun des actes d'état civil correspondants n'a pu être retrouvé.


1849

C'est peut-être à Bayonne (Basses-Pyrénées, actuelles Pyrénées-Atlantiques), ville proche de la frontière espagnole, que Mariano Moreno fait, en 1849, une rencontre qui va l'engager à devenir photographe : celle du daguerréotypeur itinérant, Jean Rovère (?-?).

Très peu de choses sont connues sur cet artiste (d'origine piémontaise ?). Il arrive de Paris, parcourt les différentes localités et se rend en Espagne, notamment à Madrid. Il est déjà venu à Bayonne en août 1845 et y opère à nouveau, de fin mars à début septembre 1849 (annonce parue à seize reprises dans L'Eclaireur des Pyrénées entre le 23 mars et le 30 août 1849). 

Avant le départ de Jean Rovère pour Madrid, un rendez-vous est fixé avec Mariano Moreno pour la fin de l'année.

C'est à Pau (Basses-Pyrénées, à environ 110 km à l'est de Bayonne) que les deux hommes se retrouvent en décembre 1849 et décident de s'associer.

"D'un acte sous signatures privées, passé en double à Pau, le douze décembre mil huit cent quarante-neuf, entre M. Jean Rovère, dessinateur, et M. Mariano Moreno, les deux domiciliés en ce moment à Pau...".

De cet acte enregistré le même jour à Pau et le quinze décembre à Bordeaux, il ressort la formation de la société "Rovère et Moreno", du 1er janvier 1850 jusqu'au 31 décembre de la même année. 

Cette société aura son siège à Bordeaux et aura pour but de "faire des portraits et des tableaux, au moyen de daguerréotypes", de fabriquer des plaques galvanisées et de faire commerce de tout ce qui se rattache à la photographie (Le Mémorial bordelais des 22 et 27 décembre 1849).


- Publication officielle de la formation de la société "Rovère et Moreno", 
dans Le Mémorial bordelais des 22 et 27 décembre 1849,
Paris, BnF (Gallica).



1850

La première publicité bordelaise de "Bovère (sic) et Moreno, place de la Comédie, 2, en face du Grand-Théâtre" (plan en bas d'article), paraît fin mars 1850 et propose, selon un "Procédé Américain", des "Portraits coloriés d'après nature depuis cinq francs" (Le Mémorial bordelais des 30 et 31 mars et des 1er et 6 avril 1850).


- Publicité pour l'atelier Rovère et Moreno, parue dans Le Mémorial bordelais du 30 mars au 6 avril 1850, 
Paris, BnF (Gallica).



À l’approche des fêtes de fin d’année, une nouvelle annonce paraît fin décembre 1850, avec la même adresse d’atelier mais, cette fois, avec le seul nom de "M. Moréno [avec accent], déjà connu à Bordeaux pour la beauté de ses portraits qu’il obtient au daguerréotype" (Le Mémorial bordelais des 20 et 22 décembre 1850). 

Il semble donc que l’association avec Jean Rovère s'est terminée avant même la toute fin de l'année, Mariano Moreno conservant seul l'atelier. 

Il est même possible que leur association se soit finie dès avril 1850, Jean Rovère étant signalé de retour à Bayonne pour quelques semaines, dès ce mois-là, arrivant de Paris et se rendant de nouveau en Espagne (L'Eclaireur des Pyrénées des 12 avril, 4, 9 et 10 mai 1850).


- Publicité pour l'atelier Moreno, parue dans L'Eclaireur des Pyrénées du 12 avril au 10 mai 1850,
Médiathèque de Bayonne, Patrimoine.



La fille de Mariano, Carlotta, qui se présente parfois sous le nom de, "Mlle Moreno y Aleman", s’installe pour sa part comme professeur de musique et de chant à Bordeaux. 

Elle donne son premier concert annuel, le 16 novembre 1850, et va faire de même les années suivantes (Le Mémorial bordelais des 4, 17, 20 et 24 novembre 1850 ; L'Indicateur des 14 et 23 novembre 1850 ; Le Mémorial bordelais du 2 décembre 1851). 


