DERNIÈRE MISE À JOUR DE CET ARTICLE : 09/06/2020
L'ALBUM
Voici un album anonyme intitulé, Nice et les environs, qui affiche cependant le nom de son éditeur, "Librairie Etrangère". Il mesure 22 x 17,3 x 4,5 cm et bénéficie d'une reliure plein cuir rouge, ornée de motifs (croisillons) en relief, d'un titre central en lettrage doré et de deux fermoirs ornés en laiton renfermant 15 pages cartonnées aux tranches toutes dorées. La reliure est signée au dos, en pied et en très petites majuscules, "Antoine Maître".
Antoine Maître (1809-1871) est un célèbre relieur de Dijon qui a industrialisé les techniques de reliure et produit surtout des ouvrages de messe mais également des albums de photographie. L'entreprise modèle a été visitée par le Président Louis-Napoléon Bonaparte en 1850. Ses ateliers se sont fortement développés sur un siècle (1830-1930), ayant été repris à sa mort par son gendre. Les reliures conservées d'Antoine Maître sont souvent luxueuses : plein cuir ou ivoirine et fermoirs gravés en laiton ou en argent.
L'album regroupe 15 tirages albuminés de 14,2 x 9,2 cm identifiés par des titres placés sous le centre de l'image et imprimés à l'encre bleue, avec :
- 10 vues de Nice : NICE - Du Col de Villefranche ; NICE - Du Château Smith ; NICE - De la Villa Barbe ; NICE - Du Vieux Château ; NICE (Vue de la baie) ; NICE - Promenade des Anglais ; NICE - Jardin Public sur la Mer ; NICE - Le Quai des Palmiers ; NICE - Le Port ; NICE - La Réserve ;
- 1 de Cannes : CANNES - De la Villa Henriette ;
- 2 de Villefranche : VILLEFRANCHE (Vue ouest-est) ; VILLEFRANCHE (Vue est-ouest) ;
- et 2 de Monaco : MONACO (Le Rocher) ; MONACO, Les Spélugues (Monte-Carlo).
Cet album garde également trace du nom de son premier acheteur ainsi que de la date de son achat. Il a été acquis à Nice, à la Librairie Etrangère par l'anglaise, "Nellie L. Spencer - Nice - 11 th Jan.1869".
Cette librairie, sise 7, place du Jardin-Public, était tenue par les Frères Barbery (ou Barberis) qui y avaient succédé à Charles Giraud à la fin de l'année 1867.
Les photographies de l'album, Nice et les environs, sont donc antérieures à 1869 et datent probablement des années 1865-1868.
La vue, Cannes - De la Villa Henriette, ne peut dater que de 1868 car elle montre, sur le boulevard de la Croisette, l'exécution des travaux décidés le 29 décembre 1867 des deux ailes du bâtiment du Cercle Nautique (échafaudages visibles).
La vue générale, Nice - Du Vieux Château, est pour sa part postérieure à l'été 1865 car elle montre la nouvelle façade de l'Hôtel des Anglais mais elle est antérieure à l'été 1866, ne montrant pas, sur la Promenade des Anglais, la construction du Casino mais toujours le studio du photographe Pierre Petit.
