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LES PHOTOGRAPHES REPRÉSENTANTS DU
(1861-1870)
DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 30/10/2024
INTRODUCTION
Tous ceux qui s'intéressent à la photographie du XIXème siècle ont un jour ou l'autre croisé cette mention au revers d'une Carte de visite du Second Empire, "Seul Représentant Du Panthéon De L'Ordre Impérial Pour Le Département" et se sont interrogés sur son origine et sa date.
J'ai souhaité établir la liste des photographes représentants pour l'ensemble des départements français. Après avoir passé de longues heures à explorer Internet, j'ai pu, à partir des cartons-photos conservés (Collections, sites de vente en ligne) mais également des articles de journaux et des annuaires, retrouver les noms de 50 photographes des 93 départements du Second Empire dont 1 des 3 départements de l'Algérie.
C'est à ce moment là que j'ai découvert la liste originelle et récapitulative (1861), alors que j'ignorais jusqu'à son existence. J'ai alors considéré que mes recherches préalables, de plus incomplètes, devenaient totalement inutiles mais en découvrant cette liste globale plus en détail, j'ai réalisé que c'était une chance de ne pas l'avoir trouvée plus tôt et d'avoir établi un répertoire qui présentait des différences.
Légendes des images (versos de Cartes de visite) :
(0) mention de représentant départemental conforme à la liste de 1861 non retrouvée à ce jour ;
(1) mention du représentant départemental conforme à la liste de 1861 ;
(2) et (3) mentions du représentant départemental différentes et postérieures à 1861.
- AIN (ET RHÔNE) (1) - AIN (ET RHÔNE) (2) - AISNE (0) -
- ALLIER (0) - ARDÈCHE (2) - ARDENNES (ET MARNE) (1) -
- ARDENNES (ET MARNE) (2) - ARIÈGE (ET GARONNE HAUTE-) (0) - AUBE (1) -
- AUDE (0) - AVEYRON (TARN ET LOZÈRE) (0) -AVEYRON (ET LOZÈRE) (2) -
- BOUCHES-DU-RHÔNE (0) - BOUCHES-DU-RHÔNE (2) - CANTAL (1) -
- CHARENTE (1) - CHARENTE-INFÉRIEURE (ET DEUX-SÈVRES) (1) - CHER (ET NIÈVRE) (1) -
- CHER (2) - CHER (3) - CORRÈZE (ET LOT) (2) -
- CORRÈZE (3) - CÔTE-D'OR (ET SAÔNE-ET-LOIRE) (1) - CÔTES-DU-NORD (0) -
LE PROJET
Un projet d'édition est conçu au début de l'année 1861 mais n'est lancé qu'à l'automne de la même année. L'information se répand à partir d'octobre, certains des photographes choisis s'en confiant à leur journal local (Estafette du Vaucluse du 6 octobre 1861 ; L'Aube du 29 octobre 1861).
"Les titres des légionnaires sont très-imparfaitement connus, même de ceux qui semblent en position de ne pas les ignorer. Mais on nous signale une tentative qui semble devoir réussir à faire la lumière sur la cause de toutes les décorations. Un auteur, M. Davans [Auguste Davons, auteur et éditeur, né en 1816, à Valenciennes, Nord], vient de se faire le Plutarque des décorés.
Voici son plan: Sous le titre de Panthéon de l'ordre de la Légion-d Honneur, il range les titulaires par classes : souverains, ministres, généraux, militaires, magistrats, savants, littérateurs, etc. Il les biographie, les photographie et les encadre dans des attributs. En un mot, c'est la collection des légionnaires qu'il publie sous toutes les formes qui peuvent concourir à rehausser l'intérêt" (L'Aube du 29 octobre 1861).
L'annonce officielle est ensuite diffusée sur tout le territoire national aux mois de novembre et décembre 1861, notamment par de grands encarts publicitaires des photographes impliqués.
"Le Panthéon de la Légion d'Honneur - Sous ce titre paraitra une collection photographiée des portraits de MM. les légionnaires, avec dessins et encadrements spéciaux à chaque catégorie de décorés.
A cet effet, dans chaque chef-lieu de département, est établie une photographie dont la mission est de reproduire les portraits de tous les membres de la Légion d'Honneur (...). C'est à cette réalisation que marchent résolument les auteurs de cette entreprise, après s'être créé des relations dans toutes les parties de la France et aussi à l'étranger.
Un ouvrage spécial, renfermant des notices biographiques, ou l'état des services rendus, en forme de biographie, complétera, chaque année, cette grande œuvre, pourvu que chaque intéressé veuille bien s'y prêter en faisant parvenir ses nom, prénoms, âge, lieu de naissance, et compléter cet envoi par quelques renseignements particuliers propres à aider dans le travail.