1851

En 1851, les membres de la famille Moreno vont se rendre à Bayonne (à environ 185 km au sud de Bordeaux) et y passer trois mois, tout aussi bien pour la carrière de Carlotta, que celle de Mariano. Cest probablement pour cette raison que leurs noms n'apparaissent pas dans le registre du recensement de Bordeaux, réalisé au printemps 1851. 

En effet, à cette période, "M. Moreno, de Bordeaux, propriétaire d'un des premiers établissements de Daguerréotypie de France (...), se trouvant momentanément à Bayonne (...) Arceaux du Port-Neuf, au-dessus du Café Américain", propose ses "portraits en daguerréotypie et photographie" (L’Éclaireur des Pyrénées du 18 mai 1851 ; Ariel - Le Républicain de Vasconie du 18 mai au 24 juillet 1851).

Il est à noter que l'adresse choisie à Bayonne par Mariano Moreno est notamment celle qu'avait occupée Jean Rovère au printemps 1849 mais pas obligatoirement au même étage.

Ce Café Américain occupe l'ancienne maison Casemajor, située à l'angle formé par les arceaux de la rue du Port-Neuf, 31 et la place de la Liberté, 2, en face du Théâtre (plan en bas d'article).


- Publicité pour l'atelier Moreno, parue dans Ariel - Le Républicain de Vasconie 
du 18 mai au 24 juillet 1851, 
Médiathèque de Bayonne, Patrimoine.



Le déplacement des Moreno dans cette ville a notamment été motivé par l'organisation des concerts d'été de Carlotta, prévus début août, à Bayonne puis Biarritz (Ariel - Le Républicain de Vasconie du 27 mai puis du 24 juillet au 6 août 1851). 

Mlle Moreno ne semble pas connue du journaliste du Républicain de Vasconie : "Elève, dès sa plus grande enfance (...), elle égale presque les maîtres de l'art (...). Nous n'en parlons que par ouï dire et d'après les journaux de Bordeaux". Elle est cependant présentée comme "la pianiste le plus remarquable que l'Espagne ait encore produit" (Ariel - Le Républicain de Vasconie des 24 juillet et du 10 août 1851).

Les publicités de Mariano Moreno sont parfois accolées aux annonces des concerts de sa fille, prévus le 6 août à Bayonne et le 11 août au Casino de Biarritz (Ariel - Le Républicain de Vasconie du 3 août 1851). Il y propose ses portraits et fixe la date de son départ avant le 15 août.

De retour à Bordeaux, il annonce en septembre 1851, le transfert de son atelier de la place de la Comédie, 2, à un emplacement tout proche, situé "allées de Tourny, 2, avec une entrée par la rue Mautrec, 3, à côté des 25,000 bijoux" (Le Mémorial bordelais, annonce des 26 septembre et 3, 14, 15, 22 et 26 octobre 1851) (plan en bas d'article).


- Publicité pour l'atelier Moreno, parue dans Le Mémorial bordelais,
du 26 septembre au 26 octobre 1851,
Paris, BnF (Gallica).



1852-1853

En juillet 1852, Mariano Moreno retourne à Bayonne où il occupe la même adresse (Le Messager de Bayonne du 15 juillet 1852).

Lors de l'époque précédant les fêtes de fin d'année, l'atelier bordelais de Mariano Moreno, toujours situé à la même adresse, affiche ses "Portraits daguerriens" coûtant selon la taille, 7, 10 et 15 fr., avec une réduction de 2 à 3 fr. dans les 15 premiers jours de janvier (L'Indicateur des 20, 26, 29 et 31 décembre 1852). Il va d'ailleurs pérenniser, dans les années suivantes, un rabais de 25 ou 20 % à la période des étrennes.

L'Illustration  du 10 septembre 1853 (p. 65), reproduit une estampe de Banderilleros, "d'après un daguerréotype de Moreno", dans un article intitulé, "Les Courses de taureaux à Bayonne". C'est potentiellement la preuve d'un séjour estival qui se renouvelle chaque année dans cette ville.


- Portrait, d'après un daguerréotype de M. Moreno, des banderilleros,
Manuel Ortega (Lillo), Mathias Minès, Blas Méliz (Minuto), 
paru dans L'Illustration
 du 10 septembre 1853 p. 165, 
Google Livres.



