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UN ARTICLE ÉCRIT EN COLLABORATION AVEC DIDIER GAYRAUD
DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 27/10/2023
LE PORT (1835-1870)
L'aspect de la rade de Cannes à la fin du XVIII° siècle et au début du XIX° siècle est connu par quelques dessins et estampes (voir notamment : Archives Municipales de Cannes [AMC], 10O6 et 31S3 ; Archives Départementales des Alpes-Maritimes [AD06 ], 47FI 1852 ; British Museum, 2010,70001.1 ; 1926,0331.52 ; 1885,0509.1624 ; 1982,U.394).
En 1835, la ville de Cannes (Var, environ 4.000 habitants) ne possède qu'un "port miniature" (Valérie Boissier de Gasparin, Voyage d'une ignorante dans le Midi de la France et de l'Italie, 1835, vol. 1 p 118) (Image 1).
1- ROUARGUE Frères, Emile [c.1795-1865] et Adolphe [1810-1884], Cannes, détail, vers 1830-1838, estampe extraite de l'ouvrage d'Aristide GUILBERT, Histoire des Villes de France, Tome Premier, Paris, Furne et Cie, Perrotin, H. Fournier, 1844 p 656 bis (London, British Museum, 1982,U.394).
Dans les années suivantes, la population de la ville va considérablement augmenter, du fait de la présence de Lord Brougham puis des autres hivernants anglais. C'est Lord Brougham qui va notamment soutenir le projet d'aménagement du port, attendu depuis des décennies.
L'Etat affecte, le 19 juillet 1837, une somme de 900.000 fr à l'établissement d'un môle et d'un mur de quai au port de Cannes (Recueil Général des Lois et des Décrets, 2ème série, 1831-1848, 1837 p 373).
Les travaux débutent le 5 juin 1838. Le môle semble terminé en 1839 (M. Minard, Cours de Construction des ouvrages hydrauliques des Ports de Mer, Liège, 1852 pp 11, 42, 148 et fig. 94 pl. IX).
Les travaux sont considérables et vont durer encore trois années pour transformer le rivage, formé d'un étagement de rochers, en un quai rectiligne et plat, gagné sur la mer.
Le 6 juillet 1840, l'Etat alloue une somme complémentaire de 240.000 fr. Les travaux s'achèvent en 1842. "Ce môle a pour objet de couvrir le port contre les vents au sud-ouest ; il prend naissance aux récifs de la pointe Saint-Pierre, se dirige au sud-est, sur une longueur de 150 mètres, et vient aboutir en un point où la mer présente une profondeur de 9 mètres. Par suite de cette disposition, les bâtiments de l'Etat pourront, au besoin, trouver un abri derrière le môle. Le projet approuvé comprend, en outre, la construction d'un mur de quai de 200 mètres de longueur et de 20 mètres de largeur entre l'origine du môle et la ville" (Ministère des Travaux Publics, Situation des Travaux au 31 décembre 1842, Paris, avril 1843 pp 452-453).
En 1845, le port accueille désormais deux fois plus de navires qu'en 1835 (Le Courrier de Marseille du 18 janvier 1848 p 4).
Le port dessert tout l'arrondissement de Grasse et expédie à Marseille des anchois et sardines salées, huiles, parfumeries, figues sèches, oranges et savons (bleus, pâles et blancs) mais également de la poterie, des bois de construction et du sumac (épice) (Dictionnaire du Commerce et des Marchandises, Paris, 1852, TII pp 1474 et 2206 ; Annuaire-Almanach Didot-Bottin, Paris, 1857 p 2066 ; Dictionnaire Universel théorique et pratique du Commerce et de la Navigation, TI, A-G, Paris, 1859 p 505).
Le quai adopte, dès les années 1840, l'appellation dévolue à la pointe Saint-Pierre, "quai Saint-Pierre", même si ce nom n'est officiellement adopté qu'en 1852 (Conseil municipal du 19 septembre 1852). L'appellation "quai du Port" va cependant lui faire concurrence pendant plusieurs décennies.
En mai et juin 1849, les terrains bordant le quai sont vendus aux enchères et des maisons et entrepôts s'y construisent (MACÉ A., "Ephémérides cannoises ou Cannes pendant vingt ans (1850-1870)", dans, Mémoires de la Société des Sciences Naturelles, des Lettres et Beaux-Arts de Cannes et de l'Arrondissement de Grasse, 1868-1873, T II, 1870 pp 253-254).
Un dessin de James Charles Harris (1830-1904), exécuté en septembre 1851, montre déjà la ligne de bâtiments du quai grandement constituée (Judit Kiraly, "Le consul Sir James Charles Harris (1830-1904) - Un homme de la Renaissance au XIX° siècle", dans, Nice Historique, "Les Peintres Anglais de la Riviera", 2014 p 248).
Le seul bâtiment existant à l'extrémité sud de ce promontoire rocheux était, jusqu'aux années 1840, l'ancienne chapelle Saint-Pierre accostée au nord-est de sa haute tour-clocher carrée (Images 1 et 3) ; cette ancienne chapelle des Pénitents bleus (construite en 1575) a été, après la Révolution française, convertie d'abord en grange puis en maison (elle sera démolie dans les années 1880 - la date de 1882 habituellement retenue pour cette démolition reste cependant à confirmer).