Cependant, certaines vues niçoises ne peuvent pas être antérieures :
- à 1865, comme la vue, Nice - Du Vieux Château, montrant sur le quai du Midi le nouvel immeuble de la succursale de la Banque de France (érigé en 1865),
- ou même à 1867, comme la vue (cf. ci-dessous), Nice - Promenade des Anglais, montrant la façade du Casino (achevée vers janvier 1867 et bâtiment inauguré en décembre 1867) avec des travaux menés près de sa clôture (il existe une autre photo de Miguel Aleo, prise quelques minutes plus tard montant les mêmes travaux mais avec les deux calèches réunies sur le côté gauche),
- comme celle intitulée, Nice, Le Quai des Palmiers (cf. la deuxième partie de cet article) montrant au loin la façade du Grand Hôtel dont la construction s'achève en septembre 1867,
- comme celle intitulée, Nice - Du Château Smith, montrant le kiosque oriental (ouvert début octobre 1867) du Restaurant de La Réserve,
- comme la vue (cf. ci-dessous), Nice - Jardin Public sur la Mer, montrant le kiosque à musique en cours de réalisation en décembre 1867 (l'adjudication du kiosque à l'entreprise B. Gabelle de Marseille a lieu le 15 juillet 1867 ; le chantier débute en septembre avec la mise en place des fondations ; mi-novembre, les maçonneries sont terminées et en attente des éléments en fonte ; la mise en peinture des éléments en fonte est signalée en cours d'achèvement le 25 décembre 1867),
- ou encore comme la vue générale de Monaco (cf. l'article suivant) qui révèle sur la gauche de la photographie la voie ferrée Nice-Monaco achevée en juillet 1867 et la partie occidentale du terrain où va s'élever la gare à partir d'octobre de cette année-là.
Une partie des prises de vues date donc de fin 1867. La présence d'une reliure commandée à Antoine Maître implique au plus tôt un album constitué en 1868. Il est cependant difficile de savoir si cet album est un exemplaire d'une série d'albums identiques constitués en 1868 et comportant tous les mêmes photographies placées dans le même ordre, ou si cet album a été finalisé par l'acheteuse en janvier 1869, du fait de son choix de clichés, glissés alors dans une reliure vierge par le personnel de la Librairie Étrangère.
Les photographies de l'album, Nice et les environs, sont donc antérieures à 1869 et datent probablement des années 1865-1868.
La vue, Cannes - De la Villa Henriette, ne peut dater que de 1868 car elle montre, sur le boulevard de la Croisette, l'exécution des travaux décidés le 29 décembre 1867 des deux ailes du bâtiment du Cercle Nautique (échafaudages visibles).
La vue générale, Nice - Du Vieux Château, est pour sa part postérieure à l'été 1865 car elle montre la nouvelle façade de l'Hôtel des Anglais mais elle est antérieure à l'été 1866, ne montrant pas, sur la Promenade des Anglais, la construction du Casino mais toujours le studio du photographe Pierre Petit.
Cependant, certaines vues niçoises ne peuvent pas être antérieures :
- à 1865, comme la vue, Nice - Du Vieux Château, montrant sur le quai du Midi le nouvel immeuble de la succursale de la Banque de France (érigé en 1865),
- ou même à 1867, comme la vue (cf. ci-dessous), Nice - Promenade des Anglais, montrant la façade du Casino (achevée vers janvier 1867 et bâtiment inauguré en décembre 1867) avec des travaux menés près de sa clôture (il existe une autre photo de Miguel Aleo, prise quelques minutes plus tard montant les mêmes travaux mais avec les deux calèches réunies sur le côté gauche),
- comme celle intitulée, Nice, Le Quai des Palmiers (cf. la deuxième partie de cet article) montrant au loin la façade du Grand Hôtel dont la construction s'achève en septembre 1867,
- comme celle intitulée, Nice - Du Château Smith, montrant le kiosque oriental (ouvert début octobre 1867) du Restaurant de La Réserve,
- comme la vue (cf. ci-dessous), Nice - Jardin Public sur la Mer, montrant le kiosque à musique en cours de réalisation en décembre 1867 (l'adjudication du kiosque à l'entreprise B. Gabelle de Marseille a lieu le 15 juillet 1867 ; le chantier débute en septembre avec la mise en place des fondations ; mi-novembre, les maçonneries sont terminées et en attente des éléments en fonte ; la mise en peinture des éléments en fonte est signalée en cours d'achèvement le 25 décembre 1867),
- ou encore comme la vue générale de Monaco (cf. l'article suivant) qui révèle sur la gauche de la photographie la voie ferrée Nice-Monaco achevée en juillet 1867 et la partie occidentale du terrain où va s'élever la gare à partir d'octobre de cette année-là.
- Détail de la photographie de la Promenade des Anglais (cf. ci-dessous), vers fin 1867,
avec des ouvriers travaillant à l'achèvement de la clôture à balustrade du Cercle International.