Ainsi, le Panthéon formera très-rapidement une sorte de Musée d'honneur, destiné à composer une collection précieuse pour le présent, d'un grand prix pour l'avenir ; car elle est destinée à compléter une institution que l'Europe nous envie. Cette institution résume, en effet, l'histoire de toutes les gloires de la France au xix siècle.
La collection qui sera exécutée simultanément sur tous les points de la France, puisque l'on s'est assuré le concours d'un excellent photographe dans le chef-lieu de la plupart des départements, offrira un intérêt tout particulier.
Chaque portrait, d'une dimension convenable, sera, comme nous l'avons dit, encadré dans un dessin charmant dont le sujet allégorique sera en harmonie avec la carrière que parcourt ou a parcourue le décoré. Ces dessins (il y en a de deux dimensions, moyenne et grande), exécutés par M. Rambert et qui sortent des presses de M. Moncelot, donneront un caractère tout particulier de sévérité, d'élégance et de bon goût aux portraits, et leur assigneront la place d'honneur, la place destinée au chef de la famille dans les salons les plus élégants" (L'Aube du 8 novembre 1861).
Charles Désiré Rambert (1824-1877)], édite en effet, dès novembre 1861, ses Encadrements artistiques dans la collection, Panthéon de l'ordre Impérial de la Légion d'Honneur (Bibliographie de la France du 14 décembre 1861).
Ernest Lacan se fait également le relais du projet dans Le Moniteur de la Photographie du 15 décembre 1861 : "Une publication dans laquelle la photographie remplira le principal rôle se prépare en ce moment. Il s'agit d'une collection de portraits de tous les légionnaires, qui paraitra sous le titre de Panthéon illustré de la Légion d'honneur, avec texte biographique.
M. Davons, qui a eu l'idée de cette entreprise colossale, a pris toutes les mesures nécessaires pour la mener à bonne fin (...). Ce n'est pas une petite affaire ; mais M. Davons s'est entouré d'auxiliaires dont la plupart nous sont connus, et qui ont assez de zèle et de talent pour le seconder efficacement".
- DEUX-SÈVRES (ET CHARENTE-INFÉRIEURE) - DORDOGNE (2) - DOUBS (1) -
- DRÔME (ET VAUCLUSE) (0) - EURE (1) - EURE-ET-LOIR (1) -
- FINISTÈRE (1) - GARD (1) - GARONNE HAUTE- (ET ARIÈGE) (0) -
- GERS (BASSES-PYRÉNÉES, HAUTES-PYRÉNÉES ET LANDES) (0) - GIRONDE (1) - HÉRAULT (1) -
- ILLE-ET-VILAINE (0) - INDRE (0) - INDRE-ET-LOIRE (ET LOIR-ET-CHER) (0) -
- INDRE-ET-LOIRE (2) - ISÈRE (0) - ISÈRE (2) -
- JURA (0) - LANDES (GERS, BASSES-PYRÉNÉES ET HAUTES-PYRÉNÉES) (0) - LOIR-ET-CHER (ET INDRE-ET-LOIRE) (0) -
- LOIRE (0) - LOIRE HAUTE- (1) - LOIRE-INFÉRIEURE (0) -
LA LISTE DES PHOTOGRAPHES (1861)
"Collection photographiée de tous les portraits des légionnaires : Dessins (...) de M. RAMBERT. La collection est exécutée simultanément sur tous les points de la France par les meilleurs photographes.
Directeur photographe représentant pour le département de la Seine : M. Titus Albitès, rue du Bac, 30, à Paris.
Directeur : M. Davons, auteur de "Napoléon III et l'Armée d'Italie" [1860], du "Voyage de l'Empereur en Normandie et en Bretagne" [1858], etc., etc.
Un ouvrage biographique annuel complète cette publication, dont le prospectus se distribue chez tous les directeurs représentants de Paris et des départements. Voici les noms de ces représentants (quelques améliorations de présentation entre parenthèses et quelques ajouts et corrections entre crochets ont été apportés à cette liste pour en faciliter la lecture et la compréhension) :
- AIN (ET RHÔNE), M. Victoire, rue Saint-Pierre, à Lyon (Rhône).
- AISNE, M. Vinmer, à Saint-Quentin.
- ALLIER, M. Brunel, rue de la Chopine, à Moulins ; M. Coutem, photographe de l'Empereur, à Vichy.
- ARDENNES (ET MARNE), M. Levavasseur, rue de Talleyrand, à Reims (Marne).