L'Avenir de Nice du 13 mai 1853 révèle que "le port de Cannes, dont la principale jetée a été et est encore l'objet de travaux importants, va recevoir une amélioration, désirée depuis longtemps : il s'agit de la construction d'un fanal sur le môle et d'un parapet sur le mur d'abri, dont la dépense est estimée 14.786 fr. et 49 c. L'adjudication de ces travaux aura lieu à l'hôtel de Préfecture à Draguignan le 28 mai".
Le phare de 10 m de haut n'est mis en service sur le musoir (extrémité) du môle qu'en 1854 (Alexandre Le Gras, Phare des Mers du Globe, Paris, 1856 p 14). On y accède par des escaliers, équipés fin 1856, d'un garde-fou (Conseil municipal du 9 novembre 1856). Il possède un feu fixe de quatrième ordre et de 18 km de portée.
En 1857, une communication est établie entre l'extrémité sud du quai Saint-Pierre et la Route impériale n° 97 (parallèle), par l'intermédiaire de rue de la Rampe (AMC - 1D15 ; Conseil municipal du 8 février 1857), grâce à une montée d'escaliers établie dans les rochers.
Dans ses Notices sur Hyères et Cannes, Edwin Lee écrit en 1857 (p 50) : "La population de Cannes s'élève à 5.000 âmes [5.860 en 1856]. Le plus grand nombre des habitants sont des boutiquiers, des cultivateurs et des pêcheurs (...). Le port est commode et pourrait contenir d'assez grands vaisseaux, quoiqu'il n'y ait ordinairement que quelques bateaux de commerce, des barques de pêcheurs et l'un des bateaux à vapeur (la Marie et le Var) qui fait le trajet en douze heures à Marseille, portant les produits du sol, et des marchandises".
Si Napoléon Roussel, en 1859, constate également cette tranquillité portuaire (De ma fenêtre, 1859 p 15), Amable Voïart Tastu, en 1862, note que le "service des bateaux à vapeur (...), le cabotage, la petite pêche et quelques jolis yachts donnent une certaine animation au port" mais ajoute que le "môle doit être allongé ; car sa protection, dans son état actuel, est tout à fait insuffisante par les gros temps" (Voyage en France, 1862 p 128).
Le mouvement de navigation de Cannes (Alpes-Maritimes, environ 7.300 habitants en 1861, 9.600 en 1866, 10.150 en 1872) y compris le cabotage, atteint 27.000 tonneaux en 1861 et dépasse 36.000 tonneaux en 1866 (Elisée Reclus, Les Villes d'Hiver de la Méditerranée et les Alpes-Maritimes, Paris, 1864 p 111 et 1870 p 41).
LE QUAI SAINT-PIERRE (1860-1870)
L'aspect du port est révélé par des dessins, tableaux et photographies montrant tout ou partie du golfe avec le Mont-Chevalier, le quai Saint-Pierre, le môle et son phare. Ces photographies sont notamment celles de Charles Nègre, Joseph Contini, Charles Paul Furne & Henri Alexis Omer Tournier, Jean Andrieu, Jean Walburg Debray, Jules Buisson et André Gasquet.
3 - CONTINI Joseph, Sans titre (Cannes, le Port), sans date (vers 1860), vue nord/ouest-sud/ouest, prise depuis l'observatoire de la Castre (terrasse au sommet du Mont-Chevalier), montrant l'extrémité sud du quai Saint-Pierre avec la maison carrée, la chapelle Saint-Pierre et le môle du phare surmonté d'un parapet au sud et ceint d'un cordon d'enrochement au sud et à l'est ; un nouveau bâtiment va être construit près de la maison carrée dans l'année suivante, tirage albuminé de 28x36 cm, deuxième vue de l'album, Cannes, Paris, BnF (voir l'album sur Gallica). Les Archives Municipales de Cannes en conservent également un tirage (9Fi843). |
Dans les photographies des années 1858-1861, le môle apparaît pourvu de son phare (Image 3 ) et le quai est bordé d'une vingtaine de maisons. Ces dernières ont été érigées pour la plupart entre 1849 et 1856 puis entre 1857 et 1861 pour les constructions les plus au sud (estampe de 1854 - AMC - 3Fi8 ; estampe de 1858 - AMC - 3Fi108 ; lavis de mai 1859- AD06 - 10FI 0387). Leur alignement est interrompu au sud (entre les n° 15 et 16) par la place Massuque (Image en tête d'article).
Dans le recensement de 1851, les maisons ne sont pas discernables dans les rues du port car le quai Saint-Pierre n'y est pas encore nommé. Les quelques habitants au nom repérable occupent, à cette date, une adresse qu'il est difficile d'identifier comme leur ancienne adresse du port ou leur nouvelle adresse du quai. De plus, il n'y a pas de recensement consultable entre 1851 et 1861 qui aurait pu permettre de préciser la chronologie des constructions qui se sont étalées sur cette période.
