" FRAGMENTER/RECOMPOSER"
Un article de Marie-Laure Buisson-Yip, professeur d'Arts plastiques au Lycée Julie-Victoire Daubié d'Argenteuil (Île-de-France), relatant le projet "FRAGMENTER/RECOMPOSER", mené l'an passé avec ses élèves de Terminale L, en partenariat avec le Musée Rodin (Paris), la Maison du Geste et de l'Image (Paris) et le photographe professionnel Bruno Dieudonné (Paris).
La brochure numérique réalisée est téléchargeable en bas de page.
«On veut toujours que l'imagination soit la faculté de former des images. Or elle est plutôt la faculté de déformer les images fournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer des images premières, de changer les images» (Gaston Bachelard, L'air et les songes).
Le sens de l'éducation artistique est de développer chez les élèves cette faculté de réinterpréter la réalité à leur manière, d'en proposer une vision personnelle. Pour réussir à exprimer et concrétiser cette vision personnelle, l'apprentissage technique est une étape essentielle. Le projet photographique présenté dans cet article avait ainsi le double objectif de permettre aux élèves de composer «leurs» images dans un esprit inventif et libre tout en développant et affinant leurs connaissances pratiques du medium photographique.
Dans la
conception et le déroulement de ce projet, Bruno Dieudonné et moi avons donc
toujours cherché à guider les élèves dans ces deux directions: l'ouverture
créative et l'effort pour comprendre et maîtriser le mieux possible les
techniques photographiques. Grâce à l'accompagnement à la fois bienveillant et
exigeant de Bruno, les élèves ont pu expérimenter directement la rigueur dont
un photographe professionnel doit faire preuve à toutes les étapes d'un projet
photographique: au moment de la prise de
vue mais aussi dans le long travail de post-production qui comprend la
sélection, les retouches ou modifications numériques éventuelles ainsi que les
choix liés à la présentation finale des images. Ce projet n'aurait pas pu être
réalisé sans la MGI qui a mis à notre disposition des moyens techniques
professionnels auxquels nous n'aurions pas eu accès autrement.
Nous avons choisi comme point de départ de photographier les sculptures d'Auguste Rodin et Camille Claudel exposées dans les bâtiments et les jardins du musée Rodin. Dans une démarche proche du processus créatif de Rodin lui-même, les élèves, regroupés en cinq «équipes», ont reçu comme consigne les deux verbes d'action: «fragmenter, recomposer». Ainsi, à partir d'un matériau premier constitué de photographies de fragments de sculptures de Claudel et de Rodin, chaque équipe a recomposé ses images, en les mêlant ou non à d'autres images, selon une démarche définie collectivement par chaque équipe, tout en cherchant à exprimer et respecter les sensibilités individuelles au sein du groupe.
Cet article présente
successivement ces cinq propositions à travers une sélection d'images choisies
par les élèves.
PREMIER GROUPE
Ces bribes de
sculptures, détails de la matière sculpturale que nous avons photographiée en
très gros plan, peuvent évoquer des paysages oniriques et parfois ambigus. Les tonalités
de couleurs, les variations de lignes et de formes, les textures lisses ou
rugueuses, opaques ou translucides, orchestrent et mettent en relief chacun de
ces «paysages»...
Nora Abbih, Rim
Abdelqader, Maeva Danjoux, Sara Lachiheb.
DEUXIÈME GROUPE
Nos compositions
reconstituent des corps hybrides à partir d'images de parties de sculptures de
Camille Claudel et d'Auguste Rodin associées à des photographies de nos propres
corps. Nous avons voulu évoquer le corps en mouvement, en torsion, tout en
jouant avec les limites entre sculpture de corps et corps réel.
Mélanie Bronsart,
Eloïse Denizot, Florence Lafargue,Tony Manzano.
TROISIÈME GROUPE
En réalisant des
vidéoprojections de sculptures photographiées au musée Rodin sur nos propres
corps que nous avons à nouveau photographiés, nous avons voulu donner chaleur
et vie aux images de corps sculptés. Nous avons ainsi étroitement mêlé les
images de sculptures et celles de nos corps pour les rendre indissociables et
créer un résultat visuel énigmatique.
Cynthia
Cabral-Semedo, Lisa Henry, Solène Procida, Manon Rey.
QUATRIÈME GROUPE
Nous avons voulu
jouer avec des effets de flou qui ont été obtenus soit par un mouvement de zoom
soit en bougeant l'appareil. Nous avons
ensuite formé des diptyques ou des triptyques en reliant certaines images selon
leurs similitudes chromatiques ou de matière. Les fragments de sculptures
figuratives deviennent plus difficiles à identifier, rendant les formes presque
abstraites.
Claire Fromentelle,
Timothy Léger, Maud Ribour, Clément Susana.
CINQUIÈME GROUPE
Après avoir pris
des photographies d'une seule sculpture de Rodin: Ève, en tournant tout autour et en la
photographiant à intervalles réguliers de haut en bas, nous avons réalisé des
cubes de papier en trois dimensions sur lesquels nous avons collé les images
selon ces points de vue différents en suivant la direction du regard. Nous
avons ainsi reconstitué en quelque sorte une nouvelle «sculpture
photographique» à partir de celle de Rodin.
Manon Diot, Laurine
Génart-Fargin, Océane Martin, Anaïs Runnoo.
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