- ARIÈGE (ET HAUTE-GARONNE), M. Provost, rue de la Pomme, nº 64, à Toulouse (Haute-Garonne).
- AUBE, M. Gustave Lancelot, à Troyes.
- AUDE, M. Firmin Comte, à Carcassonne.
- AVEYRON (LOZÈRE ET TARN), M. Ducros, à Rodez (Aveyron).
- BOUCHES-DU-RHÔNE, MM. Cassien et Thobert, rue Saint-Ferréol, nº 50, à Marseille.
- CANTAL, M. Jules Amouroux, à Aurillac.
- CHARENTE, M. Fellot, Angoulême.
- CHARENTE-INFÉRIEURE [aujourd’hui Charente-Maritime] (ET DEUX-SÈVRES), M. Mège, à Rochefort (Charente-Inférieure).
- CHER (ET NIÈVRE), M. Teruel, rue du Petit-Versailles, nº 9, à Nevers (Nièvre).
- CÔTE-D'OR (ET SAÔNE-ET-LOIRE), M. Guipet, rue Amiral-Roussin, nº 17, à Dijon (Côte-d'Or).
- CÔTES-DU-NORD [aujourd’hui Côtes-d’Armor], M. Paturel, à Saint-Brieuc.
- DEUX-SÈVRES (ET CHARENTE-INFÉRIEURE), M. Mège, à Rochefort (Charente-Inférieure).
- DOUBS, M. Truchelut, à Besançon.
- DRÔME (ET VAUCLUSE), M. Barbier, rue Velouterie, nº 3, à Avignon (Vaucluse).
- EURE, M. Barrouillet [Barouillet], à Evreux.
- EURE-ET-LOIR, M. Galles [Gallas] ainé, à Chartres.
- FINISTÈRE, M. Penaux [Pénau], rue de Siam, à Brest.
- GARD, M. Crespon, promenade de la Fontaine, à Nîmes.
- GARONNE HAUTE- (ET ARIÈGE), M. Provost, rue de la Pomme, nº 64, à Toulouse (Haute-Garonne).
- GERS (BASSES-PYRÉNÉES, HAUTES-PYRÉNÉES ET LANDES), M. Subercaze, à Pau (Pyrénées Basses-).
- GIRONDE, M. Armand et Co, photographie de la Gironde, 19, fossés de l'Intendance, à Bordeaux.
- HÉRAULT, M. Hugues Moline [Huguet-Moline], Grande- Rue, nº 28, à Montpellier.
- ILLE-ET-VILAINE, MM. Marie frères, rue du Bel-Air, nº 6 bis, à Rennes.
- INDRE-ET-LOIRE (ET LOIR-ET-CHER), M. Maurice, boulevard Béranger, nº 6, à Tours (Indre-et-Loire).
- ISÈRE, M. Poton, à Grenoble.
- JURA, M. Chavet [Chavot], rue du Commerce, nº 58, à Lons-le-Saunier.
- LANDES (GERS, HAUTES ET BASSES-PYRÉNÉES), M. Subercaze, à Pau (Pyrénées Basses-).
- LOIR-ET-CHER (ET INDRE-ET-LOIRE), M. Maurice, boulevard Béranger, nº 6, à Tours (Indre-et-Loire).
- LOIRE, M. Chéri Rousseau [Chéri-Rousseau], place de la Mariée, nº 8, à Saint- Etienne.
- LOIRE HAUTE-, M. Sabatier, place du Breuil, au Puy.
- LOIRE-INFÉRIEURE (aujourd'hui Loire-Atlantique), M. Wolter, rue Boileau, nº 9, à Nantes.
- LOIRET, M. Richault, rue des Grands-Ciseaux, nº 7, à Orléans.
- LOT (ET MAINE-ET-LOIRE), Bertaut [Berthault], place du Ralliement, à Angers (Maine-et-Loire).
- LOT-ET-GARONNE, M. Domergue, à Agen.
- LOZÈRE (AVEYRON ET TARN), M. Ducros, à Rodez (Aveyron).
- MAINE-ET-LOIRE (ET LOT), Bertaut [Berthault], place du Ralliement, à Angers (Maine-et-Loire).
- MANCHE, M. Galloz [Gallot], à Cherbourg.
- MARNE (ET ARDENNES), M. Levavasseur, à Reims (Marne).
- MAYENNE, M. Pepin, à Laval.
- MEURTHE [aujourd’hui Meurthe-et-Moselle], M. Peultier, rue des Dominicains, nº 6, à Nancy.