4 - CONTINI Joseph, Sans titre (Cannes, le Port et le Mont-Chevalier), sans date (vers 1860), vue sud/est-nord-ouest, prise depuis le môle, montrant l'extrémité sud du quai Saint-Pierre, avec, près de la maison carrée (avec guérite), une maison en construction, tirage albuminé de 28x36 cm, troisième vue de l'album, Cannes, Paris, BnF (voir l'album sur Gallica). |
A proximité du môle, un bâtiment carré de deux niveaux précédé d'un guérite puis une petite maison d'un seul niveau sont présentes tout au bord du quai (tout à gauche de l'Image 4). Ce sont deux des trois bâtiments de l'Etat qui apparaissent déjà sur un plan daté du 1er janvier 1842 (AD06 - 01FI 0246/04) et qui ne seront démolis qu'en 1912.
La maison carrée est dite, en 1865, affectée aux services des ponts et chaussées (bureaux) et du gardien du phare (logement) (Revue de Cannes du 4 mars 1865 p 1). Elle sera par la suite dénommée la "Maison du Port" sur le Plan de Cannes de 1871 (AMC - 1Fi105) puis 'Capitaine de Port" sur un plan de 1885 (Collection privée).
La petite maison qui l'accoste semble pour sa part un local au nom illisible sur le Plan de 1871 mais affecté aux Domaines sur le Plan de de 1884 (AMC - 1Fi237) et flanquée de la mention "Douane" sur un plan de 1885 (Collection privée).
Le Bureau des Douanes est quant-à-lui cité, en 1865, au n° 17, quai Saint-Pierre.
La photographie ci-dessus (Image 4) montre, vers 1860, une maison en construction ; celle-ci, de plan rectangulaire, viendra avec ses quatre niveaux terminer l'alignement du quai de son petit côté oriental (visible sur les Images 1 et 8).
La photographie ne montre pas cependant un bâtiment érigé encore plus au sud (visible sur les Images 1 et 8) mais en arrière de la maison carrée et en léger retrait de l'alignement, à proximité de l'ancienne chapelle Saint-Pierre et à l'intersection du quai Saint-Pierre et du boulevard Malakoff (renommé boulevard du Midi en septembre 1866). Il s'agit d'un bâtiment de trois niveaux, érigé entre 1852 et 1859, nommé Caserne des Douanes sur le plan de 1871 (AMC - 1Fi105).
Les maisons du quai Saint-Pierre, précédées d'un trottoir, sont généralement élevées sur quatre niveaux (de un à cinq), percées de grands porches à leur base et couvertes d'un toit de tuiles à deux pentes. Elles portent alternativement des numéros impairs et pairs, du n°1 au nord, jusqu'au n° 19, 20 ou 22 au sud (selon les années).
Dans le recensement de 1861, il faut cependant noter l'attribution de deux numéros à la première maison nord : le n° 1 à son pignon donnant sur le Cours et le n°1 bis à sa façade orientale donnant sur le quai, les deux numéros fusionnant par la suite.
Inversement, la maison carrée où habite le "garde-phare", François Dromard (1817-1899), succède dans les recensements au n° 19 mais n'est pas numérotée en 1861, affiche le n° 22 en 1866 et le n° 12 traverse Saint-Pierre en 1872.
Enfin, un étage est ajouté sur les travées septentrionales de la maison située au sud de la place Massuque, au n° 16, vers 1867, et reçoit, sur son mur nord, la publicité peinte du photographe Jacques Bussi, "Photographie Bussi" (Image 8).
Des entrepôts s'échelonnent du nord au sud et des boutiques précédées de leurs grandes tentures, sont essentiellement présentes dans la partie nord du quai, près du Cours.
Le bord du quai, ponctué de bornes d'amarrage, est régulièrement encombré des marchandises prêtes à être chargées ou venant juste d'être déchargées des navires (Image 5 ci-dessous).
Les barques des pêcheurs sont pour leur part tirées sur la plage de la Marine (Image 7), amarrées à la partie nord du quai mais également le long du môle (Images 3 et 4).
LES PROFESSIONS DU QUAI SAINT-PIERRE (1860-1872)
Dans la période étudiée, un peu moins de 300 habitants sont recensés sur le quai (283 en 1861 ; 297 en 1872). Leurs professions sont notamment celles citées dans les documents suivants :
- 1859 : Girard Jean Baptiste, Cannes et ses environs, Guide historique et pittoresque, Paris, Cannes, Nice (appendice publicitaire)
- 1861 : Recensement de la Ville de Cannes ; Annuaire-Almanach Didot Bottin
- 1862, 1863, 1864 : Annuaire-Almanach Didot Bottin
- 1864 : Annuaire des Alpes-Maritimes (liste succincte de noms cités sans adresse)
- 1865 : Annuaire des Alpes-Maritimes ; Dr Lubanski, Guide aux Stations d'Hiver du Littoral Méditerranéen, Nice et Paris ; Revue de Cannes (publicités)
- 1866 : Recensement de la Ville de Cannes ; Revue de Cannes (publicités)
- 1868 : Revue de Cannes (publicités)
- 1869 : Léon Affairous, Indicateur des Alpes-Maritimes et de la Principauté de Monaco ; Dr Theodor Gsell-Fels & Berlepsch, Süd-Frankreich, Hildburghausen (avec des renseignements qui datent de 1866)
- 1871 : Tableau synoptique de la Ville de Cannes publié dans le Courrier de Cannes du 31 décembre
- 1872 : Tableau synoptique de la Ville de Cannes publié dans le Courrier de Cannes du 21 novembre ; Recensement de la Ville de Cannes de 1872.