En décembre 1853, il annonce cette fois à Bordeaux, que "de nouveaux perctionnements lui permettent de garantir une ressemblance parfaite et le fini le plus complet", présente une "galerie de portraits coloriés" et informe qu'à son adresse habituelle, "il a joint un atelier de photographie, situé en face de chez lui, cours du XXX juillet, 8, au-dessus du bureau général des journaux" (L'Indicateur des 9 et 12 décembre 1853) (plan en bas d'article).. Les noms de ses éventuels collaborateurs restent inconnus.


- Publicité pour l'atelier Moreno parue dans L'Indicateur (Bordeaux) des 9 et 12 décembre 1853, 
Paris, BnF (Gallica).



1854-1856

Le 24 mai 1854, sa fille, "Charlotte Josèphe Thérèse Lucas Moreno, professeur de musique", âgée de 26 ans, se marie à Bordeaux, avec Guillaume Numa Fabre, employé des contributions indirectes, 28 ans (né le 2 juillet 1825 à Bordeaux).

L'acte rappelle que le père de la mariée est "officier supérieur espagnol" et que sa mère est décédée, sans plus de précision.

Le 23 juin 1854, Le Messager de Bayonne prévient de la prochaine venue de "M. Moreno, daguerréotypeur et photographiste distingué, que tous les véritables amateurs ont pu apprécier depuis longtemps (...). On prépare déjà un nouvel atelier, arceaux du Port-Neuf, 41, maison Montespan, local beaucoup mieux approprié que le précédent à son genre d'industrie" (plan en bas d'article).

Le 16 juillet suivant, un nouvel article du même journal acte son arrivée dans ce nouvel atelier et précise : "On est prié de ne pas le confondre avec l'artiste qui s'est installé à son ancien logement" mais sans citer cette ancienne adresse.

Une publicité bayonnaise paraît encore fin août 1854, révélant un séjour du photographe de plus d'un mois et demi et précisant l'adresse sous une autre dénomination : "Portraits Au Daguerréotype - Sur Papier - Moreno - Café Ducassou" (Le Messager de Bayonne des 24 août au et 14 septembre 1854).

En décembre 1854, Mariano Moreno propose, à Bordeaux, rue Mautrec, 3 et cours du XXX Juillet, 8, des "Portraits sur papier, sur plaque d'argent, acier, verre (...), opère par tous les temps, donne des leçons sur tous les procédés, et fait aussi les portraits au stéréoscope à des prix très modérés" (Le Mémorial bordelais des 15 et 19 décembre 1854 ; La Guienne du 16 décembre 1854 ; L'Indicateur des 16 et 25 décembre 1854).


- Publicité pour l'atelier Moreno, parue dans Le Mémorial bordelais des 15 et 19 décembre 1854, 
Paris, BnF (Gallica).



À partir du 17 décembre 1854, il publie également, dans La Guienne une nouvelle annonce, plus brève mais de contenu semblable, qui va paraître chaque semaine pendant les 12 mois suivants, jusqu'au 20 décembre 1855.

En juin 1855, Mariano repart passer la saison estivale à Bayonne. Un article célèbre ses portraits coloriés admirables, notamment exposés vis-à-vis l'hôtel de Saint-Etienne : "et nous devons dire que jamais, ni à Bayonne ni ailleurs, nous n'avons rien vu de plus parfait" (Le Courrier de Bayonne du 30 juin 1855).

Mariano révèle ensuite, dans une publicité, que son épouse travaille avec lui (même s'il n'affiche pas systématiquement son nom) et qu'il possède une succursale à Biarritz, au Casino (Le Courrier de Bayonne des 1er et 25 septembre 1855).


- Publicité pour l'atelier Moreno parue dans Le Courrier de Bayonne du 1er septembre 1855,
 Médiathèque de Bayonne - Patrimoine.



A l'approche des étrennes, c'est dans L'Indicateur bordelais qu'il annonce, les 13 et 25 décembre 1855, la "Nouvelle invention de portraits sur toile".


- Publicité pour l'atelier Moreno parue dans L'Indicateur (Bordeaux) du 13 au 25 décembre 1855, 
Paris, BnF (Gallica).



Sans l'avoir annoncé, Mariano Moreno cède cependant ses ateliers bordelais, au début de l'année 1856, au photographe Charles Razimbaud (1808-1884) (voir, ici).