- Détail de la photographie du Jardin Public sur la Mer (cf. ci-dessous), vers fin 1867,
montrant l'achèvement en cours du kiosque à musique.
Une partie des prises de vues date donc de fin 1867. La présence d'une reliure commandée à Antoine Maître implique au plus tôt un album constitué en 1868. Il est cependant difficile de savoir si cet album est un exemplaire d'une série d'albums identiques constitués en 1868 et comportant tous les mêmes photographies placées dans le même ordre, ou si cet album a été finalisé par l'acheteuse en janvier 1869, du fait de son choix de clichés, glissés alors dans une reliure vierge par le personnel de la Librairie Étrangère.
Deux articles (publicitaires) parus au début de l'année 1868 dans Les Echos de Nice, évoquent le large choix de photographies alors offert par la Librairie Étrangère des Frères Barberis :
"Samedi, une foule immense s'était amassée devant la librairie Giraud (Barberis successeur), place du Jardin-Public, à côté de l'hôtel de Grande Bretagne, pour admirer un merveilleux choix de ravissantes photographies représentant les principaux points de vues de Nice.
Rien de ce qui s'est fait jusqu'à présent ne peut être comparé à ces vues qui ont, par le choix des sites, la pureté des épreuves et la douceur des tons, tout le mérite des dessins artistiques. Elles sont en outre excessivement bon marché, si bien qu'il n'est pas un étranger qui ne voudra quitter Nice sans emporter une collection de ces vues, qui sont les plus gracieux et vivants souvenirs de leur séjour à Nice" (Les Echos de Nice, du 28 janvier 1868).
Si l'auteur des photographies n'est pas cité dans ce premier article, il l'est cependant dans deux articles du mois suivant :
"Notre admiration n'aura rien qui étonne lorsqu'on saura que ces photographies sont signées du nom d'Aleo, le meilleur photographe paysagiste qui se soit occupé de reproduire les sites de Nice" (Les Echos de Nice du 14 février 1868).
"La librairie Barbery vient de recevoir encore un choix des photographies de Nice, du célèbre paysagiste Aleo. - Ces photographies merveilleuses, obtenues sur de nouveaux clichets (sic), sont les souvenirs les plus gracieux que l'étranger puisse emporter de Nice. Grâce à un nouvel accord entre M. Aleo et M. Barberis, ce dernier vient d'en faire une commande considérable, voici les nouveaux prix exceptionnels, auxquels les épreuves (toutes de premier choix) seront désormais livrées.
Les photographies de 22 centimètres sur 14, vendues jusqu'à présent cinq francs - Prix 2 fr 50 centimes. Celles de 33 centimètres sur 25 - grandes épreuves de luxe - vendues naguère 10 francs - Prix 5 fr. Il est fait une remise en prenant douze photographies. Petites-vues-Cartes faites spécialement pour la maison Barberis, épreuves choisies. 75 centimes au lieu de 1 fr. 25 cent. - La douzaine : Prix 8 fr.
Les étrangers qui doivent, avant leur départ, se pourvoir de ces vues, voudront bien considérer que plus ils se hâteront, plus grand sera le choix qu'ils pourront en avoir, et plus ils auront par conséquent de chances de rencontrer de bonnes épreuves. Les meilleures se vendant tout naturellement les premières, nous leur donnons donc un sage conseil en leur disant de ne pas attendre le dernier moment" (Les Echos de Nice du 20 février 1868). Ce dernier article sera repris entièrement puis partiellement dans Les Echos de Nice du 20 février, du 21 mars et du 31 octobre 1868.
"La librairie Barbery vient de recevoir encore un choix des photographies de Nice, du célèbre paysagiste Aleo. - Ces photographies merveilleuses, obtenues sur de nouveaux clichets (sic), sont les souvenirs les plus gracieux que l'étranger puisse emporter de Nice. Grâce à un nouvel accord entre M. Aleo et M. Barberis, ce dernier vient d'en faire une commande considérable, voici les nouveaux prix exceptionnels, auxquels les épreuves (toutes de premier choix) seront désormais livrées.
