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MONACO, LA CONDAMINE :
HISTOIRE ET REPRÉSENTATIONS DU QUARTIER DE LA GARE (1860-1890)
Les Textes
À partir du mois de septembre 1875, les voies du quartier de la Gare sont rectifiées : "On a commencé, depuis une dizaine de, jours, les travaux de la route de la frontière ouest à la place d'armes (...).
La route, large de huit mètres, se dirige avec une courbe élégante et une pente insensible vers le rocher qui sert de base à la ville de Monaco. Arrivée là elle s'évase de manière à former un rond-point [future place du Canton], qui sera planté et garni de bancs (...) ; ce rond-point sera soutenu par un grand mur dont le profil rappellera celui des tours du Palais. Puis la route passe en déblai entre le rocher et le chemin de fer pour aboutir à la place d'Armes qui, dit-on , sera convertie en square.
Si l'avenue de la gare était élargie; garnie de villas, les jardins de la gare terminés, l'entrée de Monaco ne laisserait rien à désirer" (Journal de Monaco du 14 septembre 1875).
L'ensemble des travaux est mené avec rapidité dans les mois suivants : "Du côté de la gare de Monaco, les gigantesques travaux de la nouvelle route occupent une armée d'ouvriers; mais le gros œuvre du nivellement pratiqué au pied des assises rocheuses des fortifications est très-avancé ; le vaste rond-point établi derrière le Palais, au bord de la mer [future place du Canton], est déjà déblayé" (Journal de Monaco du 2 novembre 1875).
"Samedi [27 novembre 1875] a eu lieu par soumissions cachetées, la vente des terrains situés de chaque côté de l'avenue de la gare de Monaco. Cette mise en vente aura pour conséquence la transformation de ce quartier de la gare, si admirablement situé, du reste (Journal de Monaco du 30 novembre 1875).
"L'avenue de la Gare de Monaco, qui sera éclairée au gaz ainsi que la place d'Armes, a été entièrement remaniée et sa largeur portée à 20 mètres ; des villas construites d'après un plan uniforme et précédées de petits jardins, borderont l'avenue.
L'Administration du chemin de fer a fait établir un joli square entouré de grilles à l'entrée de la gare dont la façade si modeste attend une ornementation en rapport avec son entourage ; les talus du chemin de fer seront plantés de manière à en rendre l'aspect moins monotone.
Une vaste esplanade située au pied du rocher sur lequel trône majestueusement le Palais Princier servira de rendez-vous aux touristes et aux malades qui voudront respirer l'air salin et jouir d'une température toujours égale" (Journal de Monaco du 21 décembre 1875).
"Les terrains à bâtir deviennent rares à la Condamine ; la plus grande partie de ceux qui restent disponibles sont situés dans le voisinage de l'avenue de la gare à la place d'Armes. Mais voici qu'on commence à y creuser des fondations et bientôt des maisons et des villas s'élèveront de chaque côté de cette avenue et en feront un des quartiers les phis beaux de la Condamine. Le sentier tortueux qui menait à la Turbie sera remplacé par une rue de six mètres de large, tracée sur la propriété Delmas et qu'on livrera dans quelques jours à la circulation" (Journal de Monaco du 27 juin 1876).
Les travaux de transformation des voies et places du quartier se continuent pendant les années 1876 et 1877 (Journal de Monaco des 29 février, 21 mars et 27 juin 1876 ; des 16 janvier, 17 avril et 2 octobre 1877). Elles sont officiellement dénommées par les ordonnances princières des 4 juillet 1876 et 9 novembre 1877 (Journal de Monaco du 11 juillet 1876 et du 21 décembre 1877).
Des zones de plantations sont préparées sur le nouveau boulevard Charles III et sur la place du Canton au printemps 1877 puis sur la place d'Armes à l'automne suivant mais elles restent cependant en attente des arbustes.
Parallèlement, les constructions de villas se multiplient le long de l'avenue de la Gare, de la rue Grimaldi et des rues adjacentes jusqu'en 1880.
Les Images
Les quelques vues attestant la disparition du grand bâtiment provisoire oriental de la Gare datent de 1875 et sont des photographies d'Eugène Degand, de Jean Walburg de Bray ou encore de Francis Frith. Cependant, elles ne montrent pas encore le jardin qui va succéder à ce bâtiment.
La date précise des plantations de cet espace n'est pas connue. Un article du Journal de Monaco du 14 septembre 1875 émet cependant le souhait que "les jardins de la gare [soient] terminés" et un autre, du 21 décembre 1875, se réjouit désormais de l'existence de ce "joli square entouré de grilles".
La logique voudrait que ce jardin, annoncé depuis le 7 avril 1874, ait été enfin commencé au printemps 1875. La vue de Francis Frith (Image 10 ci-dessous) s'affirme d'ailleurs antérieure à l'automne 1875, du fait de l'absence, en bord de mer, d'un nouveau bâtiment annexe de l'Hôtel des Bains, érigé à partir de l'été 1875 sur le boulevard de la Condamine (voir le bâtiment réalisé sur l'Image 11).
Le bâtiment en planches de la Gare a probablement été démoli vers février-mars 1875 puis remplacé par des jardins à partir d'avril-mai 1875, la photographie de Francis Frith précédant de peu ces plantations.
Une photographie de Jean Walburg de Bray montre désormais que les plantations (fleurs et arbustes) ont été effectuées dans le square de la Gare mais également dans le parterre situé entre les bâtiments (Image 11 ci-dessous).
Le chemin qui contourne le rocher apparaît pour sa part rectifié, englobé dans les travaux du tracé du boulevard Charles III.
Il est probable que la vue date du début de l'année 1876 car de nouvelles constructions se sont ajoutées à la Condamine dont l'une d'elles dans la parcelle boisée.
Une photographie d'Alfredo Noack révèle cette fois les constructions qui se sont ajoutées des deux côtés de l'avenue de la Gare, sur les terrains acquis en novembre 1875, en faisant disparaître la plupart des arbres du quartier (Journal de Monaco du 30 novembre 1875 et du 31 octobre 1876) : trois bâtiments du côté sud de l'avenue (érigés au deuxième semestre 1876 et en 1877, au sud-est de l'ancienne parcelle boisée) et trois bâtiments accolés, du côté nord de l'avenue (érigés en 1877) (Image 13 ci-dessous).
En mars 1877, l'avenue de la Gare est dite "bordée d'élégantes constructions qui se terminent" ; en mai 1877, "on construit trois maisons importantes dans l'avenue de la Gare, deux maisons et trois villas dans l'avenue (sic) Grimaldi" (Journal de Monaco des 27 mars et 8 mai 1877).
La photographie date cependant au plus tôt de janvier 1879 car elle révèle, à l'horizon, le dôme et les tours du nouvel Opéra de Monte-Carlo de Charles Garnier, qui ont seulement été achevés à cette date (Journal de Monaco du 21 décembre 1878 et du 21 janvier 1879).
Une photographie de Jean Walburg de Bray montre cinq nouveaux bâtiments en chantier : l'un d'eux est proche de la rue de la Colle, en face du grand hangar de la Gare, un autre est situé avenue de la Gare, accolé au nord des trois bâtiments précédents, et trois autres le long de la rue Grimaldi (Image 14 ci-dessous).
Cette vue peut être datée de la fin de l'année 1879 : "Les constructions particulières commencées cet été - et elles sont nombreuses - s'achèvent aussi en grande hâte. L'avenue de la Gare, la rue Grimaldi, l'avenue de la Costa surtout, sont méconnaissables" (Journal de Monaco du 14 octobre 1879).