- MORBIHAN, M. Carlier, à Vannes. M. Duclos, à Lorient.
- MOSELLE [aujourd’hui Meurthe-et-Moselle], M. Meurisse, à Metz.
- NIÈVRE (ET CHER), M. Teruel, rue du Petit-Versailles, nº 9, à Nevers (Nièvre).
- NORD, MM. Leblondel [Le Blondel] frères, Pont de Roubaix, à Lille.
- OISE, M. G. [Charles] Herbert, rue du Lion-Rampant, nº 7, à Beauvais.
- ORNE. M. Michenon, à Alençon.
- PAS-DE-CALAIS, M. Verneuil, à Boulogne-sur-mer.
- PUY-DE-DOME, M. Bérubet, à Clermont-Ferrand.
- PYRÉNÉES BASSES- [aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques] (PYRÉNÉES HAUTES, LANDES, GERS), M. Subercaze, à Pau (Pyrénées Basses-).
- PYRÉNÉES HAUTES- (PYRÉNÉES BASSES, LANDES ET GERS), M. Subercaze, à Pau (Pyrénées Basses-).
- PYRÉNÉES-ORIENTALES, M. Bataille, à Perpignan.
- RHIN BAS-, M. Falkenstein, rue Mercière, à Strasbourg.
- RHIN HAUT-, M. Eugène Adam, à Colmar.
- RHÔNE (ET AIN), M. Victoire, rue Saint-Pierre, à Lyon (Rhône).
- SAÔNE-ET-LOIRE (ET CÔTE-D’OR), M. Guipet, rue Amiral-Roussin, nº 17, à Dijon (Côte-d'Or).
- SAÔNE HAUTE-, M. Nedzynski, à Vesoul.
- SARTHE, M. Gustave Cosson, au Mans.
- SAVOIE (créé en 1860) (ET HAUTE-SAVOIE), M. Chamussy, rue de la Gare, nº 1, à Chambéry (Savoie).
- SAVOIE HAUTE- (créé en 1860) (ET SAVOIE), M. Chamussy, rue de la Gare, nº 1, à Chambéry (Savoie).
- SEINE (Paris et arrondissements de Saint-Denis et Sceaux), directeur représentant, M. Titus Albitès, rue du Bac, 30, à Paris.
- SEINE-ET-MARNE, M. Laleu, à Melun.
- SEINE-ET-OISE [aujourd’hui Yvelines]. Pinoz [Pinot], rue Neuve, nº 25, à Versailles.
- SEINE-INFÉRIEURE [aujourd’hui Seine-Maritime], M. Pieters, rue Grand-Pont, nº 36, à Rouen.
- SOMME, M. Faure, passage du Commerce, à Amiens.
- TARN (AVEYRON ET LOZÈRE), M. Ducros, à Rodez (Aveyron).
- TARN-ET-GARONNE, M. Cassan, à Montauban.
- VAR, M. Eugène [Eugène Malacrida dit Eugène de Paris], à Toulon.
- VAUCLUSE (ET DRÔME), M. Barbier, rue Velouterie, nº 3, à Avignon (Vaucluse).
- VENDÉE, M. Léon Allègue, à Napoléon-Vendée [La-Roche-sur-Yon].
- VIENNE, M. Dornay [Darnay], rue Maginta [Magenta], nº 16, à Poitiers.
- VIENNE HAUTE-, M. [ou Mme ?] Desfray, rue Saint-Martial, à Limoges.
- VOSGES, M. Plubel, à Epinal.
ALGÉRIE
- ALGER, MM. Alary [Jean Baptiste Antoine] et Geiser [Julie, veuve Geiser], à Alger.
- CONSTANTINE, M. Briou, à Constantine.
- ORAN, M. Moniot, à Oran.
- BELGIQUE, MM. Ghémar frères, rue de l'Ecuyer, à Bruxelles".