Les photographies de 22 centimètres sur 14, vendues jusqu'à présent cinq francs - Prix 2 fr 50 centimes. Celles de 33 centimètres sur 25 - grandes épreuves de luxe - vendues naguère 10 francs - Prix 5 fr. Il est fait une remise en prenant douze photographies. Petites-vues-Cartes faites spécialement pour la maison Barberis, épreuves choisies. 75 centimes au lieu de 1 fr. 25 cent. - La douzaine : Prix 8 fr.
Les étrangers qui doivent, avant leur départ, se pourvoir de ces vues, voudront bien considérer que plus ils se hâteront, plus grand sera le choix qu'ils pourront en avoir, et plus ils auront par conséquent de chances de rencontrer de bonnes épreuves. Les meilleures se vendant tout naturellement les premières, nous leur donnons donc un sage conseil en leur disant de ne pas attendre le dernier moment" (Les Echos de Nice du 20 février 1868). Ce dernier article sera repris entièrement puis partiellement dans Les Echos de Nice du 20 février, du 21 mars et du 31 octobre 1868.
Dans cette liste des formats de photographies (CDV, 22 x 14 cm, 33 x 25 cm), le format Cabinet des tirages de l'album à l'étude (14,2 x 9,2 cm) n'est pas cité et s'avère d'ailleurs assez rare (autre format, 20 x 26 cm sur support de 31,5x40,5 cm).
- Publicité pour les photographies d'Aléo au sein de la Librairie Etrangère, Barbéry Frères,
parue en quatrième de couverture de l'ouvrage du Dr Lubanski, Guide-Nice, 1870.
Les clichés sont donc, selon ce dernier article des Echos de Nice, les œuvres de Miguel Aleo. Des photographies connues et identifiées (conservées ou actuellement en vente), identiques à celles de l'album (avec cependant un cadrage légèrement différent selon le format) viennent confirmer cette hypothèse :
- des CDV (sans titre ou avec titre imprimé en bleu sous le centre de l'image) au tampon humide de Miguel Aleo, comme, MONACO (Rocher),
- de plus grands formats (titre absent, manuscrit ou imprimé en bleu sous l'image, en bas à droite) au timbre sec de Miguel Aleo, "MA", coexistant parfois même avec sa signature manuscrite à l'encre rouge (dans un angle ou en-dessous de la photographie), comme, NICE - Promenade des Anglais.
- Signature, timbre sec et titre manuscrit de Miguel Aleo.
BIOGRAPHIE DE MIGUEL ALEO
Miguel Antonio Aleo, est né le mardi 13 janvier 1824 à La Havane (Cuba, colonie espagnole). Il est le fils de Domenico Aleo, propriétaire (de plantations) et de son épouse, Caroline Souverbi. Il a une sœur, Maria Louisa Gabriella Rosa et un frère, Juliano (ou Julian) Ernesto.
La famille Aleo est signalée à Paris dès les années 1840 (mère décédée). La sœur de Miguel Aleo, "Marie Louise Gabrielle Rose" (ou de Sainte-Rose), y épouse le 4 septembre 1841 (2ème arrondissement), Edmond Xavier Le Bienvenue (Le Bienvenu ou Lebienvenu), docteur en médecine. Ils semblent avoir un enfant, Louis Dominique Adrien, qui naît le 22 mai 1842 (Paris, 1er arrondissement).
Le père de Miguel Aleo, "Dominique Aleo" décède pour sa part à Paris le 11 avril 1844 (1er arrondissement).
Le frère de Miguel Aleo, Ernest Aleo, avocat, résidant au 42, rue Neuve-des-Mathurins (9ème arrondissement), se marie (acte non conservé) avec Mademoiselle Meara début juillet 1850 (Le Journal des Débats politiques et littéraires du 9 juillet 1850 p 4).