Aucune des épreuves (portraits et vues) réalisées par Mariano Moreno au cours de ces six années d'activité bordelaise et bayonnaise (daguerréotypes, cartes de visite, stéréoscopies photographies sur papier, sur verre et sur toile), ne semble parvenue jusqu'à nous ou, tout du moins n'est connue et consultable (voir l'étiquette en tête d'article).

C'est à Bayonne que le photographe va désormais ouvrir un établissement pérenne. 

Sa fille, Carlotta/Charlotte "Fabre-Moréno", reste à Bordeaux, domiciliée chez ses beaux-parents, rue Saint-Laurent, 21, avec son époux Numa Fabre et leurs deux enfants, Albert Marie Fabre (né le 11 mai 1855) et Joséphine Elisabeth Fabre, dite "Pepita" (née le 1er mai 1856), comme en témoigne le recensement de la ville de 1861.


1856-1859

Mariano Moreno arrive à Bayonne en avril 1856 (Le Courrier de Bayonne du 16 avril 1856). 

Il opère peut-être, tout d'abord, dans un local provisoire, en l'attente que les "importants travaux" de ses nouveaux ateliers "installés à grands frais" soient terminés à l'adresse de la rue Lormand, 19, qu'il a occupée l'année précédente (Le Messager de Bayonne des 17, 19 juin et 1er juillet 1856).

C'est à Zorno(t)za (Biscaye, Pays basque, nord-ouest de l'Espagne), que le 4 octobre 1856, l'arrivée, par la diligence du Nord, de "M. Moreno, photographe espagnol" est signalée.

Il accompagne notamment Auguste Louis Couvrechef (1827-1857), l'architecte qui a édifié la Villa Eugénie de Biarritz et c'est probablement dans cette ville qu'il a fait sa connaissance.

"MM. Couvrechef et Joly, architectes de la Couronne, sont chargés par l'Empereur des Français de visiter le château d'Arteaga et la tour de Montalvan, propriétés de l'Impératrice Eugénie ; de lever le plan des lieux, de mesurer les dépendances et de dresser les projets de grands travaux à y exécuter. 

Le jour même, ces messieurs se sont rendus à Arteaga pour procéder à ces opérations. Outre les plans, ils ont pris plusieurs vues photographiques de ces lieux pittoresques, qui permettront à l'Empereur de s'en faire l'idée la plus exacte" (de nombreux journaux espagnols relatent cette mission mais également Le Mémorial des Pyrénées du 11 octobre 1856 et L e Messager du Midi du 15 octobre 1856).

Napoléon III souhaite faire restaurer ce domaine qui a abrité les ancêtres de l'Impératrice Eugénie de Montijo (née à Grenade, Espagne), et y venir avec elle en villégiature depuis leur palais de Biarritz, en empruntant le canal de Guernica. 

Deux ou trois jours plus tard, la voiture, qui conduit MM. Moreno, Couvrechef et Joly en direction de Bilbao, a un accident et se renverse mais ces derniers s'en tirent avec de fortes contusions ; ils retournent à pied à Zorno(t)za avant de reprendre la route de Bilbao où ils arrivent le 8 octobre (Le Pays du 18 octobre 1856).

De retour à Bayonne, Mariano fait paraître en décembre 1856, comme à son habitude, des publicités à l'occasion des fêtes de fin d'année (Le Courrier de Bayonne des 20 et 24 décembre 1856 ; Le Messager de Bayonne des 20, 21, 23 et 31 décembre 1856).

Il renouvelle cette même opération publicitaire, avec rabais, l'année suivante (Le Courrier de Bayonne des 23, 27 et 30 décembre 1857).


 - Publicité pour l'atelier Moreno, parue dans Le Courrier de Bayonne des 23, 27 et 30 décembre 1857,
Médiathèque de Bayonne, Patrimoine.



Mariano a formé son fils, adolescent, à la photographie et ce dernier travaille désormais avec lui et sa nouvelle épouse, comme en témoigne ce rare article de mars 1858 :

"M. Moreno est connu depuis plus de dix ans à Bayonne [estimation très approximative], par les nombreux succès qu'il y a obtenus chaque année, à l'époque de la belle saison, et ce n'est qu'après y avoir acquis de nombreuses sympathies qu'il s'est décidé depuis deux ans à y fixer sa résidence.