- LOIRET (0) - LOT (ET MAINE-ET-LOIRE) (0) - LOT (ET CORRÈZE) (2) -
- LOT-ET-GARONNE (1) - LOZÈRE (AVEYRON ET TARN) (0) - LOZÈRE (ET AVEYRON) (2) -
- MAINE-ET-LOIRE (ET LOT) (0) - MANCHE (1) - MARNE (ET ARDENNES) (1) -
- MARNE (ET ARDENNES) (2) - MAYENNE (0) - MEURTHE (0) -
- MORBIHAN (0) - MOSELLE (1) - NIÈVRE (ET CHER) (1) -
- NORD (1) - OISE (1) - OISE (2) -
- ORNE (0) - PAS-DE-CALAIS (1) - PUY-DE-DÔME (1) -
- PYRÉNÉES BASSES- (PYRÉNÉES HAUTES-, GERS ET LANDES) (0) - PYRÉNÉES HAUTES- (PYRÉNÉES BASSES-, GERS ET LANDES) (0) - PYRÉNÉES-ORIENTALES (0) -
- RHIN BAS- (1) - RHIN HAUT- (1) - RHÔNE (ET AIN) (1) -
ANALYSE
Cette longue liste révèle le nom de nombreux départements, y compris ceux de l'Algérie, et ajoute un correspondant pour la Belgique. Cependant, la liste des départements français n'est pas exhaustive mais concerne, comme le précise l'annonce officielle, "le chef-lieu de la plupart des départements". Les 13 départements suivants n'ont pas de représentants :
- ALPES-MARITIMES [créé en 1860] ; ALPES (BASSES-) [aujourd’hui Alpes-de-Haute-Provence] ; ALPES (HAUTES-) ; ARDÈCHE ; CALVADOS ; CORRÈZE ; CORSE ; CREUSE ; DORDOGNE ; INDRE ; MARNE (HAUTE-) ; MEUSE ; YONNE.
Le recrutement a dû s'adapter à la réalité et s'étendre notamment au-delà des chefs-lieux, à d'autres villes du département. C'est le cas pour le FINISTÈRE (Quimper au lieu de Brest), la LOIRE (Saint-Etienne au lieu de Montbrison), la MANCHE (Saint-Lô au lieu de Cherbourg), le MORBIHAN (Lorient au lieu de Vannes), le PAS-DE-CALAIS (Boulogne-sur-Mer au lieu d'Arras) et le VAR (Toulon au lieu de Draguignan).
Il a même fallu parfois recourir aux photographes déjà nommés d'un département voisin. Certains d'entre eux se voient ainsi chargés de 2 à 4 départements, ce qui explique que seulement 66 photographes sont cités pour 80 départements français. En revanche, les départements de l'ALLIER et du MORBIHAN possèdent d'emblée deux représentants.
Le directeur de la photographie, "M. Titus Albitès, a reçu la mission de diriger et de centraliser ces travaux" (Le Moniteur de la Photographie du 15 décembre 1861). C'est lui qui a dû contacter individuellement, "les meilleurs photographes de chaque chef-lieu" (L'Aube du 29 octobre 1861).
Le choix de ces photographes pose cependant question. Y-a-t-il eu un appel à candidature ou les photographes ont-ils été désignés ? Le choix a-t-il été effectué uniquement par MM. Albitès et Davons, d'après l'ancienneté, la réputation et les expositions de chacun des photographes ?
Le projet de collection se faisant en accord avec la Grande Chancellerie de la Légion d'Honneur, placée sous la tutelle du ministre d'Etat, il est probable que le choix départemental des photographes a été effectué ou validé par chacun des préfets (eux-mêmes décorés de la Légion-d'Honneur).
L'ancienneté ne peut pas avoir été un critère de sélection pour les photographes car si nombre des photographes listés ont débuté dans les années 1840 ou 1850, d'autres viennent juste de s'installer en 1860 ou 1861 et n'ont donc pas ou peu d'expositions à leur actif (comme Michenon à Alençon, Orne).
Il s'agit bien de "nominations" car M. Barbier, photographe, informe les habitants d'Avignon, par le biais de l'Estafette du Vaucluse du 6 octobre 1861, "qu'il vient d'être nommé pour le département" et qu'il se tiendra disponible pour les légionnaires dès le 1er novembre.
Ces nominations peuvent d'ailleurs engendrer de la rancœur de la part des autres photographes. M. Joseph Emery-Dufour clame ainsi son indignation à Dijon dans L'Union bourguignonne du 24 décembre 1861 :
"Le Panthéon de l'Ordre Impérial de la Légion d'Honneur étant une entreprise purement commerciale, M. EM. Dufour, photographe, place St-Jean, 43 [à Dijon], a l'honneur d'informer le public qu'il fera le portrait de MM. les légionnaires, ainsi que de toutes les personnes qui voudront bien lui accorder leur confiance ; seulement, le portrait de MM. les légionnaires ne sera pas encadré de dessins allégoriques, ce genre étant réservé pour MM. les compagnons. M. EM. Dufour est "le seul" des photographes de Dijon qui ait obtenu une médaille à l'Exposition de cette ville".
M. Joseph Emery-Dufour vise ainsi, sans le citer, M. Antoine Guipet qui lui, a été nommé. Il dénonce également, "l'entreprise purement commerciale", la collection restant en effet le projet d'édition d'un ouvrage parmi tant d'autres à l'époque (comme le Panthéon littéraire, le Panthéon historique, le Panthéon musical, le Panthéon biographique universel...).