"Michel Antoine Aleo, propriétaire" se marie pour sa part à l'âge de 27 ans, à Meudon (Seine-et-Oise, actuels Hauts-de-Seine) le 11 août 1851, avec Marie Céline Amélie Gondoin (ou Gondvin), âgée de moins de 17 ans (née le 19 octobre 1834 à Bellevue, Meudon) (voir ici).
A la date de son mariage, Miguel Aleo est domicilié à Paris (9ème arrondissement) au 42, rue Neuve-des-Mathurins et en est propriétaire. Il partage d'ailleurs cette adresse avec sa sœur "Marie Louise Gabrielle Rose", veuve depuis 1849, alors que leur frère "Julien Ernest Aleo" est signalé à La Havane en 1851.
Miguel Aleo et son épouse partent eux-aussi pour Cuba. Ils semblent y être présents dès 1853 (Dr Marchal, Lettres et propositions sur le choléra, Paris, 1866 pp 407-408). Le 28 juillet 1854, sa femme accouche à Matanzas (à 100 km environ de La Havane) de leur fille Ernestine Louise Marie. La famille revient ensuite en France.
Miguel Aleo est issu d'une famille aisée et fréquente les milieux artistiques. Il s'est probablement initié à la photographie, à Paris, dans la seconde moitié des années 1850.
Il est signalé sur la Cote d'Azur, à Menton puis à Nice où il alterne les saisons avec Paris.
"Aléo (Miguel), résidant à Paris" obtient, par décret du 7 juillet 1856, l'autorisation à établir son domicile en France et y jouir des droits civils tant qu'il continuera d'y résider (Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine, 1856 p 350 ; Bulletin des Lois de la République, 1857, T8 p 1033).
L'une de ses photos de la région niçoise (Beaulieu) est datée de 1858 (Oliviers, tirage de 19,1x23,2 cm, Detroit Institute of Arts).
En 1859, Aleo est cité dans les revues de photographies pour ses "belles épreuves" (Méthodes photographiques perfectionnées, Paris, septembre 1859 p 181) et en 1860, pour sa très appréciée, Note sur la préparation du papier positif (La Lumière, 7 juillet 1860, p. 105-106. ; Le Moniteur Scientifique, 1860, t 2, p. 792 ; L'Art Industriel, septembre-octobre 1860, p. 39).
Lors la 4ème Exposition de la Société Française de Photographie de 1861, Miguel Aleo présente à Paris des Vues prises à Nice et aux environs. Il participe également à l’Exposition des Beaux-Arts de Nice de 1861 (décembre 1861-mars 1862).
Ses vues niçoises lui valent ensuite une médaille (Mention Honorable) à l'Exposition de Londres de 1862 pour la "délicatesse de ses paysages", et les revues françaises font à cette occasion l'éloge de ses vues "d'une grande finesse" (Bulletin de la Société Française de Photographie, vol. 4, p 197 ; Revue Photographique française, vol. 7, p. 286).
Il expose à nouveau des vues de la Côte d'Azur à la 5ème Exposition de la Société Française de Photographie de 1863, avec de plus, "sa charmante collection de vues marines et des pays chauds" (Nice et environs) (La Lumière, du 15 mai 1863 p. 33).
A la sixième Exposition de 1864, "M. Aleo de Nice" expose des vues jugées "très remarquables" (Le Moniteur Universel du 5 mai 1864 p 3).
En 1864-1865, il réalise une série conséquente (et célèbre) de vues de Corse pour le prince Pierre-Napoléon Bonaparte [1815-1881], alors Président du Conseil Général de la Corse. Il obtient une médaille de bronze à l'Exposition des Beaux-Arts d'Ajaccio en mai 1865.
Cette série corse se retrouve par la suite sur de grands formats signés au recto du timbre sec de ses initiales entrelacées (MA) ou bien sur des formats carte de visite, portant au dos les indications suivantes, "Souvenir de la Corse - Collection de vues pour Album - par - Miguel Aléo -- Rocca Tartarini - Libraire - Cours Napoléon Ajaccio".