Les recensements donnent une liste détaillée qui montre la grande diversité des professions exercées par les habitants du quai Saint-Pierre. On y remarque, comme dans d'autres rues de Cannes, la présence de nombreux douaniers, marins et pêcheurs en activité ou en retraite, de nombreux commerçants, employés, propriétaires et rentiers et des professionnels de la santé (médecins et pharmaciens). Le recensement de 1861 révèle spécifiquement la présence d'employés du chemin de fer engagés dans la construction de la ligne traversant Cannes.
Entre les documents cités, quelques différences sont à noter dans le temps (départs, arrivées, déplacements des habitants, orthographe des noms, choix des prénoms, numérotations des maisons) et quelques erreurs. Enfin, il faut préciser que certains habitants ont leur domicile quai Saint-Pierre mais leur commerce dans une autre rue ou inversement.
Voici une sélection synthétique des professions.
- Bazars
Antoine Perrier, tapissier-décorateur, ameublement et literie, quai Saint-Pierre, 3 (1859) (1861) ; Antoine Perrier, Bazar du Siècle, quincaillerie, parfumerie, jouets d'enfants et papiers peints (1863) ; Antoine Perrier, Bazar du Siècle, quai Saint-Pierre, 4 (1865)
- Boulangers
Marcellin Chabrier, Maître boulanger, quai saint-Pierre, 17 (1866)
Auguste Albran, quai Saint-Pierre (1871) (1872)
Broderie et Lingerie
Giraud, quai Saint-Pierre, 4 (1868) (1869) (1871) (1872)
- Cafés
Veuve Fontaine, Café des Arts, quai Saint-Pierre, 3 (1865) ; Louise Reboul Veuve Fontaine, Café des Arts, quai Saint-Pierre, 3 (1866) ; Café des Arts (1871) (1872)
Etienne Cresp, cafetier, quai Saint-Pierre, 7 (1861)
Café du Commerce, quai Saint-Pierre (1865)
Jean François Maure, Café de la Marine, quai Saint-Pierre, 10 (1865)
Amable Sicard, cafetier, quai Saint-Pierre, 7 (1866)
Louis Testory, cafetier, quai Saint-Pierre, 3 (1872)
Calixte Jauffret, Café Jauffret, quai Saint-Pierre, 19 (1872)
- Chapeliers
Joseph Girard, quai Saint-Pierre, 1 bis (1861)
Silvain Darmin, quai Saint-Pierre, 1 (1871) (1872)
- Chaux et ciment
Escoffier, quai Saint-Pierre, 17 (1871) (1872)
- Comestibles
Clément Laurent, quai Saint-Pierre, 4 (magasin) et quai Saint-Pierre, 9 (domicile) (1871) (1872)
- Commissionnaires de roulage (transport de marchandises)
François Bertrand, quai Saint-Pierre, 19 (1861) (1865)
- Cordiers
Félix Martel, quai Saint-Pierre, 1 (1861) ; Félix Martel, Corderie (Liquoriste et Tabac), quai Saint-Pierre, 1 (1865)
- Douanes Impériales puis Octroi
Bureaux, quai Saint-Pierre, 17 (1865) ; Octroi central, quai Saint-Pierre (1871) (1872)
- Epiceries, denrées coloniales
[Raymond Escarras, négociant (épicier ?), quai Saint-Pierre, 12 (1861)] ;
Escarras-Maillan, Cannes (1864) ; Escarras-Maillan Frères (Paul et Honoré Escarras et leur mère Jeanne Marie Maillan, veuve Escarras), quai Saint-Pierre, 2 (1865) ; Paul et Honoré Escarras et Jeanne Maillan veuve Escarras, négociants, quai Saint-Pierre, 2 (1866) ; Honoré Escarras et Jeanne Maillan, négociants, quai Saint-Pierre, 2 (1871) (1872)
Modeste Jauffret, femme Dromard (le garde-phare), épicière, quai Saint-Pierre (sans numéro mais après le 19) (1861)
- Expédition, commission et transit (marchandises)
A. Descamps, Pons et Fils (Cannes, Cette et Marseille), quai Saint-Pierre, 20 (1859)
- Huile (marchands d')
[Jean Baptiste Aune, propriétaire, quai Saint-Pierre (sans numéro mais après le 19) (1861)] ; Jean Baptiste Aune, quai Saint-Pierre (1865)
- Librairie - Lithographie - Papeterie
Jules Joseph Sage, libraire (son brevet est transféré d'Antibes à Cannes en décembre 1863) et lithographe, quai Saint-Pierre (1865) (guide allemand de 1869 mais avec des renseignements anciens)
- Marchands/Commerçants (sans précision)
Antoine Mounier (parfumeur ?), quai Saint-Pierre (1872)
Henri Roger, quai Saint-Pierre (1872)
Joseph Violet, quai Saint-Pierre, 6 (1872)
- Médecins, Chirurgiens
Joseph Cassien Sève, médecin des hôpitaux civil et militaire et des épidémies pour l'arrondissement, quai Saint-Pierre, 4 (1859) ; Joseph Cassien Sève, quai Saint-Pierre (1861-1864) ; Joseph Cassien Sève, quai Saint-Pierre, 8 (1865) (1866) [cité quai Saint-Pierre, 8 dans un guide allemand de 1869, sur la base de renseignements plus anciens, ; le Dr Sève est en effet décédé en septembre 1866] ; auteur de la Notice Médicale de l'ouvrage du pharmacien Girard, Cannes et ses environs (1857 et 1859)