Face à ce qu'il considère comme une injustice, le photographe Emery-Dufour démontre cependant l'importance qu'a pour lui une telle nomination.
Les photographes nommés vont d'ailleurs afficher, dans leur ville et celle(s) de leur(s) succursale(s), leur titre de "représentant", de "seul représentant", de "directeur représentant", voire de "succursaliste représentant le Panthéon de l'ordre impérial de la Légion d'Honneur", sur tous leurs supports publicitaires.
Seuls quelques photographes semblent ne pas avoir affiché cette mention au revers de leurs Cartes de visite, ou l'avoir affichée peu de temps, parce qu'ils ont bénéficié du brevet prestigieux de "Photographe de S.M. L'Empereur" (ou de "Photographes du Roi" pour MM. Ghémar Frères à Bruxelles).
La liste originelle révèle quelques noms de photographes peu connus, voire pas répertoriés, comme Laleu à Melun (Seine-et-Marne), Léon Allègue à Napoléon-Vendée (Vendée), J. Nedzynski à Vesoul (Haute-Saône) ou Moniot à Oran (Algérie).
Elle dévoile également l'adresse précise de nombreux professionnels en novembre 1861, voire repousse la date jusque-là admise de leur premier atelier. On découvre notamment l'existence d'un premier atelier de Firmin Comte à Carcassonne (Aude), avant celui de Bordeaux (Gironde).
- RHÔNE (ET AIN) (2) - SAÔNE-ET-LOIRE (ET CÔTE-D'OR) (1) - SAÔNE HAUTE- (1) -
- SARTHE (1) - SAVOIE (ET SAVOIE HAUTE-) (0) - SAVOIE HAUTE- (ET SAVOIE) (0) -
- SEINE (0) - SEINE-ET-MARNE (0) - SEINE-ET-OISE (1) -
- SEINE-INFÉRIEURE (1) - SOMME (0) - SOMME (2) -
- TARN (AVEYRON ET LOZÈRE) (0) - TARN-ET-GARONNE (0) - VAR (1) -
- VAUCLUSE (ET DRÔME) (0) - VENDÉE (0) - VENDÉE (2) -
- VIENNE (1) - VIENNE (2) - VIENNE (3) -
- VIENNE HAUTE- (1) - VOSGES (1) - YONNE (2) -
- ALGER (1) - CONSTANTINE (1) - ORAN (0) -
LISTE COMPLÉMENTAIRE
La liste que j'ai pu établir vient compléter celle de 1861 mais concerne la suite des années 1860, sans toujours plus de précision. Plus de 110 photographes au total ont porté le titre de "représentant du Panthéon de l'ordre Impérial de la Légion-d'Honneur".
Cette liste comporte les noms des photographes de 4 nouveaux départements : ARDÈCHE, CORRÈZE, DORDOGNE, YONNE ; ceux de 9 départements restent inconnus, certains d'entre eux n'ayant peut-être jamais été nommés (comme dans les Alpes-Maritimes).
Elle présente également les noms de représentants qui semblent s'être très rapidement substitués à ceux de 1861, comme pour :
- l'Ain et le Rhône, M. Coffin, à M. Victoire (Lyon, Rhône), automne 1862.
- l'Aveyron, M. Bouillier (Millau), à M. Ducros (Rodez), avant 1864,
- les Bouches-du-Rhône, M. Bienmüller, à MM. Cassien & Thobert (Marseille), avant 1864,
- le Cher, M. Emile Poupat (Bourges), à M. Teruel (Nevers, Nièvre),
- la Gironde, M. Firmin Comte (antérieurement représentant de l'Aude) à M. Armand et Co (Bordeaux), dès mai 1862,
- l'Isère, W. Mérienne puis Mérienne & Léon, à M. Poton (Grenoble).
- le Lot, M. Girardeau dit Honoré (Cahors), à M. Berthault (Angers, Maine-et-Loire),
- la Vendée, M. B. Trolet, à M. Léon Allègue (Napoléon-Vendée).
Le département de la Corrèze d'abord confié à M. Girardeau dit Honoré, à Cahors (Lot), revient ensuite à M. F. Bossuet, à Tulle (Corrèze).
Il faudrait creuser davantage cette question pour connaître les raisons de chacune de ces substitutions : renoncement du premier photographe nommé, nouvelle installation d'un photographe dans le même département que ce dernier (comme M. Wilhelm Bienmüller pour les Bouches-du-Rhône) ou dans le département voisin qui lui était rattaché (comme M. Emile Poupat pour le Cher).