Nous n'ignorons pas que M. Moreno a donné, à Bordeaux une grande impulsion à la photographie, et qu'il était un des principaux et plus anciens artistes de cette villle ; aussi, ne voulant rien perdre de sa vieille réputation, n'a-t il rien négligé pour donner aux locaux affectés. soit à la réception des étrangers, soit aux manipulations, soit à la pose surtout les meilleures dispositions.

En notre qualité d'amateur photographe, nous avons pu suivre les travaux de M. Moreno, et nous avons vu successivement sortir de ses mains des épreuves qui ne laissent rien à desirer. Il est vrai que Mme. Moreno et M., Moreno. fils prêtent à leur habile directeur un concours intelligent et bien précieux. De nombreux témoignages ne nous manqueraient pas pour donner à cette réunion d'artistes les éloges inérités par chacun d'eux.

Les portraits à la mode et que l'on fait journellement dans les ateliers de M. Moreno, ce sont les portraits sur verre et sur tissus imperméables, peints à la miniature, que l'on peut livrer séance tenante. Il n'en est pas de même des portraits sur papier, dont l'exécution demande presque toujours des délais qu'on ne peut pas prévoir. Nous ne sommes donc pas étonné de voir la préférence qu'obtiennent les premiers.

M. Moreno a reproduit avec succès les vues des châteaux de Biarritz et d'Arteaga, et celles du château de Grammont, aux environs de Bayonne, de Biarritz, etc qui lui ont été demandées, et lui ont valu des félicitations particulières" (Le Messager de Bayonne du 4 mars 1858).

En août 1858, il installe sur plusieurs points de la ville, des tableaux d'exposition de vues et portraits qui attirent des groupes de curieux et sont très appréciés. 

"Les portraits sont variés dans leurs dimensions et dans leurs genres ; mais depuis les plus microscopiques à ceux qui se rapprochent de la grandeur naturelle, tous sont frappants de ressemblance (...), les lumières sont ménagées avec goût et les demi-teintes modelées (...), toutes ces épreuves sont nettes et riches en détails (...), la savante dispostion de la lumière et du modèle (...) ; il n'y a pas dans ses épreuves reproduction mécanique pure et simple ; il y a création, il y a poésie" (Le Courrier de Bayonne du 6 août 1858).

Quelques jours plus tard, l'atelier fait paraître une publicité détaillant ses offres, les tarifs de ses portraits sur différents supports mais aussi ses formations et ventes d'accessoires (Le Courrier de Bayonne du 15 août 1858).


- Publicité de l'atelier Moreno, parue dans Le Courrier de Bayonne du 15 août 1858,
 Médiathèque de Bayonne, Patrimoine.



Le 28 avril 1859, dans une lettre à ses élèves publiée dans Le Messager de Bayonne, Mariano Moreno critique fortement la pratique photographique de son confrère Vidal, lui reprochant tout à la fois ses publicités, son faux "Procédé-Vidal", ses couleurs éphémères sur verre et ses prix bas. 

Ce dernier use à deux reprises de son droit de réponse, et reproche à Mariano Moreno [y Aleman] son manque d'acceptation de la concurrence et le jaunissement de ses couleurs ; il termine par la formule suivante, non dénuée d'humour : "Quoique Espagnol, vous avez tout l'air de me charcher une querelle d'Allemand" (Le Messager de Bayonne des 28 avril et 3 mai 1859).

Une nouvelle publicité pour l'atelier de M. et Mme Moreno paraît en août et septembre 1859, évoquant à nouveau la succursale de Biarritz, cette fois dans le nouveau Casino, mais sans que l'on puisse savoir si cette succursale est tenue chaque année (Le Messager de Bayonne du 2 août au 1er septembre 1859).


- Publicité de l'atelier Moreno, parue dans Le Messager de Bayonne du 2 août au 1er septembre 1858,
 Médiathèque de Bayonne, Patrimoine.



1860-1867

En 1860 et 1861, peu de traces de l'activité de l'atelier Moreno ont été retrouvées. Fin 1860, Mariano Moreno renouvelle cependant sa publicité et son rabais consenti pour les fêtes (Le Messager de Bayonne des 9 et 14 décembre 1860).