Charles Biernacki/Biernaski (Polonais), quai Saint-Pierre, 15 (1861) (1865) (1866) (1869) (1871) (1872)
Caire C., docteur médecin, quai Saint-Pierre (1869) ; médecin aux eaux de Plombières dans les Vosges, auteur de l'ouvrage Topographie médicale de Cannes, Nice (1869)
- Modes et lingerie
Melle Magagnosc [Marianne, avec sa sœur Julie], quai Saint-Pierre, 5 (1859) (1861) ; Magagnosc, Cannes (1864) ; Melle Marianne (dite Marie, Anne ou Annette) Magagnosc, quai Saint-Pierre, 5 (1865) (1866)
Melles Véronique et Augustine Flory, modistes, quai Saint-Pierre, 13 (1861) ; Véronique dite Véraine Flory, Augustine Flory et Léonie Vidal, modistes, quai Saint-Pierre, 13 (1866) ; Véronique Flory seule, profession non précisée, quai Saint-Pierre, 13 (1872)
- Musique et Pianos
Melle Coralie/Coraly Mugnier (violoniste virtuose et professeur d'accompagnement), Magasin E.-B. Mugnier, quai Saint-Pierre, 3 (1865) (1866) (1867) (1869) (1871) ; quai Saint-Pierre, 5, Ancienne Maison Pensoti (sic)(1868)
Charles dit Charly Pensotti, organiste de la cathédrale, professeur, quai Saint-Pierre, 8 (1859) (1861) ; Veuve Pensotti, quai Saint-Pierre, 5 (1865) (1866) (1867) (1871) (1872)
Pierre Salomone (italien), organiste, professeur, au quai Saint-Pierre, 2 (1872)
- Parapluies et ombrelles
Jean Tronche, quai Saint-Pierre, 9 (1872)
- Peintres (Artistes)
Joseph Contini, peintre, professeur et photographe, quai Saint-Pierre (1859) ; Joseph Contini, photographe [et peintre], quai Saint-Pierre, 5 (ou 4) (1861) ; peintre et photographe, Cannes (1864) ; peintre, quai Saint-Pierre, 16 (1868) (1871) (1872) [après s'être marié en 1863, il vit route de Fréjus, avant de revenir, entre avril 1867 et novembre 1868, s'installer quai Saint-Pierre]
Auguste Vincent, artiste peintre, quai Saint-Pierre, 19 (1866)
- Pharmaciens
Jean Baptiste Girard, pharmacien de l'Ecole Spéciale de Paris, quai Saint-Pierre, 5 (ou 4) (1861) ; Jean Baptiste Girard, quai Saint-Pierre, 4 (1865) (1866) (1872)
Marius Lafouge, pharmacien, quai Saint-Pierre, 4 (1866) (1869) ;
Girard et Lafouge, quai Saint-Pierre (1871) (1872) [mais Veuve Lafouge en 1872]
- Photographes
Joseph Contini (Italien), peintre, professeur et photographe, quai Saint-Pierre (1859) ; Joseph Contini, photographe [et peintre], quai Saint-Pierre, 5 (ou 4) (1861) ; photographe et peintre, Cannes (1864) ; peintre, quai Saint-Pierre, 16 (1871) (1872) [après s'être marié en 1863, il vit route de Fréjus, avant de revenir, entre avril 1867 et novembre 1868, s'installer quai Saint-Pierre]
Jacques Bussi, photographe, quai Saint-Pierre, 16 (1869) (1871) (1872)
- Quincaillerie
Jacques Gillette, quincaillier (Fourneaux et appareils de chauffage), quai Saint-Pierre, 19 (1861) (1865) (1866) (1869) (1871) (1872)
- Restaurants
Restaurant d'Angleterre (et chambres meublées), Maurice Christin, quai Saint-Pierre, 16 (1859) (1861)
Pierre Merle, restaurateur, quai Saint-Pierre, 16 (1866)
Restaurant de la Méditerranée, quai Saint-Pierre, 1 [16 ?] (1865)
Restaurant du Lion d'Or, quai Saint-Pierre (1865)
- Tabacs
Juilliet Paul Alexandre, Receveur Buraliste, 1bis (1861)
Félix Martel, quai Saint-Pierre, 1 (Corderie et Liquoriste) (1865)
- Tailleurs
Jean Mul, marchand tailleur, quai Saint-Pierre, 1 bis (Draps et tissus en laine) (1861) (1865) (1866) ; [Jean Mul, propriétaire, quai Saint-Pierre, 1 (1872)]
Michel Laty, tailleur, quai Saint-Pierre, 3 (1872)
Bernard Duprat, tailleur d'habits, quai Saint-Pierre, 5 (1861)
Michel Rippert, tailleur d'habits, quai Saint-Pierre, 5 (1861)
Claude Nigio, tailleurs d'habits, quai Saint-Pierre, 8 (1861) ; Claude Nigio, quai Saint-Pierre (1871) (1872)
Barthélémy Morandi, tailleur, quai Saint-Pierre, 4 (1872)
- Tapissiers
Botti, quai Saint-Pierre (1872)
- Tonneliers
Jean et Jacques Pellegrin (frères), quai Saint-Pierre, 2 (1861) ; Jean François Pellegrin, quai Saint-Pierre, 2 (1865)
Jean Ardisson, quai Saint-Pierre, 5 (1872)
- Vins ordinaires
Louis Mayen, quai Saint-Pierre, 1 (1865) (1866) (1867) ; Mayen, vins et liqueurs, quai Saint-Pierre ou Spécialité de vins du pays, du Var et du Languedoc, au coin du quai du Port (1869)
[Amable Suiffet, capitaine marin, quai Saint-Pierre, 19 (1861) (1866)] ; A. Suiffet, négociant en vins, quai Saint-Pierre, 19 (1865)
Sayon, vins en gros, quai Saint-Pierre, 19 (1869)
Germain, vins et liqueurs, quai Saint-Pierre (1871) (1872).