La liste précise parfois l'existence de succursales, comme celles de M. Charles Herbert dans l'Oise.
Voici les différences constatées par rapport à la liste de 1861 :
- AIN (ET RHÔNE), M. Coffin, à Lyon (Rhône).
- ARDÈCHE, M. Joseph Léon Sausse dit Joseph Léon, à Privas.
- ARDENNES (ET MARNE), Melle Hermance (successeur de Levavasseur), à Reims (Marne).
- AVEYRON (ET LOZÈRE), M. Bouiller/Bouillier à Millau (Aveyron).
- BOUCHES-DU-RHÔNE, M. Bienmüller, à Marseille.
- CHER, M. Emile Poupat puis MM. Charles & Emile Poupat, à Bourges.
- CORRÈZE (ET LOT), M. & Mme. Girardeau dit Honoré, Cahors (Lot).
- CORRÈZE, M. F. Bossuet et F. Bossuet & Cie, à Tulle.
- DORDOGNE, Richard, à Périgueux.
- GERS, M. Joseph Descomps, à Auch.
- GIRONDE, Firmin Comte à Bordeaux.
- INDRE-ET-LOIRE, MM. Bailly & Maurice, à Tours.
- ISÈRE, Mérienne puis Mérienne & Léon, à Grenoble.
- LOT (ET CORRÈZE), M. & Mme. Girardeau dit Honoré, Cahors (Lot).
- LOZÈRE (ET AVEYRON), M. Bouiller/Bouillier, à Millau (Aveyron).
- MARNE (ET ARDENNES), Melle Hermance (successeur de Levavasseur), à Reims (Marne).
- NORD, A. Le Blondel (et plus Le Blondel frères), à Lille.
- OISE, Charles Herbert, à Beauvais, Clermont et Méru.
- RHIN HAUT-, M. Louis Michenon à Colmar.
- RHÔNE (ET AIN), M. Coffin, à Lyon (Rhône).
- SEINE-ET-OISE (aujourd'hui Yvelines), M. Riou, à Versailles.
- SEINE-INFÉRIEURE (aujourd’hui Seine-Maritime), M. Achille Plaisant, à Rouen.
- SOMME, M. A. Faure & Cie (ai lieu de Faure seul), à Amiens.
- VENDÉE, M. B. Trolet, à Napoléon-Vendée (La Roche-sur-Yon).
- VIENNE, M. V. Motte, successeur de Barbier, à Poitiers.
- YONNE, M. C. Courageux, à Sens (et non à Auxerre, chef-lieu).
De nombreux photographes vont conserver la mention de "représentant du Panthéon de l'Ordre Impérial" au revers de leurs cartons-photos jusqu'au milieu des années 1860 (date d'édition du premier volume) ou même toute la décennie, jusqu'à la chute du Second Empire.
Ils vont faire bénéficier de ce titre à leur associé, comme M. Bailly associé à M. Maurice à Tours (Indre-et-Loire) puis à leur successeur, comme Melle Hermance successeur de Levavasseur à Reims (Marne), M. Léon associé puis successeur de Mérienne à Grenoble (Isère) ou M. Motte associé puis successeur de M. Darnay à Poitiers (Vienne).
Certains vont même se recommander de cet ancien titre après leur déménagement dans un nouveau département, "Ex-directeur représentant", comme M. Girardeau dit Honoré, installé d'abord à Cahors (représentant du Lot et de la Corrèze) puis, au plus tard en 1867, à Bordeaux (Gironde).
- Auguste DAVONS (1816-?) et Amédée BOUDIN (1814-1886),
Panthéon de la Légion-d'Honneur, Tome Premier, 1864,
Paris, Boulevard Montmartre, N° 10, impr. Alcan-Lévy,
couverture de l'ouvrage,
Evreux, Bibliothèque Patrimoniale.
L'ÉDITION
La publication du premier volume du Panthéon de l'Ordre Impérial va prendre plusieurs années. Sa sortie est envisagée fin 1861-début 1862 pour le mois de septembre 1862 (Le Salut Public du 4 février 1862) mais n'a lieu ni en 1862 ni en 1863.
Elle est à nouveau annoncée début février 1864, avec rappel aux légionnaires "d'adresser sans retard tous les éléments de leur biographie à M. Davons. Le premier volume, déjà fort avancé, paraîtra fin mai" (Gazette nationale ou le Moniteur universel du 4 février 1864).