En août 1862, un photographe amateur, de passage à Bayonne, adresse au Courrier de Bayonne, une lettre félicitant M. Moreno pour ses portraits "très supérieurs et d'une finesse exquise, tels qu'on les faits dans la capitale, tels qu'on les voyait à la magnifique exposition de Londres il y a peu de jours encore". 

Il souhaite également connaître ses secrets "pour diriger ses lumières toujours parfaites et toujours variées (...), ainsi que les virages auxquels il soumet ses épreuves (...) pour obtenir (....) cette vigueur et cette chaleur de ton" (Le Courrier de Bayonne du 8 août 1862).

Quelques jours plus tard, une publicité fait savoir que les ateliers Moreno ont été rénovés et agrandis : "M. Moreno ayant donné cette année une grande extension à ses ateliers de photographie, il s'est décidé à ne pas quitter Bayonne cet été, comme les années précédentes" (Le Courrier de Bayonne des 15, 20 août et 14 septembre 1862).

Cela indique qu'après avoir quitté chaque été Bordeaux pour Bayonne, de 1851 à 1855, il a ensuite quitté, de la même façon, Bayonne pour une autre localité, entre 1856 et 1861. Cette destination n'est ni citée ni identifiée, même si l'on peut envisager qu'il retourne à Bordeaux pour réunir ses enfants et voir ses petits-enfants, ou bien qu'il se rend dans sa succursale de Biarritz.

Début 1863, Mariano obtient le titre de "représentant de l'ordre Impérial de la Légion d'honneurpour les deux départements des Basses-Pyrénées et des Landes (Le Courrier de Bayonne des 15 avril et 13 mai 1863 ; Le Messager de Bayonne des 29 et 30 avril 1863). 

Fin 1861, ce titre avait été attribué, dans un premier temps, au peintre et photographe Léon Subercaze (1826-1888), installé à Pau (voir, ici).


- Publicité pour l'atelier Moreno, parue dans Le Courrier de Bayonne des 15 avril et 13 mai 1863, 
Médiathèque de Bayonne, Patrimoine.

Il est à noter que la mention, "Brevet d'Invention S.G.D.G." (Sans Garantie du Gouvernement), ne renvoie pas à un éventuel dépôt de brevet de 15 ans par Mariano Moreno mais à celui de M. Davons, effectué à Paris le 17 juillet 1861, pour la "Collection photographique ornée de dessins spéciaux dite Panthéon de l'Ordre Impérial de la légion d'honneur".



Comme par le passé, Mariano fait des "rabais très considérables sur le prix de ses portraits" à la fin de l'année 1863 mais il offre également, pour un tiers des portraits-cartes commandés, la colorisation gratuite, exécutée "par un artiste spécial attaché à son établissement" (non dénommé) (Le Courrier de Bayonne du 4 décembre 1863).

Comme dans ses publicités, le Guide de l'Etranger à Bayonne et aux environs, daté de 1864 (p. 75), rappelle d'ailleurs que, "Moreno, photographe, rue Lormand, représente à Bayonne le Panthéon de la Légion d'Honneur, il est aussi photographe de la Société de photosculpture de France" (initiée à Paris en 1863).

La même année, le photographe souscrit à l'organisation de l'Exposition Internationale Franco-Espagnole agricole, industrielle et artistique, placée sous le patronage de l'Empereur, qui a lieu à Bayonne pendant l'été 1864 mais il ne semble pas y exposer (Catalogue de l'Exposition, 1864 p. XIII ; Ernest Lacan, "La Photographie dans le Midi de la France", dans, Le Moniteur de la Photographie du 15 octobre 1864 p. 2).

En août 1865, Mariano propose à nouveau les vues qu'il a lui-même réalisées à Bayonne et dans ses environs mais il diffuse également des vues de Madrid, du Mexique, des portraits de l'Assemblée des représentants des Etat-Unis et "exécute le portrait carte dit carte siamoise ou à double pose variée" (Le Courrier de Bayonne du 27 août 1865).

En 1865, sa fille participe dans cette ville au concert du 26 janvier puis à ceux des 29 novembre, 14 et 23 décembre (Le Courrier de Bayonne des 29 octobre, 1er novembre, 15 et 27 décembre 1865 ; Le Grelot du 14 décembre 1865).