QUELQUES MAISONS DU QUAI SAINT-PIERRE
De plus rares photographies permettent de découvrir le détail des maisons du quai ; l'une d'entre elles, réalisée par Charles Nègre, est la 6ème vue d'un album conservé au Metropolitan Museum de New York (Image 7 ci-dessous).
Ce recueil hétérogène est constitué de planches individuelles désordonnées, mêlant des vues de Provence dites prises en 1852 et diffusées à partir de 1854 dans l'album du Midi de la France, et des vues des Alpes-Maritimes prises entre 1861 et 1864 et diffusées dès la fin de l'année 1864 dans l'album de Cannes (Archives de Charles Nègre dépouillées par John Bocorman, Charles Nègre, 1820-1880, 1976 pp 46-47 et Revue de Cannes du 29 avril 1865 pp 1-2).
7 - NÈGRE Charles (1820-1880), Sans titre, sans date (août 1863 ?), extrémité nord du quai Saint-Pierre, vue est-ouest prise depuis l'extrémité occidentale de la plage de la Marine, tirage sur papier albuminé d'environ 15x21 cm sur carton de 24,4x29,4 cm, sixième vue de l'album, Midi de la France, New York, The Metropolitan Museum (voir l'Album). Les Archives Municipales de Cannes en conservent également un tirage (3Fi637). |
Au pied du Mont-Chevalier, dominé par le château de la Castre et l'église Notre-Dame-d'Espérance dont l'horloge de la tour-clocher affiche 10h 20, se découvre l'extrémité nord du quai Saint-Pierre et la plage de la Marine. La photographie ne peut être antérieure à 1862 car l'horloge a été changée cette année-là (antérieurement présente dans une cavité de forme carrée).
Voici la description (Image 7) des trois maisons divisées en quatre numéros, en suivant la numérotation de droite à gauche : le n° 1bis (rez-de-chaussée avec deux commerces et quatre étages de cinq baies), le n° 2 (rez-de-chaussée avec un commerce et deux étages de cinq baies), les n° 3 et 4 (rez-de-chaussée avec quatre commerces et quatre étages de douze baies, avec un long balcon au dernier niveau).
Tout à droite de la photographie, la maison porte à sa base une pancarte peinte des inscriptions suivantes, "Contributions Indirectes - Recette Buraliste - Débit De Tabac Et De Papier Timbré". Il s'agit du débit de tabac tenu par Juilliet Paul Alexandre, Receveur Buraliste, signalé au 1bis en 1861. La vente de papiers timbrés lui est confiée par décision du Conseil municipal du 28 juin 1863, après validation du Préfet le mois suivant, ce qui repousse la date de la photographie étudiée au second semestre de l'année 1863 (Image 7).
La vente de tabac est confiée, au plus tard en 1865 [Annuaire des Alpes-Maritimes], à la boutique voisine de Félix Martel [né en 1828], située sur le pignon nord de la même maison mais portant le n°1 du quai Saint-Pierre, Paul Juilliet étant désormais en retraite (1866).
L'entrée suivante est surmontée d'une nouvelle pancarte peinte des inscriptions suivantes, "Mul-Canton - Md Tailleur". Il s'agit du magasin de draps et tissus de laine tenu par Jean Mul (1807-1879) et son épouse Marie Canton (1805-1875), cité de 1861 à 1866 au n°1bis puis en 1872 au n°1.
Les inscriptions de droite de la maison suivante (conservée de nos jours), située au n°2, ne sont pas lisibles. C'est probablement l'enseigne du tonnelier Jean François Pellegrin (né vers 1809) qui est signalé à cette adresse en 1861 et 1865. La photographie ne peut être postérieure à 1864 car la tourelle de toit de cette maison disparaîtra cette année-là pour laisser place à un étage supplémentaire.
La prochaine maison (conservée de nos jours), divisée en deux numéros respectifs (3 et 4), offre à sa base quatre commerces. Le premier à droite arbore sur sa devanture le nom de "Café des Arts" ; il est tenu par Louise Reboul (1827-1895), veuve Fontana/Fontaine, au n°3 et signalé de 1865 à 1872.