La publication se voit cependant repoussée jusqu'en décembre 1864 : "Grand in-8° à 2 col., 396 p, Paris, impr. Alcan-Lévy ; 10, boulevard-Montmartre. 5 fr." (Bibliographie de la France du 21 janvier 1865).
"Sous le titre de : Panthéon de la Légion-d'Honneur, deux écrivains distingués, MM. A. Davons et A. Boudin, viennent de publier le 1er volume d'une véritable biographie universelle ; biographie française, s'entend, et un peu plus que contemporaine puisqu'elle admet les hommes illustres qui, depuis soixante ans, ont fait partie de la glorieuse institution créée par l'Empereur Napoléon Ier [instituée par décret du 19 mai 1802].
C'est ainsi que tous les membres de la famille impériale ont leur page dans la publication nouvelle à côté de Sa Majesté Napoléon III ; auprès des personnages politiques, tels que MM. Achille Fould, Magne, de Persigny, Walewski, de Morny, etc., on retrouve les noms qui ne s'oublieront pas, de MM. Abbatucci, Binaut, Fortoul, Hamelin, etc.
Comme on le voit, ce plan est vaste et il comporte même, dans une certaine mesure, quelques excursions dans le domaine de la biographie étrangère ; LL. MM. le roi d'Italie, le roi des Belges, le roi de Wurtemberg, le duc de Brabant, le prince de Carignan, le prince Humbert, etc., figurent ici en leur qualité de grand' croix de la Légion d'Honneur.
En général, les notices de MM. Davons et Amédée Boudin se recommandent par l'impartialité et par l'exactitude, deux qualités essentielles et malheureusement bien rares.
Nous signalerons, entr'autres, l'étude consacrée à l'Empereur Napoléon III ; on y trouve habilement condensés un très grand nombre de faits puisés à bonne source, quelquefois neufs et dignes d'être consultés par les historiens qui entreprendront de raconter un grand règne" (Le Constitutionnel du 26 mars 1865).
Ce premier volume semble n'être conservé qu'en un seul et unique exemplaire dans les Collections publiques, à la Bibliothèque patrimoniale d'Evreux (Eure) et n'est consultable que sur place. Cependant ses personnels que je remercie, et en particulier Mme Séverine Capoën, chargée des collections, ont eu la gentillesse de me présenter en détail l'ouvrage et de m'en adresser quelques extraits numérisés.
Je souhaitais connaître la liste des photographes ayant participé à ce volume, vérifier si les portraits des légionnaires étaient des tirages albuminés collés ou des estampes réalisées d'après les photographies et découvrir les dessins allégoriques d'encadrement au "cachet tout particulier de sévérité, d'élégance et de bon goût" (L'Opinion Nationale du 15 décembre 1861).
Et bien, rien de tel dans l'ouvrage, les 257 biographies de légionnaires ne sont accompagnées ni de dessins allégoriques ni de photographies d'aucune sorte ! La ou les raisons de cette suppression ne sont pas connues : problème de coût, photographies manquantes... ? Les photographes qui ont participé au projet n'ont jamais vu leur nom inscrit dans l'ouvrage.
De plus, ce premier volume est également le dernier à être publié sous le Second Empire, même s'il est probable que ses auteurs aient continué à engranger la documentation nécessaire aux nouvelles nominations.
On est loin de ce qui avait été envisagé au lancement du projet, à savoir deux volumes par an : "Trois collections seront formées pour être offertes, la première à S. Exc. M. le Ministre de la maison de l'Empereur, la seconde a M. le Grand Chancelier de la Légion-d'Honneur, la troisième aux archives du département représenté par le Photographe désigné" (Le Salut Public du 4 février 1862).
Cependant, il est vrai que dès 1863, MM. Davons et Boudin ont publié, ensemble ou séparément, plusieurs notices individuelles de légionnaires (M. Hamel en 1863 ; M. A.J. Jacquet en 1869 ; Jules Lacroix en 1870...), dans la même collection du "Panthéon Impérial de la Légion-d'Honneur" et au Bureau du même nom, situé boulevard Montmartre (n° 10 puis 18).
Ils consacreront également de nouvelles publications à l'Empereur, Napoléon III devant le Suffrage universel en 1869 et Histoire de Napoléon III (continuée jusqu'à sa mort) en 1873.
La publication de 25 nouveaux volumes contenant des biographies des légionnaires sera cependant reprise et continuée, à partir des années 1870 (1875-1912), par Théophile Lamathière (né en 1842 à Tulle, Corrèze) qui avait déjà collaboré avec Amédée Boudin pour l'écriture de notices individuelles. Ces biographies seront cependant, à nouveau, dépourvues de portraits photographiques.