Le journal du 1er novembre 1865, qui fait le compte-rendu du concert du 29 octobre, indique cependant que "Mlle Moreno, âgée de seize ans à peine, tenait le piano"

Que Charlotte Fabre-Moreno puisse être encore désignée ainsi peut se concevoir mais qu'elle ait 16 ans pose question car elle a 37 ans à cette date ! Cet âge ne peut pas s'appliquer davantage à la fille de Charlotte, Joséphine Elisabeth Fabre, qui a alors 9 ans.

Il ne peut donc s'agir que de la fille cadette de Mariano Moreno, également pianiste, née vers 1849 de son union avec Marie-Anne Oyarzabal.

Cependant, l'absence des noms de la famille Moreno des registres des deux recensements de Bordeaux (effectués en 1851 et 1856) et la non-conservation des registres de recensement de Bayonne (effectués en 1861 et 1866), ne permettent pas de confirmer cette hypothèse. 

C'est également en 1865, au plus tard (entre 1861 et 1865), que le fils de Mariano, Eduardo Moreno, retourne vivre à Bordeaux, auprès de sa soeur, de son beau-frère et de leurs enfants pour y ouvrir son propre établissement de photographie. Il est cité, avec eux, dans le recensement de Bordeaux de 1866, en tant que, "célibataire, âgé de 25 ans, photographe", vivant à l'adresse du cours du XXX Juillet, 2. Cette adresse, semblable à celle de l'ancien atelier bordelais de son père (cours du XXX juillet, 8), n'est cependant pas située dans la même maison.

L'atelier bayonnais de Mariano Moreno reste, pour sa part, signalé dans l'Annuaire-almanach du Commerce, de l'industrie, de la magistrature et de l'administrationjusqu'à celui de l'année 1866 (les annuaires des trois années suivantes ne sont pas conservés) et dans ses publicités de fin d'année (Le Courrier de Bayonne des 19 décembre et 6 janvier 1867).

Après avoir visité l'Exposition Universelle de Paris de 1867 (1er avril-3 novembre), Mariano propose, dès fin juillet 1867, à Bayonne, un rabais intéressant sur les portraits destinés à la carte d'abonnement de cette Exposition (Le Courrier de Bayonne du 26 juin au 7 août 1867).

Les cartes de visite conservées des ateliers bayonnais de Mariano Moreno offrent uniquement des portraits (aucune vue) et affichent les inscriptions suivantes :

- au recto, "Moreno, Phot."et au verso, "Moreno, - Photographe - 19, rue Lormand - Bayonne" (avant 1863),

- au recto, "Mr et mme Moreno", et au verso, "Moreno, - Photographe - 19, rue Lormand, 19 - Bayonne - (dessin de la médaille de la Légion d'honneur) - seul représentant de l'ordre Impérial - de la Légion d'honneur pour les Départements (textes concaves) - Des Basses-Pyrénées et des Landes" (à partir de 1863 - une carte de visite est datée de "novembre 1863" et une autre de "septembre 1864")


- Verso de cartes de visite de l'atelier Moreno à Bayonne.



Épilogue

Fin 1867, "M. et Mme Moreno" cèdent leur atelier de la rue Lormand, 19, à leur opérateur, Alphonse Delaunet (1845-1916).

Ce dernier leur succède, à cette même adresse, dès son mariage de janvier 1868, ainsi qu'il l'annonce dans Le Courrier de Bayonne du 9 février 1868 (Note 4).

Le couple Moreno reste vivre dans la maison, comme l'atteste l'acte de décès de Mariano à Bayonne, le 11 mai 1869, âgé de 69 ans.

Son fils Eduardo Moreno (1840-1899) quitte, pour sa part Bordeaux, vers 1870-71 pour continuer sa carrière au Pays basque espagnol (Vitoria, Donostia) (Note 2).



ADRESSES DES ATELIERS DE MARIANO MORENO


- Détail du Plan de Ville de Bordeaux (du début du XIX° siècle) réduit sur le grand plan,  levé par Messieurs Pierrugues et D. Béro, et écrit par Abel Malo, revu et corrigé en 1853, Paris, BnF (Gallica).