Le magasin voisin a pour nom, "Au Pauvre Diable", mais n'est jamais cité dans les documents cannois. Son enseigne évoque des magasins de nouveautés de même nom, présents dès les années 1830 à Paris (rue Montesquieu) et Dijon (rue de la Liberté).
Le commerce suivant est surmonté d'une inscription peinte sur le mur, "A. Perrier - Jouets D'Enfants - Bazar du Siècle - Papiers Peints" et d'une autre inscription sur sa tenture, "Bazar du Siècle". Ce magasin, tenu par Antoine Perrier (né vers 1821) est cité en 1861 au n° 3 mais le nom de Bazar du Siècle n'est cité qu'en 1865, au n° 4 du quai Saint-Pierre. Il est cependant nécessaire de préciser que, "Par jugement du 21 août 1863. Le tribunal de commerce a déclaré la faillite du sieur Antoine Perrier, quincaillier, tenant le Bazar du Siècle, a ordonné que les scellés seraient apposés sur les facultés mobilières du failli" (Journal de Nice du 4 septembre 1863 p 3).
Enfin, le commerce tout à gauche de la photographie est surmonté des inscriptions peintes sur le mur, sous les fenêtres du troisième niveau, "Pharmacie Girard", la pharmacie de Jean Baptiste Girard (1820-1897) étant signalée à cette même adresse, au n° 5 (ou 4) (1861) puis 4 (de 1865 à 1872).
Cette étude permet de confirmer la datation de la photographie ; la vue s'avère en effet postérieure à 1861 mais antérieure à 1865, tant par les magasins qui y sont visibles, comme le débit de tabac de Juilliet qui n'est plus cité en 1865, que ceux qui n'y sont pas encore, comme l'épicerie Escarras-Maillan citée dès 1865 au n° 2 (Honoré [né en 1833], Paul [1837-1904] et leur mère Jeanne Maillan, veuve Escarras [1813-1898]) et le magasin de musique Mugnier cité dès fin 1865 au n° 3 (Coraly Mugnier [1843-1924]).
Le cumul des indices implique donc une date entre 1862 (horloge) et 1864 (tourelle) et très probablement l'été 1863 (tentures), entre début août (vente de papiers timbrés du Tabac) et fin août (faillite du Bazar du Siècle).
LE PHARMACIEN GIRARD (1820-1897)
Les documents étudiés ne permettent pas seulement de reconstituer un moment d'histoire du quartier, ils permettent de découvrir un moment de vie de leurs habitants ainsi que leurs relations familiales. Voici l'exemple de l'une des personnalités emblématiques du quai Saint-Pierre, le pharmacien Girard.
Jean Baptiste Joseph Girard naît à Cannes le 10 septembre 1820 et porte le même prénom que son père et son grand-père. Il est le fils de Jean Baptiste Girard (1784-1862) et de Marianne Charpy (1792-1872), propriétaires. Ces derniers, mariés en 1819, auront ensuite deux filles, Marie Louise (1826-1831) et Elisabeth/Elisa Bartholomée (1831-1902).
Jean Baptiste Joseph Girard fait des études de pharmacie à l'Ecole Spéciale de Paris puis s'installe à Cannes. Il doit tout d'abord probablement travailler à la pharmacie de la rue du Port, tenue par des cousins de son père, Jean Joseph et Claude François Massat. En 1846, il signe en tant que pharmacien, une pétition au Ministre de l'Intérieur, en même temps que les pharmaciens Massat et Rouaze (L'Espérance du 22 septembre 1846 p 2).
Le 20 novembre 1850, âgé de trente ans, Jean Baptiste Girard épouse à Cannes, Anne Delphine Anaïs Mauran, âgée de 18 ans (née à Auribeau le 8 janvier 1832). Son nom et celui de sa femme apparaissent dans le recensement de 1851 rue Grande, 45, alors que les noms de ses parents et de sa sœur Elisabeth sont cités Route Nationale.
"Girard" est cité parmi les pharmaciens de la Ville de Cannes dans l'Annuaire Général du Commerce et de l'Industrie Firmin Didot Frères de 1855 (p 2064) mais sans précision d'adresse. Il est cependant probable qu'il se soit installé quai Saint-Pierre dès le début des années 1850.
Jean Baptiste Girard tient une pharmacie qu'il dira "fondée en 1795", dans une publicité de 1859 (voir plus bas). Il a peut-être succédé au pharmacien Louis René Frère (1795-1867).
Jean Baptiste Girard et son épouse vont avoir deux enfants, Louis Jean Baptiste et Félix Albert, qui naissent respectivement le 10 octobre 1853 et le 25 février 1856 (adresse non précisée). Le foyer va ensuite accueillir Claire Pascal, domestique (signalée en 1861 et 1866).
Dès 1861, Jean Baptiste Girard est désormais cité quai Saint-Pierre (côté nord), tant pour son domicile que sa pharmacie, "The English Pharmacy".