Dès 1867, il en donne de grandes épreuves à la Société française de Photographie (Bulletin de 1867, séance du 5 avril pp. 85-86).
Fin 1866, Miguel Aleo photographie un tombeau du cimetière de Cimiez.
L'Indépendant des Basses-Pyrénées du 4 novembre 1867 (p 4) signale la présence de "M. Aleo et sa famille" dans la Liste des étrangers arrivés à Pau.
Le 13 mai 1868, l'épouse de Miguel Aleo, "Marie Céline Amélie Gondoin, propriétaire", âgée de 33 ans, décède malheureusement dans sa maison natale de Meudon, à Bellevue, avenue Mélanie, numéro cinq [sa femme souffrait de problèmes de santé qui expliquent peut-être les saisons à Nice].
On a longtemps cru que Miguel Aleo s'était installé à Meudon (au sud-ouest de Paris, Seine-et-Oise, actuels Hauts-de-Seine) en 1868 mais c'est une propriété qu'il fréquente depuis son mariage en 1851 et qui sera transmise à sa fille. Deux photographies prises par Miguel Aleo à Meudon (Parc de l'avenue Mélanie) sont d'ailleurs datées de 1859 et conservées au Musée du domaine départemental de Sceaux (ici).
A la 8ème Exposition de la Société Française de Photographie de 1869, "on remarque les belles vues du littoral de la Corse par M. Aleo, de Bellevue (Seine-et-Oise)" (Le Siècle du 28 juin 1869 p 2) où il a "su aborder et traduire les nuances infinies et si douces à l’œil, des grandes masses de verdure qui se succèdent, s'enchaînent et se confondent, dans les paysages boisés" (Revue Internationale de l'Art et de la Curiosité du 15 juillet 1869 p 71). Il y expose 4 vues de Corse et 4 vues de la Riviera. Miguel Aleo participe également à la 9ème Exposition de la SFP de 1870.
Le 2 octobre 1875, la fille de Miguel Aleo "propriétaire, âgé de 51 ans, demeurant à Meudon, Bellevue, avenue Mélanie, numéro cinq" se marie. "Ernestine Louise Marie Aléo, sans profession, âgée de 21 ans" épouse à Meudon, Jules Louis Machard peintre d'Histoire parisien (Prix de Rome en 1865), âgé de 36 ans (né le 22 septembre 1839 à Sampans, Jura). Miguel Aleo est présent et consentant au mariage de sa fille.
Parmi les témoins du mariage, il y a "Charles Jacques Gondoin, architecte des bâtiments civils, âgé de 60 ans, demeurant à Paris, palais du Luxembourg", beau-père de Miguel Aléo et grand-père de la mariée et le photographe "Louis Alphonse Davanne, propriétaire, âgé de 51 ans, domicilié à Paris, rue Neuve des petits champs, numéro 82", ami de la famille.
[Le couple Machard a des jumeaux Ernest Pierre Henri Miguel et Marguerite Yvonne Charlotte qui naissent à Meudon le 19 septembre 1877 mais Marguerite Yvonne Charlotte décède malheureusement le 27 décembre 1877.
La famille Machard est signalée dans l'Annuaire des châteaux et des départements publié en 1897 (p 549) au Château du Grand-Mur à Boissy-sous-Saint-Yon (Seine-et-Oise, actuellement Essonne) et 87, rue Ampère à Paris (17ème arrondissement).
La fiche matricule militaire de leur fils Ernest Pierre Henri Miguel Machard en 1897, précise que ce dernier est artiste peintre à 20 ans et que son domicile est 87, rue d'Ampère à Paris.
Jules Louis Machard décédera à l'âge de 61 ans dans la propriété de Meudon, le 26 septembre 1900, et sera enterré au cimetière des Longs Réages de Meudon. Son épouse Ernestine Aleo, décédera pour sa part le 2 septembre 1914, rue de la Montagne à Courbevoie (Hauts-de-Seine), à l'âge de 60 ans (date de naissance et âge erronés sur l'acte de décès) et sera enterrée auprès de son époux dans le cimetière de Meudon].