Quartier du Grand-Théâtre où se sont succédés les différents ateliers de Mariano Moreno,
 place de la Comédie puis allée(s) de Tourny et rue Mautrec,
avec ensuite l'ajout du cours du XXX Juillet
(atuelle partie de la place de la Comédie bordée par la rue Esprit des Lois),


BORDEAUX

- 1850 : place de la Comédie, 2, au second, associé à Jean Rovère

- 1851 : place de la Comédie, 2, au second (seul)

- fin 1851-fin 1853 : allées - ou cours - de Tourny, 2 avec entrée rue Mautrec, 3

- fin 1853- début 1856 : rue Mautrec, 3 et cours du XXX Juillet, 8



- Détail du Plan de la Ville de Bayonne, publié par A. Andreossy, sans date et inversé nord-sud,
Paris, BnF (Gaiica).
 
Quartier de l'Hôtel-de-Ville-Théâtre où se sont succédés les différents ateliers de Mariano Moreno,
arceaux du Port-Neuf, rue du Gouvernement (actuellle rue Thiers), 
ancienne place d'Armes (actuel Jardin public entre l'avenue du Maréchal Leclerc et l'avenue Léon Bonnat),
 rue Lormand et place de la Liberté (ou Gram(m)ont).


BAYONNE

- printemps et été 1851 : arceaux du Port-Neuf, au-dessus du Café Américain (place de la Liberté, 2)

- été 1852 : place de la Liberté, au-dessus du Café Américain (même adresse d'angle que la précente)

- été 1853 : à la même adresse (?)

- été 1854 : arceaux du Port-Neuf, 41, maison Montespan puis Café Ducassou, place de la Liberté (même adresse d'angle ?)

- printemps et été 1855 : rue du Gouvernement, 7 ou ancienne place d'Armes, 7, en face l'hôtel St-Etienne (même adresse d'angle) puis rue Lormand, 19

- printemps 1856-automne 1867 : rue Lormand, 19


BIARRITZ

- succursale au Casino de Biarritz, citée en 1855 (ancien Casino), 1859 et 1865 (nouveau Casino)



BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE SOMMAIRES



(1) Sur les photographes Mariano et Eduardo Moreno, à Bordeaux (Gironde), Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) et Vitoria (Pays basque espagnol) :

- José Maria Tuduri Esnal, Argaziak - Tolosa, Fotografias (1842-1900), Donostia/San Sebastiàn, 1992. 

Les éléments de cet ouvrage ont été repris dans : Juantxo Egaña, "Naissance de la Photographie au Pays Basque", sur le site Euskonews (ici), et, Enrique Ayerbe Echebarria, Artes aplicadas, 2005, vol. 3 p 98. 

Je remercie M. Jacques Battesti, Attaché de Conservation au Musée Basque et de l'histoire de Bayonne, de m'avoir signalé ces références.

- Pierre Bardou, Photographes en Gironde, Conseil Général de la Gironde/L'Horison chimérique, 1993, pp. 29, 37, 60 et 312.

- Jean-Marie Voignier, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993, p. 188.

- Juan Ibasque, Fotógrafos pioneros en Vitoria-Gasteiz. 2. Onís, Moreno, Salinas y sucesores: la primera foto de exterior de Vitoria y las primeras filmaciones de cine en España.

- Jon Letamendi et Jean-Claude Seguin, Los Orígenes del cine en Álava y sus pioneros 1896-1897, San Sebastián: Filmoteca Vasca, 1997.

- Juan Ibasque, "Buzon de fotos de Eduardo de Moreno de Lucas Nadal", sur son blog, Historias de Victoria-Gasteiz, février 2021 (ici).


(2)- Jean-Claude Seguin, "Eduardo Moreno (Murcie,1840-Vitoria, 1899)" et son père Marciano, en ligne sur le site du Groupe de Réflexion sur l'Image dans le Monde Hispanique (GRIMH, ici).

Je remercie Jean-Claude Seguin pour nos échanges.


(3)- Sur le photographe "Moreno" de Nantes :

- Jean-Marie Voignier, Répertoire des Photographes de France au Dix-Neuvième Siècle, Le Pont de Pierre, 1993, p. 188.

- "Daguerréotypeurs et photographes à Nantes (1839-1859)-4", décembre 2024, sur ce blog ArtPlastoc, (ici).


(4)- Sur Alphonse Delaunet :

- Hervé Lestang, "Alphonse Delaunet", sur son site, Portrait Sépia (ici).