Jean Baptiste Girard a ses parents qui vivent sur le même quai (signalés au n° 18 en 1861) puis, après le décès de son père, sa mère vit chez sa sœur Elisabeth Girard, épouse Pilate, dans la même maison que lui (signalées au n° 5 en 1866, au n° 4 en 1872), comme sa belle-sœur Rose Mauran, épouse Fabre (signalée au n° 5 en 1861 et au n° 4 en 1866) .
Jean Baptiste Girard publie en 1857 (puis en 1858 et 1859) un guide intitulé Cannes et ses Environs avec une notice médicale du Dr Joseph Cassien Sève qui habite également sur le quai (signalé au n° 4 en 1859 puis au n° 8 en 1865 et 1866).
En fin d'ouvrage, il place dans l'édition de 1859 la longue publicité suivante : "Girard - Pharmacien de l'Ecole Spéciale de Paris - Elève de Gaventou Professeur à l'Ecole de Pharmacie de Paris, ex-président de l'Académie Impériale de Médecine - On trouve dans cette Maison, fondée en 1795, tous les produits nouveaux que la thérapeutique française et étrangère peut employer et qu'il serait trop long d'énumérer - Le long exercice du titulaire dans les premières pharmacies de Paris et de plusieurs Laboratoires de chimie donne aux Etrangers toute espèce de garantie sur la fidélité avec laquelle les prescriptions des médecins sont exécutées - On trouve dans l'établissement un Laboratoire de chimie, où toutes les analyses sont faites avec une rigoureuse exactitude - Un Amphithéâtre - pour les embaumements - où ces opérations délicates sont exécutées journellement - d'après les procédés les plus nouveaux - Nota . - M. Girard, auteur de l'ouvrage : Cannes et ses Environs, se met à la disposition des Etrangers qui auraient besoin de toute espèce de renseignements sur la localité".
Jean Baptiste Girard travaille dès le milieu des années 1860 avec le jeune pharmacien Marius Joseph Philippe Louis Lafouge (né en 1843 ; cité en 1866) qui loge également au 4, quai Saint-Pierre, et il s'associe avec lui dans les années suivantes (cité comme associé en 1871 et 1872).
Jean Baptiste Girard fréquente les cercles puis les sociétés savantes de la ville dont il est parfois membre fondateur et devient Conseiller municipal dans les années 1860.
Il va être marqué, dans ces mêmes années, par une succession de décès : son père le 7 février 1862, âgé de 77 ans ; sa nièce, Marianne Baptistine Louise Elisabeth Pilate, le 9 juillet 1865, âgée de 6 ans ; son épouse Anaïs, le 1er août 1866, âgée de 34 ans.
Si Jean Baptiste Girard reste propriétaire de la pharmacie, il est, à partir de la listé électorale de mars 1868, désigné comme "ex-pharmacien" mais reste cité comme "pharmacien" dans les actes d'état civil.
Âgé de 49 ans, Jean Baptiste Girard se remarie, le 4 décembre 1869, avec Marianne Magagnosc, 36 ans (née à Cannes le 30 septembre 1833) qui tient le commerce de Modes de la boutique voisine, au n° 5 du quai.
Dans le foyer vivent Jean Baptiste Girard, sa femme et ses enfants, mais également sa tante et sa belle-mère (signalées en 1872, avec Rose Raymond, domestique).
Jean Baptiste Girard est ensuite affecté, au début des années 1870, par une nouvelle succession de décès : son associé Marius Lafouge, le 17 janvier 1871, âgé de 27 ans ; sa mère, le 1er août 1872, âgée de 80 ans et son épouse Marianne, le 13 novembre 1873, âgée de 40 ans.
Après avoir été adjoint au maire, Jean Baptiste Girard devient maire de Cannes de 1874 à 1878. Il semble par la suite céder sa pharmacie à Guillaume Sausseron, dès les années 1881-1883.
"Jean Baptiste Girard, ancien Maire de Cannes, Officier de l'ordre de St-Maurice et St-Lazare" décède au 4, quai Saint-Pierre, le 7 janvier 1897, à l'âge de 76 ans.
Le quai Saint-Pierre est l'un des lieux emblématiques de la ville les plus photographiés au XIX° siècle.
Il n’est pourtant pas un lieu de promenade aristocratique, n’offrant ni façades prestigieuses de villas ou d’hôtels (contrairement au quartier des Anglais et au boulevard de la Croisette), ni plage ou végétation ombrageuse (contrairement au Cours et au boulevard de la Croisette).
Il est par contre situé au pied du pittoresque Mont-Chevalier et il présente un long et rectiligne espace minéral (uniquement quelques arbres sur la place Massuque) qui séduit par son alignement architectural et son avancée dans la mer. Il répond de plus aux nécessités de la navigation (transit des marchandises et des voyageurs), aux besoins du commerce et à l’embellissement de la ville.
Il est un lieu d’activité populaire et attire par ses commerces alors que ces derniers sont essentiellement concentrés rues du Port et d’Antibes (deux rues très peu photographiées à cette époque). C’est au final, l’un des rares sites cannois dont les photographies révèlent le détail et l’évolution des boutiques (côté nord) lors des quatre dernières décennies du XIX° siècle.
SUR CANNES VOIR ÉGALEMENT
Essai de datation des vues anciennes du port
Photographies anciennes du port de Cannes (1865-1890)