Si Miguel Aleo réalise de nombreuses vues de Nice, il n'apparaît cependant jamais dans la liste professionnelle des photographes des annuaires niçois mais dans celle alphabétique des habitants : il y est uniquement cité de 1865 à 1871, comme, "Propriétaire rue Pastorelli, maison Cabasse". La Revue photographique précise cependant, dès 1862, qu'il est "de Nice" (domicilié).
Miguel Aleo n'a pas d'atelier ouvert au public pour des portraits et se consacre essentiellement aux vues de paysage. Il ne se présente d'ailleurs jamais professionnellement comme "photographe" mais comme "propriétaire".
Au milieu des années 1860, le verso de ses cartons photos (CDV surtout) est généralement le suivant : "Souvenir de Nice - Collection de Vues pour Album - par Miguel Aleo [étiquette collée ou texte imprimé] - Ch. Jougla - Libraire – Nice" (à l'encre bleue ou rouge), avec parfois l'ajout du numéro et de la rue de ce libraire, "1 Jardin Public" ou "N°1 Jardin Public" (vers 1863-1866).
[Charles Jougla (1834-1909), journaliste et directeur de l'Agence des Étrangers et du Journal du même nom, possède une librairie, dès 1853 (mais dite, dans les années 1890, "fondée en 1855"), avec son père (Pierre Jougla qui décède en juin 1862). Il y vend les photographies de Pierre Ferret, de Luigi Crette, de Furne & Tournier et de Miguel Aleo.
Si Miguel Aleo réalise de nombreuses vues de Nice, il n'apparaît cependant jamais dans la liste professionnelle des photographes des annuaires niçois mais dans celle alphabétique des habitants : il y est uniquement cité de 1865 à 1871, comme, "Propriétaire rue Pastorelli, maison Cabasse". La Revue photographique précise cependant, dès 1862, qu'il est "de Nice" (domicilié).
Miguel Aleo n'a pas d'atelier ouvert au public pour des portraits et se consacre essentiellement aux vues de paysage. Il ne se présente d'ailleurs jamais professionnellement comme "photographe" mais comme "propriétaire".
Au milieu des années 1860, le verso de ses cartons photos (CDV surtout) est généralement le suivant : "Souvenir de Nice - Collection de Vues pour Album - par Miguel Aleo [étiquette collée ou texte imprimé] - Ch. Jougla - Libraire – Nice" (à l'encre bleue ou rouge), avec parfois l'ajout du numéro et de la rue de ce libraire, "1 Jardin Public" ou "N°1 Jardin Public" (vers 1863-1866).
[Charles Jougla (1834-1909), journaliste et directeur de l'Agence des Étrangers et du Journal du même nom, possède une librairie, dès 1853 (mais dite, dans les années 1890, "fondée en 1855"), avec son père (Pierre Jougla qui décède en juin 1862). Il y vend les photographies de Pierre Ferret, de Luigi Crette, de Furne & Tournier et de Miguel Aleo.
Les adresses successives de Charles Jougla sont "Quai Masséna" (au n° 13) de 1853 à 1862, "1, Place du Jardin-Public" de 1862 à 1866, "13, rue Masséna" de 1866 à 1871 et enfin rue Gioffredo, au n° 1 (Maison Tiranty, dès 1871) puis au n° 55 (dès 1875 ou 1876).
Le Feuilleton du Journal Général de L'Imprimerie et de la Librairie du 24 novembre 1866 annonce le transfert de son établissement du 1, rue du Jardin-Public, au 13, rue Masséna et place St-Etienne (il dépose d'ailleurs une demande d'inscription à cette nouvelle adresse en 1867).
- Verso des cartons de Miguel Aleo portant pour la plupart la mention de Ch. Jougla, Libraire.
L'article des Echos de Nice daté du 20 février 1868, évoqué ci-dessus, relate cependant le choix considérable de vues de paysages de Miguel Aleo, présentées cette fois à la Librairie Barbery. Il semble donc que Miguel Aleo ait changé de distributeur niçois vers 1867.